[Quête] Et bientôt la mer...

[Galathée]

Quête : Les Squelettes du Placard
Chapitre 13. Printemps (suite)

Au moment où Judicaël terminait son incantation, la Ferme des Crocuss'effaça, et ils se retrouvèrent dans la nuit, à l'extérieur, dans un bosquet d'arbres touffus. Autour d'eux se dressaient les ruines d'un édifice moussu, grandes pierres grises, et le ciel bleu sombre se devinait entre les feuilles des chênes alentours.
Hippolyte dansa une sarabande aussitôt, dans l'humus.
" NOUS AVONS ECHAPPE AUX MELANDIENS !" hurla-t-il à pleins poumons.
Judicaël scrutait les alentours.
" Tu n'avais pas dit des pins ?" demanda Baptiste.
Le Mystran soupira.
" Si. Et ce n'en sont effectivement pas."

[Taliesin]

L'elfe réprima une grimace et refoula l'inquiétude qui, déjà, s'était éveillée en lui.
-Tu t'es trompé en nous décrivant les lieux ou... ?
Il ne verbalisa pas l'alternative - à savoir l'erreur de téléportation - car, après seulement quelques secondes de réflexion, cela lui paraissait totalement impossible. Judicaël avait déjà fait le voyage, il connaissait parfaitement le lieu d'arrivée, il ne pouvait donc pas s'être fourvoyé.

[Galathée]

" Non, je ne me suis pas trompé, répondit le Mystran. Nous ne sommes pas à l'endroit où nous devrions être... Il y a un bosquet et une ruine, mais..."
Il secoua la tête, interdit.
" Je n'ai aucune idée d'où nous sommes et je ne sais pas non plus pourquoi j'ai raté mon sortilège..."
Les trois enfants le regardaient, brusquement inquiets. A moins qu'Hippolyte ne soit plutôt ravi de l'aventure...
" Mais on ne panique pas... On est peut-être à quelques centaines de mètres..."

[Taliesin]

Il acquiesça.
-Allons jeter un coup d’œil sur ce qui se trouve au-delà des arbres, dit-il très tranquillement, à dessein. Si tu reconnais le paysage, nous nous mettrons aussitôt en route. Et si tu ne le reconnais pas, il suffira que tu nous ramène à la ferme dès que possible. Le débarquement ne sera retardé que d'une journée, ça n'est vraiment pas bien méchant.
Oui, aucune raison de s'en faire.

[Galathée]

Judicaël acquiesça.
" Je pourrais contacter Kerun... Il devait nous attendre."
Il traversa le rideau d'arbres, Hippolyte sur les talons, et ils débouchèrent dans la campagne. Ce qui était certain, c'est qu'il n'y avait nul signe de la mer, ni dans les sons, ni dans les odeurs, ni dans le panorama. On devinait un bâtiment sur la droite, peut-être tout un hameau plongé dans l'ombre, avec une seule lumière allumée derrière une fenêtre. Le Mystran secoua la tête.
" Alors là... Rien ne ressemble plus à la campagne que la campagne...
— On est perdus ?" demanda Prudence.
Baptiste s'était rapproché de Taliesin.

[Taliesin]

-Oui, on est perdus. Mais ça n'est vraiment pas grave : voyez ça comme une joyeuse petite aventure avant l'embarquement...
Toujours son ton tranquille, et il n'avait guère à se forcer.
-Je ne sais pas ce que tu en penses, Judicaël, mais je vois deux options : soit l'un de nous deux se rend là-bas pour demander où nous sommes, soit nous passons paisiblement la nuit dans le bosquet avant de regagner la ferme quand tu pourras nous y ramener.
La deuxième option était la plus prudente, puisqu'ils étaient peut-être en terres mélandiennes.

[Galathée]

" Je pourrais nous y ramener tout de suite, j'ai toujours mon sortilège de retour, murmura-t-il en contemplant la nuit. Le seul souci, c'est que je n'ai aucune certitude d'atteindre le point prévu au second essai... Je n'aurais pas dû le manquer."
Il fronça les sourcils.
" Je vais contacter Kerun et essayer de comprendre ce qui s'est passé..."
Il s'écarta de quelques pas et se mit à incanter. Les enfants vinrent vers Taliesin.
" On va camper, alors ?
— Tu crois qu'on est où ? De nouveau près de Mélandis ? On est peut-être à Manost, carrément !
— Si les Manostiens nous trouvent, ils vont nous arrêter ?"

[Taliesin]

-Je n'ai aucune idée de l'endroit où nous nous trouvons. Mais quel qu'il soit, et quelle que soit la nationalité des gens que nous pourrions être amenés à croiser, ils ne nous arrêteront pas : nous sommes convenablement vêtus, bien nourris, nous n'avons donc pas l'allure de brigands, d'espions ou de personnes en fuite. Nous avons juste l'air de simples voyageurs. Bref, rien à craindre. Quant à ce que nous allons faire... Kerun et Judicaël en décideront de concert.
Décidément, c'était une bonne chose qu'il se soit joint au groupe, qu'il n'ait pas laissé le clerc seul avec les gosses...

[Galathée]

" Moi je propose qu'on grimpe dans les arbres, dit Prudence.
— Pour quoi faire ?
— Comme ça."
Hippolyte leva les yeux au ciel.
" Elle est folle, cette fille."
Judicaël revint vers eux.
" Ils ont coupé les arbres. Un groupe qui voulait construire un bateau, apparemment. L'aspect du point d'arrivée a complètement changé, et c'est pour ça que nous sommes arrivés ici.
— On fait quoi, alors ? demanda Baptiste.
— Il y a plusieurs possibilités. Soit on essaie de savoir où on est, et de gagner la côte par la route... Si on n'est pas trop loin. Soit on rentre. Soit j'essaie de nous téléporter au bon endroit en essayant de me représenter le lieu que je connais, sans les arbres..."

[Taliesin]

-Ça se tente : de modestes ruines entourées des souches d'arbres fraichement coupés, ça ne doit pas pulluler... Mais le plus prudent est sans doute d'aller toquer à la porte du bâtiment que l'on voit, là-bas, pour se renseigner. Cependant,as-tu en réserve un sortilège pour changer ton apparence ou la mienne ? Parce qu'aucun de nous deux ne doit être reconnu...
C'était le seul point vraiment embêtant de leur situation.

[Galathée]

" Hum... A cette heure, nous avons intérêt à trouver une bonne excuse pour déranger les gens, ou ils nous lâcheront les chiens aux fesses... mais si tu as une bonne idée, je peux altérer notre apparence, oui. Ou juste la tienne... Je surveillerai les enfants.
— Je veux aller avec toi." déclara Baptiste, d'un ton qui indiquait qu'il n'avait pas l'intention de se laisser convaincre du contraire.
Judicaël regarda le petit garçon, mais se garda bien de répondre : il n'estimait sans doute pas avoir le droit de décider à la place du barde, vu la relation qui s'était tissée entre ce dernier et l'enfant.

[Taliesin]

Le barde resta silencieux quelques instants, pensif.
[color=#FFFFF66]-Si tu modifiais mon apparence pour que je ressemble à Baptiste... Nous pourrions prétendre être de simples voyageurs égarés. Pourquoi les habitants se méfieraient-ils d'un homme et de son fils ?[/color]
Il jeta un regard à la lumière qui trouait la nuit.
-Mais si tu trouves ça trop risqué... On peut marcher vers l'ouest. On devrait réussir à savoir où il se situe grâce à la position des étoiles, voire à la mousse sur les arbres, non ? Bien sûr, rentrer à la ferme est également une possibilité... Toutefois, cela voudrait dire traverser ensuite la frontière à pied, à moins que tu ne parviennes à rejoindre magiquement les ruines malgré leur changement d'aspect.

[Galathée]

Judicaël grimaça.
" Nous ne pouvons pas déterminer où nous sommes, murmura-t-il. Peut-être à des dizaines de lieues de l'objectif, peut-être en plein territoire mélandien ou beaucoup plus à l'ouest... Mais c'est vrai que les étoiles devraient déjà nous aider... Ensuite... Sans doute devrions-nous..."
Mais il fut interrompu car ils entendirent des voix, ainsi que les aboiements de plusieurs chiens. Des torches s'étaient allumées autour de la lumière, dans le hameau voisin. Il y avait désormais du mouvement entre les bâtiments.
" Je parie qu'ils t'ont entendu crier, Hippo..." murmura Baptiste.

[Taliesin]

-Ouch, s'ils sortent si nombreux, s'ils prennent leurs chiens, c'est qu'ils ne sont pas très tranquilles... Peut-être se calmeront-ils en constatant qu'il y a trois enfants dans le groupe, mais...
Soupir. Cette fois, ça se corsait.
-Deux options, à nouveau : soit nous marchons crânement vers eux et inventons une histoire en chemin, tâche difficile puisque nous ne savons même pas où nous sommes, soit nous nous téléportons ailleurs. Comme je le disais tout à l'heure, des ruines entourées de souches, ça n'est pas extrêmement courant.

[Galathée]

Judicaël avait l'air mal à l'aise.
" Je ne veux pas prendre de risques. Il faut que nous nous éloignions et que nous prenions de l'avance. J'ai besoin de calme et de temps pour me faire une image mentale modifiée de notre objectif... Si je suis interrompu dans mon sortilège, je le perdrai, et nous serons coincés..."
Les aboiements s'étaient rapprochés, le groupe semblait monter dans leur direction approximative.
" Je leur lance des pierres ? demanda Hippolyte.
— T'es fou..."

[Taliesin]

-On part dans l'autre sens, fit-il, avec un calme qu'il n'éprouvait plus vraiment. Si ça se trouve, il y a juste une légende à propos des ruines du bosquet, et ils ont pris le cri d'Hippolyte pour l'appel d'un fantôme. Peut-être rebrousseront-ils chemin quand ils découvriront que les lieux sont déserts ? Et s'ils nous suivent... Bah, on usera de magie pour leur ficher la frousse.
Il allait falloir presser le pas et tenir les enfants par la main, pour éviter que l'un ou l'autre ne s'égare.

[Galathée]

C'était on ne peut plus nécessaire car si Judicaël et Taliesin percevaient les arbres, leurs racines, les pierres et les replis du terrain, les enfants étaient presque aveugles dans les ténèbres du sous-bois. Leur pas craqua rapidement dans les feuilles mortes, ils ne purent anticiper les branches basses qui leur barraient la route, et il sembla subitement au barde qu'ils se déplaçaient avec la discrétion d'un troupeau de sangliers. Prudence buta sur quelque chose, Hippolyte jura à mi-voix en heurtant une souche du genou.
" On ne va pas s'en sortir... Il faut les porter." dit le Mystran.
Il attrapa Hippolyte et le jucha sur son dos, avant de prendre Prudence dans ses bras. Baptiste chercha Taliesin sans le voir. Derrière eux, les lueurs des torches semblaient roussir les arbres. Le barde entendit la respiration hachée du gosse devant lui.
" Ce sont des Mélandiens, gémit-il. Je suis sûr que ce sont des Mélandiens..."

[Taliesin]

-A mon avis, ce sont avant tout des villageois effrayés par la proximité de la frontière ou du bosquet. Mais qui qu'ils soient, et quoi qu'ils veulent, nous ne les laisserons pas nous attraper.
Il lui prit doucement le bras.
-Grimpe sur mon dos : ce sera le plus pratique, fit-il en s'acroupissant.
Ainsi garderait-il les mains libres pour incanter, en cas de besoin.

[Galathée]

Plus chargé, Judicaël laissa Taliesin prendre la tête, d'autant que le Mystran n'avait plus les mains libres. Sans se soucier du raffut qu'ils faisaient, ils s'enfoncèrent dans le bois, trouvèrent un semblant de piste et s'y précipitèrent, capables désormais de courir un peu plus vite. Mais les aboiements se rapprochaient.
" Ils ont dû lâcher leurs bêtes. Nous ferions peut-être mieux de les affronter." dit le clerc, le souffle court.
Taliesin l'entendit s'arrêter.
" Dans les taillis, les mômes..."

[Taliesin]

-Prépare-toi à descendre, souffla-t-il à Baptiste tout en faisant volte-face.
Sitôt qu'il aurait repéré les fameux taillis, il y mènerait l'enfant.
-Bon, Judicaël, je t'ai battu à plate couture pour la pêche au saumon. Me laisseras-tu si facilement gagner pour l'élimination des chiens de chasse ?
Espérant sans trop y croire que sa plaisanterie et son apparente décontraction aideraient les gosses à ne pas être trop terrifiés, il tendit l'oreille, essayant de déterminer le nombre de leurs adversaires canins. Sans doute serait-il nécessaire de convoquer un allié : un lion céleste ferait l'affaire.

[Galathée]

Des taillis, il y en avait partout, et Baptiste se glissa dans un gros buisson, à la suite d'Hippolyte et de Prudence.
" Soyons discrets... Si tu sais conjurer un sanglier ou un loup, c'est encore le mieux, murmura le Mystran. N'importe quoi ne sorte pas trop de l'ordinaire... En imaginant qu'il y ait ce genre de bestioles dans ce coin... Ce dont je ne pourrais jurer..."
Mais ils n'avaient plus le temps de tergiverser.
" Je vais brouiller notre propre présence." ajouta-t-il, avant de se mettre à incanter.
Les chiens étaient désormais très proches, et Taliesin devina leurs formes en approche, galopant sur la piste, à la limite de son champ de vision.

[Taliesin]

Et bien, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en quittant la ferme, il ne s'était pas attendu à devoir livrer bataille... Était-ce le retour de cette vieille malédiction qui voulait que toute opération à laquelle il était mêlé s'avère extraordinairement tumultueuse ?
Non, il n'y avait pas de malédiction. Et même s'il y en avait une, y songer ne servirait à rien.
Il incanta, optant pour l'allié le moins irréaliste qu'il put trouver.

Taliesin --> Convocation de Monstres III --> Blaireau sanguinaire céleste

Sitôt la créature apparue, il tirerait son épée.
Restait à espérer que les chiens se concentreraient sur eux, qu'ils ne se rueraient pas sur les enfants...

[Galathée]

Judicaël avait opté pour une brume, et brusquement, ils en furent environnés. Le Mystran posa la main sur le bras du barde.
" Ne combattons pas. Fuyons." lui souffla-t-il en indiquant le buisson où attendaient les enfants.
Il y eut un grognement féroce quand le blaireau et les chiens se rencontrèrent, suivi immédiatement d'un cri aigu, signe qu'un des molosses avait pris un mauvais coup. Entraîné par le demi-elfe, Taliesin fut tiré vers les taillis. Mais quand ils y entrèrent, ils ne trouvèrent qu'Hippolyte, les yeux agrandis de frayeur.
" Prudence s'est enfuie alors... je crois que Baptiste a essayé de la rattraper..."

[Taliesin]

Ça, c'était la tuile. La grosse tuile, même.
Cependant, dans l'obscurité, les enfants ne pouvaient se déplacer ni très rapidement, ni très silencieusement.
-On va vite les retrouver, affirma-t-il. Judicaël, tu portes Hippolyte ou tu préfères que je m'en charge ?
Déjà, il scrutait les taillis en quête d'une piste, tendait l'oreille pour capter les sons produits par les gamins. Ils les retrouveraient, il n'en doutait pas. Mais y parviendraient-ils avant les villageois ? Là était la question...

[Galathée]

Judicaël était un peu plus costaud que Taliesin aussi prit-il le gamin dans ses bras et ils traversèrent le taillis, les yeux fouillant l'obscurité pour détecter la piste qu'avaient empruntée Baptiste et Prudence. Le barde ne s'était pas trompé, son ouïe fine d'elfe détecta rapidement le raffut de leur fuite, malgré le brouhaha du combat qui se déroulait derrière eux. Bientôt, il les vit, ou du moins le dos de Baptiste, mais l'appeler aurait signalé leur présence, aussi les deux hommes se contentèrent-ils d'accélérer. Le gosse les entendit approcher et se retourna, inquiet, incapable de savoir qui était sur ses traces.
" Ta... Taliesin ?" souffla-t-il, incertain.

[Taliesin]

Et de deux. Plutôt encourageant.
-Oui, c'est moi, fit-il, apaisant. Si tu es d'accord, je vais te porter : nous irons plus vite ainsi.
Sans attendre sa réponse, il le souleva dans ses bras. Il n'allait pas tarder à trouver le gosse sacrément lourd, mais il faudrait guetter une meilleure occasion pour le transférer sur son dos.
-A Prudence, maintenant...

[Galathée]

" Je crois qu'elle est partie par là..." dit le garçon, indiquant une direction imprécise, parmi les arbres.
Ils se remirent aussitôt en route. Mais ils n'avaient pas fait quelques mètres qu'ils entendirent un cri perçant, manifestement féminin, loin devant eux, puis un grand fracas de branches brisées. Puis le silence. Non. Des voix derrière eux, dans la brume, au coeur du combat contre le blaireau. Sans doute le hurlement de la gamine avait-il été entendu. Judicaël jura et accéléra le pas, sans lâcher Hippolyte. Celui-ci était plus petit et plus léger que Baptiste, aussi le Mystran prit-il de l'avance sur le barde, qui le vit filer droit devant. Il ne se laissa pas pour autant distancer. Il perçut finalement un gémissement ténu, à peine audible, puis Judicaël s'immobilisa. Il était au pied d'une grande fosse, profonde de plusieurs mètres. Dans le fond, la silhouette recroquevillée de Prudence était à peine visible, recouverte de terre, de feuilles mortes et de branches qui étaient tombées avec elle. Judicaël posa Hippolyte.
" Je vais incanter pour nous dissimuler aux regards... As-tu un quelconque moyen de détourner nos poursuivants ?"

[Taliesin]

-Oui. Attends.
Il déposa Baptiste au sol.
-Fais attention à ne pas tomber dans le trou, lui souffla-t-il.
L'instant suivant, il incantait.

Taliesin --> Convocation de Monstres III --> Blaireau sanguinaire céleste

L'animal d'outre plan apparut, et son invocateur lança immédiatement un nouveau sortilège.

Taliesin --> Manipulation des sons --> Blaireau sanguinaire céleste

Il créa les sons d'un petit groupe en fuite : une voix féminine, d'autres masculines, le bruit de branches foulées, de pas précipités... Et sitôt qu'ils commencèrent à se faire entendre, il demanda au blaireau de s'éloigner d'eux, de faire en sorte que les villageois se lancent à ses trousses. Si la diversion fonctionnait, ils seraient tranquilles un bon moment.

[Galathée]

Pendant ce temps, Judicaël avait invoqué une sphère d'invisibilité. Ils virent des silhouettes sortir de la brume, six, dont deux étaient manifestement légèrement blessés. Il ne restait aucun chien et les hommes avaient l'air furieux. Ils descendirent droit dans leur direction, les mines revêches illuminées par leurs torches oranges, jusqu'au moment où le blaireau fila, emportant ses sons illusoires avec lui. Le groupe de paysans passa très près de l'endroit où se tenaient les fuyards, mais ils bifurquèrent derrière la créature qu'avait invoquée Taliesin sans percevoir les gémissements de Prudence. Il fallut encore attendre quelques longues minutes avant qu'ils ne disparaissent dans les taillis. Baptiste frissonna contre le barde, Judicaël s'était penché sur le trou.
" C'est un piège à sanglier, murmura-t-il.
— Elle est morte ? demanda Hippolyte.
— Non. Elle ne va pas mourir. Mais j'aimerais autant la soigner que de devoir la ramener..."
Baptiste s'accrocha au bras de Taliesin.
" J'imagine que personne n'a emporté de corde dans son sac..."

[Taliesin]

-Pas moi, en tout cas, et comme il fait nuit, on ne peut pas compter sur le pipeau pour nous en procurer une. Mais on va trouver autre chose.
Réfléchir. Réfléchir vite et bien.
-On peut tous descendre dans la fosse, soigner Prudence puis se téléporter. Autre option : fabriquer rapidement une corde avec ce que nous avons sous la main, c'est à dire nos affaires.