[Quête] Hauterive

[Féérune]

Aïe. En général, quand Streen dit quelque chose il vaut mieux faire l'inverse, pensait Sylveneige. Mais là...

- Bon. Soh bi it.

La rôdeuse se piquait d'un halruaan quasi parfait.

- Enfin, je veux dire, je suis d'accord. Fouillons d'abord le sous-sol... Mais il faut garder à l'esprit que...

Boudiou. Non. Ils s'attendent à ça.

- Ecoute, Streen, fouillons d'abord le premier étage. Et cherchons le cimeterre. Avec discrétion, qui plus est.

Sylveneige était grave.

- Tu comprends, il n'est pas exclu que nous ayons là-dessous quelques souterrains qui communiquent avec tout le reste de la secte. Donc du coup, nous n'aurions pas le dessus ! imagine ! si les adeptes de la secte sont nombreux et aussi talentueux que Gwaric, nous sommes fichus...

Elle ajouta brusquement :

- Et dans tous les cas, Jolan - ou le corps de Jolan - est aussi en danger. Amenons-le au bas de l'escalier, où nous pourrons le surveiller tour à tour pendant nos recherches au premier étage. Un bâillon sur la bouche, hein, qu'il ne puisse pas nous trahir.

Mieux valait être très précis. Je connais mon Streen.

- On récapitule : un, bâillonner Jolan et l'asseoir au pied de l'escalier ; deux, fouiller les chambres du haut en surveillant Jolan toutes les deux minutes minimum ; trois, redescendre et fouiller le rez de chaussée toujours en surveillant Jolan. Tu as compris ?

[Streen]

-Oui j’ai bien compris. Si tu penses que c’est la meilleure chose à fraire, alors nous le ferons. En revanche, il n’est pas exclu non plus que d’autres membres passent par la porte d’entrée et découvrent également le corps de Jolan. Mais bon, il faut bien prendre une décision.
Ils descendirent avec précaution le corps de Jolan. En temps normal, Streen y serait parvenu tout seul sans mal mais son manque de force se faisait sentir. Une fois que ce fut fini, il reprit :
-Bon maintenant, fouille méthodique de chaque chambre du haut.
Il monta en haut et emprunta la porte la plus à droite, soit l’inverse de la porte où ils avaient trouvé Jolan et la carafe d’eau.

[Féérune]

- Il est mieux là... D'abord parce qu'il ne verra pas ce que nous faisons - et en cas de trahison, moins il en saura mieux ça vaudra - ensuite parce que d'éventuels adeptes qui le verront seront surpris et perdront un peu de temps à se poser des questions... Or plus ils perdront de temps, mieux ça vaudra pour nous !

Sylveneige sourit.

- Et quand nous aurons chacun un cimeterre, nous serons fort bien armés !

A propos d'arme, je dois récupérer mon épée, pensa la rôdeuse.

[Voyageuse]

La fouille des chambres fut rondement menée. Il y en avait quatre, celle où Sylveneige avait séjourné brièvement, celle où Streen avait assommé Jolan, et deux autres. Elles se révélèrent toutes vides. Et ils eurent beau sonder les murs à la recherche d'une éventuelle cachette secrète, ils ne virent rien.
Alors qu'ils exploraient plus en détail la dernière des chambres, ils entendirent subitement un hurlement de douleur, où perçait l'horreur et l'incompréhension. La voix de Jolan. Streen, qui était tout près de l'escalier, baissa les yeux vers le niveau inférieur pour découvrir le paladin couvert de sang, celui-ci jaillissant à flots de son bras. Il était inconscient, à nouveau, et une silhouette penchée sur lui psalmodiait quelques mots. Le sang cessa aussitôt de couler. C'était Gwaric, qui recula aussitôt se mettre hors d'atteinte, se dirigeant vers la porte d'entrée. Le temps de descendre, et Jolan se redressait, contemplant sans comprendre, avec horreur, son poignet amputé et la main sanglante qui gisait au sol. Gwaric avait filé.

[Féérune]

Sylveneige hurla, sauta les marches quatre à quatre et ramassa vivement la main de Jolan, qu'elle mit dans la propre poche du paladin.

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

La rôdeuse trembla brusquement et remonta se jeter dans les bras de Streen, le corps palpitant de rage, de haine, d'angoisse, de terreur.

Soudain, elle perçut le cri éloigné d'un oiseau. Lumi ! si seulement Lumi était là !

Toutes ses émotions s'évanouirent instantanément. Une question emplit son esprit, tant et si bien qu'elle se sentit plus rien, comme si son mental était parfaitement détaché de son corps.

- Streen... Pourquoi Gwaric aurait-il sauvé Jolan en empêchant le sang de couler à flot, et donc lui évitant une mort certaine ?

[Streen]

Trop abasourdi par ce qu’il venait de se produire, Streen ne perçut pas de suite que sa compagne s’était jetée dans ses bras. En temps normal, il l’aurait bercé, câliné ou embrassé mais il se rappela qu’il était atteint d’un mal et que tout geste comme ceux-ci ne feraient qu’agacer sa compagne. Qui sait si ce n’était pas contagieux. Pas question que sa compagne l’attrape, lui seul était déjà trop. Concernant la situation, les puzzles commençaient à s’assembler. Il déglutit lorsque Sylveneige prit la main de Jolan pour la fourrer dans sa propre poche. Il était sûrement trop tard pour ce malheureux. Il resterait amputé…enfin si Streen ou Sylveneige ne le tuaient pas avant.
-Hum…fit il. Je crois que ce n’est pas Jolan mais plutôt le complice de Gwaric qui aurait pris son apparence. Cela expliquerait pourquoi il m’a attaqué tout à l’heure. Mais pourquoi a t-'il été amputé ?

[Voyageuse]

- Parce que leur but n'est pas de tuer. Leur but est de désespérer, détruire. D'anéantir. Pour qu'il ne reste de moi qu'une coquille vide sans âme, sans espoir, sans vie... Ils vous tortureront vous aussi, plutôt que vous tuer...
Le paladin avait parlé d'une voix atone, morne. Il avait bien la voix de Jolan, même si ça n'était pas une preuve en soi. Il avait les yeux fixés sur son poignet amputé, l'air horrifié et désespéré. Puis il baissa la tête, se replia sur lui-même, et n'ajouta rien.
La maison était toujours anormalement silencieuse, mais ils avaient la désagréable impression d'être observés. Ils entendirent subitement quelqu'un incanter au-dehors, du côté de la porte d'entrée. Ça n'était pas Gwaric.

[Streen]

Apparemment, c’était Jolan. Ou peut-être que non, qui pouvait vraiment savoir ? Comment pouvait-il être au courant du but des sharites ? De plus, Sann avait essayé de le tuer, pas de le torturer…autant dire que ca sonnait faux. Et pourquoi n’avait il pas demandé à être libéré de ses chaines ? L’incantation qui avait lieu dehors lui parut de très mauvais augure. Il fit signe à Sylveneige de rester sans bouger. S’ils partaient vers la porte d’entrée, ils subiraient un sortilège de plein fouet.

HRP:Pour rappel, je pars à partir de demain. Jusqu'en début Juin, il ne sera pas très facile de poster. Mais continuez quand même sans moi, je posterai de tempos à autres (avec un peu de chances, une fois tout les deux jours).

[Féérune]

HRP
Tu posteras sûr ? Sinon Voya pourrait peut-être imaginer quelque chose... Vois avec elle si jamais tu ne peux pas maintenir un post un jour sur deux.

Sylveneige passa machinalement la main sur ses yeux : la rôdeuse se rendit compte qu'elle pleurait. Elle parla, et sa voix sonna terriblement rauque, comme cassée.

- Jolan a raison... Le but est de désespérer, de pousser à la haine de soi, à l'autodestruction, au suicide même... Et alors la secte a gagné. Soit gagné un nouvel adepte prêt, lui aussi, à faire la même œuvre mortifère, soit enrichi sa conscience de haine et de destruction par le suicide de leur victime.

Elle fixa le paladin.

- Jolan, je... oh... vous demander pardon, c'est si peu de chose... mais surtout, surtout, ne désespérez pas, pensez que vous pourrez être soigné et guéri : il y a des magies puissantes qui sauront vous aider. Ne désespérez pas, parce que cela marquera notre échec. Ne désespérez pas, parce que c'est exactement ce qu'ils attendent.

Les poings serrés de l'elfe finirent par lui faire mal. Sa voix devint un murmure.

- Gwaric, je vous tuerai.

Puis elle se tourna vers Streen.

- Nous ne nous séparerons plus, quelle qu'en soit la raison. Jolan, dans votre poche j'ai mis votre main tranchée : gardez-la, ne la perdez pas, un clerc saura faire quelque chose, je vous le promets.

Sylveneige doutait fort de ce qu'elle avançait, mais il fallait absolument redonner du courage au paladin blessé.

- Maintenant il faut trouver ce cimeterre, et vite. Marre d'entendre toujours des fous dangereux incanter dans tous les coins.

[Voyageuse]

HRP : Si Streen ne peut pas poster pendant quelques temps, je peux facilement le mettre hors de combat d'une façon ou d'une autre juste pendant ce temps... On va voir à l'usage ! Mais normalement début juin on aura fini je pense...

Jolan ne répondit pas tout de suite à Sylveneige. Il avait le regard vide, hanté. Il baissa les yeux vers sa poche, mais ne chercha pas pas à voir ce qu'il y avait dedans.
- La magie divine est puissante... Mais on ne soignera pas un paladin qui n'en est plus un. Je ne suis plus un paladin. Je le sens au fond de mon âme. Lathandre m'a quitté... Mais en parler n'y changera rien. Faites ce que vous avez à faire, ne vous occupez pas de moi...
L'incantation au-dehors s'était achevée sans qu'ils en voient le moindre effet. C'était à nouveau le silence, et ils n'avaient pas la moindre idée de l'endroit où chercher le cimeterre, excepté la certitude qu'il n'était pas à l'étage. Il leur restait le hall d'entrée, la cuisine, la salle à manger, le sous-sol. La salle à manger n'avait visiblement pas servi depuis des lustres à en juger par la couche de poussière. Le hall et la cuisine portaient les traces de leur récent passage, mais pouvaient offrir des cachettes. Le sous-sol également. Il y avait aussi, peut-être la possibilité que les deux hommes aient emmené le cimeterre avec eux. Gwaric n'avait pas semblé armé, mais l'autre n'avait pas été vu depuis longtemps.

[Féérune]

Sylveneige murmura à l'adresse de Jolan :

- Courage. Ils ne gagneront pas. Ils ne peuvent gagner si vous tenez le coup, Jolan. Ayez foi, retrouvez foi en Lathandre : il y va de votre survie, de vos chances de guérison.

Elle soupira, puis cilla lentement.

- Streen, reste avec Jolan. Nous ne pouvons pas nous permettre une nouvelle attaque, encore moins d'une telle cruauté. Je vais continuer à fouiller la maison. Si tu vois quelqu'un arriver, si tu sens venir une attaque, appelle-moi immédiatement. Je vous entendrai, j'ai l'oreille d'une rôdeuse !

L'elfe se dirigea vers le hall d'entrée.

[Streen]

Streen acquiesça suite à la remarque de Sylveneige. En temps normal, il serait venu avec elle mais il avait été affaibli. Si jamais l'un des deux idiots intervenait, il défendrait chèrement sa peau ainsi que celle du paladin. néanmoins il ne se sentait pas rassuré pour autant. La dernière fois, le paladin l'avait attaqué par derrière. Pourtant il ne voyait pas d'autre solution. Il dit ainsi à sa compagne.
-D'accord j'attendrai ici. Mais je t'en prie, sois prudente.

HRP: Je pense que je ne pourrai pas poster ce week end. Ce sera plus jouable à partir de Mardi où il sera possible de poster un jour sur deux voire même tous les jours. Je te suggère voyageuse si tu es d'accord de faire un scénario pour Sylveneige et un scénario pour Streen en utilisant els spoiler. On pourra ainsi s'adapter aux rythmes de chacun.

[Voyageuse]

hrp : franchement, si à partir de mardi tu peux poster quasi tous les jours ou au moins un jour sur deux, ça n'est pas indispensable de vous séparer tant que ça, non ? Ça n'est pas une différence de rythme si importante...

Jolan, près de Streen, était plongé dans un mutisme complet. Il ne leva pas une seule fois les yeux vers Streen, image muette du désespoir. Le jeune guerrier crut entendre en revanche, à une ou deux reprises, des pas au-dehors, près de la porte d'entrée... mais pas suffisamment proches pour être inquiétants.

Sylveneige, de son côté, fouilla sans succès le hall d'entrée et la cuisine. Rien d'anormal, nulle part. Les placards de la cuisine contenaient comme il se doit de la vaisselle et des conserves, les tentures du hall ne dissimulaient nulle cachette.
Elle eût un peu plus de chance au sous-sol. dans la petite pièce servant à entreposer le petit matériel, là où elle avait trouvé outils et fioles, une boite à outil métallique avait visiblement été souvent déplacée, sur l'étagère. Et, mal remise en place, elle laissait apparaître une irrégularité dans la cloison. La rôdeuse eût tôt fait de vider l'étagère de son contenu et de découvrir, soigneusement dissimulé, un espace vide derrière une cloison factice. Hélas... Vide. Mais on l'avait vidée récemment, la nuit même, à en juger par les traces laissées dans la poussière.

Alors qu'elle revenait vers Streen et Jolan, ils entendirent tous deux nettement des bruits de sabot sur les graviers du chemin.

[Féérune]

Entendant les pas d'un cheval, Sylveneige retourna vers la porte d'entrée. Elle approcha la main de la poignée, puis changea d'avis brusquement.

- Streen, Jolan... Quelqu'un a incanté, je parierais qu'il s'agit d'un stratagème pour nous faire sortir de la maison ou nous faire toucher une de ces fichues glyphes de garde... Restons ici jusqu'à ce que j'aie terminé de fouiller la maison.

Sylveneige s'apprêta à descendre fouiller la sous-sol et la terrasse, où elle se souvenait avoir laissé son épée. Je ne vais pas laisser une épée magique là, tout de même... En plus, je dois encore des sous à Dorian !

Avec quelque émotion, elle songea à Dorian et Zaïu, partis à la guerre. Et espéra qu'ils n'aient pas rencontré un destin sinistre.

re-HRP : on peut échanger sur la fouille de la maison par Sylveneige, comme Streen reste avec Jolan peu importe s'il intervient un peu moins.

[Streen]

Streen ne savait que penser de l'incantation mais comme sa compagne, il redoutait de bouger de peur de subir un glyphe. Si le sort leur était directement adressé, l'inconnu qui le lancait se serait approché davantage, voire se serait positionné dans leur champ de vision. Il devait donc couvrir quelque chose mais quoi? Ce fut lorsqu'il entendit un bruit de sabots qu'il comprit.
-Ils cherchent à s'enfuir! cria t'il à Sylveneige et Jolan. Ils ont un cheval. le sort ne servait qu'à couvrir leur fuite!

[Voyageuse]

hrp : Sylveneige a déjà fouillé le sous-sol, j'ai décrit le résultat... mais effectivement elle peut aller chercher son épée !

Au-dehors, le bruit des sabots se rapprochait, provenant comme il se doit de la direction où se trouvaient les écuries. Il leur sembla que la monture ralentissait juste devant la porte d'entrée, puis un autre bruit de sabots se fit entendre. Ils étaient deux. Logique. Et les deux chevaux s'arrêtèrent. Ils virent la poignée s'actionner, la porte s'ouvrir aussitôt, et une silhouette lança un objet à travers la pièce. Une fiole. Qui se brisa en tombant au sol, libérant un nuage verdâtre qui s'étendit peu à peu dans la pièce et ne tarderait pas à gagner l'endroit où se trouvaient Streen et Jolan.
Ils entendirent l'homme rire avant de refermer la porte derrière lui.

[Féérune]

Sylveneige avait enfin son épée. Elle eut un peu de mal à trimbaler toutes les armes dont elle était munie, mais parvint à arriver au rez de chaussée, où elle perçut un nuage verdâtre se dirigeant vers Streen et Jolan.

- Streen, vite ! amène Jolan ici ! filons sur la terrasse, l'air y sera respirable ! j'ai trouvé une cachette, vide... Le cimeterre y était certainement caché...

Vraiment les clercs et mages, c'est de la racaille en or massif... Aurions-nous l'idée, Streen et moi, d'utiliser ces méthodes lâches, ces sorts aussi insupportables que leurs auteurs ? Sylveneige était de plus en plus agacée par la tournure que prenaient les événements.

[Streen]

Les évènements s'enchainaient trop rapidement pour qu'il puisse réfléchir à tous les évènements qui se succédaient. Néanmoins, il avait vu la fiole lui aussi et le nuage qui en émanait ne lui disait rien qui vaille. Streen voulut fuir vers l'endroit que lui indiquait Sylveneige mais il ne pouvait pas laisser Jolan, il n'était pas un lâche. Il le prit par les bras ignorant ses protestations (s'il en émettait). Malheureusement, s'il y serait parvenu aisément en temps normal, la baisse considérable de sa force se faisait ressentir. Faisant du mieux qu'il pouvait, il n'avançait pas vite et le nuage gagnait du terrain.
-Sylveneige fit il, viens m'aider, tout seul je ne pourrai pas mettre Jolan en un endroit certain. Nous devons être au moins deux.

[Voyageuse]

Par chance, Jolan parut prendre conscience que les deux jeunes aventuriers œuvraient pour le tirer d'affaire, et il se montra plutôt coopératif. Il semblait en état de tenir sur ses jambes, même s'il titubait quelque peu, sonné.
Ils durent néanmoins le soutenir dans l'escalier qui descendait jusqu'au sous-sol, là où Sylveneige avait trouvé la cachette présumée du cimeterre. Il ne leur restait qu'à ouvrir la porte, monter quelques marches et ils seraient à l'air libre sur la terrasse.
- Je vais passer le premier, fit soudain le paladin, retrouvant apparemment une partie de ses réflexes habituels, même si son ton restait étonnamment monocorde. La porte peut être piégée... restez en arrière !
Il semblait n'éprouver aucune appréhension, et parut presque déçu que rien ne se passe lorsqu'il mit la main sur la poignée. Il tenta de l'abaisser... et elle resta bloquée. Comme si on l'avait bloquée par l'extérieur, avec un objet quelconque. Dans le but de les enfermer à l'intérieur ?

[Féérune]

A la réponse défaitiste de Streen, Sylveneige avait serré les poings d'agacement.

Faut-il vraiment que je sois tombée sur un fainéant de première, incapable de trouver ses ressources physiques les plus secrètes au cœur du danger ? Elle soupira. Et cette porte fermée, c'est le pompon !

- Bon. Soit on débloque cette porte, soit on la défonce. Alors, Streen, je te prierais d'arrêter de jouer les frêles pucelles deux minutes. C'est vrai quoi, je ne vais pas tout faire toute seule !

Quasiment six pieds de haut, bâti comme un colosse... Ah c'est bien la peine d'avoir un costaud sous la main... Sylveneige sentait l'irritation la gagner de plus en plus. Un nouveau soupir, énorme, lui permit de retrouver un vieux fond de patience, bien usé, mais qui devrait faire l'affaire.

- Allons... Je tente le déblocage de cette fichue porte... Si ça rate, il faudra la défoncer. Collectez vos faibles forces, ô mortels !

[Voyageuse]

Sylveneige eût beau peser de tout son poids sur la poignée, rien n'y fit. Ils se mirent à trois pour tenter de l'enfoncer, sans plus de succès. Streen et Jolan avaient tous les deux été victimes de sortilèges puissants qui les avaient durablement affaiblis, malheureusement. Et la porte donnant sur l'extérieur était en chêne épais, solide et bien entretenue. Ils pouvaient certainement, avec du temps, aller chercher des outils dans la petite réserve pour démonter la serrure suffisamment pour lui donner un peu de jeu, ou les charnières. mais la brume commençait à atteindre l'escalier descendant à leur niveau.
- Je vais remonter, faire le tour et voir si je peux débloquer depuis l'extérieur. Ils ont juste mis quelque chose sous la poignée, une chaise ou un autre obstacle, c'est pas grand-chose... Je vais sortir par la fenêtre de la cuisine, ils n'ont pas eu le temps d'y installer un nouveau glyphe depuis qu'on a déclenché l'ancien.
Il grimaça.
- Et il vaut mieux que ce soit moi... Au point où j'en suis, je me fiche complètement d'être brûlé et défiguré par la brume acide...

[Féérune]

- Oh... Heu... Merci, Jolan. Mais...

Sylveneige eut beau réfléchir, elle ne voyait pas d'autre solution.

- Jolan ! prenez mon écharpe et placez-la sur votre nez et votre bouche. Ne respirez pas quand vous passerez au plus près du nuage. On ne sait jamais, si ces précautions pouvaient vous protéger !

Elle retira son écharpe et la lui tendit.

- Votre héroïsme est intact... C'est signe que Lathandre est toujours en vous, dissimulé mais toujours accessible... Votre foi, aussi fragile et inexistante vous paraît-elle, vous protégera.

Et que ces paroles la réveillent, cette foi si enfouie ! tout ce que je veux, c'est qu'il ait du courage... Le courage est si proche de la foi ! pensait Sylveneige. En fait, si Jolan a eu l'idée de ce sacrifice, c'est qu'il est encore un paladin digne de Lathandre.

[Streen]

Streen avait haussé les sourcils en entendant Sylveneige évoquer sa propre faiblesse. Oh bien sur, il n'avait pas dormi cette nuit alors qu'elle avait eu le droit à un lit chaud et douillet. Bien sur, on avait tenté de l'assassiner la nuit dernière alors qu'elle discutait gentiment avec les deux crétins. Bien sur il avait passé une nuit en prison alors qu'elle draguait sans façon le choupinou et s'amusait à faire la fête dans la taverne. Bien sur, il avait perdu au moins la moitié de toute sa force et subi la malédiction rouge alors qu'elle y avait échappé. Mais de là à ce qu'il se plaigne alors qu'elle n'y avait pas droit...Non il fallait en plus que ce soit elle qui soit agacée. Streen en avait plus qu'assez de cette mission qui ne menait à rien. Epuisé, affaibli, le découragement commençait à s'emparer de lui. A tout les coups, Gwaric et son complice s'étaient enfui avec le dernier cimeterre et ils venaient de rater leur chance. En effet, il était fort probable qu'ils ne les revoient jamais. Streen n'osait imaginer ce que signifierait l'échec de la mission.

Il haussa les sourcils en entendant cette fois-ci Jolan. Même si son courage était louable, il ne fit pas forte impression au guerrier. On le sentait démotivé et Streen redoutait principalement sa lenteur. Mais Streen, qu'avait il encore à perdre. Il était déjà sous l'emprise de la malédiction. Alor s'il devait être brûlé à l'acide, cela ne changerait pas grand chose à son apparence. il ressemblait à un démon de l'enfer à cause de ses plaques rouges. Enfin si sa force était réduite, il lui restait encore son habileté et sa vélocité. Il répliqua ainsi:
-Non, c'est moi qui vais y aller. Au point où j'en suis au niveau de mon apparence, il peut difficilement m'arriver pire. Et puis j'ai encore ma dextérité et ma rapidité. S'ils n'ont pas eu le temps d'installer un piège, que risquons nous? Je suis même certain qu'une frêle pucelle comme moi parviendrait facilement à remonter l'escalier et à faire le tour en passant par la cuisine ajouta t'il avec une pointe d'ironie. Attendez moi ici, je vais vous libérer.
La seule chose qui le différenciait du paladin, c'était le fait de ne pas avoir subi l'influence des maudits cimeterres. Sans prendre l'écharpe des mains du paladin, il se dirigea vers l'escalier. C'était l'instant de vérité. S'il devait mourir maintenant, il en serait de même pour ses deux compagnons qui seraient de toute façon bloqués ici. Autant tenter sa chance.

[Féérune]

- Streen, je te demande instamment de laisser faire Jolan. Il doit éprouver son courage, sa foi. Contente-toi de stimuler ta guérison. En récitant des strophes de Volo, par exemple.

Pfffou... Serait-ce trop demander à ce chéri d'amour de me laisser guider tout le monde ? Après tout, je suis encore la plus valide du lot... pensait Sylveneige avec quelque logique.

[Voyageuse]

Le paladin secoua la tête.
- Streen. C'est moi qui y vais. Ça ne se discute pas, d'autant que le temps presse... Dites-vous que vous, il vous suffira d'un sortilège pour guérir, ou de quelques jours de repos. Vous n'aurez plus aucune trace de votre mal. Le mien ne disparaîtra jamais. Ma main ne repoussera pas, ma foi ne reviendra pas... et oui, désolé de vous décevoir, dame Sylveneige, mais je le sens au fond de moi. Il n'y a plus que le vide. Ma vie n'a plus aucun sens, elle ne sert plus à rien. Je n'aspire qu'à une chose, la mort. Alors, qu'au moins je meure en faisant quelque chose d'utile ! D'ailleurs... Je serai ravi de me charger de déclencher tous les glyphes de garde de la maison !

Sur ces dernières paroles, il monta les marches et s'engouffra au coeur de la brume verte. Le bruit de ses pas décrut. Il ne poussa même pas un gémissement de douleur.
Deux ou trois minutes plus tard, il y eut un bruit derrière la porte menant au jardin, celui de quelque chose que l'on pousse, un juron. Et la porte s'ouvrit, sur un Jolan défiguré, brûlé, les vêtements en lambeaux, le visage tordu en une grimace de souffrance. Il semblait tenir à peine debout.
- ils sont à cheval près du portail, prêts à filer... mais ils attendent... peut-être de voir si on sort ? Ils ne m'ont pas vu puisque je suis passé par la fenêtre de la cuisine...

[Streen]

Streen était légèrement déçu de la décision du paladin tout comme son sens de la vie qui soit disant ne rimait plus à rien. Pourtant il ne pouvait ni l'empêcher ni lui en vouloir. Lui-même avait pris une décision semblable il y a quelques semaines et même s'il avait eu de la chance de s'en sortir, il y avait laissé des plumes. Mais il avait été prêt à mourir à ce moment-là. Jolan faisait le même choix. En ce sens, il le comprenait. Il se contenta de sourire à sa compagne même s'il était forcé et supporta la douleur de son état. Pendant que le paladin partit, il s'adressa à elle:
-Tu sais, Sylveneige, je n'ose pas imaginer ce que lui ont fait subir les deux frères mais je trouve dommage qu'il n'aspire plus à vivre. Il y a d'autres choses que la vie d'un paladin qui vaille la peine de vivre. Penses tu que nous devrions le convaincre de renoncer à cette voie si nous nous en sortons tous les trois indemnes?
Malheureusement, ils n'eurent pas le temps d'en discuter car le paladin choisir d'intervenir à ce moment-là. Alors qu'il réfléchissait, il répondit:
-Et si on essayait d'attirer l'attention de l'un d'eux de manière à les combattre un par un? S'ils étaient sans défenses, ils se seraient contentés de filer. S'ils attendent, c'est qu'ils doivent avoir des ressources pour nous poser des problèmes. Une attaque frontale serait donc du suicide.
En voyant le visage du paladin, Streen manqua d'étouffer un cri. Il ne s'attendait pas à ce qu'ils soit aussi méconnaissable. Streen comprenait encore plus sa décision.

[Féérune]

Sylveneige dut se retenir de crier également.

- Vivant ! Jolan, vous êtes vivant ! très abîmé, mais on vous soignera ! vous êtes un héros, vous êtes digne de Lathandre, ô combien !

Se tournant vers Streen, la rôdeuse continua à parler, pensive.

- Streen, tu as complètement raison… Il nous faut absolument trouver un passage secret dans cette maison… Je suis sûre qu’il y en a un… Et qu’il recèle le trésor de la secte…

Elle fronça les sourcils, se rappella des conseils de sa grand-tante Zilla – froncer fait venir les rides – défronça les sourcils et cilla avec componction à la place.

- Bon. D’abord on trouve une potion de soins pour vous, Jolan. Ensuite on sonde tous les murs. Si on ne trouve rien, on se débrouille pour sortir… Une issue par la terrasse ? Sinon, je descendrai par la fenêtre de la chambre et j’attaquerai de loin. J’ai une flèche planquée derrière une armoire, tiens, j’y pense… Bref, pendant que j’attaque de loin, vous deux passez par la fenêtre de la cuisine pour les attaquer… Trois contre deux, on devrait bien y arriver ! Jolan, pouvez-vous combattre en utilisant l’autre main ? Vous prendrez le cimeterre… Si cela vous répugne, je vous prête mon épée.

[Voyageuse]

Jolan faisait visiblement un effort surhumain pour parvenir à se concentrer sur la discussion. Il semblait épuisé... et même au-delà de l'épuisement.
- Si vous avez un arc et des flèches, c'est une bonne idée... Et je suis prêt à aller les attaquer. La fenêtre de la cuisine n'a pas de glyphe. Je... Je ne sais plus trop où j'en suis... une potion de soin... pourquoi pas... je ne saurai pas la reconnaître avec certitude, mais je veux bien en tester une au hasard. Je...
Il paraissait complètement perdu.
- Ecoutez... faites comme vous le sentez... je peux passer par la fenêtre de la cuisine, je serai sur eux dans quelques dizaines de secondes... Je fais ça?

[Streen]

Streen secoua la tête concernant l'idée des potions.
-Je ne crois pas qu'utiliser les potions soit une très bonne idée. Vous même m'aviez confié Jolan que vous ne connaissiez pas leurs propriétés. Ce que je propose, c'est que Sylveneige les attaque à distance avec son arc tandis que Jolan et moi les attaquerons au corps à corps. Qu'en pensez vous?

[Féérune]

- Franchement Streen, soit Jolan utilise une potion de soins, soit il reste à l'abri.

Sylveneige eut un petit sourire à l'adresse du paladin.

- Je ne veux pas vous contrarier, Jolan, mais sincèrement je sens que vous êtes trop fatigué pour prendre une part active à notre attaque. Mais j'ai un rôle pour vous : surveiller et nous prévenir si un autre adepte arrive pour aider leurs compagnons.

La rôdeuse était déçue.

- Mais vraiment, aucun de vous ne sait reconnaître une potion de soins ? Bon... Allons-y, je prends mon poste là-haut avec arc et flèches. Streen, tu attaques, mais après que j'ai bien balancé mes flèches, afin d'avoir un effet de surprise maximum. Jolan, si vous trouvez une arme de jet... Sinon, contentez-vous de guetter.