[Bâtiment] L'assemblée du peuple luménien

[Kasumi]

Kasumi s’inclina devant le général avant de répondre :

- Je ne manquerai pas de me rendre au fort au plus tôt afin de raconter ce que je sais sur la menace des Sharites. Et je vous remercie de votre proposition. J’y répondrai mais pas avant quelques jours. Mon amie est en ville pour quelques jours et nous avons tous deux bien mérité quelques jours de vacances vous en conviendrait.

Il adressa un sourire chaleureux à Astrée et tous deux prirent congé des conseillers après les avoir remercié pour leur générosité. Kasumi et Astrée retrouvèrent leurs montures dehors et ils convinrent de se rendre sans tarder chercher leur or et le document qui ferait de la rôdeuse une citoyenne de la cité.

[Voyageuse]

Quête: chercheurs de sens

La visite à la bibliothèque, passionnante, avait été plus longue que prévue, et l'après-midi était déjà bien avancé lorsque Sam et Eldrina arrivèrent en vue de l'assemblée. L'amphithéâtre, visible de loin, était impressionnant de par ses dimensions. Après tout, il avait été autrefois conçu pour pouvoir accueillir l'ensemble des citoyens de la ville...
Ce jour-là, il était plutôt désert, à part quelques visiteurs venus ici par simple curiosité. Sam expliqua que les jours où le conseil y siégeait, il pouvait y avoir foule, surtout si des décisions peu populaires avaient été prises récemment. Tout citoyen pouvait prendre la parole pour demander des éclaircissements ou exposer une requête...

Le garde présent à l'entrée les regardait approcher. D'abord nonchalant, son regard se fit petit à petit hésitant, puis insistant. C'est Eldrina qu'il fixait. Pourtant la rôdeuse était à peu près certaine de ne l'avoir jamais rencontré.
Il se porta à leur rencontre.
- Veuillez m'excusez... On nous a chargés, mes collègues et moi, de retrouver une jeune demi-elfe dont la description vous correspond en tout point, qui se nomme Eldrina, et qui est arrivée tout récemment en ville. Serait-ce vous?

[missElder]

Quête : Chercheurs de sens

Une fois de plus, Eldrina fut impressionnée par les dimensions de l'amphithéâtre. Elle finirait sans doute par s'y faire, mais elle avait bien du mal à s'imaginer flânant tranquillement d'un gigantesque bâtiment à un autre sans y prêter attention.
Les explications de Sam sur le fonctionnement de la ville étaient très intrigantes, et elle médita dessus alors qu'ils s'approchaient de l'entrée. Elle avait du mal à saisir le fonctionnement général de la ville, plus exactement à comprendre comment cela pouvait s'organiser: de toute évidence les gens ne vivaient pas simplement chacun dans sa maison en bavardant avec le voisin; et plus elle visitait la ville, plus elle réalisait à quel point c'était une organisation complexe. Le principe de l'amphithéâtre était assez difficile à saisir. Qu'on ait le droit d'y parler de la politique de la ville, soit; mais comment diantre ils parvenaient à gérer ça avec le nombre d'habitants qu'il y avait dans la cité, voilà qui la laissait perplexe. Et parvenaient-ils vraiment à se faire entendre parmi tous ces gens? Il ne fallait pas être agoraphobe pour vivre à Luménis!

Plongée dans ses réflexions, elle n'avait pas remarqué l'attitude du garde et n'avait guère prêté attention à ses paroles. Elle sursauta donc lorsqu'elle entendit prononcer son nom dans la bouche de ce parfait inconnu, et lança un regard étonné à Sam. On parlait d'elle? Mais comment pouvaient-ils savoir qui elle était, alors qu'il y a quelques jours à peine elle était encore seule en pleine nature, sans personne qui la connaissait?

- Euh... Oui oui, c'est bien moi, fit-elle, trop surprise pour trouver quoi que ce soit de plus à lui répondre.

[Voyageuse]

Quête : Chercheurs de sens

Sam avait froncé les sourcils, et son regard allait d'Eldrina au garde, un peu interloqué. Puis il crut comprendre et se tourna vers le garde.
- C'est sans doute à propos de la tentative de cambriolage à l'auberge, j'imagine...
Le garde parut surpris.
- Une tentative de cambriolage? Je ne suis pas au courant... On m'a juste chargé de vous accompagner jusqu'au temple de Lathandre. Apparemment ils souhaitent vous voir rapidement, mais je ne sais pas à quel sujet. Ils ne savaient pas dans quelle auberge vous étiez descendue donc ils ont donné votre signalement à la garde...
Le fait que l'affaire n'ait rien à voir avec l'agression dont ils avaient été victime la veille parut décevoir quelque peu le jeune demi-elfe. Mais sa curiosité était plus forte que son sentiment sur les insuffisances des gardes, et il s'abstint d'ajouter le moindre commentaire...
- Je dois attendre encore une petite demi-heure avant que la relève arrive. Si vous voulez, je vous accompagnerai à ce moment-là, cela vous laisse le temps de visiter les lieux... à moins que vous préfériez vous y rendre par vous-même tout de suite ?

[missElder]

Quête : Chercheurs de sens

La rôdeuse avait elle aussi froncé les sourcils. Le temple de Lathandre, voilà qui était bien mystérieux, et elle se demandait ce qu'ils pouvaient bien lui vouloir. Ce n'était pas comme si elle avait quoi que ce soit à leur apprendre... Peut-être que Marvin avait un message à lui faire passer - mais non, voyons, il n'aurait jamais réclamé l'aide de la garde comme ça.
Mais ce n'était pas cette mystérieuse requête qui l'énervait. Non, c'était le fait que le garde considère comme acquis qu'elle allait le suivre aussitôt, comme si elle n'avait pas de vie à côté. Elle n'avait rien contre lui, mais cette attitude l'irrita; elle n'était tout de même pas tenue de lui obéir, que diable! Et puis, elle n'était pas tenue d'obéir aux Lathandrites non plus. Bien sûr elle n'avait pas d'impératif qui justifie un refus, et puis elle était curieuse de savoir ce qu'ils lui voulaient, mais tout de même, un peu plus de diplomatie et de respect de sa liberté n'aurait pas fait de mal.

Elle répondit donc qu'elle préférait finir sa visite d'abord. "Enfin, si ça vous va toujours", ajouta-t-elle à l'adresse de Sam.

[Voyageuse]

Quête : chercheurs de sens

Le garde ne parut pas le moins du monde s'apercevoir que son attitude avait été déplaisante. Il les salua alors que Sam entraînait la rôdeuse à l'intérieur de l'amphithéâtre.
Le bâtiment était impressionnant, et certainement très ancien, mais il avait été visiblement restauré peu de temps auparavant. Son guide lui expliqua que le bâtiment avait été détruit par le dictateur, et que sa restauration avait été l'une des priorités du nouveau gouvernement, au titre de symbole démocratique. On y voyait d'ailleurs les statues de plusieurs héros de la résistance qu'il se fit un devoir de lui présenter.

Lorsqu'ils ressortirent, la demi-heure était passée depuis un moment, et deux gardes étaient présents : la relève était arrivée. Celui qui était présent à leur arrivée s'avança vers eux.
- Ah, vous voilà... je commençais à craindre que vous n'ayez disparu ! Je vais vous escorter jusqu'au Temple, en coupant par le grand parc.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Venant du Temple de Sunie, Soren et Angèle purent entrer dans l'amphithéâtre de l'assemblée sans difficultés. Les gardes en faction leur demandèrent de déposer leurs armes à l'entrée — ils n'en avaient pas — puis les laissèrent se glisser dans les gradins. Il n'y avait pas grand monde, mais la paladine repéra l'estrade où siégeait un conseiller isolé. Une cinquantaine de personnes se pressaient aux premiers rangs, quelques autres se trouvaient à droite à gauche un peu partout sur les bancs. Elle repéra un homme endormi un peu plus loin à gauche. Des statues grandiloquentes encadraient les lieux, héros de guerre rocailleux aux mines pénétrées.
Soren se tourna vers elle.
" Alors ? On fait quoi ?"

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Le trajet jusqu'au temple n'avait pas été de tout repos et une nouvelle fois, Angèle eut l'impression d'être plongée dans la plus totale irréalité tant les habitudes sunites étaient aux antipodes des siennes. Plusieurs fois, elle sentit ses joues s'empourprer, et eut du mal à réprimer un rire nerveux à plusieurs reprises. Elle se sentait tour à tour charmée par ce calme chaos, puis totalement déstabilisée l'instant suivant. Elle regarda les bâtiments, trouvant au palais de justice une allure presque manostienne. Avant d'entrer dans l'assemblée du temple luménien, elle enleva discrètement la fleur dans ses cheveux mais la garda cependant en main, nichée au creux de sa paume.

Elle s'étonna qu'on les laisse entrer sans faire plus d'histoire que cela dans un de hauts lieux de pouvoir de la ville lumière. Elle regarda autour d'elle, les gens assemblés, les statues et le dormeur. Un lieu grandiloquent pour une assemblée à l'air détendue. L'exact opposé de Manost en somme.

"Je ne sais pas qu'est-il sensé se passer maintenant ? Ils attendent un débat ?"

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Soren lui prit la main et l'entraîna le long d'une allée, vers les gradins les plus bas.
" Je pense que c'est déjà commencé..." souffla-t-il, ravi.

Il bifurqua dans une rangée déjà relativement peuplée, salua et sourit en enjambant des pieds dans son chemin, tirant la paladine derrière lui. Quand elle s'assit, Angèle nota que leur entrée n'était pas passée inaperçue. Derrière la table d'honneur, sur l'estrade, une grimace légèrement amusée sur les traits, une elfe les observait. Magnifique dans une robe verte superbement coupée, le regard fier et les cheveux cuivrés, elle paraissait sans âge, comme la plupart des représentants de sa race. La paladine devina qu'il s'agissait de Dame Lathiriel Dithazir, conseillère luménienne. Soren lui adressa un petit geste et la conseillère leva les yeux au ciel, sans se départir de son sourire.

Devant elle se trouvait un homme d'une soixantaine d'années, moustaches élégantes et pourpoint bleu brodé d'or, qui s'adressait à la foule.
" Bon, soyons précis : l'uniforme actuel est bleu. Je ne dis rien, c'est beau, le bleu.
— C'est très luménien !
— C'est le rose, qui est luménien !
— Mais non, c'est le rouge !
— Le jaune !
— Le doré, je dirais. Pas le jaune poussin.
— Messieurs, s'il vous plait."
La voix impérieuse de la conseillère avait coupé court à l'arc en ciel de la conversation, et l'orateur adressa un sourire reconnaissant à l'elfe.
" Je proposerais donc de passer au violet.
— Violet ?! Mais pourquoi violet ?!
— Parce que... hum... ça fait un joli contraste avec la pierre de l'arche d'entrée.
— Un joli contraste ?!
— Mais quand ils patrouilleront ?!
— Ils ne patrouillent jamais !"
Soren paraissait ravi.
" Nous sommes tombés un jour faste. Très faste, Angèle. Je suis positivement en-chan-té !"

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Angèle avait été surprise de voir l'un des conseillers de la ville assister au débat. Drapée dans sa magnificence sans âge, elle avait souri au sculpteur. Dans le même temps, elle eut une vague idée de la raison pour laquelle Soren l'avait accompagnée : elle lui avait servi de prétexte pour se déplacer. Sacré sunite. Elle sourit malgré tout.

L'enjeu des débats la laissa vaguement plus perplexe. Choisir ... La couleur d'un uniforme ! Non, ce n'était pas possible. Durant quelques secondes, elle se demanda si elle allait se mettre à rire, pleurer ou tout simplement prendre ses jambes à son cou. Elle resta seulement muette, digne et droite à écouter Soren visiblement content de la tournure du débat. C'était étrange de voir une assemblée débattre de sujets si futiles. D'un coté rassurant. Pas de guerre, pas d'ennemis aux portes. Et de l'autre coté, totalement hallucinant. Surtout pour la tyrite qu'elle était, sans aucun doute.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Dame Lathiriel poussa un léger soupir puis retourna un sablier posé devant elle.
" Il vous reste un sablier pour conclure, Maître Timon, ensuite nous passerons au vote."
L'homme aux moustaches opina du chef.
" La marine et l'armée portent du bleu. Nous ne voulons pas que les gardes des lieux publics leur soient assimilés. Les gens doivent se sentir en confiance.
— Dites tout de suite que les Luméniens doutent de leur armée !
— Ou de leur marine !
— Non, mais... l'armée et la marine renvoient des idées guerrières ! Or Luménis n'a jamais été une nation belliqueuse !
— Ah non ? Demandez un peu au général Maelwedd !
— Ce n'est pas le sujet !
— Un demi-sablier.
— En donnant aux gardes des différents bâtiments administratifs une autre couleur, nous voulons que les gens les marquent comme des garants de leur sécurité, bienveillants... Le violet...
— C'est la couleur de Mystra ! N'est-ce pas une manière de pousser les Lathandrites encore un peu plus aux orties ?
— Nous n'oserions jamais faire une chose pareille !
— Passons au vote."
Maître Timon leva les yeux au ciel.
" Que les personnes qui se prononcent pour le changement de couleur des uniformes de la garde civile des lieux administratifs luméniens, en ce compris le Salon des Naturalisations, l'Assemblée, le Palais Présidentiel, le Palais de Justice, lèvent la main."
Une forêt de mains se leva.
" Contre ?"
Un bosquet de mains se leva.
" Abstentions ?"
Trois mains se levèrent.
" La motion est acceptée par 46 voix pour, 12 contre et 3 abstentions. Point suivant."
Soren sourit.
" J'en connais qui vont tomber de leur fauteuil. Mais je te rassure : ce n'est pas comme ça qu'on gère les vrais problèmes. Déjà, on ne ferait pas entrer 300 000 personnes dans ce petit amphithéâtre."

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Le sourire de Soren avait quelque chose d’irrésistible et elle ne put s'empêcher de sourire en retour.

"Moi qui croyais que la couleur des uniformes était un vrai problème.", dit-elle, incapable de réprimer une moue amusée.

"Il n'empêche, qu'il y avait un léger argumentaire, dit-elle après un léger silence, et que vos orateurs ont l'air de savoir mener un débat. J'aurais du mal à me mesurer à eux."

Elle était presque sérieuse.

"Et comment sont prises les décisions de grande ampleur ?"

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

" Et bien... Les requêtes sont formulées au conseil... Elles sont triées et mises à l'ordre du jour d'une séance ou l'autre, en fonction de leur portée. Les débats préliminaires, sans prises de décision, se déroulent ici, en l'absence des conseillers, mais avec l'un ou l'autre de leurs secrétaires, qui leur relaie le résumé des interventions. Les débats avec vote, comme aujourd'hui, nécessitent la présence d'un conseiller, deux ou trois en fonction de leur importance. Parfois ils s'étalent sur plusieurs jours, voire plusieurs veilles... avec des pauses, évidemment, et d'autres sujets qui s'intercalent. Aujourd'hui, c'est une séance futile, comme tu as pu le constater... Enfin, je ne devrais pas dire ça à voix haute. D'autant qu'un Sunite s'intéresse de près à l'allure de tout un chacun... Bref, une séance mineure, dirons-nous. Dans certains registres, le conseil seul se prononce, après avoir assisté à de nombreux débats. Dans d'autres, il a la possibilité d'organiser des referendums qui ont valeur de vote. Comme je le disais, on ne ferait jamais entrer toute la population ici... "
Il eut un sourire et un haussement d'épaules.
" Seules les personnes de nationalité luménienne ont le droit de vote. Et pour ce faire, il faut s'inscrire sur les listes à l'entrée. Toi et moi n'aurions ainsi pas pu prendre part à la décision qui vient d'être prise. Globalement, tu dois toujours te rappeler que le système est en cours de constitution et est amendé régulièrement. La démocratie luménienne antérieure était beaucoup moins participative : les citoyens élisaient des conseillers qui se chargeaient ensuite de tout le reste, sans jamais revenir à la base. Désormais, ces choses ont changé. Comme le conseil a conservé un pouvoir important, les décisions cruciales sont encore prises rapidement. Pour le reste... nous prenons le temps du désordre et de la discussion."

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Angèle écouta attentivement les explications, assez déstabilisée par le fait que chaque luménien puisse quelque part influer sur l'avenir de sa cité.

"Et sur quoi portera le prochain vote, voulut-elle savoir assez intéressée, ce n'est pas que ce débat haut en couleur n'était pas intéressant, bien au contraire mais ..."

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Soren se pencha sur une des personnes du rang précédent puis se redressa avec un parchemin entre les mains.
" Cela va rester relativement léger toute la journée, dit le Sunite en examinant ce qui ressemblait à un programme. Il y a une décision à prendre sur le phrasé d'une plaque commémorative dans le quartier portuaire, une question sur le type d'arbres à planter sur le terre-plein d'une avenue des beaux quartiers, la gestion des corneilles du Parc Verdoyant, le permis d'extension d'une taverne et les préparatifs du festival d'Herbeverte..."
Il se tourna vers elle.
" On peut aussi aller voir un procès ou... voir s'il y a un spectacle à l'Amphithéâtre... ou alors on teste les Thermes !"

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Le programme de la journée était fortement pour peu qu'on soit totalement littéraire et féru de nature ... Ce que n'était pas du tout la paladine. Elle songea qu'il était mieux de battre prudemment en retraite. Par contre, Soren semblait décidé à l'accompagner durant cette journée, ou peut-être la matinée et cela lui fit plaisir. Même s'il était presque son exact opposé, elle appréciait sa compagnie. Sa dernière proposition lui fit écarquiller les yeux.

"Les thermes ? Tu veux dire les bains ou tout le monde va se baigner ensemble ? Et tout nu ? Là, d'accord, tu m'as eue."

Elle le regarda attentivement.

"Non, en fait, tu ne plaisantes pas."

Un petit sourire penaud, elle reprit.

"Je pourrais te suivre dans votre salle d'eau commune ... Enfin ... Là ..."

Assister à un procès l'intriguait, simplement pour voir des avocats plaider. Mais ce serait peut-être pas la tasse de thé de Soren.

"Que préférerais-tu, toi ?"

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

" Bon sang, Angèle, ne fais pas ton indécise ! Dis-toi que dans quelques jours, il y aura une mer entière entre toi et cette ville... Que voudras-tu raconter à tes amis ? Que tu as batifolé avec un clerc sunite dans les thermes ? J'en doute. Tu as une réputation à maintenir, que diable ! Non, il faudra donc que tu décides. Personnellement, je ne suis pas contraire. Si quelque chose m'ennuie, je lorgne les corps. Un artiste a toujours l'oeil à l'affut. Donc pourvu qu'il y ait des gens, le reste m'indiffère."
Il la prit par la main et l'entraîna vers la sortie de l'Assemblée, s'excusant à nouveau comme ils enjambaient les pieds d'autres spectateurs.
" Cela dit, je dois être au Temple cet après-midi. Mais je peux te consacrer encore une heure ou deux..."

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

"Mais ce n'est pas une question de réputation, se défendit-elle à mi-voix surprise par la réponse de Soren une fois qu'ils eurent passé les portes, et ce n'est pas toi ... Tu es pour ainsi dire la seule personne devant laquelle j'ai enlevé mes habits après Melandis ... Alors les thermes ..."

Il voulait qu'elle décide. Hé bien ...

"Il y a un théâtre à Manost. Du moins, il a fermé quelque temps suite à un attentat contre notre conseiller. J'y suis allée, une fois. Il y avait très peu de comédiens, et certains acteurs s'étaient grimés en femmes pour essayer de donner le change. Morgan m'a toujours dit que Lumenis faisait beaucoup mieux. Si je me souviens bien, elle parlait justement de votre amphithéâtre."

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Le Sunite l'entraîna donc vers l'Amphithéâtre, situé un peu plus loin dans le quartier du gouvernement. Ils ne purent cependant y entrer : il n'y avait aucune représentation en matinée, mais Soren réserva une place pour Angèle dans l'après-midi, pour un spectacle qu'on promettait à la fois drôle et tragique, musical et spectaculaire. Ils déambulèrent ensuite dans la rue, jusqu'au Palais de Justice, dont le clerc poussa finalement la porte. Toutes les audiences n'étaient pas publiques, mais ils se glissèrent à l'arrière de la salle d'un procès pour meurtre. Le juge était une femme d'une cinquantaine d'années, les cheveux gris et la mine curieusement bienveillante. L'avocat de la défense interrogeait un témoin sur la manière dont la victime avait spolié l'accusé pendant les années de règne de Morféa Nwalk, menant ce dernier à se venger à l'heure de la libération. La paladine nota que le Sunite observait, comme annoncé, les visages et les attitudes. Elle le surprit même à esquisser des gestes comme s'il palpait un argile invisible. L'accusation essaya de déforcer le témoignage d'un voisin ou d'un autre, le juge dut intervenir put recadrer les débats, le meurtrier, un petit monsieur âgé à la mine inquiète, paraissait ne rien comprendre au ballet des hommes en toge autour de lui.
La séance fut ajournée pour permettre à tout un chacun d'aller se sustenter, et Soren entraîna Angèle jusqu'à une taverne voisine.

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Le procès la mit mal à l'aise, mettant en avant une dichotomie manifeste. Bien sûr, il y avait eu un meurtre, qui ne pouvait rester impuni. D'un autre coté, l'accusé avait été une victime du temps de Morféa Nwalk. Mais il avait tué ... Et ne semblait rien comprendre à ce qui se passait autour de lui. En tant que juriste, elle avait analysé et compris les stratégies de chacune des parties. Avait manqué objecter plusieurs fois en même temps qu'un avocat ou l'autre. Mais plutôt par pur réflexe. Le fait de se retrouver simple spectatrice exacerbait les émotions. D'ordinaire, elle savait s'en protéger, se réfugiant derrière une façade de marbre. Exacerbant auprès des autres sa réputation de glaciale. Elle était implacable et redoutablement efficace. Un véritable mur qui faisait grimacer la partie adverse à son approche. Même s'ils ignoraient que chaque procès l'empêchait de dormir jusque tard dans la nuit. Mais pour le moment, le palais de justice était loin, tout comme l'envie d'argumenter sur quoi que ce soit.

Elle avait suivi Soren, l'esprit encore ailleurs et avait manqué continuer sa route quand il s'était arrêté devant la taverne. Assise en face de Soren, elle lui demanda ce qu'encourait l'accusé. Il lui semblait que tout se jouerait lors des dernières plaidoiries. Il était difficile de se prononcer sur l'une ou l'autre des issues. Elle remercia le sculpteur pour ce début de journée passée en sa compagnie. Elle lui demanda quel était son programme pour la journée. Et voulut savoir si elle pourrait le retrouver le soir. La paladine en sourdine s'offusquait. Non, ce n'était pas sérieux.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Soren ne savait pas exactement ce que risquait l'accusé. Les affaires de la justice ne l'intéressaient pas, et il n'avait pas écouté les débats. Il savait que la peine de mort était devenue chose très rare, désormais, réservée aux cas de malfaisance avérée, émanant d'êtres que l'on imaginait irrémédiablement corrompus. Les châtiments luméniens avaient longtemps été inspirés du dogme lathandrite, lequel insistait sur les secondes chances et la capacité de chacun à s'amender, mais ces derniers temps, on disait la loi devenue plus pragmatique... en bien comme en mal. De nombreux Luméniens qui s'étaient laissés séduire par le tyran avaient par exemple été pardonnés, pour autant qu'ils entrent au service de l'armée exsangue, ou qu'ils se rachètent par le biais de travaux d'intérêt généraux. Mais Soren n'était pas spécialiste, loin de là.

Quant à son après-midi, elle serait consacrée à l'organisation d'une des célèbres journées de débauche sunites. Il y en avait toutes les veilles, de petite ampleur, et tous les mois, des orgies bien plus scandaleuses. Le sculpteur rassura Angèle : aucune n'aurait lieu dans les jours à venir. Elle pouvait bien évidemment le rejoindre à la nuit : il était toujours partant pour une étreinte chaste ou luxurieuse.

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Angèle s'entendit vaguement lui souhaiter de passer une bonne journée. Pas d'emphase, pas d'ironie, et elle n'avait pas l'air totalement choquée non plus. Comme si la part manostienne de son cerveau refusait d'assimiler ce qu'elle venait d'entendre. Une autre partie plus pragmatique se disait que les tyrites célébraient leurs dieux un bandeau sur les yeux parce que leur dieu était aveugle ... il n'y avait pas de raison que les sunites ne célèbrent pas leur déesse avec leurs ... non ... ses attributs. Une dernière partie disait qu'elle l'avait bien cherché, à courir après les sunites. En même temps, elle lui avait posé la question, et il lui avait répondu.

Elle espéra cependant ne pas rougir jusqu'aux oreilles. Et ne pas tomber dans la schizophrénie.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Soren lui souhaita de passer une bonne suite de journée, lui rappelant de ne pas manquer le spectacle qu'ils lui avaient réservé à l'amphithéâtre. Ensuite il la gratifia d'un baiser sur le front, fila jusqu'au comptoir payer leur repas, puis s'éclipsa dans la rue, profitant de la fenêtre pour lui adresser un clin d'oeil avant de s'éloigner. Angèle put à nouveau constater qu'elle n'était pas la seule à suivre sa silhouette du regard alors qu'il disparaissait dans la foule clairsemée du début d'après-midi.

Elle eut tout le loisir de terminer son déjeuner avant de regagner les rues ensoleillées de la capitale. Rien ne l'obligeait, bien sûr, à aller s'enfermer dans une salle obscure alors qu'il faisait si beau, mais sans doute devrait-elle rendre des comptes au sculpteur à la nuit tombée... A moins qu'elle ne trouve en elle la fantaisie d'improviser le résumé d'un spectacle qu'elle n'aurait même pas vu...

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Angèle fit semblant de ne pas avoir remarqué les regards. Mais la situation l'amusait plus qu'autre chose. Et la gêna un peu. Après tout, elle faisait partie du lot. Une partie d'elle-même se sentait fière que Soren se soit intéressée à elle. Elle avait vu une belle personne derrière la belle apparence. Presque son exact opposé. Mais elle était heureuse de l'avoir rencontré. Elle termina son repas.

Le soleil était doux, sublimant une fois de plus la ville lumière. L'idée de rester dehors l'effleura sans vraiment faire son chemin. Elle était curieuse et avait envie de savoir à quoi ressemblait une vraie pièce. Elle profita autant qu'elle le pouvait de la lumière mais disciplinée parvint à arriver à l'heure dite à l’amphithéâtre. Peut-être même un peu en avance.

[Lathiriel]

Eléasis 1384, troisième veille.
Séance de questions au conseil en présence des trois conseillers : Lathiriel Dizathir, Théobald Longuehune, et Gareth Maelwedd.

***

« Silence ! SI-LEN-CE ! »
Lathiriel Dithazir, réprimant un soupir, s’efforça de faire abstraction du garde qui s’époumonait, juste à côté d’elle. Depuis quelques temps, les séances à l’assemblée étaient houleuses, le silence difficile à obtenir. On réclamait, on exigeait, on contestait, on s’invectivait même… mais on n’écoutait guère les déclarations des trois membres du Conseil. L'elfe avait beau être habituée aux caractères et aux humeurs des humains, ces cris permanents l'agaçaient. Elle ne s'étonnait pas de l'absence de plus en plus fréquente de nombre de ses congénères à ces séances.

« Question suivante ? »
Une femme d’âge mûr s’avança. Les cheveux tirés en un chignon strict, une touche de maquillage sur le visage, vêtue d’une robe sobre et d’une étole, elle s’était visiblement mise sur son trente et un.
« Je voudrais poser une question au sujet des taxes…
- Votre nom ?
- Monica Delvallé… ancienne propriétaire de l’Améthyste, une bijouterie des quartiers ouest. Mon fils a pris notre suite...
- Bien sûr. Et… votre question, précisément ?
- Oui. Voilà...»
Elle se tritura les mains.
« Pendant la guerre, vous avez augmenté les taxes sur les ventes. On reverse près de vingt pour cent de notre chiffre d’affaire… C’était sensé être provisoire. Enfin, je parle au nom des commerçants du quartier, mais… on avait tous compris que c’était provisoire, pour financer l’effort de guerre...
- Oui, vous aviez dit que c’était juste pour financer la guerre, cria une voix dans la salle.
- Exactement ! Et là, ça commence à faire long pour du provisoire*!
- SI-LEN-CE ! Ou je fais évacuer la salle ! », tonna le garde.

La conseillère se leva calmement de son siège, s’apprêtant à répondre à la question sous-tendue par l’explication un peu laborieuse de l’humaine. Elle n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche.
« Et bien, après la guerre, figurez-vous qu’on doit financer la reconstruction, répliqua le général Maelwedd, sans se soucier de lui couper la parole. Et la sécurité intérieure, surtout ! Avec tous ces réfugiés qui ont afflué, on ne peut pas se permettre la moindre faille de ce côté-là !
- Parlons-en, de cette fichue guerre !, s’exclama une voix inconnue. Vous n’aviez qu’à ne pas y envoyer autant d’hommes !
- Avec tous les morts là-bas, pas étonnant qu’on manque d’hommes ici ! Et tout ça pour quoi ? Pour en plus accueillir toute la misère du monde ? on sait ce que ça donne...
- SI-LEN-CE !»
Le brouhaha décrut.

«*Nous sommes parfaitement conscients des efforts que nous demandons à la population dans son ensemble, et aux commerçants en particulier, répondit Lathiriel Dithazir d’un ton calme et mesuré. Nous nous engageons, bien sûr, à ne pas faire durer ces efforts plus que nécessaire. La guerre est finie, nos soldats sont rentrés, la construction est désormais bien entamée. Je penser pouvoir affirmer sans me fourvoyer que ces taxes vont enfin pouvoir baisser, probablement dès le mois prochain, par palliers successifs, jusqu’à retrouver à terme leur niveau d’avant-guerre.
- Ah, non, ce ne sera certainement pas dès le mois prochain !, s'exclama Maelwedd. Ne faites donc pas de promesses absurdes ! La Garde n’a pas encore l’effectif suffisant, l'armée manque d'hommes, on est en plein recrutement. Et je ne parle pas de la compensation des exonérations de taxes accordées par mon homologue aux navires de commerce, soi-disant en dédommagement du coût de la grève des Dockers…»
L'elfe vit le teint de l’amiral Longuehune virer au rouge brique, prémisse d’une de ses colères proverbiales.
" Parce que vous auriez voulu faire quoi, vous ?, tonna-t-il d'une voix si puissante qu'elle mit instantanément fin à tous les chuchotements de la salle. Laisser la situation pourrir indéfiniment, notre port complètement bloqué, et les commerçants déserter notre ville ? Il fallait une hausse des salaires des dockers… et l’effort ne pouvait pas être supporté uniquement par les armateurs !
- La grève aurait cessé s’ils avaient eu une position ferme en face d’eux. Personne ne peut vivre des mois sans salaire, et, si nécessaire, les réfugiés de guerre auraient pris le boulot à leur place avec joie ! Mais vous avez voulu négocier. Quelle absurdité. On ne négocie pas avec des voyous qui bloquent le fonctionnement de la cité !
- Ah, c'est sûr qu'avec votre sens aigu de la diplomatie..."

Lathiriel laissa un regard incrédule errer de l’un à l’autre. Ces humains étaient-ils donc incapable de maîtriser leurs humeurs ? Pourquoi fallait-il qu’ils se querellent en public, qu'ils affichent leurs désaccords sans se soucier de l’image désastreuse qu’ils donnaient de leur gouvernement ?
Elle avait honte pour eux.
Gardant une expression parfaitement neutre malgré sa désapprobation, elle leva les mains en geste d’apaisement.
« Ce n’est ni le lieu, ni le moment, siffla-t-elle entre ses dents. Reprenez-vous, bon sang !»
Longuehune, toujours rouge de colère, ouvrit la bouche pour répliquer vertement, puis parut réaliser le lieu où il se trouvait. Serrant les dents, il se leva brusquement de son siège et quitta la salle, sous les exclamations de stupeur de la foule.

Lathiriel réprima un soupir et garda un ton parfaitement calme, s’adressant à la requérante.
« Nous mettrons la question des taxes sur le chiffre d’affaire à l’ordre du jour de la prochaine session du conseil, je vous le promets. Soit après-demain. En attendant, pour aujourd’hui, la séance est levée », conclut-elle en s’adressant cette fois-ci à l’ensemble de la salle.

Elle fit signe à Maelwedd de sortir à sa suite, tandis que la foule quittait l’hémicycle en ordre dispersé. Les discussions leur parvenaient par bribe, mais elle devinait que le général Maelwedd se moquait éperdument de ce que pouvaient dire ceux qui avaient assisté à la scène. Il n’avait cure de ce que pensait le peuple : il avait toujours gouverné sans état d’âme, prenant les décisions qu’il estimait bonnes pour la ville sans se soucier des opinions de ses administrés. Ce genre de séance à l’assemblée, où on lui imposait de s’expliquer face à la populace, lui pesaient considérablement, il ne s’en était jamais caché. Et plus le temps passait, plus il semblait avoir de difficultés à se plier aux exigences d’un fonctionnement démocratique.

« MAELWEDD, DEMISSION !», hurla quelqu’un au-dehors.
Sous les fenêtres de l’Assemblée, un petit groupe de manifestants brandissait des pancartes.
Gareth Maelwedd ne sembla pas y prêter la moindre attention.

[Voyageuse]

Le garde descendit de sa monture et fendit la foule des badauds qui se pressaient devant l'entrée du bâtiment. Un tel rassemblement, ce jour-là, était tout à fait inhabituel. Mais la traditionnelle séance publique de questions, qui avait lieu chaque veille, avait été interrompue le jour précédent suite à un incident -un de plus- et la rumeur avait couru qu'elle allait, exceptionnellement, pouvoir se poursuivre aujourd'hui. Une rumeur infondée, bien évidemment.

On s'écarta avec empressement pour le laisser passer -ses insignes disaient qu'il n'était pas un simple homme de troupe. Mais une fois arrivé à la porte, au lieu de l'ouvrir comme chacun l'espérait, il y fixa un écriteau.

Mois de Eleinte 1384, sixième jour.

Suite à la démission conjointe de Théobald Longuehune et Gareth Maelwedd, conseillers de Lumenis, le Conseil est dissout ce jour. De nouvelles élections auront lieu dans un délai de huit veilles. Dans l’intérêt de la cité, les trois conseillers continueront à assurer leurs fonctions respectives à titre transitoire, jusqu'à la désignation de leurs successeurs par le suffrage populaire. En revanche, les séances publiques de questions à l’Assemblée sont suspendues.

Les citoyens lumeniens désirant présenter leur candidature au poste de conseiller ont cinq veilles pour se faire connaître, à compter de ce jour, par affichage public. Des panneaux seront prochainement mis en place à cet effet devant l’Assemblée. A l’issu de ce délai, des séances publiques de débat auront lieu afin que chaque candidat puisse se présenter devant le Peuple Lumenien et répondre à ses interrogations..

Conscient que certains, parmi les citoyens rassemblés ici, n'étaient pas capables de lire, il en fit ensuite la lecture à voix haute.
Puis, sans prendre la peine de répondre aux questions et aux exclamations qui fusaient -cela ne faisait pas partie de sa mission-, il remonta en selle et repartit au trot dans les rues.
Ce même écriteau devait être placardé à l'entrée de tous les édifices importants de la cité, sur toutes les places, dans tous les lieux de rassemblement du peuple. L'annonce devait également être relayée par voie de presse et par crieurs publics, chaque jour, pendant une veille.
Ensuite débuterait la période électorale, avec son cortège de débats et de projets plus ou moins insensés. Une période d'effervescence, qui s'annonçait rude pour les gardes de la ville.