L'Antre du Façonneur

[Le Façonneur]

« Et bien, celui-ci devrait vous convenir ! » déclara le gnome en désignant du doigt le marteau que venait tout juste d’examiner le nain.

Il s’agissait d’une arme à la finition exemplaire. Sobrement décoré, mais avec un soin frisant l’obsession, quelques runes couvraient son manche. Si le client le prenait en main, il sentirait tout de suite l’aura magique qui émanait du marteau.

« Avec ça, vous ferez des merveilles autant à la forge que sur le champ de bataille. Qu’en pensez-vous ? Allez-y, vous pouvez le prendre et l’observer à loisir. »

Infos techniques sur l’objet :

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Marteau de Guerre +2
Accorde +5 à toutes les compétences d’artisanat liées à la forge (Disons que ton nain, avec ça, va significativement être meilleur dans son travail. Il ne va pas pour autant devenir l’as des as.)

[Duo]

Les yeux ébahis devant cet objet, Kettrarik retint son souffle lorsqu'il le prit en main. Le nain restait muet face à ce marteau. Si l'ouvrage pouvait paraître sobre de loin, il prit le temps de l'examiner avec attention et il fut époustouflé par la finition de l'outil. Son créateur devait être un forgeron hors pair. Le genre de forgeron qu'il aspirait à devenir.

Il sentit une légère vibration qui émanait de l'objet. La magie. Celle là qui lui insufflerait la force au combat pour terrasser ses ennemis et l'aiderait à devenir un artisan accomplit. Il se tourna vers le gnome.

"Il est parfait. A-t-il un nom ?"

Cette question était stupide. On donnait des noms de légendes aux épées principalement. Mais alors qu'il se demandait s'il connaissait un marteau de légende, une question lui effleura l'esprit et il la posa au Façonneur son attendre sa précédente réponse.

"Combien coûte-t-il ?"

Kettrarik avait feint l'assurance dans son ton mais il espérait de tout cœur que ses maigres moyens lui permettraient d’acquérir le marteau. Avec cet outil, il pourrait facilement s'établir à son compte.

[Le Façonneur]

Et voilà l’inévitable question du prix. Le gnome, toutefois, n’hâta pas sa réponse, préférant ne pas occulter la première interrogation du nain. Chaque chose en son temps, surtout quand cela créait un petit effet de suspens.

« Non, ce marteau n’a pas de nom particulier. Libre à vous de lui en choisir un si le cœur vous en dit. De toute façon, si vous l’achetez, vous écrirez aussi son histoire. »

Il prit ensuite un air très dégagé, comme s’il abordait une futilité.

« Cet article coûte 2100 pièces d’or. »

Autant dire une fortune. Rien que le poids de cette somme, qu’on ne pouvait transporter que dans un coffre, laissait deviner le peu de personnes capables de payer comptant. Mais si cela était un problème, l’Antre du Façonneur n’existerait pas. Le marchand reprit assez vite pour ne pas laisser à son client l’occasion de renoncer au convoité marteau. Il avait retrouvé son ton jovial.

« Si vous n’avez pas assez, comme la quasi-totalité de ma clientèle, on peut s’arranger autrement... »

[Duo]

2100 pièces d'or. C'était une sacrée somme ! Le nain tenait à son or comme la plupart des membres de son espèce, mais il était prêt à verser un tel montant pour le marteau. Malheureusement, il ne disposait que de quelques centaines de pièces, ce qui était largement suffisant pour se nourrir et se loger. Il faillit tomber à la renverse lorsque le gnome lui énonça le prix.

Il mit quelques instants avant de se remettre et d'assimiler la dernière remarque du gnome. S'arranger autrement ? Pourquoi pas.

"Euh. Et bien, si c'est possible, ça me conviendrait fort bien oui. Quel genre d'arrangement avez-vous en tête ?"

[HRP : désolé pour le délai de réponse, je m'étais un peu perdu en route.]

[Le Façonneur]

« Et bien, disons que mon activité commerciale, qui est aussi une passion au demeurant, et qui se donne plus que je ne voudrais me l’avouer des airs de collection, me prend plus de temps que je n’en ai. N’ayant hélas pas encore trouvé de quoi me dupliquer, je propose à d’autres de prendre ce temps excédentaire à leur charge en guise de paiement. »

Le gnome esquissa un sourire, puis il devint plus concret.

« J’ai nombre de tâches à proposer. Pour 2100 pièces d’or, votre travail va forcément être d’envergure, c’est-à-dire risqué. Avant de vous proposer quelque chose en particulier, j’ai une question à vous poser, Maître nain. Vous estimez-vous être bon guerrier ? Avez-vous des talents spécifiques ? »

[Duo]

[HRP : Désolé pour le retard, je n'avais pas de connexion internet de ce weekend. Milles excuses.]

Kettrarik était à la fois soulagé et curieux. Le gnome ne lui avait pas retiré ce rêve tout récent d'obtenir ce sublime marteau. Il écouta attentivement le Façonneur. Un travail. Risqué certainement. Pourquoi pas après tout. Basseforge lui était interdite et il n'y avait plus rien pour lui dans la Grande Faille. Et puis si la mission était un succès, il pourrait probablement s'établir à son compte ou obtenir une bonne place dans une forge.

"Bon guerrier ? Oui monsieur. Comme tous les nains de ma région, j'ai appris à manier le marteau et la hache de guerre dés mon plus jeune âge. En ce qui concerne mes talents spécifiques, comme vous dites, ils se limitent, j'en ai peur, à mon talent pour le forgeage."

[Le Façonneur]

« Un bon guerrier peu déjà rendre bien des services. Un instant je vous pris... »

Le Façonneur gagna son comptoir et se mit à consulter des parchemins et des lettres avec vivacité. A plusieurs reprises, il marmonna quelque chose dans sa barbe sous l’effet de ses réflexions, puis, finalement, il se redressa.

« Voici ce que je vous propose. Une sorcière, Dame Ortie, possède un grimoire que je convoite. Outres les secrets que renferment ses pages, il appartenait aux miens avant d’être subtilisé. C’est justice qu’un gnome remette la main dessus. Vous n’avez pas à vous soucier du voyage. Si vous acceptez, je peux vous envoyer dans la forêt où réside la sorcière. Après, à vous de vous débrouiller. J’ignore dans quel endroit, précisément, se trouve Dame Ortie. Par contre, je sais qu’elle a de grands pouvoirs. Méfiez-vous. Donc, ce livre contre le marteau. Qu’en pensez-vous ? »

[Duo]

Une quête obscure pour voler un vieux bouquin à une sorcière dans une forêt, probablement hantée. Bien bien bien, songea Kettrarik. Et pourquoi pas ? Une belle aventure pouvait l'occuper et faire jaillir un peu de gloire sur lui.

"Et bien c'est d'accord. Un peu d'exercice ne me fera pas de mal. Topons-là !"

Kettrarik tendit franchement la main au gnome tout en lorgnant sur le marteau avec envie.

[Le Façonneur]

Le Façonneur adressa au nain un franc sourire tout en lui serrant la main. Peu de client faisait, face à lui, preuve d’autant de naturel, préférant généralement des attitudes plus réservées, mais le gnome n’allait pas s’en plaindre.

« Il va de soi que tout ce que vous pourriez trouver dans votre périple, excepté le livre, est à vous. Et si cela semble magique, n’oubliez-pas que je ne fais pas que vendre. J’achète et examine aussi. »

Ça, c’était la précision positive.

« Il va également de soi que vous assumez tous les risques. Le seuil de ma boutique passé, je ne suis responsable de rien. »

Ça, c’était la précision négative.

« Pensez-vous partir tout de suite où préférez-vous vous préparer avant ? Vous allez sans doute passer plusieurs jours en forêt. Un sac dument rempli risque de ne pas être de trop... »

[Duo]

Kettrarik avait assez bien assimilé le risque de mort violente au cours de son périple mais la fièvre de l'or qui pouvait parfois emporter les nains ne le laissait pas de marbre. Il hocha la tête à chacune des réflexions du gnome. Il se sentait prêt à partir sur le champ. Il ne s'était pas réellement installé depuis son arrivé à Manost et toutes ses possessions se trouvaient dans le sac accroché à son dos.

"Et bien, je n'ai rien de prévu pour la fin d'après-midi ! Alors je préférerais partir maintenant, si cela ne vous fait rien..."

[Le Façonneur]

« Très bien. Alors, vous n’avez qu’à franchir n’importe laquelle des portes du hall, vous serez arrivé. »

Le Façonneur revint à son comptoir AVEC LE MARTEAU MAGIQUE et ajouta, jovial :

« Si jamais vous avez l’occasion d’abattre Dame Ortie, ne vous en privez pas. Néanmoins, ce n’est pas une obligation, loin de là. Concernant le livre, vous ne devriez pas avoir de mal à le reconnaitre, il est couvert de runes gnomes. Bonne chance !

HRP : j’aimerais avoir une idée du contenue du sac de ton personnage, histoire de savoir sur quel matériel tu peux ou non compter. Après ta réponse, je lance le topic de la quête.

[Duo]

Le nain nota la confiance que lui portait le gnome lorsqu'il s'en fut avec le marteau. Mais c'était de bonne guerre. En quittant la pièce, il lança un salut franc et jovial au Façonneur puis se retrouva dans le hall. Il choisit une porte au hasard et une fois devant, il fut pris d'un léger doute. Etait-ce une bonne idée ? Oui. Pourquoi pas.

De toutes façons, Kettrarik n'avait rien à perdre. D'un mouvement décidé, il tourna la poignée et traversa la porte vers sa destination mystérieuse.

HRP : Equipement de Kettrarik :
- Des vivres pour une semaine (viande séchée et salée, pain noir, une outre d'eau, une outre d'hydromel)
- Une petite pioche bénie dont il ne se sépare jamais, symbole du dieu Dumathoïn
- Un sac de couchage format nain
- De l'amadou et un briquet à silex pour allumer un feu
- Ustensiles de cuisine (couteau, gamelle, tasse)
- Pierre à aiguiser
- Une dague
- Une boussole
- Quelques dizaines de pièces d'or
- Hache d'arme naine
- Armure de cuir cloutée
- Quelques onguents achetés à Amn pour soigner ses blessures superficielles

[Le Façonneur]

Le Façonneur plaça le marteau derrière son comptoir, là où il rangeait les objets réservés. Ceci fait, il regarda le nain s’éloigner. Celui-ci reviendrait-il un jour ? Le gnome avait conduit plus d’un de ses clients à la mort, ce qui n’avait aucun poids sur sa conscience. Avec tous, il était honête, tous savaient à quoi ils s’exposaient. Ainsi était le contrat, les affaires étaient les affaires. En attendant, le commerçant avait nombre de choses à faire. Sa vie était bien remplie.

Quand l’aventurier passa la porte du hall, il fut comme convenu envoyé dans la fameuse forêt.

[Asmodeus]

N'ayant obtenu aucune réponse, la momie ne tergiversa pas bien longtemps avant de pousser le battant de bois pour pénétrer dans ce qu'elle pensait être la boutique que lui avait indiqué Lord Ebenezer. Mais la première salle déserte le laissa un instant décontenancé.

Un instant seulement avant qu'il ne prenne la mesure des lieux. Avant qu'il ne soit assuré d'être exactement au bon endroit : il y avait des mystères sous les dehors dénudés de la salle circulaire, il n'en doutait pas. Mais, pressé d'entrer dans le vif du sujet, c'est bien vers la plus grande porte qu'il porta ses pas après avoir balayé une première fois la salle du regard et ses nombreuses portes.

Arrivé à hauteur des double battants, il les poussa tous les deux d'une simple pression, autant pour s'enorgueillir de sa force toute nouvelle que pour bien soigner son entrée en marquant son importance. Et c'est d'un pas de sénateur qu'il franchit l'obstacle au son d'un tintement de clochette.

Sans ralentir - ni d'ailleurs accélérer - tout en ne manquant pas d'observer le bric-à-brac impressionnant encombrant cette nouvelle pièce, Asmodeus se dirigea droit devant lui vers le comptoir qu'il avait aussitôt repéré. Et le gnome apparemment solitaire qui se tenait derrière. L'élu divin fut surpris de ne pas trouver de gardes pour protéger sa boutique : de trois choses l'une, soit le système de sécurité était discret, soit le gnome était incroyablement naïf, soit il était immensément puissant lui-même : l'avenir le dirait peut-être même si l'élu divin n'avait pas dans l'intention de provoquer d'esclandres : ce n'était pas son style.

[Le Façonneur]

Au moment où tinta la clochette, le Façonneur était occupé à détailler les runes gravées sur une splendide flamberge. L’arme, posée en travers du comptoir, semblait avoir été destinée à un seigneur depuis longtemps oublié. Le gnome leva les yeux sur son nouveau client. L’une de ses mains caressait toujours la lame affutée. De son autre main, il tenait un monocle doré. Son regard perçant parût s’affranchir sans difficulté de l’obscurité du capuchon d’Asmodeus car il déclara :

« Tiens, une momie. Sauf erreur de ma part, je crois que vous êtes la première à passer le seuil de ma boutique. J’ai eu des vampires et des liches, mais jamais de momie. »

Sa voix âgée était calme et cordiale. La vue d’un mort-vivant, en général, ne provoquait pas ce genre de réaction. Le gnome était aussi étrange que cet endroit.

« Que puis-je faire pour vous ? Quelque chose à vendre, à acheter ou à examiner ? »

[Asmodeus]

Asmodeus fut aussi agacé que rassuré de provoquer aussi peu de réaction chez le gnome et surtout de s'être si aisément fait percé à jour. D'un geste qu'il voulait faire passer pour prémédité, il rabattit sa capuche en arrière pour découvrir son visage. Il répondit ensuite d'un ton serein, presque flegmatique :

- Une momie auguste pour être exact. Qui vous salue et qui est à la recherche d'un objet à acheter.

[Le Façonneur]

« Une momie auguste ? Je confesse ignorer la différence avec une momie ordinaire. Peut-être qu’à l’occasion vous pourriez éclairer ma lanterne en la matière. Mais les affaires d’abord. »

Le Façonneur poussa de côté la flamberge et porta toute son attention sur son client. Il le détailla un bref instant, sans trop d’insistance cependant.

« Un objet à acheter donc. De quoi s’agit-il ? J’ai ici beaucoup de choix, il serait surprenant que je ne puisse vous satisfaire. »

[Asmodeus]

Le commerçant avait pour lui d'aller droit au but mais tout en se montrant courtois. Ces deux aspects plaisaient à Asmodeus qui répondit donc à l'avenant :

- C'est en effet très probable d'autant qu'un ami vous a recommandé. Bien des gens sont étroits d'esprit et s'enfuient en voyant une momie déambuler. Proposez-vous un objet qui puisse masquer son apparence au commun des mortels ? Non pas un sort d'invisibilité cela dit : ce ne serait guère pratique pour engager la conversation !

[Le Façonneur]

« Je vois. Il existe de nombreux objets qui le permettent. La plupart reproduisent en fait le sort profane de déguisement. »

Le Façonneur sauta au bas de son haut tabouret et, d’un pas vif, gagna une étagère proche. Il farfouilla à l’intérieur. Coincé entre un gantelet étoilé et un oiseau mécanique, il dénicha un chapeau de feutrine.

« Ce couvre-chef par exemple. »

Il s’en coiffa et l’instant d’après, le vieux gnome à la barbe argentée se mua en halfelin jeune et gracile. Il désigna du doigt une robe de magicien, un peu plus loin.

« Cette robe produit un effet à peu près similaire. De tels objets demeurent relativement abordables. Je suis très loin d’être le seul à en proposer. Si vous désirez simplement évoluer tranquillement dans les rues d’une ville, ils devraient vous convenir. Cependant, ils ne sont pas exempts de défauts car le sortilège de déguisement est une illusion plutôt basique. Comme vous pouvez le constater, ma voix n’a pas changée et, présentement, ne correspond pas à l’apparence que je me suis donné. Le déguisement n’est que visuel. Il ne trompe pas le touché, l’ouïe ou l’odorat. Vous concernant, le plus dérangeant, ce serait le risque d’affoler les animaux. »

Le gnome reprit son apparence habituelle.

« Si vous désirez opter pour une couverture plus efficace, c’est possible, mais ce ne sera pas le même prix. »

[Asmodeus]

Asmodeus partageait l'analyse du gnome : un objet magique qui puisse être trop facilement percé à jour serait plus risqué qu'avantageux et n'apporterait pas grand chose de plus qu'un déguisement naturel. En revanche, il était intrigué par ce que le vendeur évoquait :

- Le prix est un problème secondaire et certainement pas insurmontable : à quel type de couverture plus efficace pensez-vous ?

[Le Façonneur]

« Je pense à ceci. »

Le gnome remit le chapeau en place et fit signe à Asmodeus de le suivre quelques rayons plus loin. Il s’arrêta devant une étagère et claqua des doigts. Un écrin placé hors de sa portée vola jusqu’à sa main. Usage évident de télékinésie. Il ouvrit l’écrin et en sortit un joli anneau d’argent.

« Vous ne trouverez mieux nulle part et pour cause, c’est moi qui fabrique ces petites merveilles. »

Il mit l’anneau et il se changea en une splendide femme. Longs cheveux noirs de corbeau, teint pâle, robe de velours rouge, il émanait d’elle une noblesse hautaine mais fascinante. Lorsque le Façonneur reprit la parole, ce fut d’une voix féminine plus vraie que nature.

« Cet anneau génère une illusion infiniment plus complexe et subtile qu’un simple sortilège de déguisement. L’illusion trompe tous les sens. Vous entendez la voix de cette femme. Vous pouvez sentir son délicat parfum, touchez sa peau délicieuse ou la riche étoffe de sa mise aristocrate. Avec une telle illusion, vous n’auriez plus à craindre les animaux. Vous pourrez serrez la main de qui vous voulez, parler à qui vous voulez sans risque d’être démasqué. Seul un puissant contre-sort pourrait vous révéler. Une illusion aussi élaborée a par contre l’inconvénient d’être moins malléable. Je peux changer la tenue de cette femme... »

Il le prouva en transformant la robe rouge en une tenue de guerrière faite d’acier et de cuir. Le résultat était très convainquant.

« ...mais je ne peux pas changer le personnage en lui-même. Avec cet anneau, je ne peux me faire passer que pour cette femme. »

Il retira l’anneau et retrouva donc sa véritable apparence.

« J’ai en stock trois anneaux comme celui-ci, chacun offrant son propre personnage. Je peux également vous proposer de réaliser un anneau sur mesure avec le personnage de votre choix. »

[Asmodeus]

Asmodeus aurait bien eu du mal à masquer son intérêt s'il l'avait voulu - et ce n'était pas le cas - mais il se posait des questions. Il trouvait indigne d'emprunter une apparence qui ne lui correspondait pas. Et par Velsharoon, ce n'était pas demain la veille qu'il lui prendrait l'idée de jouer le rôle d'une femme ! Le gnome venait de devancer cette objection et l'élu divin l'interrogea aussitôt :

- Pourriez-vous enchanter un tel anneau à partir des souvenirs de votre client ? A partir de son ancienne apparence par exemple ? Et comment cela fonctionne-t-il ? Suffit-il de porter l'anneau pour l'activer ? Est-il possible d'alterner sa forme apparente et sa forme réelle avec ?

[Le Façonneur]

« Alors ce genre d’anneaux fonctionne par des mots de commandes. Un mot pour activer et désactiver l’illusion. Un mot suivi d’une pensée forte pour modifier la tenue en fonction de la dite pensée. Et l’usage est illimité. Si vous voulez tester, il suffit de demander. »

Le Façonneur remit l’anneau dans l’écrin et déposa celui-ci, toujours ouvert, sur un rayon, juste à côté de lui.

« Ensuite, je peux effectivement fabriquer un anneau reproduisant votre ancienne apparence. Il me faut bien sûr savoir à quoi vous ressembliez. Si vous me donnez accès à vos souvenirs, j’obtiendrais un maximum de détails. Cela-dit, vous pourriez être réticent à l’idée de me laisser vous sonder l’esprit. La solution alternative est élémentaire : plume et papier. Vous écrivez et je procède en fonction de cela. »

[Asmodeus]

Asmodeus réfléchit à la question un petit moment avant de répondre : il n'avait aucun talent particulier pour le dessin et les mots étaient fort limités pour reproduire un visage. Alors, à moins qu'Ebenezer ou une autre personne l'ayant vu de son vivant puisse le dessiner, il allait certainement devoir en passer par cet accès à ses souvenirs. En tous cas, cela ne coûtait rien de se renseigner plus avant sur la méthode qu'avait en tête le gnome :

- Ce sondage, en quoi consiste-t-il exactement ? Sinon, essayer l'anneau me parait judicieux mais auriez-vous un autre personnage à proposer pour se faire ?

[Le Façonneur]

« N’ayant pas personnellement accès à la télépathie, je peux employer un appareillage magique, modèle que je vends dit en passant. Avec ce procédé, j’aurai accès essentiellement à vos pensées prédominantes, celles sur lesquelles vous vous concentrerez lors de l’examen. Si votre concentration est complète, vous ne me laisserez voir que ce que vous voudrez, mais il n’est pas à exclure que je puisse capter certaines bribes indésirées. »

Tout en parlant, le Façonneur remit en place l’écrin contenant l’anneau d’argent et en fit venir un autre à lui. Il s’approcha ensuite de la momie.

« Sachez néanmoins, si cela peut vous rassurer, que j’observe la plus stricte discrétion sur ma clientèle. C’est une règle d’or pour entretenir des relations commerciales saines. »

Il tendit l’écrin à Asmodeus.

« Vous pouvez tester cet anneau. Il vous donnera l’aspect d’un jeune homme. »

[Asmodeus]

Asmodeus ne doutait pas de sa capacité à faire preuve d'une discipline mentale parfaite si nécessaire. Et évoquer son apparence d'avant - même en l'idéalisant un peu - ne serait pas un exercice bien difficile. Sa décision était donc prise.

A moins que l'objet proposé par le gnome ne se révèle difficile ou pénible d'utilisation. Et il y avait un moyen de lever ce dernier doute : la momie s'empara donc de l'anneau présenté par le marchand et le glissa à son doigt avant de demander d'un ton serein :

- Quels sont les mots de commande de cet anneau ?

[Le Façonneur]

Le Façonneur les lui donna et Asmodeus n’éprouva pas la moindre difficulté à faire fonctionner l’objet magique. Il se retrouva ainsi dans la peau illusoire mais ô combien convaincante d’un humain de vingt-cinq ans. Solide carrure, visage élégant, l’individu était néanmoins dépourvu de noblesse. Il pouvait donc à merveille se glisser au milieu du petit peuple. Asmodeus parvint à modeler la tenue vestimentaire à sa guise. L’anneau répondait parfaitement à ses sollicitations et lui conférait la voix adaptée. Il ne lui donnait par contre pas l’impression de revivre, il restait un mort-vivant habillé d’une chimère.

« Êtes-vous convaincu ? »

[Asmodeus]

Toujours sous sa forme empruntée, l’élu divin esquissa un sourire qui en disait long mais ne répondit pas aussitôt à la question posée par le vendeur :

- Encore juste un instant, répliqua-t-il de cette voix qui n’était pas la sienne.

Il s’éloigna de quelques pas, se concentra à nouveau pour incanter un sortilège anodin : simplement de quoi produire une lumière magique. Satisfait du résultat, il chercha ensuite à serrer un objet dans sa main pour éprouver sa force. L’illusion n’allait heureusement pas jusqu’à changer ses aptitudes et il en fut pleinement satisfait. Il prononça le mot de commande mettant fin à l’illusion, retira l’anneau et le rangea dans le coffret avant de reprendre la parole.

- Cela sera parfait. Reste à régler les détails pour ce qui est d’en confectionner un qui soit personnalisé. Et bien sûr la question du prix que vous en demandez.

HRP : si dans ton idée, Asmodeus ne peut pas lancer de sort ou utiliser ses capacités et ses caractéristiques sous sa forme d’emprunt, j’éditerai mon message.

[Le Façonneur]

HRP : l’anneau génère une illusion. Ça ne change en rien les facultés de ton personnage. Donc tout va bien.

Le Façonneur arbora lui-aussi un petit sourire lorsqu’il récupéra le coffret.

« Pour la conception d’un anneau d’illusion suprême sur mesure, il faut un délai de quatre jours et le prix est de 65000 pièces d’or. »

Le gnome marqua une brève pause. La somme qu’il demandait était proprement énorme. Il n’était même pas certain que la momie ait assez et même si c’était le cas, elle serait pratiquement ruinée. Seul de puissants nobles, des rois, voir des dragons avec un trésor digne de ce nom pouvaient payer sans problème. Pour autant, Asmodeus savait que les objets magiques étaient très chers et ce genre d’anneaux était d’une puissance indiscutable. Cela semblait donc tout à fait sérieux.

« 65000 pièces d’or, ou un service, reprit le marchand. Vous avez lu très certainement la pancarte sur ma porte. »

[Asmodeus]

La somme était effectivement colossale et dépassait même celle qu’il avait investie dans l’achat de la maison reliant son domaine à la surface. Pour autant, Asmodeus n’était effectivement pas né de la dernière pluie et s’était douté que la somme demandée pour un objet aussi utile, rare et surtout puissant serait exorbitante.

Il était convaincu que cet anneau améliorerait considérablement son existence et se révélerait un investissement encore plus utile que la maison mais il devait bien l’admettre : il n’avait pas les moyens de consentir à pareille dépense. Ni dans l’immédiat, ni avant qu’il ne trouve une importante source de revenus.

En revanche, ce qui le rassurait était que le gnome semblait avoir conscience de ce que le prix demandé avait toutes les chances d’empêcher la vente. Mais quel service pourrait-il demander qui soit équivalent à pareille fortune ? Le prix risquait d’en être plus terrible encore… Mais sa curiosité – et son besoin – était de toute façon trop fort pour ne pas demander :

- Les anneaux déjà créés reviendraient-ils beaucoup moins cher ? Et sinon, avez-vous déjà une idée du service que vous demanderiez en compensation d’une telle somme ?