[Bâtiment] La caserne de l'Abysse Céleste

[Kasumi]

Les gardes refermèrent dans son dos sans un mot mais le son de la serrure valait tous les discours. Claris sentit ensuite chaque seconde se transformer en minutes et en était à se demander si ces dernières n’allaient pas se muer en heures quand la porte s’ouvrit à nouveau, révélant ses deux chers gardiens attitrés. Le premier disposa une petite table dans un coin de la pièce. Le second y déposa un plateau garni dessus. En plus d’une demie miche de pain - presque fraîche selon les critères locaux – d’une escalope de viande à l’aspect de dinde et d’un morceau de fromage à la croûte jaunâtre, il y avait un petit pichet qui ne semblait pas contenir de l’eau. Les gardes n’attendirent pas de critique culinaire avant de se retirer de la même façon que précédemment.

[Claris de Corvimande]

C'était… mieux que rien, pouvait-on dire. Claris ne s'était guère attentue à ce que la nourriture soit particulièrement excellente en cette charmante place ; au moins, cela semblait être commestible. Et comme le capitaine se l'était entendu dire un peu plus tôt, manger aurait au moins le mérite de faire passer quelque peu le temps. De Corvimande s'y employa donc vivement, se promettant tout de même de jouer quelque tour à ces stupides gardes avant de repartir. Cela lui ferait, au moins, un objectif à court terme.

[Kasumi]

Le repas s’avéra comestible et même plutôt honnête pour un estomac affamé. Pour la même raison, il fut bien trop vite expédié et frugal mais les gardes ne semblaient pas enclins à venir lui porter un supplément même si elle le leur demandait. La jeune femme dut à nouveau prendre son mal en patience et même la chasse des toutes dernières miettes dans son plateau ne l’occupa guère.

Au bout d’une nouvelle éternité et alors qu’elle se sentait sur le point de s’assoupir, la porte se rouvrit brutalement, révélant un de ses grands amis :

- Le capitaine a demandé à vous voir, mademoiselle. Veuillez me suivre !

[Claris de Corvimande]

Eh bien, ce n'était pas trop tôt. Claris se garda cependant de faire la moindre remarque au garde – il était trop stupide pour comprendre.

Trouver une idée de tour à jouer à ses geôliers n'était guère évident sans rien d'autre à sa portée que les vagues semblant de meubles qui peinaient à occupper le pourtant bien faible espace de cette pièce ; mais après tout, ce n'était pas le plus urgent. Les nouvelles que le capitaine avait à donner étaient autrement plus importantes, et c'est pourquoi de Corvimande se laissa de nouveau guider jusqu'à lui sans tenter quoi que ce fut… pour le moment. Se faire appeler « mademoiselle » n'était pas spécialement de son goût, et il le sentirait passer.

[Kasumi]

A nouveau le capitaine la salua et lui fit signe de s’asseoir. A sa mine… contrariée – non ! – dépitée, Claris sut immédiatement que quelque-chose clochait. Le capitaine n’attendit d’ailleurs pas que la jeune fille demande la confirmation de ses craintes :

- Je suis au regret de vous informer que votre père est injoignable. Il a cependant laissé quelques instructions pour le cas où l’on vous retrouverait. Mais peut-être vaut-il mieux que je vous laisse lire le mot par vous-même ?

Il lui tendit nerveusement un petit papier :

► Afficher le texte

Claris semble vouloir se comporter en adulte ; temps lui est donc venu d'en affronter les conséquences sans aide extérieure, comme mon frère et moi-même avons eu à le faire à son âge. Veillez à son état, mais, à moins d'une extrême nécessité, limitez-lui tout accès aux ressources familiales jusqu'à mon retour.

Le mot était signé de l’écriture soignée de son père, nul doute sur l’identité de son auteur hormis le message des plus déstabilisants.

[Claris de Corvimande]

Oh.

Cela ne tombait guère au bon moment ; mais d'un autre côté, comment en vouloir à son père ? Il avait, pour une fois, pris sa décision en ignorant quels étaient les faits, chose qui n'avait guère son habitude et qu'il regretterai sans doute lorsqu'il les apprendrait ; mais, d'une certaine manière, c'était une preuve de confiance et un honneur qu'il lui faisait.
Ah, ça, le vieux manipulateur était doué, assurément : laisser son enfant tomber tout en lui donnant l'impression que c'était pour son bien. Mais même en reconnaissant la manœuvre, Claris avait envie de s'y laisser prendre. Soit. Se comporter en adulte, et faire face aux conséquences sans aide extérieure. L'enfant de Reuel avait bien l'intention de montrer à son père que c'était dans ses cordes, et que le nom familial ne serait pas deshonnoré.

Le regard que Claris releva sur le capitaine était marqué, mais résolu.

« Voilà qui… complique la situation. »

Il lui fallu un instant avant de pouvoir en dire plus, laissant au capitaine le temps de répondre, s'il le souhaitait. Mais dans sa tête, quelques questions commençaient à tourner. Quelques détails pouvant être importants. Penser en adulte, voilà qui importait. Faire face aux difficultés. On ne l'aurait pas si facilement.

[Kasumi]

Le capitaine profita effectivement de l’interruption pour faire une proposition à la jeune noble, espérant certainement que cela couperait court à toute une partie de cette sale affaire :

- Il va de soi que l’hospitalité du fort vous est acquise si vous réclamez sa protection. Mais si vous préférez prendre d’autres dispositions, je me ferai un point d’honneur de vous octroyer une escorte armée jusqu’au lieu de votre choix. A condition que vous juriez sur l'honneur d'y rester pour la durée de l'enquête. Que préférez-vous ?

[Claris de Corvimande]

Claris avait plusieurs amis qui, sans nulle doute, pourraient l'héberger ; néanmoins, la perspective d'aller le leur demander était assez désagréable. Passer quelques temps à la Mélandienne d'Argent aurait certainement été plaisant ; mais les ressources familiales incluaient sans nul doute l'argent également.

« Rester ici serait sans doute intéressant, si je n'étais cantonnée dans une pièce vide sans livres, ni possibilité de m'exercer. »

Il y avait, bien sûr, également la possibilité de demander à se rendre au manoir de ses accusateurs pour leur régler leur compte, mais la faisabilité de la chose était pour le moins sujette à caution.

D'ailleurs, à ce sujet… l'un des détails tourbillonnant dans la tête de Claris refit soudainement surface.

« Au fait, dites-moi… ce type, à cause de qui je suis là… lequel des quatre était-ce ? »

Car le prénom que les trois autres avaient utilisé pour désigner sa première victime – la seule qui avait été expressément nommée – ne ressemblait, lui semblait-il, pas à Elias.
Bon, cela ne résoudrait peut-être pas tous les problèmes actuels, mais ça valait le coup de demander.

[Kasumi]

Le capitaine haussa les épaules mais il ne voyait aucune raison de masquer ce détail à son interlocutrice. Après tout, ses accusateurs en savaient probablement bien davantage sur elle et son pedigree à l’heure actuelle :

- Elias Mortesaison* était un solide gaillard champion dans le maniement de la masse. D’après les témoins, vous l’auriez abattu d’un trait d’arbalète.

HRP : changement pour cause de violation de la loi antivol de PNJ.

[Claris de Corvimande]

Humpf. Un court instant, Claris avait ressenti la tentation d'espérer que ce Mortesaison n'ait pas été l'une de ses victimes, et que l'accusation n'ait été qu'un coup monté. Mais ç'aurait sans doute été trop beau.

« S'il avait manié l'épée comme tout gentleman digne de ce nom, il serait peut-être encore en vie : je n'avais qu'un seul carreau, plusieurs adversaire et très peu de temps pour me décider ; j'ai choisi de garder ceux dont je pourrais le mieux prévoir les coups. Peut-être aurais-je pu me rendre compte qu'un brigand ordinaire aurait usé d'un gourdin plutôt que d'une masse, mais ce n'est pas comme s'ils m'avaient laissé le temps de faire autrement… »

Celui-là avait clairement mérité son sort, et Claris ne regrettait en rien de l'avoir tué. C'était, encore une fois, ceux qui restaient en vie qui causaient le plus de problèmes.

[Kasumi]

Le capitaine hocha la tête, manifestement d’accord avec Claris à moins que ce soutien de façade ne soit simplement destiné à l’apaiser et éviter toute polémique avec l’adolescente. Une preuve de sagesse justifiant à elle seule son grade élevé ! Il se laissa cependant aller à une révélation à laquelle il n’était pas vraiment tenu, signe d’une certaine sympathie peut-être :

- Nous soupçonnions cet homme et sa bande de tremper dans des affaires illégales mais nous n’avions aucune preuve jusqu’ici. D’ailleurs, en dehors de votre témoignage, c’est toujours le cas. Prenez donc garde à vous doublement d’autant qu’il est tout à fait probable qu’il ait d’autres complices que les hommes que vous avez tenu en respect. Il serait vraiment plus prudent que vous restiez sous bonne garde au fort mais je m’en remets à votre décision.

[Claris de Corvimande]

« Eh bien, si je pouvais vous aider à trouver les preuves en question, ou à débusquer les hommes restants, ce serait avec grand plaisir. »

Non pas que le travail de la maréchaussée soit particulièrement enthousiasmant en lui-même, mais cela aurait le triple mérite de tirer Claris de son ennui autant que de sa mauvaise situation, et de nuire à ceux qui s'étaient déclarés ses ennemis. Cependant, dans sa situations, les chances que cela se produisent étaient, bien sûr, assez minces.

« Quant à rester ici… comme je vous l'ai dit, cela ne poserait aucun problème si j'avais de quoi m'occuper, ou si je pouvais être traitée comme l'une de vos recrues. »

Évidemment, aller n'importe où ailleurs, et attendre que Mortesaison vienne réclammer justice, pour la lui accorder d'un coup de lame entre les deux yeux, serait une autre solution acceptable. Mais, là encore, cela avait peu de chances de fonctionner, surtout sans le soutient du manoir de Corvimande.

[Kasumi]

Le capitaine poussa un bref soupir après avoir écouté les propositions de Claris puis il répondit d’un ton navré et gêné mais néanmoins ferme:

- Si vous choisissez de rester sous notre protection, je serai responsable de votre sécurité. Et je ne pourrai donc pas vous laisser la liberté dont vous souhaiteriez certainement disposer. Comprenez bien que la situation est délicate et que je cherche à éviter que les relations entre votre famille et la garde puissent s’envenimer. N’avez-vous personne de confiance qui puisse vous héberger durant quelques jours ? Il est probable que nous soyons obligé de classer l’affaire faute de preuves d’ici la fin de la veille…

[Claris de Corvimande]

Plutôt se retrouver dans la rue, sans armes ni sans un sou en poche, que de rester ainsi entre quatre murs sans rien à faire.

D'un autre côté… les ressources familiales ne lui étaient limitées que jusqu'au retour de son père, soit un temps limité. Et en cas de besoin, le Façonneur, ou quelqu'un du même genre, aurait sans doute quelque mission à lui confier. Ce ne serait pas la première fois.

« Dans ce cas, je suppose qu'un séjour à la Mélandienne d'Argent me fera le plus grand bien. »

D'ailleurs, Claris avait quelques économies qui seraient sans doutes suffisantes pour se payer la première nuit. À condition que son or soit toujours là, bien sûr.

« Au fait, qu'avez-vous fait de mes affaires ? »

[Kasumi]

Le capitaine était visiblement soulagé que ce soit par la décision de la jeune fille ou peut-être simplement parce qu’elle posait une question à laquelle il pouvait répondre enfin sans fards :

- Vos affaires vous seront apportées dans votre chambre dès la fin de notre conversation. Elles étaient tâchées de sang aussi ai-je pris la liberté de vous les faire nettoyer. S’il vous manque quelque-chose, n’hésitez pas à m’en faire part mais ce genre de choses n’arrive pas ici. Quant à votre décision de rejoindre la Mélandienne d’Argent, je vous fournirai une escorte comme promis. Les gardes pourront rester sur place jusqu’à demain matin si cela vous rassure.

Il appela ensuite les deux militaires que Claris commençait à bien connaître sinon apprécier. A leur mine, ils étaient loin d’être ravis quand il leur annonça que leur mission serait d’accompagner damoiselle de Corvimande au travers des rues de la cité. En tous cas ils n'osèrent pas croiser son regard cette fois-ci.

[Claris de Corvimande]

« Inutile de laisser vos hommes sur place. Ils seront plus utiles à lutter contre les brigands. »

Et il y avait peu de chances qu'une attaque survienne dès le premier soir, si ? Mais dans une chambre du prestigieux établissement, Claris pourrait tuer sans que la légitime défense ne puisse être mise en doute. Enfin, si la chose était physiquement possible, bien sûr, car ses blessures étaient encore bien présentes.

De Corvimande toisa les gardes avec un sourire amusé. Leur infliger pareille corvée n'était pas exactement le genre de mauvais coup que son esprit avait recherché, mais c'était toujours mieux que de partir en les laissant en plan.
Une fois ses affaires récupérées, les choses commenceraient déjà à aller mieux.

[Kasumi]

Claris put au moins être rassurée en constatant que le capitaine n’avait pas menti sur ce point : quand elle retourna dans la petite chambre qui lui avait été assignée, ses affaires étaient soigneusement disposées sur le lit.

Ses deux gardes du corps ne demandèrent pas leur reste pour la laisser vérifier qu’il ne manquait rien et surtout la laisser se changer si elle le désirait. Quand elle sortit, ils n’avaient pas bougé d’un pouce, une expression figée sur le visage et attendant visiblement ses instructions. S’ils n’étaient pas forcément enthousiastes à l’idée de la balade en ville, ils ne semblaient pas non plus décidés à faire durer l’épreuve. D’ailleurs, comme elle tardait à répondre, l’un des deux hommes osa poliment :

- Où désirez-vous aller, mademoiselle ?

[Claris de Corvimande]

Claris avait, bien sûr, prit le temps de reprendre son apparence habituelle, aussi garçonne que d'ordinaire. Avoir retrouvé la sensation de ses armes à portée de main était assez réconfortant, quand bien même s'en servir réellement lui serait, du fait de ses blessures, plutôt délicat.

Ça n'empêcha cependant pas un certain grincement de dents.

« Bon, alors, déjà, les “mademoiselle”, vous oubliez. D'ailleurs, vous n'avez qu'à ne pas parler du tout, ce sera de loin le plus agréable. Nous allons à la Mélandienne d'Argent. Contentez-vous d'être de bons chiens de garde d'ici-là. »

Le ton hautain de la noblesse était parfois… savoureux à employer.

[Kasumi]

- Bien, madem… Euh… A vos ordres !

Etait-ce une lueur amusée qui était passée un instant dans le regard du garde ? Non, il avait une mine impassible désormais : ce ne devait être que l’imagination de la jeune fille… Les deux gardes se tinrent d’ailleurs cois pendant tout le trajet les menant jusqu’au poste de garde du fort. Pendant que son grand ami obtenait leur libre passage avec une ancienne prisonnière, Claris put se rendre compte que la matinée était bien avancée. Au temps pour un transfert discret mais si on la voyait, on ne prendrait certainement pas le temps de l’attaquer en pleine rue.

HRP : si tu ne souhaites rien ajouter ici, tu peux poster directement à l’auberge : il ne se passe rien de particulier pendant le trajet.

[Eldurvellir]

Quête solo : l'installation d'Eldurvellir

En provenance de :
http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post346449

Eldurvellir marcha d’un bon pas et arriva bientôt en vue du grand bâtiment de roche noire qu’un passant lui avait indiqué comme étant le poste de garde de la ville. Il pensa aux remparts, toujours ornés de suppliciés. Il ne deviendrait pas l’un de ceux-ci, mais qu’adviendrait-il de lui ?

Les Mélandiens verront-ils mon honnêteté ou penseront-ils que j’ai tué cet homme ?

Le mage regarda les tourelles du bâtiment, puis s’avança vers le pont, traversant la cour où les soldats et les gardes s’entraînaient.

Il arriva au pied de la tourelle d’entrée, son inquiétude quelque peu calmée par la découverte de ce lieu superbe. La roche noire semblait irradier d’une curieuse lueur, comme un halo de cruauté. Eldurvellir s’en trouva étrangement rassuré.

Il avança vers le garde en faction.

- Messire garde, bonjour, je dois faire une déclaration aux autorités. Pourriez-vous m’indiquer où je puis la faire ?

[Taliesin]

Le garde le toisa un instant.
-Ca dépend du type de déclaration que vous avez a faire, parce qu'il y a comme qui dirait plusieurs services, ici, répondit-il. Si vous avez surpris un déserteur ou eu des ennuis avec un soldat, c'est au bureau des affaires militaires qu'il faut vous adresser. Si un voleur à la tire vous a fait les poches, si vous avez été victime d'une bagarre, si on vous a cambriolé, là, c'est le guet qu'il faut aller voir. Bref, si vous m'en dites pas un peu plus, j'aurais un peu de mal à vous orientez, vous voyez.

[Eldurvellir]

Eldurvellir esquissa un sourire contrit.

- Je vous prie de m'excuser, je suis un peu perturbé... Je viens d'acquérir une maison sur l'Esplanade et j'ai eu une très mauvaise surprise : un cadavre dans mon sous-sol. Je pense devoir le déclarer auprès des autorités.

[Taliesin]

Le garde fit les yeux ronds.
-Vous avez pas visité votre sous-sol avant d'acheter la maison ?
Il haussa les épaules.
-Bon, après, peut-être le cadavre était-il bien caché. Et puis, ce ne sont pas mes affaires, au fond... Bref : pour ce genre d'histoire, c'est au guet qu'il faut s'adresser. Dans le hall, prenez le couloir de droite, ça sera la première porte sur votre droite également. L'officier de permanence prendra votre déposition et enverra une escouade enquêter sur les lieux.

[Eldurvellir]

Eldurvellir remercia et marcha dans la direction que le garde lui avait indiquée.

Après un bref trajet dans un couloir austère, il frappa à la bonne porte.

Une escouade qui viendra enquêter ! le mage en frémit d'angoisse. Il ne se sentait en rien coupable, après tout Gonfulf Beaujeu avait sans barguigner condamné ses parents à un sort pire que la mort... Même si les autorités mélandiennes n'apprennent jamais qu'il aurait pu sauver l'homme, l'idée de l'enquête le perturbait.

[Taliesin]

-Entrez ! fit une voix peu amène.
Eldurvellir pénétra alors dans un pièce de petite taille, sombre, encombrée et où flottait, lui sembla-t-il, de légers effluves d'alcool. Derrière un bureau croulant littéralement sous des liasses de documents entassés pèle-mêle, se tenait assis un homme à la calvitie bien prononcée, au teint rougeaud et à l’embonpoint manifeste, qui portait un uniforme ayant connu des jours meilleurs.
-C'est pourquoi ? s'enquit-il.

[Eldurvellir]

- Bonjour messire officier. Je suis Eldurvellir du Val Bise, Mage Extérieur de l'Ecole du Necronomicon. J'ai tout récemment acquis une maison pour ouvrir un commerce de potions et d'onguents, place de la Miette-aux-Corbeaux, Esplanade Impériale.

Le mage soupira.

- Je suis confus de vous déranger, mais j'ai eu une mauvaise surprise en examinant le sous-sol plus attentivement que lors de la visite avant achat : j'ai découvert une pièce secrète... Il y avait un cadavre dedans. Un homme mort depuis peu de temps. Voilà.

Eldurvellir regarda l'officier, se sentant vaguement honteux de ne pas avoir songé à apporter une bouteille d'hypocras.

[Taliesin]

-On voit bien que vous êtes pas de Melandis ! s'exclama l'homme. Ici, avant d'acheter une maison, et surtout si on veut y ouvrir un magasin, on examine bien la cave pour s'assurer qu'il y a pas de passage secret. Le sous-sol de la ville est tellement truffé de galerie que ne pas prendre cette précaution élémentaire, c'est comme une invitation au cambriolage ! Hum, rassurez-moi : vous avez pensé à faire changer les serrures, au moins ?
Il se frotta le menton, pensif.
-Bon... Vous l'avez depuis combien de temps, cette maison ? C'était qui, l'ancien propriétaire ? Est-ce que la vente s'est faite dans les règles ? Oh, et... Quand vous êtes allé dans la cave, la première fois, vous avez pas senti une odeur bizarre ? Non, parce que, franchement, un cadavre, faut pas longtemps avant que ça pue...

[Eldurvellir]

Eldurvellir se retint à grand peine d'écarquiller les yeux.

- ... Messire officier... Je n'avais pas envisagé la chose sous cet angle ! et pour répondre à votre question, l'homme devait être mort tout récemment, il n'y avait aucune odeur... Cela dit, cet endroit du sous-sol est doté d'un air très sec et relativement frais. Je suppose que la conservation d'un corps serait possible, le corps se momifiant au lieu de se putréfier...

Le mage faillit partir dans une analyse scientifique sur la dégradation des corps mais eut le bon sens de s'interrompre.

- J'ai acheté la maison à messire Gonfulf Beaujeu, qui lui-même la tenait de ses parents. L'homme de loi est Maître Pierresault, quartier de l'Esplanade Impériale... Impasse... Impasse du Lien d'Or... Oui, c'est cela. J'ai acheté la maison avant-hier.

[Taliesin]

L'officier farfouilla parmi le capharnaüm recouvrant son bureau, finit par dénicher une plume, de l'encre et un parchemin à peu près vierge puis, ayant demandé au mage de répéter les noms et les adresse, il les y recopia.
-C'est quoi, pour vous, "tout récemment" ? s'enquit-il quand il eu eut terminé. Un jour ? Deux ? Une semaine ? Non, parce que s'il s'avère que le gars a été tué alors que vous possédiez déjà la maison, je préfère autant vous dire qu'on pourrait bien vous soupçonner de meurtre...

[Eldurvellir]

Eldurvellir gardait son calme. Nous y voilà, pensa t-il.

- Je ne saurais vous dire. J'ai acquis la maison avant-hier, l'homme était-il vivant à ce moment-là...

Il laissa sa phrase en suspend. Ne pas trop parler, ne pas mentir. D'ailleurs, l'homme qui trahit les siens ne se tue t-il pas socialement ? C'était un être qui était mort, l'humanité s'était enfuie de lui quand il avait sacrifié ses malheureux parents. Ainsi songeait Eldurvellir, avec le sens de la dignité qui lui était propre.

Les gardes enquêteraient. Fort bien. Le mage n'avait plus qu'à se placer dans les mains de sa déesse. Il y aurait un rituel à Tiamaat ce soir... S'il n'était pas jeté en prison.