[Lieu] Les Commerces du Port

[Voyageuse]

Astrée sourit.
" Ce serait formidable, s'ils pouvaient nous prêter l'argent. Mais... On n'a pas de garantie que Byron, ou la harde, puisse rembourser un jour. Moi je veux bien m'engager à rembourser à sa place, si c'est nécessaire, mais ça va me prendre des années... Tu crois vraiment qu'ils accepteront ? Il me semble... qu'il faudrait les contacter, pour être sûr, avant d'y aller. Pour ne pas faire l'aller-retour pour rien... et ne pas nous griller ton seul sort de téléportation."
Pourquoi les milites aideraient-ils Byron ? Peut-être pour avoir une belle histoire à raconter ? Est-ce que ça suffirait ? Elle en doutait... mais d'un autre côté, s'ils étaient tous aussi prompts à s'enflammer que Reynald, pourquoi pas...

[Galathée]

" Mais ça n'a rien à voir avec Byron, ça a à voir avec moi, dit Reynald. Je suis clerc de Milil. Je peux demander de l'argent à mon temple. C'est mon temple. Je peux discuter des conditions avec eux. Mais pas en trente mots. Le grand prêtre est un homme remarquable, mais il n'est pas si inconscient. Nous sommes clercs, souviens-toi. Nous avons nos limites."
Il sourit.
" Mais je ne suis pas obligé d'y aller tout de suite !
— Sauf que s'ils refusent, il faudrait le savoir avant qu'il soit trop tard, remarqua Tybert.
— Mais quel pessimisme ! Est-ce que tu crois qu'il y a beaucoup de gens susceptibles de me refuser quelque chose ?
— Ce sont aussi des sorlyns. C'est un peu un duel de paons.
— Comme tu y vas !"

[Voyageuse]

Astrée réprima un sourire à la mention du duel de paon. Mais la situation n'avait rien de drôle, aussi reprit-elle très rapidement son sérieux.
" Bon, je résume... On a donc trois options. La première c'est de libérer Byron par la force, avec le risque d'échouer... et si on réussit, on a le risque de se faire arrêter, de passer un certain temps en cellule et que Byron ne puisse mener à bien sa mission. Mais on a déjà entamé les démarches, peut-être que ça suffira, ils ont au moins ma déposition... il doit rester un papier à signer, par contre ils avaient l'air de dire que c'était rapide. Byron n'a pas pu témoigner encore, mais ça n'est pas forcément indispensable..."
Elle secoua la tête. Pas une bonne idée. Elle se fichait que ça soit illégal, mais le risque lui semblait trop grand pour la harde. Il lui semblait que Byron souhaiterait que la mission reste prioritaire. Et pour cela il fallait rester sur Luménis encore quelques jours... et libres. Et si tout était enclenché ? ils avaient dit que ça pouvait aller très vite... Est-ce qu'on pouvait, tout simplement, les chercher en cellule pour la signature manquante ? Pas sûr du tout. Est-ce que se faire arrêter pouvait les pénaliser ? Probable. Bon, en même temps, ils n'auraient peut-être pas d'autre choix...
" La seconde option est de demander l'argent à ton temple, la troisième est Goran. Mais il est hors de question qu'il te demande quoi que ce soit, à toi, en échange."
Elle grimaça.
" Si on décide de demander de l'argent... Où a-t-on le plus de chance de l'obtenir ? Et avec quel genre de contrepartie ? Reynald, tu es certain que ton temple te donnera mille quatre cent pièces d'or ? Vraiment, il faut être sûr avant d'y aller. On n'a pas le droit de se planter, pour le coup..."

[Galathée]

" Non, je ne suis pas sûr, Astrée, dit le Milite. Mais ça me semble l'option la moins démente. Goran va nous faire des misères monstrueuses, avec cette histoire. Il ne fera pas travailler Byron, mais c'est moi qui vais trinquer. Il extirpera fatalement les conditions les plus défavorables pour nous tous, de cette affaire. Est-ce que tu n'as vraiment aucun contact susceptible de nous aider, à Luménis ? Tu dois bien y connaître quelques personnes, non ? Des officiels, ou je ne sais quoi, qui pourraient agir en ta faveur ?"

[Voyageuse]

Astrée comprenait la réticence de Reynald à demander quoi que ce soit à Goran, vu le passif qui existait entre eux. S'ils devaient en arriver là, il fallait absolument faire en sorte que Goran ne lui demande rien, à lui. Était-ce seulement possible, tant il prenait un malin plaisir à accabler le Sorlyn ?
Sa question lui arracha un soupir.
" Je ne suis pas souvent à Luménis, Reynald. Et je ne suis pas d'ici. Je connais assez bien Isudë, l'herboriste, je lui en ai parlé mais c'est une somme trop importante pour elle, elle ne peut pas prendre le risque de se porter caution auprès de la banque. Ce sera certainement la même réponse pour les rares autres personnes que je connais. Sinon... J'ai rendu des services à la ville. J'ai aidé à libérer le conseiller Megrall par exemple, mais je ne suis pas sûre que quiconque au temple s'en souvienne, il y a eu des changements là-bas, à ce qu'il paraît. Cela dit, on peut toujours essayer. Et je ne connais personne de riche... Enfin, si, il y a le seigneur Artwyn qui a transformé sa maison en orphelinat après la guerre civile, mais je ne le connais pas vraiment, c'est plutôt mon... ex-compagnon.. qui le connaissait un peu. C'est pour l'un de ses orphelins que je suis partie dans les montagnes, mais je ne suis pas sûre que ça suffise... et puis l'orphelinat n'avait pas l'air de rouler tant que ça sur l'or, en y réfléchissant, puisqu'ils ne pouvaient pas payer un clerc pour sauver cet enfant."
Elle secoua la tête.
" Quant aux officiels... J'ai rencontré les conseillers lors des deux missions que j'ai effectué pour la ville, mais il est de toute façon impossible de les voir sans prendre rendez-vous des jours à l'avance. Et je ne connais pas grand-monde d'autre... Mais peut-être que le sculpteur sunite qui tenait tant à faire une statue de Byron pourrait obtenir l'argent de son temple. Là non plus, ça ne coûte rien de demander..."
Elle prit sa tête dans ses mains avec un soupir.
" Je suis désolée... J'ai beau me creuser la tête, je n'ai guère de piste à proposer. Peut-être que la seule option sera de tenter de le faire évader... mais je veux bien demander aux temples avant, on a rien à perdre... Punaise, je ne sais plus quoi faire..."
Avant de tenter quoi que ce soit d'irréfléchi, ne valait-il pas mieux savoir ce que Goran demanderait éventuellement en échange d'un prêt, pour pouvoir décider en connaissance de cause ? Ou vérifier s'ils avaient une chance auprès des milites ? Oui, sauf que dans ces deux cas, il leur faudrait alors attendre le lendemain matin pour agir si leur première démarche échouait... Et avant d'envisager la moindre action illégale, il fallait vraiment peser les conséquences. Surtout vis-à-vis de la suite de leur mission. Tout était si flou. Elle avait besoin de réfléchir... de peser le pour et le contre...

[Galathée]

Tybert demeurait de marbre. Reynald soupira, bras croisés.
" De deux choses l'une. Soit on laisse tomber et vogue le centaure. Soit on tente tout. Si tu as plusieurs pistes à Luménis, on se sépare. Si notre seule option est le Temple de Milil, j'y vais. Si notre seule option est Goran, j'y vais aussi, même si c'est dans la souffrance. Quoi qu'il en soit, si je me téléporte, je ne pourrai pas revenir avant demain. On ferait mieux d'épuiser les possibilités locales avant que je parte : nous avons du temps devant nous. Rien ne t'oblige à aller seule à la banque, de surcroît. Tybert et moi pouvons également demander un prêt. Il n'est pas impossible qu'un clerc soit perçu comme plus rentable qu'une rôdeuse."
Il s'interrompit.
" Tu as parlé d'un clerc de Sunie ? Il t'a tourné autour ?"

[Voyageuse]

Astrée partageait l'avis de Reynald : il fallait tout tenter avant de partir. Même si elle doutait d'aboutir à quoi que ce soit. Quoiqu'avec lui pour appuyer sa demande, peut-être pourrait-elle obtenir un prêt de la banque ? Il savait si bien convaincre...
Sa remarque la fit sourire, malgré elle.
" Non, il ne m'a pas tourné autour, d'ailleurs je crois pas que je sois son genre... Il n'avait d'yeux que pour Byron ! La perfection incarnée selon lui ! Enfin, bref. Ca m'étonnerait que ça suffise pour obtenir la somme dont on a besoin, hélas. Mais tu as raison, il faut tenter. Je lui dois des nouvelles, de toute façon, c'est lui qui m'a mise sur la piste de la frégate. Il faut commencer par là... Si ça ne marche pas, ce qui est probable, il faut tenter la banque... en y allant ensemble, je pense : je suis citoyenne luménienne et vous êtes clercs, on a chacun nos atouts. L'orphelinat, je n'y crois pas vraiment... Et sinon, si tout échoue et qu'on doit aller chercher ailleurs, il faudra aller à l'endroit où on a le plus de chance d'obtenir l'argent. Et là c'est toi qui connais le mieux nos interlocuteurs. Mais si tu penses que c'est Goran qui a le plus de chance de nous le fournir... et bien je peux aussi y aller seule, demander de l'aide au nom de Byron en essayant de faire en sorte que tu n'y sois pas mêlé.
Sauf qu'elle saurait certainement moins bien négocier ça que Reynald. Le Sorlyn obtiendrait sans doute plus facilement l'aide de Goran. Quoique... pour Byron, il accepterait peut-être.

[Galathée]

" Aucune chance que tu puisses négocier avec Goran. Il faudrait que tu aies quelque chose à lui offrir et, sans vouloir te vexer, ma belle, je crains qu'il n'ait déjà beaucoup de chasseurs expérimentés parmi ses hommes."
Il pinça les lèvres.
" Bon. Allons au Temple de Sunie, alors. Je te promets que je resterai sage et sérieux. Avec mon charme ravageur, c'est un endroit risqué... mais je ferai des efforts. Et je suis certain que tu es experte à défendre ton territoire."

[Voyageuse]

Astrée leva les yeux au ciel et croisa les bras, faussement menaçante.
" Tu veux dire... que je ferais peut-être mieux d'y aller seule, en fait ? Hum... Bon, j'ai compris le message, Reynald. Je ne vais pas te quitter d'une semelle tant qu'on sera là-bas, et les jolies sunites n'ont pas intérêt à venir te faire la cour !"
Bon, elle n'était pas tout à fait certaine de faire le poids face à une sunite trop séduisante. Heureusement qu'ils n'allaient faire qu'y passer !
Elle se leva de table et appela le serveur pour régler ce qu'ils devaient. Il ne leur restait plus qu'à remuer ciel et terre pour trouver l'argent. Mais ils étaient trois, désormais. Ils finiraient bien par réussir.

" On va couper par le parc pour aller au temple de Sunie, si ça ne vous dérange pas... juste au cas où le sculpteur en question y soit, c'est là que je l'ai laissé ce matin. On ne sait jamais. "
Elle entrelaça doucement ses doigts à ceux du Sorlyn, l'entraînant au-dehors.
" Je suis sûre que tu vas apprécier la balade, Reynald, on va retraverser un peu la zone commerçante par un autre itinéraire, et ensuite le temple est en plein cœur des beaux quartiers. Quant à toi, Tybert -elle sourit à l'eldathien-, il y a une magnifique fontaine dans le parc. Ça ne vaut pas une source en pleine nature, je sais, mais elle est belle quand même..."

[Galathée]

L'Eldathien lui répondit d'un hochement de tête, le sourire aux lèvres, tandis que Reynald frétillait déjà d'enthousiasme.
" Je sais que le temps presse, mais si ça ne tenait qu'à moi, tu pourrais faire mille détours. Peut-être que je ne dormirai pas, pendant mon séjour luménien. "
Il grimaça.
" Ah si. Si, bien sûr, je me coucherai. C'est forcé."
Il décocha un clin d'oeil à la rôdeuse.
" En route, Dame mon guide ! Les délices de Sunie nous attendent !"

[Voyageuse]

Astrée sourit joyeusement à l'allusion. Il faudrait bien que de temps en temps ils se couchent... même -et surtout?- sans dormir ! Mais elle l'imaginait bien, le reste du temps, parcourir la ville en long et en large. Peu probable que ce programme plaise à Byron... Mais pour l'heure, l'urgence était de libérer le centaure. Elle espérait qu'ils n'auraient pas besoin de recourir à l'aide de Goran ou au temple d'Erhedun : Reynald allait être affreusement frustré de ne pas passer sa première soirée en ville. Malheureusement, les choses lui semblaient bien mal parties...
Elle fit tout de même, exprès pour Reynald, un petit détour par une rue particulièrement animée avant d'entraîner ses deux compagnons en direction du Parc.

hrp... bon, en fait j'ai déjà posté là-bas... mais ça t'évite de faire la transition (désolée, une subite envie de poster )

[Voyageuse]

Quête : Equité

Astrée fut soulagée de s'éloigner de la capitainerie, et n'insista pas pour se diriger immédiatement vers le fort. Reynald avait raison : il avait passé la matinée en prison, et depuis qu'il en était sorti, ils n'avaient fait que courir en tous sens. Une pause était bienvenue, et elle savait ce qu'il aimait : écouter la ville et ses rumeurs, suivre les musiques envoûtantes, se laisser porter par le hasard des rues. Elle pouvait le laisser accéder à ces menus plaisirs, au moins un petit moment. Il n'y avait pas urgence. L'après-midi n'était pas encore trop avancé : ils auraient le temps de récupérer leurs affaires un peu plus tard, puis de voir Byron et de contacter Sheldon, avant de retourner faire le point au Palais. Ah, il leur fallait aussi un clerc de Lurue. Mais elle n'avait pas le coeur à gâcher le plaisir qu'elle lisait dans les yeux de Reynald par toutes ces considérations sérieuses. Et puis, c'était plutôt amusant, et même attendrissant, de le voir s'extasier des mille et unes rumeurs de la cité, ou s'enthousiasmer pour la musique d'une taverne.
Elle se contenta donc de se laisser entraîner par le Sorlyn de rue en rue, main dans la main, cessant pour un moment de songer à toutes les obligations qui les attendaient. Bien sûr, si elle avait été seule, c'est dans le parc qu'elle se serait réfugiée. Le quartier portuaire était animé, bruyant, tout sauf reposant. Et certainement pas l'endroit idéal pour discuter tranquillement de leur mission. Mais voilà, aimer un Sorlyn impose quelques sacrifices...

" Reynald... tu sais que tu auras encore plusieurs jours pour explorer le quartier ? finit-elle par lui faire remarquer, au bout de ce qui lui parut être une demi-lieue à piétiner dans les rues... et qui était certainement bien moins, et sûrement trop court aux yeux du Sorlyn. Tybert va nous attendre... et on a du pain sur la planche encore."

[Galathée]

Reynald mit un certain temps pour s'arracher à sa rêverie et rejoindre Astrée parmi les vivants. Il lui décocha un sourire tranquille.
" Quel est le souci ? Quelles sont ces mille choses que nous devons faire, encore ? Nous avons le centaure, tu as témoigné... Pourquoi devons-nous joindre Sheldon, exactement ? Tu crois qu'en trente mots, il acceptera de décider de grandes choses ? Je pense que Byron va devoir prendre ses responsabilités, voilà tout. Mais je peux le faire... Appeler Dymphéa qui en parlera à Sheldon, puis la rappeler demain matin pour savoir ce qu'il a décidé... Peut-être que leur shaman interviendra. Je ne sais pas."

[Voyageuse]

Astrée soupira. Il lui avait bien dit, quelques jours plus tôt, que c'était à Byron de prendre la parole, qu'elle n'était là que pour lui ouvrir les portes... Or, dans l'état actuel des choses, Byron n'aurait même pas droit à la parole.
" Je pense que c'est important. C'est Byron qui l'a suggéré, il a peut-être besoin de se sentir assuré d'avoir le soutien de Sheldon dans la décision qu'il doit prendre... et quelque part, c'est à Sheldon de prendre cette décision. Même si Byron est son ambassadeur, il veut sans doute respecter leur hiérarchie... "
Elle glissa son bras autour de sa taille pour l'entraîner doucement en direction du nord de la ville.
" En fait, le secrétaire qui suit notre dossier nous demande de confirmer que les centaures acceptent bien l'autorité de Luménis en tant que juge du conflit qui les oppose aux humains. Et il dit aussi qu'ils ne pourront intervenir que si les centaures sont sous juridiction luménienne, il faut donc qu'ils s'engagent à respecter la loi luménienne, or elle s'oppose à certaines de leurs traditions. Il faut qu'on sache si Sheldon accepte ces conditions... et je pense aussi qu'il faut qu'on sache si c'est quelque chose qui coûte beaucoup à la harde, s'il souhaite qu'on exprime des réticences à ce sujet, ou si c'est au contraire une évidence pour lui. Ah, et accessoirement, il faut qu'on trouve un clerc de Lurue ou de Mielikki, sans quoi Byron ne pourra pas faire de déposition sous sortilège de vérité, ni s'exprimer devant les autorités. Et c'est important que ce soit lui qui parle.

[Galathée]

" Par les jupons de Sun... Tymora, ça fait quand même pas mal de choses, au final... Imaginer que Sheldon va se prononcer sur des choses pareilles via mon sortilège, ça me semble... Ça va demander un certain temps, à mon avis. Pourquoi attendre Byron pour le faire ? Tu m'as l'air bien au courant. Si tu prépares tes trente mots, je les répéterai à Dymphéa. Qu'ils viennent de Byron ou de toi, Sheldon n'en saura rien. Et s'il batifole dans le parc... Nous perdons du temps, mine de rien. Nous ne savons pas où en est le conflit et nous sommes partis il y a un certain temps, déjà."

[Voyageuse]

- Tu n'as pas tort... C'est juste que... Bêtement, j'ai dit à Byron, quand il était coincé sur ce fichu bateau, que j'attendrai qu'il nous ait rejoint pour contacter Sheldon. Un peu parce que leur capitaine m'agaçait en suggérant que Byron ne faisait que se soumettre à ce que je disais, et un peu parce que je voulais le ramener à ses responsabilités au cas où il lui prenne vraiment la fantaisie de partir pour de bon. J'étais un peu sur les nerfs, en fait... Mais bref... Peut-être, quand même, qu'il aimerait être là quand on contactera sa mère. Je ne voudrais pas le vexer, déjà qu'il doit être un peu secoué par sa mésaventure... même si au final, le plus important c'est qu'il soit là lorsqu'on recevra la réponse de Sheldon.
Elle secoua la tête, hésitante.
- Ecoute... on n'est pas si loin du parc... On peut très bien y faire un crochet avant de rejoindre le fort, et lui annoncer qu'on s'apprête à contacter Dymphéa. Ca va nous faire perdre un peu de temps, sans doute, mais ça lui laissera une opportunité de donner son avis. Il saura nous dire, par exemple, si Sheldon, ou Dymphéa, ou Neffen, sauront clairement ce que peut impliquer le fait de se soumettre aux lois de Luménis, ou s'il faut détailler davantage. Après, si tu penses qu'il ne se vexera pas si on agit sans lui... tu le connais mieux que moi !

[Galathée]

" Je l'ai connu il y a un certain temps, je dois dire... Les gens changent et je peux imaginer que la civilisation humaine doit l'avoir... sévèrement secoué. Quand je vois comme moi, déjà, je suis subjugué par cette endroit... Il doit être à la recherche de repères. Ce n'est sans doute pas surprenant qu'il ait pu être séduit par d'autres centaures. Même sans harde, ils lui demeurent beaucoup plus familiers que toi, moi, ou ces murs immenses et ces rues étroites, cette musique, ces vêtements, ces gens, partout, qui circulent les uns contre les autres..."
Il pinça les lèvres et haussa les épaules.
" Allons voir au Parc, si tu veux... Peut-être est-il préférable, effectivement, que nous rentrions dans sa vie le plus vite possible..."

[Voyageuse]

" Je pense que c'est plus sage... Je ne sais pas dans quel état d'esprit il est, peut-être que je m'inquiète pour rien, mais ça ne nous retardera pas tant que ça et je serai plus tranquille. "
Elle n'avait pas à s'inquiéter, pourtant. Il devait être tout simplement en train de poser, peut-être sans même s'inquiéter du fait qu'ils soient à sa recherche. Et le parc était l'endroit de la ville qui lui convenait mieux, surtout s'ils s'étaient isolés loin des regards. Peut-être serait-il gêné qu'elle débarque en pleine séance, d'ailleurs : il était pudique. Il valait peut-être mieux envoyer Reynald...
" Viens..."
Elle prit la main du Sorlyn et l'entraîna, au juger, vers l'est, en évitant cette fois-ci les artères les plus animées. Toute autre considération mise à part, elle serait pour sa part soulagée de retrouver le calme du Parc.

[Galathée]

Quittant les larges artères arborées aux pavés bien égaux du quartier sud, Alchem pénétra dans les rues commerçantes et nettement plus encombrées qui menaient vers le port. La transition était douce, cependant, les premières maisons étaient bourgeoises, quelques arbres survivaient, mais petit à petit, l'atmosphère changea. Des tavernes apparurent, des magasins, des chariots plus nombreux, et une foule de plus en plus dense. Les regards se firent moins curieux, même si de temps en temps, quelqu'un fronçait les sourcils ou grimaçait en croisant son regard. Mais il aperçut d'autres êtres à la mine moins commune, notamment quelques demi-orques, un elfe noir qui s'abritait du soleil sous un grand chapeau, et une créature humanoïde qui semblait faite de bois. L'odeur de la mer vint chatouiller ses narines, bien qu'elle fut probablement encore distante. Au-dessus de leurs têtes, mouettes et pigeons se disputaient les perchoirs.

[Alchem]

« Je comprends. Toutefois, Dalius n’a rien à voir avec cette vermine qui hante les villes. C’est une créature magique douée de conscience qui me sert fidèlement, un familier de magicien quoi. Vous n’avez rien à craindre de lui », déclara Alchem.
Il oublia de préciser que le dit rat était parfois un peu taquin. Il ferait mieux de le garder à l’œil ou mieux, en poche. Le décor évoluait, l’atmosphère également. Le gnome ne se priva pas d’observer tout ce qui pouvait l’être. Il pensait également à se trouver des repaires. En pleine nature, son sens de l’orientation était mis à mal, pas ici. De surcroit, les cités de la surface avaient l’avantage de s’étendre uniquement en largeur. Tout était globalement au même niveau, juste sur le sol. Certes, les bâtiments avaient plusieurs étages, certes il y avait des caves et peut-être des souterrains. Néanmoins, c’était sans commune mesure avec les profondeurs où tout était vraiment en trois dimensions.
Tout d’un coup, ce fut au tour du svirfnebelin d’être désagréablement surpris. Un elfe noir ! Il venait d’apercevoir un elfe noir ! Il stoppa net et son expression faciale se durcit. Puis il se rappela qu’il était à Lumenis, qu’il était avec Valentine, que ce n’était pas le moment de dégainer. Il essaya de se reprendre. Pas facile...

[Galathée]

La prêtresse perçut son trouble et le dévisagea, inquiète.
" Est-ce qu'il y a quelque chose qui ne va pas ? C'est l'odeur ? Le ciel au-dessus de votre tête ? Ou alors la foule ? J'imagine que vous êtes moins serrés dans vos cités souterraines. C'est vrai que Luménis est une grande ville, cela peut être un peu oppressant, quand on n'est pas habitué... Mais vous verrez, nous serons bientôt à l'abri de la boutique de Maître de l'Effeuille. Bon... Il est un peu envahissant, lui aussi, parfois... Mais c'est un autre style."

[Alchem]

« Non, c’est... », commença Alchem.
Il regarda de nouveau dans la direction de l’elfe noir. Il avait disparu, happé par la foule. La vision avait été si fugace que le gnome doutait désormais qu’elle eut vraiment lieu. L’imagination, parfois, jouait de vilain tour. Et la guerre contre les Drows l’avait tant marqué. Il acheva de chasser son trouble.
« ...rien. Encore désolé. J’ai cru apercevoir quelqu’un d’étrange. Une réaction stupide, vraiment. Surtout que vous m’aviez prévenu. »
Tous les elfes noirs n’étaient pas maléfiques. Il devait se le dire. Et dans tous les cas, il n’avait pas à ouvrir les hostilités, pas ici, pas sans une vraie raison. Ce n’était pas le moment de tout gâcher. Il reprit sa marche, ainsi que la parole.
« Mais je vous concède que je suis un peu dépaysé. J’ai lu beaucoup de choses sur la surface. Sauf qu’il y a un faussé entre savoir et constater. Pour autant, l’expérience est plaisante. Lumenis a l’air d’être une cité fascinante ! »

[Galathée]

" Ça dépend ce qui vous fascine, je suppose, dit Valentine avec un sourire doux. Si on aime la variété... Luménis est un bon endroit. Si on aime l'ordre, par contre... Je passerais rapidement mon chemin. Les choses sont souvent un peu bordéliques, ici, c'est le prix du cosmopolitisme. Mais c'est ce qui fait aussi que vous pouvez marcher tranquillement dans la rue. Enfin, presque."
Elle l'entraîna dans une rue transversale, ils passèrent devant la devanture d'un sabotier, puis un marchand de laine en pelotes, enfin d'un chapelier et d'une cordonnerie, avant d'arriver devant l'échoppe qui intéressait la Sunite. On ne voyait rien de la rue, mais la demeure était cossue, peinte en gris violacé, les volets vernis et les marches du perron dénuées de toute poussière. Une enseigne de bois, représentant un chapeau et une robe, trônait au-dessus de la porte de bois épais. Valentine prit le bras du gnome et le poussa vers l'huis.
" Nous y voici. N'ayez pas peur."
Elle frappa vigoureusement et attendit. Des pas rapides résonnèrent dans le couloir puis la porte s'ouvrit sur un petit bonhomme aux oreilles pointues, en pourpoint orange vif. Il observa la Sunite, puis le gnome, puis de nouveau la Sunite.
" C'est une sorte de... de concours ? demanda-t-il d'une voix aiguë. La belle et le... le... gris ?"

[Alchem]

Alchem ayant été mis en garde, il s’était préparé à un accueil difficile. Le bonhomme n’aimait pas le gris. Le pauvre, il était servi ! Le svirfnebelin conserva une attitude tout à fait aimable et répondit sur l’instant :
« Salutation. La belle a conduit le gris à vous afin que vous le rendiez... disons, un peu moins gris ? »
Petit sourire de circonstance.
« En fait, je suis un gnome des profondeurs venu visiter la surface. Il me faut donc une tenue appropriée à la surface, une tenue digne de ce nom ! »
Voilà une entrée en matière qui aurait normalement le mérite de tout faire comprendre au commerçant.

[Galathée]

" Ça, c'est un défi !" s'exclama le petit bonhomme.
C'était difficile de mettre une race sur le personnage. On aurait dit un demi-elfe encore enfant. Ou alors un demi-halfelin. Ou un hybride d'elfe et de halfelin, si ça existait. Il s'effaça pour les laisser passer devant lui et Alchem déboucha rapidement dans l'atelier du tailleur. C'était un espace lumineux, qui paraissait propre, mais incroyablement encombré, d'étoffes de toutes les couleurs et de toutes les sortes, empilées ça et là, sur les tables, le sol, les étagères. Il y avait quatre mannequins de bois : deux féminins, parés de robes somptueuses mais inachevées, un masculin, qui portait un pourpoint couvert d'épingles, et un plus courtaud, aux allures de nain, sur lequel était simplement posé une étole blanche, encore vierge.
" Vous allez faire quoi, au juste, avec votre costume de surface, monsieur le gris ?"

[Alchem]

Alchem considéra l’atelier avec curiosité. Quel festival de couleurs ! Pour sûr, chez lui, à Ornegemme, on n’avait pas de pareil endroit pour confectionner les habits. Tout devait être discret et fonctionnel. Alors tout était terne. Le gnome refit face à l’étrange tailleur, étrange tout autant d’apparence que de comportement. Les artistes étaient étranges. En était-il un ? Le gnome eut cette réflexion à cause de son frère, Bravel, l’artiste de la famille.
« Disons que je tiens simplement à pouvoir me balader sans être pris pour un vulgaire gobelin. A défaut d’être beau, j’aimerais au moins passer pour quelqu’un de convenable, de fréquentable. »
Alors qu’il disait cela, il sentit un mouvement dans sa poche. Il y plongea la main afin d’empêcher Dalius de se montrer.

[Galathée]

" Bon, dehors, plantureuse créature aux oeillades graveleuses."
La prêtresse sursauta. Elle s'était abîmée dans la contemplation d'une des deux robes, écarlate, et dévisagea le tailleur avec outrage.
" Mais je dois lui donner mon avis, c'est moi l'arbitre de l'élégance !
— Moi je dois le déshabiller pour prendre ses mensurations. Alors dehors. Va nous préparer du thé. Tu nous diras ce que tu penses des couleurs une fois que ce sera fait."
Avec une grimace, Valentine emprunta une porte voisine. Le tailleur alla suspendre une écharpe de tissu foncé devant la serrure.
" Je connais les Sunites, se justifia-t-il, avant de revenir se planter devant Alchem. Mais je ne plaisantais pas. Je dois prendre des mesures. Je ne vais pas faire un costume pour le mettre par dessus vos... frusques. Il ne sera jamais bien ajusté. Alors on enlève tout ce qu'on peut, merci."

[Alchem]

Fichtre ! L’accueil n’avait été qu’un avant goût. A présent, Alchem comprenait vraiment pourquoi Valentine l’avait prévenu. Elle-même n’avait pas été épargné. Avec ce genre de personnage, il fallait une bonne dose de patience. Par chance, le gnome n’en était pas dépourvu.
« Je comprends », répondit-il simplement.
Pas spécialement pudique, il ne fit aucune difficulté. Il déposa au sol son sac et retira sa cape de voyage qu’il mit par-dessus. Dès lors apparut son épée courte. Un objet très beau avec sa garde en argent orné d’un saphir. Les svirfnebelins étaient excessivement austères d’aspect, ce qui ne les empêchaient pas de cacher des trésors sur eux. Alchem défit ensuite sa ceinture, se déchaussa, et se dépouilla de sa tunique. Un couteau de jet s’échappa d’une manche et tomba par terre. Avec le pied, il le poussa jusqu’au sac. Son pendentif en rubis était maintenant visible, second objet de valeur. Il le retira, le mit dans la poche de son pantalon, qu’il enleva. Tout en déposant ce dernier sur le tas d’affaires, il murmura à Dalius :
« Tu te tiens tranquille. Ce ne sera pas long. »
« Peut-être, mais c’est vraiment pas drôle ! »
Voilà le gnome nu. Il se préparait déjà à essuyer quelques remarques dont le tailleur devait avoir le secret.

[Galathée]

Mais le tailleur ne dit absolument rien. Son visage s'était paré d'une expression d'intense concentration, et il se mit aussitôt à prendre ses mesures, à l'aide d'un ruban gradué dont il entoura le cou, la poitrine, la taille et les hanches du gnome, puis qu'il posa en travers de ses épaules, le long de ses bras, de ses jambes, de sa nuque. Il murmurait des chiffres à mi-voix, qu'il reportait rapidement sur une tablette d'ardoise posée sur la table voisine. Au bout de quelques minutes de cette danse fébrile, il recula d'un pas, jaugea le gnome, yeux plissés, puis hocha la tête.
" Vous pouvez vous rhabiller, monsieur Gris."
Il se fendit d'un sourire.
" C'est toujours plus facile avec les gens peu chatouilleux et qui ne font pas leurs grands timides. Bon. Vous m'avez dit que vous vouliez avoir l'air convenable pour un oeil de surfacin. Très bien. Mais allez-vous vous contenter de marcher dans les rues luméniennes en séduisant les petites Sunites, ou bien comptez-vous aller explorer la campagne, marcher dans la bouillasse, les bois et les collines fleuries ? Ce n'est pas exactement la même chose."

[Alchem]

Le tailleur n’était pas commodes, mais au moins il semblait très sérieux dans son travail. Et c’était le plus important. Tout en récupérant son pantalon, Alchem réfléchit à la question qu’on venait de lui poser.
« Et bien... »
D’un côté, s’il partait à l’aventure, peut-être allait-il préférer sa tenue actuelle. Il était à l’aise avec elle. D’un autre côté, l’aventure pouvait venir d’elle-même sans prévenir. Le svirfnebelin se voulait prêt à l’imprévu, autant que possible. Après avoir renfilé son pantalon, il acheva sa réponse.
« ...j’aimerais quand même quelque chose d’assez fonctionnel. Je veux pouvoir bouger facilement dedans. J’ai également l’habitude de dissimuler mes armes. On n’est jamais assez prudent. Pour autant, si l’idée d’aller patauger dans la boue me prend, je m’habillerai avec ce que je porte actuellement. Bref. Un costume citadin, élégant et pratique. »
Il espérait ne pas trop en demander.