[Habitations] Quartier d'habitation

[Althéa]

Le plan de Manost est concentrique. La ville est d'abord bâtie autour des temples puis vient le quartier d'habitations. Ensuite vient le cercle dévolu aux commerces. Puis vient le cercle des grandes instances et des autorités de la ville. Le quartier d'habitation est donc niché au centre ville.

A Manost, la plupart des maisons se ressemblent. Des espaces fonctionnels avec peu de jardins. Personne ne laisse son linge pendre aux fenêtres ou quoi que ce soit qui puisse laisser présager un peu de la vie qu'on mène à l'intérieur. A Manost, la vie de la maison est strictement privée et n'empiète jamais sur le domaine public. Presque aucune fantaisie ne distingue donc les maisons des autres.

[Althéa]

Elle avait passé une nuit presque blanche et cauchemardeuse les rares fois où elle s'était assoupie. Dans ses songes, elle voyait la commanderie être la proie des flammes et s'effondrer. Si elle avait hurlé, Amélie n'était cette fois pas venue. Peut-être luttait-elle aussi contre ses propres inquiétudes. Le soir, elle n'avait pas chanté ni raconté d'histoires. Une ombre semblait s'être installée dans ses yeux comme si la morosité de Manost avait peu à peu gagnée la fille de Morgan. Elle s'en voulut. N'avait-elle pas formulé le serment tacite de la protéger ? Sa mère l'avait préservée durant toutes ces années contre une honte imaginaire. Il suffisait qu'elle la rencontre pour s'étioler à vue d’œil.

Qu'en était-il pour le petit Léonard ? Elle se souvint d'un gamin blondinet, tout en bras et en jambes d'environ huit ans. Un des plus jeunes adeptes. Vif, d'une intelligence rare mais particulièrement dissipé. Il n'avait pas son pareil pour poser des questions saugrenues. Elle lui avait néanmoins promis de le prendre comme écuyer dès qu'il en aurait l'âge à la condition qu'il se tienne tranquille. Après Melandis, après Yorven, elle doutait de pouvoir former qui que ce soit. Ce serait une des seules promesses qu'elle devrait trahir. Mais peut-être le gamin allait-il se dédire de lui-même. Qu'en serait-il après avoir vu ses camarades se changer en flamme ou disparaître sous des gravats ?

La maison où le gamin vivait avec ses parents était semblable aux autres. Aucune facéties, aucune différence. Elle aurait pu probablement passer à coté sans s'arrêter si elle n'était pas déjà venue.

Elle respira profondément pour se donner du courage et frappa à la porte. Des pas fatigués résonnèrent dans le couloir et la mère du gamin se trouva devant elle. Elle avait une mine abominable, comme si elle avait passé des nuits entières à veiller, ce qui était sûrement le cas. Le père tyrite comme elle était parti à la guerre. Une façon à lui de racheter la faute de son dieu. Cela faisait quelque temps qu'elle n'avait pas de ses nouvelles. Elle posa sur elle un regard lasse. Un bambin bouclé d'environ deux ans se cachait derrière elle. La femme lui indiqua l'escalier. Léonard refusait de quitter son lit depuis la catastrophe et refusait qu'on l'approche avec la moindre bougie ou quoi que ce fut susceptible de s'enflammer. Elle approuva avec une grimace. Elle ne le comprenait que trop bien.

Arrivée en haut des marches, elle hésita devant une porte à demi ouverte. Un soleil hésitant illuminait la chambre et Léonard assis sur son lit se redressa à son approche et lui fit signe de venir s'installer à coté de lui. D'une pâleur presque maladive, il paraissait méditatif et d'un calme peu coutumier. Et cependant, il lui sourit. Elle s'assit en silence et attendit, le coeur serré, presque au bord des lèvres.

Il resta de longues minutes, à contempler les poutres du plafond. Pour finalement se décider.

"Tu es venue. C'est bien. Tu vas pouvoir le punir."

Elle fronça les sourcils.

"Avant ça, tu dois promettre de ne rien dire à Sambre. Parce que j'ai désobéi.
- Je promets,dit-elle en levant la main droite comme pour prêter serment, mais qui veux-tu que je punisse ?
- Je ne sais pas qui. Mais je l'ai vu. Je n'avais pas sommeil et je suis descendu. J'aime bien me promener dans les couloirs la nuit. Et puis il était là, comme une ombre. Il versait quelque chose par terre et sur les murs, sur le plafond aussi. Au début, j'ai cru qu'il faisait pipi."

Il laissa échapper un rire bref, se reprit.

"ça ne sentait pas bon. Je n'ai pas vu sa tête ... Peut-être qu'il n'en avait pas. Mais il a vu que j'étais là. Alors, il a commencé à s'approcher de moi. Et tout d'un coup, on a entendu du bruit et des gens qui cognaient sur la porte. Sambre, elle est descendue avec les autres. J'ai voulu lui dire qu'il y avait quelqu'un mais quand j'ai regardé, il avait disparu."

Elle s'aperçut que durant tout le récit, elle avait retenu son souffle. Il la regarda inquiet.

"Tu crois qu'il va revenir pour me brûler ? Tu crois que c'est parce qu'on est tyrites ? Et tu crois que je sentirai quelque chose si ça m'arrive ? Ils ont beaucoup crié, les autres ..."

Elle ne sut que répondre. Encore une fois, les mots lui faisaient défaut. Elle se maudit. C'était bien beau de compulser des ouvrages de droit. Elle aurait dû savoir communiquer avec les autres. Elle posa une main maladroite sur son épaule.

"Peut-être que ça sera ma punition pour ne pas avoir empêché le méchant de mettre des choses par terre et sur les murs. Parce que sinon, ça n'aurait pas brûlé."

Elle avait l'estomac noué. Le gamin avait fait le rapprochement entre le liquide et la torche qui avait tout enflammé. Pouvait-elle lui dire que s'il n'avait pas été là, l'homme aurait sûrement allumé le briquet lui-même et qu'il aurait péri carbonisé avec tous les autres ?

"Tu lui as fait peur et il s'est enfui, je pense. Et maintenant, nous sommes prévenus. Il ne va sûrement plus oser se montrer. Nous le trouverons, je te le promets."

De la fenêtre, on ne voyait heureusement pas la fumée noirâtre s'échappant de l'entrepôt. Il hocha vaguement la tête. Elle ne savait pas vraiment comment l'aider. Et trouva une idée.

"Est-ce que ton idée d'être mon écuyer tient toujours ? Je pense que beaucoup de paladins vont te le proposer vu que tu es un héros donc je m'y prends en avance."

Il se redressa la tête et hocha la tête fièrement.

[Althéa]

La maison de l'émeutier, Alceste Lecru était située tout près de celle de Léonard, le gamin qu'il avait failli contribuer à brûler vif. Assez près pour qu'ils se croisent et même pour qu'ils puissent se côtoyer. Étrange comme des conflits pouvaient entraîner même les plus proches voisins à se battre entre eux. Les luméniens en avaient fait la même expérience et à plus grande échelle. Pas un tyran cette fois, mais un dieu. Mon dieu, songea Angèle avec une certaine amertume en suivant Meridith.

La tormite marchait à grandes enjambées, elle avait presque du mal à ne pas se laisser distancer. Il régnait dans la rue comme dans la ville un calme peu coutumier. Manost, depuis le début du conflit semblait retenir son souffle. Comme si une neige de cendre provenant du feu des batailles s'était soudain abattue sur la cité.

Meridith frappa à la porte et n'obtint aucune réponse. Elle se tourna vers Angèle.

"Il est assigné à résidence. Il devrait être là."

Elle renouvela l'opération avec plus d'insistance. Une plainte sourde se fit entendre. Les deux jeunes femmes se regardèrent inquiètes.

"Qu'est-ce qu'on fait, on entre ?"

La plainte se poursuivit, plus forte. Un homme suppliait. Elles poussèrent la poignée. Elles furent assaillies par l'odeur avant de remarquer ce que l'incendiaire avait sur lui. Alceste Lecru était recouvert d'un étrange liquide, un tantinet épais qu'elles n'eurent aucun mal à reconnaître. L'homme haletait, pleurait presque d'angoisse. Elle virent nettement ses lèvres bouger, leur demander de l'aide. Angèle allait s'avancer quand tout d'un coup, Meridith la tira en arrière. Quelques secondes plus tard, un rayon ardent traversait la pièce, frappant de plein fouet l'incendiaire qui s'enflamma en quelques secondes, laissant les deux jeunes femmes horrifiées et totalement impuissantes.

[Kasumi]

La journée – commencée par une visite officielle qu’il avait fallu préparer aux aurores – avait été bien chargée mais le capitaine Lachance avait la satisfaction de savoir que son navire serait prêt à reprendre la mer dès le lendemain soir. Il s’autorisa donc, sans avoir à se sentir coupable, un bref passage sur le marché des quais et par l’auberge du Loyal Paladin avant de se rendre à son rendez-vous dans le quartier d’habitation. Lachance avait cette fois choisi de se rendre en ville sans escorte et sans arborer son uniforme luménien. Il avait toutefois pris soin de choisir ses vêtements civils avec goût bien qu’ils tranchaient franchement avec la norme vestimentaire en vogue à Manost. En plus de son sourire, il comptait se présenter avec une bonne bouteille, un bouquet de fleurs et la fameuse recette de thé promise. A condition toutefois de parvenir sans encombre à trouver la maison de Juliet Vimaire.

HRP : je considère que Jack a passé les contrôles de douane si ça ne te fait rien. Sinon, on peut faire une petite ellipse pour jouer la scène.

[Althéa]

La maison de Juliet Vimaire était nichée à coté du Loyal Paladin comme elle le lui avait indiqué. C'était un logis si petit que l'on devinait qu'il n'abritait que peu de personnes. Tout comme les autres maisons, il était fait de pierre grise mais son occupante avait planté un lilas sur le seuil. Une lumière orangée se déversait de derrière les fenêtres.

Lachance n'eut pas besoin de frapper à la porte que celle-ci s'ouvrit à la volée. Juliet Vimaire lui sourit sur le seuil. Elle aussi avait troqué son uniforme contre des vêtements de ville : une tunique et une robe. Et elle avait discipliné ses cheveux courts.

"Bienvenue ! Et vous êtes juste à l'heure."

Son regard s'agrandit quand elle vit la bouteille et les fleurs.

"Mais il ne fallait pas. Vraiment, vous êtes un amour."

Elle s'effaça pour le laisser entrer.

[Kasumi]

Lachance n'avait aucune peine à trouver son chemin mais il se targuait de toute façon de jouir d'un bon sens de l'orientation, qualité essentielle à sa profession. En voyant que son hôtesse s'était elle apprêtée pour le recevoir, le capitaine sourit par devers lui avant de le faire franchement en entendant les mots de la manostienne. Il déclara alors avec humour :

- Dois-je vraiment les rapporter ? Ce serait dommage vu comme il a été difficile de les trouver !

Sans attendre de réponse, il répondit tout de même à l'invitation et entra dans l'antre de Juliet, se demandant certainement ce qu'il allait y découvrir.

[Althéa]

La maison n'était effectivement pas très grande mais sa propriétaire l'avait aménagée de façon à agrandir les espaces. Elle avait abattu - ou fait abattre - un bon nombre de murs et de cloisons si bien que rien ne limitait la maison. A la place des murs et des portes, il y avait donc des alcôves voûtées. Un petit escalier partant du salon donnait sur l'étage.

Les meubles étaient anciens mais paraissaient solides, battis dans la tradition manostienne. Juliet avait adjoint à la table une nappe élégante et un chandelier. Vraisemblablement, la jeune femme était dans une période de symétrie parfaite car c'était ainsi qu'étaient placés les meubles de la pièce. Une grande commode jouxtait une bibliothèque. Deux fauteuils se faisaient face. La table répondait à un secrétaire dans un coin.

La jeune femme débarrassa le capitaine de ses cadeaux.

"En fait, j'ai un vase. Je l'ai acheté tout à l'heure.", dit-elle avec un petit clin d’œil.

[Kasumi]

Le capitaine se laissa faire tout en jetant un regard appréciateur à l'intérieur de la maison, ses yeux étant attiré par la table et le chandelier mais aussi par la bibliothèque et les deux fauteuils placés à proximité. Ses yeux semblèrent tout analyser mais il adressa un de ses sourires sincères à son hôtesse :

- Alors vous avez été assez prévoyante pour me percer à jour ! Et dire que j'entendais vous surprendre ! Mais dîtes-moi, Juliet : je ne vois pas votre colocataire. Aurait-elle fui en apprenant que je venais ? Ou est-ce là encore un heureux hasard ?

Le luménien était resté debout, répugnant visiblement à s'asseoir quelque part avant qu'on ne l'y invite.

[Althéa]

Tout en répondant, Vimaire alla jusqu'à la chaise jouxtant la table et l'invita à s'assoir.

"Louison n'est pas vraiment ma colocataire. Je l'héberge jusqu'à ce que les dortoirs de la commanderie tyrite soient de nouveau opérationnels. Pour notre soirée, elle m'a proposé d'aller dormir ailleurs pour nous laisser tranquilles. Et j'avoue que j'ai accepté."

Elle alla chercher un tire-bouchon dans la cuisine et le tendit à Jack en plus de la bouteille.

"Et si nous goûtions ce vin plein de promesses ?"

[Kasumi]

Lachance démontra qu'entre autres qualités il possédait d'excellentes manières et un sens inné de la galanterie : il tira la chaise pour Juliet avant de déboucher le vin et d'en remplir à moitié leurs deux verres. Il posa ensuite la bouteille pour s'asseoir en face de la manostienne. Levant son verre pour trinquer :

- Puissent les belles promesses en appeler de plus belles encore !

[Althéa]

Vimaire sembla apprécier le geste du galanterie comme en témoignait le rouge qui avait soudainement empourpré ses joues.

"Alors à notre soirée. J'espère qu'elle nous sera agréable à tous les deux."

[Kasumi]

Jack n'avait certainement pas manqué de remarquer que le teint de Juliet s'accordait soudain bien mieux avec la robe du vin qu'il avait servi. Il répondit aussitôt après avoir fait tinter son verre contre celui de sa partenaire :

- Je ne peux parler que pour moi mais je vous affirme que la soirée m'est déjà très agréable !

Il porta ses lèvres à son verre et prit le temps d'apprécier le bouquet du cru avant d'ajouter :

- Le tavernier ne mentait pas en me vantant cette petite merveille. Un cru des terres environnant Cojum si j'ai bien compris.

Et, en effet, l'étiquette apposée sur la bouteille confirmait ses propos : non pas le célèbre "Crépuscule Doré" mais un cru à peine moins renommé : "Galante Cramoisie". L'étiquette arborait une silhouette stylisée de jolie jeune fille aux cheveux longs.

[Althéa]

Vimaire goûta à son tour.

"Ce vin est tout bonnement délicieux."

Elle se leva.

"Si vous voulez bien m'attendre quelques minutes, nous allons pouvoir passer à table."

Elle revint avec un plat.

"C'est du lapin aux pruneaux. Une de mes spécialités."

Elle allait servir quand un cri se fit entendre en haut.

"Dimitriuuuuuuuuuuuuuuuuus"

La jeune femme regarda Lachance assez inquiète.

[Kasumi]

Lachance allait complimenter la cuisinière sur le fumet et l'aspect appétissant du plat de résistance qu'elle lui proposait quand il fut interrompu par le cri strident et pour le moins inattendu. Le capitaine s'était levé comme par réflexe et avait cherché par réflexe à saisir le manche du sabre qui pendait habituellement à son ceinturon mais qu'il avait laissé diplomatiquement sur la Surprise.

- Euh... Un ami à vous ? demanda-t-il dans la confusion la plus totale.

[Althéa]

Juliet secoua la tête.

"Je ne suis même pas sûre de connaître un Dimitrius."

La voix en haut reprit.

"Dimitriuuuuuuuus, espèce de fils indigne !"

Elle se tourna vers Lachance.

"Je crois que je devrais monter."

[Kasumi]

La voix avait quelque chose d’étrange, un peu éraillée et haut perchée. Une vieille dame peut-être ? Manost avait une certaine réputation mais de là à ce que de vieilles chaperonnes se mêlent des rendez-vous galants pour s’assurer que les bonnes mœurs étaient respectées… Et cela ne résolvait pas l’énigme de ce prénom sauf si Juliet avait menti sur toute la ligne en ce qui la concernait. De ce qu’il avait sous les yeux, Lachance n’osait pas même y songer.

- Je crois qu’il serait plus prudent que je vous accompagne. Enfin, sauf si vous préférez que je m’abstienne de pénétrer dans vos quartiers bien sûr…

[Althéa]

Juliet secoua la tête avec un petit sourire.

"Non, je n'ai rien à cacher. C'est juste que je sais me battre. Même si j'avoue que je ne suis pas vraiment rassurée. Nous devrions être tous seuls, normalement."

La voix haut perchée et vaguement criaillante reprit.

"Dimitriuuuuuuuuuus, j'ai froid. Apporte moi une bouillotte."

[Kasumi]

Lachance ne se laissa pas convaincre aussi facilement et répondit d'un ton conciliant tout en rejoignant la manostienne :

- Je sais que vous savez vous battre mais on ne sait pas s'il ce rôdeur déséquilibré est dangereux ou non. Je serais indigne si je vous laissais affronter seule cette menace ! Avez-vous... Une arme à me confier : j'ai crains avoir laissé mon sabre sur le navire. Et une bouillotte aussi... S'il est possible de le raisonner.

[Althéa]

"Dimitrius, as-tu préparé mon bain de pieds ?"

Le ton de la voix montait dans les aigus et l'on sentait passer un certain agacement. Vimaire regarda l'escalier avec perplexité.

"Attendez-moi, je reviens."

Elle partit vers le fond de sa maison, revint avec un sabre et une épée qu'elle tendit à Lachance.

"Vous avez raison, c'est plus prudent comme ça."

[Kasumi]

Le luménien s'inclina en recevant l'arme et la soupesa dans sa main avant de se diriger vers l'escalier. Il se ravisa néanmoins au dernier moment, déclarant élégamment :

- Vous êtes ici chez vous, capitaine : je me place donc sous votre commandement. Souhaitez-vous que je passe le premier ou que je vous assiste. J'espère que votre charme naturel nous dispensera de recourir à la force mais je suis prêt à le faire dans le cas contraire !

Un sourire mutin se dessina sur ses lèvres malgré la situation tendue.

- Grands dieux, j'espère que ses prochaines revendications seront plus raisonnables...

[Althéa]

L'escalier était étroit et interdisait à deux personnes de monter de front.

"Je connais l'agencement des pièces mais je compte sur vous pour couvrir mes arrières."

Elle escalada les marches sans attendre de réponse. En haut, la voix recommença.

"Dimitriuuuuuuuuus, apporte-moi donc mon châle, j'ai froid."

S'en suivit une toux caverneuse, étrange et contrefaite. Vimaire s'immobilisa sur le pallier, les sourcils froncés.

"Je crois que ça vient de la chambre de Louison."

[Kasumi]

Le couloir, légèrement plus large que l'escalier, permettait de se croiser et le luménien en profita pour dépasser Juliet en passant tout près d'elle de sorte à se trouver du bon côté de la porte pour intervenir quand elle l'ouvrirait. Les sons étaient tout proche maintenant : l'intrus se cachait derrière ce panneau de bois. Lachance espérait qu'il se cachait derrière autre chose : les déséquilibrés s'introduisant au domicile des dames pouvaient avoir, entre autre perversion, la fâcheuse habitude à l'exhibitionnisme... Le luménien chuchota :

- Soyez prudente : ouvrez la porte que je puisse entrer le premier. Heureusement que votre amie n'est pas là ce soir !

[Althéa]

"Je compte jusqu'à trois ... Un, deux ...
-Dimitrius, as-tu pensé à vider mon pot de chambre ?
- Je reprends ... Un, deux, trois ..."

Et elle ouvrit la porte à la volée. La pièce était plongée dans l'obscurité. La lumière se déversant par le pallier leur apprit qu'il n'y avait rien dans la chambre. Juliet se tourna vers Lachance perplexe.

"Il y a des intrus dans la maison Dimitrius."

La jeune femme sursauta pour le coup. La voix venait de derrière son dos. C'est alors qu'ils le virent. Là, perché sur le sommier d'un lit se tenait une sorte de corbeau qui les dévisagea la tête penchée quelques instants avant de glapir.

"Aleeeeeeeeeeeerte, aleeeeeeeeeeeeeeeeerte."

[Kasumi]

Jack Lachance restait confiant : il avait connu plus d'un abordage se finissant en combat rapproché dans les coursives. La configuration lui convenait : il n'était pas gêné par les espaces clos et étriqués.

Quand l'ennemi se révéla enfin après un instant de flottement, le luménien demeura incrédule et coi un bon moment avant d'éclater franchement de rire, couvrant à peine les cris assourdissants de l'oiseau. Il dut hausser la voix pour se faire entendre :

- Attendez ! Je sais comment arrêter ça !

S'emparant de la première pièce de tissu qui lui tomba sous la main, le luménien s'avança vers le piaf et le recouvrit entièrement, espérant que cela suffise à calmer l'importun. Il serait ensuite temps de résoudre le mystère de sa présence, quand ils pourraient à nouveau s'entendre penser.

[Althéa]

Le mainate regarda Lachance approcher avec une certaine méfiance. Recouvert, il cessa effectivement de hurler. On l'entendit cependant murmurer.

"Dimitrius, je crois que c'est la nuit. Porte-moi mes pantoufles, Dimitrius."

Quelques secondes plus tard, il ronflait. Juliet se tourna vers Lachance, assez impressionnée.

[Kasumi]

Ce dernier souriait de toutes ses dents, affichant clairement sa fierté devant le succès de son initiative. Il porta un doigt à ses lèvres et chuchota :

- J'ai eu de la chance. Mais filons avant qu'il se réveille !

Le capitaine sortit à pas de loups, toujours tous sourires de ce dénouement inattendu mais des plus amusants. Point de rôdeur, point d'effusions de sang mais un mystère plein et entier restant à élucider : voilà qui était passionnant !

[Althéa]

"Descendons alors. Avec un peu de chance, notre souper n'aura pas eu le temps de refroidir."

Quelques minutes plus tard, ils étaient de nouveau attablés. Juliet affichait un petit sourire amusé.

"Je ne sais pas si c'est une blague de Louison, mais en tout cas, elle était réussie."

[Kasumi]

Tout en dégustant le dîner en montrant combien il appréciait la cuisine de la capitaine, Jack répondit d'un ton léger :

- Si c'est le cas, votre amie a un très bon sens de l'humour : nous nous sommes laissés prendre comme de jeunes recrues ! Il faudra donc éviter d'ébruiter cet incident sinon nous serons la risée de nos hommes ! Est-ce que je peux vous faire confiance, Juliet ? Je sais déjà que je le peux pour vos talents culinaires : votre spécialité est vraiment un régal !

[Althéa]

Juliet eut un léger éclat de rire.

"Cela sera notre secret. De même le fait que je me défends assez bien en cuisine. Mes hommes ont tendance à me prendre comme l'un des leur. Pour la plupart d'entre eux, la cuisine est une affaire de femmelettes. Je perdrais ma crédibilité s'ils savaient ... Et beaucoup d'entre eux voudraient s'inviter à manger chez moi ..."

[Kasumi]

- Vous faites mieux que vous défendre, protesta immédiatement le capitaine avec un léger sourire.
- Mais je vais éviter d’ébruiter vos talents sinon mon maître coq pourrait se vexer et je m’en voudrais d’encourager la concurrence de vos hommes !

Comme pour préciser sa pensée, il ajouta encore d’un ton mi curieux mi ingénu :

- D’ailleurs je ne m’attendais pas à ce que vous viviez seule… Mais peut-être que je me trompe.