[Quête] Dans la Campagne du Soleil

[Taliesin]

Le chevalier, fraichement sorti de sa tente, avançait d'un pas tranquille sur le terrain d'entraînement, en direction d'Alban et de son destrier. Tenant son casque sous le bras, il portait une armure qui, pour n'être guère ornementée, paraissait d'excellente facture et soigneusement entretenue, que ce soit par son propriétaire ou par son écuyer.
Avisant Hubert, l'homme bifurqua vers lui.
-L'heure fatidique se rapproche... dit-il, souriant.
Son regard tomba sur Ruth. Il eut un bref haussement de sourcil mais ne fit aucun commentaire, se contentant de saluer amicalement la fillette.

[Hubert de Maleval]

Hubert faillit lui demander, de but en blanc, ce qu'il y avait de si étrange à avoir choisi la petite Ruth, mais il n'était pas complètement certain de vouloir savoir. Après tout, jusqu'ici, elle se comportait parfaitement et il aimait autant s'en faire une idée à l'aune de son attitude présente, plutôt que d'entendre rumeurs et anecdotes inutiles.
" En effet, dit-il avec un sourire. A ce sujet, je me demandais quel type de joute vous entendiez nous voir disputer. J'imagine à la lance brisée, mais comme Ruth m'a rapporté une lance lourde, je voulais vérifier."

[Taliesin]

Robert haussa les épaules.
-Nos jeunes confrères ont préféré essayer de se désarçonner mutuellement, trouvant cette version plus spectaculaire. Je ne doute pas que le fougueux sieur d'Argencourt soit à l'origine de ce choix, quoiqu'Étienne n'ait pas dû être long à convaincre, à mon avis. Maintenant, nous concernant... Je vous ai imposé le duel à l'épée et la joute, il est normal que je vous laisse le choix concernant cette dernière.

[Hubert de Maleval]

Hubert ne cacha pas sa surprise.
" J'imagine que... c'est le genre de choses qu'on peut se permettre quand on a des clercs dans sa suite." fit-il, avec une grimace.
C'était une discipline dangereuse, de moins en moins pratiquée, qui pouvait causer de graves blessures. Spectaculaire, ça, c'était un fait. Hubert n'aurait jamais songé à s'y prêter si le sous-entendu dans les paroles de Robert ne l'avait blessé malgré lui. Leurs jeunes confrères. Parce qu'ils étaient vieux, évidemment. A trente-cinq ans, c'était difficile à avaler, et pourtant le chevalier n'avait pas tort : la vigueur de ses vingt-cinq ans était révolue depuis une décennie, désormais. Cela le laissa un moment décontenancé, comme il prenait conscience qu'il était désormais un aîné, un vétéran, presque, une chose qui lui paraissait irréelle. Et donc les jeunes s'affronteraient avec violence pendant que les vieux joueraient la sécurité dans une joute paresseuse et sans dangers.
Pendant un instant, la sagesse prit le dessus. C'était absolument ridicule d'aller prendre de tels risques alors qu'ils étaient supposé partir quelques jours plus tard, même avec des clercs, même avec un paladin pour réparer d'éventuelles blessures. Les chevaux risquaient de se faire mal, les armures seraient immanquablement amochées. C'était stupide, de la stupidité de jeunes nobles bravaches qui veulent se donner en spectacle devant la foule.
Mais Hubert, s'il n'avait plus quinze ans, sentit un besoin irrépressible de se prouver quelque chose, et peut-être de le prouver aussi à autrui. Et la sagesse fut renvoyée aux oubliettes, tandis qu'il souriait à son futur adversaire.
" Allons au bout du spectacle, dans ce cas. Si cela ne vous dérange pas."

[Taliesin]

Le chevalier écarquilla les yeux, aussi déconcerté que pris au dépourvu, et s'il se reprit vite, il ne parvint pas à cacher qu'il était en proie à un vif dilemme intérieur. Puis, après avoir jeté un regard à Ruth, qui ne perdait pas un mot de leur conversation, et un autre, plus appuyé, à son écuyer, lequel, respectueux, n'avait pas osé s'approcher sans y être invité, il hocha la tête.
-Très bien : nous irons au bout du spectacle, dit-il simplement.

[Hubert de Maleval]

Hubert, tu es imbécile, songea le paladin en voyant la mine du chevalier.
" Non, fit-il alors. C'est une mauvaise idée. Vous savez que c'est une mauvaise idée, je sais que c'est une mauvaise idée. Nous jouterons à la lance brisée, c'est beaucoup plus raisonnable, et comme ça les gens verront un peu de tout. C'est mieux. J'ai changé d'avis. Restons-en là."
Il poussa un bref soupir, puis sourit.
" Je vais aller vérifier que j'ai encore tous les morceaux de mon armure. La quintaine est à vous."

[Taliesin]

Ruth arbora une mine cruellement dépitée : forcément, des chevaliers s'amusant à se désarçonner devaient offrir un spectacle bien plus amusant que ceux qui se contentaient de rompre bêtement des lances. Robert, à l'inverse, sembla plutôt soulagé.
-A votre guise, Hubert.
Il lui sourit puis rejoignit Alban, l'envoyant quérir une lance que le jeune garçon lui ramena en la tenant bien comme il faut, aussi difficile que cela fût pour lui, vu sa stature. Son maître, déjà en selle, déjà casqué, récupéra l'arme puis chargea... pour manquer de peu la quintaine. Il pesta, retenta l'opération et cette fois, la mena à bien. Il ne connut plus le moindre échec au fil des minutes suivantes.

[Hubert de Maleval]

Hubert ne resta pas longtemps à admirer les prouesses de son adversaire. Leur dernier échange l'avait passablement déstabilisé et il était encore surpris de la vitesse à laquelle il avait failli succomber aux sirènes tentatrices de la vanité. En même temps, cela ne faisait-il pas partie du métier de chevalier ? Un peu d'esbroufe, des hauts faits et du risque ?
Tu n'es pas chevalier, tu es paladin. Le risque, oui, mais pas pour des broutilles, se morigéna-t-il en repartant vers la pile de son matériel avec la pauvre Ruth, toute dépitée.
Albérich, au moins, serait satisfait. Hubert n'osait pas imaginer la tête que le Luménien aurait faite en apprenant qu'il avait décidé de jouer à se désarçonner.
Arrivé près de son harnois, il sourit à la gamine.
" Bon, on va vérifier que tout est là. Est-ce que tu t'y connais un peu ? Ou pas du tout ?"

[Taliesin]

-Ben, comme j'vous ai dit, m'sire, je vais souvent à l'armurerie. Y a surtout des cottes de mailles, mais ils ont aussi de vraies armures un peu comme celles-là, et j'ai vu des gardes s'en occuper... Alors je vois en gros comment les pièces s'emboîtent les unes dans les autres, et je connais même le nom de certaines ! Bon, après, je suis loin de tout savoir... Mais je ferai de mon mieux pour pas trop vous ralentir, promis !

[Hubert de Maleval]

" Bon, dans ce cas, on va s'y mettre tout de suite... Je ne l'ai plus portée depuis une éternité, je pense que j'ai intérêt à m'y réhabituer un peu avant d'entrer en lice... Mais on ne va peut-être pas faire ça en plein milieu du chemin. Je te propose qu'on transporte tout ça jusque derrière ce bosquet, là... Grand Vent peut nous aider..."
Hubert fixa son bouclier à la selle de son destrier et remit son heaume, puis aida Ruth à ramasser ce qui traînait, avant de rallier rapidement le coin abrité qu'il avait repéré. Il devait juste changer de tunique, ce n'était pas exactement une vision scandaleuse, mais il préférait éviter d'attirer davantage de regards. Une fois rendu, il se changea rapidement, puis invita Ruth à l'aider avec le harnois.
" Et quelle est ton histoire, à toi, Ruth ? Comment t'es-tu retrouvée embrigadée dans cette aventure ?" demanda-t-il entre deux serrages de sangle.

[Taliesin]

Elle haussa les épaules.
-Rien de bien spécial. Avant, on vivait à Edhoras, mais mes parents, ils faisaient rien qu'à se disputer, surtout quand mon père il avait bu. Et il buvait de plus en plus souvent, et des fois, ça virait à la bagarre. Alors un jour ma mère elle en a eu marre et elle est partie avec moi. On est allé vivre dans un village, tout au sud de la Trouée des Chevaux. Mais c'était pas génial, elle gagnait pas beaucoup d'argent : c'est une super couturière, mais y avait pas des masses de clients. Alors, quand la communauté s'est arrêtée pas loin, elle s'est dit qu'il y aurait du travail... Et voilà comment qu'on en fait partie, maintenant.

[Hubert de Maleval]

Pauvre gamine, elle avait dû en voir des vertes et des pas mûres. C'était une chance que cette opportunité se soit présentée à sa porte, et à celle de sa mère. Il se retint de poser une main sur son épaule et se contenta de lever le bras pour qu'elle puisse terminer de fixer le plastron.
" Et tu destines à la couture, toi aussi, ou bien as-tu d'autres ambitions ? demanda-t-il. J'imagine qu'en ayant grandi à Edhoras, tu dois bien connaître les chevaux..."

[Taliesin]

-La couture ? Pouah, quelle horreur ! Non, moi, j'veux être guerrière ! D'ailleurs, la communauté, elle est géniale, pour ça : y a les entrainements, et aux autres moment, j'peux castagner les garçons qui se la jouent... Sinon, oui, les chevaux, je connais un peu, comme tout le monde là-bas...
Elle s'interrompit brusquement et son regard s'illumina.
-Dites ! Pourquoi que nous, les écuyers, on se défierait pas aussi à cheval, aujourd'hui ? Pourquoi qu'on essaierait pas de se désarçonner avec les lances ? Tout le monde dit que les enfants c'est super souple, alors y aurait aucun risque qu'on se fasse mal en tombant ! Ce serais super, je trouve !
Elle avait l'air très, très enthousiaste.

[Hubert de Maleval]

" Ruth... La joute n'est pas quelque chose qui s'improvise comme ça. C'est beaucoup plus technique que ça en a l'air et c'est très dangereux. Un cheval au galop, c'est une masse énorme, qui produit une force terrible... Etre heurté par ce genre de force... Tu as beau être souple, tu es aussi fragile. Et même une armure ne protège pas de ce type de chocs. Je ne serais pas surpris que l'un des jeunes chevaliers qui vont s'affronter tout à l'heure se blesse sérieusement. Il y a heureusement des clercs dans la communauté, mais c'est... un risque déjà peu raisonnable à leur échelle. Alors des enfants... N'en parlons pas. Entraîne-toi sérieusement. Impressionne ton instructeur, par tes qualités martiales mais aussi par ton sens de la discipline et des responsabilités. Poursuis ton rêve. Et un jour, peut-être, tu jouteras. Je te le souhaite, si c'est ton désir."
Il assortit son discours d'un sourire désolé et resserra son gantelet gauche, avant de dérouler lentement ses épaules. Retrouver son harnois était une sensation agréable, un peu comme rentrer chez soi, et un moment, il se prit à sourire. C'était pratique de pouvoir transporter de ce genre de choses avec soi.

[Taliesin]

La gamine hocha la tête, ébaucha un sourire mais échoua lamentablement à dissimuler le fait qu'elle était, à nouveau, immensément déçue. Elle continua cependant à l'aider de son mieux puis, quand ce fut terminé, elle hésita un instant avant de revenir à la charge.
-Et le duel à l'épée, messire ? Vous en parlerez à messire Robert ? Ce serait bien, non, qu'il y ait une fille au tournoi... Ils ont voulu que, pour la conseil, ça soit la... heu... parité. Moi, je pense que ça devrait l'être aussi pour les tournois. Alors que là, y aura que des garçons qui s'amuseront !

[Hubert de Maleval]

" Oui, ça je vais lui en parler... Mais je te préviens que ce sera sans doute à l'épée de bois. J'espère que tu n'en seras pas trop déçue. Mais Sir Robert ne voudra pas que tu lui coupes Alban en rondelles. Et moi non plus."
Il assortit sa remarque d'un clin d'oeil.
" Mais j'ai subitement une idée... dit-il. Tu as dit que ta mère était couturière... Est-ce qu'elle a beaucoup de travail en ce moment ? Est-ce que tu penses qu'elle aurait le temps de nous bricoler des costumes ? Je pourrais sûrement trouver quelque chose de bleu dans mon sac, et si tu as une tunique de cette couleur à sacrifier... non... orner, voilà... On pourrait avoir un peu plus d'allure que comme ça. Tu en penses quoi ?"

[Taliesin]

Cette fois, point de déception, mais le plus vif des enthousiasmes.
-Oh, ce serait trop chouette si je pouvais avoir un truc avec votre blason, comme les autres écuyers ! D'ailleurs, c'est ma mère qui a fait la tenue d'Alban. Au moins, de ça, il peut être fier ! Et à part les fringues qu'on déchire pendant les entraînements, elle est pas débordée. Et même si elle l'était, ça la dérangerait pas de prendre un moment pour nous ! Bon, elle aura pas le temps de faire des tenues complètes. Mais un blason, ça, elle pourra. Sans problème !

[Hubert de Maleval]

" Formidable ! fit Hubert en claquant dans les mains. Est-ce que nous y allons ensemble ? Est-ce que tu y vas pendant que je m'entraîne ?"
Il sourit, soudain envahi d'un enthousiasme presque aussi juvénile que celui de la gamine.
" J'ai une meilleure idée, en fait... Nous allons faire notre promotion, Ruth."
Il attrapa la petite fille par la taille et la posa sur Grand Vent, avant de prendre appui sur l'étrier et de se hisser à son tour en selle. Il abaissa la visière de son heaume, rassembla les rênes et mit le destrier en marche, soutenant la gamine d'un bras pour s'assurer qu'elle ne tomberait pas.
" En avant, Ruth la Valeureuse. Nous sommes en quête d'un tabard digne de ce nom et d'une livrée assortie. Guide-moi donc jusqu'à Dame ta mère."

[Taliesin]

La fillette, évidemment fière comme Artaban, se laissa faire sans protester. Quant au spectacle qu'ils offraient, il ne manqua pas de produire son petit effet sur le terrain d'entraînement - Hubert vit distinctement Alban ouvrir des yeux ronds comme des soucoupes et plusieurs instructeurs se fendre d'un sourire amusé - comme dans les allées du campement, où les gens les saluaient joyeusement et où une ribambelle de gamins - étrange, car l'école n'aurait pas dû être terminée pour bon nombre d'entre eux -, outre d'exclamations variées, les gratifiaient de regards allant de l'enthousiasme à la jalousie, en passant par le dépit et même le plus poignant des désespoirs.
Enfin, ils parvinrent devant la tente où vivaient Ruth et sa mère.
-M'man ! On a de la visite ! clama aussitôt la gamine.
Une femme encore jeune, dont les traits agréables rappelaient indéniablement ceux de sa fille, ne tarda pas à sortir. Elle les observa un moment, surprise, puis s'inclina.
-Enchantée, messire de Maleval. Si les enfants de l'école n'avait pas déjà répandu la nouvelle par toute la communauté, je me demanderais quelle bêtise a encore bien pu faire Ruth, pour être ainsi escortée jusqu'à chez elle...
Hubert n'eut pas besoin de voir son visage pour savoir que l'intéressée rougissait comme une pivoine.

[Hubert de Maleval]

Hubert était parfaitement satisfait du charivari que leur équipée provoqua dans le campement. Bien sûr, il était désolé pour les enfants déçus, mais puisque le tournoi devait être un événement, autant qu'il prenne des proportions fantastiques qui alimenteraient ensuite les conversations quand ils seraient calés dans les marais et la froidure. Des souvenirs communs souderaient les colons mieux que n'importe quelle charte sur papier. Il était aussi heureux de pouvoir offrir un moment de gloire à son écuyère improvisée, dont la réputation semblait douteuse. Il en eut à nouveau la confirmation en arrivant devant sa tente, lorsque sa mère les salua. Peut-être Ruth bénéficierait-elle d'une association plus avantageuse. Le paladin descendit donc de cheval, puis souleva sa comparse et la posa au sol, devant lui. Il retira son heaume et s'inclina poliment devant la jeune femme qui leur faisait face.
" Dame, votre fille s'est montrée exemplaire jusqu'ici, et je n'ai nul doute qu'elle continuera à remplir son rôle avec les honneurs."
Il sourit à la petite fille rougissante et posa une main amicale sur son épaule.
" Mais nous sommes humblement venus vous trouver car nous sommes en mal de blason et Ruth m'a appris que vous aviez des doigts de fée. Je voulais savoir si vous auriez éventuellement le temps de nous préparer quelque chose..."
Hubert réalisa qu'il n'avait aucune idée de si l'argent avait cours entre les membres de l'expédition ou si tout cela était couvert par le salaire convenu dans les contrats. Mais comme ce qu'il demandait était personnel et frivole, sans doute était-il normal de rétribuer la couturière.
" Vu le temps qu'il nous reste, nous ne nous attendons pas à la lune, mais si Ruth, au moins, pouvait porter du bleu avec un semblant de chamois blanc sur le dos ou le ventre, ce serait formidable. Je vous paierai, bien sûr."

[Taliesin]

-Oubliez tout de suite cette idée. Celle de me rémunérer, j'entends. C'est extrêmement gentil à vous d'avoir sélectionné la candidature de ma fille parmi toutes celles que vous avez reçues, et vous m'offrez sur un plateau une opportunité de vous en remercier : je compte bien la saisir ! Le délai est court, certes, mais il reste malgré tout quelques heures, et je ferai appel à certaines de mes amies qui sont au moins aussi douées que moi avec une aiguille... Nous aurons donc le temps de préparer quelque chose pour Ruth, mais sans doute pour vous, également... Que souhaiteriez-vous ? Une cape, peut-être ?

[Hubert de Maleval]

" Dame, c'est votre fille qui me rend service, vous n'avez pas à vous sentir redevable de quoi que ce soit. Et vous me sauvez, de surcroît. Si ce n'est pas trop compliqué, j'aime autant une sorte de tabard, peut-être juste une étoffe avec un passage pour la tête, que je mettrais au dessus de mon armure... en la serrant à la taille. Avec une cape, je vais m'entortiller n'importe comment, je n'ai pas l'habitude. Ou alors quelque chose pour mon cheval, si c'est plus simple pour vous... Je pense avoir l'une ou l'autre tunique bleue dans mes affaires, mais elle ne passera jamais au-dessus de mon harnois, je le crains... et si c'est impossible, ça me ferait déjà plaisir que Ruth puisse avoir quelque chose. Moi j'aurai toujours mon bouclier... Je peux vous le laisser, d'ailleurs, comme ça vous avez un modèle..."
Il eut une petite grimace.
" Enfin, c'est vous l'experte, moi je ne veux présumer de rien... Pensez juste que si vous me préparez quelque chose, il ne survivra probablement pas au tournoi, donc... il ne faut pas non plus que vous perdiez votre temps."

[Taliesin]

-Ne vous inquiétez donc pas tant ! Je suis ravie d'avoir l'occasion de participer à la fête, à ma manière. Et, à mon avis, je ne serai pas la seule. Nous ferons de notre mieux dans les heures à venir, mais je pense que, l'enthousiasme aidant, nous devrions arriver à un résultat dont vous n'aurez pas trop à rougir... Hum, et effectivement, si vous pouvez nous laisser votre bouclier, ce serait parfait. A moins, bien sûr, qu'il ne vous soit indispensable pour vous exercer : je ne voudrais pas que votre préparation soit incomplète par notre faute... Mais, à mon avis, en cas de besoin, vous n'aurez aucun mal à vous en faire prêter un.

[Hubert de Maleval]

" Je me débrouillerai sans." fit-il avec un sourire.
Il faillit aller le décrocher de la selle de Grand Vent mais se ravisa au dernier moment.
" Ruth ! Peux-tu aller chercher mon bouclier et le porter à ta mère ?"
Il décocha un clin d'oeil à la couturière pendant que sa fille s'exécutait.
" Est-ce que vous avez besoin de me... heu... mesurer ?"

[Taliesin]

-Dans l'absolu, ce serait mieux. Mais cela vous obligerait à ôter puis à remettre votre équipement, et cela m'empêcherait de commencer tout de suite le travail. Alors, nous ferons sans. Cela ne sera guère problématique, de toute manière, puisque j'ai eu l'occasion de vous voir sans votre armure. A force de faire ce métier, on finit par avoir le coup d’œil, et je crois avoir une assez bonne idée de vos mesures.
Elle prit le bouclier que lui tendit Rhut.
-Bon, mais si nous voulons que tout soit prêt à temps, il faut que je m'y mette sans tarder ! Je vous apporterai tout cela sur le terrain d'entraînement.

[Hubert de Maleval]

" Merci, Dame." fit le paladin en s'inclinant à nouveau.
Il remit son heaume et se tourna vers Ruth.
" En selle, demoiselle !" fit-il avant de la soulever à nouveau pour l'installer sur l'étalon.
Il la rejoignit ensuite et ils remirent le cap sur le terrain d'entraînement où Hubert avait, cette fois, bien l'intention de se trouver un partenaire de travail.

[Taliesin]

Depuis leur départ, le pré avait gagné en animation. Les sieurs de Fontbrune et d'Argentcourt, accompagnés de leurs écuyers, avaient commencé à s'entraîner, et Hubert eut tout loisir de découvrir leurs blasons : une fontaine d'or sur champ brun pour le premier, une tour d'argent sur champ azur pour le second. Quant à Robert, il était en plein duel contre Ted, sous le regard des autres instructeurs qui, eux, semblaient s'être accordé une pause.

[Hubert de Maleval]

Hubert ne put s'empêcher de sourire et s'immobilisa en bordure du terrain. Il mit pied à terre puis aida Ruth à descendre. Il flatta l'encolure de Grand Vent puis se tourna vers la petite fille.
" Essaie de me trouver un bouclier, du même genre que celui que j'ai laissé à ta maman. Je vais aller me trouver un adversaire, en attendant. Tâche de ne pas voler celui d'un autre chevalier : si tu en déniches un sans décoration, c'est sans doute signe qu'il n'appartient à personne. Et porte-le sur ta tête, ou je ne sais quoi... qu'il ne traîne pas dans la poussière."
Puis, avec un sourire encourageant, il la quitta pour rejoindre ses collègues oisifs. Chemin faisant, il ne put s'empêcher d'observer Robert... C'était encore la meilleure manière de se préparer à l'affronter.

[Taliesin]

S'il eut l'impression que son futur adversaire était pour le moins adroit, il ne put en apprendre davantage, car le duel cessa moins d'une minute plus tard. Sans doute Ted, qui faisait face à la direction par laquelle il venait, ou l'un de ses collègues avait-il prévenu le chevalier de son approche.
-Venez, Robert, on va aller se battre à l'écart. Faut pas donner des tuyaux à l'ennemi ! D'autant que j'ai parié sur votre victoire, oubliez-pas...
Son interlocuteur se fendit d'un soupir théâtral.
-N'aurait-on pas pu éviter les paris, pour une fois ? Les combats étant publics, le perdant sera déjà couvert de honte...
-Çà suffit pas ! Une tradition, c'est une tradition !

[Hubert de Maleval]

Hubert se demanda sur quoi portaient ces paris et si un seul d'entre eux avait estimé qu'il était capable de l'emporter. Evidemment, puisqu'il n'avait encore combattu personne, son aura ne reposait que sur des aprioris, tandis qu'ils savaient parfaitement ce que valait Robert. Il ne pouvait pas s'en offusquer.
La petite remarque du chevalier sur la honte promise au vaincu le fit grimacer intérieurement mais il se fendit d'un sourire.
" Désolé d'interrompre votre duel, mais je me cherche, inlassablement, un partenaire d'entraînement. Je ne perds pas espoir que quelqu'un daigne m'accorder la chance de sortir mon épée de son fourreau au moins une fois avant le moment critique... Gagner un pari en empêchant la partie adverse de s'exercer n'est pas très chevaleresque."