[Quête] Dans lÂ’ombre des merveilles

[Le Façonneur]

Hélas, cette porte n’était en rien différente de celle donnant sur la pièce au chaudron. Heureusement que Maël y allait précautionneusement car il put tout de suite arrêter son geste lorsqu’il perçut le début du grincement. A l’intérieur, il y avait du bruit, on ne semblait pas avoir entendu la porte. La femme poussait des cris étouffés. Il y avait aussi des sons de lutte, des sons de chaînes et d’autres impossible à identifier clairement. La sorcière exhortait son serviteur à se dépêcher et, à la fois, à faire attention à ne pas abimer le cobaye.

« Mais que tu es lent ! Mais que tu es maladroit ! Je vais finir par te remplacer si tu me sers avec tant de médiocrité ! Je suis entourée d’incapables ! »

[Maël Maëviàn]

Une porte qui grince était peut-être signe qu'elle était abîmée, et un sortilège de réparation aurait peut-être pu y remédier ; néanmoins, la chose paraissait trop improbable pour que le druide ne décide de la tenter. En revanche, les bruits de luttes, gémissements et autres jurons offriraient peut-être une diversion sonore suffisante pour que les grincements passent inaperçus. Guettant le moindre signe indiquant qu'il était repéré, Maël tenta donc de pousser cette porte aussi doucement que possible, espérant pouvoir la bouger juste assez pour se faufiler à l'intérieur…

[Le Façonneur]

HRP : au fait, pourrais-tu mettre le lien de ta fiche dans ta signature stp ? Cela serait plus pratique pour moi.

Une porte qui grinçait, cela pouvait surtout venir des gonds mal huilés. Quoi qu’il en soit, Maël continua d’ouvrir cette fameuse porte avec mille précautions. En y allant vraiment doucement, et en profitant des bruits venant de l’intérieur, il arriva à entrebâiller l’un des battants sans être remarqué. De ce qu’il pouvait désormais voir, la pièce était plus vaste que celle du chaudron, mais moins que celle de l’arbre. Des lueurs azurs dansaient sur les murs, tout comme les ombres de la bêtes colossale préparant la femme à un sort peu enviable. Le druide était à présent en mesure de se faufiler. Toutefois, il devait bien être conscient que les risques qu’il allait prendre étaient grands. Le serviteur de la sorcière était à lui seul une force de la nature, en tout cas en apparence. Difficile de lui faire face. Et la sorcière elle-même était capable de créer des êtres hybrides, des abominations. Son savoir magique était forcément plus que conséquent...

[Maël Maëviàn]

HRP : mes excuses, un oubli.

Pour accomplir la mission qu'il s'était confié, un affrontement avec cette sorcière serait sans doute inévitable : il paraissait peu probable de rendre la paix à la région sans combattre celle qui semblait être la source de ses troubles. Il était cependant possible de différer cet affrontement à une situation plus favorable… mais ne pas intervenir, c'était laisser cette personne connaître un sort peu enviable, ce qui n'était guère dans ses goûts.
Peut-être pouvait-il cependant intervenir de manière mesurée, sans prendre trop de risques ? Il perdrait peut-être, pour plus tard, un effet de surprise ; mais d'un autre côté, si le lapin connaissait sa présence, il était probable que d'autres soient au courant également. Et cela pouvait lui apporter quelques informations intéressantes sur les réactions de la sorcière.

Tout dépendait, en fait, de la configuration : s'il lui était possible de se glisser dans la pièce sans être remarquer, et si la femme pouvait être libérée assez rapidement, une brume magique pourrait couvrir ses actions le temps nécessaire…

[Le Façonneur]

HRP : merci

Malheureusement, Maël n’était pas en mesure d’obtenir ces informations. Le battant de la porte était tout juste assez écartée pour lui permettre de se faufiler. L’entrebâillement lui offrait un angle de vu relativement restreint. Il voyait un mur, des lueurs bleutées assez surnaturelles, les ombres de la bête colossale, de la pauvre femme et de ce qui devait être une partie du mobilier. Le druide, en se décalant autant que possible, aperçut aussi le bout d’une table. Elle devait occuper le centre de la pièce. C’était là que le futur cobaye était enchaîné, sans doute. Les préparatifs, désormais, étaient d’un autre ordre. Le massif serviteur paraissait régler du matériel. Il y avait des décliques métalliques.

« J’ai presque terminé, maîtresse. Je fais au plus vite. »
« C’est trop lent ! Et fait attention, il faut que ce soit parfaitement calibré ! »
« Je sais, je sais... »

Et voilà que l’homme sentit qu’on l’observait. Cela ne pouvait venir que de derrière lui...

[Maël Maëviàn]

Maël était sur le point de se faufiler dans la pièce pour tenter d'en apprendre plus, lorsqu'il sentit le regard se poser sur lui. Avait-il donc trop traîné ? Il s'agissait probablement du lapin ; néanmoins, en de telles circonstances, ce n'était guère une bonne nouvelle. Dérangé, il perdrait un temps pécieux. Après une fraction de seconde d'incertitude, il se retourna cependant vivement, lance toujours à la main, prêt à faire face à d'éventuels gardiens…

[Le Façonneur]

Maël avait deviné juste, il s’agissait effectivement du lapin. Il se tenait à côté d’un des braséros, l’air passablement irrité. Sitôt que le druide ce fut retourné, il lui adressa un vigoureux signe de tête, une négation sans équivoque. Puis, toujours avec cette vigueur colérique, il désigna du doigt la salle de l’arbre, celle qui faisait office de croisement. Il ne dit pas un mot, sans doute était-ce trop risqué. L’instant d’après, il se volatilisait.

« Voilà maîtresse, c’est presque prêt », affirma le serviteur, de l’autre côté de la porte.
« Presque... » reprit l’acariâtre sorcière.

[Maël Maëviàn]

Bon. Il paraissait évident que le lapin souhaitait que Maël rebrousse chemin. Mais était-il de bon conseil ? Il l'avait, certes, aidé avec l'énigme de la colonne ; mais le reste de son comportement n'avait pas été particulièrement apte à inspirer confiance. Et la sorcière avait explicitement mentionné qu'il avait pour tâche de lui amener de nouveaux cobayes. Néanmoins, si tel avait été son but, il n'aurait eu qu'à hausser le ton, et réduire à néant l'unique avantage du druide, qui était son effet de surprise. Quels que soient les pièges qui pourraient se trouver là-bas, ils ne seraient sans doute pas pire que ce que la sorcière et son bestial domestique auraient pu faire en passant à l'offensive. La situation était loin d'être idéale pour une bataille. Fallait-il néanmoins laisser leur prisonnière à ce qui promettait d'être un bien triste sort ? Mais l'elfe avait parlé de sa nièce, et elle semblait elle-même bien jeune ; il paraissait donc peu probable qu'il s'agisse de cette femme adulte ; et si se faire tuer en tentant vainement de sauver une prisonnière n'était guère réjouissant, le faire en laissant une enfant prisonnière l'était encore moins. La sorcière avait cependant mentionné ne plus avoir d'autres cobayes : était-il déjà trop tard ? Mais il y aurait peut-être moyen de revenir en arrière, et ces curieuses transformations n'étaient peut-être pas irréversibles…
Tout à ces pensées contradictoires, Maël jeta un dernier regard par l'entrebaillement de la porte, avant de rebrousser chemin pour s'engager dans le troisième couloir, suivant presque malgré lui l'injonction silencieuse de son guide.

[Le Façonneur]

Sitôt Maël de retour dans la vaste salle circulaire de l’arbre de pierre, le lapin s’adressa à lui. Malgré sa petite voix, il était si furibond qu’il pouvait intimider. Son regard, surtout, avait de quoi faire peur.

« Fieffé abruti ! Sinistre crétin ! Je commence à me dire que c’est le nain que j’aurais dû garder ! Tu étais prêt à y aller en plus ? Je rêve, non mais je rêve ! Je suis tombé sur le druide le plus suicidaire de tout Toril ! C’est la dernière fois, la dernière, que j’essaie de te guider ! Pigé ? Alors je vais être bien clair, cette fois-ci, parce que j’en ai vraiment assez d’être cette chose ridicule à longues oreilles ! »

L’aberrant animal se tenait debout, au pied de la sculpture d’arbre. Les lucioles bleutées lui tournaient autour. Les bras croisés, il poursuivit sur le même ton colérique.

« Si je le veux, je t’écrase avec mon petit doigt. Et la sorcière, elle, peut faire de même avec moi. Alors, imagine ce qu’elle peut faire avec toi ? T’as pas la moindre chance face à elle ! Pas la moindre, enfonce-toi ça bien profond dans le crane ! A l’instant même où elle aura conscience de ta présence, tu es foutu ! Si tu veux rendre service à la forêt, et à nous autres qui avons été transformé, c’est pas comme ça qu’il faut s’y prendre ! La sorcière a besoin d’un livre pour mener ses expériences. Or son sanctuaire est protégé, je ne peux pas moi-même m’y rendre. C’est toi qui doit voler ce livre et me le passer. Et moi, je fais en sorte que tu reste en vie, comme je le fais depuis le début. Car sans moi, ce serait déjà terminé, sois-en assuré ! Tu sais, je prends des risques en t’aidant, je joue un double jeu. Je suis sensé te livrer à la sorcière, comme tous les autres curieux qui viennent dans le coin. Ne me fais pas regretter ces efforts ! »

[Maël Maëviàn]

Se faire ainsi remonter les bretelles par un lapin avait au moins le mérite d'être quelque chose d'assez rare. Au moins, son esprit semblait en meilleur état que quelques temps plus tôt ; restait à espérer que lui faire confiance était une bonne chose.

« Il se trouve que les druides, laissés à eux-mêmes, ont une fâcheuse tendance à n'en faire qu'à leur tête… Je n'ai aucun moyen de lire dans ton esprit : si tu sais ce que j'ai à faire, il vaut mieux ne pas attendre que je le devine. Aussi, pour éviter un nouvel impair : que peux-tu me dire sur ce livre et sur les protections qui l'entourrent ? Plus j'en saurai, plus grandes seront mes chances de te le rapporter. »

[Le Façonneur]

« Il n’y a pas grand-chose à savoir », reprit le lapin, quelque peu calmé. « Le trajet vers le sanctuaire est facile à trouver. C’est toujours le passage le plus grand, le plus vaste. »

Il désigna du doigt le large couloir, le seul actuellement que le druide n’avait pas encore exploré.

« Je suis en mesure de neutraliser les pièges jusqu’au sanctuaire. Une fois à l’intérieur, ne touche à rien, prend juste le livre. Tu ne peux pas le louper, il a une couverture verte gravée de symboles faisant penser à des arbres. Quand tu l’auras fait, une alarme magique se déclenchera. Dès lors, il faudra aller très vite. Retourne à la sortie du sanctuaire, je t’y attendrais. Je ferais diversion pour te permettre de fuir. De toute façon, la sorcière préférera me poursuivre moi, plutôt que toi. Ho, petite précision, je ne t’ai jamais dis tout ça, ça va de soi. D’ailleurs, j’aurai aimé que tu trouves par toi-même, mais bon... Parfois, j’oublie que je suis plus intelligent que le commun des mortels... »

[Maël Maëviàn]

« Il va de soi que nous n'avons jamais eu cette conversation. Pas plus que tu ne m'as éclairé sur quelques petits autres points de détails : vais-je entendre cette alarme magique, et si oui dois-je me préparer à un son particulièrement violent ; celle-ci se déclenchera-t-elle dès que je toucherai le livre, ou lorsque je le soulèverai de son support ; et devrai-je te le remettre avant ou après ta diversion ? »

Il n'était pas spécialement un voleur, mais parvenir jusqu'au livre pouvait s'avérer dans ces cordes. La question de savoir si le lapin était digne de confiance au point de lui confier un pouvoir magique aussi grand était plus difficile à trancher ; mais peut-être aurait-il le temps d'y réfléchir autrement que dans l'urgence. Et compte tenu de la description du livre, il n'était pas impossible, s'il pouvait le manipuler, qu'il parvienne à en comprendre quelques éléments qui faciliteraient cette décision…

[Le Façonneur]

« Pour l’alarme, je sais juste que le livre est protégé ainsi. Je n’ai pas plus de détail. Comme je te l’ai dis, je ne peux pas entrer dans le sanctuaire, je n’ai donc pas pu vérifier. Plus vite tu me l’aura donné, mieux ce sera. De toute façon, je t’attendrais à l’entrée du sanctuaire. »

Le lapin avait à peine achevé sa tirade qu’un bruit étrange, dérangeant se fit entendre. Cela venait du couloir où se trouvait la sorcière. Un phénomène magique était en train de se produire. La demoiselle hurlait et la vieille récitait des paroles ésotériques. Un masque de peur apparut sur le visage du lapin. Sans doute de mauvais souvenirs... Il se reprit toutefois.

« Allez, vas-y, il est plus que temps ! »

L’instant d’après, il avait disparu.

[Maël Maëviàn]

Autant pour les espoirs d'intervention qu'il avait eu auparavant… il fallait espérer que ce qu'il s'apprêtait à faire arrangerait les ennuis de cette pauvre femme, avec le reste… mais il était, en effet, plus que temps d'avancer, considérant que les méfaits de la sorcière ne la retiendraient pas éternellement. Il ne savait pas ce qu'il aurait le temps de faire ou de ne pas faire en arrivant devant le livre, mais il était à peu près sûr que, malgré la promesse du lapin de neutraliser les pièges, trouver ce livre ne serait pas évident. Il était donc plus que temps de s'y mettre. Aussi, et sans plus attendre, le druide s'engagea, l'arme à la main, dans le couloir principal…

[Le Façonneur]

Maël progressa sans encombre sur une bonne distance, s’éloignant d’autant des bruits sordides du rituel. Le couloir, très large, avait ses murs ornés de d’avantage de statues, toutes similaires à leur vis-à-vis, toutes aussi surréalistes. Les braséros bleutés diffusaient cette lumière modérée, froide, qui participait à l’atmosphère étrange. Peu à peu, un silence relatif s’installait.

Voilà le druide arrivé à un nouveau croisement. Cette fois, point de salle, juste deux couloirs perpendiculaires. Tout droit, la voie était toujours aussi large. A gauche et à droite, les bifurcations avaient des tailles plus modestes, sans être étroites tout de même.

[Maël Maëviàn]

Le lapin avait clairement indiqué que le passage à suivre était toujours le plus large ; et Maël n'avait guère envie de découvrir, en suivant les autres couloirs, d'autres malheureux auxquels il ne pourrait pas venir en aide pour l'instant. Il choisit donc d'avancer droit dans la supposée direction du livre, sa lance toujours en main, prêt à faire face à la moindre adversité. Étant donné ce qui s'était passé jusque là, et l'imprudence qu'il avait montré par moments, il lui semblait assez probable que les ennuis finissent par arriver avant qu'il ait atteint son but…

[Le Façonneur]

Le large couloir aboutit à un escalier descendant, puis à un autre couloir, tout aussi large, puis à un nouveau croisement. Il ne faisait aucun doute que la direction à suivre était la même. Toutefois, une voix nasillarde se fit entendre, en provenance d’un des couloirs annexe.

« J’en ai assez... assez... si j’avais su que je finirais comme ça, jamais je ne serais partie... Je voulais manier une épée, pas un balaie... »

Quelqu’un venait. Deux personnes plutôt, mais la seconde ne parlait pas. Leurs pas suggéraient des pieds griffus. Si le druide voulait se cacher, il y avait les braséros, comme précédemment.

[Maël Maëviàn]

La voix était sans doute celle d'un aventurier pris au piège et transformé – sort qui attendrait sans doute Maël s'il échouait. Celui-ci semblait encore libre de ses décisions, même si pas de ses mouvements. Sans doute n'avait-il pas la puissance magique du lapin pour lui permettre de prendre quelques libertés… néanmoins, le fait que ce lapin soit manifestement la seule des victimes de la sorcière à agir contre elle n'était pas sans éveiller quelques soupçons de double-jeu… lui faire confiance restait cependant la seule alternative, dans l'immédiat. Et mieux valait éviter de prendre le risque d'attirer l'attention de créatures plus fidèles à la maîtresse des lieux. Le druide se dissimula donc comme il put, en attendant que les nouveaux arrivants ne soient passés.

[Le Façonneur]

Le duo de serviteurs passa à son rythme tranquille. Le bavard, qui ne cessait de se plaindre, avait la taille d’un adulte humain. Son physique hybride, à peine couvert par un pagne, mélangeait le lézard et l’oiseau. Il portait sur l’épaule un balaie et tenait un tonnelet en main. Son compagnon, particulièrement massif mais pas autant que le colosse accompagnant la sorcière, disparaissait sous un grand manteau. Sa démarche vacillante était fort curieuse et d’étranges ondulations parcouraient son habit à chacun de ses mouvements. Il portait un sac rempli sur le dos. Lorsqu’ils furent au plus près du druide, celui-ci sentit une odeur abominable. Difficile de savoir qui puait autant. L’une des créature ? Les deux ? Ce qu’ils transportaient ? Quoi qu’il en soit, ils s’éloignèrent sans remarquer l’intrus. Ils disparurent dans le couloir de gauche.

[Maël Maëviàn]

L'odeur n'était pas la raison principale pour laquelle Maël ne comptait pas les suivre, mais elle ne l'attirait pas particulièrement non plus. Les créatures qui hantaient ces lieux étaient décidément bien étranges ; restait à espérer que Maël ne finisse pas par leur ressembler. Et si possible, qu'ils retrouvent leur aspect naturel. Pour cela, il fallait trouver ce livre, aussi le druide reprit-il sa route, se fiant au conseil du lapin de suivre toujours le plus grand couloir. Combien cet endroit comptait-il encore d'embranchements ? Le repaire de la sorcière était assurément plus grand qu'un navire…

[Le Façonneur]

Le large couloir se poursuivit encore sur une bonne distance. Néanmoins, il aboutit cette fois sur une porte, de loin la plus grande que le druide ait vu depuis le passage de la chute d’eau. Sculpté sur toute sa surface de figures aussi étranges qu’effrayantes, elle semblait être en pierre. Son énorme poignée en fer forgé était également stylisée. Pareille ouvrage, à l’image de tout le complexe, avait dû demander bien des efforts aux artisans à son origine. La porte était encadrée de deux statues bestiales tenant chacune un flambeau d’azur.

[Maël Maëviàn]

Voilà qui était sans doute l'entrée du sanctuaire. Un bel ouvrage, assurément ; mais qui était, dans la situation présente, loin d'être rassurant. Toutefois, les endroits de passages quotidiens n'étaient pas forcément les plus piégés ; et, jusqu'à cette limite du moins, le lapin avait affirmé le protéger… Sur ses gardes, quelque peu mal à l'aise, le druite s'approcha de la porte et, après un examen aussi détaillé qu'il le pouvait de ses modestes compétences, chercha à l'ouvrir. On verrait bien ce qui se trouverait de l'autre côté…

[Le Façonneur]

L’examen approximatif de Maël ne révéla aucune menace. Cette porte, comme certainement toutes celles de cet endroit, grinça affreusement sur ses vieux gonds lorsque le druide décida de l’ouvrir. De l’autre côté, une pièce circulaire nimbée par une lueur move se révéla à l’humain. Au centre, une table ronde en bois noir. Au centre de la table, une boule de cristal d’une dimension peu commune. D’elle venait la lumière violette. A côté de la boule de cristal, plusieurs livres étaient ouverts. Il y avait aussi de quoi écrire. Les murs étaient encombrés d’étagères, elles-mêmes encombrées de livres ainsi que de toute une collection d’objets exotiques à l’usage inconnu. Pas moins de trois gros coffres massifs s’intercalaient entre les étagères. Ils étaient tous clos. Le sanctuaire de la sorcière, car il ne pouvait s’agir que de cela, devait renfermer à lui-seul une masse de savoir impressionnante. Et que contenaient les coffres ?

Au fond de la pièce, à demi masqué par la table, une petite forme s’agitait. Il y avait quelqu’un ici, quelqu’un ou quelque chose. Le grincement de la porte ne semblait pas l’avoir alerté.

[Maël Maëviàn]

La prise de conscience de cette présence détacha immédiatement l'attendion du druide de l'impressionnant décors, pour la ramener vers des soucis plus immédiats. S'agissait-il d'une sorte de gardien ? D'une expérience en cours ? Le meilleur moyen pour le savoir était d'approcher ; et de le faire aussi discrètement que possible, pour éviter de donner l'alerte. S'il se fiait aux dernières paroles du lapin, il était désormais hors de toute protection…
Penché, pour profiter lui-même de l'obtruction du champ de vision qu'offrait cette table, il entreprit de la contourner, afin de constater à qui, ou à quoi, il avait affaire. Identifier le livre qu'il cherchait serait son second objectif, sitôt qu'il saurait à quel point il était en danger…

[Le Façonneur]

Maël parvint à s’approcher sans que rien ne se passe, sans que rien ne le remarque. Contournant la table, il aperçut bientôt ce qui semblait être un enfant. Enfin, c’était beaucoup dire. La chose, ou l’individu, avait une taille d’enfant. Le druide ne voyait d’elle qu’un grand manteau à capuchon, ainsi que des gants. Tout était noir. De plus, une aura de froid paraissait entourer cet amas de tissus. L’hypothétique enfant était en train de sculpter des symboles dans un cube de pierre. Il procédait avec un marteau et un burin mais donnait des coups si légers qu’il lui faudrait sans doute une éternité pour terminer son ouvrage. Sa respiration sifflante rythmait son travail avec une régularité quasi obsédante.

[Maël Maëviàn]

Voilà une présence qui semblait pour le moins étrange. Que faire ?
Tant que l'être semblait concentré sur son ouvrage, Maël préférait ne pas le déranger – c'était, du reste, sans doute le plus sage, s'il pouvait ne pas se rendre compte de la présence du druide. Aussi, s'efforçant de demeurer aussi silencieux que possible, et reculant quelque peu pour se mettre autant que possible hors de vue, l'humain se mit-il à détailler le reste de la pièce des yeux, à la recherche du fameux livre.
S'il pouvait le trouver et sortir ainsi, ce serait le mieux ; mais cela ne serait vraissemblablement pas aussi simple.

[Le Façonneur]

Maël fut sans doute surpris de constater que le fameux livre se trouvait à portée de sa main, tout du moins semblait-il. En effet, l’un des ouvrages ouvert sur la table paraissait avoir une couverture verte. Pour en avoir le cœur net, il fallait le refermer et constater si oui ou non il y avait les symboles en forme d’arbre. Mais cela signifiait devoir le toucher.

Il dût être également surpris de repérer, sur l’une des étagères, un gros livre dont la tranche annonçait, en langue commune : Les Mystères de la Magie Druidique. Le curieux, et inquiétant petit personnage, quant à lui, poursuivait sa besogne sans se soucier le moins du monde de ce que fabriquait l’homme.

[Maël Maëviàn]

Maël hésita un instant ; mais quoi que ce livre aurait pu lui être intéressant, il n'était sans doute pas prudent de commencer à fouiller les autres livres alors que la sorcière pouvait revenir d'un instant à l'autre. Il était ici dans le but d'être utile, et non pour se livrer à un cambriolage. Et puis, il pouvait tout aussi bien s'agir d'un livre écrit par des mages profanes, pour des mages profanes, et sans intérêt à ses yeux.

Et puis, peut-être serait-il possible de revenir jeter un œil à cette bibliothèque plus tard, si ses actions parvenaient à mettre un terme aux agissements de la sorcière.


Pour l'heure, le druide approcha du livre qu'il pensait être celui dont le lapin lui avait parlé ; et, après un instant d'hésitation supplémentaire, posa la main sur lui, doucement, dans le but de, sans le refermer complètement, le faire assez pour pouvoir observer sa couverture. En espérant que cette opération, l'une des moins brusques envisageables, ne déclenche rien…

[Le Façonneur]

Il semblait effectivement que ce livre était le bon. L’ouvrage, plutôt épais, plutôt vieux, possédait une couverture verte ornée de gravures plus sombres illustrant un arbre stylisé. La disposition de son tronc, de ses branches et de ses feuilles formaient une feuille géante avec sa tige et ses nervures. Le titre du livre était rédigé dans une langue runique.

Rien de particulier ne semblait s’être passé lorsque le druide avait agit. L’étrange être poursuivait son travail. Tout était calme.

[Maël Maëviàn]

Néanmoins, il n'était pas à exclure qu'une alarme ait effectivement été déclenchée, audible par la sorcière, mais ni par le druide, ni par la créature se tenant à proximité. Puisqu'il semblait s'agir du bon livre, il n'y avait donc pas à hésiter longuement…

Maël rouvrit un court instant l'ouvrage, afin de vérifier si le langage utilisé lui était compréhensible, ou s'il était composé des mêmes étranges runes que la couverture – ce dernier cas, assurément, trancherait la question de savoir s'il valait mieux remettre le livre au lapin ou tenter de s'en servir lui-même.
Puis, d'un geste décidé, il referma le livre et le souleva, s'attendant aux réactions alentours et prêt à bondir vers la porte avec sa prise.