[Désert d'Anauroch] Quête : Racines

[Voyageuse]

La druidesse secoua la tête.
- Ça m'étonnerait qu'ils empoisonnent l'eau... Pour les peuples du désert, c'est quelque chose de sacré. Et ils n'avaient pas de lanceurs de sorts, avec eux. Cela dit, ils auraient pu avoir des herbes... mais ils ont plus intérêt à en faire le commerce qu'à les gaspiller ici, surtout vu la quantité qu'il faudrait. Non, j'ai pleinement confiance dans la qualité de cette eau.
Elle en prit une gorgée dans ses mains et la but aussitôt, comme une preuve de la véracité de son intuition.
- Je pourrais envoyer les aigles chasser quelque chose, s'ils peuvent, pendant qu'on cueille les fruits. Cela ne leur prendra pas forcément longtemps... Mais c'est vrai que j'ai du mal à estimer le temps qu'il leur faudra. Je ne sais pas s'il est plus prudent d'attendre demain, avec le risque qu'ils soient repérés par nos cibles...

[Kasumi]

Kasumi avait appris à faire confiance à l'instinct de la druidesse et but également une gorgée avant de répondre :

- Je pense que nous pouvons sans problème consacrer une heure à la cueillette. Penses-tu pouvoir convaincre les aigles de ne pas s'éloigner davantage ? Quitte à revenir bredouilles ? Sinon, on pourra toujours les laisser chasser sur le trajet de retour comme la dernière fois. Enfin, laisser Opale chasser ! Moi je suis obligé de ménager mes blessures, tu comprends ?

Il esquissa un sourire avant de se tourner vers les arbres proches. Compteraient-ils encore des fruits comestibles ou les asabis en avaient fait cueillette ?

[Voyageuse]

Il y avait nettement moins de fruits que lors de leur passage précédent. Leur propre cueillette, ainsi que celle des asabis, avaient ponctionné de façon non négligeable les réserves de l'oasis. Mais il en restait, tout de même, en quantité suffisante pour qu'ils puissent se permettre d'en ramasser à nouveau.
Les aigles s'étaient envolés en direction de l'ouest, pour ne pas risquer d'être vus par leurs adversaires de la nuit passée ni par le groupe de Huasasth.
Eärundra et Kasumi rassemblèrent haricots sauvages, grenades et autres fruits sucrés ou amers en bordure du marigot, et attendirent patiemment le retour de leurs montures.
- J'ai essayé de leur faire comprendre qu'ils ne devaient pas rester longtemps... mais une heure, c'est une notion difficile à faire passer, même en terme de distance à parcourir.
Et les aigles, effectivement, avaient du retard. Beaucoup de retard. pas loin d'une heure... Mais ils ne revinrent pas bredouille : Opale tenait dans ses serres une espèce de petite chèvre, qu'il leur faudrait se partager... à quatre.

[Kasumi]

Kasumi espérait qu’il ne s’agissait pas une nouvelle fois d’une bête ponctionnée sur un troupeau de bédouin mais il n’avait aucune chance de s’en assurer de toute façon. Et au point où ils en étaient, se mettre à dos quelques bergers était probablement le dernier de leurs soucis immédiats. Le délai supplémentaire avait été mis à profit pour remplir à nouveau leurs gourdes, déjeuner de fruits frais et ils avaient également réparti dans leurs sacs restants ce qu’ils avaient décidé d’emporter avec eux. Il y aurait probablement assez pour manger pendant deux ou trois jours, un peu plus s’ils se rationnaient drastiquement. L’apport de la chèvre serait appréciable mais le demi-elfe décida que les aigles en auraient bien plus besoin qu’eux-mêmes.

- Gardons un cuissot pour nous pour ce soir mais faisons-le cuire maintenant : il y a moins de risque que les asabis voient notre feu ici et cela nous évitera de transporter le bois nécessaire.

[Voyageuse]

" Tu n'as pas tort, pour le feu... mais rester ici une petite heure de plus risque de nous faire arriver dans la zone rocheuse juste au coucher du soleil, plus ou moins en même temps qu'eux. Ils risquent de nous repérer... Tu me diras qu'on peut aussi s'arranger pour atterrir à l'autre bout de la zone rocheuse et ne les aborder que demain... Tout dépend de la façon dont tu souhaites t'y prendre, en fait !"
La druidesse, tout en parlant, s'était approchée de la chèvre, que les aigles regardaient avec appétit sans toutefois faire mine d'y toucher. D'une main experte, elle commença à en découper quelques morceaux.

[Kasumi]

Le point soulevé par Eärundra méritait effectivement réflexion : le temps allait leur manquer pour mettre à exécution leur plan d'origine et cela lui semblait important de tenter une approche dès le soir même, avant que la nouvelle de leur présence ne risque trop de parvenir aux mauvais tympans.

- Comme toujours, c'est toi la plus sage : emportons avec nous de quoi nous occuper du cuissot plus tard. Malheureusement, nous n'avons plus de racine pour allécher Huassasth mais tu as peut-être décidé comment t'y prendre ?

[Voyageuse]

Eärundra grimaça.
- J'avoue que... non, je ne sais pas trop...
Les deux aigles, sur un signe de la druidesse, se précipitèrent sur ce qui restait de la chèvre et entreprirent de becqueter l'animal de façon fort peu ragoutante. même Eärundra préféra tourner le dos à la scène.
- Je peux revenir à mon idée de dire que j'ai un ami blessé et demander son aide en tant que guérisseur... Ça me semble assez plausible, pour justifier que je sois seule... Bien sûr, ça impose de cacher que je suis druide, mais ça ne se voit pas non ? Ou je pourrais prétendre que j'ai un message à lui transmettre... non, mauvaise idée, il n'aura aucune raison de s'écarter du groupe. L'idée de me présenter à lui comme druide en disant que je veux échanger des plantes était bonne, sauf qu'on n'en a plus. Je ne vois pas ce que je pourrais trouver d'autre pour l'allécher en fait...

[Kasumi]

Kasumi laissa lui aussi les aigles à leurs agapes, non pas par dégout mais pour au moins leur laisser ce mince espace de liberté. Il réfléchit une longue minute avant de déclarer d'un ton encore un peu dubitatif peut-être :

- La première idée est souvent la bonne en cela qu'elle est celle qu'on a le plus de facilité à jouer avec conviction. Restons donc sur l'idée que vous cherchez un guérisseur pour ton ami. En revanche, je ne sais pas avec quoi on pourrait le convaincre d'avoir de quoi rembourser cette dette. Si nous parlons de la racine, il exigera certainement d'en voir avant de se déplacer. Et je n'ai quasiment pas emporté d'or avec moi si tant est que ce soit susceptible de l'intéresser.

[Voyageuse]

Eärundra réfléchit un instant.
- L'or l'intéressera, je pense. Ils font quelques échanges avec Everaska donc ils en ont besoin. Et puis, ça rend notre scénario plus crédible que la racine, je trouve... Même s'il y en a peu. En mettant en commun notre fortune, je pense qu'on devrait parvenir à quelque chose de suffisant pour les services d'un guérisseur. Je dois avoir quelques dizaines de pièces d'or... et puis ça n'est qu'un prétexte de toute façon.
La druidesse se tourna brièvement vers les aigles, toujours en train de dévorer leur proie.
- Et ensuite... Que comptes-tu faire ? Je veux dire... Si je parviens à l'amener vers toi ? Y as-tu réfléchi ?

[Kasumi]

Kasumi ne répondit pas immédiatement : oui, il y avait réfléchi mais il n'était pas certain d'être parvenu à anticiper au mieux tous les scénarios possibles.

- Je compte jouer au moribond le plus longtemps possible pour qu'il s'éloigne au maximum de son escorte. Cela l'amènera très près de moi : l'ennui est qu'il me reconnaîtra forcément. Il ne sera plus possible de jouer la comédie à ce moment-là et ça deviendra vraiment dangereux. Et comme il est très probable qu'il n'acceptera pas de nous suivre, je songeais à l'enlever ou le retenir sous la menace. Je sais : nous serons entourés d'asabis et la seule façon d'en sortir vivant serait de compter sur les aigles. Bref, si tu ne parviens pas à l'attirer hors de vue et le moins accompagné possible, le plan est très risqué. Trop sans doute. En somme, les suggestions pour améliorer notre approche sont les bienvenues !

[Voyageuse]

- Ils ne sont pas très nombreux, et on a les aigles... je ne sais pas si on peut parler de véritable danger, on pourra toujours fuir je pense. De toute façon, lorsqu'il va te reconnaître, on a trois options. Soit il accepte un dialogue... qui peut-être n'aboutira pas bien sûr, mais au moins il discute. Soit il attaque, soçit il fuit pour rejoindre son groupe. Il est peu probable qu'il attaque s'il est seul, à la réflexion. Il fuira plutôt... On aura le temps de filer de notre côté, si on le souhaite. On aura perdu l'avantage de la surprise, par contre, il sera sur ses gardes pour la suite. Et il aura probablement vu nos aigles... ca n'empêchera pas de tenter une action ultérieure, mais elle devra être plus agressive. Ou on peut réussir à l'empêcher de fuir, le kidnapper, en le faisant enlever par l'un des aigles. S'il l'attrape dans ses serres, on pourra monter en selle...
Eärundra marchait machinalement de long en large tout en réfléchissant à voix haute.
- Il faut aussi envisager ce que nous ferons si je n'arrive pas à le convaincre de venir seul, s'il est accompagné de deux ou trois autres asabis. Là, le risque qu'ils nous attaquent devient non négligeable...

[Kasumi]

Kasumi hocha la tête, un peu rasséréné par la confiance affichée par Eärundra. Il y avait toutefois un gros risque que le shaman flaire un piège et décide de se faire accompagner par une bonne partie de son escorte. Le demi-elfe envisagea cette possibilité et répondit aussitôt, réfléchissant à voix haute :

- Il est certainement bien trop tard pour préparer un poison qui pourrait les affaiblir voire paralyser Huassasth le temps que les aigles ne l'emportent... Je pense que nous devons à tout prix choisir notre terrain : au bout d'un défilé, dans une dépression, n'importe quoi qui les forcerait à ne pas s'engager à plusieurs en même temps. Mais il faut aussi que les aigles puissent y atterrir et en décoller facilement. Ce ne sera pas facile de trouver un lieu convenable sur leur trajet qui plus est. Et pour réduire les risques que beaucoup les accompagne, tu peux peut-être effrayer leurs chameaux : ils laisseront peut-être plus des leurs en arrière pour les maîtriser. Dans tous les cas, si nous avons affaire à trop forte partie, nous devrons fuir. Je n'aurai peut-être pas la possibilité de le savoir avant qu'ils soient sur nous alors indique moi leur nombre discrètement. Peut-être en disant que je suis inconscient depuis un certain nombre d'heures correspondant au nombre qui t'accompagne. S'ils sont au moins trois - le shaman compris - je saurais que je dois me préparer à fuir.

[Voyageuse]

Le début des réflexions de Kasumi arracha un froncement de sourcil à la druidesse. Elle réfléchissait intensément, et ne tarda pas à partager avec le rôdeur ce qui la tracassait.
- Je n'avais pas songé au problème du terrain... Si on les attire au milieu de ces grands rochers, on ne pourra pas compter sur les aigles pour nous arracher à leurs griffes s'ils se mettent en tête de nous attaquer. Et ils courent plus vite que nous... ou alors il faut vraiment se trouver très près de la limite entre les rochers et le désert. Mais les rochers sont moins grands, moins nombreux, en bordure du désert, on y sera plus visible. Bref... l'endroit idéal risque de ne pas être facile à trouver. Mais ce problème à part, ton idée est bonne concernant le nombre d'asabis, je dirai à Huasasth depuis combien d'heures tu es inconscient, ça t'indiquera leur nombre... Tu pourras fuir s'il sont trop, te cacher. Moi, en revanche... ils vont trouver ta disparition louche... Encore une fois, il faut qu'on soit suffisamment proche de la zone sableuse pour qu'Opale me sorte de là.
Elle secoua la tête.
- Et oublie l'idée des chameaux. S'ils sont agités, Huasasth voudra rester pour les calmer...

[Kasumi]

Kasumi répliqua aussitôt, un peu incrédule que la druidesse puisse penser qu'il avait en tête de l'abandonner pour fuir le danger :

- Je ne disparaitrais pas : je me préparerai simplement à couvrir notre fuite s'ils sont trop nombreux. Et il faudra effectivement privilégier les possibilités de fuite dans notre choix du terrain. Mieux vaut échouer à enlever Huasasth que l'un d'entre nous soit blessé ce soir. Nous devons aussi décider d'un endroit de repli où nous cacherons l'équipement qui ne nous sera pas nécessaire et où nous emmènerons le shaman si tout se passe comme prévu. Inutile de surcharger les aigles si nous devons leur demander des manœuvres dangereuses. Bref, ça nous fait encore beaucoup de préparatifs : il ne faut plus trop tarder à nous mettre en route. Nous affinerons le plan sur place en fonction du terrain.

[Voyageuse]

- D'après la trajectoire qu'ils suivaient, ils vont aborder la zone rocheuse par l'est, et sûrement camper juste avant la zone, là où le sol est encore sableux. On peut se choisir un endroit, près de la bordure nord du secteur, à plusieurs heures de marche de l'endroit où ils camperont, ou peut-être même carrément à l'autre bout, où on laissera nos affaires en surplus... Quoique, vu le peu de surplus qu'on a, ça n'est peut-être même pas indispensable. Mais pourquoi pas... Ça permet au moins d'avoir un point de chute. Je propose qu'on essaie de les repérer, de loin, sans descendre en altitude, pour vérifier s'ils n'ont pas infléchi leur trajectoire et s'ils vont bien camper en bordure de cette zone comme on l'a imaginé. Et ensuite on choisit notre point de chute, on s'y installe.
Elle s'était approchée d'Opale, et prit en main la bride permettant de se hisser en selle.
- Mais il faudra ensuite reprendre les aigles pour s'approcher d'eux. c'est une chance qu'ils marchent en direction de l'ouest, le soleil les dissuadera de trop regarder en l'air. mais par prudence, je pense qu'il faut atterrir à au moins une heure de marche de leur campement - ou l'endroit supposé de leur campement s'ils ne l'ont pas encore établi-, pour éviter d'être vus. On finira à pied.
Elle se hissa en selle.
- Mais pour le moment, allons-y... il faut les repérer de très loin sans attirer l'attention, et se trouver un point de chute. On parlera mieux là-bas !

[Kasumi]

"Entendu ! Je te suis comme d'habitude !"

Il n'était plus temps de tergiverser, chaque minute perdue réduisant les chances de trouver un endroit convenable pour leurs projets. Le rôdeur se hissa à son tour en selle, flatta le cou de Rubis et s'en remit à ses pensées, tentant - pour une centième fois peut être - d'imaginer tout ce qui pourrait advenir. Il avait du mal à penser que leur quête touchait peut-être à sa fin, qu'ils allaient bientôt pouvoir libérer son père, rentrer à Eversaka, près de ses proches. Non, il ne devait pas penser à la victoire autant qu'il devait s'abstenir d'imaginer que tout pourrait tourner mal. Il devait rester concentré sur leur objectif, sur l'instant présent. C'était difficile étant donné l'enjeu, les aléas, tout ce qu'ils avaient déjà accompli et traversé.

[Voyageuse]

Ils volèrent près de deux heures en direction du sud, puis, arrivés en vue de la zone des rochers, Eärundra bifurqua vers l'est. Quelques minutes plus tard, ils apercevaient une caravane, la même que celle qu'ils avaient entrevue à midi selon toute vraisemblance. la druidesse ne s'attarda pas et changea aussitôt de cap, revenant sur leurs pas. Kasumi eût le temps de constater qu'ils avaient maintenu leur cap, et qu'ils se trouvaient désormais presque arrivés à la limite des rochers. Il était difficile de savoir s'ils s'arrêteraient à la limite de la zone rocheuse ou s'ils poursuivraient un peu à l'intérieur. Eärundra semblait privilégier la première hypothèse, mais il restait plus d'une heure avant le coucher du soleil et les asabis pouvaient très bien décider de prolonger leur périple : leur vision nocturne les y autorisait.
Quoiqu'il en soit, il aurait été trop risqué de les surveiller depuis le ciel, aussi le rôdeur ne fut-il pas étonné que Eärundra modifie aussitôt leur cap, virant vers le nord-ouest à la recherche d'un point de chute. Elle finit par se poser en bordure de la zone, suffisamment loin pour ne pas êtres vus ne rejoints aisément. Il y avait des rochers de toute taille, de forme plutôt effilée, qui ressemblaient à des cheminées coiffées d'étranges chapeaux plats. Eärundra apprit à Kasumi que ces formes étaient surnommées "cheminées de fée" et que les légendes leur prêtait parfois des pouvoirs... qui la plupart du temps n'existaient pas.

[Kasumi]

Kasumi écouta poliment les explications de la druidesse tout en déchargeant ce qui lui apparaissait le plus superflu : très peu de chose en définitive après les pertes qu'ils avaient subi la veille. Il n'y aurait en fait qu'un ou deux sacs à dissimuler sous un rocher. Ils n'avaient pas non plus le temps de dîner maintenant et devraient repousser le moment de se restaurer après leur tentative, en espérant qu'elle se déroule sans anicroche. Pour l'heure, Kasumi sortit néanmoins quelques fruits qu'ils pourraient consommer rapidement pour se donner l'énergie de patienter quelques heures.

- Partons de l'idée qu'ils ont établi leur campement à la limite de la zone rocheuse : dans le pire des cas, nous le serons avant eux si nous avançons trop loin : ils auront probablement fait un feu sauf s'ils marchent encore à notre arrivée mais c'est improbable, non ? Tu préfères te mettre en route maintenant ou attendre encore un peu ? Moi j'avoue que je suis assez impatient. Inquiet mais d'autant plus impatient.

[Voyageuse]

La druidesse sourit doucement.
- Méfie-toi... de toi-même. L'impatience est mauvaise conseillère. Mais j'imagine que tu le sais...
Elle paraissait hésiter.
- Les aigles pourraient nous amener là-bas en quelques minutes. Ou au moins nous rapprocher un peu, par exemple en nous déposant à une heure de marche. Si nous restons en bordure nord des roches, en volant bas... ils ne nous verront pas. Et ça nous donnerait le temps de manger un morceau... On peut bien sûr faire tout le trajet à pied, mais on en aurait pour au moins trois ou quatre heures de marche je pense... Et les aigles seront trop loin pour que je puisse facilement les contacter si on a besoin d'eux pour fuir. Non, je pense qu'il faut reprendre notre vol, s'approcher à une bonne heure de marche d'eux, et avancer ensuite à pied en se dissimulant dans les rochers. Et on peut emmener de quoi se sustenter en marchant... On n'a pas le temps de cuire la viande mais il doit nous rester un tout petit peu de jambon et de pain, en plus des fruits... Sauf si tu préfères grignoter un peu avant ?

[Kasumi]

Kasumi avait laissé Eärundra réfléchir à voix haute et même souri de ses tergiversations concernant le repas. Elle semblait penser que se restaurer lui tenait vraiment à cœur ou alors cherchait-elle un moyen de le détourner de son impatience tout compte fait. Difficile de se prononcer avec la druidesse qui jouissait toujours d'une vision complète de la situation même quand elle n'en donnait pas l'impression. Il répondit néanmoins sans hésiter pour donner son avis :

- Les aigles nous seront nécessaires dans tous les cas et si nous ne les faisons pas trop approcher, ils ne courront aucun risque. Et je suis aussi d'accord pour partir tout de suite et manger sur le pouce en marchant. On aura largement le temps de rattraper un bon repas si tout se passe comme nous l'espérons.

[Voyageuse]

- Très bien, allons-y. Je me charge des quelques provisions. Mais je n'emmène pas ma trousse de secours ni mes herbes, ça risquerait de trahir ma profession. Une arme, en revanche, paraît normale quand on est un voyageur égaré... Et ma gourde... je suis parée !

Elle se hissa sur sa selle et attendit que le rôdeur fasse de même avant de donner le signal du départ. ils volèrent assez bas, restant au nord de la zone des roches pour ne pas se trouver sur la trajectoire directe des asabis, réduisant ainsi le risque d'être vus. Elle ordonna aux aigles de descendre, puis de se poser, dès qu'ils entraperçurent leurs "cibles". les asabis avançaient toujours et atteindraient la limite de la zone rocheuse d'ici une petite demi-heure. A peine. Eux, en revanche, avaient plus d'une heure de marche pour les rejoindre. Heureusement, le terrain était propice et les cachettes nombreuses

[Kasumi]

Ils allaient devoir se trouver une cachette propice et espérer que les asabis poursuivent leur chemin jusqu'à proximité sans pour autant la dépasser : une difficile alchimie. D'autant qu'il fallait qu'elle permette aux aigles d'atterrir tout en le dissimulant tout de même la vue de la petite caravane. En cet instant, Kasumi aurait aimé se tourner vers Mielikki mais c'était peine perdue en pareille terres désolées. Ils allaient donc devoir compter sur la chance : le rôdeur prit l'initiative de repartir en tête, explorant les lieux qui les entouraient pour se les approprier tout en grignotant sa part de victuailles : l'air de rien, ce n'était pas si simple et il butta même plus d'une fois dans un caillou dissimulé sous le sable.

[Voyageuse]

Le secteur où ils se trouvaient était extrêmement riche en formes rocheuses. Celles bordant les dunes, usées par l'érosion, faisaient moins d'un mètre de hauteur. S'ils s'enfonçaient un tout petit peu vers le sud, d'autres atteignaient plusieurs mètres de haut et de large. De quoi se cacher facilement. La contrepartie de cette densité en roches de haute taille était qu'il serait très difficile pour les aigles d'y voler en rase-motte pour, éventuellement, venir à leur secours et les arracher aux griffes des asabis. Ça n'était possible qu'en bordure du désert de sable. Ils devaient tenir compte de cette contrainte pour décider du lieu où Kasumi attendrait Huasasth. A condition, bien sûr, que les asabis n'établissent pas leur campement trop loin d'ici... Or, s'ils continuaient dans la direction qu'ils suivaient, ce qui était probable, ils seraient à plus d'une demi-lieue de cette bordure nord. Il devrait donc choisir entre s'approcher au maximum du campement asabi -et se trouver dans une zone riche en cachettes mais difficile d'accès pour les aigles-, ou rester au loin, en bordure, et laisser Eärundra y aller seule, restant, quant à lui, dans un secteur où les cachettes signes de ce nom étaient plus rare mais où les aigles pourraient intervenir. Cela dit, pour se cacher, il n'avait pas nécessairement besoin d'un grand rocher...
- On devrait obliquer vers le sud et s'enfoncer un peu dans ce chaos rocheux, pour essayer de repérer leur campement... s'ils se sont déjà arrêtés. Mais s'ils ne l'ont pas fait, ça ne devrait pas tarder. Il va faire nuit bientôt...

[Kasumi]

Le rôdeur acquiesça en hochant la tête et répondit à voix basse - quoiqu'il soient encore trop loin pour être entendus sans aucun doute :

- Oui, voyons où ils décident de s'arrêter pour la nuit avant d'arrêter notre choix : nous choisirons alors le meilleur endroit qui ne soit pas trop éloigné. D'une part tu serais trop exposée sinon et d'autre part notre shaman n'accepterait sans doute pas de te suivre sur un trajet de plus de quelques minutes.

Il tâcherait de mémoriser au maximum les lieux durant leur progression de sorte à repérer les endroits défendables au besoin et les chemins les plus rapides pour regagner le découvert et l'endroit où les aigles pourraient intervenir.

[Voyageuse]

Après avoir obliqué, il leur fallut marcher une bonne demi-heure en direction du sud-sud-est avant d'entendre des bruits de voix indiquant la présence des asabis. Se glissant discrètement de roche en roche, ils eurent néanmoins des difficultés à repérer le lieu exacte de leur campement. Les voix semblaient venir de nulle part... Ils avancèrent, pas à pas, rocher après rocher, jusqu'à se trouver presque au bord est de la zone rocheuse, là où les roches devenaient plus érodées, plus petites, plus espacée, n'offrant pas de cachette suffisante. Ils comprirent alors que les asabis n'étaient pas entrés dans le chaos rocheux, mais avaient simplement creusé des trous en bordure de celui-ci. S'ils ne voulaient pas s'éloigner de plus de quelques minutes du campement, il leur faudrait partir vers l'ouest, peut-être vaguement plus au nord, en plein coeur des roches hautes. Ils ne pouvaient pas s'installer dans la zone "frontière" à l'est des roches sans être visibles de tout le campement, et la bordure nord était à une demi-heure de marche sans doute...

[Kasumi]

La configuration des lieux ne les arrangeait décidément pas : les asabis étaient bien plus rapides à la course, probablement même au sein du défilé de roches. S'ils devaient fuir, ils devraient compter sur les aigles et pour leur permettre d'intervenir, il faudrait s'approcher dangereusement près du campement des reptiliens. Kasumi encouragea Eärundra à rebrousser chemin pour réduire les risques que leur conversation ne soit entendue puis il livra son opinion :

- Je vais devoir m'installer parmi les rochers : si nous devons fuir, nous devrons faire vite et nous déplacer à découvert, vers leur campement. Prépare-toi à rebrousser chemin si nécessaire. Si Huasasth nous suit hors des rochers, les aigles devraient pouvoir le capturer mais à condition qu'ils ne restent pas groupés. Si au contraire le shaman vient seul, nous tâcherons de l'attirer plus à l'intérieur de la zone rocheuse. Si nous le maîtrisons, je devrais parvenir à le porter pendant quelques minutes. A condition de ralentir les poursuivant. Il faudra sans doute nous battre mais je préfère éviter de tuer les membres du clan du shaman tant qu'il reste un espoir de le raisonner.

[Voyageuse]

- D'accord, murmura Eärundra. Allons tout de même un peu plus au nord, comme ça on pourra fuir vers l'est sans tomber directement sur leur campement. Ça ne rallongera pas énormément la distance, pour Huasasth...
Elle semblait avoir l'esprit ailleurs, peut-être à ce qui l'attendait d'ici quelques minutes, à la comédie qu'elle allait devoir jouer. Elle ferma les yeux quelques instants.
- J'ai le trac, souffla-t-elle.

[Kasumi]

Tout en obtempérant, dirigeant ses pas vers la zone indiquée pour y chercher un bon emplacement, le rôdeur n'en menait pas large lui non plus : tant de choses pouvaient mal tourner et faire capoter leurs grands projets et - plus que tout - il n'aimait pas l'idée que la druidesse s'expose ainsi en première ligne alors que lui serait trop loin pour intervenir si Huasasth et les autres asabis se méfiaient ou décidaient simplement d'attaquer plutôt que de porter secours à l'elfe et son supposé compagnon blessé.

- J'ai toute confiance en toi. Mais beaucoup moins en eux alors ne prends aucun risque : si tu vois qu'ils ne marchent pas ou qu'ils sont trop hostiles, il vaut mieux que tu reviennes ici et nous trouverons une autre solution.

[Voyageuse]

D'accord, marmonna-t-elle en hochant la tête. Je ne prendrai pas de risque... Et je te donnerai le nombre d'asabis. S'il vient seul, je dis à voix haute en approchant que tu es inconscient depuis une heure, s'ils sont deux autres avec lui je dis que c'est depuis trois heures... Et comment tu vas réagir, dans ce cas ? Que je ne sois pas surprise... A partir de combien d'asabis tu préfères disparaître ? Et... je suis sensée faire quoi, de mon côté ?
Il était évident que malgré l’assurance affichée plus tôt dans la journée, elle n'en menait pas vraiment large.

[Kasumi]

Le demi-elfe s'efforça de se montrer rassurant même s'il affichait ce qu'il était loin de ressentir :

- A mon avis, nous avons de bonnes chances de les maîtriser s'ils sont trois en tout mais si Huasasth vient avec plus de deux autres asabis, nous devrons fuir. Tu devras de tenir prête à fuir vers la zone dégagée et vers les aigles. Contacte-les dès que tu peux si le groupe qui te suit est trop important. Moi, je tâcherai de ne pas me montrer mais je me tiendrai prêt à intervenir pour couvrir ta fuite. Tu n'auras qu'à dire que tu ne te souviens plus où je suis tombé exactement, que tous ces rochers se ressemblent.