[Haute-Forêt] Quête : Racines

[Voyageuse]

La flèche de Kasumi ne fit que le blesser légèrement, passant tout près de la cible fixée. Mais le sanglier se mit à couiner de colère, quelques instants plus tard, lorsque des lianes surgi de nulle part lui lièrent les pieds. Kasumi put tranquillement ajuster deux flèches supplémentaires pour l'achever. Et une troisième flèche, venant de là où se trouvait sa compagne, parvint presque au même moment à sectionner une artère. Juste un instant trop tard : la dernière flèche de Kasumi, dans le cou, l'avait achevé.
- Ouah... Comment tu as fait ça ? Je ne savais pas que tu pouvais déjà lancer des sorts... mais j'imagine qu'il faut attendre qu'il ne fasse plus d'effet pour s'approcher ?

[Kasumi]

Kasumi contourna la zone où le sanglier avait fini de s’agiter pour récupérer le canard que Sylvia avait abattu puis la rejoindre en arborant un sourire débordant de fierté. Au lieu de répondre directement à la question, il ne résista pas à l’impulsion de l’embrasser dans l’instant. Par Mielikki et Sunie ce que cette femme était belle ! Il profita de passer la main derrière sa nuque pour libérer sa troublante chevelure cuivrée, la caressant à nouveau au passage avec délectation.

- Cela ne prendra que quelques minutes. Veux-tu en profiter pour… plumer le canard ?

Son hésitation avait été volontaire et la lueur amusée dans son regard disait aussi qu’il avait voulu la taquiner. Et pourtant ses lèvres délivraient déjà une toute autre musique en recherchant à nouveau le contact de sa bouche et de sa langue.

[Voyageuse]

- Quelques minutes, tu dis ? C'est fou ce qu'on peut faire en quelques minutes....
Son regard disait clairement qu'elle avait parfaitement compris le sous-entendu, et que, même si le rôdeur entendait plaisanter, elle-même avait l'intention de prendre sa proposition très au sérieux...
Elle se laissa embrasser à nouveau, doucement, tendrement, puis ses baisers à elle se firent plus hardis, plus passionnés. Le sanglier ne risquait plus de s'échapper, le canard non plus... Elle s'écarta de lui, lui prit le canard des mains et le posa au sol sans le moindre égard. Elle n'avait d'yeux que pour lui, incapable de détacher ses yeux des siens, le souffle déjà court, le coeur battant. Elle l'attira à elle, l'embrassa à nouveau.
- Et puis, au fond... on a tout notre temps... non ?

[Kasumi]

Ce n’était pas sérieux, pas sérieux du tout même ! Les elfes allaient finir par s’inquiéter. Mais la chasse s’était bien passée et quelques instants de plus n’y changeraient rien… Le rôdeur aurait pu trouver d’autres arguments comme la possibilité que la nuit attire des prédateurs près du cours d’eau ou qu’Eärundra se mette en tête de les chercher et les surprenne. Mais il n’avait pas envie d’en chercher. Il n’avait pas envie de résister à ce regard plein de passion. Pas envie de lutter contre l’envie de lui qu’il y lisait, ni contre l’envie d’elle qu’il ressentait en chaque fibre de son être.

- Cela prend parfois un peu plus que quelques minutes, ce n’est pas une science exacte…

Alors, avant même de réaliser qu’il ne luttait plus, sa main droite s’était glissé sous la tunique de la jeune femme, la soulevant juste assez pour s’immiscer jusqu’à son cœur, caressant son sein au passage, frôlant sa pointe comme par inadvertance, l’érigeant lentement entre ses doigts habiles. Son autre main commençait déjà à la dénuder avec bien plus d’impatience, défaisant les lacets qui retenaient ses chausses, sans manquer de la caresser déjà à mi-chemin. Quand il sentit l’obstacle prêt à céder, il se mit à genou et utilisa ses deux mains pour en débarrasser le corps divin de son amante, accompagnant le tissu jusqu’à ses pieds en dispensant des caresses langoureuses sur ses cuisses puis ses mollets. Puis refaisant le chemin inverse, y joignant la caresse de ses lèvres et de sa bouche en arrivant à ses cuisses. La tunique de Sylvia vola par-dessus sa tête pour révéler la beauté cachée dans sa plénitude. Zone si sensible que ses lèvres n’avaient pas manqué de trouver d’ores et déjà. Les gémissements de plaisir qui accompagnaient chacune de ses initiatives l’encouragèrent à poursuivre cette douce torture, à ne pas laisser de répit à Sylvia avant qu’elle ne soit aux portes de la jouissance. Alors seulement, il l’attira au sol, la libérant pour lui laisser revendiquer tout ce qu’elle voudrait de lui.

[Voyageuse]

Nul au campement ne s'étonna de leur tenue un peu débraillée à leur retour : après tout, ils avaient franchi des zones de végétation denses... Certes, cela n'expliquait peut-être pas l'herbe sèche dans les cheveux. Et nul ne leur reprocha d'être un peu en retard : la chasse prend un temps indéfini, comme chacun sait. Bon, ils avaient peut-être un peu les yeux dans le vague, un sourire rêveur aux lèvres, ce qui leur valut quelques regards entendus. Le quotidien de tout couple d'amoureux, finalement.
Ils avaient eu quelques difficultés à transporter le sanglier, malgré l'emploi d'une longue perche à laquelle ils l'avaient attaché, et Sylvia paraissait soulagée d'arriver enfin. Une bonne provision de bois avait été amassée par leurs compagnons, et les tentes étaient montées, en plein milieu de la piste faute de place.. Enfin... à peu près montées. Eärundra était plus habile que Tilmandil, sans doute, mais n'avait guère l'habitude de s'encombrer de tente donc maîtrisait moins bien que les rôdeurs les aspects techniques de la chose. Suffisamment pour les abriter, cependant : ils ne risquaient pas de tempête par ici.
Et il y avait même des fruits à volonté.

[Kasumi]

Kasumi avait beaucoup de mal à détacher ses yeux de Sylvia même s’il se savait rougir ostensiblement à chaque fois qu’ils s’échangeaient un sourire complice. Heureusement, il y avait suffisamment à faire alors que la viande du repas du soir était en train de cuire pour détourner l’attention des deux elfes et justifier qu’ils restent tout près l’un de l’autre. Léo avait bien entendu hérité de la part du lion mais il restait assez de viande pour justifier qu’ils découpent et en apprêtent une partie du sanglier dont ils avaient mis de côté de bons morceaux. Cela fournissait aux rôdeurs beaucoup de prétextes pour s’effleurer de la main et échanger de nouveaux regards attendris pour le plus grand plaisir de Kasumi.

Toutefois, en remarquant une nouvelle fois l’air narquois et entendu de Tilmandil, le demi-elfe tenta une manœuvre de diversion qu’il espérait imparable :

- Je suis étonné par ta patience et ton manque de curiosité, petit-frère : tu ne m’as pas interrogé une seule fois depuis ce matin à propos de ce sur quoi je travaillais pour toi.

[Voyageuse]

Les yeux du barde brillèrent un bref instant d'une vive curiosité, rapidement contenue, puis il eut un haussement d'épaule savamment calculé.
- Simple... stratégie bardique. Ne rien dire, écouter, laisser l'autre parler, se dévoiler peu à peu. laisser venir à soi les secrets... Et oui, un barde ça ne fait pas que parler ! Même si je te l'accorde, on pourrait le croire... Et puis, si tout cela ne donne rien, si au bout de quelques heures ou jours on n'a pas abouti... on sait aussi se glisser subrepticement dans les pas de l'adversaire, l'espionner, voir où il cache son secret... Un barde doit savoir être un peu roublard....
Il leva au ciel des yeux innocents.
- Enfin, c'est ce qu'on m'a appris à l'école bardique d'Everaska ! Mais tout est dans les termes qu'on choisit... il ne faut jamais traiter un barde de voleur ! Non. Il ne vole pas, il ne fait qu'assouvir sa curiosité.
Il se tut un instant, le regard ailleurs, comme si le sujet était clos. Mais il y revint presque aussitôt.
- Et puisque tu abordes le sujet... Puis-je en savoir plus ? Veux-tu me le montrer, enfin ? Ou dois-je deviner seul... par tous les moyens à ma disposition, des questions à la prise d'otage en passant par le chantage et l'espionnage ?

[Kasumi]

Kasumi releva la tête pour offrir au barde une expression qui feignait la surprise et l’innocence. Son regard brilla de malice et il prit un temps considérable - comme s’il était soumis à d’intenses réflexions - pour répondre d’un ton faussement sérieux :

- Je ne suis pas un barde mais je ne manque pas non plus de curiosité et j’adore relever les défis ! Je suis donc enclin à te laisser essayer t’exercer à tes techniques de manipulations bardiques. Au moins jusqu’à ce que tu parviennes à me convaincre !

Le rôdeur avait pris Sylvia et Eärundra à témoin et adressait un sourire taquin à son demi-frère. Qu'allait-il inventer pour le pousser dans ses retranchements ?

[Voyageuse]

Le barde se tut un moment, semblant ignorer volontairement le défi. Comme s'il s'en moquait complètement. Mais ses yeux brillaient, reflétant une réflexion intense.
- Et bien, j'ai le choix... la patience, sachant que tôt ou tard tu me le montreras : tu ne l'as pas fait pour rien. Ou bien... le chantage... Je dois pouvoir révéler des indices sur ta vie sur Hélonna... mais peut-être que quelques indices suffisamment éloquents de ta part feraient disparaître les miens...
Il arborait un air parfaitement innocente. Eärundra, et Sylvia surtout, semblaient subitement très intéressées par la discussion.
- Ou bien j'attends que tu dormes profondément, si toutefois ça t'arrive, et je fouille dans tes affaires... Ou pendant que tu es à la chasse, ou au petit coin... Tu ne peux pas constamment le surveiller, ton secret !
Il sourit.
- Quelle méthode préfères-tu ?

[Kasumi]

Le rôdeur avait quelque peu rougi quand le barde l’avait attaqué d’emblée sur l’un de ses points faibles : il connaissait certainement un ou deux détails susceptibles de le mettre mal à l’aise devant Eärundra et surtout Sylvia. Mais il doutait que Tilmandil soit assez impitoyable pour en arriver là et il ne devait pas lui montrer qu’il avait peur : il était bien trop fier pour se laisser battre par de simples menaces ! D’autant que le barde évoquait déjà d’autres stratégies… Le demi-elfe l’écouta jusqu’au bout avant de répondre tout en lui adressant un sourire :

- Très bien, je ne pensais pas devoir en arriver là mais… Je vais devoir demander à Léo de veiller sur mes bagages. Et pour être certain qu’ils ne les quittera plus des yeux, j’y laisserai un peu de viande. C’est un peu risqué, pour mes sous-vêtements, mais si ma tranquillité et mon intimité sont à ce prix… Vous n’y voyez pas d’objections j’espère, Eärundra ? Ou alors... Ou alors je le confie à l'une de ces dames. Tu n'oserais pas fouiller leurs sacs, tout de même ?

Il adressa un regard pénétrant à son demi-frère, tentant de déterminer s'il avait marqué un point dans leur affrontement officieux.

[Voyageuse]

- Oh, j'ai généralement des moyens très efficaces de convaincre les dames de me laisser fouiller dans leur lingerie....
Le regard indigné des dames en question le fit cependant rougir, légèrement... et se récrier qu'il ne parlait nullement d'elles et n'avais aucune intention de ce genre en tête...
- Bon, donne-moi donc un indice, sinon je vais être tenté de parler d'Hélonna... Voyons... c'est un objet en bois j'imagine ?

[Kasumi]

Kasumi avait haussé un sourcil en entendant la première réplIque du barde mais il avait aussi souri en avisant l’air indigné des deux jeunes femmes. Au temps pour le trop plein d’assurance et la désinvolture dont son demi-frère savait faire preuve. Mais il devait bien reconnaître se prendre au jeu et se fendit d’un très laconique et triomphant :

« Correct ! »

Souriant de toutes ses dents, le rôdeur s’interrompit juste le temps de déterminer si le barde se prêterait au jeu des devinettes. Soucieux d’éviter qu’il mette ses menaces à exécution, il ajouta d’un ton presque distrait.

- Et un personnage de grand talent y est représenté ! Un personnage désormais célèbre d’Helonna à la Haute-Forêt en passant par Everaska. Tous ces indices devraient me prémunir de représailles, non ?

[Voyageuse]

Le barde sourit, amusé.
- Et bien... Je ne vois guère que... Elminster pour répondre à cette définition !, répliqua-t-il, ses yeux brillant néanmoins de fierté. Ou toi peut-être... Mais j'avoue que j'ai hâte de voir ton oeuvre puisqu'il paraît que tu sais si bien faire chanter l'âme du bois... Et je te fais remarquer, au passage, que tu ne m'as jamais montré ton ouvrage précédent, donc ne te défile pas cette fois-ci, ou je croirai à du bluff !
Il avait jeté un coup d'oeil à Sylvia, qui rougit, mais ne fit pas mine d'aller chercher l'oeuvre en question.
- Tout ça pour éviter que je dévoile tout ce que je sais de ta vie sur Hélonna... non, Sylvia, inutile de me cuisiner du regard, je ne dirai rien... il m'a acheté, tu comprends... Enfin, sauf bien sûr si je n'ai rien vu d'ici demain !

[Kasumi]

Kasumi lui retourna lui aussi un sourire amusé, prenant grand plaisir à ce petit duel de volontés sans grandes conséquences – en dehors de la suprématie d’autorité de la fratrie évidemment. Il attrapa se leva et fit même mine de se diriger vers son sac avant de se rasseoir avec ostentation et adresser au barde un regard pétillant de malice :

- Non, tu ne m’as pas convaincu : ma vie sur Helonna ne comporte aucun détail gênant que je souhaiterais cacher aux personnes ici présentes qui ne les connaîtraient pas encore. Céder à ton chantage – ou la façon dont tu appelles ça – serait un aveu de culpabilité. Non, je ne peux vraiment pas et j’en suis navré. Mais je veux bien te prouver que la sculpture existe. Voyons… En la montrant en quelqu’un dont tu ne douteras pas de la probité : Sylvia par exemple ?

Il fit mine de se lever à nouveau et se pencha légèrement pour offrir sa main à la rôdeuse comme si l'affaire était entendue.

[Voyageuse]

- Certainement pas ! Sylvia ne peut en aucun cas être considérée comme neutre dans cette affaire !
- Oui, je pourrais être tentée de dire qu'il n'y a rien... juste pour que Tilmandil me donne plein de détails croustillants...
- Non, la seule personne, qui, par définition même, peut être neutre, c'est Eärundra.
La druidesse soupira. Elle n'avait rien dit depuis le début, suivant simplement les paroles échangées avec amusement.
- D'accord, je veux bien voir ça.... Mais méfiez-vous, je risque d'en demander une pour moi aussi !
Heureusement pour elle, elle ne vit pas le regard noir que lui lança Sylvia. Ou du moins ne parut pas le voir.

[Kasumi]

Kasumi avait lui aussi préféré éviter de regarder le regard noir que la rôdeuse avait adressé à Eärundra. Se pouvait-il qu’elle soit jalouse qu’il partage son modeste talent avec d’autres ? Ou était-ce encore tout autre chose qui dépassait de loin sa compréhension des femmes et de leurs humeurs ? Toujours était-il qu’il ne pouvait plus reculer à présent. Il déclama donc d’un ton peiné excessivement exagéré et ponctué par un soupir lamentable :

- Je pense qu’il n’y a pas de mal à ce que tu viennes aussi Sylvia, mais sinon, je compte sur toi pour que Tilmandil ne vienne pas espionner. Et ne te laisse pas adoucir par ses fausses promesses de barde : il ne connait *aucun* détail croustillant de toute manière, contrairement à ce qu’il voudrait te faire croire.

Et à nouveau il se leva pour se diriger vers la tente où il avait laissé son sac.

[Voyageuse]

- Non, non, je vais rester avec Tilmandil...
Et Sylvia entraîna le barde à quelques mètres d'eux, avant de se mettre à lui parler à voix basse en lançant de fréquents regards en direction de Kasumi. Mijotait-elle quelque chose ? Ou voulait-elle juste le lui faire croire ?
- Montrez-moi donc ce que vous avez fait... Tilmandil a l'air d'insinuer que vous êtes bon sculpteur, j'aimerais bien voir ça de mes yeux...

[Kasumi]

Kasumi ne put s’empêcher de jeter des regards inquiets en direction de Sylvia et de son demi-frère. Sous la pression, – et peut-être par vengeance pour les cachoteries que le rôdeur lui faisait subir – Tilmandil pouvait fort bien délivrer certains détails véridiques ou non qui amèneraient sans aucun doute des questions embarrassantes… Il doutait qu’il aille jusqu’à révéler ou insinuer des choses propres à le mettre très mal à l’aise mais il n’était pas tout à fait certain de ce que le barde pouvait inclure ou non dans cette définition.
Le demi-elfe s’empressa donc d’entrer avec la druidesse sous sa tente et de sortir l’objet de son sac. Avant de le montrer à Eärundra, il expliqua modestement :

- Ce n’est vraiment pas grand-chose alors ne soyez pas trop déçue, vous avez dû voir de bien meilleurs ouvrages au cours de vos voyages.

Il daigna enfin montrer l’objet et ce qu’il représentait :

Eärundra put reconnaître en un coup d’œil qu’il s’agissait d'un mélange de scènes qu'ils avaient vécu récemment : à commencer par une représentation parfaitement libre et enjolivée de l’incident de chasse d'avant l'arrivée au campement. Tilmandil, criant de réalité à l’exception de son chapeau de paille peut-être un peu trop grand, se dressait fier comme un paon et semblait jouer joyeusement de la flûte des sirènes qu’il tenait en travers du visage. A ses pieds, vautré dans la boue, allongé à demi sur le flanc, un sanglier parfaitement rendu dans les moindre détails, dressait les deux pattes de devant en une parodie d’applaudissement. Le rôdeur avait même réussi à lui donner l’air de sourire. Le rôdeur avait également inclus deux panthères qui - si elles auraient pu être parfaitement réalistes par la précision et le soin apporté au moindre de leurs détails – figuraient dans une position des plus improbables debout face à face comme si elles dansaient une étrange gigue endiablée. Nul doute que Kasumi entendait inclure les événements de la clairière où l’intervention du barde avait réussi à mater deux des assaillants.

Le demi-elfe avait baissé les yeux de peur de lire la réaction éventuellement déçue de la druidesse et se permit de briser le silence d’un ton plaisantin comme s’il espérait amoindrir le sérieux de sa création :

- L’ai-je bien réussi ? Le trouvez-vous beau ? Je ne voudrais pas le vexer lui qui a son petit caractère… Je parle du sanglier, bien entendu !

[Voyageuse]

La druidesse rit de bon coeur.
- Connaissant son goût immodéré pour les bêtes de tout poil... Je ne sais pas si il acceptera de se reconnaître, ou s'il jurera ses grands dieux que ce ne peut en aucun cas être lui ! Mais ça lui fera certainement un beau souvenir de vous et de ses aventures ici... Et c'est vraiment très ressemblant, en tout cas.
Elle lui rendit.
- Mais pourquoi ne pas lui donner maintenant ? Je serais vous, je me méfierais d'un barde trop curieux... Il pourrait être tenté de se venger à sa manière...
Elle avait un sourire parfaitement innocent, mais ses yeux brillaient d'espièglerie.

[Kasumi]

Le rôdeur était sincèrement touché par les paroles appréciatives de la druidesse. Il se rendait compte que lui-même s’en remettait souvent à elle, non pas tout à fait pour rechercher son approbation mais parce que son avis ne manquait pas d’une certaine sagesse. Le demi-elfe dissimula l’œuvre sous une tunique de rechange avant de retourner dehors. Il répondit néanmoins à voix basse :

- J’ai tout de même bien envie de le faire mariner juste un peu. Juste pour le plaisir. Surtout s’il a raconté des âneries à mon sujet.

[Voyageuse]

- Des âneries, des âneries... méfiez-vous ! Un barde sait très bien nuancer la vérité juste un tout petit peu, juste assez pour laisser planer un doute, suggérer indirectement sans pour autant mentir...
Elle sourit.
- Après, il faut savoir si Sylvia y sera réceptive... ou non ! Sans compter qu'elle peut très bien entrer dans on jeu elle aussi... mais venez, allons les rejoindre ou elle va se faire des idées fausses !

La discussion entre leurs deux compagnons s'arrêta aussitôt qu'ils parurent, et Sylvia prit son air le plus innocent pour revenir vers Kasumi.
- Très instructif, cette petite discussion avec Tilmandil.
Elle n'ajouta rien. Et se rapprocha du feu où elle tourna d'un geste machinal la viande qui finissait de griller.

[Kasumi]

Le rôdeur se mit aussitôt à rougir et détourna le regard en direction de Tilmandil pour tenter de déterminer à quel point sa compagne cherchait à le faire marcher. Il tenta même de feigner la même indifférence que le barde tantôt mais sans grand succès :

- Oh, je n’en crois pas un mot ! Et contrairement à Tilmandil, j’ai quelqu’un pour prouver que mes allégations sont parfaitement véridiques.

Le demi-elfe s’installa à nouveau devant le feu, dévisageant l’elfe.

[Voyageuse]

- Quelqu'un ? Et qui ça ? questionna Sylvia, avec curiosité.
Tilmandil, lui ignora ostensiblement le regard de Kasumi, un sourire léger aux lèvres.
- Et puis, pour prouver quoi que ce soit, il faudrait que je le rencontre, ce quelqu'un... ou cette quelqu'une peut-être ?
Eärundra, fortement amusée par la situation, se préoccupa de préparer la viande sans intervenir. Elle leur servit à chacun une assiette copieuse. Léo, de son côté, avait terminé son festin et s'occupait de faire sa toilette.

[Kasumi]

Kasumi feignit l’indignation en jetant de regard plein de dépit tour à tour à chaque membre de la petite assemblée. Après un soupir à fendre l’âme grandement exagéré à nouveau, il ajouta d’un ton déprimé :

- Ah ! Ce que les artistes sont incompris en ces contrées sauvages ! Soit, soit, puisque je suis la victime d’un complot, je me vois obligé de céder devant tant d’injustice. Je vais donc offrir ce qui revient de droit à Tilmandil…

Il fit mine de sortir l’objet de sa cachette avant de se raviser et d’ajouter d’un ton beaucoup plus enjoué :

- Mais pas avant la fin du repas car ce serait très mal élevé et il faut bien que je ramène un peu de civilisation en montrant l’exemple de ce côté de l’océan !

[Voyageuse]

Le regard de Tilmandil s'était mis à briller... et la frustration, presque aussitôt, lui arracha une grimace. Il haussa finalement les épaules avec un sourire amusé.
- Comme tu veux, petit frère... mais sache qu'il ne faut jamais jouer avec la patience d'un barde... Ce n'est pas notre vertu principale !
Et il se mit à manger. Il avait l'air un peu perdu dans ses pensées... mais nullement préoccupé : plutôt l'oeil brillant, comme quelqu'un qui cherche à préparer un mauvais coup, une vengeance peut-être...
Sylvia avait l'air presque déçue... peut-être de n'avoir pas droit aux révélations promises ?
Quoiqu'il en soit, le repas était prêt, moins délicieux que d'ordinaire vu que leurs préoccupations avaient été toutes autres, mais bon et consistant. Aussi se mirent-ils finalement à manger, certains l'air ailleurs et d'autres l'air franchement amusées.

[Kasumi]

Kasumi était partagé entre tous ces sentiments à la fois : un peu d’impatience de révéler son cadeau à Tilmandil après l’avoir fait un peu mariner pour le plaisir. Il avait aussi la tête un peu ailleurs, rêveur, se remémorant inopinément les moments de passion tous récents. A chaque fois il se sentait rougir et n’osait pas regarder dans la direction de Sylvia de peur de révéler son trouble. Le reste du temps toutefois, il appréciait simplement la compagnie - même silencieuse – des trois personnes réunies avec lui autour du feu. Chacune à sa façon lui révélait une facette de sa propre existence, chacune lui inspirait des sentiments positifs : amour, amitié, fraternité. Des sentiments qui le détournaient assez de son inquiétude pour son père, de ses angoisses quant à l’avenir, aux épreuves qu’il faudrait affronter. A certaines de ses responsabilités aussi. Pourquoi avait-il fallu que ce maudit barde parle tant d’Helonna et de sa vie là-bas ?

Le repas prit rapidement fin cependant, chacun se hâtant de se restaurer dans l’attente de la suite probablement. Le rôdeur reposa son assiette avec délicatesse, releva les yeux pour croiser ceux de son demi-frère. Ce faisant, un sourire s’épanouit sur ses lèvres.

- Nous délecteras-tu de quelques histoires ce soir pour agrémenter la veillée, petit frère ?

[Voyageuse]

Le barde eut un sourire mutin, et jeta un bref regard à Sylvia.
- Je dois pouvoir trouver quelque chose.... en cherchant bien ! Hum... j'ai même deux idées... La première, je l'ai déjà racontée au campement, mais après tout, vous deux, vous ne l'avez pas entendue...
La première histoire contait en fait les aventures d'un vieux mage, d'un barde et d'un rôdeur perdus dans le désert du Calimshan, qui échappèrent à une tempête de sable en se réfugiant dans un souterrain où ils durent affronter, pour libérer une âme restée prisonnière de ce monde, une armée de morts-vivants. Leur courage sans faille les amena à un génie prisonnier d'une lampe qui exauça trois de leurs voeux, et les ramena chez eux sur un tapis volant. Le tout sans citer aucun nom bien sûr, avec juste assez de détails pour qu'on soupçonne une ressemblance... sans jamais en donner la moindre confirmation. Sylvia avait écouté avec passion, mais ne sembla pas soupçonner que Kasumi puisse être l'un des protagoniste. Elle applaudit vivement à la fin. Eärundra, qui l'entendait pour la seconde fois, se contenta d'un sourire complice.
- La seconde histoire est peut-être un peu mélancolique... Je pense que je vais plutôt essayer de vous la mettre en chanson... Laissez-moi juste y réfléchir quelques instants.

[Kasumi]

Il fallait reconnaître à Tilmandil son talent certain pour enjoliver la vérité en y semant juste assez de détails extraordinaires pour que l’auditeur ne soit jamais assuré que l’histoire qu’il entendait était véridique ou tirée de quelque conte. Même en ayant assisté aux événements en question, il constata qu’il n’était parfois plus certain de ses souvenirs, se laissant embrouiller par la part de fable si bien pensée qui avait inclus le barde. Certains détails le concernant directement le firent néanmoins franchement sourire, et notamment la propension éhontée d’exagération concernant la capacité du « rôdeur » à triompher sans peine d’une armée de morts-vivants. Tout en écoutant attentivement son demi-frère, Kasumi ne manquait pas de jeter de fréquents coups d’œils à Sylvia, guettant ses réactions et s’en délectant la plupart du temps. Quand Tilmandil conclut son récita avec grandiloquence, le demi-elfe s’apprêtait à remercier le conteur quand sa dernière sortie le fit un peu blêmir : quelle histoire avait-il maintenant en tête ? Il était évident qu’elle le concernerait lui, sans doute en guise de vengeance pour avoir joué avec ses réserves de patience. L’air de rien et espérant interrompre la catastrophe en puissance, Kasumi rompit alors le silence :

- Ce serait fabuleux qu’une épée telle que ce rôdeur possédait existe : un combattant aguerri règlerait sans doute le problème des morts-vivants sur tout le continent en moins d’une année avec un tel objet ! Mais je suis certain que tu as amoindri l’aide apportée par ce sémillant barde elfe juste par modestie pour la profession et parce qu’il y avait une majorité de rôdeurs dans l’assemblée.

Après un instant, il ajouta d’un ton un peu plus craintif :

- C’était une belle histoire et bien racontée néanmoins ! J’espère seulement que ton récit mélancolique ne concerne pas l’un de ses protagonistes…

[Voyageuse]

Tilmandil se contenta d'un regard mytérieux... puis... un peu inquiet tout de même. Il ne regarda pas Sylvia cette fois-ci, et parut sur le point de renoncer, avec un regard anxieux vers Kasumi.
Puis finalement, il se reprit. D'une voix au début hésitante puis plus assurée, il se lança :

-Ils étaient trois, inséparables,
deux cœurs femelles pour un cœur mâle.

Une louve blanche aux yeux d'or pur,
amie fidèle au cœur si pur,
qui donnerait sans hésiter
sa vie pour mieux le protéger.

Une femme brune, aux yeux brun-vert,
regard rêveur, amour sincère,
une rencontre que le destin
avait placé sur son chemin.

Un jour pourtant, est-ce Tymora,
est-ce le hasard, est-ce Beshaba,
un jour pourtant il dut partir,
un nouveau destin à bâtir ...

Des trois cœurs avant réunis,
ne restent que des âmes seules,
triste épisode, morceau de vie,
ou le temps suspend son envol...

Et puis un jour... Et puis un jour...

Et puis un jour, est-ce Tymora,
qui prend en main leurs destinées*?
Toujours est-il que tous ces cœurs,
un beau jour se sont envolés,
et que ces vies, avant unies,
ont pris un autre chemin depuis...

Son cœur à lui a explosé,
l'amour, la passion l'ont comblé,
mais quelque part, au loin là-bas ,
qui sait si Tymora n'a pas,
semé des graines de folie,
aussi dans les deux autres vies*?

Car le bonheur, n'en doutons pas,
revient toujours dans les chaumières,
Car le hasard, et Tymora,
sont maitresses des amours dans l'air.
Et chacun de nous ici-bas,
se doit de suivre son cœur qui bat...

[Kasumi]

Kasumi adressa à peine un regard à Tilmandil quand il comprit, dès les premiers vers, ce que le barde avait l’intention de chanter. Il le laissa néanmoins achever son récital sans un mot et en conservant une expression neutre tout du long, les yeux passablement dans le vague. Dès que Tilmandil eut prononcé le dernier mot, son demi-frère se leva néanmoins sans un bruit ni signe avant-coureur. Et pour toute explication, il lança laconiquement et d’un ton parfaitement maîtrisé comme s’il parlait somme toute d’une tâche banale :

- Il est tard il me semble : je vais prendre le premier tour de garde.

Puis il s’éloigna des regards tournés vers lui, ne désirant rien moins que les affronter en cet instant.