[MP] Histoire : Echo

[Smidge]

On n'y voyait goutte dans cette pièce. Et aucune trace du majordome... du moins à perte de vue, à savoir à deux pieds devant elle.

Cependant... ? Oui, elle entraperçut quelque chose, de très furtif. Une lueur fragile et instable, près du plafond, entre les lattes du plancher. Existait-il un étage dans cette aile-ci aussi ?

Tandis qu'elle tendait l'oreille afin de repérer quelques bruits de pas, un grondement sourd et puissant fit vibrer chaque meuble et chaque mur de la pièce.

Si elle avait été un tout petit peu plus superstitieuse, elle aurait pu jurer qu'un démon des enfers venait de pousser un rugissement dans la pièce d'à côté.

[Echo]

- Mais qu'est-ce qui se passe ici ? marmonna t-elle en entendant trembler les murs.

Et en plus y voyait comme à travers une pelle ici... Elle fouilla sa veste, espérant avoir gardé sa lampe-torche avec elle.

Elle ne savait pas trop ce qu'elle était susceptible de trouver dans cette aile ni même si cela valait le coup de continuer à l'explorer mais elle continua tout de même sa progression.

[Smidge]

Oui, quelqu'un marchait, au-dessus, il n'y avait plus de doutes. Ce plancher plus que fatigué trahissait la moindre pression sur ses lattes en une complainte grinçante. Gabrielle balaya la pièce de sa torche à la recherche d'escaliers.

Cette pièce était à n'en pas douter une salle de banquet, ou quelque chose approchant. Aux murs, on devinait des emplacements pour des trophées empaillés, dont certains étaient encore en place, qui devaient trôner à une époque au-dessus de la cheminée aujourd'hui murée.

Enfin, le faisceau lumineux éclaira quelques marches montantes. Elle avait trouvé.

Et de nouveau, le sol et les murs se remirent à trembler.

Il se passait vraiment des choses étranges, ici...

[Echo]

Gabrielle sortit son arme, simple mesure de précaution ; après tout, elle ne savait pas sur quoi elle allait tomber là haut. Et puis, toute cette obscurité, ces bruits bizarres et ces murs qui tremblent avaient fini par la rendre nerveuse et, c'était bien connu, on gérait beaucoup mieux la nervosité avec une arme à la main.

Elle s'engagea donc dans l'escalier, espérant que ce dernier grincerait moins que les lattes de plancher du premier étage : elle n'avait aucune envie d'annoncer sa venue.

[Smidge]

Le grincement des marches se fit moins bruyants qu'elle ne l'aurait craint. Lentement, mais toujours aux aguets, Gabrielle atteint finalement l'étage supérieur, qui semblait encore plus désert que le rez-de-chaussée... Du moins en apparence. Il n'y avait ici pas le moindre meuble, ni la moindre cloison. Une salle immense, et vide, plus impressionnante encore à la faveur de l'obscurité.

Mais son intuition avait encore une fois vu juste... Quelqu'un - ou quelque chose - se tenait là, vers le centre de la salle. Une masse, imposante et trapue, remuant à peine de gauche à droite. L'avait-elle repérée ? Etait-ce le responsable de ces grondements répétés... ?

Elle n'avait la réponse à aucune de ces questions. Et pour le moment, seule son arme de service lui apportait un quelconque réconfort.

[Echo]

" Mais qu'est-ce que c'est que ça ? " fut la première pensée de la lieutenante, pensée qu'elle espérait [et surtout sa joueuse, en fait] ne pas être la dernière.

Impossible que cette chose ne l'ait pas remarqué puisqu'elle braquait sur elle le faisceau lumineux de la lampe-torche tout en avançant prudemment.

Elle n'avait jamais été du genre à avoir peur, mais il fallait un début à tout...

[Smidge]

Un détail la fit s'arrêter tout net.

A défaut de monstre, ce qu'elle avait dans son champ de vision n'était ni plus ni moins qu'une tonsure quelque peu dégarnie, déformée par les ombres et la faible luminosité de sa lampe.

Une tonsure qu'elle reconnut aussitôt.

Celle... du majordome...

Gabrielle poussa un soupir.

Et au-delà de son agacement, demeurait la question de savoir ce qu'il faisait ici, accroupi face contre le plancher...

[Echo]

Elle eût presque envie de rire tellement elle se sentait stupide. Cet endroit commençait à la rendre complétement folle, comme en témoignait l'espèce de psychose dont elle avait été victime. Voilà une chose dont elle ne parlerait pas aux collègues...

- Émile ?

Elle abaissa son arme et s'approcha du majordome qui n'avait toujours pas réagi. Était-il mort ou quoi ?

[Smidge]

La réaction ne se fit pas attendre. Emile se redressa aussitôt et poussa un cri de surprise.

Apparemment, il n'était pas mort.

[Echo]

Son soulagement fut de courte durée, rapidement les questions se bousculaient dans sa tête.

- Peut-on savoir ce que vous faites ici ?

Elle avait tenté de masquer son agacement -principalement du au fait que cet idiot lui avait filé une sacrée frousse - en vain.

[Smidge]

"Oui, bien sûr, on peut savoir..., rétorqua-t-il. Mais ce qui me rend d'autant plus curieux, c'est votre présence à vous. Il me semble que vous souhaitiez vous attarder plus que de raison en ces lieux..."

Tâchant de conserver son calme, Gabrielle revint aussitôt à sa question.

"Mais encore... ?, s'impatienta-t-elle. Evitez de renverser la question je vous prie."

Le majordome soupira, et répondit enfin.

"J'ai entendu du bruit, figurez-vous, expliqua-t-il. Une sorte de grondement sourd. Et comme vous m'avez déjà interrompu tout à l'heure dans ma tournée d'inspection, j'y suis reparti dès que vous n'avez plus eu besoin de moi. Quand j'ai entendu des bruits de pas au rez-de-chaussée, j'ai préféré essayer de savoir de qui il s'agissait, en regardant par les interstices du plancher."

Il s'interrompit un instant.

"Tout va bien ? Vous êtes satisfaite ?", conclut-il en levant les yeux au ciel.

[Echo]

- Satisfaite ? Pas vraiment. Je dois dire que j'ai de plus en plus de mal à gober vos histoires, monsieur Martineau.

Pourquoi avait-il fallu qu'il prenne ce ton avec elle, une fois de plus ? Elle n'avait pas besoin de raisons supplémentaires pour l'avoir dans le collimateur.

- J'ai eu l'occasion de faire un petit bilan récemment, et figurez-vous que vous tenez une bonne place dans la liste de mes suspects. Une bonne place, qu'est-ce que je raconte, vous êtes en tête de liste !

Bon, ce n'était peut-être pas entièrement vrai, mais il n'avait pas besoin de le savoir. Et puis que risquait-elle ? Au train où ça allait, quelqu'un d'autre viendrait bientôt se charger de tout ça à sa place...

[Smidge]

"Vous m'envoyez désolé..., conclut-il. Que puis-je faire d'autre pour vous ? Il se passe des choses plus que curieuses dans cette maison, et je souhaiterai tirer tout ceci au clair avant l'heure du coucher."

Dans le même temps, une plainte très légère s'éleva du rez-de-chaussée. Le parquet grinçait, à un rythme régulier qui excluait le simple fruit du hasard. Quelqu'un d'autre se trouvait ici.

[Echo]

- Moi aussi j'aimerais bien savoir ce qui se passe ici...

La lieutenante s'immobilisa lorsqu'elle entendit des pas au rez de chaussée. Qui cela pouvait-il bien être ? La meilleure façon de le savoir était encore d'aller voir, plutôt que de ramper par terre en espérant apercevoir quelque chose entre les lattes de plancher. Gabrielle fit signe au majordome de la suivre alors qu'elle rejoignait l'escalier qui menait au rez de chaussée.

- Halte au grabuge ! Qui va là ?

[Smidge]

Pour seule réponse, les pas au rez-de-chaussée se firent tout à coup plus précipités, et disparurent en direction du hall central...

[Echo]

Gabrielle haussa un sourcil puis... passa à autre chose. Non, elle avait décidé d'arrêter de courir après les gens.

Elle se tourna à nouveau vers le majordome, comme s'ils n'avaient pas été interrompus.

- J'ai entendu un bruit de tous les diables en arrivant ici, à faire trembler les murs. Vous avez une idée de ce que c'était ?

[Smidge]

Emile réfléchit quelques instants, et finit par hausser les épaules.

"Le maître s'affairait souvent en secret dans des machineries complexes, des vieux documents..., expliqua-t-il. Peut-être est-ce là le symptôme de quelques unes de ses expériences...?"

[Echo]

- Oui, peut-être, répondit pensivement la lieutenante. A l'aide de sa lampe-torche, elle éclaira la pièce. Il n'y a toujours pas de courant dans cette aile du château ?

La pièce était trop grande pour qu'elle arrive à se faire une idée de ce à quoi elle pouvait servir.

-Qu'y a t-il pas ici ?

Elle était partagée entre l'envie d'explorer les lieux et celle de coller le majordome jusqu'à ce qu'il devienne dingue. Mais s'il persistait à faire son "tour de garde" en fouillant chaque recoin sombre du château, elle pourrait peut-être concilier les deux.

[Smidge]

"Cette aile du château est condamnée depuis des années, expliqua le majordome. A vrai dire, je n'y avais jamais pénétré avant aujourd'hui..."

[Echo]

- Vraiment ? Eh bien, c'est l'occasion où jamais, dit-elle l'invitant à la suivre d'un geste.

Finalement il semblerait qu'elle n'ait pas à choisir...

[Smidge]

L'étage de cette aile était totalement vide. Pas le moindre meuble. Sa seule particularité était d'avoir un plancher usé, et découpé en cercle en son centre, comme si on y avait autrefois enchâssé quelque volumineux objet cylindrique.

Quelque peu dépitée, Gabrielle redescendit les marches, et s'affaira au rez-de-chaussée.

De la salle principale, en sus de l'escalier, se dessinaient trois couloirs étroits dans le mur du fond de la salle.

Gabrielle inspecta la pièce un peu plus un détail, chaises, tables, buffets... Rien de tout ceci ne paraissait sortir de l'ordinaire, en dehors de leur état de délabrement. Quelques détails attirèrent cependant son attention, même s'ils étaient loin d'atteindre le niveau d'autres bizarreries qu'elle avait pu croiser dans ce château depuis son arrivée : les têtes d'animaux empaillées sur le mur - qui la mettait mal à l'aise de part le caractère étonnement vivant de leur regard, ainsi qu'une sculpture étrange vers le centre de la pièce, une sorte de colonne ornée de rameaux de cerfs, qui aurait pu servir de porte-manteau, ou de n'importe quoi d'autre.

Dans tous les cas, rien qui ne puisse expliquer les bruits étranges et inquiétants qui avaient fait vibrer les murs un peu plus tôt...

[Echo]

- Bon, il semblerait qu'il n'y ait rien d'intéressant ici, déclara Gabrielle après avoir inspecter l'étage et le rez de chaussée.

Vraiment rien d'intéressant à part ces immondes bêtes empaillées sur le mur... enfin si on aimait ce genre de choses. Ce n'était pas trop son cas. Quelle perte de temps ! Déjà qu'il ne lui en restait plus beaucoup.

- Je crois que nous pouvons rejoindre les autres, dit-elle au majordome.

Elle ne savait toujours pas si ce dernier s'était effectivement retrouvé là " par hasard ", en cherchant lui aussi le source des bruits étranges qui secouaient le château depuis tout à l'heure, mais elle n'avait toujours pas l'intention de le laisser errer à sa guise.

[Smidge]

On parlait, dans le hall central. Gabrielle tendit instinctivement l'oreille, et reconnut aussitôt les voix de mademoiselle Stoän et de Marjorie.

[Echo]

Plutôt que de rejoindre les deux jeunes femmes, Gabriella stoppa net et tendit davantage l'oreille tout en faisant signe au majordome de ne pas faire de bruit.

[Smidge]

"...se passe ?, demanda Marjorie. Vos vêtements sont plein de poussière !"
"J'ai voulu m'aventurer dans un couloir obscur..., répondit la jeune femme, vous savez, ce couloir là qui s'ouvre sur un pénombre si profonde qu'on n'y voit rien... d'ailleurs la porte était fermée pendant un certain temps ! J'ai voulu aller voir et puis... je suis tombée en fait."
"Un... couloir obscur... ?, répéta Marjorie. Je ne sais pas de quel endroit vous parlez, madame..."
"Oui, une porte d'ordinaire condamnée..., expliqua mademoiselle Stoän. Dans le grand hall ! Il faisait noir comme dans un four là dedans... Mais c'est dommage, je n'ai rien trouvé... Et oui, voyez-vous, je suis tombée !"
"Dans le grand hall..., répondit-elle. Ici, vous voulez dire ? Vous voulez dire..."
Sa voix se perdit ensuite dans un murmure que Gabrielle ne parvint pas à saisir.

"Oui, en effet, acquiesça-t-elle. Mais je n'ai fait que quelques mètres. Vous savez, on n'y voit pas grand chose, là dedans..."
"Je ne suis jamais allée dans l'aile Est, répondit Marjorie. Maman m'a dit que c'était interdit. Et..."

Elle baissa de nouveau le ton, sans laisser l'opportunité à Gabrielle de l'entendre jusqu'au bout.

"Hantée, dites-vous ?"
"En tous cas, c'est ce que maman m'a dit. Et il me semble avoir entendu le Maître parler de ça une fois ou deux... Je crois qu'il nous avait dit de surtout ne jamais essayer d'ouvrir la porte, sans quoi... ça libèrerait l'esprit du Mal qui hante le château..."
"Sauf que la porte est ouverte depuis ce matin... Vous savez qui a pu la déverrouiller ? Remarquez, je ne comprends pas non plus ce qui s'est passé avec cette pauvre Mylène..."
"Je ne sais pas..., conclut Marjorie. En tous cas, je ne mettrais les pieds là bas pour rien au monde ! "

Un court instant plus tard, elle reprit.

"Bon, je dois toujours mettre la main sur Emile, et sur la dame de la police... Si vous voulez vous diriger vers la salle à manger..."

Des pas se dirigèrent en direction de l'aile Nord, dont la porte claqua quand elle se referma.

[Echo]

Gabrielle choisit ce moment pour se montrer, le majordome sur les talons.

[Smidge]

"Oh !, s'exclama mademoiselle Stoän en sursautant. C'est vous ? Je ne vous avais pas vue."

Les vêtements de la jeune femme - ainsi que ses longs cheveux noirs - étaient recouverts de poussière. Elle tenait sous son bras un épais livre tout aussi blanchi que ses vêtements.

[Echo]

- Tiens, mademoiselle Stöan.

Gabrielle fit un effort pour cacher sa déception : elle aurait préféré tomber nez à nez avec Marjorie, cette dernière avait peut-être de nouvelles informations à lui communiquer. Enfin, peu importe...

Elle avisa les vêtements de la jeune femme, intriguée, avant de lui demander :

- Que vous est-il arrivé ?

[Smidge]

"C'est que, j'ai voulu jouer les curieuses ! s'exclama-t-elle avec un air désolé. J'ai voulu m'aventurer dans l'aile Est du château... Mais j'ai surtout chuté et salué la saleté, voyez-vous !"

La jeune femme rajusta ses lunettes avant de poursuivre.

"Ce n'est pas comme si je n'avais pas l'habitude de la poussière... Mais tout de même !"

[Echo]

Gabrielle haussa un sourcil.

- Oh, c'est vous que j'ai entendu partir en courant tout à l'heure ?

Elle essaya de dissimuler le sourire goguenard qui menaçait de fleurir sur ses lèvres.