[Lieu] Antelucas

[Kasumi]

Par bien des côtés la campagne luménienne ressemblait à celle qui entourait Manost de sorte qu'il n'était pas vraiment dépaysé. Bien que les allégeances soient différentes entre les deux îles, cela n'importait guère pour les gens ordinaires qui avaient modelé ce paysage. Peu de marchands accordaient plus d'un regard au voyageur quand celui-ci les dépassait. Quant aux paysans et villageois, la plupart voyait passer trop de monde pour faire preuve de davantage de curiosité. Le soleil arrivant à mi-chemin de sa course quotidienne coïncida avec la traversée d'un petit village coquet, non entouré d'une palissade comme certains autres avant lui. Ici, l'influence de Luménis était manifestement suffisante pour protéger les civils. Lothringen passa devant pléthore de boutiques et de restaurants proposant pour l'essentiel des mets appétissants à consommer sur place ou à emporter.

[Lothringen]

Sentant son estomac mis en appétit par tout cet étalage de nourriture, Lothringen se mit en quête de son déjeuner.

La plupart des vendeurs proposaient de consommer au comptoir ; le client était invité à manger dans un des creux en forme d'écuelle de ce dernier ; ce creux en bois était destiné à recevoir la nourriture versée à la louche depuis un chaudron voisin. C'était un peu rustique au niveau de l'hygiène, mais cela permettait de manger sur le pouce un bon plat chaud - et il était toujours possible d'apporter son propre récipient et d'emporter ensuite. Lothringen dut renoncer à cette solution : s'il descendait de cheval, il doutait de trouver la force ou la motivation de remonter. De plus, il y avait un peu trop de monde ; il préférait rester à cheval que de manger en devant sans cesse le surveiller.

Il chercha donc une nourriture suffisamment peu complexe pour être achetable et consommable sans quitter sa selle. Il y avait quelques boulangers pour planter leurs étals de part et d'autres de la route : une grosse miche de pain ferait bien l'affaire. L'étal sur lequel il jeta son dévolu était tenu par un petit homme trop bavard qui lui vanta un tout nouveau concept, révolutionnaire, selon lui : il vendait le pain coupé en deux et fourré de toutes sortes de choses, allant du thon en miettes à la salade en passant par la tranche de boeuf grillée. Lothringen opta pour du saucisson et du beurre. Dix minutes plus tard, il décida que ce genre de pain fourré était effectivement relativement pratique à emporter et faisait un bon substitut de repas. En revanche, mieux valait avoir les dents bien accrochées, et prévoir de quoi s'essuyer ensuite.

Il avait ralenti l'allure, le temps de manger, laissant même son cheval brouter à son gré ici ou là. Mais il ne s'agissait pas d'arriver en ville après la nuit tombée : il reprit donc bientôt le rythme soutenu qui était le sien depuis la veille.

Suite
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[Kasumi]

Alchem avait senti un étrange tiraillement au moment de son incantation mais le gnome, son familier et les deux humains se retrouvèrent aussitôt sur une plage de sable fin. Le ciel était gris-bleu et un vent fort soufflait mais c'est avant tout la houle et les vagues puissantes qui venaient s'écraser contre une jetée de rochers qui impressionna le gnome des profondeurs. Aleka s'était déjà retournée vers la ville dans leur dos et confirma immédiatement qu'ils avaient bien atteint leur destination.

[Alchem]

Avant de s’autoriser un moment de contemplation, Alchem vérifia d’un rapide regard circulaire s’il n’y avait pas de menace à proximité. Apparemment non et ils avaient bien attint la destination escomptée. L’anormale sensation n’avait-elle été qu’une fausse alerte ?

« Théodore, est-ce que la gemme est toujours en votre possession ? J’ai ressenti comme un parasite au moment de se téléporter. Je n’aime pas cela. »

Ce ne fut qu’ensuite que les yeux du gnome se posèrent véritablement sur les vagues, que ses oreilles entendirent réellement ce son inconnu, que son nez perçu vraiment la nouvelle odeur marine.

« Alors, c’est ça la mer ? » demanda Dalius, plus curieux que jamais.

Il n’obtint pas de réponse. Son maître profitait du spectacle désormais. Aleka le lui avait déjà décrit, il se l’était imaginé pour les besoins du sortilège. Force était de constater qu’il était assez loin de la réalité, une chance que ce n’ait eu de conséquence. C’était pour ce genre de découvertes qu’il avait quitté les profondeurs. C’était pour donner un sens aux mots des livres, aux récits glanés à Belroc aussi. Le visage toujours retranché sous le capuchon, difficile de mesurer à quel point il était impressionné. Il demeurait immobile face à l’eau, à l’écume et le vent. La nuit, sa nuit magnifiait la scène. Par Baravar, la nature en imposait. Elle ravissait les sens autant que les secrets des arcanes stimulaient l’esprit. S’il avait été seul, certain de ne courir aucun risque, il se serait assis et demeurer ainsi des heurs. Peut-être même aurait-il cherché un coin de côte moins rocailleux pour se baigner, s’abandonner à la souveraine nature, oublier tout le reste.

[Kasumi]

Théodore vérifia et confirma que l'Eclat se trouvait toujours bien là mais devant le gnome, un nouveau spectacle retint son attention. Toutes lanternes allumées, un formidable vaisseau croisait tout prêt du large et se dirigeait à la lueur bienveillante et accueillante du phare situé au bout de la digue.

- Il nous faut gagner le temple : je doute qu'il reste des auberges ouvertes au beau milieu de la nuit. Ou alors elles n'auraient pas forcément l'ambiance que nous recherchons. Et de toute façon il y aura bien un clerc pour nous décrire Luménis au sanctuaire.

[Alchem]

Alchem jeta un dernier regard sur la mer, le bateau et le phare avant de s’arracher à contrecœur du paysage. Terminé la contemplation, le gnome retrouvait ses priorités, son devoir. Dès lors, son esprit était tourné en ce sens.

« Très bien, allons-y. »

Peut-être que dans le temple, l’Eclat perdrait de son influence. Peut-être même serait-il judicieux de choisir ce lieu pour entamer la seconde téléportation. En attendant, le svirfnebelin n’avait qu’à suivre le mouvement.

[Kasumi]

Aleka les mena vers le centre de la ville et Alchem eut tout le loisir de constater qu'Antelucas n'avait pas grand chose à voir avec Lameroy. Ici, tout semblait ouvert, sans défense : nul mur, nulle tour pour apporter une impression de sécurité. Seul le front de mer semblait légèrement fortifié et si une garnison était stationnée en ville, la prêtresse n'avait pas choisi un parcours passant à proximité. En revanche, le nombre d'auberges semblait disproportionné par rapport aux habitations plus classiques comme si les visiteurs étaient bien plus nombreux que les autochtones.

Une partie conséquente du centre ville était consacrée à plusieurs temples rivalisant de splendeur. Certains avaient une architecture plutôt fantasque pour qui était plus habituée aux structures des habitants des profondeurs. Aleka n'hésita pas un seul instant et se dirigea vers l'un des plus vastes d'entre eux. Le symbole de Lathandre, un vitrail représentant un grand disque rose le désignait entre tous comme celui de la foi de la jeune femme.

Le groupe se retrouva devant une porte close et Aleka prit encore une fois l'initiative de frapper sur l'un des battants. Seul le silence lui répondit pendant plusieurs longues minutes et elle s'apprêtait à récidiver quand une voix sourde se fit entendre de l'autre côté :

- Désolé mais ceci est un temple, pas une auberge ! Essayez le Dragon Vert, il est ouvert toute la nuit !

[Alchem]

Aleka frappait aux portes de son temple, c’était à elle de répondre. Alchem conserva donc le silence, se contentant d’observer, d’écouter, de sentir. Images, bruits, odeurs, trois composantes indispensables pour s’imprégner d’un lieu. Antelucas le surprenait effectivement par son manque flagrant de défense. Les environs devaient être d’une tranquillité sans égale dans l’Outreterre. Les murs de Lameroy, les illusions d’Ornegemme... même Belroc, petit comptoir, semblait plus apte à soutenir une attaque. La surface était un autre monde. Il lui faudrait du temps pour s’y habituer. Ses yeux d’obsidienne terminèrent leur course sur le vitrail au soleil rose. Ce symbole ne lui était pas inconnu, mais les religions étrangères n’étaient pas son sujet de prédilection. Le gnome connaissait le panthéon de son peuple et n’adressait ses prières, ne se sentait écouté que d’un seul dieu. S’il se rendait ici, c’était juste parce que la prêtresse, qui avait fait ses preuves, s’y dirigeait.

[Kasumi]

Aleka répondit d'un ton rien moins qu'amène :

- Ouvre tout de suite cette porte, Jovas ou je me débrouillerai pour que tu sois de corvée de lessive pour le reste de l'année !

Une hésitation puis la porte s'ouvrit, révélant un jeune novice en aube blanche.

- Ah c'est toi, Aleka ! Désolé mais l'aubemestre m'a demandé de ne plus accueillir de touristes après la mi nuit. Si j'avais su que c'était toi...

La prêtresse semblait assez agacée et pénétra la première dans le temple avant de répondre d'un ton un peu sec :

- Je n'ai pas besoin d'entendre tes sempiternelles excuses : une affaire urgente nous amène. Vas me chercher l'un des clercs luméniens.

- L'un des clercs luméniens, pourquoi ? Aucun n'est de garde cette nuit...

[Alchem]

Pas plus que devant les portes du temple, Alchem ne dit mot. Il se glissa simplement à la suite de la prêtresse et demeura immobile à ses côtés. Dissimulé par son capuchon, sa cape, ses amples habits, il n’était qu’une ombre grise. Il observait le novice et l’intérieur des lieux, se gardant pour l’instant du moindre jugement. Dalius s’était coulé entre ses jambes, se cachant à demi, mais n’en jetant pas moins à la dérobé ses coups d’œil inquisiteurs.

[Kasumi]

La salle principale du temple était vaste et richement décorée et de nombreux vitraux devaient certainement donner une excellente luminosité en journée. Mais au beau milieu de la nuit, l'endroit semblait endormi, presque irréel.

- Il nous faut quelqu'un pour nous décrire un lieu à Luménis, il nous faut nous y rendre au plus vite.

- Pourquoi... Euh non, oublie ! Par contre, si c'est pour décrire la capitale, tu n'as pas besoin d'un prêtre : je suis originaire du quartier ouest, tu te souviens ?

[Alchem]

Alchem n’estimait toujours pas utile de se manifester. C’était à Aleka de poursuivre, à elle de dire ou de ne pas dire ce qu’elle désirait, à elle de passer la parole au gnome également. Ce dernier n’avait pas à s’imposer alors qu’elle était chez elle, chez son dieu.

[Kasumi]

C'était sans compter sur la curiosité d'un novice probablement tiré de son demi sommeil en pleine nuit...

- Ne me dis pas que tu as appris à maîtriser la téléportation là haut dans ta montagne ! Non, ça ne peut pas être ça. Alors, où caches-tu ton mage ?

Le novice parut enfin remarquer la présence d'Alchem, petite silhouette sombre dans des vêtements destinés à se fondre dans la nuit.

- Est-ce vous, hum... messire ?

La question s'adressait cette fois clairement au gnome des profondeurs, détaillé par un jeune humain qui n'avait certainement jamais vu de représentant de son espèce.

[Alchem]

« C’est moi », répondit le concerné.

A moins que le novice ne parvienne à distinguer les traits sous le capuchon, la voix mature d’Alchem, souligné par un ton posé, devait être la seule chose qui le différenciait d’un enfant humain. Il en avait la taille et la carrure. Ses mains, dont l’épiderme couleur de roche aurait pu constituer un autre indice, étaient présentement enfouis dans ses poches.

[Kasumi]

Mais quelque chose dans l'attitude du gamin laissait à penser qu'il était capable de percer les ténèbres. Et alors que Jovas s'approchait en tournant légèrement la tête vers Aleka, Alchem se rendit compte que ses oreilles étaient légèrement plus pointues que la normale chez les humains. Un demi-elfe selon les déductions du gnome.

- Alors c'est à vous que je dois décrire Luménis ? Que vous faut-il savoir exactement, messire mage ? Et pardonnez-moi mais je n'avais jamais rencontré de gnomes tels que vous... Vous êtes bien un gnome, n'est-ce pas ? Je ne voudrais pas vous vexer et me retrouver transformer en quelque chose de pas naturel...

[Alchem]

« N’ayez crainte, je suis bien un gnome. »

Alchem se garda bien d’ajouter la moindre information. Il était polis, mais il s’adressait à un inconnu. Si Jovas était curieux, il pouvait questionner Aleka. Et si Aleka ne lui répondait pas, alors tant pis pour lui, c’était qu’il n’avait pas à savoir. Au moins avait-il plutôt bien réagi à la vision que lui offrait le svirfnebelin. La laideur était loin d’être accueillie à bras ouvert, généralement.

« Décrivez-moi Lumenis dans ses grandes lignes, puis un lieu précis afin que je sois en mesure de me l’imaginer, donc de m’y rendre par téléportation. Ne soyez pas avar de détails, mais il faut que vos informations soient toujours d’actualité. Préférez donc un endroit qui n’est pas sensé évoluer. Une bête ruelle peut faire l’affaire. »

Jovas avait intérêt d’être patient car, comme précédemment, Alchem ne manquerait pas de questionner tant que nécessaire.

[Kasumi]

- Ouhla ! On devrait aller s’asseoir à côté alors !

Pendant que le gamin entraînait Alchem et Théodore dans une pièce jouxtant la salle principale de prière du temple, Aleka annonça qu’elle allait préparer du thé pour tout le monde. Elle précisa à Jovas qu’elle savait où tout se trouvait et pouvait sans peine se débrouiller sans aide. Alors que l’humaine s’esquivait discrètement, le gnome put détailler la petite pièce meublée avec austérité en comparaison avec la salle dédiée aux fidèles : une simple table était entourée d’une douzaine de chaises, sans doute une espèce de réfectoire dédiée aux prêtres et aux novices.

Pas intimidé le moins du monde, Jovas commença son récit en décrivant en des termes élogieux et nostalgiques la grande cité portuaire qui était devenue la capitale d’Helonna. Son récit n’était pas très ordonné à mesure qu’il ajoutait des détails concernant tantôt la ville dans son ensemble, tantôt ses abords, tantôt une ruelle donnant sur une taverne de marins et quelques entrepôts qui avaient été son terrain de jeu étant plus jeune. Le récit était également orienté par les questions ou les interruptions du svirfneblin. Aleka était revenu depuis longtemps avec une théière et quatre tasses quand il s’estima satisfait de l’image mentale qu’il pouvait se faire de leur destination.

[Alchem]

Les informations embrouillées de Jovas ne dérangèrent pas Alchem. Il les remettait mentalement en ordre, sans en perdre une goutte. Alors qu’il prenait sa tasse et jetait un regard curieux au thé, il adressa au novice une dernière question qui, peut-être, aurait dû être la première.

« Depuis combien de temps avez-vous quitté Lumenis ? »

Puis, se tournant vers la prêtresse :

« Comptez-vous partir dès que possible ou prier avant ? »

[Kasumi]

Le gamin répondit que cela faisait à peine deux ans : une éternité pour un enfant peut-être mais pas tant que cela pour un demi-elfe. Aleka, de son côté, fit part de son impatience à régler cette affaire après avoir apporté une précision de poids au récit de Jovas :

- C'était avant la guerre civile. Et le quartier portuaire en a particulièrement souffert. Vous pensez que cela peut poser problème ? Quant à moi je ne comptais pas prier avant l'aube. C'est à ce moment là que Lathandre est le plus réceptif.

[Alchem]

« Une guerre civile ? Hélas oui. Un tel événement a de quoi changer un paysage. Plus l’image mentale que je me fais de la destination sera erronée plus grandes seront nos chances de ne pas arriver au bon endroit. Or je n’ai plus qu’un seul sort de téléportation en mémoire. On pourrait perdre jusqu’à un jour. Mieux vaut consulter quelqu’un d’autre afin d’actualiser les informations de Jovas. »

Même si Alchem consacrait une ou deux heures à trouver ce qu’il lui fallait, il s’estimerait satisfait. Mieux valait perdre deux heures dans un coin tranquille, que vingt-quatre on ne sait où. Le gnome but quelques gorgées de thé puis déposa sa tasse. Dalius vint furtivement y glisser son museau.

[Kasumi]

Jovas parut fasciné par le rat qui fit son apparition sur la table et se mit à laper le fond de thé. Aleka dut le rappeler à l’ordre une nouvelle fois pour qu’il se lève et se mette en quête d’un prêtre susceptible de leur fournir une description plus récente de leur destination. Le garçon s’excusa et prit congé avant de revenir, cinq minutes plus tard, en compagnie d’un homme vraisemblablement âgé d’une cinquantaine d’années.

- Bonjour… Enfin, bonne nuit plutôt étant donné l’heure. Je m’appelle Cunivan. Je vois que l’oiseau est de retour au bercail ! En quoi avez-vous besoin de moi ?
Aleka prit l’initiative de répondre d’un ton amusé :

- Je ne suis malheureusement que de passage cette fois. Nous aurions besoin de faire appel à tes souvenirs vu que tu es retournée à Luménis récemment si je ne me trompe pas.

En effet, j’y ai passé les six derniers mois et je suis de retour depuis une veille à peine…

[Alchem]

Bonjour, bonsoir, bonne nuit, même cela était une nouveauté à assimiler. Dans les profondeurs, on se saluait simplement ou, à la limite, c’était bonjour tout le temps. Alchem s’était un rien entraîné à l’usage de ces mots avant d’entamer son voyage. Rien de compliqué, mais les prononcer faisait un peu bizarre.

« Bonne nuit Cunivan », dit-il poliment lorsqu’il obtint l’attention du prêtre. « Votre collègue, son mari et moi-même devons gagner au plus vite Lumenis. Je suis en mesure de me téléporter, mais ne m’étant jamais rendu dans cette ville, il faut qu’on me la décrive au préalable. Le novice s’en est chargé, mais ses informations datent d’avant la guerre civile. Or j’ai besoin d’une description valable actuellement. Pouvez-vous me la fournir ? Il s’agit de détailler un lieu précis qui servira de destination. »

Bien sûr, comme il l’avait fait pour Jovas, il ne manquerait pas de questionner autant que nécessaire.

[Kasumi]

Le prêtre hocha la tête et s'installa autour de la table mais son visage fatigué dut faire de la peine à Aleka qui annonça qu'elle allait refaire du thé. Une fois encore, le prêtre entama son récit, s'attardant sur les détails plus que sur l'aspect général de la ville. Cette fois c'est le Grand Fort et aussi le sanctuaire de Lathandre, dans les beaux quartiers, que Cunivan prit soin de décrire. Le prêtre connaissait les lieux par cœur pour y avoir passé l'essentiel de sa vie Et Alchem eut l'assurance de disposer de tous les éléments nécessaires au bout d'une petite heure supplémentaire.

[Alchem]

Alchem n’oublia pas de se refaire préciser la direction et la distance approximatives de Lumenis. Deux récits, bien fouillés chacun, il avait pratiquement l’impression d’être déjà dans la ville. L’image mentale serait-elle fidèle à la réalité. Il n’allait pas tarder à le savoir, si tout se passait bien.

« Merci Cunivan. J’ai tout ce qu’il me faut. Aleka, Théodore, si vous êtes prêt, nous pouvons y aller. »

Le gnome repoussa sa seconde tasse de thé et se leva. Lorsque le prêtre serait parti, lorsqu’il ne pourrait plus entendre, le svirfnebelin proposerait comme lieu de départ la salle de prière du temple. Il escomptait que la magie divine baignant le lieu de culte étoufferait l’influence de l’Eclat. Et comme lieu d’arrivée, il visait le sanctuaire de Lathandre à Lumenis, soit devent les portes, soit directement à l’intérieur, selon ce que jugerait le mieux Aleka.

[Kasumi]

Cunivan prit congé d’eux poliment mais il était évident qu’il n’était pas fâché de voler encore quelques heures de sommeil avant l’aube. Jovas s’était esquivé bien plus tôt dès qu’il avait été manifeste que le gnome n’aurait plus besoin de ses services. Les aventuriers se retrouvèrent donc à nouveau isolés dans la grande salle du temple. A la question d’Alchem, Aleka répondit que mieux valait se téléporter sur le parvis du temple plutôt qu’à l’intérieur : à cette heure, il n’y aurait personne pour les déranger mais une intrusion magique pouvait être mal perçue.

Tout était fin prêt pour la seconde partie du voyage : les humains se mirent en position comme quelques heures plus tôt, Alchem répéta les mêmes gestes et les mêmes paroles sibyllines dédiées à Mystra. Il évoqua leur nouveau lieu de destination. Et comme quelques heures plus tôt, ils disparurent, le svirfneblin ressentit un tiraillement un peu plus fort et ils réapparurent exactement sur la même plage battue par les vents, en bordure d’Antelucas.

- Que s’est-il passé, s’alarma aussitôt la prêtresse.

[Alchem]

« Ho, chouette, revoilà la mer ! » s’enthousiasma Dalius, avant de comprendre que ce n’était pas une bonne nouvelle.
« Une interférence, j’en ai bien peur. J’ai ressenti la même sensation désagréable que lors de la première téléportation. En plus marquée cependant », expliqua Alchem, placide.

Le retour à la plage ne laissait aucun doute. Ce ne pouvait être un disfonctionnement du sortilège. Pas de translation, pas de confusion de destination... l’Eclat était forcément responsable. Néanmoins, ils s’en sortaient bien. Paradoxalement, la gemme provoquait un effet moindre que la téléportation par elle-même aurait pu produire. Le groupe se trouvait en un lieu connu avec des moyens de transports. Une simple translation aurait pu les envoyer au milieu de nul part.

« Combien de temps prendrait le voyage par bateau ? »

[Kasumi]

Théodore semblait mal à l'aise tandis qu'Aleka faisait elle aussi la moue : si l'Eclat interférait à ce point avec la magie, ils allaient devoir s'en passer jusqu'au terme du voyage. Toutefois, ce qui passait d'abord pour un simple détour visant à ramener la gemme au temple dans le but de l'étudier se corsait d'heure en heure et à un rythme de plus en plus effréné.

- Vous avez raison d'envisager cette possibilité : c'est de loin la plus rapide, en tous cas pour ce qui est des moyens conventionnels. Il me semble qu'il faut aux alentours de cinq jours à condition de trouver un navire rapide en partance prochainement. Avec la guerre, il n'y en aura pas beaucoup, je le crains.

[Alchem]

« Cinq jours... Il peut s’en passer des choses en cinq jours. Essayons de trouver un bateau. Rien ne m’empêchera d’essayer quotidiennement de nous téléporter. Si la chance ne nous sourit pas, si aucun bateau ne s’offre à nous rapidement, sans doute faudra-t-il informer votre ordre de la situation. »

Alchem n’aimait pas cela. Mais qui pouvait-il ? Son possible, ni plus, ni moins. Il tourna vers la mer un regard pensif. Oserait-il espérer un rien de repos, de vrai repos ? Non, sauf s’il était forcé d’attendre. Le devoir avant tout.

[Kasumi]

Ce fut Théodore qui intervint le premier cette fois :

- Je doute que nous ayons une chance de tomber sur un capitaine en plein milieu de la nuit. Nous devrions en profiter pour nous reposer jusqu'à l'aube.

Aleka renchérit, affichant une confiance compte tenu des événements :

- Je crois que nous devrions rester ici, nous y serons plus en sécurité que n'importe où ailleurs.

[Alchem]

« Qu’entendez-vous par ici ? Sur la plage ou dans la ville ? » demanda Alchem, les yeux toujours tournées vers les vagues et les rochers.

Il s’étonnait de se sentir aussi lasse. Lorsqu’il était en service, affecté à la sécurité d’Ornegemme, et plus encore lorsque la guerre faisait rage, il s’était accoutumé des efforts prolongés sur des jours,. Mais il y avait eu l’affrontement contre le Despote, plus qu’éprouvant, puis l’influence de l’Eclat...