À l'extérieur de Melandis

[Claris de Corvimande]

Stupide lâche. Qu'il tire donc : Claris récupérerait sa monture par la suite s'il s'avisait de blesser la sienne. Après l'avoir tué, bien évidemment. Mais allait-il vraiment tirer ? Devoir trimballer un otage récalcitrant avec lui sur son propre cheval jusqu'en ville ne serait sans doute pas à son goût ; or il n'y avait plus que deux chevaux valides dans les environs immédiats. Et puis, le risque que le cheval s'effondre et ne l'écrase au passage était trop important : s'il avait pour consigne de ne pas tuer, et qu'il avait deux sous de jugeottes, il ne le ferait pas. Il allait donc s'approcher davantage. Et Claris l'accueillerait alors d'un carreau dans la gorge.

[Kasumi]

Quelles que soient les intentions de son assaillant, Claris percevait un mouvement à la périphérie de son champ de vision alors que ce dernier entreprenait de la contourner. Souhaitait-il se mettre en face d’elle pour perpétrer sa menace en dégageant une ligne de tir vers un point vital du cheval ? Ou cherchait-il simplement à constater l’état de sa victime ?


Claris avait une chance de l’atteindre maintenant qu’il la dépassait par la gauche mais pour viser mieux qu’au jugé, elle devrait immanquablement relever la tête.

[Claris de Corvimande]

Pour un duelliste, une bonne vision périphérique était essentielle. Quand on comptait, pour sa défense, essentiellement sur l'esquive, il était nécessaire de voir arriver tous les coups, même et surtout ceux qui ne venaient pas de face. Cependant, même un regard entraîné ne parvenait pas à saisir ce qui arrivait par un angle trop décalé…

L'homme avait lui-même une arbalète. Même s'il ne voulait pas tuer, il serait capable de lui faire très mal en ripostant. Or, bouger maintenant, c'était soit manquer très probablement son coup, et lui laisser tout loisir de répondre, soit prendre le temps de viser, et lui laisser le temps de passer à l'offensive. Mieux vallait attendre qu'il s'approche encore un peu – suffisamment pour avoir le temps de tirer l'épée en cas d'échec.

Tentant de réfreiner son impatience, Claris conserva donc sa position inerte, les doigts crispés sur son arme comme dans un spasme…

[Kasumi]

L’homme entra dans son champ de vision en achevant de contourner sa monture et il leva son arbalète pour viser sa tête :


- Tant pis, c’était ta dernière chance, gamin !


Il était tout à fait à portée de tir à présent mais pour le combattre à l’épée, il allait falloir s’avancer sur lui de quelques pas au moins.

[Claris de Corvimande]

Quelques pas, ce n'était rien. L'homme n'aurait pas le temps de préparer un second carreau avant que Claris ne soit sur lui. Le tout était de lui faire manquer le premier… l'avantage était qu'en levant ainsi son arbalète, il plaçait dans une zone relativement proche son arme, ses deux mains, et ses yeux. Atteindre n'importe lequel de ces points donnerait à l'enfant de Reuel un avantage décisif.

L'arbalète déjà prête, Claris se releva donc brusquement, tirant aussi promptement que possible pour le prendre de vitesse, dans l'espoir de le surprendre au moins, de le mettre hors de combat au mieux ; et alors que le coup partait, donna l'ordre à son cheval de bouger rapidement, tout en dégainant son épée.

[Kasumi]

Le cheval piaffa quand elle se redressa brusquement ce qui faillit faire lâcher l'arme à Claris avant qu'elle ne puisse tirer. L'homme, surpris à son tour, tira au jugé mais un peu trop précipitamment pour être précis. Claris sentit le carreau passer tout près de sa tête cependant tandis qu'elle reprenait le contrôle de son cheval, et de son arbalète, disposant cette fois d'un avantage certain.

HRP : les dés encore une fois... Un bel enchaînement : 2 pour toi, 1 pour lui.

[Claris de Corvimande]

J'ai réussi deux fois mieux

Les brusques mouvements du cheval et le carreau lui causèrent une frayeur d'un court instant ; mais pas asser pour l'empêcher de reprendre le contrôle. Et la situation s'inversait maintenant d'une telle façon que Claris ne put s'empêcher de narguer quelque peu son adversaire.

« Vous disiez ? »

Son arme se leva, cette fois beaucoup plus assurée. Visant soigneusement, sur le point de tirer, de Corvimande se paya tout de même le luxe de laisser son adversaire répondre avant de l'abattre.

[Kasumi]

En voyant l'arme pointée sur lui, l'homme avait compris que sa vie était sur le point de s'achever mais il n'avait pas l'air résolu à le prendre avec philosophie. Il geignit pour le plus grand plaisir de la mélandienne qui le tenait en son pouvoir :

- Et attends, tire pas ! J'ai des gosses, merde. Et pis je sais des choses utiles.

L'homme déglutit, transpirant d'angoisse tout en tentant un regard implorant la mansuétude de Claris.

[Claris de Corvimande]

« Des gosses, hein ? Les pauvres. »

Claris sourit, puis fit mine de tirer. Mais s'arrêta juste au dernier moment.

« D'abord, jette tes armes. Ensuite, dis-moi un peu quelles choses. Si c'est suffisamment utile, tu survivras peut-être. »

Il lui fallait rester sur le point de tirer tant que l'homme serait armé ; mais une fois que ce ne serait plus le cas, il ne présenterait plus de danger immédiat, et il serait alors possible de jeter un œil au massif de cactus pour vérifier si son guide revenait ou non. Sans lui, le voyage jusque chez Bouliakov serait quelque peu compromis ; et avoir un bouclier humain pourrait éventuellement lui être utile…

[Kasumi]

L'homme sembla évaluer ses chances de s'en tirer par un combat et parvint sans doute à la conclusion qu'elles étaient bien minces. Il s'empressa donc d'obéir à la jeune femme, jetant son sabre dans le sable aux pieds de sa monture.

- Je sais que Mortesaison a loué les services de la guilde des assassins pour vous enlever et vous ramener chez lui. Mais je n'en fais pas partie. J'étais un des gardes de l'escorte de son fils. Mais je n'étais pas présent quand vous l'avez assassiné.

En jetant un coup d'œil vers les cactus, Claris eut la surprise de voir arriver son guide, seul. Son cheval semblait boiter un peu malgré tout.

[Claris de Corvimande]

« Si vous aviez été présent, vous auriez su que je ne l'ai pas assassiné. Il est mort pour m'avoir attaqué, comme vous mourrez si vous tentez une fois encore de vous en prendre à moi. »

L'homme n'était plus dangereux. L'abattre dès maintenant était très tentant ; mais il serait peut-être plus stratégique de laisser l'un des hommes de Mortesaison se souvenir qu'il lui devait la vie. Cela n'arrangerait certes pas ses affaires avec le patriarche, mais un peu de prestige auprès de ses hommes ne serait pas forcément un mal.

« Comme je le disais à votre infortuné camarade, je rendrai moi-même visite à Mortesaison dès que j'en aurai terminé avec des affaires plus urgentes. En attendant, vous pouvez lui rapporter que trois de ses hommes sont morts, et que les suivants connaîtront le même sort s'il persiste à les envoyer à ma poursuite. »

Sans cesser de pointer son arme vers l'homme de Mortesaison, Claris observa du coin de l'œil son guide approcher. S'il avait besoin d'un nouveau cheval, il y en avait un ici qui pourrait faire l'affaire ; l'homme de main pourrait retourner en ville avec l'animal boîteux. Et désarmé, bien sûr.

[Kasumi]

L'homme se contenta de hocher la tête, n'osant pas quitter Claris des yeux de peur qu'elle n'en profite pour changer d'avis :

- Je porterai ce message pour vous si vous me laissez repartir.

- Une minute ! Vous pouvez très bien rentrer à pied. Je réquisitionne votre cheval.

Le guide rejoignit Claris, son arme dégainée pour dissuader le prisonnier de tenter quoique ce soit de malavisé.

- Bien joué, Claris, voilà qui va profiter à votre réputation.

[Claris de Corvimande]

« Vous pouvez lui laisser le vôtre. S'il est blessé, il ne ferait que nous ralentir. »

Claris fit signe de la tête à son otage de descendre, l'air de ne pas avoir une patience infinie.

« Pas de gestes brusques. »

L'échange fait, ils pourraient renvoyer l'homme de Mortesaison vers la ville, et reprendre leur route. Cet intermède avait été amusant, mais avait assez duré.

[Kasumi]

L'échange s'opéra sans échauffourée. Quand leur ancien agresseur se fut suffisamment éloigné, le guide de Claris s'approcha d'elle et sortit une petite fiole de son sac avant de la lui tendre :

- Buvez ça ! Inutile d'attendre d'avoir atteint le manoir. Les hommes de Mortesaison en avaient deux sur eux.

[Claris de Corvimande]

Claris supposa que l'homme ne prendrait pas de risques inconsidérés, et qu'il s'agissait donc d'une potion de soin. Et cela ne serait pas superflu, car la course avait cruellement réveillé toutes ses blessures.

« Nous ferions mieux de regagner la route. Le sol semble assez traître, dans les environs. Et peut-être devrions-nous également récupérer ses armes, tant qu'à faire, inutile de les abandonner ici. »

Après s'être efforcée de reprendre une position plus agréable sur le cheval, Claris but la potion, espérant que cela rendrait le reste de la course moins douloureux.

[Kasumi]

Claris sentit un frisson agréable parcourir son corps et soulager instantanément ses blessures les plus profondes. Un léger picotement et une gêne persistaient peut-être mais la potion de soin lui permettrait d'envisager plus sereinement la suite du trajet. Le guide désigna le sabre que l'homme avait laissé en arrière en répondant d'un ton dédaigneux :

- Ce n'est pas une très bonne lame mais si vous souhaitez vous en charger, elle est à vous. Et oui, j'allais justement vous proposer de rejoindre la route. Je ne pense pas que nous risquions une autre attaque avant d'avoir atteint le manoir. En revanche, le sable recèle toute sorte de pièges.

[Claris de Corvimande]

Claris jeta un coup d'œil à l'arme, puis haussa les épaules. Son propre matériel semblait en effet de bien meilleure qualité ; et quoique la potion ait eu l'effet escompté, la douleur ressenti lors des cabrioles précédentes ne l'incitait pas à descendre de cheval et à y remonter pour si peu.

« En route, dans ce cas. Il est plus que temps de rejoindre ce manoir. »

Et l'enfant de Reuel fit partir son cheval en direction de la route – prudemment, toutefois.

[Kasumi]

Derrière Claris et son guide, les hennissements d’agonie de la monture qu’ils avaient abandonnée à son sort se firent entendre tandis que tous deux mettaient leurs montures respectives au pas pour rejoindre la route. A cette allure, ils ne risquaient pas de connaître la même mésaventure d’autant que le guide de Claris semblait bien connaître la région.

[Claris de Corvimande]

Sans prêter davantage attention au cheval qu'à ce qui restait de son cavalier, Claris se contenta pour cette fois de suivre son guide en silence, profitant des effets de la potion. Se sentir bien était d'autant plus agréable après avoir subi la douleur des blessures un certain temps. Pour le moment, les choses ne se passaient pas trop mal ; il fallait simplement espérer que cela durerait.

HRP : 400

[Kasumi]

HRP : ça monte vite bravo !

La route était désormais dégagée et ils purent rapidement reprendre une allure soutenue malgré la rétivité relative de la nouvelle monture du guide de Claris.

- Souhaitez-vous faire une pause pour le repas de midi ? Je connais une bonne auberge à une heure sur la route mais si vous préférez, nous nous contenterons de manger un morceau à cheval.

[Claris de Corvimande]

Ah, oui, le repas. Claris avait mangé plus que raisonnablement dans la matinée ; mais la chevauchée et la poursuite lui avaient ouvert l'apétit. Cependant, entre sa faim et sa hâte d'arriver, il lui était difficile de se décider.

« Comme vous préférez. Les deux me conviendront. »

[Kasumi]

L'homme parut réfléchir à la question comme s'il ne parvenait pas lui-même à se décider. Puis, après une longue minute il répondit d'un ton assuré comme si la conclusion était évidente :

- Mieux vaut éviter les ennuis et ne pas tenter le diable. L'auberge est sûre mais Mortesaison a tout de même de quoi nous nuire au besoin. Et si nous évitons l'étape, vous n'en apprécierez que mieux et plus vite l'hospitalité de mon maître.

Après l'heure annoncée, le guide tint toutefois à s'arrêter quelques minutes devant l'auberge de belle taille et dotée d'une petite écurie en plus du bâtiment principal pour y acheter de quoi manger en selle. Il laissa donc la jeune noble seule pour quelques minutes. De quoi vaquer à ses propres occupations.

[Claris de Corvimande]

C'était sans doute plus sage, en effet ; et puis, galoper n'était pas une activité déplaisante. Au moins, l'on arriverait plus vite. Claris se contenta donc de hocher la tête, et de suivre la route jusqu'à l'auberge.

Lorsqu'ils y furent arrivés, l'enfant de Reuel hésita à mettre pied à terre pour se dégourdir les jambes… mais cela ne lui semblait pas une nécessité absolue, et rester sur le dos de la monture lui permettait tout de même quelques mouvements d'exercice.
Tout en s'étirant, de Corvimande jeta tout de même un regard suspicieux aux alentours : l'altercation précédente s'était trop bien terminée, et il lui semblait presque perturbant de ne plus être sous surveillance.

Ma présence ne sera pas garantie jusqu'à vendredi soir inclus, mais je vais faire mon possible pour être là.

[Kasumi]

Le guide ressortit quelques minutes plus tard à peine sans qu’aucun des clients n’ait cherché à importuner Claris. Il lui tendit une gourde ainsi qu’un petit sac contenant du fromage, du jambon et un peu de pain.


- C’est un peu frugal mais j’ai toujours trouvé qu’on voyageait mieux le ventre léger. Pas vous ? Il nous reste environ quatre heure de chevauchée alors on peut s’arrêter quelques instants si vous préférez manger à terre. Je préfère néanmoins le faire plus loin…

[Claris de Corvimande]

Quatre heures ? Un jour, il faudrait inventer un moyen de transport plus rapide que le cheval, tout de même. Un genre de gros serpent de métal crachant de la fumée, tiens, par exemple : ça aurait une certaine classe. Mais bon, ce n'était pas encore à l'ordre du jour.

« Ça dépend du voyage, disons ; mais oui, nous ferions mieux de nous éloigner quelque peu des endroits trop… fréquentés avant de faire halte. C'est plus prudent. »

La nourriture attendrait. Mais, si manger en selle était envisageable, il lui serait sans doute nécessaire de mettre un moment pied à terre avant la fin de la cavalcade. Plus tard, cependant : mieux que les choses durent trop avant qu'après.

[Kasumi]

Le guide de Claris la fit chevaucher une petite heure encore avant de désigner un petit bosquet d’arbres rabougris en bordure de piste. L’endroit avait le mérite d’être désert à cette heure et d’offrir une flaque d’ombre qui, à défaut de les protéger des regards d’éventuels passants, les préserveraient au moins de la chaleur écrasante à cette heure du soleil.


- Laissons se reposer les montures une petite demi-heure : nous avons bien avancé. Je vais aller soulager un besoin pressant et vous devriez en faire de même : le reste du trajet n’offrira pas d’oasis de ce type avant la fin de la journée.

[Claris de Corvimande]

Claris n'était pas contre, en effet, mettre pied à terre et profiter un peu du calme et de l'ombre du bosquet. Laissant son guide s'éloigner, de Corvimande fit donc quelques pas de son côté et s'occupa de ses propres impératifs. Parmi eux se trouvaient le besoin de se nourrir, et l'enfant de Reuel entamma vaillemment son repas en revenant vers les chevaux.

[Kasumi]

Claris s’était retirée un peu à l’écart de la piste quand elle entendit des bruits signalant l’approche de plusieurs cavaliers. Il lui restait le temps de se dissimuler derrière les cactus voire de risquer d’y cacher les chevaux, avec de la chance. Nulle trace de son guide en cet instant critique...

[Claris de Corvimande]

Cacher les chevaux n'était sans doute pas une bonne idée : quand bien même Claris y parviendrait, ce qui n'était pas forcément gagné, ceux-ci pourraient toujours attirer l'attention autrement. Mieux vallait sans doute les laisser aller à leur guise, comme s'ils étaient abandonnés ou que leurs maîtres étaient simplement partis un moment. Avec un peu de chance, les cavaliers ne seraient ni des hommes de Mortesaison, ni des voleurs opportunistes, et se contenteraient de passer leur chemin. Dans le cas contraire… de Corvimande se dissimula de son mieux derrière les cactus, tout en cherchant à conserver une certaine visibilité, et en préparant son arbalète.

[Kasumi]

Les deux cavaliers qui approchèrent étaient sur le point de dépasser Claris quand l’un d’eux fit ralentir sa monture lancée au petit galop. La jeune noble l’entendit invectiver son compagnon avant que tous deux se tournent dans la direction de leurs chevaux :


- C’est le cheval de Guillermo. Ils ne doivent pas être loin, reste sur tes gardes !