[Quête] La demeure de Cuivrechaire

[Elzen]

Pour l'instant, la chambre du maître des lieux semblait en effet une cible de choix : le couloir dans laquelle elle se trouvait était parfaitement désert, et le fantôme était là pour lui désigner de laquelle des nombreuses portes du hall il s'agissait – sans son aide, la visite aurait certainement duré bien plus de temps.

Augustin s'y engagea probablement sans attendre… mais Chance ne put le suivre aussi facilement. Et pour cause : n'étant pas dotée d'un corps éthérée, elle devait encore ouvrir les portes avant de se rendre quelque part, et celle de la chambre était fermée à double tour. Une précaution venant sans doute du fait que quelques invités occuperaient les chambres d'amis situées à proximité, et que le maître des lieux n'avait pas une confiance aveugle en ses invités ?

Quoi qu'il en soit, il allait falloir que la tieffeline exerce ses talents de voleuse si elle désirait pénétrer dans la pièce. À première vue, la serrure semblait d'un modèle pas trop complexe, à la portée d'un filou habile et expérimenté, mais dont l'ouverture demanderait tout de même quelques instants…

[Echo]

- Vous venez ? fit la tête du fantôme qui traversait la porte de la chambre et dont le corps se trouvait maintenant de l'autre côté.

- Un instant, il a verrouillé la porte, répondit la tieffeline en sortant de ses poches le nécessaire pour crocheter rapidement la serrure.

Ce n'était pas un exercice très difficile, sauf si la porte était verrouillée magiquement bien sûr, mais ce n'était, semblait-il, pas le cas de celle-ci. En réalité, c'était plutôt des pièges dont il fallait se méfier. Chance avait déjà cambriolé plus d'une maison dans sa vie, et certains de leurs occupants s'avéraient parfois être de dangereux paranoïaques prêts à tout pour tuer le malheureux voleur qui ne faisait qu'exercer son métier. Ainsi, les pires d'entre eux s'amusaient à transformer leur demeure en un lieu imprenable et mortel pour quiconque osait s'y aventurer. Et peu importe si la boule de feu géante brûlait le tapis, le mobilier ou le papier peint et dévastait la moitié de l'étage, non, peu importe ! Tout ce qui comptait, c'était de transformer l'intrus en un petit tas de cendre fumant devant la porte. La tieffeline songea un instant à tous ces pauvres animaux domestiques qui avaient trouvé la mort accidentellement en vadrouillant innocemment dans les couloirs. Empoissonnés par une fléchette plantée juste derrière la nuque, mutilés sauvagement par une scie circulaire géante sortie d'on ne sait où... Peut-être que le sort de ces malheureux attendrirait-il suffisamment Reuel pour que ce dernier lui offre une prime de risques ? Ou peut-être pas.

- C'est toujours intriguant de savoir ce qu'on va trouver derrière une porte fermée à clé, malheureusement j'ai davantage de chances de tomber sur une paire de menottes dans le tiroir de la table de nuit ou sur une collection de sous-vêtements féminins usagés que sur quelque chose vraiment intéressant.

- Hum, ça sent le vécu...

- Vous ne voulez pas savoir.

[Elzen]

Peut-être piège y avait-il plus loin, mais Cuivrechaire n'avait, semblait-il, pas voulu risquer de tuer l'un de ses invités. Chance parvint à ouvrir la porte sans trop de soucis. Cependant, un bruit dans le couloir lui fit quelque peu hâter le geste : quelqu'un venait, et elle n'eût que le temps de refermer la porte derrière elle pour ne pas attirer son attention.

Comme Augustin avait pu le constater, la chambre du maître des lieux – ou, du moins, celle qui semblait le plus l'être parmi les pièces qu'il avait visité – était assez luxueuse. Un vaste lit en occupait une bonne partie. Juste à côté, une table de nuit comptait plusieurs tiroirs. Tous avec serrure – mais peut-être pas tous fermés à clef. Près du lit, une grande armoire, à quatre portes, dans laquelle se trouvait, sans doute, la garde robe – mais peut-être autre chose y était-il dissimulé. De l'autre côté trônait un bureau majestueux, et qui devait certainement renfermer de nombreux papiers importants – mais peut-être sans intérêt pour la cambrioleuse. Quelques tableaux au mur et une cheminée pour le moment éteinte complétaient le décor. Le tout semblait attendre que l'on vienne fouiller…

[Echo]

Chance resta un instant derrière la porte de la chambre, guettant les bruits de pas qui semblaient s'approcher de sa position. A moins qu'il ne s'agisse du maître des lieux en personne, il y avait peu de chances pour que l'inopportun visiteur entre ici. Ou alors un autre voleur avait profité de la fête pour cambrioler la maison. Cela aurait été amusant mais tellement plus compliqué.

La tieffeline s'éloigna de la porte à pas de loup et se dirigea vers la table de nuit qu'elle commença à examiner avant de fouiller. Les serrures, une fois encore, ne lui poseraient pas de problème. Elle était davantage attentive aux mécanismes piégés.

[Elzen]

La porte était assez lourde, et il n'était pas vraiment possible d'écouter ce qui se passait de l'autre côté, à moins d'avoir une ouïe autrement plus fine que celle de la tieffeline. Dans quelle direction s'était engagé le trouble-fête ? Impossible de le savoir.

À première vue, le maître des lieux n'était pas suffisamment paranoïaque pour piéger ses propres meubles de nuit – ce qui aurait, sans doute, été fort risqué en cas de geste maladroit au beau milieu de la nuit. Un examen plus attentif révéla que les quatre serrures, pas plus complexes que celles de la porte, n'avaient pas connus les mêmes usages. Les deux tiroirs les plus proches du lit semblaient n'avoir que rarement été fermés à clef. Le troisième devait avoir été dans ce cas jusque il y a peu, mais la poussière y avait été chassée par le passage de la clef : il avait été verrouillé et déverrouillé à plusieurs reprise durant les derniers jours. La serrure du quatrième, enfin, était passablement usagée, comme si une clef s'y était introduite chaque jour depuis que ce meuble existait, et pas toujours avec douceur…

[Echo]

La tieffeline ouvrit les tiroirs les uns après les autres en commençant par celui du haut. Elle doutait de trouver ce qu'elle était venue chercher ici, mais elle devait faire croire à un cambriolage après tout, alors autant en profiter pour s'en mettre plein les poches avant de partir.

Mais où diable était rangé le coffret à bijoux de madame de Cuivrechaire ?

[Elzen]

Si le meuble n'était pas piégé, l'homme semblait en revanche prendre ses précautions pour la nuit : si le premier tiroir ne contenait qu'un livre de chevet assez peu intéressant, le second s'ouvrit sur une petite arbalète de poing, chargée et armée, prête à tirer. Peut-être avait-il peur des visites nocturnes ?
Quoiqu'il en soit, le troisième tiroir était fermé à clef. Et, alors que la tieffeline commençait à crocheter sa serrure, elle dut s'arrêter net : le bruit caractéristique d'une clef se faisait entendre de la porte d'entrée. Quelqu'un cherchait à entrer dans la pièce…

[Echo]

Chance jeta sa première trouvaille d'un geste parfaitement dédaigneux au milieu de la pièce ; elle n'était pas désespérée au point de voler un foutu livre. Sa deuxième découverte en revanche était bien plus intéressante. Une arbalète plus légère et discrète que celle qu'elle avait obtenue chez les de Corvimande, voilà un objet qu'elle ne revendrait peut-être pas tout de suite. Mais elle n'eut guère le temps de s'extasier davantage : le bruit caractéristique d'une clé introduite dans une serrure lui fit fermer les tiroirs et rouler sous le lit en vitesse. Eh merde, pensa t-elle lorsqu'elle aperçut le livre resté au sol. En un éclair, elle se tortilla au sol, l'attrapa et regagna sa cachette au moment même où la porte s'ouvrit.

Elle arrêta de respirer et pressa le livre dans son giron comme si sa vie en dépendait. Le propriétaire des lieux n'allait sans doute pas apprécier de trouver la porte de sa chambre parfaitement déverrouillée...

[Elzen]

Le fait que la porte soit restée ouverte accorda quelques petits instants de répit à la voleuse : l'homme s'attendait tellement à trouver porte close qu'il ne pensa pas immédiatement à simplement faire jouer la clenche en s'apercevant que sa clef ne faisait rien. Il ne remarqua donc rien du manège de la tieffeline et pénétra dans la chambre avec un léger juron.

Chance ne put alors que constater que ses pas s'avançaient droit vers la fameuse table de nuit… parvenu à sa hauteur, il se pencha, et commença par tenter d'introduire une autre clef dans le tiroir du bas. L'état déplorable de la serrure ne permit cependant pas à l'instrument d'y pénétrer. L'homme tira alors le tiroir, pour constater qu'il n'était pas fermé, lui non plus.

« Si j'avais su… »

Mais le contenu du tiroir ne devait pas correspondre à ses attentes, car il le referma presque aussitôt, pour s'en prendre à celui que la cambrioleuse n'avait pas eu le temps de déverouiller. La clef joua, et le tiroir s'ouvrit. L'homme se saisit alors de quelque chose à l'intérieur, se releva, et se dirigea vers le bureau. Au bruit, Chance devina qu'il s'était assis et qu'il tournait des pages.

[Echo]

Immobile, Chance tendait l'oreille. Étrangement, elle ne semblait plus si sûre qu'il s'agisse du maître des lieux. Un autre voleur ? Quelqu'un qui était là pour la même chose qu'elle ? Elle n'allait tout de même pas laisser quelqu'un s'en tirer avec son butin.

Mais pour l'heure, elle préféra ne rien tenter. Peut-être qu'elle se trompait. Et elle n'allait pas tout mettre en péril pour une simple intuition.

[Elzen]

La lecture sembla durer un certain temps, mais peut-être était-ce seulement dû au fait que la tieffeline devait rester dissimulée dans un endroit qui n'était pas le plus confortable.

Enfin, l'homme se releva, pour venir refermer le tiroir, non sans avoir replacé quelque chose à l'intérieur.

« Je te tiens. »

Il quitta ensuite la pièce, refermant machinalement la porte à clef derrière lui.

[Echo]

Chance attendit un instant et sortit de sa cachette pour se jeter sur le contenu du dernier tiroir. Elle ne savait pas ce qu'avait lu l'intrus mais il semblait avoir trouvé ce qu'il y cherchait. Et peut-être ce qu'elle cherchait aussi, qui sait.

- Pssst ! Augustin, j'ai besoin de vous, chuchota t-elle.
- Vous comptez lire son journal intime ? C'est d'un mal élevé...
- Contentez-vous de lire, dit-elle en feuillant rapidement. Alors, ça raconte quoi ?

[Elzen]

Mais il ne s'agissait pas d'un journal intime. Cela ressemblait plutôt à un livre de compte. Augustin pu lire à mesure que Chance lui tournait les pages, mais, si la chose serait sans doute très intéressante pour un expert, pour deux profanes comme eux, elle semblait en grande partie incompréhensible. Qu'est-ce que l'homme avait bien pu y trouver d'intéressant ? Peut-être s'intéressait-il aux nombreux patronymes qui ornaient certaines pages, indiquant avec qui Cuivrechaire faisait commerce. Une recherche approfondie leur donnerait peut-être le nom de la personne auprès de laquelle le maître des lieux avait acquis l'objet qui intéressait leur commanditaire ; mais cela les aideraient-ils à localiser l'objet en question ?

[Echo]

A mesure qu'il parcourait les lignes, Augustin faisait mine de trouver la lecture particulièrement intéressante, poussant quelques " Mmmmh " et " Oooh ! Voyez-vous ça ! " qui commençaient à attiser la curiosité de la tieffeline.

- Si ça vous fascine à ce point c'est que ça doit être particulièrement inintéressant, maugréa Chance avec mauvaise humeur.
- En réalité il décrit avec beaucoup de détails les nombreuses nuits qu'il a passé avec une dame qu'il surnomme affectueusement " la comtesse Cochonou ".
- Vraiment ? répondit-elle en scrutant le livre comme si elle était soudain capable de comprendre ce qui y était écrit.
- Héhé, non. C'est un banal livre de comptes, et si je vous en faisais la lecture vous en mourrez probablement d'ennui.
- Merveilleux...

Elle referma le livre d'un coup sec et le replaça sans douceur dans le dernier tiroir. Elle ouvrit ensuite le second pour voler la petite arbalète et la fourra dans le sac sans fond caché sous sa robe.

- Bien, où sont les bijoux ? chantonna t-elle en s'attaquant à la grande armoire qui trônait dans la chambre.

[Elzen]

À première vue, l'armoire ne contenait que des vêtements d'homme ; la maîtresse de maison, s'il y en avait une, devait résider plus habituellement dans une autre chambre. Ses bijoux également. Il y avait cependant quelques ornements d'une certaine valeur pour la tenue de monsieur, que Chance parviendrait sans doute aisément à monnayer, mais rien de mieux.

[Echo]

Chance fit disparaître tout ce qui avait un minimum de valeur avant de refermer l'armoire. Elle balaya la pièce du regard et haussa les épaules : elle devait admettre qu'elle était un peu déçue mais par acquis de conscience, elle préféra aussi examiner le bureau de la chambre.

[Elzen]

Le bureau contenant surtout des papiers ; mais quelques objets retinrent l'attention de la voleuse. Le porte-plume, notamment, semblait d'assez grande valeur. Fouillant consciencieusement les tiroirs, la tieffeline découvrit d'abord une bourse qui semblait pleine ; puis, examinant plus attentivement, remarqua ce qui semblait être un trousseau de clefs fixé contre un rebord. Il n'était pas évident à décrocher, mais Chance était suffisamment habile de ses doigts pour y parvenir. Enfin, le dernier des tiroirs qu'elle ouvrit renfermait ce qui semblait être un paquet cadeau soigneusement fermé, sur lequel Augustin pu lire un mot indiquant qu'il était adressé par Cuivrechaire à l'élue de son cœur. Voilà qui expliquait sans doute pourquoi il n'y avait aucune présence féminine dans cette pièce : le maître des lieux n'était pas encore marié.

[Echo]

Chance déchiqueta consciencieusement le paquet cadeau avec un air de petite fille enjouée.

- Voyons voir si ce cher Cuivrechaire est généreux avec sa future compagne...

Peut-être n'avait-elle pas perdu son temps après tout.

[Elzen]

Le paquet fut bientôt dans un état impossible à refermer, et la voleuse pu découvrir son contenu. Il s'agissait d'un magnifique collier de pierres précieuses, disposé au milieu d'une boîte remplie par ailleurs de chocolats. Un présent magnifique ; sa destinataire aurait sans doute été touchée si elle avait pu le découvrir intact…

[Echo]

- Woaaaaw, il sait s'y prendre, je suis totalement et irrémédiablement sous son charme, rigola la tieffeline avant d'engloutir une poignée de chocolat.

Le fantôme observait la scène, mi amusé mi choqué.

- Vous n'avez vraiment pas de cœur, vous venez probablement de réduire à néant toutes les chances qu'il avait de conclure avec la dame, surtout lorsqu'il l'amènera ici et qu'elle découvrira un emballage vide.
- Dès demain cet homme sera la risée de toute la noblesse mélandienne et la dame à qui étaient destinés ces chocolats aura certainement très envie de mettre beaucoup de distance entre elle et lui. Je lui fournis simplement un prétexte.
- Oui oui, c'est cela. Si je vous laisse continuer, dans cinq minutes vous allez me dire que vous lui avez rendu service.
- Mais c'est exactement ça ! Ma gentillesse me perdra un jour...

Mais Chance - certainement dans un autre élan d'altruisme désintéressé ou peut-être parce que les chocolats étaient bien plus écœurants qu'elle ne l'aurait cru - n'engloutit que la moitié de la boîte, replaça le reste dans le tiroir où elle l'avait trouvé et glissa le précieux collier dans son sac. Il était temps de sortir d'ici, une fois qu'elle aurait crocheté une nouvelle fois la porte - c'était une première : crocheter une porte pour sortir d'une pièce et non pour y entrer...

[Elzen]

Plus rien ne la retenant dans la pièce, Chance se préoccupa de la serrure. Elle n'était, heureusement et évidemment, pas plus difficile à crocheter de ce côté-ci que de l'autre. La porte s'ouvrit donc sur un couloir – vide. Quelle que furent son identité et les raisons de sa présence, l'homme avait quitté les lieux.

La voleuse pouvait maintenant choisir de visiter les quelques autres pièces occupées de l'étage, redescendre parmi les invités, ou bien monter en direction de cette bibliothèque qui plaisait tant à Augustin…

[Echo]

Chance n'avait pas l'intention de se rendre à la bibliothèque, et le regard de chien battu que lui lança Augustin ne la fit pas changer d'avis. Elle n'avait pas du tout envie de passer des heures à tourner les pages d'un livre qu'elle ne pouvait même pas lire elle-même, cet exercice était d'autant plus pénible lorsque son fantôme ne prenait pas la peine de lire à haute voix. Et de toute façon, elle n'avait pas envie de tomber nez à nez avec l'autre fouineur.

- Je descends voir où en est la fête.
- Et moi ? Qu'est-ce que je fais ?
- Eh bien, allez-y, à la bibliothèque, et prévenez moi si vous tombez sur notre ami.

[Elzen]

Mais la bibliothèque semblait toujours déserte lorsqu'Augustin y parvint.

De son côté, Chance put découvrir que la fête battait son plein. Les serviteurs s'affairaient pour amener toujours plus de ravitaillement, tandis que l'orchestre jouait et que de nombreuses personnes dansaient. Sans se douter du fait que sa chambre venait d'être dévalisée, le maître des lieux menait lui-même la danse aux bras d'une fort jolie demoiselle – peut-être celle à qui était destinés le collier et les chocolats qu'elle n'aurait sans doute jamais.

[Echo]

Cette fois, Chance se garda bien de montrer sa frimousse - elle n'avait aucune envie que quelqu'un la hèle pour lui demander une coupe de champagne. Elle resta donc sur le pas de la porte et observa les invités danser pendant que l'incessant ballet des serviteurs satisfaisant les moindres de leurs désirs suivait son cours. Elle n'éprouva aucun remord, même vague, lorsqu'elle aperçut la jeune - et fort jolie - demoiselle qu'elle venait de priver d'un ravissant cadeau. Non vraiment, si elle savait, elle la remercierait probablement.

[Elzen]

Dans l'immédiat, il était difficile de déterminer quel serait l'avis de la demoiselle en question. En revanche, si elle restait à l'écart, la tieffeline était tout de même quelque peu dans le passage. Et un homme, qui, manifestement, arrivait par le même chemin qu'elle, eût à lui demander de s'écarter pour rejoindre le bal..

« Excusez-moi… »

Lui n'avait, bien sûr, pas prêté plus d'attention que cela à une domestique. Elle, en revanche, avait peut-être reconnu l'homme qu'elle avait vu parler avec Cuivrechaire un peu plus tôt ; mais elle avait, surtout, reconnu sa voix…

[Echo]

- Oh, pardon !

Chance s'écarta presque aussitôt en s'inclinant respectueusement devant l'homme qui lui faisait face.

- Puis-je faire quelque chose pour vous messire ? demanda t-elle d'un ton presque enjôleur, espérant sous doute que l'homme lui donne une bonne raison de lui coller au train quelques instants de plus. Peut-être pourrait-elle découvrir ce qui intéressait tant cet homme et ce qu'il avait trouvé dans les affaires personnels du maître des lieux.

[Elzen]

L'homme s'arrêta un instant et la dévisagea, peut-être surpris par le ton employé. Ou peut-être par autre chose…

« Une jolie demoiselle peut toujours se rendre utile ; cela dépend de ce que vous… seriez prête à faire. »

Assez curieusement, Chance remarqua que le regard de l'homme ne suivait pas du tout le chemin auquel on s'attendrait en entendant une telle proposition. En fait, il regardait surtout ses yeux… et son front.

[Echo]

Pendant un instant, Chance s'était imaginé le pire scénario possible : son déguisement magique s'était envolé et tout le monde était maintenant capable de voir ses cornes et ses yeux. Un rapide examen - qu'elle essaya de faire passer pour une petite démangeaison au niveau du cuir chevelu - la rassura cependant. Mais alors pourquoi cet homme la fixait de cette façon ?

- Dîtes-moi ce que je peux faire pour rendre cette soirée encore plus agréable, messire, et je m'y emploierai, répondit-elle sans se départir de son sourire.

Bon, il fallait espérer que cet homme ne prenne pas ça trop au mot, car Chance était disposée à beaucoup de choses mais certainement pas à quelque chose qui implique une trop grosse proximité avec un humain.

[Elzen]

« Je prépare une… petite farce… pour notre ami ici présent. »

Il désigna Cuivrechaire d'un hochement de tête.

« Votre concours pourrait s'avérer utile, si bien sûr ce genre de chose ne vous déplaît pas. »

Il avait un sourire charmeur et une façon de parler qui donnait envie de le croire. Sans avoir rien su de ce qui avait précédé, la tieffeline aurait eu toutes les raisons de croire qu'il s'agissait effectivement d'une petite farce innocente.

[Echo]

Elle se demanda ce qu'il avait bien pu voir chez elle pour confier ses projets de la sorte. Avait-il réussi à voir le démon qui se cachait sous son déguisement ? Dans tous les cas, il prenait un gros risque. Heureusement pour lui, Chance n'était pas du genre à faire la morale à un parfait inconnu, d'une part parce qu'elle détestait les moralisateurs et d'autre part parce qu'elle était présentement en train de piller cette maison.

- Et votre farce a t-elle un rapport avec votre petite escapade au premier étage ? demanda t-elle, toujours souriante.