Les Antiques Cryptes

[Eldurvellir]

Eldurvellir ramassa le cordon de cuir tombé à terre. Mais effectivement ils n'avaient pas le temps de s'arrêter pour rhabiller le jeune Alexandre.

Il murmura à l'enfant :

- Tu permets ? Je vais te porter, je réajusterai ta tenue quand nous serons hors de danger.

Le mage coupa court aux inévitables récriminations du garçon, qui préfèrerait bien sûr être porté par sa soeur, en expliquant simplement les faits.

- Clémentine est habile au maniement des armes, moi pas. Elle doit pouvoir défendre le groupe, ce que je ne sais pas faire. Donc il vaut mieux que ce soit moi qui te porte. Fais attention à mon familier, elle est parfois atteinte de petites crises de jalousie... Mais là, il semblerait qu'elle soit endormie.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Lorsqu'Asmodeus lui fit sa suggestion, Alexandre le dévisagea avec des yeux ronds.
-Oui, ça va, monsieur. Mais, sauf votre respect, pas question que j'enlève ma robe !
Le temps que Silmandel l'aide à se relever, et c'était au tour d'Eldurvellir de se fendre d'une proposition. Le gamin la refusa tout aussi fermement que la précédente.
-Merci, c'est gentil, mais je peux courir tout seul !
De ses mains libres, il releva le vêtement de manière à ce qu'il ne traine plus par terre puis se rua à nouveau en avant, cherchant manifestement à rejoindre sa sœur.
Moins de deux minutes plus tard, ils atteignirent le croisement. Comme personne n'avait émis un avis contraire à celui de l'élu divin, Clémentine les mena dans un passage de dimensions plus modestes, bas de plafond et tout juste assez large pour que deux personnes y avancent de front. Leur colonne s'allongea donc considérablement mais ils purent y progresser sans encombres.
-Il va y avoir un corridor transversal ! lança bientôt la jeune fille. Une fois qu'on l'aura dépassé, il faudra ralentir : je connais moins ce secteur et il est probablement piégé !
A une bonne vingtaine de mètres derrière les derniers membres du groupe, le couloir qu'ils venaient de quitter s'illuminait sans cesse davantage, comme les flammes s'y faisaient plus nombreuses, plus vives... Et le sol tremblait plus que jamais.

[Asmodeus]

Asmodeus ne s’était pas réellement attendu à ce que le gamin accepte sa proposition mais, après tout, tant qu’il faisait un effort pour ne pas tomber à nouveau, l’élu divin n’avait aucune raison d’insister. Il serait toujours temps de lui faire troquer son aube trop grande contre une tenue plus à sa taille quand ils auraient pu ralentir, voire quand un endroit se prêterait à une pause. Ce n’était pas du tout, du tout le cas ici et maintenant : le démon ou ses sbires approchaient, cela ne faisait aucun doute. Le seul élément positif était qu’ils allaient bientôt tous devoir ralentir. Une injonction à laquelle Asmodeus était tout à fait prêt à obéir. Par nécessité principalement : la potion d’Eldurvellir, si elle avait eu quelque efficacité lors des premières minutes avait déjà montré ses limites et son souffle se faisait à nouveau court, l’incitant au silence. Il n'était cependant pas encore assez épuisé pour mettre son formidable intellect au repos et songea au corridor transversal. Il tenta de s'approcher des esclaves et de la tête du groupe : hors de question de se retrouver séparé des forces combattantes si quelque-chose sortait par là pour les surprendre.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Silmandel, dès qu’Alexandre était de nouveau sur pieds, remonta vers la tête du groupe. Il commençait toutefois à être difficile de se dépasser car l’espace se réduisait. C’était une bonne chose. Un démon, aussi fort qu’il puisse être, ne devait pas être capable de passer à travers les murs. Tout du moins, il fallait l’espérer. Pour l’instant, l’elfe se trouvait derrière Clémentine, au niveau d’Alexandre. Il se mit à surveiller ce dernier, éventuellement prêt à prévenir une nouvelle chute, mais si bientôt il fallait ralentir, ce risque allait diminuer.

[Eldurvellir]

Eldurvellir sourit au double refus du garçon. Il a du caractère, ce petit ! songea t-il. Tant mieux, c'est plus facile si Alexandre est capable de se gérer seul.

- Que signifient ces tremblements, damoiselle Clémentine ? Le savez-vous ? Y a t-il un rapport avec la destruction de l'idole de la secte ?

Il espérait que non. Contre la puissante magie d'une divinité, la leur serait très certainement insuffisante.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

-Malheureusement, je n'ai aucune connaissance en ces matières, avoua la jeune fille. Mais j'imagine qu'effectivement, une entité telle que celle vénérée par les cultistes ne doit guère apprécier qu'on s'en prenne à ses symboles...
Ils dépassèrent le fameux passage latéral : dans sa partie droite - en direction du grand tunnel qui sortait tout droit de l'antre de la secte et qu'ils avaient quitté depuis bien longtemps déjà -, il était lui aussi baigné par une vague lueur d'incendie et ourlé de petites flammes, quoiqu'ici, l'inquiétant phénomène paraisse plus ténu. En revanche, la vibration n'avait pas décru, et l'on entendait désormais, pas si loin que cela, des hurlements inhumains.
La tension était palpable au sein du groupe, et l'on sentait que nombre de ses membres n'avaient qu'une envie : prendre leurs jambes à leur cou. Mais détaler ventre à terre était impossible : Clémentine l'avait dit, ils allaient atteindre une zone probablement piégée. Pour l'heure, tous les fuyards se pliaient à ses consignes. Cependant, au moindre incident, il n'était pas impossible que certains se ruent en avant sans réfléchir...

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

La panique, c’était toujours synonyme de catastrophe. Cela, Silmandel le savait fort bien. Il l’avait constaté à maintes reprises. Cette panique à laquelle il était si résistant, il l’avait vue conduire à la mort des gens qui auraient dû s’en sortir. La panique, en cet instant, il la devinait, encore cachée mais prête à frapper. Toujours là quand il ne fallait pas, forcément, elle était connue pour ça. Et puis, on ne paniquait pas quand tout allait bien. L’elfe devait avouer que lui-même n’était pas très rassuré. Les cryptes devenaient infernales et c’était impressionnant. Ces flammes, ces tremblements, ces rugissements... Mais il gardait la tête froide. Pour l’instant, il n’avait qu’à suivre le mouvement, surveillant plus particulièrement Alexandre, objet de sa présence en ce lieu. Mais il ne voulait pas voir le groupe exploser à cause de la tension. Alors, voilà qu’il encourageait de la voix. Il l’avait forte et assurée.

« Tenez bon, vous autres ! On a de l’avance et un bon guide, on va s’en sortir ! Tout ça ne sera plus qu’un mauvais souvenir d’ici peu ! La liberté est au bout de la route ! »

[Asmodeus]

Bien, le couloir latéral était maintenant derrière eux sans que le groupe se soit dispersé. Tant que les difficultés se cantonnaient aux couloirs latéraux, il n'y avait aucune raison pour que tous ne continuent pas de l'avant, sous la direction de Clémentine. Asmodeus apprécia également les paroles de Silmandel : l'elfe ne cessait de l'étonner. Il l'avait d'abord cru frivole voire même franchement inconscient mais, depuis leur arrivée dans les catacombes, il démontrait une sagesse certaine et un pragmatisme tout à fait approprié. C'était ce genre d'attitudes qui pouvait faire la différence entre une fuite maîtrisée et une débâcle. L'élu divin y alla de ses propres mots, souhaitant renforcer l'effet de son complice :

- Tant que vous restez tous bien regroupés, les périls seront faciles à surmonter. Continuez tous ainsi et la liberté sera au bout du chemin.

[Eldurvellir]

Eldurvellir fut un peu surpris des affirmations de Silmandel et d'Asmodeus. Lui qui n'avait pas vraiment l'esprit de contradiction, mais il dut se faire violence pour ne pas dire ce qu'il pensait. C'est à dire l'inverse des encouragements de ses compagnons.

Selon lui, dans des couloirs que Clémentine ne connaissait pas, tout était à craindre. Non seulement les pièges étaient à craindre, mais que savaient-ils de la faune qu'ils pourraient éventuellement y croiser ? Ce n'était pas parce qu'un être était petit qu'il n'était pas dangereux.

Intelligemment il préféra garder ces idées sombres pour lui-même. La tension du groupe, palpable, exploserait s'il disait ses pensées à haute voix.

Tiamandis, sentant cette tension, semblait se réveiller. Le mage passa la main dans sa chemise et la caressa doucement. Presque instantanément, il se sentit moins angoissé.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

De rassurantes paroles prononcées avec conviction par deux personnages charismatique : voilà de quoi mettre du baume aux cœurs même les plus éprouvé ! Aussi la colonne, loin de se débander, demeura-t-elle soudée et poursuivit-elle sa lente progression. En deux occasion, Clémentine leur fit longer l'une des parois puis, après que le couloir eut effectué un virage serré, elle leur intima de s'arrêter.
-Bon, le secteur à venir me paraît littéralement truffé de pièges, annonça-t-elle. Je vais donc devoir partir en reconnaissance, et je vous demande de ne pas bouger d'ici. Rassurez-vous, cependant : je serai vite de retour.
L'attente serait peut-être brève, mais elle promettait d'être éprouvante. Certes, on ne voyait aucune flamme, aucune lueur d'incendie aux alentours. Certes, le grondement et les hurlements avaient sensiblement décru. Toutefois, ils demeuraient audibles...
D'entre tous, c'est Alexandre qui parut prendre le plus mal la nouvelle : néanmoins, il se maîtrisa assez et ni il ne protesta, ni il ne chercha à convaincre sa sœur de le laisser l'accompagner.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Face à la peur, l’attente était pire que l’action, car l’action représentait toujours une forme de diversion, quelque chose où se réfugier. L’attente laissait les esprits livrées à leurs angoisses. Silmandel détestait attendre, mais lui, c’était surtout parce qu’il était impatient.

Il observa le groupe. Maintenant que Clémentine s’éloignait avec sa torche, la lumière ne venait plus que de la rapière de l’elfe et du bâton d’Asmodeus. L’élu divin avait suivi son idée et encouragé les ex-esclaves. Il n’y avait pas à dire, leur duo fonctionnait bien. Il était aussi improbable qu’efficace. Et que penser d’Eldurvellir ? Un jeune mage assez étrange. Ses potions étaient plus utiles que ses pouvoirs. D’ailleurs, l’ensorceleur ne devait pas oublier qu’il pouvait compter sur ces fameuses potions, surtout que ses propres pouvoirs avaient presque atteint leur limite.

« Dites-vous que tous les pièges qu’on passe jouent en notre faveur. On tient le bon bout ! »

Une fois de plus, l’ensorceleur se servait des mots. Plus que jamais, il se prenait au jeu du héros. Il s’était adressé au groupe. Ensuite, d’un mouvement d’épaule, il attrapa son sac, puis se baissa pour arriver au niveau d’Alexandre. Rapidement, il chercha la robe de novice dans son bordel personnel, tout en parlant au garçon à voix basse pour que lui seul puisse entendre.

« Ta sœur m’a sauvé la vie. Alors je lui ai promis de sauver la tienne. J’aimerais donc éviter que tu y passes juste parce que tu portes des habits trop grand. Ce serait un peu... con, tu en conviendras. Prends ça à la place. Tu peux te cacher derrière moi si tu veux mais fais vite. Clémentine peut revenir à tout moment. »

Il lui donna la fameuse robe de novice. Certes, elle ne valait pas la tenue de la dame de la lune, mais elle était plus que correcte étant tout de même brodée d’argent. Elle devait aller au garçon puisqu’elle allait à Silmandel lorsqu’il avait diminué de taille à cause des cartes merveilleuses. L’elfe, en cet instant, agissait sans arrière-pensée. Il songeait avant tout à l’aspect pratique.

[Eldurvellir]

Eldurvellir, qui s'était approché du garçon après avoir sorti de sa poche sa lanière de cuir, la remit en poche. Silmandel était vraiment aussi surprenant qu'efficace.

Il enleva sa cape et la plaça devant Alexandre.

- Tiens, tu te sentiras mieux avec un semblant d'isolement, pour changer de vêtement à ton aise.

Le mage ne pouvait s'empêcher de songer au pire. Et si Clémentine tombait, victime d'un piège malgré ses capacités ? Et s'ils devaient partir de ce lieu avec leurs maigres ressources, tant en pouvoirs magiques et guerriers qu'en potions de soins ?

Eldurvellir reconnut une angoisse bien identifiable. Il avait faim. Peut-être serait-ce le moment de distribuer quelques galettes nutritives.

Tiamandis couina doucement. Elle aussi avait faim.

[Asmodeus]

Alors que ses compagnons entouraient de leurs soins le garçon, Asmodeus profita de cette pause plus ou moins bienvenue pour reprendre son souffle. Tout en respirant à grandes inspirations, il balaya leur groupe du regard, cherchant parmi les anciens prisonniers qui étaient le plus susceptibles de se rester calmes en cas de mauvaise rencontre. Certes ils s'éloignaient quelque peu des manifestations les plus visibles de ce qu'ils avaient réveillé mais l'élu divin préférait tabler sur la prudence et anticiper une embuscade. Même sans cela, il suffisait qu'un piège ne fasse des victimes pour que ce désordre organisé vire au chaos le plus complet. Pour toute ces raisons, mieux valait avoir évalué sur qui compter pour rétablir le calme avant qu'une de ces éventualités ne se produise. Son attention se porta naturellement sur les esclaves ayant saisi les armes. Comment réagissaient-ils à cette pause ? Semblaient-ils nerveux ? Lesquels se positionnaient pour entourer le groupe ? Autant de signes que l'élu divin cherchait à repérer et à analyser en espérant ne pas se tromper.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Le gamin observa alternativement Silmandel et Eldurvellir, puis il secoua la tête.
-Vous êtes vraiment super sympas de vous préoccuper de moi comme ça, messires, mais... Je vais pas quitter ma robe. D'accord, elle est un tout petit peu trop longue, mais c'est pas gênant, parce que quand je la tiens, elle m'empêche pas de courir. Et puis... Je crois qu'elle est magique et qu'elle me protège. J'en suis sûr, même ! Alors je vais la garder, désolé.
Il avait parlé d'un ton poli mais ferme, et ses interlocuteurs comprirent qu'il en faudrait beaucoup pour le faire changer d'avis.
Quant à Asmodeus, il ne lui fallut guère de temps pour constater que les quatre captifs armés étaient demeurés à l'arrière. Il Il lui en fallut d'autant moins que l'un d'entre eux tenait désormais une torche allumée. L'avait-il ramassée sur l'un des cadavres de cultistes ? Était-ce Clémentine qui lui avait donné l'une des siennes ? Impossible à dire. Quoi qu'il en soit, lui comme ses compagnons, manifestement peu à leur aise, semblaient malgré tout décidés à protéger ce côté de la colonne.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

« Ha, si elle est magique, c’est différent. Essaye quand même de ne pas tomber au mauvais moment, surtout s’il y a un démon furax sur nos talons. »

Sans cette précision sur la nature protectrice de la robe, Silmandel n’aurait pas compris. Là, en revanche, il prit le refus avec son habituel sourire. D’ailleurs, sa réplique était tintée d’humour. Remettant ses affaires en place, il se redressa. Rapière en main, il porta son attention dans la direction prise par Clémentine. Pour l’instant, il ne s’en faisait pas pour elle. Elle avait montré une grande efficacité durant la première partie de cette aventure. Il espérait juste qu’elle fasse vite.

[Asmodeus]

Asmodeus était satisfait de ses observations et, comme Clémentine tardait quelque peu à revenir, il reporta son attention sur l'échange que menaient ses compagnons avec le jeune garçon. Son hypothèse quant à son potentiel magique attira particulièrement son attention et elle pouvait bien s'avérer véridique au vu de la qualité du vêtement et de l'abondance de symbole qu'il arborait. Poussé par la curiosité, l'élu divin s'avança après avoir encouragé les hommes armés à garder leur position.

- Penser qu'elle te protège est une bonne chose. Le savoir en est une bien meilleure. Asmodeus souhaite examiner cet objet. Le laisseras-tu faire ? Cela ne te fera pas mal et tu n'auras pas à la retirer.

Si le gamin obtempérait, l'élu divin avait bien l'intention de lancer une détection magique sur sa robe et sa couronne. Cela ne servirait pas à en connaître les propriétés mais savoir que les vêtements étaient magiques pourrait s'avérer utile. Ne serait-ce que pour mieux comprendre pourquoi les cultistes l'en avait affublé.

[Eldurvellir]

Eldurvellir approuva de la tête. Et ressortit sa lanière de cuir.

- Dans ce cas, Alexandre, reprends donc ceci en guise de ceinture. Si tu tombes malencontreusement, tu auras tes deux mains libres pour te rattraper. Je pense que si tu ressens une protection, ce doit être la réalité... Mais ne perds pas de vue que ce peut aussi être une illusion.

Le mage sortit quelques galettes de son sac.

- Je propose que nous mangions un peu, ce qui aidera à notre bon moral. Je réserve naturellement quelques galettes pour notre guide, qui les aura bien méritées pour son courage et ses talents si précieux.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Le petit garçon écouta les paroles d'Asmodeus avec intérêt et curiosité : ces sentiments se lisaient aisément sur son visage, en même temps qu'une certaine hésitation. Après avoir remercié Eldurvellir pour le cordon de cuir et tout en le nouant autour de sa taille, il s'abîma dans une profonde réflexion puis finit, cette fois, par opiner du chef.
-Si ça vous permet de voir s'il est vraiment magique, et si ça l'abîme pas, je veux bien.
L'élu divin procéda donc à son incantation, et le résultat ne se fit pas attendre : il émanait, tant de la robe que de la couronne, une aura non négligeable. Mais déterminer la nature du pouvoir qui habitait ces objets réclamerait un examen plus long et plus minutieux.
Pendant ce temps, l'initiative du mage avait été accueillie avec enthousiasme et reconnaissance : bien des estomacs sonnaient creux, et ses galettes tombaient donc à point nommé.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

« Si ça se trouve, c’est Alexandre le plus en sécurité ! » plaisanta Silmandel, tout en mordant dans l’une des galettes offertes par Eldurvellir.

Puis, de nouveau, il se tourna vers la suite du couloir. Il se mit à l’inspecter de ses yeux d’elfe avec plus d’insistance. Le temps passait, seconde après seconde. Clémentine avait dit qu’elle serait rapide...

[Asmodeus]

Asmodeus s'empara lui aussi d'une galette mais ne fit qu'y mordiller non sans avoir manqué de remercier Eldurvellir. Finalement, le mage qu'il jugeait incompétent se révélait un bon logisticien. Une qualité utile dans ce type de situations, et dans une expédition en général. Cependant il ne projetait ni de s'ouvrir à son premier avis le concernant ni au second : cet énergumène pourrait se de l'un et se rengorger de l'autre. Et il avait plus important en tête :

- Alexandre, ces objets recèle une très faible magie en effet. Mais il y a de grandes chances que ces affaires soient maudites. Cela expliquerait que tu te sentes protégé et ne souhaites pas les enlever. Tu devrais essayer de les retirer pour qu'Asmodeus puisse exclure cette possibilité et les examiner de plus près. Si elles ne sont pas dangereuses, il te les rendra.

Bon, il improvisait, piqué par la curiosité mais il pensait bien parvenir à tromper un gamin de dix ans ! D'autant que sa sœur n'était pas là.

[Eldurvellir]

Eldurvellir mangeait distraitement, partageant sa galette avec Tiamandis, plongé dans ses pensées. Et quelles pensées ! regrets, inquiétude et angoisse se succédaient dans son esprit.

Pourquoi n'ai-je pas accepté l'inéluctable ? se morigénait-il. Pourquoi n'ai-je pas admis de vieillir, pourquoi ai-je voulu rajeunir en payant ceci de mes talents, de mon génie de mage, des sorts extraordinaires qui étaient les miens ?

Le mage sentit des larmes monter à ses yeux.

Me voilà dévolu à la logistique d'un groupe d'aventuriers, tous plus compétents que moi... Moi dont l'intelligence était admirée, moi qui était respecté pour mes vastes connaissances en divers domaines...

Brusquement il s'ébroua comme un animal trempé.

- Excusez-moi, je crois que je me suis endormi.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Un mensonge bien tourné et prononcé par quelqu'un disposant d'une aura certaine avait de fortes chances de passer pour la pure vérité. Et ce fut le cas. Du moins, les paroles de l'élu divin ne manquèrent-elles pas de troubler le gamin et de le plonger, à nouveau, dans une intense réflexion.
-Je crois pas qu'ils soient maudits, parce qu'ils sont dédiés à la Séluné, qui est une bonne déesse, soupira-t-il. En plus, les cultistes, ils ont dit qu'ils venaient de l'un de ses prêtres... Et si je veux les garder, ben, c'est juste parce que je les aime bien. Mais si vous pensez que c'est important de faire un test, d'accord.
L'instant suivant, il ôtait sa couronne et la lui tendait.
-Voyez, je peux l'enlever sans souci.
Il ne quittait pas Asmodeus du regard, preuve qu'il entendait bien récupérer l'objet au plus vite.
Silmandel, pour sa part, ne décela rien de particulier dans le couloir. Ni traces ostensibles d'un piège, ni signe du retour de Clémentine. Cependant, celle-ci n'était partie que depuis quelques minutes... Les autres membres de la colonne, eux, achevaient de manger tout en tendant l'oreille. On percevait encore le grondement, de même que, parfois, de terribles hurlements. Néanmoins, ces sons inquiétants ne s'étaient pas rapprochés.

[Asmodeus]

L'élu divin s'empara précautionneusement de l'objet, ressentant un picotement caractéristique avant de le retourner pour en examiner les inscriptions et en cherchant à mémoriser le moindre détail de l'objet non sans ressentir un certain dégoût. Il chercha à dissimuler ce sentiment en le faisant passer pour un tout autre aux yeux de l'enfant :

- Cela ressemble effectivement aux symboles de cette... divinité. Mais les démons et leurs adeptes sont fourbes : il ne faut rien croire de ce qu'ils disent, tu dois être bien placé pour le savoir. Tu as de la volonté cela dit mais c'est peut-être la robe qui est maudite : essaie de la retirer et Asmodeus sera tout à fait rassuré. Enfin... presque. Certains objets rendent leurs porteurs simplement fous. Ils peuvent s'en séparer quelques instants mais dès lors, ils ne pensent plus qu'à les remettre. Et cette dépendance devient de plus en plus forte à mesure qu'on les porte jusqu'à devenir une obsession. Ah, la magie des démons est décidément bien perverse !

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Le regard de Silmandel pivota sur Asmodeus. Il surveillait la scène avec une méfiance croissante. Il savait son compagnon capable de beaucoup, sans doute du pire. Pour cette raison, il avait déjà ressenti le besoin d’éloigner Clémentine de lui. A présent, il en allait de même pour Alexandre. Après tout, l’elfe était là pour le protéger, le sauver. Pour la couronne, cela allait encore. Pour la robe, non, il ne fallait pas exagérer. L’aventurier ne croyait pas à cette histoire de malédiction.

« Assez Asmodeus, laissez-le tranquille. Des objets maudits, j’en ai vue dans ma carrière et leur nuisance devenait vite manifeste. »

Certes, l’ensorceleur ne pouvait prétendre être un expert en matière d’objets maudits, mais il s’en fichait un peu. En cet instant, c’était surtout ce qu’il savait de l’élu divin qui le faisait réagir.

[Eldurvellir]

L'intérêt d'Eldurvellir fut soudain éveillé. Pourquoi Silmandel, qui semblait tout à fait s'entendre avec Asmodeus, doutait soudain de ses dires ? L'enfant avait-il raison de vouloir conserver sa robe ? Brusquement le mage sentit qu'il devait lui aussi donner son avis, mais il se sentait incapable de le faire, incapable de réfléchir, incapable d'avoir une certitude sur le sujet. Comment conforter l'enfant et le soutenir face à Asmodeux, ou le rassurer s'il devait abandonner un vêtement dont il sentait qu'il lui était bénéfique ?

Il décida d'être parfaitement sincère avec le garçon, conscient qu'il ne lui serait a priori d'aucune aide, mais l'aiderait peut-être à faire le bon choix.

- Alexandre, la déesse Séluné est bonne, mais es-tu sûr que ces cultistes le soient ? Comment sais-tu que la robe et la couronne sont liées à Séluné ? Il faut que tu sois conscient que les symboles peuvent être très proches, qu'un symbole de Séluné peut fort bien ressembler à celui d'une autre divinité, autrement plus dangereuse. Connais-tu suffisamment les symboles de Séluné pour être sûr que ce sont les bons symboles ?

Eldurvellir s'agenouilla près du garçon afin d'être à sa hauteur.

- Concentre-toi. Essaie d'imaginer quelque chose de terrible, afin de voir si la robe réagit et comment. Si tu entres en transe, n'aie pas peur, je te guiderai hors de ta transe. Mais de ton ressenti jaillira la vérité, et tu sauras si tu dois continuer à porter cette robe ou non.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Entre les interventions des uns et des autres, Alexandre ne semblait plus savoir ni que penser, ni où donner de la tête. Il demeura silencieux une longue minute, sourcils froncés, puis s'adressa à la dernière personne qui lui avait parlé, à savoir Eldurvellir.
-Je suis presque sûr que c'est le symbole de Séluné : j'en avais déjà vu, avant. Et puis, franchement, les cultistes ils avaient l'air tellement dégoûtés en touchant la robe et la couronne que je crois pas que c'était des objets démoniaques. Si ça avait été le cas, ils les auraient adoré, non ? Bon, ils pouvaient aussi jouer la comédie, mais j'ai pas l'impression qu'ils étaient très doués pour ça : ça se voyait tout de suite quand ils étaient contents ou pas contents.
Il lâcha un léger soupir.
-Enfin, si vous voulez, je vais penser à un truc terrible. Ça va pas être bien dur.
Il ferma les yeux, se concentra... frémit légèrement puis les rouvrit.
-Voilà, c'est fait. Mais rien s'est passé. Et j'aime toujours autant la robe !

[Asmodeus]

Asmodeus esquissa une grimace à l'adresse de Silmandel. Mais de quoi se mêlait donc ce maudit ensorceleur soudain ? S'improvisait-il en parangon de la justice et du grand bien cosmique ? Depuis le début, cet désagréable sensation de philanthropie dont il faisait preuve à l'égard d'une simple servante lui avait mis la puce à l'oreille. Et voilà qu'il se montrait bienveillant et paternaliste envers Alexandre. Alexandre auquel il ne faudrait pas plus d'une course de quelques mètres dans les souterrains pour découvrir que sa fichue robe dédiée à une catin céleste ne servait qu'à le ralentir. L'élu divin tenta cependant de rattraper le coup, se servant de l'intervention neutre du mage :

- Asmodeus persiste à penser que porter un objet qu'on n'a pas pris la peine d'identifier est des plus dangereux : au mieux, sa magie n'agit pas. au pire, on s'expose à de très mauvaises surprises. Et Asmodeus estime que c'est un très mauvais moment pour tenter le diable, sans qu'il veuille faire de mauvais jeux de mots. Allons petit : sois raisonnable et enfile donc la tenue de Silmandel. Asmodeus te rendra les objets dès qu'un représentant des arcanes en aura identifié les propriétés. Asmodeus le promet.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Décidément, Asmodeus était têtu, ce qui n’était guère une découverte. Silmandel n’avait pas spécialement envie de débuter un conflit, surtout pas avec lui. Il le craignait, il était très rusé. Et puis, il était quand même sansé être des alliés. Mais pouvait-il pour autant lâcher le morceau ?

« Allons, Asmodeus, il est évidant qu’il n’y a rien de maléfique dans cette tenue. Si elle rassure Alexandre, c’est déjà à mon sens une très bonne chose. Du courage, il risque d’en avoir besoin, comme nous tous d’ailleurs. S’il le faut vraiment, on réglera cette question hors de la crypte et en présence de Clémentine. C’est son frère, elle a son mot à dire. »

Ceci dit, l’elfe s’adressa au garçon :

« Au fait, où as-tu vue ces symboles ? Et sais-tu pourquoi les cultistes t’ont mis cette robe ? »

[Eldurvellir]

- Asmodeus, dit Eldurvellir en cherchant ses mots, loin de moi d'idée de vouloir vous offenser... Mais... Mais si l'enfant se sent bien dans cette tenue... Eh bien qu'il la garde... Je comprends votre souci, votre idée est probablement celle que j'avais moi-même : que cette robe risquait de mener, par quelque sortilège que nous n'avons pas identifié, les cultistes à Alexandre, donc à tout le groupe...

Il se remit à la hauteur du garçon.

- Ecoute-moi bien, Alexandre. Je pense que ce vêtement est ce qu'il est a priori. Mais si brusquement tu te sentais très mal dedans, il faudra sur le champ l'abandonner comme Asmodeus le préconise.

Le mage regarda Silmandel.

- Et je suis de votre avis, Clémentine a son mot à dire, c'est elle la responsable de son jeune frère. J'aimerais assez la voir de retour, marmonna t-il entre ses dents. Cela fait un bon moment qu'elle est partie en repérage.

[Asmodeus]

Asmodeus était écœuré par les bons sentiments qui semblaient animer ses compagnons d'aventure. Qu'il se soit lancé dans ce sauvetage d'enfant soit : l'exploration en elle-même en valait la chandelle, surtout si, au bout du compte, il parvenait à détruire cette secte qui souillait le lieu de repos des créatures de son maître. Mais défendre l'enfant comme s'il s'agissait d'une fin en soi le répugnait :

- Vos bons sentiments sont tout à votre honneur mais est-il nécessaire de courir un tel risque ? Eldurvellir le dit bien lui-même : si la robe n'a peut-être rien de maléfique, il est possible qu'elle attire les suppôt du démon. Allez-vous risquer la vie du garçon que vous êtes censé libéré parce qu'il pense s'y sentir bien ? Soit, Asmodeus ne devra pas être tenu pour responsable si les cultistes capturent à nouveau Alexandre parce qu'il est tombé ou les attirer sur lui.