[MP] Histoire : Ailyn

[Smidge]

Elle toussota puis croisa les bras sous sa poitrine.

"Vous pensez avoir entendu les cris du comte ?, s'étonna-t-elle. C'est étrange, la salle de théâtre est assez éloignée de la scène du crime..."

Effectivement, les deux escaliers à large colimaçon reliant la salle de théâtre à la salle à manger se trouvaient à l'opposé des cuisines, et plus encore de l'arrière cuisine.

L'inspectrice plissa les yeux.

"Très bien..., reprit-elle après quelques instants d'un silence plus que pesant. Alors, vous avez entendu des cris et vous êtes descendue sans alerter personne, sûre de pouvoir contenir la situation à vous seule. Et ce sont ces mêmes cris qui vous ont amenée près des cuisines, là où vous avez trouvé le corps du comte. Ai-je bien résumé les faits ?"

[Ailyn]

"Non", répliqua Sofia avec rudesse. "Vous les avez interprétés à votre manière, et sachez que je trouve détestables vos insinuations."

Elle prit une grande inspiration avant de poursuivre, le feu aux joues.

"Figurez-vous que je ne sais pas vraiment ce que j'ai entendu. C'était des bruits étouffés... Je ne savais pas vraiment ce qu'il se passait. Je ne le sais toujours pas d'ailleurs..."

Ce qui n'était pas vraiment un mensonge. Quelqu'un était sorti précipitamment de la cuisine... Une femme. Mais elle ne le dirait pas. Pas tout de suite. Une chose à la fois. Pas vraiment pour se ménager un effet, mais pour garder des portes de sortie.

[Smidge]

"C'est d'autant plus étonnant que vous ayez réussi à les entendre de là où vous étiez, ironisa-t-elle. Vous devez avoir l'ouïe particulièrement fine. "

Elle la scruta du regard et poursuivit son interrogatoire.

"A quel moment Marjorie vous a t-elle trouvée près du corps ? A-t-elle été alertée par ces bruits étouffés elle aussi ? Et de quel côté est-elle arrivée ?"

[Ailyn]

Sofia commença à trembler. Quelle odieuse et sale petite garce. Même si Sofia n'avait rien fait et qu'elle avait simplement découvert le corps, elle restait dans un état de tension et de traumatisme extrême.
Ses yeux se remplirent de larmes. Voilà qui allait redonner un peu de dramatique à tout cela.

"Vous voulez des détails dont je ne me souviens plus ! Voir des cadavres ne vous fait peut être plus aucun effet, mais ce n'est pas mon cas !"

Elle se moucha, avant de poursuivre.

"Oui, j'ai l'ouïe fine, et quand on n'a pas de très bons yeux, c'est presque une nécessité, figurez-vous."

Elle marqua une pause en reniflant.

"Je ne sais plus quand est ce que Marjorie est arrivée... Peut être était-ce la première..."

[Smidge]

"La première ?, répéta-t-elle. Que voulez-vous dire ?"

Elle souffla lentement par le nez, vraisemblablement agacée.

"C'est tout de même curieux que vous ne vous souveniez pas de quel côté elle est arrivée..., ajouta-t-elle. Si j'ai bon souvenir, il n'y a pourtant que deux entrées dans cette cuisine..."

[Ailyn]

Sofia sentit la sueur perler à son front.

Les yeux. Elle les voyait encore. Ils étaient là, flottant devant elle.

Elle ne pourrait jamais s'en débarrasser, jamais.

Ses larmes recommencèrent à couler.

"J'étais sous le choc..."

Les larmes refraichissaient ses joues, et cela lui permettait également de purger un peu sa douleur et sa peur. Elle ne voulait pas payer pour Lucien. Non, elle ne voulait pas.

Elle répondit sincèrement :

"Je le suis toujours... même si cela ne vous émeut pas une seconde."

[Smidge]

"Je fais mon boulot, répliqua la lieutenante, visiblement agacée par ses remarques. J'ai l'impression que tout le monde oublie qu'un meurtrier se ballade parmi nous. C'est ma priorité, alors pardonnez-moi si je ne prends pas le temps de vous ménager. C'est malheureusement vous qui avez retrouvé le comte, alors il est normal que je m'intéresse à votre témoignage, notamment aux "détails". Et c'est à moi de juger s'ils sont sans importance ou pas."

Elle désigna la porte.

"Sur ce, conclut-elle, nous en avons fini. N'hésitez pas à venir me voir si quelque chose vous revient..."

Quelque chose disait à Sofia que tout ceci n'était pas encore terminé... Mais peut-être pouvait-elle pour le moment reprendre ses recherches ?

[Ailyn]

Sofia se moucha à nouveau avant de prendre une grande inspiration.

"C'est avec soulagement que je prendrais congé, Mme l'inspectrice."

La jeune femme se dirigea alors vers la porte à pas mesurés, mais néanmoins rapides, essayant de se décider sur la marche à suivre. Retourner dans le bureau de Lucien ? Quitter cette maison de malheur tant qu'il était encore temps ?

Pour l'heure, elle allait tenter de rejoindre le bureau de Lucien, espérant ne pas croiser trop de gens sur son chemin... D'une manière ou d'une autre, à la vue de sa mine, il n'en fallait pas beaucoup pour comprendre qu'elle souhaitait être seule...

[Smidge]

Dans le grand salon adjacent ne se trouvaient plus que les acteurs de la troupe de théâtre.

Sofia les salua brièvement, et s'éclipsa en direction de l'aile Nord, tandis que l'inspectrice se dirigeait vers la salle à manger.

Elle n'avait pas traversé le grand hall qu'un courant d'air inhabituel la saisit de tous ses membres.

Quelque chose clochait, et elle ne mit pas longtemps à en découvrir la raison : tout au fond de la pièce, la porte - jusqu'ici condamnée - était ouverte. Et si son sens de l'orientation ne la trompait pas, il s'agissait de l'aile Est du château...

Un murmure inquiétant s'échappait insidieusement de l'obscurité. Dans la compagne hongroise où elle avait grandi, un tel phénomène ne pouvait qu'être le fruit de revenants...

Un bourrasque plus forte fit vibrer les grandes vitres derrière elle, ce qui ne manqua pas de la faire sursauter.

Elle n'allait de toute façon pas rester plantée ici toute la soirée.

[Ailyn]

Une porte d'ordinaire condamnée... ouverte ?

Sofia se laissa tenter. Peut être devrait-elle y jeter un oeil... Etait-ce lié à ses différentes manipulations dans le bureau de Lucien ?

[Smidge]

A première vue, il n'y avait que peu de chances... De nombreux copeaux de bois sur les côtés de l'entrée ne pouvaient suggérer qu'une intervention... "directe". Une forte odeur de renfermé se dégageait de la pièce plus sombre encore qu'une nuit sans étoile.

A son approche, les murmures cessèrent aussitôt.

Sofia écarquilla les yeux, mais il n'y avait rien à faire. Sans source de lumière, impossible de distinguer ne serait-ce que ses pieds dans cet antre.

[Ailyn]

Vérifiant qu'elle n'était pas suivie, Sofia décida de remonter dans le laboratoire de Lucien. Peut être y trouverait-elle de quoi s'éclairer...

[Smidge]

Personne dans les couloirs, c'était déjà ça.

Sofia revint sans encombre jusqu'à l'atelier. Comme elle l'avait pressenti, on trouvait ici bougies (en cire... ?) et de quoi les allumer. Son regard se porta inévitablement sur la machine à pinces engoncée et ses fioles... Même si elle n'y avait pas réfléchi à proprement parlé, son esprit avait continué à vagabonder inconsciemment sur son fonctionnement potentiel...

S'il n'était pas possible de déposer les sphères de couleur directement sur les pinces... elles logeraient peut-être dans les fioles ?

[Ailyn]

Sofia se décida à essayer cette dernière solution. Elle n'avait déjà que trop tardé...

[Smidge]

Le diamètre des sphères coïncidait parfaitement avec celui des fioles. Suivant scrupuleusement l'ordre indiqués par les numéros, Sofia les suspendit aux pinces contre le mur, qui s'abaissèrent chacune à une hauteur différente.

Elle attendit, cinq, dix, quinze secondes... mais rien ne se produisit.

Déçue, et à la fois frustrée, la jeune femme serra des poings et laissa échapper un juron en hongrois.

Lorsque tout à coup, un cliquetis inhabituel se fit entendre dans le mur lui-même. Ses pieds se mirent à vibrer, au même rythme que le sol, et que tous les meubles de la pièce. Un bruit assourdissant résonna dans toute la pièce - et elle le craint, dans tout le château.
Quelques alambics menacèrent dangereusement de se briser au sol le temps des vibrations, mais il n'en fut rien.

Que s'était-il passé ? Qu'avait-elle déclenché ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Mais "quelque chose" avait bougé en dessous d'elle. Quelque chose de gros.

Et maintenant que le calme était revenu, elle percevait un discret "tic tac" régulier émanant du mécanisme, qui ne lui inspirait rien de bon...

[Ailyn]

Sofia se précipita dans l'escalier, tâchant de rechercher l'origine du mouvement qui avait eu lieu au niveau inférieur...

[Smidge]

Pas le moindre bruit au rez-de-chaussée... Le seul martèlement que Sofia parvenait à percevoir émanait de son propre coeur, qui battait la chamade.

Où chercher ? Ce n'était pas les portes qui manquaient, ici. A la croisée des deux couloirs, Sofia pouvait déjà apercevoir [en direction du hall central], deux portes sur sa droite, et une grande sur sa gauche, qui donnait dans la suite où logeaient les acteurs.

Une autre porte au fond du couloir sur sa droite, deux sur la gauche, et encore trois derrière, étaient autant d'autres possibilités...


[HRP : tu peux préciser quelle porte spécifiquement tu ouvres, ou dans quel secteur tu cherches, ou encore farfouiller un peu partout]

[Ailyn]

Sofia revint sur ses pas pour récupérer du matériel et s'équiper pour les environnements sans lumière. Peut être irait-elle dans l'aile mystérieusement obscure...

Mais avant ça, elle voulait essayer d'ouvrir les trois portes au fond du couloir... On ne savait jamais sur quoi on pouvait tomber.

[Smidge]

La première porte était sur sa droite, et donnait sur la salle d'eau qu'elle avait utilisée le matin. Sur la gauche ensuite, une porte aux motifs orangés menait sur une chambre avec salle de bain dans les mêmes tons, sans doute celle d'un des invités.

Sofia ressortit et poursuivit son exploration des lieux. Un peu plus loin, de nouveau sur sa droite, ce qu'elle avait pris pour une porte se trouva être un étroit couloir, qui débouchait dans une sorte de débarras où se mêlaient balais et autres serpillères.

La jeune femme poussa sa curiosité jusqu'au bout du couloir, mais ce dernier ne donnait que dans un hall similaire à celui de l'entrée principale, simple antichambre sur l'immensité du parc qui se dessinait en ombre par les fenêtres.

Dans tous les cas, aucune trace ici du cataclysme qu'elle avait provoqué quelques minutes plus tôt. Du moins en apparence...

[Ailyn]

Sofia traversa le petit hall, espérant voir ce qui aurait pu lui échapper.

Il fallait faire vite, le temps pressait.

[Smidge]

Le hall menait dans le parc, à l'extérieur, mais la porte était verrouillée. Sans doute Emile ou le jardinier en possédaient-ils la clé... Mais en attendant, il n'était pas possible d'aller plus loin dans cette direction.

Toujours aux aguets, Sofia revint à l'intersection des couloirs, juste en bas des marches, s'apprêtant à partir dans une autre direction.


[HRP : Celle que tu as essayée est vers le nord. Restent les trois autres points cardinaux, dont les description sont dans le post précédent]

[Ailyn]

Sofia retourna au pas de course dans le bureau de Lucien pour récupérer bougie et allumettes. On ne savait jamais ce qui pourrait servir...

Elle se décida ensuite à ouvrir, lentement et avec le moins de bruit possible, les différentes portes vers le hall central. Peut être aurait-elle l'occasion de fouiller l'aile qui était verrouillée auparavant ?

[Smidge]

Elle n'était pas remontée dans le bureau de Lucien que le tic tac cessa soudainement, et que le sol se remis à trembler.

Sofia ferma les yeux et se concentra aussitôt sur la provenance du son. Les vibrations remontaient par ses genoux jusque dans son estomac. Tout aussi soudainement, le silence retomba, recouvrant l'atmosphère d'une chape de plomb.

Si son intuition était juste, cela venait de la partie la plus au sud de l'aile Nord, près du hall central.

Achevant ce pour quoi elle était remontée, la jeune femme fouilla quelques instant entre la chambre et le bureau de son ancien amant, et dégota rapidement chandelier et allumettes.

[Ailyn]

Intriguée, Sofia se dirigea vers l'aile Sud, se rapprochant du hall central. Il était temps de retourner voir ce qui se tramait dans cette partie du manoir... et sait-on jamais, éventuellement de prendre la poudre d'escampette si le besoin se faisait sentir.

[Smidge]

Les deux portes sur sa droite, aux motifs verdâtre pour l'une et bleu vif pour l'autre, donnaient aussi sur d'autres chambres. Sofia ne nota cependant rien d'autre de particulier...

Quelque peu dépitée, mais les sens toujours en alerte, elle entrouvrit discrètement la porte en face.

La jeune femme fit aussitôt un pas en arrière, manquant de laisser échapper un cri. Il ne s'agissait pas de n'importe quel chambre, mais de la suite réservée aux acteurs.

Et au centre de la pièce, toujours recouverte d'un épais voile noir, se trouvait le corps sans vie de Mylène...

Allait-elle oser franchir le pas, et fouiller ce lieu mortuaire ? De toute façon, le mécanisme - s'il avait effectivement ouvert quelque chose - semblait s'être refermé. Peut-être fallait-il de nouveau actionner quelque chose à l'étage supérieur... ?

[Ailyn]

Sofia remonta rapidement dans l'atelier de Lucien, désorientée et désarçonnée. Elle actionna les leviers. Rien ne lui paraissait logique... Tout était affreusement sibyllin et la curiosité était un vilain défaut... Pourtant elle fut la plus forte. Sofia redescendit à l'étage inférieur et se lança dans une observation minutieuse de la suite et du bureau, pour voir si quelque chose avait changé.

[Smidge]

A peine avait-elle de nouveau suspendu les fioles à leur support respectifs que le sol se mit à trembler de la même façon. Un nouveau "tic tac" résonna dans la pièce.

Le coeur tambourinant à tout rompre, elle dévala les marches vers le rez-de-chaussée, et poussa la porte de la suite.

Si le corps de Mylène n'avait pas bougé, elle nota quelque chose de différent, en provenance de la porte du fond. Oui, c'était de la poussière. A peine visible, mais d'une odeur caractéristique. Détournant le regard du drap noir sur le sol, la jeune femme s'avança à pas de loup en direction de la porte du fond. D'une main moite, elle tourna la poignée.

Enfin, elle avait trouvé.

Un pan de mur avait coulissé dans le fond de la pièce, derrière le secrétaire en bois sombre.

Et dans ce pan de mur, déposé sur une étagère de briques rouges sales, un livre comme elle n'en avait jamais vu. Epais, sombre, et orné d'un crâne d'or aux yeux injectés de sang.

[Ailyn]

Sofia s'empara du livre, avide de savoir ce qu'il y avait à l'intérieur. Elle avait également l'intention de sortir de la pièce, histoire d'éviter de tomber... sur du monde.

[Smidge]

A peine avait-elle soulevé le grimoire de son socle que le pan de mur suspendu au plafond qui séparait le bureau de la pièce secrète s'abattit brusquement.

Elle n'avait qu'une fraction de seconde pour réfléchir : se blottir contre l'étagère, quitte à rester enfermée; ou bondir en arrière... quitte à y laisser la vie...

[Ailyn]

Sofia se précipita contre l'étagère, le cœur sur le point de sortir de sa poitrine.