[Lieu] Maison-Carrefour des Régions d'Hélonna

[Galathée]

Sise dans le quartier du Gouvernement de Luménis, cette vaste bâtisse blanche, construite de plain-pied, abrite les représentations des différentes régions d’Hélonna ayant prêté allégeance à Luménis, c’est-à-dire toutes à l’exception d’Ithilion et ses environs.
Au delà d’un vaste portail de pierre blanche se trouve un hall aux allures d’atrium où les entrées sont filtrées. Un service de sécurité composé de gardes venus des quatre coins du pays surveille les allées et venues avec vigilance.


Représentants présents à Luménis.

[Galathée]

Quête : Equité

Quittant le Parc Verdoyant, Astrée et Byron entrèrent le quartier du gouvernement, où mille employés à la mine sérieuse, filaient dans les rues tandis que des gardes en livrée bleu ciel surveillaient leur ballet. La rôdeuse et le centaure constatèrent cependant qu'il y avait un sens dans le mouvement de cette multitude : ils partaient. La rôdeuse n'eut pas à s'enquérir du chemin pour rejoindre la Maison-Carrefour car ils furent assez vite abordés par une patrouille qui les interrogea poliment, mais sans circonvolutions verbales, sur leurs intentions. On leur indiqua ensuite le bâtiment de pierres blanches, qui occupait un vaste jardin non loin du Palais Présidentiel. Cependant, une fois qu'ils y furent arrivés, ils durent se rendre à l'évidence : le Sunite avait dit vrai, les grilles en fer forgé qui barraient le portail étaient fermées et le bâtiment paraissait silencieux.

[Voyageuse]

Astrée poussa un soupir. C'était prévisible, bien sûr. Mais s'ils avaient pu avoir la chance d'arriver juste avant la fermeture, ils auraient certainement pu gagner un peu de temps dans leurs démarches. Il ne s'en était peut-être pas fallu de beaucoup, du reste... Mais bon, c'était trop tard, et elle n'était pas du genre à s'obstiner devant une grille fermée. Au moins, ils avaient essayé, et n'avaient aucun regret à avoir. Et puis, ce temps n'était pas tout à fait perdu. Ils avaient reconnu les lieux et sauraient où se rendre le lendemain matin à la première heure.
" Je crois qu'il ne nous reste plus qu'à revenir demain matin, fit-elle avec un sourire désolé à l'adresse de Byron. Visiblement, c'est fermé pour ce soir... On va donc plutôt s'occuper de se chercher un endroit où dormir. Mais tous les endroits auxquels je pense sont dans le quartier sud de la ville, donc à l'opposé. "
Il n'était plus temps de traîner. La seule bonne nouvelle, c'était que le chemin le plus court coupait par le parc. Elle hésitait en revanche sur la destination... Peut-être le plus simple était-il de commencer par demander à Isudë s'il y avait de la place dans son jardin, ou si elle avait une autre idée d'hébergement. A défaut, elle pouvait sans doute s'adresser à l'orphelinat. Et sinon... elle pourrait toujours tenter de demander au temple de Lathandre, mais elle n'y croyait pas vraiment.

[Galathée]

Le centaure ne parut pas vraiment déçu.
" Je dois dire qu'il ne me restait pas vraiment beaucoup d'énergie, de toute façon. Marcher, je devrais m'en sortir... mais parlementer avec des humains. Tu sais que je t'entends parler de démarches administratives, et c'est un mot que je n'avais jamais entendu auparavant. Les centaures n'ont pas d'administration. Goran m'a expliqué ce dont il s'agissait : des règles et des papiers, en gros. Comme un monstre compliqué. J'espère que même si nos peuples viennent à s'entendre, le mien n'en viendra jamais jusque là..."
Il leva les yeux au ciel.
" Tu me diras que c'est ce qui permet de régler mille différends et d'éviter le recours aux armes. Pas de discours, madame l'humaine ! Emmène-moi chez l'amie de ma mère !"

[Voyageuse]

Astrée sourit.
" A tes ordres, ô grand ambassadeur du peuple centaure ! Je t'y amène tout de suite ! Enfin... Aussitôt qu'on aura retraversé le grand parc en direction du sud. Sa boutique est juste à la sortie, tu verras," expliqua-t-elle en l'entraînant en sens inverse.
"Et pour ce qui est des administration, tu as bien raison... Mais vous n'en aurez heureusement jamais besoin, à mon avis. Ça n'est utile que pour les communautés vraiment nombreuses. Les seules fois où vous y aurez affaire, c'est lorsque vous aurez à communiquer avec les autorités humaines... Et j'espère bien, pour toi, que c'est la dernière fois que tu as besoin de t'y frotter ! Ça n'a vraiment rien de passionnant... Attendre, discuter, attendre, expliquer encore, remplir des papiers... C'est indispensable dans les grosses structures comme Luménis,, mais ça prend un temps fou."

[Galathée]

HRP : n'hésite pas à faire les transitions de temps en temps...

" Je l'espère aussi... et j'espère que leurs documents ne seront pas écrits dans une langue incompréhensible pour le commun des mortels non humains... Sans doute devrais-je m'inspirer de ce qui se fait dans la Lorien... Nos amis elfes doivent avoir une expérience précieuse de la chose..."
Suivant le flux des employés quittant la zone administrative, Byron et Astrée retournèrent vers le parc. La foule autour d'eux était dense, les regards se posaient sur le centaure, puis filaient, personne ne les importuna ni ne leur adressa la parole. Les Luméniens étaient suffisamment bien élevés pour ne pas s'ébahir de leur tandem, et Astrée, peut-être plus attentive que d'ordinaire, nota qu'il y avait parmi les passants, d'autres êtres aux apparences étranges, ni elfes, ni humains, même s'ils étaient tous humanoïdes et donc bien moins spectaculaires qu'un centaure.

[Voyageuse]

Astrée était admirative du sens de l'orientation du centaure. Certes, la Maison-Carrefour n'était pas très éloignée du Castel des Beaux Etrangers où il avait passé la nuit, mais tout de même, il n'était dans la ville que depuis la veille... Et pourtant il trouva son chemin sans hésiter, et ils se retrouvèrent bientôt devant le large portail du bâtiment.
Il était encore tôt, et elle avait bon espoir qu'ils n'aient pas à faire la queue trop longtemps avant d'être reçus. Elle prit la tête de leur duo pour pénétrer à l'intérieur du bâtiment, observant les lieux d'un air hésitant, à la recherche d'un garde éventuel chargé de filtrer les entrées et susceptible de leur indiquer où ils devaient présenter leur requête.

[Galathée]

Ils furent arrêtés bien avant d'avoir pu pénétrer dans le bâtiment, par deux gardes en livrée bleu sombre. Tous deux humains, ils les séparèrent immédiatement, le premier entraînant Byron d'un côté, le second faisant signe à Astrée de le suivre. Elle fut introduite dans une petite guérite où on lui demanda de s'asseoir.
" Identité, origine, intentions." dit le garde en prenant un parchemin.
Il la dévisagea ensuite avec sévérité, la plume levée.

[Voyageuse]

Astrée regarda avec un soupçon d'inquiétude Byron s'éloigner de son côté, mais ils n'avaient pas d'autre choix que d'obtempérer, de toute façon. Ces gardes lui paraissaient bien sévère, pour un bâtiment qu'elle avait cru avant tout administratif. Mais elle ne connaissait rien aux subtilités de la politique Hélonienne après tout. Elle savait tout juste que la majorité des régions avaient prêté allégeance à Luménis, sans vraiment avoir jamais réfléchi à ce qui en découlait concrètement. Cela ne la concernait généralement pas directement.
- Je m'appelle Astrée, répondit-elle à la question du garde.
Que voulait-il dire par origine ? A tout hasard, elle poursuivit :
- Je suis native de Dorrandin mais j'ai la nationalité luménienne. Quant à mes intentions, je sers simplement de guide à Byron, mon ami centaure, qui vient des Contreforts des Pics des Orcs et a une requête importante à déposer auprès des autorités.
Se souvenant de la lettre de Goran, elle la sortit de sa poche, ajoutant :
" Nous avons également un courrier d'un notable de la Trouée des Chevaux, pour appuyer notre demande.

[Galathée]

L'homme leva les yeux, prit la missive, la lui rendit, et termina d'écrire ce qu'elle lui avait dit. Il lui désigna ensuite une armoire derrière elle, composée de nombreux casiers.
" Vous devez déposer toutes vos affaires dans un casier, y compris et surtout les armes, les artefacts, les potions, les parchemins, ainsi que vos bijoux dotés de pouvoirs magiques. Prenez ensuite la clé. Vous les récupérerez à la sortie. Ensuite, vous devez franchir cette double porte, et revenir en arrière. Je vous donnerai alors votre badge, afin que les gardes à l'intérieur sachent que vous avez eu l'autorisation d'accéder au bâtiment."

[Voyageuse]

Astrée obtempéra, déposant armes et besace, hésitant un instant à ôter le médaillon de sa mère qui lui semblait avoir un léger pouvoir. Mieux valait le laisser aussi, de toute façon elle le récupérerait très vite. Elle fouilla même dans ses poches pour en sortir son couteau, qui pouvait après tout être considéré comme une arme.
Elle ferma le casier à clé, mit celle-ci dans sa poche, et se dirigea vers le portail. Il devait être muni d'un sortilège quelconque détectant la magie. Peut-être même les armes. Elle le franchit lentement, attentive aux réactions éventuelles, avant de revenir vers le garde pour prendre son badge. Elle espérait que Byron n'était pas trop déstabilisé par tout ce processus, de son côté. Heureusement que sa bonne nuit l'avait ragaillardi.

[Galathée]

La jeune femme ressentit un léger picotement en franchissant la double-porte, confirmant ses suppositions. Quand elle revint en arrière, le garde avait déjà l'air un peu plus détendu. Il lui remit un carré de tissu couleur sable, à épingler sur ses vêtements.
" Cela indique que vous avez obtenu le droit de rentrer et que vous vous rendez dans l'aile de la Trouée. Ne vous trompez pas de secteur : tout est fléché à l'intérieur, et vous trouverez rapidement quelqu'un pour vous guider. J'imagine que vous avez l'habitude des habitants un peu... rustiques de la Trouée, donc vous ne serez pas effrayée par leurs manières."
Il lui indiqua ensuite la porte, qui menait sur le sentier de gravier et plus loin, les portes du bâtiment flanquées, elles aussi, de gardes. Byron l'attendait un peu plus loin.

[Voyageuse]

Astrée ne jugeait pas avoir particulièrement l'habitude des habitants de la Trouée. Elle n'avait fait que traverser Rohan avant de quitter la route pour couper à travers champs et chemins de terre, et n'avait pas non plus eu le temps de connaître grand-chose de Bortheïas, excepté la demeure de Goran. Mais elle n'allait certes pas s'offusquer des manières rustiques de quiconque.
Elle rejoignit Byron en souriant.
- Alors, toi aussi, ils t'ont fait passer par un grand portail pour détecter je-ne-sais-quoi ? Je ne m'attendais pas à de telles mesures de sécurité. Mais j'imagine que maintenant, il nous suffit de laisser voir nos laissez-passer à l'entrée, puis de trouver la direction des quartiers de la Trouée....

[Galathée]

" Je dois dire que j'ai trouvé ça presque normal... Je ne m'étonne peut-être plus de rien, dans cette ville."
Il jeta un coup d'oeil vers le porche du bâtiment.
" Mais protéger vos chefs, quand ils ont une fragilité toute humaine, vu la taille de la cité, le nombre de gens, la facilité pour franchir vos portes... Non, ça ne me semble pas forcément excessif."
Ses sabots claquèrent sur le marbre des marches et il rougit légèrement en croisant le regard d'un des gardes en faction. Ils débouchèrent dans un vaste hall pourvu d'un immense escalier monumental.
" Coprin, j'espère que ce n'est pas en haut..."
Une jeune femme s'approcha d'eux, souriante. Elle avait les cheveux très noirs, le teint sombre par rapport à la plupart des Luméniens, et portait une robe longue, en soie orange.
" Bienvenue à la Maison-Carrefour." annonça-t-elle avec un accent qui n'avait rien de luménien.

[Voyageuse]

Astrée sourit à la jeune femme, la saluant d'un bref signe de tête. Elle n'était pas luménienne, ça se voyait et s'entendait. Mais elle ne connaissait pas assez Hélonna pour deviner son origine. Peut-être une région lointaine au nord.
- Bonjour, Dame. Nous cherchons à rencontrer les représentants de la Trouée des Chevaux... Peut-être pourriez-vous nous indiquer à quel endroit ils se trouvent ?
Byron avait raison, il fallait espérer que ça ne soit pas en haut des escaliers...

[Galathée]

La jeune femme sourit.
" Vous devez vous repérer aux mosaïques." dit-elle en leur désignant le sol.
Des couleurs extravagantes, sur des petits pavés, se rencontraient au coeur du hall, puis partaient dans des directions différentes.
" Vous cherchez la Trouée, vous devez donc suivre la piste jaune... Par ce côté-là."
Les pavés jaunes passaient sous une arche au fond du hall, juste à gauche de l'escalier. A droite partait une piste verte, et l'escalier était tricolore : rouge sombre, rose et violet. Du bleu et du noir filaient dans deux couloirs à droite, du blanc et du brun à gauche.
" Vous trouverez un petit bureau où vous pourrez présenter vos doléances. Les représentants de la Trouée sont tous présents ce matin mais je ne sais pas s'ils sont occupés."

[Voyageuse]

" Le chemin jaune. C'est noté. Merci beaucoup à vous, Dame," répondit Astrée avec un sourire aimable, avant de la saluer et de s'avancer dans la direction indiquée.
La bonne nouvelle, c'est qu'ils ne semblaient pas devoir monter d'escalier. Et pour le moment, le plafond était suffisamment haut pour Byron.
Ils passèrent sous l'arche, suivant les pavés jaune jusqu'au petit bureau dont leur avait parlé la jeune femme. Il fallait espérer qu'il n'y ait pas trop de requérants arrivés ce matin, en tout cas pas au point de devoir faire la queue dans le couloir. Mais il ne semblait pas y avoir foule dans l'édifice.
Un peu intimidée par la responsabilité qui était la leur, elle essaya de préparer ses mots, ses phrases, mais s'embrouilla et renonça aussitôt. Elle dirait les choses comme elles viendraient.

[Galathée]

Comme Astrée l'avait espéré, le couloir était désert, et ils purent le remonter jusqu'au bureau dont la jeune femme leur avait parlé. Derrière celui-ci se trouvait une autre femme, plus âgée, qui leva sur eux des yeux un peu blasés. Elle ne tiqua même pas devant le centaure, se contentant de lui jeter un regard, des yeux à la croupe.
" Bienvenue au Bureau de la Trouée, dit-elle. En quoi pouvons-nous vous aider ?"

[Voyageuse]

Astrée hésita un instant. C'était plutôt à Byron d'énoncer sa requête.
" Et bien... Mon compagnon Byron est ici en tant que représentant de son peuple, pour déposer une requête, et... en fait, pour informer les autorités de l'île de certains faits graves qui se passent dans les contreforts des Pics des Orcs et demander leur soutien. Mais Byron, ajouta-t-elle en se tournant vers le centaure, vous expliquera ça mieux que moi. Nous ne savons pas exactement à qui nous devons nous adresser... ah, et nous avons une lettre du Fier Coursier de Bortheïas, qui soutient notre démarche.
Elle tendit la lettre en question.

[Galathée]

La femme examina la lettre avec un sourcil levé, la bouche pincée.
" Vous savez que nous ne sommes qu'une représentation, n'est-ce pas ? demanda-t-elle. Nous n'avons aucun pouvoir décisionnel. Mais sans doute Dame Moline pourra-t-elle vous aiguiller pour la suite. Je vais la prévenir de votre présence, si vous pouvez patienter un moment."
Sans attendre leur réponse, elle emporta leur lettre dans une pièce voisine.
" Je finirai par oser parle, je te le promets."

[Voyageuse]

Astrée sourit à Byron.
" Il est probable qu'il va falloir répéter exactement la même chose à cette Dame Moline, qui va nous envoyer vers un secrétaire quelconque des autorités à qui il faudra répéter la même histoire, puis recommencer avec, peut-être, son supérieur hiérarchique ou un conseiller ou un chef militaire quelconque... Donc finalement, tu fais bien de me laisser parler, ça t'évite de te lasser à répéter vingt fois la même chose ! Tu seras tout frais lorsqu'il s'agira de t'expliquer avec les vrais décideurs..."
Elle poussa un soupir, guettant le retour de la secrétaire.
" Plus sérieusement... Je te laisse expliquer les choses à cette dame ? J'imagine qu'il va falloir être plus précis cette fois-ci, pour qu'elle sache où nous orienter... mais on verra selon les questions qu'elle pose."

[Galathée]

" On verra, dit le centaure. Je ne sais pas dire... ça va dépendre du contact, je suppose."
La porte se rouvrit quelques minutes plus tard et la secrétaire les précéda dans le couloir jusqu'à la dernière porte, qu'elle ouvrit. Ils débouchèrent dans une pièce meublée à la Borthéiane, dans les mêmes coloris et les mêmes formes qu'ils avaient pu observer chez Goran. Derrière une table basse se trouvait Dame Moline, qui se leva à leur entrée. C'était une femme d'une soixantaine d'années, le visage acéré et le regard noir, les cheveux tirés en un chignon sévère. Elle portait une robe de laine rouge rehaussée de broderies blanches, vertes et jaunes, et leur serra la main à tous deux d'une poigne ferme, avant de se rasseoir à même le sol. Byron l'imita, tout comme la rôdeuse.
" Merci de nous recevoir." osa Byron, finalement.
Elle releva ses yeux sombres et le dévisagea une seconde, l'expression pincée.
" Personne ne prend des accusations d'esclavage à la légère, sur cette île, cher ami."

[Voyageuse]

Astrée ne fut pas dépaysée en entrant dans la pièce. Elle se demanda même un instant si elle n'aurait pas dû s'habiller de cette robe rouge de laine en vigueur dans la trouée... Mais non, elle n'avait pas à singer leurs coutumes, eolle n'était pas de là-bas.
Elle n'avait pas lu la lettre, bien sûr. Mais apparemment Goran avait exposé les faits. Une bonne chose, d'autant qu'il était une personne influente dans la trouée. Elle ignorait si son influence s'étendait jusqu'aux représentants luméniens de sa région. Il fallait l'espérer. Mais leur interlocutrice lui paraissait... presque dubitative. Peut-être ne parvenait-elle pas à imaginer qu'un village de sa région puisse pratiquer l'esclavage.
Elle adressa un sourire encourageant à Byron, se tenant prête à compléter ce qu'il dirait par son propre témoignage, ou à prendre le relais s'il semblait trop mal à l'aise.

[Galathée]

Le centaure exposa les faits très simplement, en décrivant la situation présente. Il ne cacha rien de ce qu'il savait : l'élevage, les abattoirs, le dressage, la destruction de la harde sauvage, petit à petit. Astrée vit qu'il gagnait peu à peu en assurance jusqu'à ce qu'elle réalise qu'il avait changé de posture, de ton et de timbre et que, comme devant son peuple autrefois, il était désormais le messager de Sheldon, comme si l'esprit du chef de harde le possédait à distance.
La représentante de la Trouée l'écoutait avec attention, hochant la tête, l'expression grave.
" Ce que vous m'apprenez est très sérieux. L'esclavage n'est pas toléré sur Hélonna, et suite aux agissements de Nwalk, les autorités ont fait de son éradication une priorité. Le fait que vous soyez un... être particulier pourrait probablement faire débat, mais je suis certaine que nous disposons de textes qui attestent de la grande richesse de votre culture... Vous devriez trouver de bons interlocuteurs au conseil. Cependant... Il va y avoir un certain nombre d'étapes à franchir... Sans doute voudront-ils faire une enquête... ou vous soumettre à un sort de vérité... J'opterais pour cette solution, ce sera plus rapide. Ensuite, vous pourrez sans doute voir Dame Lathiriel, c'est elle qui se trouve à Luménis en se moment et qui gère les affaires courantes. Elle est elfe, elle sera touchée par ce qui touche votre race, j'en suis certaine. Cependant, la réponse à apporter à votre situation risque de passer en assemblée... Les délais sont parfois fort longs... et les retombées imprévisibles.

[Voyageuse]

Astrée encourageait Byron du regard, heureuse de le voir gagner en assurance. Leur interlocutrice semblait prendre l'affaire au sérieux, c'était une bonne chose. Mais la procédure à suivre semblait imposer des délais tellement aléatoires... Elle grimaça.
" Il faudrait pouvoir agir vite. La situation là-bas est critique, vraiment... Je comprends bien que ce n'est pas quelque chose d'anodin, que c'est une situation qui nécessite des décisions à haut niveau. Mais il faut vraiment que nous essayions de trouver la procédure la plus rapide possible."
Elle se tourna vers Byron.
" Si être soumis à un sort de vérité peut gagner du temps, c'est ce qu'il faudra faire. Je sais que la magie humaine a des effets secondaires désagréables sur les centaures... alors je leur proposerai de le lancer sur moi, si tu veux, après tout j'ai vu moi aussi ce qui se passe là-bas, mais je ne sais pas si mon témoignage leur suffira...

[Galathée]

" La magie elfe de Dame Lathiriel pourra peut-être minimiser ce genre de désagréments, dit Dame Moline. Il n'est pas impossible qu'à l'Université, nous ayons des spécialistes de la magie interethnique... Le contraire me surprendrait d'ailleurs."
Byron semblait émerger d'une sorte de torpeur et dévisagea les deux femmes avec un peu de surprise, comme s'il les découvrait subitement.
" Heu... Sûrement.
— Pour le reste, je ne peux malheureusement pas agir. Il faudra que vous vous montriez convaincants avec Dame Lathiriel. Peut-être acceptera-t-elle de trancher sans passer par l'assemblée, mais c'est incertain, surtout en l'absence des deux autres conseillers. Vous tombez à un très mauvais moment, avec la guerre en cours en Dorrandin. Tout le monde est plutôt préoccupé..."

[Voyageuse]

" Je comprends bien", répondit gravement Astrée, acquiesçant de la tête.
Elle en avait averti Sheldon. Mais il fallait tout de même qu'ils réussissent. Et puis, ils n'avaient pas forcément besoin de beaucoup d'hommes, juste d'un petit groupe de soldats aux couleurs de Luménis pour venir signifier aux Montequins qu'ils devaient quitter la ville dans un délai donné, sans quoi ils en seraient expulsés par la force. Ça n'était rien d'insurmontable. Certes, il fallait convaincre Dame Lathiriel que les centaures attendaient plus que la simple libération des esclaves et l'arrêt de toute violence, mais il était normal, compte tenu de leur culpabilité dans l'affaire, que les humains soient exclus des terres des centaures. Tout le reste, par exemple l'enquête éventuelle sur les responsabilités internes au village, pouvait avoir lieu après... N'empêche que la présence et le bagout de Reynald, s'il arrivait à temps, pourrait certainement les aider à faire avancer les choses plus efficacement auprès de la conseillère.

Elle sourit à Byron. Il semblait émerger d'une sorte de transe. Oui, c'était certainement le mot qui convenait. L'autre jour, il avait adopté le ton et le timbre de Sheldon sans la moindre transition, un peu comme s'il délivrait un message enregistré à l'avance dans sa mémoire. Mais ce qu'elle venait de voir lui prouvait que c'était plus complexe que ça. C'était un peu comme si, quelque part au fond de lui, il possédait un fragment de l'âme et de la personnalité de Sheldon, qui s'activait quand il devait parler en son nom. Ce lien entre eux était tellement étrange...
Revenant à Dame Moline, elle questionna.
" Et donc... Il nous faut rencontrer Dame Lathiriel. Pourriez-vous nous dire ce que nous devons faire à présent, quelles démarches, pour qu'elle accepte de nous recevoir ?"

[Galathée]

" Hum, il va falloir passer par un autre niveau d'abord. Faire certifier votre histoire. Il faut vous rendre au secrétariat du palais. Je vais vous fournir une recommandation. Là, vous devrez... faire une sorte de procès-verbal, une description complète de la situation. Vous devrez jurer sur l'honneur que tout est vrai. Et ensuite, vous serez soumis à la zone de vérité. Il faudra qu'ils trouvent le mage dont je vous ai parlé."
Elle pinça les lèvres et prit un parchemin dans son tiroir.
" Il faut savoir que seule la personne qui est sous déclaration pourra ensuite s'exprimer. Si vous voulez pouvoir aider votre ami, il faudra passer par les mêmes étapes. Alternativement, vous pouvez attendre les audiences publiques, mais pour des faits aussi graves, il est probable que Dame Lathiriel vous renverra à travers la procédure, de toute façon."

[Voyageuse]

Astrée hocha la tête, essayant d'assimiler les informations sans s'embrouiller. Déclaration sur l'honneur au palais, puis zone de vérité, si possible pour tous les deux. S'ils acceptaient, s'ils le jugeaient nécessaire surtout. Ça voulait dire quoi, une zone de vérité ? Qu'ils seraient incapable de mentir tant qu'ils seraient dans la pièce sans doute. On leur demanderait sans doute simplement de confirmer la véracité de ce qu'ils auraient déclaré par écrit.
" D'accord. Je crois que c'est à peu près clair. On doit aller au secrétariat du palais présidentiel, donc. Ça ne sert à rien qu'on attende les audiences publiques, on perdrait du temps pour rien..."
Elle sourit à leur interlocutrice.
" Merci beaucoup pour votre aide, Dame Moline."
Il ne leur restait plus qu'à attendre qu'elle ait terminé de rédiger sa lettre de recommandation... et à poursuivre leurs démarches.

[Galathée]

Elle écrivit un moment, puis releva les yeux.
" Je vais vous donner un message qui vous donnera accès, j'espère assez vite, au secrétariat du Conseil. Cela devrait enclencher la procédure, mais ensuite, ce sont probablement les gens là-bas qui estimeront quelle priorité donner à votre dossier. Cela va dépendre des autres questions que Dame Lathiriel doit gérer en ce moment. Je ne peux pas jurer qu'il ne se passe rien d'aussi grave ailleurs... et rien qui ne soit plus critique pour la ville de Luménis. Vous n'êtes pas sans ignorer que les questions de sécurité sont... complexes et sensibles. Même si le drame que vit votre peuple est réel et scandaleux... Dame Lathiriel placera la sécurité des Luméniens avant un conflit local. Cela n'a rien à voir avec votre race mais avec... la portée de la question."
Elle eut un sourire embarrassé.
" Bon, je vous donne ceci. Bonne chance."