[Quête] La demeure de Cuivrechaire

[Elzen]

L'homme paru sur le point de durcir le ton ; mais se reprit presque aussitôt.

« De quelle petite escapade parlez-vous, au juste ? »

Il était vrai que risquer une dispute ici, où que toute parole plus forte que les autres pouvait attirer l'attention sur eux n'était guère une bonne idée ; d'autant que la danse semblait en train de se terminer et que la musique couvrait moins leurs propos.

[Echo]

Chance détourna les yeux pour observer les invités dans la grande salle, et plus particulièrement le maître des lieux.

- Je ne suis pas sûre qu'il apprécierait de savoir que vous avez fouillé dans ses affaires. Mais il n'a pas besoin de le savoir après tout... Alors, que disiez-vous à propos de cette " farce " ?

[Elzen]

« Et comment l'en informeriez-vous sans révéler que vous vous trouviez vous-mêmes où vous ne deviez pas ? »

Le maître des lieux, sa danse terminée, semblait avoir choisi de s'approcher d'eux. Peut-être valait-il mieux changer temporairement de sujet de conversation…

[Echo]

Oh, elle n'aurait pas eu de mal à trouver une explication tout à fait satisfaisante. La curiosité mal placée par exemple : " J'ai vu cet homme - un peu louche par ailleurs - monter au premier étage et... je l'ai suivi. Je crois qu'il est entré dans votre chambre à l'aide d'une clé monsieur ! ". Le maître des lieux n'était pas stupide, il devait bien savoir que les invités sous son toit ne lui voulaient pas tous du bien. C'était la raison pour laquelle il avait verrouillé sa chambre d'ailleurs.

Mais elle se contenta simplement de sourire poliment lorsque de Cuivrechaire s'avança vers eux.

- Que puis-je pour vous monsieur ?

[Elzen]

« Vous avez déjà quelqu'un à servir, dirait-on. »

Et avec un sourire amusé, le maître des lieux se tourna vers l'autre homme.

« Tu comptes fleurette à mes employés, je vois.
– Eh bien, il faut reconnaître que tu sais les choisir… »

Et l'homme gratifia Chance d'une petite tape sur les fesses… précisément à l'endroit où se trouvait en temps normal sa queue. Le geste fit sourire Cuivrechaire.

« Je te la laisse, alors. Tu sais où se trouvent les chambres. »

Il allait tourner les talons lorsque son interlocuteur, après un regard aux alentours, le rattrapa.

« Au fait, je suis passé vérifier le paquet. Il sera parfait pour elle. »

Il lui tendit la clef de la chambre, assez discrètement pour que personne d'autre que Chance ne voit l'échange ; mais tout de même assez ostensiblement pour que la tieffeline ne manque pas le geste. Elle remarqua cependant également que, d'un geste aussi habile que les siens, l'homme avait discrètement remis une autre clef, plus petite, sans doute celle de la table de nuit, dans la poche de Cuivrechaire, sans que ce dernier ne semble remarquer cette seconde opération.

[Echo]

Chance n'avait pas réagi, du moins elle n'en avait rien montré. Pourtant tout son corps s'était crispé après cette petite tape, mais elle avait simplement serré les dents et s'était retenu de gifler cet espèce de primate sans éducation qui s'imaginait pouvoir mettre ses mains n'importe où. Gifler... non, elle aurait préféré lui planter un carreau d'arbalète entre les deux yeux. La remarque qui suivit acheva de la mettre en colère et ses joues commencèrent à s'empourprer de rage, ce qui dans le contexte aurait pu tout simplement passer pour de la gêne.

Même si elle ne manqua rien du manège entre les deux hommes, elle se garda bien de dire le moindre mot, de peur de s'étrangler avec sa propre salive probablement.

[Elzen]

Cuivrechaire remercia rapidement son interlocuteur, rangea la clef, et s'éloigna rapidement. L'homme se tourna alors vers Chance.

« Si nous faisions mine de suivre son invitation ? Nous pourrons discuter plus à notre aise loin des oreilles indiscrètes. »

[Echo]

La tieffeline lui offrit un sourire beaucoup moins chaleureux que les précédents, sans doute encore trop énervée, ou peut-être aussi parce qu'elle savait qu'elle n'avait peut-être plus besoin de jouer la comédie avec lui. Sans un mot, elle le suivit à l'écart.

[Elzen]

L'homme n'ajouta pas un mot concernant son geste déplacé ; mais sitôt qu'ils furent retournés à l'écart, il tourna le regard vers la voleuse.

« Comme vous avez pu le constater, votre espoir de chantage n'a absolument aucune chance de fonctionner. Il sait que j'étais dans sa chambre, et a trop confiance en moi pour croire les allégations d'une domestique. Mais vous-mêmes, vous-y étiez, n'est-ce pas ? Dans l'armoire, ou plus vraissemblablement sous le lit ? »

[Echo]

- Non, je vous ai simplement suivi. J'ai comme qui dirait... une curiosité maladive.

C'était un demi mensonge ; elle avait dit la stricte vérité en ce qui concerne sa curiosité.

- Cela va peut-être vous surprendre mais je n'avais pas l'intention de vous dénoncer. Je n'avais rien à y gagner.

[Elzen]

L'homme la dévisagea d'un drôle d'air.

« Pour le fait que vous n'ayiez aucun intérêt, je veux bien vous croire. Pour le reste… est-ce que le mot “tieffelin” vous évoque quelque chose ? »

[Echo]

- Tiefquoi ? s'amusa à écorcher Chance. Hum, ce ne serait pas un genre de brosse à dent ?

Au fond d'elle, la tieffeline était un peu moins décontractée que ce qu'elle laissait imaginer. Elle savait à présent pourquoi cet homme la fixait d'un drôle d'air depuis tout à l'heure. Ce qu'elle ignorait en revanche, c'est pourquoi il ne la dénonçait tout simplement pas s'il était aussi sûr de lui.

Bon sang, Reuel aurait du prévoir que son tour de passe-passe ne pourrait pas abuser tout le monde !

[Elzen]

« Oui, j'ai pu constater que vous n'en aviez aucun des signes habituels ; ce qui explique sans doute que personne, pas même vous, ne l'ayez remarqué jusque là. Les gens ne s'arrêtent souvent qu'à ce qui leur saute aux yeux. Mais pour quelqu'un qui en a fréquenté, leur présence est assez caractéristique ; et quoique je n'y avais pas prêté attention sur le moment, il me semble bien avoir senti une telle présence dans la chambre, tout à l'heure. »

Tout en parlant, ils étaient en train d'arriver au premier étage.

« Je ne pense donc pas être le seul à vouloir jouer une “petite face” au maître des lieux. »

[Echo]

Alors elle avait été trahie... par cette maudite aura ? La même aura qu'elle avait senti chez Elzen ? C'était un peu frustrant de savoir que même si elle était capable de se rendre totalement invisible dans les ombres, certaines personnes arriveraient toujours à déceler sa présence.

- Vous... n'auriez pas un peu forcé sur le champagne ? demanda t-elle tout en feignant d'ignorer à quoi cet homme faisait allusion. Et est-ce que vous êtes enfin disposé à me parler de cette " farce " ou pas ?

[Elzen]

« Je n'ai plus besoin de déguiser la vérité, n'est-ce pas ? Je veux quelque chose dont Cuivrechaire revendique la propriété. Et puisqu'il semble que ce soit votre cas également, il pourrait être intéressant que nous fassions équipe. Recherchez-vous… quelque chose en particulier, ou profitez-vous simplement de l'occasion pour prendre ce qui vous plaira ? »

Sans sembler s'intéresser le moins du monde aux portes de cet étage, l'homme se dirigea directement vers l'escalier menant à l'étage supérieur.

[Echo]

- Puisque vous jouez franc jeu avec moi alors j'en ferai de même, répondit la tieffeline. Je comptais profiter des festivités pour... faire disparaître quelques objets de valeur. Je n'ai trouvé qu'un collier pour l'instant. Et vous, que recherchez-vous ici ?

Elle ne jouait pas totalement franc jeu, bien évidemment, car elle imaginait qu'ils convoitaient sûrement tout deux la même chose. Elle devrait donc se montrer habile, lui faire croire qu'elle était prête à l'aider alors qu'elle partirait avec son butin sous le bras dès qu'elle en aurait l'occasion.

[Elzen]

« Hum. Après tout, vous m'offrez la couverture idéale : si sa demeure subit un cambriolage en règle, il prêtera d'autant moins attention à… »

Un bruit l'interrompit : alors qu'ils allaient s'engager dans l'escalier, la porte de l'une des chambres s'ouvrit, laissant passer un domestique ayant manifestement besoin de réajuster sa tenue.

[Echo]

Chance dut lutter contre une envie irrépressible de se cacher dans l'une des alcôves du couloir dès qu'elle entendit la porte s'ouvrir. Mais son déguisement était intact, et elle n'était rien de plus qu'une innocente domestique qui allait faire des choses beaucoup moins innocentes avec l'un des invités. Du moins c'est ce qu'un regard extérieur capterait de leur duo alors qu'ils arpentaient le couloir.

Elle attendit que le domestique disparaisse pour demander :

- À... ?

[Elzen]

Le domestique se retourna un instant, comme pour prévenir l'autre personne dans cette pièce que le couloir n'était pas désert ; avant de prendre le chemin qui redescendait vers la fête. L'autre personne en question demeura dans la pièce un instant, semblant ne pas tenir particulièrement à croiser des gens.

Quant à l'interlocuteur de Chance, il attendit d'être parvenu dans l'escalier avant de reprendre.

« Au moins, là haut, nous serons moins dérangés. Bien ; si vous aviez été une simple petite servante innocente, je vous aurais simplement fait croire que je désirais réarranger sa bibliothèque en chamboulant l'ordre des livres. Rien qu'une petite farce amusante, n'est-ce pas ? À la vérité, je sais que Cuivrechaire reçoit des sommes d'or régulières de plusieurs autres familles fortunées. Son livre de comptes m'a apporté quelques informations intéressantes au sujet des montants et des modalités ; mais ce sont à présent les raisons qu'il a de les faire chanter qui m'intéressent ; et j'ai tout lieu de croire que plusieurs documents à ce sujet se trouvent à l'étage. Je vous laisse donc emporter ce qui vous plaira ici, tant que vous me laissez les papiers. »

[Echo]

- Oh ? C'est tout ? Des papiers ? interrogea Chance, un peu surprise.

Peut-être que cette histoire allait être diablement plus simple qu'elle ne l'aurait cru.

- Bien, je ne vois pas trop ce que je ferai de bouts de papier de toute façon...

[Elzen]

L'homme éclata spontanément d'un rire sincère.

« Sans vouloir vous vexer, mademoiselle, vous ne connaissez pas grand chose à la haute société. »

Ils arrivèrent alors à l'étage.

« La bibliothèque est par là ; mais vous serez sans doute plus intéressée par ce qui se trouve de l'autre côté. Soyez prudente, cependant : il y a certainement plus de pièges ici que dans sa chambre. »

[Echo]

Chance n'était pas payée pour s'intéresser à la haute société. En réalité, elle était même payée pour faire semblant de ne surtout pas s'y intéresser. Cambrioler cette maison n'était qu'une façade pour masquer son véritable but, et c'est précisément ce qu'elle espérait trouver là-haut.

- Merci du conseil.

Attentive au moindre piège qui pourrait se trouver sur son chemin, Chance s'éloigna de la bibliothèque et prit la direction opposée.

[Elzen]

La pièce dans laquelle la tieffeline pénétra alors était une de celles qu'Augustin n'avait pas prit la peine de visiter lors de son premier passage (trop attiré, peut-être, par la bibliothèque) ; faute de quoi il n'aurait certainement pas manqué de le signaler. Il s'agissait, en fait, d'une sorte de petit musée privé… quelques armes semblant plus faites pour la parade que pour le combat, de nombreux bijoux et autres pièces de collection faits de métaux onéreux sertis de pierres précieuses ; ainsi que quelques œuvres d'art d'une qualité certaine. Il y avait sans doute là de quoi remplir le sac, fut-il sans fond. Seul problème : l'ensemble était sous clef, et ces serrures-ci ayant bien moins vocation à être ouvertes dans la vie de tous les jours, étaient autrement moins simples à crocheter que celles de la chambre, et il y avait gros à parier que des pièges, tant mécaniques que magiques, attendaient celui qui tenterait une effraction. Quant à l'objet que Chance recherchait plus particulièrement… peut-être était-il dans la pièce, mais si tel était le cas, rien ne le mettait particulièrement en valeur.

[Echo]

- Wow...

C'était le paradis du voleur. Les vitrines qui trônaient ici renfermaient des objets de très grande valeur, chacun d'eux pourrait lui permettre de vivre comme une reine l'espace de quelques jours ; il y avait là de quoi se payer plusieurs nuits à Dar Bella et bien plus encore. Le tieffelin qui l'avait abandonné pour jouer les mercenaires dans une guerre qui ne le concernait même pas avait fait une grosse erreur...

Chance se garda bien de faire le moindre mouvement dans cette pièce qu'elle devinait truffée de pièges en tout genre, elle prit même soin de ne pas respirer trop fort. Et dire qu'Augustin avait passé la moitié de son temps dans une bibliothèque poussiéreuse alors que le trésor d'un dragon se trouvait dans une salle juste à côté.

- Pas de précipitation, souffla t-elle.

C'était en effet une règle essentielle. Le moindre geste de travers pourrait faire de ce rêve éveillé un cauchemar. La tieffeline examina soigneusement la pièce avant de se risquer à s'y déplacer. Pour l'instant, elle ne se préoccupait pas des serrures hautement plus sophistiquées que celles qu'elle avait vues jusqu'ici : une serrure n'était pas susceptible de la griller sur place, elle était juste capable de lui résister et de la rendre complètement folle.

[Elzen]

À première vue, se déplacer dans la pièce ne présentait aucun risque. Aucune marque suspecte au sol ne laissant penser que poser le pied dessus déclencherait l'apocalypse ; et quant aux lasers détecteurs de mouvements, ils n'existaient pas encore dans cet univers. Puisque l'endroit était une sorte de musée privée, il paraissait normal que l'on puisse s'approcher quelque peu pour voir les objets exposés… pour repérer les pièges, il faudrait sans doute examiner les vitrines de plus près.

[Echo]

Chance se concentra tout d'abord sur les vitrines contenant les bijoux et autres pierres précieuses, c'était souvent ce qui rapportait le plus et surtout le plus facile à transporter. Heureusement, grâce à ce merveilleux sac sans fond, la tieffeline n'aurait cette fois pas besoin de faire un choix. Elle espérait simplement que " sac sans fond " voulait bien dire... ce que ça voulait dire.

Chance ---> Détection des pièges

[Elzen]

Un examen approfondi révéla à la voleuse qu'elle avait bien fait de se méfier… les deux vitrines les plus proches étaient indéniablement piégées. Difficile de dire ce que déclencherait une mauvaise manœuvre, mais les serrures étaient toutes deux reliées à un mécanisme qu'il lui faudrait défaire avant d'avoir une chance de pouvoir les crocheter. Et son habileté naturelle ne serait sans doute pas de trop pour cela…

Les autres vitrines devaient être piégées de la même façon ; mais Chance devait s'en approcher pour s'en assurer. Quant à savoir ce qui l'attendait à l'intérieur des cages de verre… il lui faudrait sans doute commencer par les ouvrir avant de pouvoir se poser la question. Néanmoins, quoique bien protégé, l'endroit n'était pas imprenable, pour peu que l'on y mette suffisamment d'adresse et de patience.

La voleuse savait tout de même que, si elle déclenchait une alarme, il lui serait délicat de mener à bien sa mission première ; restait à savoir si elle préférait chercher l'objet avant de revenir ici, ou si l'appât du gain valait de prendre le risque…

Un D20 si tu tentes d'ouvrir la première serrure. Pour la seconde, on verra en fonction du résultat

[Echo]

La tieffeline avait toujours eu confiance en ses capacités. Peut-être un peu trop d'ailleurs. Cela avait entraîné toutes sortes de situations déplaisantes qu'elle avait vainement tenté de gommer de sa mémoire. Malheureusement pour elle, elle faisait partie de cette catégorie de personnes qui ne semblaient pas apprendre de leurs erreurs. Ainsi, la logique aurait voulu qu'elle cherche tout d'abord l'artefact, le but même de sa mission, mais cela ne faisait visiblement pas parti de ses projets. Avec précaution, elle sortit une fiole au liquide bleu de son sac et en but une partie, suffisamment pour que ses mains ne se mettent pas à trembler pendant l'opération mais pas assez pour qu'elle se mette à voir des éléphants roses volant dans la pièce.

Ceci fait, elle s'appliqua à désamorcer le premier piège.

[5]

[Elzen]

HRP : dans ma grande bonté, je vais considérer que tu étais un poil au dessus de l'échec critique

Peut-être la drogue n'eut-elle pas l'effet désiré, ou peut-être eut-elle trop d'effet. Toujours est-il que les doigts de fée de la tieffeline ne remplirent cette fois pas correctement leur rôle. Dans une légère sensation de picotement, son outil lui échappa et tomba au sol, non sans avoir frôlé le déclenchement du piège. Les fils vibrèrent, mais par chance, rien ne sembla se déclencher. Chance était tout de même désormais consciente d'être passée tout près de la catastrophe…

L'outil toucha tout de même le sol en produisant un tintement assez net. Si quelqu'un se trouvait dans la pièce du dessous, il lui serait évident qu'il se passait quelque chose à l'étage. Peut-être serait-il plus prudent de ne pas rester trop ostensiblement ici…

[Echo]

Chance avait vu l'instrument lui glisser des doigts et frôler le déclenchement du piège au ralenti, comme dans un mauvais rêve. Elle n'avait pas bougé d'un pouce, convaincue qu'aucun de ses réflexes ne pourraient la protéger d'une déflagration et encore moins d'un nuage toxique et mortel. Elle attendit la sentence, respiration éteinte. Rien, simplement ce silence de mort. Alors, prudemment, comme si elle s'attendait à prendre la foudre à tout instant, elle se pencha et ramassa l'instrument. Toujours rien.

- On se reverra, murmura t-elle au piège intact qui semblait la narguer.

Mais pour l'heure, la tieffeline décida de faire preuve de sagesse et de quitter la pièce. Elle ne l'aurait avoué pour rien au monde mais la présence d'Augustin guettant les allers et venues des invités et domestiques près de cette pièce la rassurerait grandement. Elle avait besoin de lui, ainsi que du corbeau qui attendait sûrement encore là dehors.

Sans un bruit, elle entra dans la bibliothèque.