[Bâtiment] La Mélandienne d'Argent : Dar Bella

[Claris de Corvimande]

Bon. C'était au moins des informations, mêmes si elles étaient insuffisantes ; et, semblait-il, aucun assassin ne s'était montré jusque là.

Que faire ? Ce que le capitaine lui avait dit semblait jusque là exact ; mais il n'avait, bien sûr, eu aucune idée de l'implication d'une autre famille dans l'affaire. Peut-être cette piste serait-elle la plus intéressante à creuser. Si l'homme de main de Bouliakov avait parler de le retrouver, lui, au manoir familial, c'était sans doute que le seigneur lui-même se trouvait hors de la ville, dans son domaine. Il faudrait sans doute s'y rendre, et débusquer le loup jusque dans sa tannière. Hélas, ses blessures ne lui permettraient guère de prouesses…

Ayant dormi le plus gros de la journée, sans compter les deux jours précédents, Claris n'avait pas sommeil. Tout cela lui trottait d'ailleurs trop dans l'esprit pour lui permettre de s'endormir en paix. Il lui fallait… marcher, peut-être. Et un avis extérieur lui serait sans doute utile. Après avoir replacé soigneusement les livres, de Corvimande se mit en quête de Miellat – ou de sa remplaçante, si l'heure fatidique était passer. Les livres prenaient parfois plus de temps qu'il ne le semblait.

[Kasumi]

Quand Claris redescendit dans la salle commune, elle eut le plaisir de constater que Miellat y officiait encore, s’attardant devant la table de deux jeunes gens à l’aspect fringant. L’elfe le semblait beaucoup moins après des heures de services mais il semblait qu’il ne dut pas prendre fin dans l’immédiat : les deux jeunes hommes s’étaient levé et la suivait en direction de l’escalier, échangeant force sourires plus ou moins grivois. L’elfe faillit passer devant Claris sans la voir mais se reprit au dernier instant :

- Oh, messire ! Si vous souhaitez quelque-chose, je crains que mon service ne touche à sa fin. Mais une de mes collègues se fera un plaisir de satisfaire la moindre de vos demandes !

[Claris de Corvimande]

Eh bien, il semblait que certaines personnes s'apprêtaient à passer une nuit mouvementée… Claris affecta un air contrit :

« Il semble que je n'aie passé beaucoup trop de temps à lire… »

Une fois le trio enfui vers les chambres, de Corvimande choisit une table libre et commanda ostensiblement une boisson du soir, comme pour s'aider à trouver le sommeil… non sans regarder discrètement aux alentours s'il n'y avait de visages plus ou moins connus.

[Kasumi]

Claris fut servie par une elfe visiblement un peu plus âgée que Miellat mais tout aussi séduisante à sa façon. La diversion de la boisson lui permit d’espionner discrètement la salle malgré le nombre bien moindre de convives en cette heure très tardive. Hormis une ou deux connaissances de vue très lointaine qu’elle n’était même pas certaine de reconnaître, la jeune noble put constater que l’homme supposé être un serviteur de Mortesaison était toujours attablé. Et il n’était plus seul. Un homme un peu plus jeune s’était installé en face de lui.

[Claris de Corvimande]

Sans le savoir, Miellat lui avait donné le conseil attendu : faire son devoir impliquait parfois de quitter son poste, et le visiteur que l'on n'attendait pas était parfois plus intéressant à suivre que celui qui tardait à se manifester.

Si le premier envoyé de Mortesaison – à supposer que son interlocuteur précédent avait bien dit la vérité à son sujet – était un espion, le second devait être un assassin. Compte tenu de ses blessures, la meilleure manière de lui survivre serait d'avoir quitté les lieux lorsqu'il passerait à l'action.

Claris fit donc mine de se préparer à dormir. Une boisson, une expression fatiguée… qui n'était d'ailleurs pas particulièrement délicate à contrefaire, malgré tout le repos déjà pris. Puis l'enfant de Reuel se dirigea vers sa chambre, comme si c'était sa dernière action de la journée. Déverrouiller la porte, entrer, refermer derrière soi… et se hâter de s'équiper de son manteau et de l'ensemble de ses armes. C'était le moment de vérifier si la fenêtre donnant sur les jardins était si intéressante que la servante l'avait affirmé.

[Kasumi]

La vue était aussi agréable que l’avait laissé entendre Miellat : en plus de quelques parterres de fleurs aux couleurs vives, le petit jardin intérieur était doté d’un bassin et d’une fontaine ainsi que de quelques bancs en pierre pour les clients désireux d’y flâner. La bonne nouvelle était que ce n’était nullement le cas actuellement –peut-être était-il trop tard même pour cette activité – mais la mauvaise était qu’environ cinq mètres séparaient Claris du sol. Ou plutôt d’un buisson qui pourrait éventuellement amortir sa chute.

[Claris de Corvimande]

Bon. Dans son état, sauter ne serait pas nécessairement la meilleure idée qui soit. En revanche, les draps du lit, au besoin, ou autre matériel adapté trouvé dans la chambre, feraient une bonne corde, lui permettant de descendre en douceur. Bien sûr, il y avait aussi la solution de passer par la porte… mais c'était au risque de tomber sur des assassins éventuels que l'autre moyen de sortir lui permettraient d'éviter. S'ils venaient…

Claris entreprit de rechercher et de préparer la corde, aussi silencieusement que possible. Dans l'idéal, il lui faudrait une longueur suffisante pour couvrir le double de la distance séparant la fenêtre du sol. Et assez solide pour supporter son poids, bien sûr : quoique celui-ci soit plutôt plume pour la moyenne des humains, ce n'était tout de même pas exactement rien.

Tout au long de cette tâche, de Corvimande ne cessait d'écouter les bruits provenant de l'extérieur, guettant un signe de l'arrivée d'ennemis…

[Kasumi]

Claris n’eut aucun mal à trouver une paire de draps de rechange ainsi que deux couvertures en supplément de ceux dressé sur son lit. Cela suffirait amplement mais au cas-où elle souhaite encore renforcer son ouvrage, il restait les lourds rideaux et tenture de sa fenêtre. En écoutant attentivement, elle perçut une latte du plancher du couloir grincer. Puis des bruits de pas s’approchant dans la direction de sa porte…

[Claris de Corvimande]

Bon, la porte était verrouillée, mais s'il s'agissait bien d'assassins, cela ne les retiendrait guère longtemps. Il fallait agir vite – s'en prendre aux rideaux serait assurément une perte de temps.

À tout hasard, Claris s'empressa de placer les coussins de manière à laisser croire que le lit était occupé, puis, se rendant à la fenêtre, évalua la distance : une “corde” de trois à quatre mètres lui permettrait d'atterrir en douceur, mais devrait rester suspendue ensuite. Au double de cette longueur, il serait possible de la décrocher en atteignant le sol. La seconde solution était préférable, car elle laisserait peut-être ses poursuivants perplexes quelques instants de plus, ce qui serait d'autant plus appréciable pour leur échapper.

Achever de s'équiper, sortir, refermer autant que possible la fenêtre. Puis disparaître dans la nuit. Cela devait être dans ses cordes…

[Kasumi]

Claris n’avait pas tout à fait réussi à atteindre la longueur qu’elle aurait souhaité mais se décida tout de même pour la technique consistant à fixer la « corde » par son milieu autour de la poignée métallique de la fenêtre de sorte à pouvoir la tirer facilement une fois arrivée en bas. Des tas de choses auraient pu mal se passer mais la poignet était solide, les tissus de qualité et Claris se découvrit un étonnant talent pour se balancer dans le vide et atterrir avec une grâce certaine et sans un bruit au pied du massif sous sa fenêtre. Le buisson n’avait même pas frémi : c’était presque à en regretter l’absence de public pour assister à cette scène de haute voltige :

HRP : 20 naturel, veinard !

[Claris de Corvimande]

J'ai déjà dû le dire, mais je crois que Tymora m'aime bien

Décidément, cet établissement était à recommander à tous points de vue.

Sitôt à proximité du sol, Claris avait entrepris de détacher sa corde de fortune, pour ensuite la récupérer sous sa cape. Mieux valait ne rien laisser traîner, pour attirer l'attention ; et puis, tout serait revenu au petit jour, lorsque l'enfant de Reuel serait de retour de sa petite expédition nocturne… non ?

Avec d'infinies précautions pour passer inaperçu, de Corvimande s'employa à gagner la rue, puis à se diriger, en tâchant cette fois d'éviter les suiveurs, vers…

[Claris de Corvimande]

De retour de sa petite escapade, Claris referma donc soigneusement la porte à clef, disposant une chaise contre la poignée de telle sorte qu'elle tombe et fasse suffisamment de bruit pour l'arracher au pays des songes si jamais quelqu'un tentait de pénétrer dans la pièce, et se hâta de remettre le reste en place pour profiter des quelques heures de huit qui lui restaient.

[Kasumi]

Rien ne vint plus perturber son sommeil et étant donné la lourdeur de celui-ci, elle en avait grandement besoin. Un rai de lumière filtrait par le volet de la fenêtre quand elle émergea enfin du pays des songes et osa ouvrir un œil. La chambre était assez bien insonorisée pour que le calme ne la renseigne pas sur l’heure ou l’activité régnant dans l’établissement. Avait-elle raté son rendez-vous ?

[Claris de Corvimande]

Eh bien, si tel était le cas, tant pis. Claris ne se pressa pas pour se lever, remettre un peu d'ordre dans sa tenue et dans sa litterie, et veiller à bien récupérer toutes ses affaires. Un solide petit déjeuner lui ferait le plus grand bien. Miellat ne serait sûrement pas de service, étant donnée la nuit agitée qu'elle avait dû passer, mais ses remplaçantes seraient sans doute en mesure de le lui servir. Une fois la chambre en état d'être rendue, Claris se dirigea donc vers les salles communes, non sans rester encore quelque peu sur ses gardes.

[Kasumi]

Quand elle daigna enfin sortir de sa chambre, apprêtée convenablement, Claris put être rassuré sur un point : quelle que soit l’heure – tardive ou non – on servait toujours à petit-déjeuner. Et, à en juger par ce qu’elle voyait sur les tables des nombreux convives présents dans la salle, il était largement assez copieux et varié pour satisfaire son appétit. De l’homme de Bouliakov ou de Miellat, pas de trace pour l’instant toutefois.

[Claris de Corvimande]

Dans l'immédiat, qui était présent ou ne l'était pas était le cadet de ses soucis. Claris choisit une table libre, s'y installa, et héla la première servante qui passait pour commander de quoi calmer sa faim.

Ensuite, il lui faudrait tenter de se préoccuper du rendez-vous, et de ce qui allait avec. Mais ensuite seulement.

[Kasumi]

Et la satisfaction de sa première préoccupation lui prit bien plus de temps qu’elle ne s’y serait attendu. Mais ce n’était aucunement dû à la lenteur du service mais bien à son appétit insatiable qui lui fit dévorer brioches, pain, beurre, confitures et autre compotes avec délectation. Décidément, c’était bien meilleur qu’à la caserne et son organisme avait besoin de récupérer qui plus est ! Deux bonnes excuses pour cette entorse aux préoccupations de minceur des jeunes de son âge.

Elle dégustait encore un jus d’orange exquis quand son contact fit son apparition et s’installa à quelques tables d’elle, commanda une boisson chaude et haussa un sourcil dans sa direction en remarquant les reliefs de son repas plutôt impressionnant.

[Claris de Corvimande]

Ah, bon, il était là, finalement. Tout allait bien, alors. Claris – qui faisait suffisamment d'exercice pour ne pas avoir peur pour sa minceur – acheva calmement de calmer son appétit. Après tant de repos et de nourriture, la douleur résiduelle des blessures s'estompait, et il commençait à lui sembler que la forme revenait.

Son repas achevé, il lui faudrait sans doute aller rendre sa clef. Et puis, rejoindre l'homme à l'extérieur. De Corvimande n'avait toujours pas la moindre idée de ce qui l'attendait, mais envisageait la suite en toute sérénité. Ce serait amusant, non ?

[Kasumi]

Sans lui faire le moindre signe, l’homme finit rapidement de consommer sa commande puis se rendit au comptoir pour la régler avant de porter ses pas vers la sortie. A aucun moment il ne s’était tourné vers la table de Claris, sans doute soucieux de maintenir un semblant d’anonymat et assuré que la jeune noble n’avait pas manqué son manège et le rejoindrait dans la rue dès qu’elle serait prête.

[Claris de Corvimande]

Claris avait terminé à peu près au même moment, et se mit alors en devoir de quitter dûment les lieux. Sa note ayant été mise la veille sur le compte de Bouliakov, il n'y eut pas besoin de puiser dans les modestes économies qu'il lui restait – tant mieux, car sans cela, le reste de la période aurait pu être bien plus critique.

De Corvimande, une fois les formalités accomplies, s'engagea vers l'extérieur, cherchant à retrouver son contact…

[Kasumi]

Ce dernier l’attendait prudemment un peu à l’écart de l’auberge, certainement dans le but qu’on ne les y voit pas ensemble. Le moins possible en tous cas. Sans s’embarrasser de longues amabilités, il alla droit au but cette fois, comme si le temps leur était soudain compté maintenant que Claris avait accepté sa proposition :

- Bien. Je vous remercie pour votre diligence d’autant que nous avons pas mal de route à faire pour arriver au domaine de mon maître. J’ai pris la liberté de louer deux chevaux, nous pourrons les récupérer un peu plus loin. Mais peut-être avez-vous des questions à me poser en chemin ?

[Claris de Corvimande]

Bon, les dés étaient maintenant jetés, et il n'y avait plus qu'à aller débusquer la bête dans son repaire. L'on verrait bien ce qui allait s'y trouver…

Claris n'avait que peu chevauché ces derniers temps, et l'occasion qui lui était donnée était plutôt enthousiasmante. Cependant, cela signifiait également qu'une retraite précipitée serait quelque peu plus problématique… On ne pouvait pas toujours avoir droit à une porte magique, n'est-ce pas ? En cas de besoin, il y aurait bien un moyen de se débrouiller.

« Eh bien, vous pourriez m'en dire un peu plus sur ce qui m'attend… »

Mais ils pouvaient, en effet, converser en chemin. Tout était prêt pour se mettre en route sans tarder.

[Kasumi]

L’homme – qui du reste n’avait jamais donné son nom – attendit qu’ils se retrouvent isolés des autres passants pour répondre d’un ton bas à la question fort légitime de Claris :

- C’est une sorte d’épreuve pendant laquelle les talents de survie et notamment l’habileté aux armes de chaque concurrent est mise à l’épreuve. Bouliakov en fait un événement qui attire bon nombre de notables de la région. Si vous parvenez à remporter son défi, beaucoup de gloire rejaillira sur vous sans compter la récompense promise bien entendu. Je ne crois pas vous avoir donné de détail à ce sujet d’ailleurs : vous aurez le droit de choisir un objet parmi les trésors de sa collection. Et vous n’êtes pas sans savoir qu’elle est immense.

[Claris de Corvimande]

Il aurait pu commencer par là… dit comme ça, la chose devenait de suite beaucoup plus intéressante. Cela vaudrait même presque le coup. Claris hésita un instant sur l'objet qui pourraient l'intéresser en cas de victoire… mais c'était un détail secondaire, auquel il lui serait, sans doute, donné tout loisir de réfléchir après sa victoire… En cas de victoire, corrigea une petite voix dans son esprit. L'image d'un masque, quelque part dans sa mémoire, restait là pour lui rappeler de ne pas trop préjuger de ses forces. On verrait bien.

« Ça a l'air amusant. On y va ? »

[Kasumi]

Son contact dédia un sourire amusé à Claris en constatant son enthousiasme et désigna un entrepôt un peu plus loin dans la rue :

- C’est là que nous pourrons récupérer nos chevaux. Je constate que vous voyagiez léger : un bon point pour vous. De même que votre entrain manifeste. Est-ce le goût du risque ? J’espère que le concours répondra à vos attentes.

[Claris de Corvimande]

Disons que, dans sa situation, il lui aurait été assez délicat de voyager plus lourd.

« Eh bien, le meilleur moyen de s'en assurer est encore d'aller voir. »

Claris attendait de voir les chevaux. Un jour, sans doute, il lui faudrait s'en procurer un. Parcourir les rues de Melandis serait sans doute encore plus amusant à cheval qu'à pied, d'autant que cela permettrait de semer plus facilement les éventuels indésirables.

[Kasumi]

L’homme se dirigea seul vers le bâtiment après avoir demandé à Claris de l’attendre dehors. Moins de cinq minutes plus tard, il revenait en tenant par la bride deux coursiers fins, d’allure racée. Des chevaux taillés pour la vitesse plutôt que l’endurance ou la bataille. Le choix se justifiait par le fait qu’ils étaient censés ne chevaucher que pendant moins d’un jour. Cependant la noble put constater qu’un des deux animaux semblait plus nerveux que son confrère placide, piaffant visiblement d’impatience de se mettre en chemin.

- Êtes-vous bon cavalier ?

[Claris de Corvimande]

Belles bêtes. Effectivement, foncer vers leur cible sans perdre de temps était sans doute le plus indiqué. S'ils croisaient des bandits en chemin, eh bien… ils n'auraient qu'à se montrer plus rapides et plus rusés qu'eux.

« Je me débrouille. Mais je ne passe pas ma vie à cheval, si c'est ce que vous vouliez savoir. »

Dans sa vie de tous les jours, Claris n'avait guère à monter ; il n'y avait que lors de ses déplacements au domaine familial, à l'extérieur de la ville, que ses pieds n'étaient pas son moyen de transport principal.

[Kasumi]

L’homme parut sur le point de poser une nouvelle question mais il sembla se raviser tout aussi vite pour se contenter de répondre en désignant le cheval placide :

- Dans ce cas, je vous laisse celui-ci. Il ne s’agirait pas que vous vous cassiez quelque-chose avant même le début des épreuves. Maître Bouliakov serait déçu si je ne lui amenait qu’un demi champion.

[Claris de Corvimande]

Claris ne répondit pas davantage, mais se contenta de mettre le pied à l'étrier. Ses blessures se portaient mieux, mais sauter directement en selle était peut-être un peu prématuré. L'enfant de Reuel n'eût cependant guère de difficultés à monter en selle, en tout cas d'apparence ; et le fit même de manière assez leste. Puis fit faire quelques pas à sa monture. Au premier abord, elle semblait suffisamment calme et obéissante pour qu'il n'y ait aucun lieu de s'inquiéter. Il n'y avait qu'à se mettre en route…