[Bâtiment] Domaine des DouceChute

[Galathée]

Galathée le rejoignit un peu plus tard, alors qu'il travaillait au polissage de son oeuvre, une tâche qui demandait finesse et patience, pour ne pas gâcher ce qui avait déjà été fait. Elle s'installa, l'entretint joyeusement d'une anecdote ou d'une autre, puis se tut. Elle demeura silencieuse un moment, si bien que le barde se demanda si elle s'était endormie dans son ombre. Mais il n'en était rien.
" Tu es tendu, dit-elle au bout d'un moment. Est-ce que tout va bien ? Si tu es fatigué, nous pouvons monter nous coucher..."

[Taliesin]

Il profita du fait qu'il lui tourne le dos pour préparer son petit discours. Il n'aimait pas l'idée de lui mentir mais... S'il lui disait la vérité, elle serait sans doute aussi peu à l'aise que lui dans cette demeure. Or, il ne voulait pas que celle-ci cesse d'être un havre pour la rôdeuse, que l'inquiétude la ronge...
-Non non, tout va bien, finit-il par répondre en lui faisant face et en esquissant un sourire. C'est juste que... Mes amis m'ont contacté : ils vont avoir pas mal besoin de mois dans les jours qui viennent. D'abord, il faut trouver rapidement de nouveaux locaux et s'y installer au plus vite : notre présence met en danger nos alliés, qui doivent par dessus tout rester discrets. Ensuite, après l'emménagement, et bien... Il n'y aura que trois adultes là-bas, dont deux à qui il faudra du temps pour se remettre. Alors si on veut que Kerun puisse agir à l'extérieur, pour retrouver Polyanna, pour chercher un moyen d'effacer définitivement ta marque... Il est nécessaire que j'aille donner un coup de main pour les tâches quotidiennes, pour gérer les trois gosses...
Il soupira.
-Bref, je ne pourrai pas rester ici autant que je l'aurais voulu, et ça m'ennuie beaucoup. Le seul côté positif, c'est que je ne m'exposerai jamais, que je ne courrai pas le moindre risque, à aucun moment...
S'il y réfléchissait bien, hormis le mensonge concernant le message reçu, tout le reste n'était que vérité.

[Galathée]

Un pli barra le front de la rôdeuse, mais elle retrouva vite le sourire, et vint s'appuyer contre lui.
" Comme je te l'ai dit, il faut faire ce qui doit être fait, murmura-t-elle. J'espère que cette inquiétude n'est pas liée à moi. Je sais que tu ne repartiras pas sans moi. A présent que je t'ai retrouvé, je survivrai aux moments d'absence avec plus de facilité. Je ne risque rien, tu seras prudent... Ce sont évidemment des contretemps, et les contretemps ne sont pas toujours agréables... Mais je n'ai certainement pas envie d'arriver dans ton groupe d'amis avec la réputation de t'avoir vampirisé en te privant de les aider. J'imagine que ce genre d'organisations doit fonctionner sur une solidarité de tout instant, et vu ce qu'il vous est arrivé... Il est plus que nécessaire que les rescapés sachent que tu es un homme fiable."
Elle l'embrassa sur la joue.
" Je pense que je vais aller ramper jusqu'à mon antre et m'y enfouir... Ne te laisse pas surprendre par l'aube, mon amour..."

[Taliesin]

[color=#FFFFF66]-Il faut vraiment que j'achève rapidement la sculpture, parce que le temps que je pourrai y consacrer va beaucoup diminuer. Néanmoins... Tu as raison, je serai raisonnable. D'autant que m'acharner alors que la fatigue me gagne serait le meilleur moyen de tout gâcher.[/color]
Si, une fois n'est pas coutume, il réussissait à mener sa transe elfique à terme, il serait en mesure de se coucher tard et de se lever tôt tout en restant en forme...
-Si tu m'en donnes l'autorisation, j'aimerais te prêter mon bras jusqu'à notre chambre, reprit-il. Mais auparavant...
Il ferma un instant les yeux, rassembla son courage.
-Gal, j'ai bien réfléchi, et... Voilà. Si trouver comment effacer la marque de l’École risque d'être long, il y a peut-être des solutions plus immédiates. D'abord, notre ancienne base était protégée par des sortilèges et celle de nos alliés l'est encore davantage, si bien qu'il me paraît envisageable de faire en sorte que nos nouveaux locaux soient aussi hermétiques à la divination que le domaine DouceChute. Ensuite, il est possible que l'une de mes relations puisse te rendre non repérable durant un trajet en ville ; dans le cas contraire, je sais que l'une serait capable de te téléporter directement d'ici à notre nouvelle résidence. Enfin... - il baissa encore le ton - Je connais des clercs. Dont l'un sert Lathandre, un autre Chauntéa. Divinités qui, me semble-t-il, président souvent aux naissances...
L'elfe se demanda pourquoi il n'avait pas envisagé plus tôt tous ces éléments. Probablement parce que les opérations de sauvetage avaient accaparé toute son attention. Sans doute, aussi, parce qu'il rechignait à arracher Galathée à ceux auxquels elle s'était attachée. Mais à présent qu'il n'y avait plus le choix...
-Bref, pour résumer, il est possible qu'avant longtemps, toutes les conditions soient réunies pour que nous t'amenions ailleurs. Alors.... Est-ce que tu pourrais y réfléchir ? Puis me dire si tu serais d'accord pour déménager plus tôt que prévu, ou si tu préfères vraiment attendre au moins jusqu'à l'accouchement ? Sachant, bien sûr, que nous ferons comme tu le souhaites.

[Galathée]

« Oh… Je m’étais… Rien ne pourrait me faire davantage plaisir, Taliesin. Je suis attachée et reconnaissante envers les DouceChute, mais je me languis de retrouver la compagnie de personnes dont je partage davantage les valeurs… Si tu penses que c’est possible… Je ne veux juste pas m’emballer, je ne peux pas m’emballer, je dois pouvoir… contrôler… L’espoir… c’est quelque chose de meurtrier, quand il est déçu… En même temps… Si je dois rester ici un peu plus longtemps, j’y survivrai, mais… Oui. Oui, j’aimerais partir avec toi. J’aimerais accoucher entre les mains d’un Chauntéen ou d'un Lathandrite, assurément... J'aime beaucoup Gregor mais sa spécialité... Ce sont les morts. Et si tes amis peuvent me garantir un passage… »
Elle le dévisagea.
« Tu es cruel, Taliesin. Très cruel. » murmura-t-elle en souriant, les yeux un peu humides.

[Taliesin]

La réaction de sa compagne le surprit autant qu'elle le soulagea : il ne s'était pas attendu à un tel enthousiasme...
-Tu noteras que j'ai mis des "peut-être", que j'ai parlé de possibilités et non de certitudes. Un certain petit garçon de notre connaissance m'a mis en garde contre les promesses faites à la légère et... j'ai retenu la leçon.
Il sourit, prit ses mains dans les siennes.
-Mais j'ai bon espoir que tout cela advienne. Et, dès demain, je me mettrai à pied d’œuvre pour que cet espoir se transforme en réalité concrète.

[Galathée]

Elle acquiesça, les yeux brillants, puis lui prit le bras et l'entraîna vers les hauteurs. Ils cheminèrent lentement dans l'escalier. La rôdeuse avait le souffle trop court pour parvenir à poursuivre la conversation et elle pesa sur son compagnon, bien qu'elle s'efforça manifestement de ne pas trop le faire. Une fois dans la chambre, elle lui demanda de l'aide pour se changer avant de calfeutrer son ventre énorme sous les couvertures.
" Tu vas devoir faire vite, Taliesin, lui dit-elle. Très vite. Je ne vais plus tenir très longtemps."
Un sourire lui étira les lèvres.
" Mais ne crains rien : ce ne sera pas pour ce soir."

[Taliesin]

Il grimaça.
-Tu es cruelle, Galathée. Très cruelle de me mettre une telle pression...
Il sourit, l'embrassa longuement.
-Mais je relève le défi. Je vais terminer ma sculpture avant l'aube, je dormirai quelques heures... Puis j'irai sonner le branle-bas de combat chez mes alliés. Nous avons retrouvé Kerun, nous avons de l'or... et qui sait si les choses n'auront pas déjà bien avancé en mon absence ? Bref, la tâche ne me paraît pas impossible.
Il recula d'un pas.
-Mais j'aurai besoin de ton aide. Demain matin, il faudra que tu retrouves pour moi un certain petit animal que je dois porter à un rôdeur solitaire... Cela l'attendrira peut-être au point qu'il n'osera plus rien me refuser !

[Galathée]

Elle rit doucement.
" Ne crains rien... Je sais parfaitement où se cache cette petite canaille... Mais n'essaie pas de t'en servir pour acheter Kerun. S'il doute de tes intentions, il pourrait refuser par principe. Or j'ai cru comprendre que vous aviez une relation basée sur autre chose que de retorses tentatives de manipulation... Ce serait dommage de tout gâcher. D'autant que si j'ai bien suivi les péripéties des derniers jours, c'est aussi lui qui a essayé de te tuer. L'un dans l'autre, je suis certaine que tu peux le gagner à ta cause sans y mêler la petite martre."

[Taliesin]

-Voyons, tu te doutes bien que c'était une plaisanterie, non ? Je ne suis pas du tout du genre manipulateur.... J'y suis parfois contraint par la force des choses, mais cela concerne uniquement mes adversaires.
Il se tut, observa la rôdeuse, comprit que s'il ne partait pas maintenant, il n'y arriverait plus : s'étendre à ses côtés serait trop tentant.
-Malheureusement, il faut que je file. Une nuit de polissage et peut-être de vernissage m'attend. Et la journée suivante ne sera pas moins fatiguante. Mais... plus enthousiasmante, assurément !

[Galathée]

" Ne t'endors pas sur ton oeuvre et ne t'empoisonne pas aux vapeurs de vernis !" s'exclama Galathée d'une voix déjà ensommeillée.
Elle s'emmitoufla comme une espèce de grosse tortue sous ses couvertures et poussa un léger soupir.
" Et si tu n'as pas d'idées de prénoms d'ici deux jours, je vais devoir retenir les propositions de Morvan, je te préviens..."
Puis elle se retourna, le congédiant gentiment.

HRP : tu peux faire un sort à la nuit de ton barde

[Taliesin]

-Hé, mais je t'ai proposé des idées ! De magnifiques idées, même !
Il gagna la porte, se retourna une dernière fois.
-Bonne nuit, Gal.
Quelques minutes plus tard, il était à nouveau dans l'atelier, polissant sa sculpture à la lueur d'une lampe. Le travail était aussi exigeant qu'ingrat, mais il l'accomplit avec patience et même entrain. A présent que la suite des événements était clairement tracée, qu'il savait que ce pénible entre-deux allait bientôt toucher à sa fin et que Galathée était heureuse de déménager, il se sentait le cœur léger, plus léger qu'il ne l'avait été depuis des lustres.
Il ne vit pas le temps passer, mais la nuit était encore profonde lorsqu'il termina son travail. Alors, il fouilla un peu, dénicha un pinceau ainsi qu'un vernis à la teinte satisfaisante et entreprit de l'appliquer. Là encore, il fallait se montrer extraordinairement méticuleux. Toutefois, son esprit demeurait alerte, sa concentration intacte...
C'est dans la lumière grise qui précède l'aube qu'il regagna sa chambre, satisfait du devoir accompli. S'il en avait l'opportunité, peut-être gratifierait-il son œuvre d'un second vernissage, pour mieux la protéger, pour en améliorer le flamboiement. Néanmoins, il s'agissait là de perfectionnements dispensables : si l'occasion ne se présentait pas, tant pis.
Il s'étendit aux côtés de sa compagne endormie, resta un instant à l'observer, souriant, puis s'abandonna à la transe elfique, en espérant que, cette fois, on ne le laisserait pas paresser jusqu'à une heure indue.
Car il avait du pain sur la planche.

[Galathée]

Elle ne le laissa pas aller au bout des quatre heures qu'il avait escomptées car, non seulement il perdit sa transe en cours de route, comme d'ordinaire, mais de surcroît, elle le réveilla par mégarde au moment où elle s'extirpa elle-même du lit. Lourde et maladroite, elle s'appuya sur lui sans l'avoir prévu, le bousculant dans son sommeil. Il faisait jour, il était encore relativement fatigué, mais le soleil s'était indéniablement levé.
Puisqu'il avait rejoint le monde des vivants, Galathée l'enrôla pour qu'il l'aide à se changer puis lui proposa de demeurer coucher s'il le souhaitait. Elle comptait aller dénicher la martre puis, bien sûr, rejoindre la table du petit déjeuner.

[Taliesin]

-Je vais t'accompagner dans le jardin, réceptionner la petite canaille puis me mettre en route sans tarder, dit-il, s'habilant déjà. Morvan ne s'offusquera pas de mon absence : mes amis m'ont contacté tandis que nous discutions, hier, et je l'ai prévenu que des affaires urgentes m'appelleraient à l'extérieur.
En réalité, il voulait surtout éviter que le jeune Anselme le réquisitionne pour une séance de tir à l'arc...
-Je ne sais pas quand je rentrerai, poursuivit-il. Mais si je tarde, ce sera forcément que les choses avancent bien puisque, je le répète, nous n'allons absolument rien faire de dangereux.

[Galathée]

" Je ne m'inquiète pas." dit Galathée en l'attendant près de la porte.
Elle lui prit à nouveau le bras, dès qu'il fut prêt, et ils descendirent dans le parc. La jeune femme le guida vers le petit étang qu'ils avaient contemplé la veille, puis partit vers un bosquet de pins. Il y avait un trou rond à mi-hauteur de l'un des troncs, et elle frappa sur l'écorce voisine, comme si elle rendait une visite de courtoisie à l'animal. La mine de la martre surgit peu après et Galathée l'attrapa entre ses mains, avant de la tendre à Taliesin.
" Elle n'est pas très farouche, mais elle est très facétieuse. Mets-la dans une poche, sinon elle risque de filer et de se perdre. On risque de la prendre un rat, vu sa taille. Elle serait sûrement capable de survivre en ville, si elle était un peu plus grosse et peu plus expérimentée."
La petite bestiole était toute douce et elle observa le barde de ses yeux noirs, avant de lui mordiller l'index de ses petites dents aiguës. Elle ne protesta pas quand il la fourra dans la poche intérieure de son manteau, et la rôdeuse repartit vers les grilles qui menaient au dehors, où le barde pourrait récupérer son épée.
" Si elle ne lui plait pas, ne force rien, et ramène-la moi. Enfin, sauf si un des enfants se sent l'âme de l'adopter."

[Taliesin]

-Promis.
Juste avant d'arriver aux grilles, il s'immobilisa, lui fit face.
-Bon, je sais que tu me fais confiance, que tu ne t'inquiéteras pas. Mais ça m'ennuie de t'abandonner ainsi, et j'imagine que... ça me rassure de te rassurer.
Il sourit.
-J'ai le pipeau, je serai entouré d'amis, et aucune de nos démarches n'est risquée. Alors même si mon absence se prolonge, même si je devais découcher, ce qui j'espère n'arrivera pas... Cela voudra juste dire que je suis en train d'aider à l'aménagement de notre lit douillet ou à la préparation du petit voyage qui t'y mènera.

[Galathée]

Galathée posa un doigt sur ses lèvres, puis l'embrassa et prolongea l'étreinte.
" Taliesin, ne t'inquiète pas. Je t'attendrai. Mais je te préviens que dès que les bébés seront nés, ce sera fini les bonnes excuses. Même si tu dois sauver le monde, tu devras d'abord changer les couches et te lever la nuit pour les bercer... Alors... Entre nous... Honnêtement, du fond du coeur... Profite. Profite bien de ces derniers jours de liberté."
Elle lui fit un clin d'oeil.
" Je suis folle ! Je vais te faire fuir ! Oublie tout ça !"
Le gratifiant d'un dernier baiser sur le front, elle le poussa doucement vers la sortie.
" Ne crains rien. Je t'attends et j'ai confiance. File, maintenant. Sans regrets."

[Taliesin]

-Je reviendrai malgré ces terribles menaces ! affirma-t-il, croisant les bras. Changer des langes et bercer des bébés toute une nuit durant ne me fait pas peur !
L'instant suivant, il adoptait une mine terrifiée.
-En fait si. Mais je reviendrai quand même. Après m'être assuré que Guéric tiendra parole. Hum, et peut-être après avoir recruté quelques victimes supplémentaires...
Il lui adressa un sourire radieux puis tourna les talons. Comme d'habitude, il se cacherait parmi les arbres poussant au-delà de la grille, se rendrait invisible et, seulement alors, prendrait la direction du Temple de Moandre.

[Taliesin]

Arrivé en vue du domaine, Taliesin poussa un profond soupir de soulagement : le trajet depuis le temple de Moandre lui avait paru interminable. Tant qu'il était demeuré dans l'Antre des Miséreux, il lui avait fallu rester sur ses gardes mais, sitôt parvenu dans des parages mieux fréquentés où suffisait la vigilance ordinaire de tout piéton parcourant les artères d'une grande cité, ses pensées s'étaient mises à défiler sous son crâne à une vitesse incroyable. Il avait songé au déménagement, à l'accouchement tout proche, aux problèmes qu'ils pourraient rencontrer dans l'un et l'autre cas. Il avait pensé à Baptiste, cet ancien ami de Victor qu'un hasard surprenant avait placé sur sa route, ce gosse courageux et déboussolé pour qui, il en avait conscience, il était en train de sacrément se prendre d'affection...
Non loin de l'entrée de la résidence, il s'efforça cependant de se concentrer et de s'approcher des grilles le plus discrètement possible.
Une chose à la fois. D'abord... Trouver Galathée et la prévenir de la suite des opérations.

[Galathée]

Alphonse le fit pénétrer dans le domaine sans lui poser de questions, désormais accoutumé à ses déplacements irréguliers. Il lui indiqua qu'il pensait avoir vu Galathée passer avec le plus jeune des DouceChute, et qu'ils étaient partis vers l'arrière du parc, là où les arbres étaient plus denses. Taliesin emprunta donc le chemin de pierre jusqu'au manoir, le contourna, puis s'enfonça dans les replis plus sauvages du domaine, escorté par des faunes et des loups de pierre, des ours et des dryades, quelques aventuriers, quelques avatars féroces, des oiseaux et des sangliers, une licorne aux prises avec un loup-garou, un groupe de gobelins difformes, une goule appuyée sur un tronc. Certaines de ces oeuvres avaient dû nécessiter plusieurs veilles de travail, à n'en pas douter, sinon des mois.
Il entendit Galathée et Anselme avant de les voir. Ils discutaient de l'usage de différents bois et de l'importance de savoir les distinguer. L'adolescent paraissait un peu perplexe, mais la rôdeuse était enthousiaste. Ils se turent cependant alors que le barde approchait, comme ils percevaient, l'un et l'autre, les craquements de son pas dans le sous-bois traître.

[Taliesin]

Les ayant rejoints, l'elfe salua poliment l'adolescent puis se racla la gorge : il n'était sans doute pas tombé au meilleur moment... Enfin, puisqu'il était ici...
-Je vous demande pardon pour le dérangement, mais... leur dit-il avant de se tourner plus franchement vers la rôdeuse.[color=#FFF66] Galathée, est-ce que je pourrais te dire un mot ? Cela ne prendrait qu'un instant. Cependant, si tu préfères, je peux également aller t'attendre à l'atelier : j'ai encore un peu de travail, là bas.[/color]

[Galathée]

La jeune femme le dévisagea, un peu interdite, puis adressa un sourire et un haussement d'épaules à Anselme, et rejoignit le barde. Elle lui prit aussitôt la main et l'entraîna à l'écart. L'adolescent les regarda s'éloigner sans rien dire, avec peut-être un peu d'inquiétude sur le visage.
" Tu as fait vite, remarqua la rôdeuse, d'une voix légèrement rauque. Est-ce que je dois déjà faire mes valises ?"

[Taliesin]

Il entremêla ses doigts aux siens, lui adressa un sourire réconfortant.
-Tout s'est mis en place plus rapidement que prévu, notamment parce que nous n'allons pas chercher de nouveaux locaux : nous nous installerons là où se trouvent déjà mes amis, un endroit parfaitement sûr, peut-être le plus sûr de tout Melandis, répondit-il doucement. Mais nous n'allons pas non plus partir dans la seconde : je ne veux pas que tout cela soit trop brusque pour toi. Alors... Dans l'absolu, j'aimerais que nous ayons déménagé d'ici ce soir, mais si tu préfères, ça peut attendre demain matin.

[Galathée]

" Non. Aujourd'hui, demain, ça ne changera rien." fit-elle, d'un ton plus résolu.
Elle pinça les lèvres et jeta un oeil derrière son épaule, vers Anselme, qui devisait à voix basse avec son corbeau.
" Mais je veux avoir le temps de leur dire au revoir dans les formes. Ils ont fait beaucoup pour moi et... les garçons, surtout... Je ne sais pas. Morvan a toujours su que je partirais, que c'était mon désir, et que c'était la meilleure chose qui pouvait arriver. Et ton apparition a sûrement été le signal que les choses allaient bouger... Mais les garçons... Ils savent aussi, bien sûr, mais... Je ne veux pas qu'ils me voient partir dans l'amertume. L'amertume est dangereuse... et je ne leur souhaite pas ça. Alors je vais prendre le temps... Retourne à l'atelier terminer ce que tu dois faire... et moi je me charge des DouceChute. Je partirai ce soir, pas avant."

[Taliesin]

Ce soir... Cela lui sembla terriblement loin, tout à coup, et il songea à tous les incidents qui pouvaient se produire d'ici là. Mais il comprenait parfaitement la rôdeuse, n'avait aucune envie de rendre les choses trop dures pour elle. Aussi acquiesça-t-il.
-Très bien. Il va juste falloir que tu me donnes une heure, parce que je dois aller chercher la personne qui nous amènera là-bas. Et j'aurais aussi besoin de savoir s'il y a, près des grilles, des protections magiques susceptibles de dissiper des sorts d'illusion tels que l'invisibilité...

[Galathée]

La rôdeuse écarquilla les yeux.
" Pas de que je sache, mais... je n'ai jamais tenté de franchir les limites du domaine, tu sais... Je pourrais poser la question mais ce serait révéler tes intentions. Est-ce ce que tu veux que je fasse ? Sinon... Tout bien réfléchi, je crains que le domaine ne soit protégé, oui. Les DouceChute ne sont pas du genre à apprécier les intrusions. J'essaie de réfléchir... Hum. J'aurais pensé qu'il s'agirait là des défenses habituelles auxquelles on peut s'attendre sur un grand domaine, malheureusement..."

[Taliesin]

-Ne t'inquiète pas : notre guide peut se prémunir de ce genre de protection. Il se doutait qu'il y en aurait et souhaitait seulement s'en assurer. Ce que tu m'as dit suffira : mieux vaut ne pas poser de questions.
Il jeta un regard en direction d'Anselme.
-Je vais aller à l'atelier. Le moment venu, je partirai chercher notre allié. Il suffira alors que tu nous attendes dans une partie du parc qui soit la plus discrète possible...
Il soupira.
-Je suis désolé que les événements se précipitent à ce point. Je suis bien conscient que ça ne va pas être simple, pour toi...

[Galathée]

" Les choses sont bouleversées depuis ton apparition. Quand je t'ai vu... J'ai cru que je partirais dans l'instant. Et puis le quotidien a repris sa place... Je suis prête. Je veux être avec toi, je veux rentrer à Luménis, je veux... que nous puissions repartir de l'avant, désormais, malgré les... obstacles qui demeurent... Il est vrai que cet asile... était reposant. Je n'avais rien à réfléchir, rien à penser, rien à faire, même, sinon me laisser guider par la tranquillité du quotidien. L'inertie. Je suis jeune, encore, très jeune, par rapport à toi. Je te remercie de me bousculer, j'en ai besoin."
Elle posa une main sur sa joue.
" Ne t'inquiète de rien. Organise mon départ. Je vais prendre le temps de faire mes adieux."

[Taliesin]

Embarrassé par la présence du jeune DouceChute, il n'osa l'embrasser, se contenta de river son regard au sien.
-Viens me trouver quand tu auras une idée plus précise du moment où tu souhaites partir. Je m'occuperai du reste.
Il lui sourit.
-Tout va bien se passer.
Il songea à lui parler du temple, de ses habitants, de ses amis, des préparatifs déjà en cours... Mais ce n'était sans doute pas le bon moment. Cependant, une idée lui traversa l'esprit...
-Quant à être bousculée... Gal, prépare-toi à en apprendre de belles sur ton fils. Baptiste le connaît, ils étaient amis et... hum... Ils ont fait les quatre cent coups ensemble. Tu verras, leurs exploits ne sont pas piqués des hannetons !

[Galathée]

Galathée ne put s'empêcher de rire de bon coeur, puis secoua la tête.
" Taliesin, mon ami, est-ce que tu as vraiment jamais cru que Victor avait été un enfant sage ? Victor, notre Victor ? Je suis certaine que les aventures que Baptiste pourrait me raconter sont certainement fantastiques, mais je doute qu'il puisse me surprendre."
Son expression se fit plus sérieuse.
" Et honnêtement... Est-il vraiment loyal de s'informer sur un petit garçon en son absence ? Je suis scandalisée, messire barde, que votre goût des bonnes histoires aille jusque là !"