Les Antiques Cryptes

[Eldurvellir]

Ce fut comme une vague d'exaltation qui fit sourire Eldurvellir, et faillit le faire crier de joie. Il retint son cri juste à temps. Il ne fallait pas tout gâcher en faisant n'importe quoi !

- Bravo ! dans le mille ! excellent ! articula t-il d'une voix basse et rauque. N'hésitez pas à prendre une potion si vous êtes fatigués. Idéalement il nous faudrait un peu de repos, mais si Silmandel dispose encore de sorts utiles...

Eldurvellir laissa sa phrase en suspend. Il poussa un vague juron, heureusement à voix basse.

- Tiamandis ?

Il retira la petite chauve-souris. Mouillée. Trop d'excitation avait eu un effet diurétique. Un fumet caractéristique s'élevait de la poche de cuir que le mage portait sur sa poitrine, repaire de la pipistrelle. Bon sang !

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

-Il nous faut aller par-là, répondit la jeune fille en désignant le passage qui s'ouvrait dans le mur gauche de la salle. Nous arriverons ainsi au cœur de la base, qui devrait être assez dépeuplé, vu que la majorité des cultistes qui ne sont pas de faction aux différentes issues se sont probablement rassemblés pour repousser les goules. A mon avis, nous n'aurons affaire qu'au garde qui surveille les captifs...
Elle jeta un œil aux cadavres.
-Mais, auparavant, peut-être cela vaudrait-il la peine de tirer les corps dans ce tunnel ? reprit-elle en montrant celui que les défunts surveillaient et qui conduisait hors du complexe. Pas trop loin, puisqu'il est possible qu'un trio de sentinelle se trouve à proximité. Néanmoins, si l'odeur du sang pouvait attirer d'autres monstres...

[Asmodeus]

Asmodeus était rassuré par les propos de Clémentine : avec beaucoup de chance, la première partie de leur périple se solderait bientôt par un succès. Resterait ensuite à sortir au nez et à la barbe des créatures que le sang aurait attiré tout en espérant repartir avec d'anciens captifs qui ne serait probablement pas en état de marcher par eux-mêmes. Pas si rassurant à bien y réfléchir. Mais il fallait continuer d'avancer, coûte que coûte :

- Asmodeus approuve votre plan : mieux vaut dissimuler ces cadavres et faire passer leur mort pour une nouvelle attaque des non morts. Cela permettra de gagner un peu de temps. Asmodeus vous laisse procéder.

Une façon de s'exclure de la corvée répugnante et par trop physique. Il espérait néanmoins que les autres se proposeraient naturellement pour traîner les appâts à zombis vers le couloir.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Silmandel ne perdit pas une seconde pour se mettre à l’ouvrage. Il attrapa l’un des cadavres par les chevilles et, tant bien que mal, commença à le trainer.

« Allez, allez, activez-vous vous autres ! Il s’agit d’être efficace ! »

Ils y étaient presque. Il fallait juste espérer que le frère de Clémentine soit encore de ce monde. Et s’il l’était, qu’il est encore toute sa tête.

[Eldurvellir]

Jetant la pochette de cuir à terre et grommelant mille morts à l'adresse de la pipistrelle pisseuse, Eldurvellir tira un corps à la suite de Silmandel. Asmodeus n'avait pas l'air de vouloir mettre la main à la pâte, mais le mage était trop occupé à traîner le corps musculeux de la sentinelle pour lui faire des reproches. Et mentalement occupé à concocter la punition de Tiamandis, punition dont il avait l'intention qu'elle se souvienne longtemps.

La pochette devait être au mieux détruite, au moins abandonnée. L'odeur caractéristique et âpre d'urine risquait de signaler leur présence. Eldurvellir tira enfin le corps là où Silmandel avait abandonné sa propre charge et retourna en chercher un autre.

Avec quelque surprise, il constatait que la colère l'avait presque dopé : tirer ces grands gaillards lui avait paru peu difficile. Son deuxième corps placé au même endroit que le premier, le mage revint vers la poche de cuir abandonnée et versa de l'eau pour en atténuer l'odeur. Puis il la macula du sang qui avait été répandu et courut la placer sur les cadavres. Ainsi les monstres lieraient-ils la pochette aux sentinelles et non à leur groupe.

Tiamandis voletait de manière quelque peu chaotique au-dessus de son maître, sentant sa colère et donc peu désireuse de revenir vers lui. La petite bête était confuse, vaguement honteuse. Et c'était bien difficile, pour un petit animal, de faire comprendre qu'elle était désolée... Enfin les marmonnages menaçants d'Eldurvellir n'annonçaient rien de bon.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Sitôt la macabre tâche achevée, Clémentine les conduisit dans le tunnel qu'elle leur avait précédemment indiqué. Ce fut alors une nouvelle plongée dans les ténèbres, ce qui, cependant, ne s'avéra guère handicapant : Silmandel pouvait les guider et, de toute manière, le passage allait tout droit, ne décrivait pas le moindre méandre. Deux ou trois minutes plus tard, ils distinguèrent de la lumière. Quelques instants encore, et ils parvinrent au cœur du complexe.
C'était une immense salle circulaire, dont les murs étaient percés d'autres corridors ainsi que de portes closes, dont le haut plafond voûté était soutenu par d'imposantes colonnes. Jadis, somptueusement décoré, l'endroit devait être le sanctuaire de quelque divinité de la mort ; mais l'on avait décapité toutes les statues, martelé les bas-reliefs pour faire disparaître les symboles qui y figuraient et brisé en morceaux l'autel qui occupait le centre de la pièce. A sa place se dressait à présent une grande et affreuse figure de bois, cornue, ailée, griffue, au pied de laquelle brûlait un énorme brasier. Quelques personnes dépenaillées, à demi nues - des femmes, majoritairement -, s'affairaient à l'entretenir, allant et venant, les bras chargés de bois, sous la surveillance d'un homme aux dehors de colosse. Un lourd trousseau de clefs pendait à sa ceinture et, à la main, il tenait un fouet menaçant...
Pour l'heure, personne n'avait remarqué les aventuriers, qui prenaient grand soin de rester dissimulés dans l'ombre du couloir. Malheureusement, avancer sans se faire remarquer des prisonniers ou de leur geôlier ne serait pas chose évidente.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Silmandel était loin d’être un modèle de vertu ou un chevalier de la lumière. Toutefois, la sculpture infernale lui arracha une grimace de dégout. Il y avait des choses qu’on se devait de combattre, des ignominies à effacer, tout du moins le pensait-il. Les démons en faisaient partie. Leurs cultes impies à la vilénie sans borne était de nature à lui faire perdre son sourire. La sculpture était en bois... peut-être qu’elle pouvait brûler, sait-on jamais. Et du feu, il y en avait juste à côté.

Mais pour l’instant, les priorités de l’ensorceleur était autres. Il se tourna vers Clémentine et lui demanda à voix basse.

« Avons-nous besoin des clés de cette brute ? Où sont exactement les geôles ? »

[Asmodeus]

Asmodeus avait été révulsé en constatant les dégâts occasionnés aux sculptures antiques qui avaient autrefois décoré cette salle. L'autel avait également été profané. Un autel qui avait pu être consacré à son dieu ou à l'une de ses multiples facettes. La révolte couvait derrière le regard apparemment impassible de l'élu divin. Une révolte envers l'abomination qui souillait l'un des domaines de son maître. Il n'était que justice que tous les cultistes, jusqu'au dernier, périssent aujourd'hui de la main de ses créatures. Mais cet objectif ne l'empêchait pas de planifier chaque étape dans le bon ordre : tout d'abord trouver le frère de leur guide tout en essayant d'éviter que les prisonnières ne donnent l'alerte et n'attirent des mécréants. Elles pourraient éventuellement servir ensuite pour créer diversion. Les survivantes, s'il y en avait, pourrait même se montrer reconnaissantes et utiles. On pouvait toujours l'espérer...

[Eldurvellir]

L'intérêt d'Eldurvellir fut aussitôt éveillé. Effectivement la scène était étrange : glaçante par le fait qu'on avait altéré des oeuvres d'art pour faire place à une statue immonde, mais aussi brûlante à cause d'une sorte de lascivité qu'elle montrait.

Des femmes... Pas forcément belles, mais suffisamment dénudées pour intéresser Eldurvellir, qui les détailla avec attention et une certaine tendresse. Leur peau était sombre de cendre et de saleté, leur corps abîmé par les travaux, mais leurs gestes restaient assez gracieux pour que leur contemplation soit plaisante. Du coup, il en oublia l'élaboration de la punition qu'il destinait à Tiamandis.

Le mage sortit son petit carnet et son crayon et commença notes et croquis. Il avait une mission.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Jusqu'ici, Clémentine avait observé la salle avec une profonde attention, cherchant à n'en pas douter à repérer son frère. Mais, pour l'instant, on ne voyait nul enfant ou adolescent parmi les captifs.
-Quand ils ne sont pas au travail, les prisonniers sont enfermés là-bas, répondit-elle à Silmandel en pointant du doigt une lourde porte bardée de fer encastrée, à bonne distance, dans le mur droit de la salle. Ils y bouclent également en permanence les récalcitrants, ceux qui rechignent à obéir ou qui ont tenté de s'enfuir...

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Silmandel examina la porte désignée, puis se remit à épier la salle dans sa globalité. Ensuite, il s’adressa aux autres.

« Bon, j’ai peut-être une idée. En me déguisant en sentinelle, je peux essayer de distraire le type avec les clés. Il s’agit de s’en débarrasser sans créer de paniques chez les captifs. Le mieux, ce serait peut-être que je l’attire juste à proximité de ce tunnel. Comme ça, Clémentine pourra l’exécuter. »

Il avait en tête son déguisement. N’ayant pas observé en détail un garde donné, il pouvait juste jouer la ressemblance tout en s’ajoutant des blessures illusoires qui lui faciliteraient la vie, notamment au niveau de son jeu d’acteur. Il se tourna enfin plus spécifiquement vers la demoiselle et lui demanda :

« A quoi ressemble votre frère ? Et quel est son nom ? »

[Asmodeus]

Une fois n’est pas coutume, Asmodeus n’avait pas de meilleure idée à proposer et il adressa ce qui pouvait passer pour un sourire à l’ensorceleur.

- Asmodeus vous laisse tenter votre méthode. Il est d’accord pour éliminer ce gros lourdaud au nom de notre liberté d’action ensuite.

Il se tourna ensuite vers le mage en manifestant un brin de curiosité incluant peut-être ne pointe de sarcasme :

- Que griffonnez-vous donc dans votre carnet ?

[Eldurvellir]

Eldurvellir, en train de dessiner l'une des femmes, sursauta.

- Oui, je suis évidemment d'accord pour éliminer le geôlier.

Le mage marqua une pause, le temps que Tiamandis se pose sur son épaule, et reprit :

- Messire Silmandel, combien de sorts vous reste t-il ?

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

--Il s'appelle Alexandre, mais on le surnomme Alex, répondit Clémentine. Il a dix ans, des cheveux très clairs et... il est très beau. Je ne dis pas ça uniquement parce que c'est mon frère : en fait, c'est très dur de ne pas le remarquer, quand on le croise...
Elle se fendit d'un sourire qui se mua bientôt en grimace.
-Quant au gardien, je doute que vous parveniez à le convaincre de vous suivre. On a dû lui demander de rester ici et, quoi qu'il advienne, de veiller à ce que les prisonniers alimentent le feu : celui-ci doit en effet rester allumé en permanence... Alors sachant à quel point cet homme est borné, il en faudrait beaucoup pour le pousser à enfreindre les ordres...

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

« Ho, mes pouvoirs magiques en ont clairement prit un coup. Mais il me reste de quoi faire, ne vous en faites pas Eldurvellir », répondit Silmandel au mage.

Il redoubla d’attention sur la pièce. Les geôles étaient au fond, si proches et pourtant encore inaccessibles. La brute au fouet était la dernière difficulté avant de pouvoir sauver ce Alex. Un gamin facile à reconnaitre, c’était un bon point. Par contre, il fallait encore qu’il soit en vie, et cela, rien ne l’assurait.

S’il n’était pas possible d’éloigner cette fripouille, il fallait trouver autre chose. Mais quoi ? Sans encore proposer quelque chose, l’ensorceleur chercha à savoir s’il ne pouvait pas, par hasard, tirer profit d’un objet. Faire choir quelque chose sur la tête peut-être... ou essayer d’enflammer la statue... Les manipulations à distance pouvait rendre bien des services si la situation s’y prêtait.

[Asmodeus]

Asmodeus jeta un nouveau regard aux esclaves qui allaient et venaient dans la salle tandis qu’une idée germait peu à peu dans son esprit. Ils faisaient un piètre renfort et il fallait avant tout éviter qu’ils n’attirent l’attention d’autres cultistes. Il y avait peut-être une autre manière de parvenir à les contrôler que la ruse et la discrétion et l’élu divin s’en ouvrit à ses compagnons :

- Asmodeus pense pouvoir contrôler cette foule voire l’amener à l’aider si vous n’avez pas de meilleure idée. Ils écouteront la parole d’Asmodeus mais il faudra alors s’occuper de ce gros lourdaud.

[Eldurvellir]

Eldurvellir avait sa petite idée de diversion.

- S'il s'agit d'occuper le geôlier, je peux lui envoyer Tiamandis. Elle le taquinera de manière à ce qu'il cherche à la tuer. Et elle volera vers Clémentine, qui pourra enfin l'occire.

Le mage, concentré sur ce qu'il voyait et la nécessité de le retranscrire pour sa mission auprès de l'Ecole du Necronomicon, avait parfaitement compris que l'entretien du feu était vital pour la secte. Les esclaves du feu laisseraient le geôlier tenter de tuer la chauve-souris sans intervenir, conscients de la nécessité première : entretenir les flammes.

Il prit la pipistrelle dans ses mains, mais attendit la réponse des autres membres du groupe avant de lui dire ce qu'elle devait faire.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

« Il me semble que de toute façon notre intrusion va être découverte. On a laissé des cadavres derrières nous, balancé des goules sur les sentinelles et là, on s’apprête à agir en plein cœur de leur complexe. Discrétion était notre maître mot jusqu’à présent. Maintenant, va falloir être rapide. On défonce ce type, on prend ses clés, on ouvre la prison, on trouve Alex et on se tire, si possible en occasionnant un max de désordre. Moi, j’ai bien envie de carboniser cette statue. Ça va leur faire plaisir, tiens ! Bref, ne cherchons pas midi à quatorze heures. Asmodeus met à exécution ce qu’il propose, Eldurvellir aussi. Moi, je m’avance et provoque. Clémentine tire profit de la situation. Ce type est seul, on le termine et c’est bon. »

C’était amusant comme avec Silmandel tout était simple... ou semblait simple.

[Asmodeus]

Asmodeus hocha la tête mais chercha tout de même à tempérer les élans suicidaires de son compagnon :

- Asmodeus est d’accord pour agir cette fois : il s’occupera de contrôler les esclaves. Gardez-vous d’incendier la statue avant que tout soit prêt pour repartir : Asmodeus s’est déjà frotter à un démon cette veille et n’a pas envie de recommencer avant la prochaine, au moins. Eldurvellir, envoyez-donc votre… animal de compagnie. Asmodeus pense que si elle urine sur le gaillard, elle attirera son attention.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

-Ah ça oui, elle ne manquera pas d'attirer son attention... Mais je doute qu'il se lance pour autant à sa poursuite si elle s'éloigne ensuite de lui : m'est avis qu'il s'en tiendra plutôt à ses consignes. De surcroît, l'opération risque d'être périlleuse voire mortelle pour la chauve-souris : croyez-m'en, cet homme est extrêmement habile, avec son fouet... Pour le reste, messire Asmodeus, je ne sais pas ce que vous comptez demander aux prisonniers, mais, s'il vous était possible de ne pas les mettre trop en danger, je vous en saurais gré : ils ne font pas partie du cculte, ils en sont des victimes, tout comme mon frère et moi... Je suis néanmoins d'accord sur le fait que nous devons nous hâter et, de toute façon, je n'ai pas de meilleure solution à proposer.

[Asmodeus]

Asmodeus esquissa une grimace : il n’avait absolument aucun égard pour la maudite créature du mage et se moquait donc comme d’une guigne de son sort. Quant aux esclaves, il n’avait pas vraiment d’a priori sur eux ni sur leur utilité. Tant qu’ils en auraient une et que cela ne le mettait pas en danger, il les défendrait sans prendre de risque excessif pour le faire. Mais ce ne serait certainement pas parce qu’il désirait à tout prix les sauver et encore moins pour faire plaisir à Clémentine qui manifestait là une faiblesse bien compréhensible pour une femme de peu comme elle.

- Préparez-vous ! Asmodeus va leur demander de ne pas paniquer et de rester tous ici. Faites-lui signe quand vous serez prêts : il ne faut plus perdre de temps.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

« Bien, bien. Asmodeus, à vous de jouer. Je vais m’avancer dès que vous avez le contrôle des esclaves. Eldurvellir, à vous de voir si vous voulez ou non engager votre familier dans cette affaire. »

Silmandel rafermit sa prise sur la poignée de sa rapière. Cette fois, il allait directement s’exposer. Il tourna la tête vers Clémentine.

« A mon avis, j’ai encore les ressources magiques nécessaires pour tuer cette brute, mais il nous faut penser au retour. Je vais surtout faire en sorte qu’il m’attaque. Profitez-en. Si jamais ça se passe mal, tant pis, je le bombarde. »

[Eldurvellir]

Effectivement, Tiamandis risquait gros, songea Eldurvellir, cependant elle pouvait montrer son utilité... En volant suffisamment haut...

Eldurvellir prit la parole.

- Je crois que vous avez raison, damoiselle Clémentine. Ce que peut faire Tiamandis, c'est envoyer de petits cailloux sur le geôlier. Ce n'est certes pas grand chose, mais la distraction qu'elle va occasionner l'empêchera d'être concentré. Et il sera donc plus facile de se débarrasser de lui.

Le mage se pencha pour chercher de petites pierres si possible coupantes. Il les cala dans les doigts de la pipistrelle tout en lui chuchotant des explications d'une voix basse et hypnotique.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Clémentine semblait dubitative quand au fait que de si minuscules projectiles puissent réellement déconcentrer un colosse tel que le geôlier. Toutefois, elle ne protesta pas. Après tout, même si les petits cailloux ne faisaient qu'agacer un tantinet leur ennemi, ce serit toujours ça de gagné. Et puis, discuter encore, ce serait perdre davantage de temps, ce qu'ils ne pouvaient plus se permettre. La jeune fille se contenta donc d'acquiescer puis de se fondre dans les ombres. A présent, ne restait plus à Asmodeus qu'à entrer en scène pour que débute l'acte sans doute le plus crucial de leur expédition.

[Asmodeus]

Asmodeus se redressa fièrement comme si afficher une attitude arrogante et confiante faisait partie intégrante de sa mise en scène et de l’efficacité de son sort :

Asmodeus -> Discours captivant -> Milieu de la salle

Suite à son incantation initiale, l’élu divin entama un monologue destiné à attirer toute l’attention – et il l’espérait la sympathie – sur lui.

- Ecoutez la parole d’Asmodeus car son maître a entendu vos prières ! Asmodeus est venu vous sauver de votre piètre condition et restaurer la grandeur de ce lieu avec votre aide. Ne le craignez pas car il ne demande qu’à vous aider. Il ne menace pas contrairement à vos maîtres actuels. Asmodeus est amour et compassion. Et son maître puissant saura vous protéger si vous en acceptez les bienfaits. Laissez-le vous le montrer !

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Sitôt que l’élu divin eut lancé son sortilège et alors qu’il débutait son discours fort bien tourné, Silmandel rentra en scène. Inutile désormais de la moindre discrétion. Le geôlier devait déjà s’être alerté. L’elfe avança donc dans la salle, fixant la brute, un sourire aux lèvres. Il dégaina sa rapière, affichant ainsi clairement ses intentions. Il semblait sûr de lui, et li l’était. Toutefois, il se garda bien de trop approcher. Un fouet, cela avait une sacrée allonge. Il avait vu des gens capables de bien des prouesses avec cette arme et son présent adversaire n’avait vraiment pas l’air d’un rigolo.

« Chouette endroit », fit-il, plein d’ironie, tout en s’immobilisant.

Il n’avait pas l’intention d’attaquer, mais juste de se défendre, au moins pour les premières secondes. Après, si le combat ne s’était pas déjà engagé, s’il n’avait pas à reculer pour se soustraire aux coups, il n’aurait d’autre choix que d’utiliser ses pouvoirs. Il devait attirer sur lui l’attention mais cela ne devait pas trop se voir.

[Eldurvellir]

Eldurvellir resta dans l'ombre ; mais Tiamandis prit de la hauteur, voletant silencieusement tout en haut de la voûte.

Le mage la regardait, priant sa déesse pour que rien de mauvais n'arrive à la pipistrelle.

Tiamaat, par l'esprit, par l'air, par la terre, par l'eau, par le feu, protège Tiamandis, mon familier qui t'a été dédié.

Oui. Tiamaat protégerait Tiamandis, il en était sûr.

La chauve-souris volait haut, mais ne pouvait s'empêcher de regarder Silmandel. Vraiment un personnage fort sympathique. Peut-être un caillou pour lui ? se demanda la pipistrelle friponne. Mais son maître en serait probablement très en colère et là, là elle n'échapperait pas à une punition. Ou tout au moins à une grosse fâcherie.

Tiamandis soupira de regret et lâcha un caillou tranchant sur la tête du gros homme au fouet.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

La minuscule pierre rebondit sur le crâne chauve du colosse, y laissant peut-être une infime coupure. La victime de ce bombardement releva les yeux sur la créature ailée.

-Toi, petite saloperie, je te règlerai ton compte dans cinq minutes, gronda l'homme. Mais d'abord...

Il se tourna vers les captifs qui s'étaient immobilisés en entendant le discours d'Asmodeus et fit claquer son fouet.

-Reprenez immédiatement le boulot, bande de larves, ou je vous lacère les chairs jusqu'à ce que mort s'ensuive !

L'instant suivant, il reportait son attention sur les deux individus qui avaient fait leur apparition dans la salle.

-Voyez-vous ça ! Un elfe de poche avec un joujou en guise d'épée, et une crevette humaine à la langue trop bien pendue... Alors, lequel d'entre vous je bute en premier ? Allez, soyez pas timides !

Il fit un pas en avant. Le fouet claqua de nouveau.

[Asmodeus]

Asmodeus savait que sa seule arme était la parole mais espérait être rapidement secondé par ses compagnons face à ce colosse tout de même impressionnant à sa façon brutale :

- Asmodeus vous suggèrerait bien de vous enfoncer votre engin dans vos propres chairs à vif jusqu’à ce que mort s’ensuive mais il n’est pas du genre malpoli et vous suggère donc, si vous devez choisir entre lui et son compagnon, de commencer par l’elfe. Vous autres, n’écoutez pas ce lourdaud bas du front et cessez votre travail.

Il savait bien que ce genre d’intervention allait détourner l’attention de l’homme – si c’en était bien un - au fouet mais c’était son objectif après tout. A condition de ne pas recevoir de coups évidemment. Il jouait un jeu bien dangereux…

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Silmandel, impulsif, se devait de tenir tête. Les affrontements, les duels, il ne connaissait que trop bien. Et même s’il était loin de gagner à chaque fois, au moins se battait-il avec acharnement. Et avec le sourire de surcroit, enfin tant que cela ne tournait pas trop mal. Cette incroyable assurance dont il faisait preuve en pareille circonstance avait le don d’irriter ses adversaires, à moins que ceux-ci n’en déduise la trop grande témérité de l’elfe et ne décident d’en profiter. Quoi qu’il en soit, sitôt qu’Asmodeus eut terminé, l’ensorceleur enchaîna :

« Oui, viens donc me voir, qu’on s’amuse ! Tu dois vraiment t’ennuyer à rester planté là comme un con, n’est-ce pas ? Allez, c’est l’elfe de poche qui offre ! »

Silmandel --> Projectiles magiques --> Brute au fouet