[Lieu] Temple de Moandre

[Taliesin]

Taliesin resta un instant à l'observer, ému, puis, doucement, tout doucement, pour ne pas le déranger, il entreprit de les servir tout deux, versant thé et jus de fruit, remplissant des assiette de gruau, préparant quelques tartines... Quand il en eut terminé, il s'adossa le plus confortablement possible contre le mur et, tasse dans une main, petit pain dans l'autre, commença à déjeuner. Dans cet étrange décor, après les horreurs qu'ils avaient traversées depuis plus d'une journée, ce moment semblait aussi irréel que merveilleux, et il entendait d'autant plus le savourer jusqu'à la dernière miette que s'ensuivraient de nouvelles épreuves...
Merci de nous avoir offert cela, songea-t-il par devers lui, sachant très bien, cette fois, à qui il s'adressait.

[Galathée]

Rien ne vint les déranger : nulle succube affamée, nul vampire se dédiant, nul Bainite au flair de limier, nul fidèle de Moandre en mal de pourriture. Ils mangèrent en silence, profitant tranquillement de l'instant.
" Il manque juste une bonne flambée, remarqua finalement Baptiste. Ou alors peut-être même pas."
Il s'était restauré avec mesure, mais goûtant un peu de tout, comme s'il voulait retrouver un maximum de saveurs.
" C'est incroyable comme un bon repas vous réchauffe de l'intérieur... J'ai l'impression que je n'ai jamais rien mangé d'aussi délicieux. Faut dire que c'est peut-être vrai. La nourriture, à la commanderie, ce n'est pas exactement comme à la Bienveillance..."
Il se tourna vers le barde avec un sourire mutin.
" Est-ce que vous avez une chanson pour de nouveaux vêtements ? Ce serait pas de refus, je dois dire. Nous avons mauvaise allure, tous les deux."

[Taliesin]

-Je suis bien de ton avis. Mais l'idéal serait de profiter à la fois de nouveaux vêtements et d'un bon bain. Parce que dans notre état, on ne peut pas vraiment être discrets : on doit nous sentir venir à des lieux à la ronde.
Il sourit.
-Et le pipeau dispose d'un sortilège susceptible de nous procurer tout cela. Le souci, c'est qu'il est aléatoire : il ne fait pas apparaître ce dont on a envie, mas ce dont on a besoin, et la différence est parfois de taille. De plus, il est nécessaire de n'en user qu'à bon escient...
Il hésita... puis secoua la tête : s'en servir était prématuré.
-On va le garder en réserve, en cas d'urgence. Et puis, vu l'endroit où nous nous trouvons, nous serions sales et dépenaillés avant longtemps... Par contre, si tu trouves un rat, tu pourrais lui demander la direction d'une salle de bain grand luxe et d'une garde-robe bien garnie. On ne sais jamais, ça pourrait marcher !

[Galathée]

Baptiste se leva et épousseta ses genoux, veillant à ne pas salir la couverture.
" J'ai un peu essayé, pendant que vous dormiez, mais j'ai pas trouvé beaucoup d'interlocuteurs valables... Les insectes, c'est rigolo, mais ils comprennent rien à rien. Ils viennent, ils partent, et ils apportent des morceaux de champignon. Moi je peux pas juger de ce qui est bon ou mauvais, dans ces trucs."
Il haussa les épaules.
" J'ai vu aucun rat. Mais si j'en vois un, j'essaierai. Même si je suis pas certain de ce qu'est un bain, pour un rat. Faudrait pas qu'il nous ramène dans la mouise du temple de Baine."
Il paraissait désormais plein d'énergie, la nourriture lui avait manifestement fait beaucoup de bien.
" Moi je suis prêt."

[Taliesin]

-Donne mois une minute, et je le sera également.
Il rangea le pipeau dans une poche intérieure et les couvertures dans son sac puis, ayant passé celui-ci sur son dos, se dirigea vers les marches.
-En route, mauvaise troupe ! lança-t-il d'un ton léger.
Ils allaient suivre le couloir, en espérant qu'il ne s'agirait pas d'un cul de sac les obligeant à regagner le croisement et à pénétrer dans celui d'où provenait l'odeur perçue la veille.

[Galathée]

Le tunnel n'était pas un cul de sac, mais ils atteignirent rapidement un croisement. Deux nouveaux couloirs s'enfonçaient dans la pierre, un partant légèrement vers le bas, l'autre formant un angle doux vers la droite. Et le conduit principal continuait tout droit, bien sûr. Baptiste observa les trois directions avec une grimace, contemplant le tapis de champignons colorés, les moisissures, les lichens, les insectes, puis décochant une grimace à Taliesin.
" On aurait dû demander à Sven dans quel coin se trouvait le Temple de Moandre. Ça nous aurait peut-être donné une vague idée de la direction à emprunter. Mais peut-être que vous le savez, vous, si vous connaissez un peu Mélandis... Je dois dire que je sais à peine qui c'est. C'est pas exactement la divinité la plus connue du panthéon, même de ce côté de la mer..."

[Taliesin]

Il acquiesça.
-C'est sur, et je ne pourrai pas t'en raconter beaucoup à son sujet : les divinités maléfiques disparues, ça ne m'a jamais vraiment passionné... Je ne peux pas non plus te dire où se trouve son sanctuaire. Mais à mon avis, ce qu'on doit trouver, c'est un escalier permettant de gagner les niveaux supérieurs. Et il me semble qu'on a plus de chances de tomber dessus en restant dans les passages principaux.
Il songeait donc à continuer tout droit, à moins que le petit garçon n'y voie un inconvénient.

[Galathée]

" Sans doute, dit le gamin avec un sourire. De toute façon, ça peut pas être trop loin ni trop étendu, je suppose. Sinon tous les Mélandiens auraient des champignons multicolores dans leur cave."
Il s'engagea sur les traces du barde.
" Cela dit, c'est marrant, cette couleur... Ça ne fait pas très maléfique, je trouve. Je sais que c'est trompeur et que les insectes colorés sont souvent venimeux, tout ça, mais quand même... après toute cette mer... de crottes, sous le Temple de Baine... C'est presque enchanteur..."
Chemin faisant, ils étaient arrivés dans une partie du couloir où ne poussaient plus que des champignons jaune vif, qui dégageaient une odeur assez particulière, presque entêtante. Taliesin vit voler quelques mouches, et il lui sembla entendre un claquement, un peu plus loin. Ténu, cependant. Ce n'était peut-être rien du tout.

[Taliesin]

Peut-être. Mais il n'entendait prendre aucun risque. Ou, en tout cas, le moins de risques possible.
[color=#FFFFF66]-On va à nouveau se protéger la bouche et le nez, comme avant de descendre dans la fosse,[/color] annonça-t-il. On n'a plus vraiment de quoi mouiller le tissu, mais ce sera toujours mieux que rien si les fragrances émises par ces champignons ont des effets secondaires. Ensuite, on avancera prudemment, pour voir ce qui a produit ce claquement.
Évidemment, au préalable, il aurait tiré son épée...
Même si l'expédition était dangereuse, ils ne pouvaient en faire l'économie, dans la mesure où l'escalier tant espéré se trouvait peut-être dans cette direction. Et puis, vu la configuration des lieux, vu qu'il n'était pas possible de les prendre à revers - sauf si la succube où d'autres créatures des environs les avaient suivis -, Baptiste serait relativement bien protégé.

[Galathée]

Au moment où ils pénétrèrent dans la zone de champignons jaunes, mille spores s'envolèrent autour d'eux, défense dérisoire des organismes les environnant. Taliesin ressentit aussitôt un léger vertige, et Baptiste se raccrocha à son bras. Ils avaient bien fait de se protéger le visage et ils hâtèrent le pas pour traverser le champ entêtant. L'atmosphère se purifia aussitôt. C'était un rappel peut-être bienvenu du danger latent qui régnait dans ces couloirs d'apparence fantasmagorique. L'elfe dut cependant déchanter : la source du claquement ne lui apparut pas. Ils laissèrent deux nouvelles bifurcations derrière eux, se protégèrent d'une nouvelle colonie de champignons jaunes, puis soudain, Taliesin entendit quelque chose... C'était très léger, très discret... et encore lointain. Quelque chose se déplaçait plus loin devant eux. Quelque chose de plus gros qu'une coccinelle, un escargot ou un rat.

[Taliesin]

Taliesin aurait eu très envie de rebrousser chemin, pour éviter ce qui avait toutes les chances d'être une rencontre désagréable. Mais voilà : il fallait poursuivre l'exploration.
-Essayons d'avancer sans faire le moindre bruit, souffla-t-il à l'enfant. Reste bien derrière moi et surveille nos arrières...
A présent qu'ils avaient dépassé d'autres bifurcation, les risques d'être pris à revers s'étaient sensiblement accrus. Et ne voulait pas, surtout pas, que se reproduise la mésaventure qu'ils avaient connue lorsque, la veille, la vase les avait assaillis par surprise.

[Galathée]

Ils avancèrent prudemment, scrutant le couloir devant eux, baigné de sa lumière bleue. Le regard d'elfe de Taliesin perçut la silhouette le premier. C'était une forme humanoïde, qui semblait isolée. Elle ne progressait pas dans leur direction, mais à cette distance, il était impossible de voir si elle leur tournait le dos ou leur faisait face. Elle semblait... musarder. Elle ne produisait aucun son, sinon celui de son déplacement. Debout, puis accroupie, debout encore... Le barde devina que la créature, quelle qu'elle soit, procédait à la cueillette des champignons. Puis soudain, elle disparut au coin du couloir : sans doute avait-elle emprunté un chemin de traverse.

[Taliesin]

Les lieux étaient donc sinon habités, du moins fréquentés. En soi, ce n'était pas particulièrement étonnant. Mais demeuraient deux grandes questions : d'abord, qui était ce visiteur ou ce résident ? Ensuite, était-il seul ou appartenait-il à une communauté ? En ces domaines, Taliesin ne disposait d'aucun élément de réponse : il pouvait s'agir d'un fou ou d'un original isolé, d'un adepte de Moandre, d'un membre d'une tribu d'étranges êtres des profondeurs...
Bah, pour l'heure, ça n'avait pas encore beaucoup d'importance, puisqu'il semblait possible de continuer dans le couloir sans le croiser...
L'elfe reprit donc sa progression. Juste avant le croisement, il ralentirait le pas, jetterait un coup d’œil prudent puis, s'il ne notait rien de menaçant, repartirait.

[Galathée]

Il avança donc dans le couloir, Baptiste sur les talons. Le gosse lui tira cependant sur la manche lorsqu'il comprit qu'il avait l'intention de dépasser le croisement où s'était engouffré le promeneur des profondeurs. Celui-ci ne s'était pas enfoncé très loin : on devinait à nouveau sa silhouette, dans la pénombre lointaine.
" Est-ce qu'on ne devrait pas le suivre ? souffla le gosse à voix basse. Il va sûrement nous guider jusqu'à la sortie, non ? A moins qu'il n'en vienne..."
La piste serait facile à suivre, avec tous ces champignons écrasés. Comme la leur, en somme.

[Taliesin]

-Il peut aussi habiter ici, dans les profondeurs, et ne jamais remonter à la surface...
Il observa l'être, concentré.
-Mais tu as raison : puisque le hasard a mis un guide sur notre route, profitons-en. Et au pire, si cela ne mène à rien, nous n'aurons qu'à rebrousser chemin. Il faudra seulement veiller à ne pas attirer son attention. Mais si cela devait arriver malgré tout...
Il haussa les épaules.
-Et bien, nous verrons. Nous ne sommes plus chez les Bainites, cela n'est donc pas forcé de virer à l'affrontement. Peut-être sera-t-il possible de discuter, de négocier, voire de faire ami-ami... Oh, à ce propos : si tu vois que je me mets à endosser un rôle, à inventer une histoire... Entre dans mon jeu. Pour un barde, jouer la comédie est bien souvent le meilleur moyen de s'en sortir sans trop de dégâts.

[Galathée]

Ils s'engagèrent donc dans le couloir transversal qu'avait emprunté l'étranger. Il était difficile de glaner des informations supplémentaires le concernant sans s'approcher davantage, au risque d'être découvert : Taliesin ne pouvait savoir s'ils avaient affaire à un humain ou à une créature parfaitement capable de voir dans l'obscurité, sans compter que celle-ci était très imparfaite. Ce qui était certain, c'est que le promeneur progressait très à son aise. Il ne proférait pas le moindre son. Et puis, au bout d'un moment, Taliesin réalisa qu'il revenait en arrière, droit sur eux.

[Taliesin]

Bien sûr, ils avaient encore la possibilité de se replier. Mais s'ils commençaient, quand pourraient-ils s'arrêter ? Combien de temps avant que l'être, quel qu'il soit, ne remarque les traces qu'ils avaient laissées ? Sans compter que s'il voyait bien dans le noir, il les repérerait avant longtemps...
Et puis, il y avait également le risque de tomber sur quelqu'un d'autre, de se retrouver pris en étau.
Il hésita quelques secondes supplémentaires puis soupira.
Tant pis, il allait opter pour la rencontre. A son avis, elle se serait de toute façon produite tôt ou tard. Alors autant en prendre l'initiative...
-Reste bien derrière moi, Baptiste. Ainsi, si ça tourne mal, tu n'auras rien à craindre. Mais ça tournera peut-être bien...
L'instant suivant, il remettait son capuchon, rengainait son épée et, tout en cardant la main nonchalamment posée sur le pommeau, afin de pouvoir la tirer instantanément en cas de besoin, il lança, cordial :
-Salutations ! Ah, quel plaisir de croiser enfin quelqu'un en ces lieux magnifiques !

[Galathée]

L'être qui les suivait poussa un cri de surprise et s'arrêta aussitôt. Manifestement, elle — car c'était une femme — ne s'était pas attendue à trouver quiconque en ces lieux. Elle ne s'approcha pas davantage, gardant plusieurs toises entre eux, mais la vision d'elfe de Taliesin put percer les ténèbres pour mieux la distinguer. C'était une femme humaine, rousse, d'une trentaine d'années, qui portait une aube brune. Elle tenait d'une main un panier d'osier, lequel renfermait sans doute sa cueillette, et avait, de l'autre, posé la main sur le manche d'une masse, en parfait miroir de Taliesin.
Elle demeura silencieuse un moment, comme si elle le jaugeait.
" Qui êtes-vous ? Comment diable avez-vous pénétré en pareil endroit ?" finit-elle par demander, d'un ton autoritaire.

[Taliesin]

Ah, une humaine... S'il avait su, peut-être ne se serait-il pas dévoilé. Ou peut-être que si. De toute manière, il était trop tard pour changer de plan.
-Tout d'abord, je vous présente mes excuses pour la surprise que je vous ai causée, dit-il en s'inclinant respectueusement. Pour le reste... Je ne suis qu'un pèlerin venu admirer les jardins de Moandre et qui, pour ce faire, a emprunté la tortueuse voie des égoûts.
Vu sa mise, prétendre autre chose ne serait pas crédible.

[Galathée]

La femme grimaça.
" Par les égouts ? fit-elle. Vous voulez dire par le Lac Purulent ?"
Elle se pencha un peu sur le côté et sa mine parut franchement dégoûtée.
" Dites-moi, vous ne comptiez quand même pas sacrifier un gosse à Sa très Vénérée Putréfaction, si ? Pour que ce soit efficace, ça ne peut pas exactement s'improviser n'importe comment..."

[Taliesin]

Une clerc de Moandre. Le fait qu'il ait loué la beauté de l'endroit où ils se trouvaient n'avait donc pas été un mauvais choix.
-Oh, je suis bien conscient de ne pas disposer des connaissances nécessaires à l'organisation d'une telle cérémonie. Cependant, je ne compte pas sacrifier ce garçon : il est... mon apprenti, dirons-nous.
Hors de question d'obliger Baptiste à endosser un rôle d'esclave. Ce serait d'une cruauté sans nom.
-En tout cas, vous avez vu juste concernant l'endroit d'où nous sommes venus : nous avons bien émergé du Lac Purulent, ce qui explique notre aspect.

[Galathée]

Elle paraissait toujours perplexe et gardait ses distances. Sa main n'avait pas quitté le manche de sa masse.
" Les Bainites ne vous ont pas prévenu de ce qui vous attendait en dessous ? fit-elle avec circonspection. Ce n'est pas leur genre de laisser passer des gens..."
Son regard se rétrécit.
" Qui vous a parlé de ce chemin ? Des jardins de Moandre ?"

[Taliesin]

Lui-même avait ostensiblement éloigné la main du pommeau de son épée.
-D'antiques manuscrits et de vieux parchemins, dit-il, toujours aussi affable. Les écrits de jadis évoquent bien des mystères a qui prend le temps de les lire. Or, je suis féru de mystères. D'ailleurs, j'ai profité de cette excursion dans le sous-sol mélandien pour en découvrir d'autre. Ainsi n'est-ce point par le temple de Baine que je suis arrivé jusqu'au lac, mais d'abord par les cryptes, puis par ce qui m'a semblé être une partie des égouts.

[Galathée]

Cette révélation laissa la prêtresse muette un instant.
" Oh, fit-elle. Hum. Un nouvel itinéraire... C'est pour le moins... intriguant. Je serais très... intéressée que vous m'indiquiez le chemin que vous avez emprunté. Sur plan, bien sûr. Je gage que vous ne serez pas enchanté à l'idée de refaire la route à l'envers."
Elle les scruta à nouveau, soupçonneuse.
" Puis-je m'enquérir de votre... dessein ? Nous autres, Moandrins, n'avons pas l'habitude... des visites imprévues. Rares sont ceux qui louent encore le Seigneur de la Putréfaction."
Elle eut un soupir résigné, mais son regard demeurait aiguisé.

[Taliesin]

-Rares sont les sages, en ce bas-monde, répondit-il, fataliste. Les gens ne croient que ce qu'ils voient, que ce qu'ils sentent... Mais, à titre personnel, je me garde de manquer de respect aux dieux que l'on dit mystérieux, et en particulier à Moandre. N'est-il point revenu à plusieurs reprises, par le passé ? Ne peut-on encore contempler son œuvre ? En particulier ici, où sa splendeur est sans égale ?
Il sourit.
-Quant à mes desseins... Ces jardins constituaient l'ultime étape, le bouquet final de notre expédition, et je comptais simplement remonter à la surface. Je sollicite donc humblement la permission de gagner les niveaux supérieurs de votre sanctuaire. Néanmoins, si notre présence en ces lieux n'est pas souhaitée, nous rebrousserons chemin : je ne veux vous causer aucun dérangement.

[Galathée]

" Il n'y a aucun problème, je peux vous guider jusqu'au dehors, dit la femme, affable. C'est toujours un plaisir pour nous que de rencontrer des fidèles... même s'ils sont simplement pragmatiques."
Elle leur fit signe de rebrousser chemin.
" Je vous en prie, remontez donc le couloir jusqu'au prochain croisement. J'ai encore quelques champignons à ramasser et quelques oraisons à prononcer."

[Taliesin]

Taliesin lui sourit à nouveau puis s'inclina.
-Grand merci, Dame. Nous vous attendrons.
L'instant suivant, il prenait la direction indiquée d'un pas tranquille. Mais il n'en oublia pas de rester vigilant. Car son manège avait pu marcher... comme échouer. Car la prêtresse avait peut-être, les concernant, d'autres intentions que de les mener bien gentiment jusqu'à la lumière du jour...

[Galathée]

Elle les laissa prendre de l'avance, une saine avance, sans les suivre. Taliesin devinait qu'elle les observait. Puis il entendit, murmurées, les premiers mots d'une incantation. Une lumière verdâtre avait déjà commencé à entourer la jeune femme, tandis qu'elle psalmodiait. Le barde n'était pas complètement novice en matière de magie, et il était capable de reconnaître de nombreux sortilèges. Il n'était cependant pas particulièrement doué en magie divine, aussi ne put-il pas identifier exactement de quoi il s'agissait. Mais c'était un sortilège de l'école d'évocation. Mais ni un projectile magique, ni une boule de feu, ni rien d'offensif, en réalité... C'était un sortilège de communication. Relativement puissant. Il était encore possible de l'interrompre, certainement, mais cela lui indiquait que la prêtresse qu'il avait rencontrée n'était pas novice...

[Taliesin]

Il ne fit pas mine de n'avoir rien remarqué. Au contraire : il la regarda franchement.
Puis il se détourna et continua tranquillement sa route, comme si l'incantation ne l'étonnait guère. Après tout, n'était-il pas légitime qu'elle veuille communiquer avec ses pairs, afin de les prévenir qu'ils avaient des visiteurs ? Voilà ce que se serait dit l'homme que le barde prétendait être.
Naturellement, il pensait que sa comédie avait lamentablement échoué. Néanmoins, ça n'était pas tout à fait une certitude : dès lors autant la continuer jusqu'au bout et se tenir prêt à réagir... lorsque se produirait la catastrophe qu'il avait provoquée.
Ah, mieux aurait valu qu'ils se replient sans bruit !
Décidément, il prenait toujours les mauvaises décisions...

[Galathée]

Taliesin l'entendit parler à voix basse puis, assez rapidement, elle leur emboîta le pas, un sourire plaqué sur les lèvres. Elle ne chercha pas à se justifier, demeura légèrement derrière eux, comme si elle n'était pas certaine qu'ils étaient complètement inoffensifs. Taliesin nota qu'elle surveillait notamment le pommeau de son épée. Elle n'avait pas lâché sa masse.
" Il faut prendre à gauche." dit-elle, confirmant ce qu'avait supposé le barde, plus tôt.
Son regard tomba sur Baptiste, une seconde, et le barde eut l'impression qu'elle n'était pas impressionnée par ce qu'elle découvrait.
Ils étaient arrivés au croisement.
" Etes-vous à Mélandis depuis longtemps ?" demanda-t-elle, à nouveau affable, tout en demeurant à bonne distance de l'elfe.