[Quête] Hauterive

[Voyageuse]

Situé à une journée de marche au nord de Luménis, le long de la côte, Hauterive est un minuscule village de pêcheurs sans prétention. On y trouve, comme dans tout village de pêcheurs, des filets séchant sur les rochers, une plage avec toute une escouade de barques, et même un petit port avec deux ou trois chalutiers un peu plus imposants. On y entend, au petit matin, les cris des mouettes, les cornes des chalutiers partant en mer, les cris des marins.
Côté habitations, elles semblent toutes issues du même moule : de petites cabanes de terre blanchie à la chaux, aux volets peints en bleu ou en vert.

Un peu en retrait du village se trouve une sorte de grande maison bourgeoise, aux allures de petite forteresse, entourée d'un jardin en friche et protégée par des murs garnis de piques.

[Voyageuse]

Quête : Chercheurs de sens

Le ciel commençait à s'éclaircir légèrement à l'est, ou peut-être était-ce une illusion... Était-ce déjà le matin ? Ils avaient chevauché des heures et des heures depuis Luménis, et Sylveneige commençait à avoir quelque peu mal au postérieur. L'homme installé en croupe derrière elle gardait le silence depuis un moment déjà, ayant renoncé aux bavardages stériles, peut-être juste parce qu'il avait besoin de toute sa concentration pour galoper.

Devant eux se dressaient une masse sombre. Une sorte de grande maison, bâtie comme une forteresse, ceinte de murailles solides. Sann ralentit et mit pied à terre devant la grille qui en barrait l'entrée. Mais Gwaric ne fit pas mine de vouloir descendre. Et il enserrait toujours aussi fermement la jeune elfe.

[Féérune]

- Dites, Gwaricounet, vous pourriez peut-être me lâcher, maintenant ? Je ne vais pas me sauver... D'abord parce que nous sommes bien loin de Lumenis, ensuite parce que descendre de cette bête si haute, j'aimerais bien.

En son for intérieur, Sylveneige cogitait ferme. Eh bien, ça y est ma fille, tu es prisonnière. Et ces chattemites sont pires que bien des brutes, pour sûr... Intelligents, aimant faire le mal... Ah, y'a pas, tu es dans de beaux draps...

La rôdeuse n'osait ni soupirer ni même ciller. En tous cas pas théâtralement comme à son habitude. Elle poursuivit le fil de ses pensées. Et dire que j'ai laissé mon Lumi... Là c'est très loin... Comment fera t-il pour me retrouver ? Il a toujours eu un talent fou pour me sortir des ennuis, mais là... Oh boudiou de boudiou...

Histoire de se donner une contenance, Sylveneige faillit sortir de sa poche la dernière pêche achetée au marché, puis se retint. On ne sait jamais, pensa t-elle soudain, si ces malfaisants décidaient de me jeter dans une oubliette... J'aurai un petit quelque chose à manger avant de tenter une évasion.

[Voyageuse]

Gwaric desserra légèrement sa prise, mais resta à cheval, obligeant l'elfe à faire de même, jusqu'à ce qu'ils aient franchi les grilles. Alors seulement il mit pied à terre et lui tendit fort galamment le bras pour l'aider à descendre.
- Nous voici arrivés...
- A l'instant de vérité, compléta son frère.
- Tu es certain qu'ils nous suivaient ?
- Quasiment. J'ai vu une ombre dans le lointain quand nous avons tourné...
- Parfait. je me charge de piéger l'entrée, dans ce cas.

[Féérune]

Sylveneige dressa l'oreille. Piéger l'entrée ? Oh nom d'un kobold, faudra que je trouve un moment pour les désamorcer... Pourquoi, mais pourquoi n'ai-je pas dit à Streen de ne pas faire de filature sans Lumi ? Si ça se trouve c'est Jolan et Streen qui sont à nos trousses, ils ont été repérés par les sharites, ils vont se faire tuer au dernier moment, à cause de ses fichus pièges !

Serrer les dents et faire bonne figure. C'était impératif.

- Des pièges ! génial ! j'ai toujours été impressionnée par ces trucs-là ! on ne jamais comment ça marche et ça fait du dégât ! terrible ! je peux voir ? Je n'y connais rien, à ces machins, j'aimerais apprendre...

Ouais. Moins les frères sauraient quelles étaient ses capacités, mieux ça vaudrait.

Un sourire quasi radieux se dessinait sur le visage de la rôdeuse.

[Voyageuse]

- Il n'y a pas grand-chose à voir, fit remarquer Gwaric.
- Tu ne mets pas un sortilège mortel j'espère ?
- Non, bien sûr que non, ça n'aurait aucun intérêt, répliqua son frère avec un rictus cruel.
Il avait sorti un bâtonnet de sa poche, peut-être de l'encens, et il se mit à psalmodier tout en dessinant d'étranges runes au sol, juste devant le portail, puis le long des montants de la grille, puis de la grille elle-même. Il s'éloigna ensuite, le long du mur, et elle le vit incanter à nouveau, pour protéger de la même façon l'accès à un endroit où un arbre, poussant contre le mur, risquait d'être utilisé pour tenter l'escalade.
- L'instant de vérité, fit à nouveau remarquer Sann. Vous saurez bientôt si vous haïssez vraiment ce jeune homme... et nous saurons, nous, si vous nous avez joué la comédie ou non. C'est imparable...

[Féérune]

C'est sûr, ce sont des pièges mortels... se dit Sylveneige. Bon, on va se la faire à la grande menterie...

- Pourquoi pas mortel ? Vous ne savez pas faire ça, Sann ? Vous avez l'air d'être bon cavalier, mais vous seriez un mage médiocre ? Alors vous auriez dû laisser faire votre frère...

La rôdeuse battit des cils avec une célérité inaccoutumée.

- Dites, laissez donc cet arbre tranquille, vous allez le faire crever ! a t-on idée de balancer des pièges le long d'un malheureux arbre...

Sylveneige examinait les lieux avec un intérêt non feint.

- Belle oeuvre, cette maison... Une forteresse, plutôt ! j'ai hâte de voir l'intérieur. J'aime les édifices massifs, un peu étranges et inattendus.

[Voyageuse]

- Pourquoi faire des pièges mortels alors qu'il est tellement plus satisfaisant de détruire l'âme d'un homme, de le voir petit à petit perdre tout espoir, cesser même de supplier, puis devenir vide... Faire perdre la foi à un paladin est presque aussi jouissif que de la faire perdre à un prêtre...
Gwaric revenait vers eux.
- Je ne sais pas si nous les attendons à l'intérieur...
- Cette jeune dame souhaite visiter !
- Entrons, dans ce cas. De toute façon nous serons prévenus s'ils touchent l'un des glyphes de garde... Voyons, damoiselle. voulez-vous assister à l'échec de votre ami et de son complice paladin depuis l'une des fenêtres de la demeure ? ou préférez-vous attendre ici ? Ou peut-être voulez-vous qu'on vous conduise dans une autre aile pour ne pas assister à une scène un peu... douloureuse peut-être...

[Féérune]

Sylveneige était bien en peine de répondre. Attendre là, cela voudrait dire d'emblée se trahir, puisque qu'elle ne resterait sur place que pour sauver ses compagnons des pièges. Aller camper à une fenêtre, c'était absurde mais correspondait si bien à l'esprit malsain des frères : contempler leurs ennemis dans leur souffrance. Evidemment, leur demander de se réfugier dans une autre aile de la maison, loin des cris de Jolan et Streen victimes des pièges, c'était avouer la mièvrerie de son caractère et donc son inutilité pour la secte. Autant se jeter tout de suite dans les pattes d'un dragon rouge...

- Eh bien... Visiter la maison... Oui ! autant de pas perdre de temps à contempler quoi que ce soit.

Et puis, pensait la rôdeuse, si Streen est inconséquent Jolan, lui, ne l'est pas. Et l'un des deux se doutera bien que l'entrée est piégée... Ce ne sont pas des crétins finis... Espérons...

Y avait-il un moyen de les prévenir ? Sylveneige, de la pointe de sa botte, traça une ligne brisée en forme d'éclair ; en espérant que ce court dessin soit bien interprété par ceux qui les avaient pris en filature, quels qu'ils soient.

[Voyageuse]

Les deux frères échangèrent un bref regard.
- En ce cas... Suivez-nous.
Le plus jeune, Sann, tourna la clé dans la serrure de la porte d'entrée, et prit soin de refermer derrière eux. Gwaric incanta aussitôt, et la poignée devint rouge un bref instant, avant de reprendre sa couleur normale.
Ils se trouvaient dans un hall d'entrée qui parut sinistre à Sylveneige : trop sombre, entièrement vide de meubles, vétuste... On aurait dit une maison inhabitée. C'est du reste l'impression que lui avait laissé le jardin autour, entièrement à l'abandon.
De chaque côté du hall se trouvaient deux portes. Un escalier de marbre gris, au fond, menait à l'étage supérieur.
- Il n'y a pas grand-chose à voir à cet étage-ci. Juste les cuisines, le cellier, et l'accès au sous-sol. L'étage supérieur est un peu plus accueillant... c'est celui des chambres... Par où voulez-vous commencer ?

[Féérune]

Le sous-sol... Surtout pas. "Qui descend à la cave se retrouve en oubliette". Ce vieux dicton de paladin s'est maintes fois révélé exact, pensait Sylveneige.

- J'adorerais voir la salle commune, le grand salon si vous préférez. Il doit être au rez-de-chaussée ? C'est austère, ici... Le salon l'est-il tout autant ? Non que j'apprécie les ors et la surcharge décorative, notez bien. Mais là, soit dit sans vous vexer, on dirait une maison abandonnée. Ah ! allons voir les chambres à l'étage, je verrai le salon plus tard.

Et je pourrai si nécessaire faire des signes à nos suiveurs plus facilement, de l'étage, se dit la rôdeuse. De nouveau, la pensée de Lumi lui traversa l'esprit. Elle dut batailler ferme pour éviter que les larmes ne lui viennent aux yeux.

[Voyageuse]

Gwaric eût un sourire qui n'atteignit pas ses yeux.
- Les objets inutiles et décorations sont des choses tellement vaines... Rien ne vaut la beauté du vide et du néant...
- Je vais m'occuper un instant des chevaux. Je vous rejoindrai dans une minute, intervint Sann.
- Dame Sylveneige... Suivez-moi donc.
Il l'entraîna dans les escaliers, jusqu'au palier supérieur. Une fenêtre, face à eux, donnait sur l'arrière de la maison. Et de chaque côté du pallier se trouvaient deux portes.
- Quatre chambres... Que dis-je, quatre somptueuses suites. Peut-être un peu trop sobres à votre goût... Mais voyons laquelle choisir. En fait, tout dépend de ce que vous souhaitez voir par les fenêtres, étant donné qu'elles sont toutes aussi chichement meublées les unes que les autres. Alors dites-moi... Souhaitez-vous les guetter à l'avant ou à l'arrière de la maison ? Ou sur les côtés peut-être ?
Il posait la question d'un ton parfaitement neutre, comme si guetter leurs poursuivants était une chose banale.

[Féérune]

Sylveneige rit.

- Ah mon cher, mon très cher Gwaric ! vraiment j'espère qu'il n'y a pas de Dame Gwaric, parce que vous êtes un type absolument passionnant !

Bon sang, se disait-elle, je fais quoi, là ? Il est seul... L'attaquer... Ce serait le moment... Mais ensuite, pour sortir... Ah ce serait facile, tiens, avec tous ces pièges... Même sur la poignée de la porte d'entrée...

La rôdeuse restait souriante face à Gwaric, l'air parfaitement calme.

Dans son esprit, mille pensées continuaient à se bousculer.

Et puis, si j'attaque le Gwaricounet, je risque de ne pas avoir le dessus, qu'il trouve le temps de crier ou d'alerter son frérot... Et je n'apprendrais rien sur leur fichue secte... Ah, vivement qu'ils arrivent, nos suiveurs ! j'espère juste que s'ils sont assez bêtes pour ne pas subodorer un piège, ils ne s'appellent pas Jolan et Streen !

- Après mûre réflexion, cher Gwaric, prenons donc la porte qui mène aux chambres de devant, c'est plus animé ! deux portes desservent deux chambres chacune, donc ? Ou deux chambres séparées par un petit couloir ?

Ne pas céder à la panique. Non. Mais je parie que je serai prisonnière d'ici peu de temps, songeait une Sylveneige intérieurement beaucoup moins calme qu'elle le laissait paraître.

[Voyageuse]

- A l'avant, donc ! s'exclama l'homme. Fort bien. C'est cette porte-ci, fit-il en désignant l'une des portes de gauche.
Il la précéda dans la pièce, ouvrant théâtralement la porte, et l'elfe se retrouva dans une petit salon, qui semblait moins abandonné que le reste de la maison. On y trouvait deux fauteuils et une petite table basse.
- La porte de gauche, là, c'est une salle d'eau privée, et celle de droite mène à la chambre. Et là, au fond, vous pouvez admirer le magnifique panorama... de l'allée et du portail ! Mais je vous laisse explorer les lieux, si vous n'y voyez pas d'inconvénients. Je vais voir ce que fait mon frère... et ce qui se trame à l'extérieur. Ou bien vous pouvez vous installer pour la nuit si vous le voulez, il y a des draps dans l'armoire...
Il sortit sans que l'elfe entende le moindre bruit de serrure. Il ne semblait pas avoir verrouillé la porte. Mais elle l'entendit marmonner quelques mots ressemblant à une incantation.

[Féérune]

Sylveneige se sentit soudain curieusement un peu rassurée. Le petit salon comportait un mobilier quelque peu défraîchi, mais il semblait malgré tout confortable.

Bah, il y a des prisonniers moins bien traités, pensa t-elle. Elle jeta un regard par la fenêtre du fond. Rien. Pour l'instant, en tous cas.

Elle passa dans la salle d'eau, qui semblait correcte, puis dans la chambre. Machinalement, elle sortit les draps de l'armoire.

Du bruit. Vite.

L'elfe courut à la fenêtre, prenant soin de rester un peu en retrait afin de ne pas se montrer. Sait-on jamais, les deux frères pouvaient guetter la fenêtre et surveiller une éventuelle trahison de sa part.

Rien. Décidément son imagination aiguillée par l'angoisse commençait à lui jouer des tours.

Elle alla s'asseoir dans un des fauteuils après l'avoir tourné vers la fenêtre.
Pourquoi m'ont-ils amenée ici ? Il n'y a personne, pas d'autres membres de la secte. Que veulent-ils ?

Sylveneige se leva d'un bond.

J'ai compris ! oh nom d'un kobold ! c'est affreux ! je suis là pour une période de conditionnement.

Effarée, la rôdeuse se laissa retomber dans le fauteuil, tremblante.

[Voyageuse]

La maison était silencieuse, à part le craquement intermittent de lattes de bois, probablement dû à l'usure plutôt qu'à un quelconque mouvement, qui en rendait l'atmosphère encore plus sinistre. Les deux hommes n'étaient peut-être plus dans la maison. Ou alors ils guettaient, silencieusement, quelque part au rez-de-chaussée. Il lui avait semblé entendre la porte s'ouvrir, se refermer, une fois ou deux... Et les minutes s'écoulaient, lentement.
Sylveneige, après avoir quelques temps alterné entre angoisse et réassurance, finit par apercevoir, depuis son fauteuil, un mouvement dans l'obscurité, quelque part au-delà des grilles. Cette fois-ci, ça n'était pas juste un effet de son imagination. Il y avait bien une silhouette qui s'avançait doucement vers la grille. Elle distingua des cheveux clairs. Peut-être Jolan... Ou quelqu'un d'autre après tout, il était trop loin pour qu'elle puisse l'identifier. Elle le vit hésiter à quelques mètres du portail, puis obliquer vers la droite, ce qui correspondait à la direction où se trouvait l'arbre qui permettait éventuellement d'escalader la grille, là où Marvin avait fixé l'un de ses glyphes de garde. Cela dit, rien ne disait qu'il ait l'intention de tenter l'escalade. Mais malheureusement pour elle, l'arbre en question était hors de son champ de vision.
Personne dans la maison ne semblait avoir réagi, soit qu'ils ne l'aient pas vu, soient qu'ils aient décidé d'attendre... Soit qu'ils ne soient plus là.

[Féérune]

Oh non, si l'homme escalade le mur du côté de l'arbre, que va t-il lui arriver ? songea une Sylveneige de plus en plus angoissée.

Elle fouilla sa besace et ses poches. Une pêche un peu cabossée pouvait-elle être d'une quelconque utilité ? Et la petite harpe ? Une idée lui vint. Personne ne lui avait interdit de chanter - ni de crier, encore moins de jouer de la musique.

Oui, c'est ça... Et ces deux affreux jetteront ma petite harpe chérie au feu ! mauvais plan, très mauvais plan...

Par contre, une vie de rôdeuse permettait de développer quelques petits talents utiles : imiter les animaux de la forêt, par exemple.

Sylveneige se laissa glisser au bas de la fenêtre, toujours dans l'idée de ne pas être vue, et imita la chouette chevêche.

Bon, j'espère juste que le gars comprendra... Il n'y a pas de chouette chevêche sur les côtes, seulement en forêt ! ça devrait lui mettre la puce à l'oreille, lui faire suspendre son mouvement, bref lui donner juste ce qu'il faut de temps pour réfléchir avant d'agir...

Histoire d'être sûre, la rôdeuse modula le cri d'oiseau de nuit : c'était une chouette chevêche en alerte qui s'exprimait, dans un cri à la fois modulé, fort et aigu. Sylveneige espéra que sa voix de jeune barde survivrait à ce traitement.

[Voyageuse]

Malheureusement pour lui, le paladin n'était pas expert en cri d'oiseau. Et après tout, qu'une chouette ulule en pleine nuit n'avait rien de bien surprenant, au contraire. Il n'en était pas à faire la distinction entre une chouette des côtes et une chouette des forêts... Il n'y prêta pas donc vraiment d'attention.
Au deuxième cri, tout de même, il tourna les yeux vers la maison, surprit, sans doute, que le cri semble en provenir. Mais après tout, une chouette pouvait avoir élu domicile dans le grenier. Il poursuivit donc sa route, après juste un bref instant d'hésitation.
A l'étage inférieur, rien n'avait bougé. Soit ils n'avaient pas compris d'où venait le cri, soit ils ne s'en inquiétaient pas, soit ils étaient dehors.

hrp : Streen semble absent ou au moins peu dispo pour les jours à venir... mais on va avancer un petit peu quand même, ils nous rattrapera.

[Féérune]

Sylveneige jura. Ces citadins ne connaissaient rien aux oiseaux ! et imiter un chien, ça ferait aussi réagir les deux frères... Un loup sur les rives itou... Pouvait-elle crier quelque chose dans une autre langue, ou en imitant une voix d'homme ?

Mais autant appeler franchement les deux frères. Après tout, si c'est Jolan, l'homme sera naturellement prudent ; et si c'est Streen, il aura compris... Oui. Oui, oui, oui, certainement... La rôdeuse tentait de se rassurer par tous les moyens. Elle abandonna ses tentatives.

Tournant ses pensées vers un autre sujet, Sylveneige pensa préparer son éventuelle évasion. Les draps. Des draps solides, tout à fait susceptibles d'être déchirés dans le sens du fil cependant, à l'aide d'une pointe de flèche ou de mon épée. Etrange qu'ils m'aient laissé des armes, si je suis prisonnière...

Vivement, l'elfe prit deux flèches de son carquois et chercha une cachette. Elle plaça une des flèches au fond de l'armoire, verticalement ; l'autre derrière l'armoire, à même le sol. Elles étaient ainsi quasi invisibles.

S'ils me confisquent mes armes, j'aurais au moins de quoi découper ces draps et pourrais m'évader. Bon. Il fait faim, là !

- Holà, Gwaric ? Vous êtes là ? Il serait bien temps de dîner, non ?

[Voyageuse]

Personne ne lui répondit. Peut-être ne l'avaient-ils pas entendu, ou peut-être qu'ils s'en fichaient. Ou qu'ils étaient bien trop occupés à suivre des yeux l'avancée de l'inconnu.
Celui-ci disparut de son champ de vision. Elle devina qu'il devait tourner à l'angle, peut-être s'approcher de l'arbre. ou peut-être pas.
Il lui sembla subitement voir un éclat de lumière violette par la fenêtre, provenant de la direction où avait disparu l'intrus. Elle devina du mouvement dans le parc, peut-être l'un des deux frères, ou les deux, qui se portaient dans la direction de l'"incident". Puis plus rien pendant un petit moment.

[Féérune]

Cette fois, c'est une diversion où je ne m'y connais pas ! pensa immédiatement Sylveneige. Et c'est le moment ou jamais de tester la porte de la chambre.

Elle fit un pas vers la porte, puis revint vers le lit, entortilla rapidement le drap de manière à créer l'illusion d'un corps étendu.

Et après, que faire ? La meilleure chose serait d'explorer soigneusement le reste de la maison, furtivement... Sylveneige lança une détection de piège. Avant même de presser sur la poignée de la porte, ce qui lui sembla plus sûr.

Sylveneige >> détection de piège >> porte de la chambre

[Voyageuse]

HRP : Je doute fort qu'un rôdeur puisse détecter des pièges... en tout cas pas des pièges magiques dans une maison
hrp2 : on ne va plus se mettre en spoiler, ça devient lourd à force : je vais envoyer Streen sur un topic à part quelques temps, ça sera plus simple...

Il n'y avait rien de visible, ni sur la poignée de porte, ni autour. Tout semblait parfaitement normal. Et lorsqu'elle appuya sur la poignée et poussa la porte, celle-ci s'ouvrit normalement... Sauf que Sylveneige se trouva subitement plongée dans le noir. Un noir complet, absolu. Elle n'y voyait absolument rien, même à quelques centimètres de ses yeux.
Autour, c'était le silence, tout aussi total. Elle savait qu'ils étaient dans le parc, en train de se diriger plus ou moins dans la direction où se trouvait l'arbre piégé. Trop loin pour qu'elle entende quoi que ce soit.

[Féérune]

Sylveneige eut brusquement peur. Etait-elle devenue aveugle et sourde ?

La rôdeuse tâtonna vers le couloir, longeant le mur. C'est pour cela que Gwaric m'a posé une question sur l'infravision. Sûr. En tous cas, belle magie... Je vais l'étriper, ce grand salaud... Et son horrible frère tout pareil...

Elle décida, pour se rassurer, pour être persuadée du caractère provisoire de sa cécité, de rentrer de nouveau dans la chambre.

[Voyageuse]

Elle dut tâtonner, en sens inverse, pour retrouver l'embrasure de porte correspondant à sa chambre. Puis longer le mur en tâtonnant pour se déplacer dans la pièce. Elle n'y voyait toujours rien, absolument rien, même en s'éloignant de l'endroit où avait été déclenché le sort. Elle était réellement aveugle...
Elle finit, à force de tâtonnements hésitants, à retrouver le lit, à retrouver sa besace également, et même ses armes... Mais pas la vue. Et elle n'avait pas la moindre idée du temps que durerait le sortilège.
Elle finit par entendre du bruit au rez-de-chaussée, des pas, des frottements, comme si on traînait une charge lourde. Des paroles prononcées à voix trop basse pour qu'elle en saisisse le sens.

[Féérune]

Dans l'esprit de Sylveneige les questions les plus inquiétantes surgissaient. S'ils avaient tué Jolan ? Ou pire, Streen ? Si l'un ou l'autre était blessé ? Peut-on se battre quand on est aveuglé ? Il faudrait bien... Mais comment ? Utiliser un arc en étant aveugle, c'est plus que dangereux, c'est de la folie... Le corps à corps est possible, mais là aussi si je blessais Jolan ou Streen ?

La rôdeuse se mit à trembler de colère rentrée.

Je les tuerai... Là c'est sûr...

Tâtonnant toujours, elle prit sa besace, son carquois et ses armes et repartit en direction de la porte de la chambre. Se fiant à son ouïe, elle se dirigea vers l'escalier, prête à dire n'importe quoi si elle tombait sur un des deux frères.

Non. Son instinct céda la place à la réflexion. Elle revint vers la chambre, à petits pas afin de ne pas buter stupidement dans un obstacle.

S'il s'agit d'un sort, il est forcément limité dans le temps, donc ne pas s'affoler... Je reste là, j'attends un peu, et ensuite exploration de la maison... Si j'entends quelqu'un monter, il sera toujours temps de rentrer vivement dans la chambre.

Sylveneige se plaça le long du mur, au plus près de la porte, et tendit l'oreille, tentant de capter le moindre bruit.

[Voyageuse]

Elle entendait quelques bruits venant d'en bas. Le bruit de discussions, trop faible pour pouvoir les comprendre. Une porte qu'on ouvrait, le bruit de pas qui s'éloignait, qui semblaient descendre des marches, en traînant quelque chose de lourd. Puis plus rien.
Et elle n'y voyait toujours rien.
Elle entendit ensuite, à nouveau, des pas. Quelqu'un qui montait en silence. Mais ça n'était pas la démarche discrète de celui qui veut passer inaperçu, non. C'était quelqu'un qui se sentait parfaitement à son aise, donc probablement l'un des deux frères.
Les pas atteignirent le palier, et se dirigèrent apparemment vers elle. Mais elle n'y voyait toujours rien...

[Féérune]

Sylveneige se risqua à murmurer.

- Gwaric, c'est vous ?

Et se faufila dans la chambre sans attendre de réponse. Si c'était un des frères, il la suivrait probablement à l'intérieur de la chambre ; elle se tint blottie le long du mur à côté de la porte.

Bon. Maintenant, si c'est lui, je suis bonne pour avouer avec le maximum de candeur qu'il m'arrive un truc épouvantable ; et sans le mettre en cause le moins du monde, naturellement. Ou alors...

La rôdeuse, tâtonnant parmi ses affaires, empoigna son carquois et le brandit au-dessus de sa tête, prête à en asséner un coup à celui qui entrerait. Le cuir du carquois était très solide : un coup devrait étourdir suffisamment l'homme pour permettre à l'elfe de... Nom d'un kobold, je verrais bien, pensa Sylveneige.

[Voyageuse]

Elle devina que les pas s'arrêtaient près de la porte, comme si l'homme hésitait à entrer. Ou peut-être qu'il observait quelque chose, un signe lui indiquant que le sort s'était déclenché. Si toutefois c'était Gwaric.
Elle pressentit qu'il entrait, et frappa de toutes ses forces avec son carquois, comme elle l'avait décidé. Malheureusement pour elle, il était bien difficile de viser efficacement en étant aveugle. Et l'homme, de son côté, y voyait parfaitement clair, et elle ne pouvait avoir la certitude qu'il n'ait pas justement tourné son regard dans sa direction, par malchance.
Toujours est-il que son carquois sembla ne rencontrer que du vide... jusqu'à atteindre finalement, plus bas que prévu, quelque chose de mou qui pouvait être un bras ou même une cuisse.
Elle devina qu'il bondissait en arrière, sans savoir s'il était déséquilibré.
- Vous devriez poser ça, fit-il calmement. Vous allez me mettre de mauvaise humeur...
C'était bien la voix de Gwaric. Relativement éloignée d'elle, déjà à l'autre bout de la pièce peut-être. Elle eût la sensation qu'il se déplaçait, silencieusement, et se trouva bien incapable d'estimer l'endroit exact où il se trouvait.

[Féérune]

Vite. Dire quelque chose qui tienne la route.

- Gwaric ? Gwaric, c'est vous ? Oh pardon !

Une petite voix flûtée, craintive. Parfait. Sylveneige poussa un long soupir. Bien le long soupir, ça permet de gagner du temps, de cogiter ce qui va suivre, pensa t-elle.

- Gwaric, il m'arrive une chose affreuse. Je ne vois rien ! rien de rien ! j'ai faim...

Au moins une chose de vraie, dans tout ça.

- ... Et comme j'ai faim, j'ai voulu sortir... Et une fois hors de la chambre, je suis devenue aveugle... Dites, Gwaric, avons-nous été attaqués ? C'est ce que j'ai cru, en tous cas, j'ai cru qu'un ennemi arrivait !

Sylveneige, toujours aveugle, battit des cils. Pour le principe.

- Venez vers moi, Gwaric, je vais vous masser là où j'ai frappé, cela allégera la douleur.

[Voyageuse]

- Je suis capable de me soigner, je suis clerc, je vous rappelle, maugréa Gwaric.
Il ne semblait pas faire mine de s'approcher.
- Mais il est intéressant de savoir que le glyphe de garde vous a touchée. Voyez-vous, il était conçu pour détecter uniquement le passage d'âmes trop tournées vers le Bien...
Il avait pris un ton parfaitement neutre. Ou peut-être légèrement ironique ?
Elle l'entendit se déplacer légèrement. Sans s'approcher.
- Qu'il vous ait atteinte est en soi très révélateur..."