[Everaska] Quête: Racines

[Kasumi]

- Oh, des amoureux... fut la première réaction qui échappa au rôdeur avant qu'il ne fronce légèrement les sourcils. Cela justifiait un peu plus le choix d'Eärundra de l'emmener avec eux mais le rôdeur chercha tout de même à éclaircir sa compréhension de la situation :

- Où l'avez-vous trouvée, Eärundra ? J'imagine que c'est Rubis qui vous a évoqué sa compagne mais vient-elle de la volière de la garde, elle aussi ?

[Voyageuse]

La druidesse sourit, amusée. Mais ne répondit qu'à une partie du questionnement.
" Et bien vous vous trompez. Rubis ne m'a rien évoqué du tout, il n'avait pas de compagne jusque-là. On ne leur laisse guère le temps de batifoler durant leurs années de service. ils sont enfermés dans des cages individuelles à la volerie, et les gardes veillent particulièrement à ce que les femelles ne soient pas approchées, du moins celles qui appartiennent à la garde. Ils en réservent quelques-unes pour la reproduction, dans une immense volerie cachée dans les bois, mais ils ne veulent pas avoir à gérer une couvaison et des naissances au sein du cheptel de la garde..."
Elle soupira.
" Autant dire que ces deux-là sont ravis d'avoir enfin un espace de liberté et comptent bien en profiter !"

[Kasumi]

Eärundra avait éludé la question principale mais Kasumi en avait déduit qu'Opale avait bien été subtilisée à la Garde Ailée. La perspective de s'en faire un ennemi n'était pas vraiment pour lui plaire même si leurs pratiques choquaient la druidesse. Il ne pouvait pas tout à fait lui en vouloir lui qui partait également dans une croisade personnelle et avait accepté avec joie son aide mais il répondit d'un ton un peu froid en changeant de sujet :

- Quand pensez-vous que nous pourrons nous mettre en route ? Non pas que je sois pressé mais le plus tôt nous aurons retrouvé votre ami, le plus tôt nous pourrons faire en sorte de sauver mon père.

[Voyageuse]

- Hum... vous m'avez l'air pressé, au contraire... Et un rien bougon...
La druidesse l'observait avec un éclat de malice au fond des yeux.
- Ce n'est tout de même pas parce que cette jeune damoiselle oiseau est originaire elle aussi des geôles de la garde ailée ? Voyons... ça vous choque que j'aie décidé de l'arracher à sa vie de captivité ? Je ferais peut-être mieux de vous prévenir que je compte bien également laisser le choix à Rubis de retourner ou non là d'où il vient.
La grand-mère paraissait franchement amusée. Et absolument pas surprise.

[Kasumi]

Cette fois le regard qu'adressa Kasumi à la druidesse était clairement réprobateur quand il répondit :

- Vous faites bien de me prévenir en effet même si vous ne semblez pas prendre les mêmes précautions pour ce qui est des conséquences de vos choix.

Amusé, il ne l'était pas du tout quant à lui. Il n'était pas non plus surpris mais cela n'aidait pas à oublier qu'il avait donné sa parole au commandant et qu'Eärundra ne se prive pas de la bafouer ouvertement.

[Voyageuse]

- Ce n'est pas une... "jeune damoiselle oiseau", intervint subitement Sylvia, les sourcils froncés, détachant lentement ses mots.
- Oh, vous êtes perspicace, lança gaiement Eärundra.
- En fait... Elle m'a l'air relativement âgée...
- Ah, là vous allez la vexer ! Elle n'est plus toute jeune, mais elle n'est pas non plus aussi vieille que... Elvilith, par exemple, toute proportion gardée.
- Et bien je te remercie ! lança la grand-mère, offusquée, avant d'ajouter d'un ton doux : Elle doit avoir... une quarantaine d'année, si je compte bien.
- Je vois, murmura Tilmandil avec un sourire. Oh, c'est presque dommage... Moi ça m'amusait beaucoup de vous imaginer revenant tout droit de la volerie avec une jeune évadée.
- Mais elle l'a été. Je ne pense pas qu'elle l'ait oubliée...

[Kasumi]

Ainsi donc le tableau commençait à se dessiner sous ses yeux impuissants : selon toute vraisemblance, Eärundra n'avait pas choisi l'oiselle au hasard et il s'agissait de celui qu'elle avait déjà "empruntée" s'attirant l'inimitié de la garde et de son commandant. Au fond, cela ne changeait rien. Cela ne plaisait pas au rôdeur que ces animaux soient privé de liberté mais c'était aussi le cas de nombreux autres - les chevaux qu'ils montaient y compris - et il n'estimait pas que le moment soit particulièrement bien choisi pour se lancer dans une croisade parallèle. Ils auraient bien assez d'un tel qu'un asabi disposant manifestement de ressources considérables et qui les attendrait sur son terrain qui plus était.

Kasumi resta néanmoins silencieux, peu désireux de se lancer dans un débat dont il ne pourrait vraisemblablement pas sortir vainqueur, faute de soutien, en particulier de la part de sa famille. Il commençait cependant à penser qu'il lui serait impossible de revenir à Evereska après son périple dans le désert et qu'il serait plus prudent que Sylvia s'en abstienne également, de peur qu'elle puisse être retenue contre sa volonté si les débordements de la druidesse venaient aux oreilles d'un certain officier de la garde.

[Voyageuse]

- Ce qui veut dire qu'on n'aura pas d'ennui avec la garde ailée, poursuivait la grand-mère. En tout cas pas à cause d'Opale.
- Je me suis arrangée pour qu'ils la pensent morte depuis tout ce temps. Ils ne peuvent pas se douter qu'elle vit aux abords de la frontière sauvage. Mais je crois qu'elle se sentait bien seule, là-bas, depuis toutes ces années, même si je vais lui rendre visite de temps en temps. Je n'ai pas trouvé d'autres membres de son espèce pour lui tenir compagnie.
- Jusqu'à aujourd'hui...
Eärundra grimaça.
- Honnêtement, vu l'âge de cet aigle... Il ne leur sert plus à rien, il attend la mort. Autant qu'il l'attende en liberté, s'il le souhaite, enfin sauf s'il préfère retrouver le confort de sa cage dorée où il est nourri sans effort.
- Mwouais... Tu sais qu'ils nous ont demandé une caution... Bon, et bien j'espère vraiment qu'on aura guéri Elryndel : on aura besoin de tous ses talents de négociateurs si on revient sans l'aigle.
- Inutile de t'angoisser à l'avance. A son âge, peut-être qu'il préférera sa cage.
- J'en doute...
- Quarante ans... Elle devrait être encore en âge d'être fécondée, marmonna soudain Sylvia, songeuse.
- J'y compte bien !

[Kasumi]

Avait-il jugé un peu trop vite l'initiative de la druidesse ? Peut être pas puisqu'elle se proposait de ne pas rendre Rubis comme ils s'y étaient engagés. Mais il devait reconnaître qu'on ne comptait plus vraiment sur l'aigle à la volière et que l'y enfermer contre sa volonté allait en contradiction avec les enseignements de Mielikki. D'un autre côté, il n'aimait pas mettre ainsi sa parole en doute surtout quand on lui forçait la main éhontément en le manipulant : jamais jusque là Eärundra n'avait cru bon de signaler qu'elle disposait d'un second aigle sous la main. La remarque de Sylvia qui semblait s'inquiéter de la solitude et du sort d'Opale, adoucit quelque peu son humeur et il finit même par lui adresser un sourire, conscient que les derniers instants avant le départ ne devaient pas finir en polémique. Il mettrait donc de l'eau dans son vin avant que les événements ne les forcent à un choix. Il avait tout le voyage pour évoquer le sujet épineux avec la druidesse. Les joutes à venir promettaient de lui faire regretter l'ennui.

[Voyageuse]

Mais son humeur morose ne passait pas inaperçue.
- On dirait bien que vous m'en voulez, fit remarquer la druidesse d'un ton léger. Je dois donc m'estimer chanceuse qu'Opale ait été là quand je suis allée la rejoindre ce matin. Je n'y étais pas allée depuis des années, elle aurait très bien pu avoir changé de lieu de résidence et je ne l'aurais peut-être pas trouvée. Et dans ce cas, j'aurais été contrainte d'aller récupérer un autre aigle à la volerie... et ça ne vous aurait certainement pas plu !
Son ton léger indiquait clairement que ça ne l'en aurait pas pour autant dissuadée.
- Mais je vais cesser de vous taquiner avec ça, ajouta-t-elle plus gravement. Ce n'est pas le moment. Je vais fixer nos bagages aux selles des aigles, et vous laisser faire tranquillement vos adieux pendant ce temps... Ce sont ces sac-là qu'on emporte, c'est bien ça ?

[Kasumi]

S'il ne faisait pas déjà un froid de canard, le regard que Kasumi adressa à la petite elfe aurait peut-être suffi à la glacer. Ou probablement que non tout compte fait étant donné le peu de cas qu'elle semblait faire de son avis sur la question. Mais, encore une fois, ce n'était pas le moment d'entrer dans ce jeu là bien qu'il aurait eu beaucoup à en dire. Il hocha la tête en désignant ses propres bagages en réponse à la tentative d'apaisement de la druidesse. Puis, alors qu'il se tournait vers Sylvia et qu'il ne trouvait rien d'autre à dire qu'un "Je.." inachevé et maladroit, il se rendit compte que sa colère avait laissé la place à la tristesse. Cette fois-ci le départ n'était plus une perspective déplaisante, il était là, inéluctable. Et en plus il ne trouvait rien à dire pour en amoindrir la douleur.

[Voyageuse]

Sylvia paraissait tout aussi triste que lui. Mais elle avait senti combien il avait été déstabilisé par le petit débat avec la druidesse, et ce fut finalement elle qui s'efforça de le réconforter, le serrant doucement dans ses bras.
- Tu n'en as que quelques jours, ça ne sera pas long... J'attendrai ton retour avec impatience, mais tout ira bien. Je serai bien entourée.
Son faucon émit un petit cri grave.
- Et puis je ne suis plus tout à fait seule. Je vais avoir de quoi m'occuper dans les jours à venir. Il faut que je continue d'étoffer mon lien avec mon oiseau... et que je lui trouve un nom aussi...

[Kasumi]

Sylvia tentait de le rasséréner et y parvint à le faire sourire. Elle avait bien compris que ce qui le tracassait avant tout était de la laisser seule alors qu’ils venaient à peine de se retrouver et qu’elle avait quitté le campement rien que pour lui. Elle aurait à s’occuper avec son oiseau et il faisait confiance à sa famille pour amoindrir les effets de son absence mais il se sentait tout de même un peu coupable de la tournure des événements. Il passa ses bras autour d’elle pour l’attirer dans une étreinte chaleureuse et répondit doucement d’un ton qui se voulait brave et optimiste malgré tout :

- Je suis certain que tu lui trouveras un nom magnifique. Et j’espère aussi contempler l’œuvre de Riniel à mon retour, même si elle n’arrivera pas à me la faire préférer à l’originale ! Oh, et donne-moi juste une seconde…

Le rôdeur se détacha de sa compagne le temps de farfouiller dans son sac et de s’isoler pendant une bonne minute avant de revenir avec un papier plié à la main.

- Il faudra attendre que je me sois envolé avant de le lire mais ça devrait te plaire…

Kasumi lui tendit le pli avec un sourire en coin et un clin d’œil complice.

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Ma chère et tendre Sylvia,

Bien que je puisse éventuellement être amené à le regretter plus tard, je te déclare que j’ai toujours adoré ton caractère de feu et que je ne souhaite surtout pas que tu en changes un jour.

Kasumi, rôdeur de 34 ans, déclaré sain de corps et d’esprit par toi-même.

[Voyageuse]

La rôdeuse observa le morceau de papier, l'air dubitative, et le fourra dans sa poche.
" Je le lirai dès que tu ne seras plus qu'un petit point à l'horizon... et je le garderai précieusement jusqu'à ton retour ! Enfin, sauf si c'est une lettre d'insultes incendiaires bien sûr... ça aussi, ça pourrait expliquer que je doive attendre... Je plaisante, ne t'en fais pas !
Elle lui sourit, puis se mordit légèrement la lèvre, hésitant, avant de se jeter dans ses bras.
" Reviens-moi vite... Tu me manques déjà...", souffla-t-elle à son oreille avant de se détacher, à regret, pour le laisser rejoindre sa "monture".
Les deux aigles étaient prêts à l'envol. Eärundra chargeait les derniers bagages d'une main experte, équilibrant soigneusement la charge, déplaçant une partie du chargement pour amarrer un nouveau sac, puis repositionnant différemment l'ensemble. Elle se laissa glisser au sol d'un geste leste.
" Dès que vous serez prêt, il va falloir vous hisser à l'aide de cette solide longe de cuir, jusqu'à la selle là-haut. Une fois installé en selle, vous mettez les pieds aux étriers, exactement comme sur un cheval... Et ensuite je vous expliquerai...
Elvilith et Tilmandil s'étaient rapprochés de Sylvia, qui ne quittait pas des yeux son compagnon, l'air subitement anxieuse.

[Kasumi]

Kasumi avait senti son cœur s'accélérer quand Sylvia s'était jetée dans ses bras et la tête lui tourner quand elle l'avait laissé se diriger seul vers l'oiseau. Au moins partait-il avec l'assurance de savoir qu'elle sourirait certainement après son départ. C'est dans ce but qu'il avait écrit le mot et il avait été heureux de lire la curiosité dans ses jolies yeux verts.

Mais maintenant venait le temps de l'appréhension qu'il s'efforçait de museler : oui il reviendrait même si l'idée de monter un oiseau géant au-dessus d'un désert hostile avait quelque chose de forcément inquiétant. Il obéit aux consignes d'Eärundra sans discuter, c'était là sa meilleure chance de survie avant qu'il n'ait appris par lui-même comment guider le prédateur. Saisissant la lanière, il se hissa sans grand effort en place, comptant sur sa force retrouvée et sa dextérité pour ne pas commettre de faux pas ou de geste brusque.

[Voyageuse]

- Quand je dis mettez vos pieds aux étriers... c'est vraiment vital, bien plus que sur un cheval. Parce que vous allez voir, l'envol ça secoue vraiment beaucoup ! Et je ne vous parle même pas des virages, on penche très fortement. Il faudra apprendre à avoir conscience de ce qu'il s'apprête à faire et vous accrocher...
La druidesse se hissa à son tour sur le dos de son propre oiseau.
- Avant qu'on parte... Vous avez deux lanières accrochées au pommeau de votre selle. Elles sont reliées au collier qu'il porte au cou. Si vous tirez sur celle de droite, il comprendra que vous voulez virer à droite, même chose pour celle de gauche. Mais il faut savoir doser la force qu'on y met. Pas assez, il ne sent rien, trop fort, il n'aime pas et risque d'être déséquilibré. Vous apprendrez petit à petit.
Kasumi sentit sa monture se mettre en mouvement, à petits pas sautillants, le secouant fortement. L'aigle s'était pourtant contenter de s'avancer de deux mètres et de se tourner vers le côté le plus dégagé.
- J'oubliais... Détendez-vous. Il doit sentir que vous avez un minimum confiance en lui. N'oubliez pas qu'ils ont été éduqués pour prendre soin de leur cavalier et ne pas le laisser tomber. Donc il fera de lui-même le nécessaire pour vous garder en selle. C'est surtout votre estomac qui risque de souffrir par moments... et aussi vos fesses. Mais j'arrête mes discours. Dites-moi quand vous êtes prêts, et on s'élancera. Je passerai devant. Vous n'aurez qu'à claquer des deux lanières en même temps et il suivra.

[Kasumi]

Kasumi essaya de se détendre en cherchant à se dire que l'expérience n'était pas si différente de l'équitation mais son corps se crispait malgré lui et il ne pouvait s'ôter l'angoisse d'être bientôt bien trop loin du sol à son gout. Il n'avait jamais eu le vertige, cela aurait été un lourd handicap pour un rôdeur autant habitué aux grands arbres de la Haute Forêt qu'aux montagnes d'Everaska et - plus récemment - d'Helonna mais ne pas avoir la maîtrise ni même une sensation de contrôle hormis deux fines lanières s'apparentant à des rênes mais paraissant bien dérisoire étant donné la taille de l'aigle. Quand il se mit à bouger, le rôdeur serra les dents avant de tourner un regard un peu inquiet vers Sylvia qui l'observait.

- Je suis prêt ! J'espère que c'est aussi le cas de mon estomac...

[Voyageuse]

Sylvia avait l'air tout aussi inquiète que lui, voire davantage, et Tilmandil franchement impressionné. Seule Elvilith semblait parfaitement sereine.
Il vit l'aigle d'Eärundra s'élancer en courant, battant des ailes, puis il eut subitement l'impression d'être assis sur un cheval fou en train de ruer. Rubis se mettait à avancer, battant des ailes, le secouant si fort qu'il dut serrer les jambes et aurait été désarçonné sans les étriers. Il vit, sur les côtés, les ailes qui battaient violemment, et perdit de vue Sylvia et les autres spectateurs.
Puis les ailes cessèrent de battre, les secousses s'arrêtèrent brusquement. Tout était bleu autour de lui, et les nuages descendaient à sa rencontre. Ils prenaient de l'altitude... Eärundra était toujours devant lui, mais déjà bien plus haut.

[Kasumi]

L'expérience avait retourné l'estomac du rôdeur mais avait eu le grand mérite de ne durer que quelques secondes à peine. Et le voilà projeter en un instant au milieu du vide, les seules présences concrètes hormis celle de Rubis sous lui et celles, presque incertaines d'Opale et Eärundra devant lui. La sensation était époustouflante, presque grisante alors qu'il pouvait toucher les nuages du bout des doigts. Il se détendit juste un peu, pas encore rasséréné devant ces impressions étranges et nouvelles. Pour l'heure il se concentrait davantage sur la druidesse que sur son propre oiseau, s'en remettant à lui pour suivre sa nouvelle compagne.

[Voyageuse]

L'oiseau ne semblait guère se soucier de son passager. Il se contentait de voler en suivant Opale, et sans doute était-ce l'ordre qu'il avait reçu de la druidesse juste avant leur envol.
Se détendant peu à peu, Kasumi prit conscience de vide tout autour de lui, puis du vide au-dessous lorsqu'entre deux nuages il aperçu une immense mosaïque de paysages. Ils étaient vraiment très hauts, et la sensation n'avait rien à voir avec ce qu'on éprouvait en contemplant le paysage du haut d'une montagne. Cette-fois, il n'y avait que du vide sous ses pieds... enfin sous les ailes de l'oiseau. Et l'aigle ne lui paraissait, tout compte fait, plus si grand que ça, puisqu'en se penchant légèrement de côté il voyait les nuages et paysages défiler sous lui. Non, finalement, l'aigle était absolument minuscule face à l'immensité du monde qui se déployait sous eux. Un être minuscule auquel il devait s'accrocher pour ne pas tomber.
Mais l'expérience était grisante, en même temps. Et relativement confortable, une fois en l'air. En revanche, il faisait rudement froid là-haut... Heureusement, au bout d'une bonne heure seulement, ils aperçurent une vaste étendue de roche et de sable : le désert. Kasumi vit l'aigle d'Eärundra virer sur l'aile pour descendre, et le sien se mit à en faire autant, le prenant presque par surprise.

[Kasumi]

Kasumi s'était quelque peu laissé bercé par le vol stable et pas si inconfortable et ses muscles étaient partiellement endormis en raison de l'impossibilité de vraiment bouger et surtout du froid mordant. Dans ces conditions, il fut tout proche de glisse de sa selle quand Rubis vira sur son aile avant qu'il n'en donne l'ordre. Fort heureusement, ses réflexes lui valurent de subir une poussée d'adrénaline due à la frayeur mais rien de pire...

Ils étaient arrivé au désert plus rapidement qu'il ne l'aurait cru possible et même si le paysage s'était fait peu à peu plus aride mais toujours aussi magnifique vu sous cet angle des plus inhabituels.

[Voyageuse]

L'atterrissage fut encore plus désagréable, en un sens, que le décollage. Il sentit ses oreilles devenir peu à peu douloureuses au point de lui causer un léger mal de tête, tandis qu'ils perdaient de l'altitude. L'oiseau vira à nouveau de bord, l'obligeant à s'accrocher, puis descendit brusquement, redressa tout aussi subitement sa position, tandis que ses oreilles sifflaient, de plus en plus douloureuses.
Sur un dernier choc qui l'arracha à demi de sa selle, l'oiseau se posa, repliant ses ailes. Il fit quelques pas qui furent autant de secousses douloureuses pour son postérieur, puis s'immobilisa, attendant sans doute qu'il descende.
Eärundra avait déjà sauté à bas de sa monture, et l'attendait en souriant.

[Kasumi]

L'approche finale tout comme l'atterrissage avaient été des expériences fort désagréables que le demi-elfe n'avait pas très envie de revivre de sitôt. Il le faudrait cependant, à maintes reprises : il espérait donc qu'il finirait par s'y faire, tout comme Eärundra qui ne semblait pas s'en ressentir. Le rôdeur l'imita un peu moins adroitement tant ses jambes lui paraissaient ankylosées mais il fut néanmoins soulagé de toucher le sol et parvenir à rester debout malgré ses crampes.

- On a de la chance qu'il fasse aussi beau. Je n'imagine même pas ce que cela peut donner de voler en pleine tempête... Je ne m'attendais pas à ce que nous nous arrêtions si tôt mais je vous remercie de m'avoir ménagé.

[Voyageuse]

- C'était juste une première approche, sourit la druidesse. Et puis, il est bientôt midi, et je nous imagine mal pique-niquer en vol. Donc autant prendre le temps d'une petite pause. Comme ça vous pourrez me dire vos premières impressions, et me poser toutes les questions que vous voulez...
Elle avait descendu une petite besace, de laquelle elle sortit quelques provisions. Kasumi reconnut des préparations de la demeure familiale, qu'elle avait sans doute repérées en chargeant les bagages.
- Vous avez l'air un peu pâle en tout cas. Pas trop de souci ? Mal au derrière, peut-être ? C'est classique, quoique pour un cavalier aguerri ça soit plus supportable. Ou mal aux oreilles ? Des nausées ?

[Kasumi]

Kasumi se fit légèrement bravache, minimisant les effets désagréables que le vol avaient eu sur son estomac et certaines parties sensibles de son corps.

- J'ai l'impression que Rubis se débrouille un peu sans moi pour le moment, qu'il se contente de vous suivre. C'est une bonne chose : j'ai déjà beaucoup de choses à appréhender. Il m'a un peu secoué à l'atterrissage mais c'est surtout parce que je me suis laissé un peu surprendre. Et le brusque changement d'altitude m'a donné l'impression d'avoir les oreilles bouchées mais ça va mieux maintenant. Mes fesses en ont vu d'autres et j'ai simplement les jambes un peu engourdies mais j'imagine que le froid là haut n'y esty pas pour rien. En revanche, je ne suis pas trop sûr d'avoir trop faim...

Effectivement, l'idée de supporter à nouveau les secousses du décollage avec le ventre plein n'avait rien de réjouissant.

[Voyageuse]

- Il faudra pourtant que vous mangiez, vous n'allez pas jeûner une veille entière... Alors je sais que les secousses l'estomac plein ça n'est pas réjouissant, mais on attendra un petit moment avant de re-décoller.
Elle lui sourit.
- Pour ce qui est des oreilles, veillez bien à avoir les sinus complètement dégagés et les conduits auditifs bien débouchés, ça minimisera les effets. Si ça persiste, dites-le moi, je vous préparerai une petite décoction à poser au contact de vos oreilles avant le vol...
Observant les alentours, elle s'approcha d'un minuscule bouquets d'arbres rabougris.
- On va manquer de bois pour le feu, dans ces contrées. Pour aujourd'hui, on devrait trouver quelques branchages... Sinon, on peut toujours faire brûler quelques déjections d'animaux en dépannage. J'ai amené quelques réserves de bois, mais trop peu, bien sûr, pour une veille entière.

[Kasumi]

Kasumi consentit un sourire à la druidesse pour ses conseils et aussi pour accepter de repousser un peu le vol le temps qu'il ait pu digérer. Il n'avait toujours pas faim mais il savait que son corps aurait besoin de toutes les calories possibles pour lutter contre le froid de l'altitude et, dans une certaine mesure également contre les chocs thermiques qui les attendaient bientôt. Il ne put néanmoins s'empêcher de tiquer un peu quand elle évoqua la survie dans le désert, lui qui y avait passé non loin de deux ans à parcourir les dunes à la recherche de ses ennemis ataviques. Il répondit néanmoins d'un ton posé, ne souhaitant pas réveiller la polémique de tantôt :

- Oui, les déjections d'animaux ne manquent pas dans le désert même en dehors des oasis. Les bédouins y ont souvent recours. Pensez-vous qu'il sera possible de convaincre Rubis et Opale de nous aider en cela ?

[Voyageuse]

Eärundra sourit.
- Hum, que voulez-vous dire par là ?... Les convaincre de bien vouloir vous donner leurs déjections, donc de les faire sur commande ? Ou en repérer et les amener ? Non, rassurez-vous, je plaisante. Ils vont pouvoir aussi nous repérer des oasis, mais on y trouvera peu de bois mort, sauf si on a la chance que personne ne s'y soit arrêté depuis un bon moment. Et il va falloir économiser l'eau aussi... quitte à rester sales ! Mais vous le savez aussi bien que moi je crois !
Elle avait commencé à rassembler un petit tas de bois.
- Ne vous étonnez pas, je vais nous préparer tous les jours, à chaque arrêt, un peu d'infusion de thym et d'eucalyptus. C'est uniquement à titre préventif : vu les changements brutaux de températures qui nous attendent, il ne faudrait pas attraper un refroidissement, parce qu'à la vitesse où descendent les aigles, la douleur dans les oreilles deviendrait insupportable en cas de nez bouché. Je préfère prévenir que guérir...

[Kasumi]

Kasumi approuva la décision de la tête : il connaissait les vertus désaltérantes de l'eucalyptus et l'aide qu'il pouvait apporter pour dégager les voies respiratoires. Sa connaissance des plantes étant plutôt limitée pour un rôdeur, il faisait toute confiance à Eärundra et en sa propre science en la matière. L'un dans l'autre, il s'inquiétait moins de leur capacité à survivre dans le désert que du besoin de voler encore, activité à laquelle il doutait pouvoir s'habituer avant un long moment.

- Merci, je vous fais confiance. J'imagine que vous avez déjà une idée de notre première destination à la recherche de votre confrère ?

[Voyageuse]

Eärundra secoua la tête avec une grimace.
- En fait, non. Aucune, ou presque. Puisqu'il faut bien commencer quelque part, nous irons dans le secteur où je l'ai trouvé la dernière fois, bien sûr. On y sera demain dans la journée. Mais c'était il y a pas loin de deux mois maintenant, donc il n'y est certainement plus. On pourra peut-être rencontrer des personnes qui l'ont croisé, les oasis ne sont pas si nombreuses pour y faire halte. Mais il lui arrive aussi de s'enterrer dans un coin perdu sans donner signe de vie à quiconque pendant plusieurs veilles. Il peut même s'être fait téléporter. Bref, il va falloir avoir un peu de chance...
Elle alluma le feu avec un petit briquet et y ajouta peu à peu du petit bois.
- Le désert est immense, mais nous disposons des meilleurs moyens qui soient pour l'explorer. Et je saurai le reconnaître si on le voit d'en haut. Enfin, de pas trop haut... Donc ne vous en faites pas, on finira par le trouver ! mais pour le moment, aidez-moi donc à préparer un petit casse-croûte !