[Lieu] Embarcadère-Débarcadère

[Lekhtarin]

L'halfelin fut étonné de la remarque de Silline, mais il ne réagit pas plus que ça. L'homme qui s'occupait des caisses répondit d'une voix agréable à Silline.

"-Pour sûr, ma jolie damoiselle que j'ai entendu parler du gros Bortrad ! C'est le roi du marché entre la Côte des épées et ici ! Enfin, à c'qu'on dit. Il passe une à deux fois par mois à Manost et il reste pour quat' à six jours. Il est proprio' d'une mine à l'extérieur de la ville, on dit qu'c'est pour ça qu'il a fait fortune. C'tait un grand aventurier aut' fois. L'a combattu des géants du froid avec ses compagnons !"

[Silline]

"Mwouais... bon tiens." Elle lui tend 2 pièces d'or sans trop lui accorder d'attention.

Silline retourne en direction du groupe, approchant du navire, aux aguets.

[Lekhtarin]

Le groupe se dirigea alors vers le navire, et Silline put dire adieu à Manost pour une période plus ou moins longue.

[Althéa]

Le voyage à bord de "La brise furieuse" en provenance de son Calimshan natal lui avait semblé durer une éternité. Et c'était peut-être le cas. Nombre de contes et de contes il avait égrenés tous les soirs pour distraire les marins. Le pire était qu'il n'était pas barde. Il avait pourtant été un passager de marque, ne vomissant que deux fois, et cela dans la discrétion de sa cabine. Sa bourse était bien pleine autant que sa tête regorgeait de rêves. De rêves de grandeur et de pierres solides surgissant soudain de terre.

Il s'était attendu à une ville magnifique, baignée par les eaux tumultueuse d'une mer bleutée. Il s'était attendu à trouver des remparts élégants et des gens souriants. A son arrivée, il déchanta vite. Dans le port, de grands vaisseaux de guerre et un bon nombre de soldats sur la jetée s'invectivant à voix haute. Les remparts étaient terriblement austères. Et au dessus de la ville aux abois, la grisaille. Durant quelques instants, il voulut tourner les talons et demander au capitaine de le ramener avec lui. Mais il prit courageusement son encombrant paquetage, salua chaleureusement l'équipage et descendit sur le quai.

Haut de stature, le corps musculeux, les cheveux d'un noir de jais et bouclés, et ses prunelles olives. Ses vêtements amples, plus adaptés aux chaudes températures. Il ne passa pas inaperçu. Très vite, une escouade de gardes l'arrêta, le fouilla, le contrôla. A chaque question, il répondit calmement.

"Je me nomme Tahar Atik et je viens du Calimshan. Ces rouleaux de papier et ces crayons sont tout ce que je possède. Le reste est dans mon esprit. Ce que je viens faire ici ? Mais je suis architecte !"

Direction ici

[Kasumi]

Reflets de guerre

De par sa taille impressionnante, la Surprise chevauchait les vagues avec une apparente aisance. Mais un observateur avisé noterait immédiatement que le vaisseau de guerre donnait du gîte par bâbord. Et de près, même le profane déduirait aisément que la caraque avait essuyé des combats et en portait encore de lourds stigmates. Son château de poupe avait subi un début d'incendie à en juger par le bois noirâtre par endroit, sa coque portait les stigmates d'impacts - de balistes probablement - et l'un de ses quatre mats semblait grandement fragilisé malgré des réparations de fortune.

L'énorme bâtiment manœuvrait pourtant non sans une certaine grâce entre les coques et les voiles qui encombraient la baie mais ne semblaient être que des jouets en comparaison. Le capitaine avait fait hisser les couleurs luméniennes dès que le port avait été en vue et s'adressait maintenant à son second.

- Lieutenant, vous prendrez le commandement pendant que je me rendrai à la capitainerie négocier avec les autorités manostiennes. Nous avons stabilisé les voies d'eau mais nous ne pourrons pas rentrer en Helonna sans de sérieuses réparations.

[Althéa]

Reflets de guerre

L'arrivée du bateau Luménien dans le port de Manost ne passa pas inaperçue, loin de là. Au début, elle créa même un infime mouvement de panique. On pensa voir les barbares mélandiens prendre la ville à revers par la voie des mers. On s'éloigna en hâte, on prit les enfants par la main avant de se claquemurer en tremblant en fermant portes et fenêtres. Puis un gamin avisé - que ses parents avaient oublié dans la panique - regarda les couleurs du bâtiment. Elles ne correspondaient en rien à la cité du chaos mais à Lumenis, leur ville alliée au delà des mers.

Les badauds aux épaules soucieuses sortirent à nouveau de chez eux. Curieux et un peu méfiants, ils se regroupèrent afin de voir de quel bois étaient les nouveaux arrivants. Ils admirèrent la construction, sa solidité et sa finesse. Comme il avait l'air de pouvoir fendre si aisément les flots.

Et puis, d'une guérite adjacente arriva le guet. Des hommes solides armés de pied en cap et savamment protégés. Ils étaient une dizaine. Protection dérisoire contre une tentative d'invasion mais on pouvait facilement imaginer que les renforts n'étaient pas loin.

Un soldat se détacha du lot, son casque sous le bras. Raide comme la justice, tout comme son bouc entretenu avec soin. Il observa le vaisseau sans sourire, attendant qu'en descende un des représentants.

[Kasumi]

Reflets de guerre.

Les sifflets des officiers retentirent pour intimer des ordres à l'équipage. On ferla les voiles des grands mâts, ne laissant que la toile de la misaine déployée pour les manœuvres finales. Les mouvements coordonnées de l'équipage reflétait une discipline et une habitude qui donnait au spectacle une allure de ballet bien chorégraphié, si tant est qu'il ait été donné à certains manostiens d'assister à ce genre de représentations. Un tambour se mit à vibrer supervisant à la mise à l'ancre du navire à quelques centaines de mètres des quais. Les cent quatre vingt sept marins fleurirent sur le pont, dans les châteaux, dans les hunes ou le nid de pie. Tous avaient envie de voir la solide Manost, cité capitale de leurs alliés.

- Marins, armes au fourreau ! Mettez une chaloupe à la mer !

Aussitôt ordonné, aussitôt réalisé : une chaloupe pouvant accueillir une douzaine de personnes fut mise à l'eau et le capitaine y prit place avec quelques-uns des membres de son état-major et quelques simples marins triés sur le volet. Malgré la discipline des autres, ils ne manquèrent pas de s'attirer quelques regards envieux. Dix minutes plus tard, la chaloupe accostait à l'un des pontons. Le capitaine, un digne marin affichant la quarantaine portait son uniforme d'apparat, une barbe impeccablement taillée et une petite queue de cheval soigneusement tressée. Il salua immédiatement le chef du détachement qui vint à sa rencontre :

- Je suis le capitaine Lachance, officier de la marine luménienne. Je viens solliciter la permission d'apponter pour mon navire, la Surprise.

[Althéa]

Reflets de guerre

Le soldat se mit un instant au garde à vous, de même que ses hommes. Même attitude, même visage solennel, à croire qu'ils avaient été façonnés dans le même bois.

"Capitaine Hilare, du guet municipal, officier. Vous serez bientôt autorisés à aponter. Mais avant, j'aimerais savoir les raisons de votre approche et surtout si vous en avez l'autorisation."

Contrairement à son nom, il n'avait pas l'air de plaisanter.

[Kasumi]

Le luménien pointa son regard gris acier dans celui du capitaine de guet. Il répondit d'un ton formel tout en étant courtois :

- Non, nous ne sommes pas annoncés : et c'est pourquoi mon navire attend au large. C'est un imprévu qui nous a mené au port le plus proche. La Surprise a engagé le combat contre trois dromons qui croisaient dans le Golfe sous pavillon mélandien, il y a deux jours. Les combats ont provoqué des avaries que nous avons besoin de réparer avant de retourner en patrouille. Et le plus tôt sera le mieux, vous partagerez sans soute mon avis, capitaine.

[Althéa]

Un pli de contrariété marqua un instant le front du capitaine.

"C'est une surprise ..."

Il s'interrompit. Un de ses hommes, un jeunot trop jeune pour avoir du poil au menton mais qu'on avait jugé assez vieux pour porter une arme gloussa, visiblement sensible au jeu de mot involontaire. Il se retourna une fraction de seconde et le rire cessa.

"Je comprends très bien, capitaine ... Mais vous devrez au préalable vous acquiter de certaines formalités. A savoir que nous avons besoin de connaître l'identité de chacun des membres de l'équipage. Et nous devrons aussi perquisitionner votre bateau."

Il se tourna vers le petit plaisantin.

"Gamin, vas vite chercher le préposé aux affaires maritimes."

[Kasumi]

Le capitaine ne semblait pas enclin à plaisanter, loin de là. Surtout quand son homologue manostien exposa ses exigences comme s’il ne s’agissait que de formalités évidentes et raisonnables. Son ton se fit encore plus formel et plus froid également lorsqu’il répondit :

- Capitaine, il vous sera transmis la liste des personnes qui seront amenées à débarquer mais il ne me parait pas opportun de vous transmettre notre rôle d’équipage. De même, il ne me parait pas envisageable de vous autoriser à… comment dites-vous déjà ? Ah oui, à *perquisitionner* un navire de guerre de la marine luménienne. Nous accepterons qu’un de vos officiers portuaires accède à la passerelle de commande pour nous assister dans les manœuvres d’accostage mais je ne peux pas vous autoriser l’accès en dehors de ce cadre strict.

[Althéa]

Le capitaine manostien se raidit, les sourcils froncés. Il semblait moins hilare que jamais.

"Comprenez que nous sommes en guerre et que nous ne pouvons vous laisser accéder à notre port comme si votre galère avait été un simple navire de plaisance. J'ai reçu des ordres très stricts et je suis obligé de m'y formaliser. Je vous prie de ne voir aucune attaque personnelle, ser. Mais j'ai des consignes à faire respecter ..."

Il s'empêcha de justesse de croiser les bras.

"Nous verrons avec le préposé aux affaires maritimes."

[Kasumi]

Le luménien se serait bien raidi lui aussi mais il semblait déjà s'être transformée en une statue d'argile dont le sculpteur aurait été particulièrement doué pour signifier la colère blanche qui l'animait en cet instant.

- Nous verrons effectivement avec les autorités compétentes si mon équipage est considéré comme un envahisseur potentiel ou si la bannière qui flotte en haut de nos mats signifie quelque chose pour vous. Capitaine, vous voudrez bien m'excuser : je retourne à ma chaloupe pour y attendre votre réponse.

Et déjà de simuler un demi-tour fort théâtral...

[Althéa]

"Attendez, appela le manostien comme piqué au vif par l'aiguillon de la justice, je suis convaincu que nous parviendrons à un rangement. Je gage que chacun d'entre nous puisse parvenir à un accommodement raisonnable. Manost est parfaitement consciente de la dette qu'elle contracte envers Lumenis ..."

Au même moment, le jeunot revint accompagné d'une femme entre deux âges. A l'instar des autres, elle portait une armure mais pas d'armes. Le cheveu court et roux, les prunelles grises et vives. Elle considéra les deux capitaines avec une curiosité certaine mais le visage fermé.

"Alors, quel est le problème ?"

[Kasumi]

Si le capitaine de la garde n'avait pas retenu l'officier de marine par sa tentative diplomatique, il aurait été probable que ce dernier laisse le premier se dépatouiller avec son collègue avant de faire valoir dûment ses droits. Mais le manostien s'était bien repris aussi le capitaine Lachance répondit-il fort courtoisement :

- Il n'y a pas vraiment de problème, officier. Je suis le capitaine de la Surprise, le navire que vous pouvez voir juste là. Le capitaine Hilare et moi-même ne faisions que discuter du meilleur moyen pour mes hommes de procéder à quelques réparations avant que nous ne reprenions la mer. Par chance, nous n'aurons pas besoin d'utiliser l'une de vos cales sèches. Si le matériel nécessaire pouvait être porté à notre bord, nous n'aurions pas même à encombrer l'un de vos quais.

[Althéa]

"Ils refusent de nous donner les noms des membres de l'équipage et que nous perquisitionnons leur vaisseau. Pourtant, c'est la procédure habituelle."

La femme l'interrompit d'un regard.

"Ils portent les couleurs de Lumenis, Hilare ... Pensez-vous qu'ils abritent des mélandiens dans leurs soutes ?"

Elle reprit sur un ton moins sec en se tournant vers le capitaine luménien.

"Hilare est quelque peu ...tendu. Mais nous ne le sommes tous. Dresser une liste complète des membres de l'équipage est fastidieux. La liste de ceux qui descendront à terre est préférable. Pour la perquisition, une vérification d'usage suffirait. Si vous nous l'autorisez, je dépêcherai quelques hommes en même temps que le matériel."

[Kasumi]

Visiblement le second officier avait un sens de la diplomatie et des usages bien mieux ancré que son infortuné collègue, chef de patrouille. C'était rassurant. Mais le luménien n'en montra rien, gardant un air impassible, presque flegmatique à présent. Il répondit néanmoins d'un air courtois donnant plus d'ampleur à son accent étranger :

- Ces conditions nous conviennent. L'essentiel de mon équipage sera assigné sur la Surprise et ne sera pas autorisé à se rendre en ville mais nous avons besoin d'y envoyer notre maître coq ainsi que quelques-uns de ses aides. Je vous dresserai la liste avant ce soir. Je vous accorde l'autorisation d'envoyer quelques-uns de vos hommes inspecter la Surprise. Mais je vous prierai de porter à ma connaissance leurs fonctions : aucun ne doit être ingénieur du génie ou charpentier de marine. Et encore moins dessinateur. Ils pourraient être amenés à voir des secrets militaires luméniens : leur parcours sera balisé et je les accompagnerai durant leur inspection.

[Althéa]

"Cela me convient tout à fait, j'accompagnerai mes hommes à bord du bateau pour l'inspection. Nous avons très peu d'ingénieurs nautiques parmi nous. Notre force réside presque entièrement dans l'armée de terre, finit-elle par dire, aurez-vous besoin de quelqu'un pour vous guider à travers la ville ? Au premier abord, Manost a l'air quelque peu labyrinthique. Au bout du compte, on s'y fait très bien. Au fait, je ne me suis pas présentée. Officier Vimaire et je suis préposée à la surveillance du port."

[Kasumi]

Le capitaine Lachance adressa un sourire reconnaissant à l'officier Vimaire :

- Je suis enchanté de vous avoir rencontré et c'est avec plaisir que j'accepte votre offre. Peut-être pourriez-vous me mettre en relation avec votre officier d'intendance : nous allons avoir besoin d'un certain nombre de matériaux assez précis. Mais cela peut attendre qu'il soit disponible bien entendu.

[Althéa]

Vimaire eut un petit rire embarrassé.

"C'est que je suis aussi l'officier d'intendance, du moins pour tout ce qui concerne le port. Le ... véritable est parti à la guerre. Mais ne vous inquiétez pas, je suis aussi compétente dans ce domaine. Vous allez devoir me supporter quelque temps, je le crains."

[Kasumi]

Mais le luménien ne paraissait pas du tout embarrassé et même quelque peu soulagé voire ravi de cette révélation. L'officier Vimaire lui avait fait forte impression et continuer d'avoir affaire à elle ne pouvait que sonner comme une bonne nouvelle :

- Ne craignez rien, j'en suis ravi. Si vous montriez votre stock de planches et de poutrelles, je vous en serais reconnaissant... La carène, le château avant et surtout un de nos mats ont souffert des combats. Nous avons pu contrôler les voies d'eau et pallier le plus urgent mais nous ne pourrons pas traverser l'océan avec de tels problèmes d'équilibre.

[Althéa]

Vimaire sourit franchement.


"J'ai de quoi vous aider ... Et j'ai aussi les clés de l’entrepôt. Et quelques hommes pour transporter le tout. Je vous laisserai choisir."

Elle lui montra une clé qui pendait à son cou. Son air se refit sérieux.

"Nous fabriquons peu de bateaux et avons peu l'occasion d'en réparer, fatalement. Mais nous avons une dette envers à Lumenis. Et j'aimerais m'en acquitter, à mon échelle tout du moins autant que possible."

[Kasumi]

Le capitaine était proprement ravi et ne remettait certainement pas en doute les motivations de l'officier même s'il devait reconnaître qu'il était tout de même un peu étonné. Et agréablement surpris.

- Vos hommes seront les bienvenus : je trouve plus prudent d'éviter que les miens ne débarquent. Les temps sont troubles vous comprenez, la population doit être aux abois, même ici. Et l'exemple du capitaine Hilare n'est certainement pas isolé. A vrai dire je dois admettre que je ne m'attendais pas à tomber sur quelqu'un comme vous. C'est une bénédiction, assurément. Et une preuve que la confiance de vos supérieurs est bien placée.

[Althéa]

"Nous sommes tous aux abois. Le gros de notre armée est partie à la guerre. Restent seulement les moins ... capables et les novices."

Lachance nota alors qu'elle boitait. Sa jambe droite était étrangement raide.

Tout en parlant, Vimaire se dirigeait vers les portes d'une construction massive, typiquement manostienne mais d'un aspect netemment moins travaillé, visiblement l'entrepot dont elle parlait. Elle introduisit sa clé dans la serrure qu'elle tourna. Il faisait sombre, la seule lumière provenant du jour s'engoufrant par les portes ouvertes.

D'emblée, elle fronça le nez. Il régnait dans le lieu une odeur forte, étrange. Elle fit signe à Lachance de stopper et c'est peut être ce qui leur sauva la vie car quelques secondes plus tard, l'entrepot fut envahi par d'étranges flammes vertes qui se propagèrent à toute vitesse. Ils n'eurent que le temps de reculer.

[Kasumi]

En un geste réflexe pour éviter le souffle de flammes, le capitaine luménien avait plongé en entraînant la manostienne à terre. Il avait atterri sans façon sur elle et se dégagea précipitamment en s'adressant à elle d'un ton gêné :

- Euh, désolé... Mais qu'est-ce que c'était ça, fit-il en désignant l'entrepôt gagné par une belle flambée. C'est pire que le feu grégeois !

[Althéa]

La manostienne ne releva pas. La tête tournée vers les flammes qu'elle regardait avec une vague stupeur mêlée d'angoisse. Elle parvint tout de même à articuler.

"Merci, sans vous ... Je ne sais pas pour les flammes mais c'est en train de flamber, et ça va sans doute se propager."

Quelques secondes plus tard, elle se mettait à crier.

"Au feu !"

Elle regarda le luménien d'un air gêné.

"Vous pouvez m'aider à me relever ?"

[Kasumi]

Le luménien lui tendit une main secourable tout en regardant les flammes qui léchaient les murs du bâtiment. Il était trop tard pour tenter de refermer les portes de l'entrepôt mais le capitaine joignit sa voix puissante à celle de la manostienne pour appeler des secours.

- Mes hommes sont à votre disposition pour contenir cet incendie si vous en avez l'utilité.

Déjà les rameurs de sa chaloupe arrivaient en courant, alertés par les appels.

[Althéa]

Ils furent nombreux à répondre à l'appel en plus des luméniens. Disciplinés et bien organisés, ils formèrent une chaîne depuis les points d'eau les plus proches. Les membres des deux cités se confondaient, noircis à présent par les cendres et les suies. S'ils parvinrent à sauver le bâtiment et empêchèrent le feu de se répandre, une bonne partie du matériel avait l'air inutilisable.

"Je ne sais pas s'il reste assez de matière pour réparer votre navire ...", dit-elle désolée.

Elle s'engagea à l'intérieur afin de se rendre compte elle-même des dégâts.

[Kasumi]

La lutte avait été âpre. Les flammes semblaient alimentées d'une vie propre pour réduire leurs efforts à néant. Mais, peu à peu, à force d'organisation et de persévérance, les flammes furent contenues, puis refluèrent. Les dernières furent étouffées alors que les luméniens et les manostiens commençaient à échanger quelques sourires rassurés. La victoire avait été commune, un bon présage pour la guerre qui faisait rage. Mais celui qui avait incendié l'entrepôt était encore plus fuyant que les mélandiens. Et pire, il était infiltré au sein même de Manost. Le capitaine Lachance félicita ses hommes avant de répondre à l'officier manostien, plus sombre :

- Ce n'est pas le plus important : ce feu n'avait absolument rien d'un accident. Cela signifie que des saboteurs ont infiltré la ville. Et au vu des dégâts qu'ils ont fait ici, je ne pourrai pas prendre le risque de faire apponter la Surprise.

[Althéa]

Vimaire hocha sombrement la tête.

"Tout cela est étrange, et malvenu. D'autant que ce n'est pas le premier bâtiment à avoir flambé à Manost, même si je serais prête à mettre ma main au feu ..."

Elle écarquilla les yeux, se rendant compte de l'expression qu'elle avait employée.

"Je gagerais qu'il s'agissait la dernière fois d'un accident pur et simple. Malencontreux mais un accident ..."

Elle essaya son visage de sa manche, étalant la suie au lieu de la chasser.

"En effet, il me semble plus prudent de ne pas apponter. Mais peut-être pourrions acheminer les différents matériaux par chaloupe. Même si cela risque de prendre du temps."