[Commerce] L'Ombre de l'Arbre

[Voyageuse]

HRP : oui, normalement ça se passe la veille.

Quête : chercheurs de sens

Marvin était là, assis à sa table habituelle, lisant d'un air songeur un parchemin. Il leva la tête à leur entrée et les salua d'un sourire, leur faisant signe de le rejoindre.
- Vous avez laissé vos bagages au temple j'imagine ? Les montures sont de toute façon mieux là-bas, l'auberge n'a pas d'écurie...
Il jeta un ultime coup d'oeil au document qu'il lisait et soupira.
- Je viens de recevoir ce message, expliqua-t-il aux deux jeunes femmes. Apparemment, l'Aubemestre craint que nous ne nous mettions en danger si nous avons à traverser la forêt maudite... Il veut nous adjoindre un paladin de l'Aster, un certain Brandon. J'aurais préféré impliquer le moins de personnes possibles, mais apparemment ça n'est pas négociable. Nous serons donc quatre pour notre expédition. Après tout, cela ça fera un témoin de plus que je ne cherche pas à m'accaparer cet artefact dans un objectif douteux, si jamais votre université à le moindre doute à ce sujet, dame Florin, ajouta-t-il en se tournant vers Soraes.

Asna et Enzo n'étaient pas visibles, mais Eldrina les aperçut brièvement en cuisine, lorsque Sam en sortit pour s'approcher de leur table et prendre leur commande.

[missElder]

Eldrina n'était pas forcément très enthousiaste à l'idée de devoir accepter la présence d'un nouvel inconnu avec eux, mais il fallait reconnaître que la démarche était plutôt sensée. Et puis ce serait l'occasion pour elle de rencontrer un paladin en chair et en os.
- C'est une bonne idée. Il y a des endroits de la forêt où il vaut mieux... ne pas s'aventurer seuls.
Elle avait eu la chance d'être élevée par un rôdeur qui connaissait bien les recoins de la forêt maudite et qui savait quels passages emprunter - ou fuir - mais ils avaient connu leurs moments de frayeur et un combattant expérimenté, surtout un paladin, ne serait pas de trop.

Comme Enzo et Asna semblaient occupés en cuisine, elle choisit de ne pas les déranger et demanda ingénument à Marvin:
- Dites... Qu'est-ce que l'Aster?

Elle prit après coup conscience que le prêtre venait encore d'utiliser le faux nom de Soraes et qu'il aurait peut-être été plus avisé de sa part de se taire pour laisser celle-ci mettre les choses au point. Mais après tout, c'était sa décision et peut-être celle-ci attendait-elle un meilleur moment. De toute façon, elle avait lancé Marvin sur la question, elle verrait bien.

[Voyageuse]

hrp : on va imaginer que Soraes réfléchit à ce qu'elle veut dire, ça expliquera qu'elle ne réagisse pas tout de suite

Marvin parut un instant surpris par sa question, avant de se souvenir, peut-être, qu'elle n'avait guère voyagé auparavant. Il eut un sourire indulgent.
- Et bien... L'Ordre de l'Aster est l'armée de l'Église de Lathandre. Ses paladins sont parfois appelés les soldats de la Lumière. Leur rôle est de protéger les dignitaires de l'église et les fidèles, et plus généralement de combattre les forces du mal, qu'il s'agisse de morts-vivants ou même d'adeptes de Shar.

Apercevant Sam qui s'approchait de leur table, il commanda pour eux trois. Le plat du jour était un ragoût dont l'odeur alléchante parvenait déjà jusqu'à eux. Le jeune demi-elfe promit qu'il était excellent, et s'en fut à grandes enjambées confirmer leur commande. Il faillit se heurter à Asna et Enzo, qui sortaient de la cuisine.
- Dame Poikarea a dit qu'on pouvait venir vous saluer, expliqua timidement celui-ci à Eldrina.
- Mais qu'ensuite on devait retourner l'aider un peu ! compléta Asna. Elle a dit qu'il fallait absolument qu'on apprenne un métier si on voulait rester en ville, et que la cuisine en était un comme un autre...
Cette dernière phrase arracha un soupir à Enzo. La perspective ne semblait pas vraiment l'enthousiasmer.

[missElder]

Eldrina était tellement surprise de les voir surgir soudain, et heureuse de revoir Asna, qu'elle ne prêta plus attention à ce qui les entourait. Elle sourit aux deux jeunes gens, contente de constater qu'ils avaient l'air en forme.

- Eh bien.. Contente que vous soyez venus me saluer, alors. Elle hésita un moment, puis prit son courage à deux mains pour en tendre une à la jeune fille. Asna, alors, finalement, te revoilà... Comment... Enfin, raconte-moi un peu, tu.. Tu vas bien, tout ça? Vous vous êtes retrouvés finalement...

C'était pour le moins embrouillé, mais elle ne savait pas trop par où commencer, ni jusqu'à quel point elle devait se montrer familière avec la jeune fille. Et puis, vu ce que Sylveneige et Streen avaient laissé entendre, elle avait sans doute vécu des choses un peu mouvementées que la rôdeuse ne voulait pas forcément lui rappeler en cet instant.

[Voyageuse]

- J'avais croisé Enzo quand j'ai quitté Luménis avec le parchemin qui devait soigner ma soeur. Il arrivait juste en ville... Alors je lui avais promis que je le rejoindrais à Luménis dès que ma soeur serait guérie, expliqua la jeune fille avec un sourire. On s'était fixé rendez-vous, il devait m'attendre tous les soirs sur la plage. Mais je suis arrivée plus tard que prévu hier soir, j'ai eu un imprévu... Et il n'était pas là...
Enzo hocha la tête, une expression de culpabilité dans le regard, et expliqua à Eldrina :
- Je n'ai pas voulu vous laisser prendre tous les risques avec Florin, alors je vous ai suivies... En un sens, j'ai bien fait puisque j'ai pu donner l'alerte quand Florin a été kidnappée et que vous vous êtes battue avec l'espèce de colosse... Mais si j'avais été sur la plage, Asna n'aurait pas eu tous ces ennuis.
- Bah, à l'heure où je suis arrivée, tu aurais été en train de dormir déjà, à mon avis. Et heureusement, je n'ai pas eu vraiment d'ennuis, juste une belle frousse, puisque dame Sylveneige et messire Streen sont intervenus.
- Oui mais ça aurait pu être bien pire...
- Ca ne l'a pas été, c'est l'essentiel. Et maintenant on est ensemble...
Asna eut un sourire émerveillé. Mais l'expression d'Enzo était plus songeuse.
- Oui... mais je ne sais pas exactement ce qu'on va faire maintenant. Tu sais, je n'ai vraiment rien d'un cuisinier ou d'un serveur, et dame Poikarea a beau être très gentille, je ne me sens pas vraiment à ma place en travaillant ici...
- Bah, on s'y fera, répliqua Asna avec un sourire optimiste. Elle paraissait radieuse, et le fait d'avoir retrouvé son amoureux avait visiblement effacé toute trace de sa mésaventure de la veille.
- Peut-être pourriez-vous aussi rentrer à Respelm ? Ensemble ? intervint Marvin. Ce qui lui valut un regard noir d'Asna.
- Tu n'as même pas prévenue tes parents de ton départ, si j'ai bien compris... ils doivent être inquiets, plaida le prêtre.
- Enzo non plus n'avait pas prévenu les siens !
- Oui, mais c'est une coutume bien admise, dans mon peuple, de partir ainsi quand on a l'âge, sans forcément prévenir. Même si d'ordinaire ça se fait de façon moins brutale et moins tendue... Enzo grimaça.
- Tout de même, je persiste à penser qu'il doit y avoir un moyen pour vous d'être ensemble sans pour autant inquiéter vos familles ou vous couper définitivement de vos racines... je ne sais pas ce que vous en pensez ? ajouta Marvin à l'attention d'Eldrina et Florin-Soraes.

[Soraes]

Quand Marvin avait évoqué l'université de la magie en l'appelant Florin, Soraes était restée un instant bouché bée. Elle avait voulu réagir à la nouvelle concernant le paladin qui les accompagnerait, mais s'était tue, se demandant s'il ne valait mieux pas d'abord lui faire part de son identité. Et à force de réfléchir à ce qu'elle devait dire, elle laissa s'envoler l'occasion de lui parler, Eldrina ayant poursuivi la conversation.

Puis, Enzo et une jeune fille vinrent les saluer. La barde leur adressa un sourire poli, puis conserva néanmoins une expression taciturne, visiblement tourmentée par aveux qu'elle voulait faire à Marvin. C'était donc d'une oreille distraite qu'elle écoutait la conversation se dérouler entre Marvin et les deux jeunes gens.

La barde cilla à la question du prêtre qui demandait leur avis. Soraes garda le silence un instant et esquissa un sourire désabusé avant de répondre :
- Si vous attendez de moi un conseil raisonnable, je crains de ne pas être la bonne personne, Marvin… J'estime que ces deux gens doivent vivre comme ils l'entendent, à condition qu'ils mesurent le poids de leurs décisions.

[Voyageuse]

Marvin lui lança un regard scrutateur. Comme s'il devinait, peut-être, que quelque chose la tracassait. Il sembla hésiter, pinça les lèvres... puis finit par remarquer.
- Vos mots prouvent que vous n'êtes pas si déraisonnable que vous l'affirmez... Même s'il est peut-être difficile, à leur âge, de bien peser le pour et le contre...
- J'ai quinze ans ! protesta Asna.
- C'est encore bien jeune...
Leurs regards s'affrontèrent, et Asna semblait bien décider à ne pas baisser le sien. Le prêtre finit par hausser les épaules, un sourire un brin amusé aux lèvres; mais il reprit son sérieux en se tournant vers Eldrina.
- Je sais que vous les connaissez mieux que moi, que peut-être ils vous écouteront mieux... Je ne suis sans doute pas la personne la mieux placée pour leur faire entendre raison.
- On n'a pas besoin de vos sermons !
Asna détourna délibérément le regard, cette fois-ci, refusant de regarder le clerc. Enzo semblait un peu gêné de la tournure des événements, et jeta un regard désemparé à Eldrina.

A nouveau, Marvin haussa les épaules, et son regard se posa sur Florin-Soraes. Songeur.
- Vous semblez... pensive. Auriez-vous rencontré un souci quelconque au temple ? Ou peut-être... Il grimaça. Je peux comprendre que vous ne soyez pas au meilleur de votre forme après les événements d'hier... Ou peut-être même, que vous hésitiez à nous accompagner étant donné les mésaventures que cet artefact vous a déjà valu. Ne vous y sentez nullement obligée... J'avais juste songé que vous souhaiteriez sans doute vérifier de vos yeux que cet artefact n'était en rien dangereux. Ou alors, si c'est ce qui vous tracasse, j'ai omis de préciser que je le paierai, je ne suis pas un voleur... Mais je ne crois pas que ce soit une question d'argent qui vous préoccupe en ce moment.
il soupira.
- je suis désolé, sincèrement, de vous avoir entraînée là-dedans, désolé de ce qui s'est produit hier. Je n'ai pas songé que vous courriez de tel risques...

[Soraes]

Soraes avait suivi l'échange entre Marvin et Asna avec un sourire amusé. Si la jeune fille manquait de maturité, elle paraissait volontaire, et c'était une qualité aux yeux de la barde.
Le prêtre reporta son attention sur elle, son regard semblait la sonder. Il savait que quelque chose la tracassait. Elle se mordit la lèvre inférieure du bout d'une canine en l'écoutant. Elle soupira à son tour, en détournant la tête.
- Non… non, ne soyez pas désolé, Marvin. Nous avons couru des risques, mais en ce qui me concerne, je me suis plongée délibérément dans cette mouise.
Elle posa son regard ambré sur lui et déclara de but en blanc :
- Je n'appartiens pas à l'université, je ne suis pas mage, je ne m'appelle pas Florin.
Ses lèvres étaient sèches. Elle ignorait pourquoi l'angoisse la gagnait, pourquoi la réaction de Marvin lui importait autant.
- Je m'appelle Soraes et je suis barde.
Voilà, ce n'était pas mentir qui lui déplaisait tant, c'était avouer qu'elle avait menti. Elle prit une inspiration et se plongea dans le récit des événements qui l'avait menée du Port de Lumenis jusqu'à l'Université.

Son histoire achevée, elle ajouta :
- Je comprendrais que vous m'en vouliez de vous avoir caché tout cela, mais le bon moment ne s'est jamais présenté, et au début j'ignorais à qui j'avais affaire. Il n'importe que je me sens tout de même obligée de rendre des comptes à l'université puisqu'ils m'ont mandatée en me prenant pour Florindel… et je ne peux pas vous promettre qu'ils accepteront de vous vendre l'artefact quand nous leur aurons restitué…

[Voyageuse]

Marvin accusa le coup. Lorsqu'elle avoua sa véritable identité, ses yeux affichaient sa stupéfaction, son incrédulité, et peut-être même une certaine colère retenue. Mais il écouta ses explications, jusqu'au bout, sans l'interrompre. Et lorsqu'elle en eut fini, il ne semblait pas en colère. Ou plutôt, peut-être l'était-il un peu contre lui-même, de s'être ainsi laissé berner. Il paraissait surtout songeur. A demi déçu... avec peut-être un soupçon de soulagement dans le regard, étrangement.
Il ne répondit pas immédiatement, réfléchissant visiblement aux implications de sa révélation, la jaugeant du regard, aussi.
- Tymora vous joue parfois de bien drôles de tours, à vous autres bardes, finit-il par remarquer avec une grimace presque amusée.
Il hésita à poursuivre.
- Je ne sais pas si je dois m'en plaindre ou m'en réjouir. En un sens, c'est... plutôt intéressant... qu'une barde soit mêlée à cette aventure. Vous imaginez, si elle nous mène réellement à Lathandre ou à l'un de ses fils, les chansons que vous pourrez en tirer ? Peut-être votre présence est-elle un signe que cette expédition est importante. Mais je divague je crois... Après tout cela peut très bien nous mener à autre chose, je ne sais pas, un temple, un lieu, un objet...
Il soupira.
- Au fond, l'essentiel est que l'université vous prenne pour une des leurs. C'est important que vous puissiez témoigner auprès d'eux que cet objet n'est pas dangereux. J'imagine que c'est cette crainte qui les empêchait de le vendre.
Il sortit l'artefact de sa poche.
- Mais... Je peux vous le dire plus librement, puisque vous n'êtes pas des leurs... Je crois que, quelle que soit leur volonté à notre retour... je ne pense pas pouvoir leur rendre. Je suis un collectionneur, voyez-vous, j'ai cherché cet objet toute ma vie. M'en séparer, maintenant... Non, je pense que je leur donnerai la somme convenue, et rien d'autre. Mais chaque chose en son temps. Nous verrons bien à notre retour...
Il sourit.
- Je suis heureux, en tout cas, que vous ayez décidé de me faire suffisamment confiance pour me dire finalement la vérité. Et puis, il vaut mieux être au clair avant le départ, on ne sait jamais quels dangers nous attendent...
Il jeta un coup d'oeil à Eldrina.
- J'imagine que vous le saviez déjà ?

[Soraes]

Il sembla à Soraes que Marvin passait à peu près par le même panel d'émotions qu'Eldrina lorsqu'elle lui avait révélé son identité. En un sens elle se sentit soulagée de sentir que même si le prêtre semblait déçu, il ne paraissait pas en colère d'avoir été berné.
La barde esquissa un léger sourire :
- C'est ce à quoi j'ai pensé dès la disparition de l'artefact. Si je n'en mesurais pas encore l'ampleur de prime abord, je sentais que je pourrais écrire des chansons de cette aventure. Et si l'artefact nous mène à Lathandre, alors je réaliserai certainement l'œuvre de ma vie.
Elle secoua la tête, et ajouta plus sérieusement :
- Non, vous ne divaguez pas, c'est peut être en effet un signe que cette expédition est décisive. Je ne crois pas que ma présence soit anodine. Les événements se sont enchaînés de telle manière que le hasard n'a pas sa place. Vous ne croyez pas ?
Puis, quand Marvin revint à l'artefact et à l'université, Soraes demanda :
- Vous êtes certain que cet artefact n'a pas d'autre pouvoir ? Enfin… qu'il ne peut pas être dangereux ?
Elle ne pouvait s'empêcher de rester méfiante.

- Après les risques nous avons encourus, je ne pouvais pas continuer à mentir, Marvin… Ce mensonge pourrait être fatal pour l'un de nous, qui sait ? Je ne connais aucun sort de mage, et peut être auriez-vous élaboré une stratégie en comptant sur mes pouvoirs potentiels ? Or, vous pouvez tabler sur mes sorts de barde, en cas de besoin…

[missElder]

Eldrina n'avait jusque là pas osé intervenir dans les discussions de Marvin, car quoi qu'il puisse sembler en penser, elle ne se sentait pas du tout capable de donner des conseils sensés aux deux adolescents, et encore moins de les convaincre d'accepter ces conseils. Enzo pouvait sembler têtu au premier abord, mais elle savait bien qu'Asna était loin d'être en reste. Durant tous les échanges, elle avait à plusieurs reprises ouvert la bouche pour intervenir, avant de la refermer, réalisant qu'elle allait dire une bêtise ou que la conversation avait déjà progressé sans elle pendant qu'elle réfléchissait.
Puis Soraes prit son courage à deux mains pour expliquer la vérité à Marvin et elle eut un moment de répit pour rassembler ses idées. Voulait-elle conseiller aux enfants de rentrer chez eux? Sans doute un peu. La situation d'Enzo était particulière, mais la famille d'Asna devait se faire un sang d'encre - elle se souvenait parfaitement de sa mère. Et puis ils étaient tout de même très jeunes pour se débrouiller seuls. Une autre solution, avait dit Marvin? Décidément elle ne voyait pas. Dire qu'il comptait sur elle pour les raisonner.

- Hem... Elle regarda les deux jeunes et prit une inspiration. Je ne veux pas vous obliger à quoi que ce soit, et puis... De toute façon je n'y arriverais pas. Elle sourit en imaginant la réaction d'Asna si elle essayait. Mais voilà quand même mon avis, faites-en ce que vous voulez... Écoutez, c'est bien d'avoir des projets, d'être là ensemble, vous être retrouvés, organiser votre vie. Mais quand Marvin dit que vous êtes jeunes... ce n'est pas une remarque négative. Juste un constat. Moi-même j'ai encore bien du mal à me débrouiller ici, il faut que vous soyez sûrs d'avoir une source de revenus et un logement. Et puis tes parents, Asna... Par les dieux, son discours était totalement décousu. Nous passerons par Respelm alors je peux les prévenir mais... Enfin. Tu n'aurais pas de la famille à Luménis? Ce serait un bon compromis... Et puis sinon, il faudrait tout de même passer les voir. Je veux dire, enfin, c'est ta famille, ils tiennent à toi, c'est aussi ça être responsable. Ménager les autres et faire des efforts pour eux. Si vous voulez rester ici, ce n'est pas comme des fugitifs, c'est en sachant que tout le monde est au courant. Sinon.. enfin, c'est n'importe quoi, enfin non, enfin je veux dire, bref, des gens doivent savoir. Que vous vous débrouillez seuls, soit, mais... il faut que vous ayez des gens sur qui compter. Et c'est à ça que sert ta famille, Asna. Enzo, ça te regarde, mais Asna, si tu veux que tes parents te fassent confiance, il faut que ce soit réciproque. Je... Oh, zut, je dis n'importe quoi mais... enfin, vous comprenez?

[Voyageuse]

Asna et Enzo avaient écouté Eldrina avec attention, s'entreregardant parfois, sans qu'elle puisse savoir si c'était parce qu'ils approuvaient, désapprouvaient, ou perdaient le fil des explications. Ils gardèrent le silence quelques instants, puis Asna avoua.
- C'est vrai que je ne voudrais pas inquiéter mes soeurs, ou ma grand-mère... Elle, elle aurait été d'accord pour que je voie Enzo... Vous pourrez lui dire que je suis là, que je vais bien, qu'elle ne doit pas se faire de souci ? Elle pourra le dire à ma mère...
Elle grimaça.
- Et dites-leur que je leur écrirai dans quelques temps, quand... quand nous saurons un peu mieux comment nous organiser.
Enzo acquiesça, hésita avant d'ajouter.
- Peut-être faut-il leur donner le nom de cette auberge ? Si vraiment ils ont besoin de te joindre, pour une raison quelconque... On ne sait jamais ce qui peut arriver...
- Tu veux dire, s'il arrivait quelque chose à grand-mère ? Ou à mes soeurs ?
Asna soupira, subitement inquiète.
- Je n'y avais pas pensé. C'est vrai qu'elle est vieille, grand-mère... Tu as raison. Alors, oui, vous pouvez leur dire que nous sommes ici pour le moment. Et même si on doit partir s'installer ailleurs, on laissera notre adresse ici...

Marvin, de son coté, acquiesça avec une grimace à la dernière phrase de Soraes.
- Je dois avouer que je ne connais pas mieux les sorts de bardes que les sorts de mage... Je connais les miens, c'est déjà pas mal ! Disons que j'ai une idée de ce qu'ils peuvent faire, tout de même. Je préférerais me dire que nous n'en aurons pas besoin, mais on ne sait pas exactement à quoi s'attendre, surtout ne sachant pas exactement où nous allons...
Il fit tourner un instant le petit cylindre dans sa main, ses yeux reflétant une sorte d'émerveillement presque incrédule.
- Vraiment, je ne pense pas que cet objet représente le moindre danger. Les rares légendes à son sujet ne le décrivent que comme un guide, il ne semble pas avoir de pouvoir par lui-même... Mais vous êtes bien placée pour savoir que les légendes sont rarement en tout point exactes.
Il rangea l'objet dans sa poche.

- Pour l'heure... Puisque vous semblez avoir terminé de préparer notre expédition, il semble que nous ayons tous quartier libre jusqu'à la fin de la journée ! J'imagine que vous avez prévu un animal de bât en plus de nos montures ? Et une tente, peut-être ? Pour le matériel je vous fait confiance, et je sais que Dame Poikarea se fera une joie de nous approvisionner un peu pour les deux premiers jours... Dites-moi juste s'il y a une chose que vous n'avez pas eu le temps de prévoir, je peux m'en charger d'ici la fin de la journée.

[missElder]

Eldrina se renfonça dans son siège avec un soupir de soulagement. Cela avait étonnamment bien fonctionné, et elle ne pensait pas qu'elle eût pu obtenir un meilleur résultat que celui-ci, compte tenu de la volonté de fer des deux adolescents.

Elle mit un moment à réaliser que Soraes et Marvin parlaient toujours et qu'ils étaient revenus à des considérations plus générales. Aussi, un peu prise de court, elle balbutia un "Euh... Eh bien..." sans trop savoir quoi dire ni si c'était vraiment à elle de parler, et elle se tourna vers la barde pour la laisser répondre.

[Soraes]

Marvin était convaincant lorsqu'il parlait du peu de danger que représentait l'artefact. Aussi Soraes garda le silence et décida de lui faire confiance sur ce point.
Et qiuand le prêtre aborda la question de l'équipement, la barde acquiesça en hochant la tête.
- Je pense que nous avons réuni tout l'équipement nécessaire à notre expédition… des montures, un animal de bât, des armes, des ustensiles… hormis les vivres.
Elle réfléchit un instant.
- S'il nous manque quelque chose, je dois avouer que je ne vois pas quoi…
Son regard interrogateur rencontra celui d'Eldrina. Visiblement, elle non plus ne semblait pas savoir. La barde haussa les épaules avec un sourire :
- Alors il ne nous reste plus qu'à profiter de la fin de cette journée, pendant que Dame Poikarea nous mitonne quelques provisions.

[Voyageuse]

Marvin hocha la tête.
- Peut-être devriez-vous en profiter pour prévenir l'université, qu'ils ne s'inquiètent pas de votre disparition... enfin, de celle de Florin. Ou au moins prévenir les jeunes étudiants que vous connaissez là-bas, pour qu'ils transmettent le message, si vous ne voulez pas affronter une flopée de questions indiscrètes de la part des dirigeants de l'université. Mais je préférerais que vous ne disiez à personne, pour le moment, ce que je vous ai dit sur le rôle supposé de cet objet. Restez vague, dites juste que la piste que vous suivez vous entraîne hors de Luménis pour une veille ou deux - j'espère bien que ce sera moins long mais on ne sait jamais. Apparemment vous êtes plutôt douée pour jouer la comédie, pour dissimuler des choses. Donc dites-en le moins possible.

Tandis qu'ils parlaient, Poikarea leur avait servi le repas, et ils l'avaient englouti sans vraiment faire attention à ce qu'ils avalaient. C'était délicieux, c'est tout ce qu'ils pouvaient en dire.
Une fois le dessert avalé, Marvin se leva.
- j'ai encore deux ou trois choses à régler au temple... et à la commanderie puisqu'on nous adjoint un paladin. Je serai là pour dîner ce soir, mais d'ici là... Reposez-vous bien et prenez le temps de profiter de l'après-midi ! Que Lathandre veille sur vous !

Hrp : vous pouvez simplement résumer l'après-midi (y compris soraes, tu peux inventer ce que tu veux à l'université, pourvu qu'on sache ce que tu as dit ou pas)... ou on peut le jouer si vous voulez, bien sûr !

[Soraes]

Soraes écouta les recommandations de Marvin, et prit congé du prêtre et d'Eldrina peu après le repas. Elle n'avait pas proposé à la demi-elfe de l'accompagner. D'une part parce qu'il ne serait pas forcément aisé de justifier sa présence à l'université, et d'autre part parce qu'elle avait peut être des affaires à régler de son côté.

La barde avait donc pris le chemin de l'université seule, et retrouvé Brendan et Méline avec grand plaisir. Il lui semblait qu'elle les avait quittés depuis des semaines. Elle leur narra une partie de leurs aventures, et resta volontairement vague au sujet de l'artefact et de leur expédition à venir. Toujours sous la fausse identité de Florin, elle retrouva Gastonnec, et le chargea de transmettre à Asilio les informations qu'elle lui distribua au compte-goutte. Ils avaient retrouvé la piste de l'artefact, et celle-ci les amenait loin de Lumenis. Elle ajouta qu'elle leur transmettrait des nouvelles dès leur retour et qu'ils n'avaient pas d'inquiétude à avoir, elle savait de source sûre que l'artefact ne tomberait pas en de mauvaises mains.
La barde n'avait nulle envie de s'attarder à l'université, aussi elle prit congé de ses deux amis, récupéra les effets personnels qu'elle avait laissés dans la chambre de Florin - dont la mandoline chère à son cœur - et repartit bien vite.

L'après-midi n'étant pas encore achevée, Soraes décida de flâner dans les rues, s'arrêtant ici ou là pour transformer les débuts de leur périple en chanson. Le ciel commençait à se teinter des lumières roses du couchant, et il était temps pour la barde de retourner à l'Ombre de l'Arbre…

[missElder]

Eldrina décida quand à elle d'occuper son temps libre à explorer un peu plus Luménis. Elle commençait à mémoriser certains itinéraires et, plus important, à saisir comment une ville, et celle-ci en particulier, fonctionnait, avec sa logique et sa vie propre. Elle ne comptait certes pas connaître par cœur le plan de la ville, mais son objectif était de parvenir in fine à avoir des points de repère dans chaque quartier et d'être capable de retrouver son chemin de n'importe où vers quelque endroit que ce soit.

Elle se promenait dans les rues avec un regard tout à fait ingénu et s'arrêtait parfois devant une maison, une boutique, ou même un vieux mur tout à fait inintéressant pour le Luménien moyen, et son air curieux lui attira quelques fois des regards intrigués des passants qui, eux, savaient bien où ils allaient et ce qu'ils comptaient faire de leur journée.

L'après-midi était presque achevé lorsqu'elle eut soudain une idée et se dépêcha de revenir à l'auberge, presque en courant, pour y chercher Asna et Enzo. Elle s'avança vers eux dès qu'elle les aperçut.

-Tu pourrais écrire une lettre, fit-elle à la jeune fille. Elle lui sourit et attendit sa réponse, se demandant si son idée lui plairait. Puis elle prit conscience du regard perplexe des deux jeunes gens et du peu de clarté de sa phrase. Euh... A tes parents. Enfin ta famille. On leur donnerait. Ça pourrait les rassurer. Euh... Non ?
C'était en effet son idée. Avoir une preuve tangible que leur fille allait bien pourrait peut-être aider la famille d'Asna à accepter le fait qu'elle soit installée seule à Luménis, et les rassurer. Par ailleurs, la jeune fille aurait là l'occasion de glisser des messages plus personnels ou bien plus détaillés que si elle se proposait de les transmettre oralement.

[Voyageuse]

Asna hésita, guère emballée a priori par la proposition de la rôdeuse. Celle-ci eut très vite l'explication de son manque d'enthousiasme :
- C'est que... je ne sais pas trop bien écrire. Enfin, si, je sais écrire, j'ai appris, Aïdan veille à ce que tous les enfants apprennent leurs lettres. Mais je fais beaucoup de fautes... Et pas de très jolies phrases... Vous pourrez peut-être m'aider ? Au moins corriger mes fautes ?
Enzo, à sa mine, ne devait pas savoir du tout écrire.
Mais petit à petit, en réfléchissant, la mine de l'adolescente s'éclaira.
- Mais c'est une bonne idée, quand même, c'est vrai. Au moins ils seront sûrs que vous ne racontez pas des bobards juste pour les rassurer !
Poïkarea, qui avait suivi la discussion d'une oreille, se mit aussitôt en quête d'un parchemin et d'encre qu'elle leur tendit.
Il leur fallut bien une heure pour arriver au bout de leur travail d'écriture, mais finalement, Asna parut plutôt fière du résultat. Même si elle faisait quelques fautes et ratures, son écriture était plutôt agréable à lire.

Marvin arriva au beau milieu de leur petit atelier. Il préféra ne pas se mêler de la discussion, devinant que l'adolescente n'appréciait guère ses avis moralisateurs. Il s'installa simplement à sa table habituelle après leur avoir adressé un sourire amical.
Le soleil se couchait lorsque Soraes poussa à son tour la porte de l'auberge. La salle était déserte à l'exception d'eux, et Poikarea referma la porte derrière elle avec un sourire.
- Ce soir, c'est mon soir de fermeture... Pas pour les pensionnaires, bien sûr, mais pour les clients du bar. Donc vous aurez l'auberge rien qu'à vous. Et je vous ai concocté un feuilleté aux épinards et au fromage de chèvre... vous m'en direz des nouvelles !
Se tournant vers Marvin, elle ajouta.
- Je vous donnerai demain matin les provisions pour la route. Vous dites que vous ne savez pas pour combien de temps vous en avez... mais laissez-vous des affaires dans vos chambres ? Dois-je vous les réserver ?
- Pour ma part, je préférerais, je peux pas emmener tout mon bric-à-brac et ça prendrait trop de place pour un coffre. Mais pour ces dames, je ne sais pas...

[Soraes]

Soraes avait pris place auprès de Marvin, déposant sa précieuse mandoline sur la table. Son estomac gronda à la simple évocation des feuilletés d'épinard au chèvre.
- Aaaah… Dame Poikarea… Si seulement vous pouviez vous joindre à nous ! Vos petits plats nous mettraient du baume au cœur !
La barde était souriante, et visiblement d'excellente humeur. L'après-midi paisible qu'elle avait passée lui avait fait le plus grand bien, et la perspective de leur départ imminent l'emplissait d'excitation.
- Pour ma part, je ne laisserai aucun effet personnel… je voyage toujours léger.
Elle préféra ne pas ajouter qu'elle ignorait si elle aurait l'occasion de revenir : on ne savait jamais de quelle étoffe étaient tissés les lendemains…

[missElder]

Eldrina était soulagée qu'Asna ait finalement apprécié son idée - elle s'était sentie passablement ridicule en entendant les premiers mots de la jeune fille. Cela avait été un peu laborieux, mais ils y étaient parvenus, et cela aiderait certainement à rassurer la famille d'Asna. Du moins ne risquait-elle pas d'aggraver les choses, dans le pire des cas.

L'arrivée de l'aubergiste afficha un grand sourire sur son visage. Par les dieux, ils allaient vite regretter cette délicieuse cuisine et surtout les tartes, salées ou sucrées, qu'elle leur concoctait. Raison de plus pour profiter au maximum de ce repas.
- Oh, non, non non, c'est bon. Ça ira, je n'ai pas grand-chose.

[Voyageuse]

Quête : chercheurs de sens

- Et oui... C'est là qu'on voit la différence entre de vraies voyageuses, toujours prêtes à se mettre en route vers de nouvelles aventures, et un vieux rat de bibliothèque qui ne sait que lire les récits de ces merveilleuses aventures, fit remarquer Marvin avec une pointe d'humour.
Ce fut la conclusion de la soirée : la journée du lendemain serait longue.

Le lendemain matin, ce fut un Marvin parfaitement alerte qui accueillit les aventurières dans la salle à manger. Poïkarea était venu toquer à leur porte à l'aube, et un plantureux petit déjeuner les attendait sur la table. Ainsi que des monceaux de nourritures à emporter... de quoi être chargés comme des mules, donc, jusqu'au temple. Heureusement qu'elles avaient prévu un animal de bât.
Marvin devait tout de même être un tout petit peu plus qu'un rat de bibliothèque : il avait une tenue parfaitement adaptée à une longue chevauchée, et portait un gilet de cuir et une masse d'arme accrochée à sa ceinture. Avec une certaine gaucherie, cependant, comme s'il ne s'en était pas servi depuis un moment. Ses bagages étaient parfaitement rangés dans un sac de cuir souple qu'il hissa sur son dos quand l'heure fut venue de partir.
Ils se répartirent les provisions et se dirigèrent vers le temple de Lathandre alors que le soleil illuminait l'horizon de ses premiers rayons. Marvin haussa les sourcils avec une grimace comique : décidément, il n'avait pas moyen d'échapper à l'office du matin...

[Féérune]

[Quête : Chercheurs de Sens]

Sylveneige était sortie ravie de son petit séjour chez la grand-mère de Shaun et Akul. Le frichti de la tavernière, réchauffé et arrangé de crème, avait été encore meilleur.

Elle avait demandé aux garçons de rapporter à la taverne le plat de l'impressionnante demi-ogresse. Devant leur attitude dubitative, elle avait préféré le déposer elle-même. Un détour, mais pas si long. Et qui lui avait permis de féliciter l'aubergiste pour ses talents culinaires. Une réponse presque gracieuse de la formidable femme la mit d'excellente humeur.

La rôdeuse sautillait presque quand elle arriva dans les parages de l'Ombre de l'Arbre. Le chemin lui avait pris un temps record et les idées folles qui tournaient dans sa tête lui avaient presque fait oublier... Elle pila.

- Streen !

Où était donc son cher Streen ?

Lentement elle poussa la porte de l'auberge.

[Voyageuse]

Quête : Chercheurs de sens

Une bonne odeur de tarte aux pommes l'accueillit. Deux ou trois tables étaient occupés, par quelques habitués qui prenaient leur petit déjeuner, ou sirotaient un thé, plongés dans leurs pensées, ou, pour l'un d'eux, dans la lecture d'un parchemin.
Poïkarea circulait entre la salle et la cuisine, saluant l'un, servant l'autre, tournoyant avec grâce et efficacité dans la pièce. Sam n'était pas visible, sans doute sorti faire quelques courses ou occupé en cuisine.
La tenancière sourit à Sylveneige.
- Vous revoilà, jeune fille ! Je m'inquiétais de ne pas vous voir renter hier soir. Mais où est donc votre compagnon ? J'espère qu'il ne s'est pas mis encore dans des ennuis...

[Féérune]

- Lui non plus n'est pas rentré ?

Sylveneige n'était pas censée savoir où il se trouvait. Donc jouer la surprise lui sembla tout ce qu'il y a de plus sensé. Et faillit rire toute seule sur deux mots si proches dans sa pensée. Un petit sujet de chanson, tiens...

- Dame Poikarea, savez-vous que j'ai chanté, que mes chansons plaisent et que je pense avoir trouvé à gagner ma vie avec mon tout petit talent ?

L'elfe exultait et se retint de sauter au cou de l'aimable aubergiste.

- Bon, c'est pas tout ça, je vous raconterai tout, mais là je dois filer pour trouver mon Streen chéri. Ah, on ne sait jamais où il disparaît... Mais j'ai ma petite idée. A tout à l'heure, nous reviendrons pour déjeuner, je pense.

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[Féérune]

[Quête : Chercheurs de Sens]

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Ils arrivèrent rapidement à l'auberge, sans qu'un mot ne fut prononcé.

Sylveneige était inquiète. Il allait falloir jouer serré.

[Streen]

Malgré la sensation différente que Sylveneige ressentit concernant leur relation, Streen ne repoussa pas le bras de Sylveneige. Il n’y avait aucun signe de colère ni de mécontentement le concernant. Néanmoins, son regard signifiait qu’il n’allait pas se laisser attendrir par els cillements irrésistibles de sa compagne si il n’obtenait pas ce qu’il souhaitait. Il resta d’un calme implacable. Il avait simplement besoin que l’on éclaire sa lanterne. Il invita sa compagne à s’asseoir à une table puis fit passer sa commande à Dame Poikarea avant que Sylveneige ne fasse de même. Le temps qu’elle prépare les repas, ils avaient le temps de parler.
D’une voix toujours aussi calme, voire doucereuse, Streen dit à sa compagne :
-Bon, je t’écoute. Qu’as-tu fait pendant mon absence cette nuit ? Oh à moins que tu ne préfères d’abord entendre mon histoire.
Streen laissa le choix à sa compagne. Mais quelle que soit sa décision, elle lui devait des explications.

[Féérune]

Sylveneige jugea qu'il valait mieux qu'elle commence... Comme ça, en parlant après, Streen se calmerait.

- Eh bien, voilà.

La rôdeuse se frotta les yeux.

- Voilà... Eh bien...

L'elfe se recoiffa vaguement, empirant son aspect déjà bien échevelé.

- Bien bien bien... Alors... C'est à dire...

Elle se frotta vigoureusement les bras.

- Fait pas chaud, dis donc, ce matin...

Enfin Sylveneige étouffa un léger bâillement.

- Mais bon, c'est la saison qui veut ça, hein !

La rôdeuse sentit l'atmosphère changer. Streen, clairement, attendait des explications avec une dose de tension pas piquée des hannetons. Un petit refrain léger et gai lui vint à l'esprit, ça parlait d'un petit hanneton joyeux. Elle fredonna, puis s'interrompit brusquement.

- Oui oui oui, ouiiiii, alors. Alors alors alors...

Un immense sourire apparut sur son visage.

- Alors j'ai trouvé un boulot !

Le sourire redescendit de quelques degrés.

- Par contre, pas vu les deux frères. Enfin, j'ai vu des frères, mais pas ceux que nous cherchons. Bref.

Sylveneige se mit à parler très vite.

- Voilà eh bien je suis allée à la taverne. Dis donc, on y mange pas mal ! c'est un peu épicé, mais ça va avec l'ambiance, finalement...

Le débit de l'elfe s'accéléra encore un peu.

- Alors du coup, comme c'était très gai - il y avait un barde, pas mal d'ailleurs, j'ai été invitée à danser.

Cette fois le débit de la rôdeuse fut proche de l'incompréhensible.

- Bon d'accord c'était le choupinou mais j'en ai utilement profité tu comprends je ne pouvais pas laisser passer une occasion pareille pour lui faire faire ce que nous n'avions pas réussi parce que franchement les Lathandrites moi je suis comme toi hein ils m'ont pris la tête et je n'allais pas laisser les choses comme ça parce que non c'est vrai hein du savon noir et un peu de suie ça s'enlève très bien ils ne vont pas nous faire des histoires tout le temps ces gens-là non mais ho vont pas nous casser les petons longtemps alors le choupinou a été d'accord bon oui c'est vrai j'ai dû le pousser un peu mais pas tant que ça finalement oh tu sais je suis sûre que ça l'amusait un peu et en plus je lui ai promis une ou deux pièces d'or et que je viendrai plaider sa cause si jamais il avait des ennuis mais bon il voulait m'embrasser je lui ai fait une minuscule bise sur la joue mais il a tourné la tête à ce moment-là mais bon ça va c'est rien pas la peine d'en faire un plat l'essentiel c'est que j'ai trouvé un boulot sympa et les frères on finira bien par retomber dessus, hein ? Hein ? Hein ?

[Streen]

Streen fut étonné en entendant les propos de sa compagne. Avant tout, il ressentit de l’agacement lorsqu’il vit qu’elle tournait autour du pot mais il se calma une fois qu’elle commença. Tout ce qu’elle dit ne le convainquit pas. Pourtant, il se devait de lui faire confiance. ET puis elle avait respecté sa part de marché. A lui de faire de même pour la sienne.
-Bon une fois que l’aubemestre a appelé la garde, il a signifié que j’ai été pris sur le fait et que ma complice avait pris la fuite.
Il se racla la gorge avant de reprendre :
-Rhaaa fichu aubemestre, il aurait du dire que j’étais seul, Ca ne m’aurait pas compliqué la tâche. Moi je ne leur fait plus confiance, c’est fini.
Puis reprenant son sérieux.
-J’ai dû inventer une histoire comme quoi on m’avait forcé à souiller les vitraux mais à ce moment-là, le choupinou a été arrêté lui aussi et a non seulement témoigné contre moi mais aussi contre toi en disant que tu l’avais forcé. J’ai essayé de mentir en disant que ma complice qui venait m’aider à souiller les vitraux n’était qu’une de mes ravisseuse mais le capitaine ne m’a pas cru. Il se doutait que je te couvrais. Rien que pour cette raison, il a voulu me ramener en cellule mais jamais je ne t’aurais dénoncé. Rien que pour toi, j’aurais attendu aussi longtemps qu’il le faut.
Après avoir réfléchi :
-En gros, tu as pensé bien faire en envoyant le choupinou mais je pense que le seul fait que je sois en cellule était suffisant. Sinon tu as trouvé du travail ? En quoi cela consiste t’il ? Et puis c'est quoi cette histoire avec le choupinou ? Tu lui avais promis un baiser une fois qu’il aurait terminé et il parlait même de passer la nuit avec toi lorsqu’il s’est confessé devant le capitaine.

[Féérune]

- Dans ses rêves !

L'exclamation de Sylveneige venait du coeur.

- Non, évidemment quand il m'a draguée j'ai inventé une histoire. J'ai dit que tu étais fortuné, que je comptais bien te mettre le grappin dessus, que tu étais un peu prude et que tu ne tiendrais la mimine qu'à une jeune fille bien née et pas une ribaude, bref que je te réservais mes faveurs en vue d'un éventuel mariage utile et intéressé.

L'elfe lança un rire cristallin.

- Mais s'il fantasme, je n'y peux rien ! moi je lui ai juste promis une bise et une autre pièce d'or, s'il réussissait.

Le rire cristallin prenait une tournure étrange, assombrie.

- Il va sûrement prétendre qu'il a réussi... Si ça se trouve, il va recommencer une fois li-hi-hi-béré.

Le rire de Sylveneige s'était transformé en rire de hyène, proche de l'hystérie. La rôdeuse se tenait les côtes et les regards des autres convives s'étaient peu à peu tournés vers elle.

[Streen]

Streen s’était tourné vers les autres convives en leur faisant signe que tout allait bien. Il était inutile d’attirer l’attention sur eux, surtout après sa sortie de prison. Néanmoins, il se contenta de rire lui aussi une fois qu’ils eurent le dos tourné.
-Franchement Sylveneige, tu es géniale. Tu as trouvé le plus grand nigaud pour accomplir l’impossible sans qu’il ne le sache.
Puis il prit la main de sa compagne par dessus la table. Son regard avait changé également. Ses yeux n’étaient plus rouge mais avaient repris leur teinte entièrement violette.
-En tout cas je te remercie de m’avoir libéré Sylveneige même si j’aurais fait la même chose pour toi. Je suis vraiment heureux de te revoir. Ce soir, nous irons voir les deux frères en espérant qu’ils y soient.
Il lui adressa un nouveau sourire avant de reprendre :
-A ce propos, tu ne m’as toujours pas dit quel nouveau travail tu as trouvé.
A vrai dire, Streen avait perçu un changement chez sa compagne même s’il ne savait pas exactement de quoi il s’agissait. Mais il jurerait que c’était en rapport avec ce nouveau travail.