[Désert d'Anauroch] Quête : Racines

[Voyageuse]

la druidesse sourit largement, amusée sans doute par son revirement d'opinion concernant Rubis.
- Hum... tu sais que tu fais des progrès toi ?
Elle se redressa, s'étira brièvement en considérant le soleil qui baissait doucement.
- On est déjà la fin d'après-midi. Je pense qu'on ferait mieux de prendre le temps d'une bonne nuit de sommeil, là où on a laissé nos affaires; on se mettra en route demain matin...
Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever, questionnant :
- Tu te sens en état de voler ? Je vais appeler les aigles. Les asabis sont suffisamment éloignés, je pense, pour ne plus faire attention à nous.

HRP : Tu peux nous mettre en route sauf si tu veux bavarder davantage
hrp2 post écrit en direct de ma surveillance de brevet blanc

[Kasumi]

HRP : Eh ben c’est du propre Enfin, c’est une bonne façon de tromper son ennui dans ces cas-là et en plus c'est pour la bonne cause !

Kasumi avait relevé l’allusion concernant Rubis en répliquant le plus sérieusement du monde qu’il se rangeait aux arguments de la druidesse qui pensait avant tout au bien être de l’animal. De son point de vue, l’oiseau ne manquerait pas non plus à ses maîtres de la Garde Ailée et il était prêt à faire valoir cet argument ou à inventer une histoire pour expliquer la disparition de l’oiseau. Quelques instants plus tard, il ajoutait tout aussi honnêtement mais avec un large sourire qu’il était prêt à affronter le commandant patibulaire car il craignait bien plus les répercussions que pourraient lui faire subir sa grand-mère, elle-même et surtout Sylvia s’il allait à l’encontre de leur opinion…

Ce sujet évacué dans la bonne humeur, il avait accepté la main secourable et assuré pouvoir voler : le trajet jusqu’à leur campement ne durerait de toute façon pas plus d’une heure et ils pourraient s’y installer et s’y reposer un peu plus convenablement qu’ici même. Quelques instants plus tard, ils pouvaient prendre leur envol en se disant que débutait enfin le voyage de retour. Il resterait à affronter une nouvelle fois Huasasth et le monde des esprits mais comparativement à sa dernière expérience, le rôdeur avait envie de penser que ce ne serait plus qu’une formalité désagréable.

[Voyageuse]

Le vol se déroula sans anicroche, et une heure plus tard, ils descendaient, sous un ciel rougeoyant, rejoindre leur campement. Tout était exactement dans l'état dans lequel ils l'avaient laissé, preuve que personne n'était passé là.
Le premier réflexe d'Eärundra fut d'incanter pour leur procurer de l'eau, leur permettant d'étancher enfin leur soif. Puis la druidesse insista pour qu'ils s'offrent un vrai dîner avant de dormir. Ce fut, certes, un menu identique à celui de midi, identique à celui de la veille, et la viande de chèvre semi-sauvage accompagnée de haricots et de fruits commençait à perdre de son attrait. Mais ils n'avaient rien d'autre à se mettre sous la dent.
- Tu sais quoi ? Je parie que tu vas subitement te mettre à apprécier la cuisine de Ta'sslan, juste pour le plaisir de varier un peu !

[Kasumi]

Mais le rôdeur se surprit à être loin de cet avis, goûtant avec enthousiasme et appétit à sa viande de chèvre.

- Tu sais, quand on a été persuadé de devoir mourir et d'en être passé si près, la nourriture a tout de suite une autre saveur ! Sans parler que la viande est très bonne dans mon cas : il faut que je reprenne des forces et si possible avant que Sylvia n'ait pu se rendre compte à quel point je suis diminué. Elle serait sinon bien capable de profiter de la situation et de me faire payer nos années d'entraînement où j'étais trop immature pour la ménager !

Au moins parvenait-il à plaisanter de son état. une heure plus tôt, il s'en serait pourtant jugé incapable.

[Voyageuse]

- Il faudra plus que quelques plats de viande rouge pour retrouver toute ta force, murmura Eärundra, redevenant un instant sérieuse. Mais ça aide, c'est sûr. Cela dit, je te conseille fortement la viande de scorpions et autres serpents du désert. Ta'sslan te cuisinera ça à merveille. Et une cure de haricots ne te fera pas de mal non plus. En fait, tu as raison, le régime local est ce qu'il y a de mieux pour toi ! Prends donc une deuxième part !
De son côté, il nota qu'elle mangeait avec moins d'appétit.
- Est-ce que tu penses nécessaire d'établir un tour de garde ? Il me semble qu'il n'y a personne aux alentours...

[Kasumi]

Tout en conservant sa bonne humeur, le rôdeur avait noté qu'elle mangeait effectivement moins que de coutume et repoussa la question des tours de garde le temps de s'en inquiéter l'air de rien :

- Dis : j'espère que tu ne te prives pas pour moi ! Je plaisantais pour ce qui était de manger davantage ! Ou alors tu te réserves pour les spécialités de Ta'sslan. Ah non, je sais : tu as peur de perdre ta ligne et pourtant je t'assure que tu en es loin !

Il y avait aussi la possibilité que quelque chose la tracasse mais aborder le sujet frontalement n'était pas forcément le plus constructif.

[Voyageuse]

Eärundra secoua la tête, rassurante.
- Non, j'en ai juste assez de manger toujours la même chose... et je n'ai pas très faim, on a mangé tard à midi. Mais ne t'en fais pas pour moi !
Si quelque chose la préoccupait, elle semblait peu désireuse d'en parler.
- Va donc plutôt dormir... Je te promets de me lever la première et de te préparer un bon petit déjeuner ! Dis-moi juste si tu veux que je veille sur ton sommeil... au cas où.

[Kasumi]

Kasumi n'était pas tout à fait dupe malgré l'attitude rassurante de la druidesse. Toutefois, elle avait bien le droit de conserver ses secrets et le rôdeur était suffisamment sage et prudent avec la gent féminine pour savoir quand ne pas trop se montrer insistant. De plus, il était persuadé que si le sujet était grave, Eärundra s'en serait ouverte à lui. En conséquence, il se montra coopératif et obéissant, se levant pour rejoindre le hamac. Avant de se coucher toutefois, il répliqua avec une certaine gêne :

- Hum... Je répugne à te priver de ton hamac alors n'hésite pas à me pousser et te faire une place quand tu seras fatiguée. Pour ma part, je ne sais pas quand Huasasth me contactera ni si ça risque de rendre mon sommeil agité.

[Voyageuse]

- Quand je jugerai que c'est fait, je pourrai venir dormir tranquille... Et dans tous les cas je dormirai en fin de nuit : même si tu ne t'agites pas, ça ne veut pas dire qu'il ne se passe rien...
Elle sourit, taquine.
- Mais promis, je m'abstiendrai de dire à Sylvia que nous avons partagé le même hamac ! Même si c'est indispensable pour dormir au chaud ! D'ailleurs, à propos de Sylvia, tu as de la chance... ils ne t'ont pas pris ton charme ravageur !

[Kasumi]

Kasumi fut brusquement pris d'une quinte de toux qui n'avait pas grand chose à voir avec la température qui fraichissait brutalement. Il fit toutefois bonne figure - bien que n'osant pas se retourner de peur de montrer son teint un peu trop vif - pour répondre à la provocation d'un ton léger :

- Je crois que je m'en abstiendrai aussi même si c'est une nécessité parfaitement innocente ! Sylvia a un comportement de feu et je l'adore en temps normal mais comme tu dis, mieux vaut garder une part de mystère. Quant à mon charme, ce n'est pas gentil de se moquer ! D'ailleurs l'esprit m'a laissé ce choix là aussi... Mais bref, j'avais plus de force que de charme à revendre ! Et au moins, la force se travaille.

[Voyageuse]

- Humm... Ton raisonnement se tient ! Mais file donc dormir. Je veillerai jusqu'au milieu de la nuit, de mon côté. Sauf si j'ai la sensation que tu es revenu parmi nous avant, mais je ne sais pas si je peux avoir une certitude à ce sujet... Bonne nuit en tout cas ! Et soit prudent. Il n'est pas impossible qu'ils puissent te causer de vraies blessures, ou pire, même dans ce monde des songes...

Il devina que la barde s'installait au pied d'un gros rocher, près du feu mourant qu'elle ranima un peu pour conserver un peu de chaleur encore. La nuit était tombée, la température avait chuté de plusieurs degrés, et Kasumi avait bien besoin de l'accumulation de ses vêtements et d'une couverture pour ne pas sentir le froid. La lune était apparue, croissant de plus en plus fin chaque soir, laissant davantage de place aux étoiles étincelantes.

[Kasumi]

Le demi-elfe eut bien du mal à trouver le sommeil tant le calme soudain et toujours ce vide désertique incitaient à l’introspection. Les évènements de la journée se bousculaient maintenant dans le clos de son esprit : il était passé à côté de la mort et y avait échappé mais en devant faire des choix dont il payerait probablement le prix toute sa vie. Il avait conscience d’avoir réalisé une bonne action en libérant les fantômes et d’avoir fait un pas de géant vers la libération de son père mais les dernières paroles d’Eärundra concernant les nouvelles épreuves qui l’attendaient n’avaient rien fait pour le rassurer. Il craignait et attendait tout à la fois de finalement s’endormir et gagner ce monde des rêves où tout pourrait arriver, où il devait nécessairement passer une dernière fois. Il se tourna donc à plusieurs reprises dans le hamac sans toutefois parvenir à trouver une position où il se sentit suffisamment à son aise. Finalement, abandonnant l’idée de forcer le sommeil à le gagner, il rouvrit les yeux pour contempler les étoiles et songer aux retrouvailles qui l’attendaient bientôt. C’est seulement ainsi qu’il s’assoupit doucement et glissa enfin vers l’inconscience.

[Voyageuse]

Il se trouva aussitôt -c'est du moins l'impression qu'il eût- projeté dans le monde blanc qu'il commençait à connaître.
- Vous en avez mis du temps !, gronda la voix de Huasasth, silhouette verte au milieu de la blancheur environnante.
Ils étaient seuls face à face, et s'ils sentait le sable sous ses pieds nus, Kasumi ne voyait aucune parcelle du monde matériel à laquelle se raccrocher. Tout était vide. Le néant.
- Alors... Où en étions-nous de nos tractations... Vous souvenez-vous ce qu'il vous reste à donner ?
Sa voix était aussi froide, sans doute, que le sang qui coulait dans ses veines, mais dépourvue d'animosité.

[Kasumi]

Kasumi prit quelques instants pour prendre la mesure de cet environnement changeant et toujours aussi déroutant. C'était une manière de manifester sa désapprobation pour l'attitude rien moins que cavalière du shaman. Il répondit lui aussi d'une voix dénuée d'animosité mais non d'ironie :

- J'ai eu du mal à m'endormir et vous n'aviez pas fixé d'heure exacte sauf si mes souvenirs me font défaut. Mais ce n'est pas possible puisque ce n'est pas ce dont l'esprit m'a privé. Je me souviens donc très bien de ce que j'ai accepté sans encore vous le donner : je dois prêtre le serment de ne plus attaquer un asabi qui ne se serait pas montré hostile ou n'aurait pas démontré sa nature mauvaise. Je vous dois aussi la somme de mille trois cent cinquante pièces d'or si mes calculs sont exacts. Est-ce bien cela ?

[Voyageuse]

- C'est cela, répondit calmement l'asabi, avant d'ajouter d'une voix plus forte : J'en appelle au Maître des Esprits.
- Je suis ici, gardien de ce monde, gronda la voix, forte et autoritaire.
- Ce demi-elfe doit prêter un serment, qu'il faut rendre inviolable.
- Bien. Mais c'est à lui de choisir les mots qu'il prononcera, prouvant ainsi qu'il a bien compris ce à quoi il doit s'engager.
- Je souhaite aussi qu'il s'engage à régler sa dette d'argent.
- Il n'est nul besoin de serment inviolable pour cela, une simple promesse suffit. Tu as au accès à son âme, tu as le moyen de le contraindre à revenir dans le monde des esprits si jamais, au bout d'un certain délai, il n'avait pas réglé sa dette... Maintenant, jeune demi-elfe, es-tu prêt à t'engager ? Si c'est le cas, prononce ton serment, avec les mots de ton choix. Mais Huasasth devra donner son accord sur la formulation choisie avant que je ne pose le glyphe de contrainte.

[Kasumi]

Le rôdeur hocha la tête suite à la déclaration du maître des esprits mais quelque-chose l’avait fait tiquer dans sa réponse concernant sa dette d’argent. Il répliqua d’une voix calme en s’adressant au maître des lieux mais son regard était tourné vers Huasasth pour observer sa réaction :

- Avant que je ne prononce ce serment auquel je me suis déjà engagé, je voudrais régler un certain détail qui me semble crucial : vous affirmez que Huasasth aura encore accès à mon âme et pourra me contraindre à revenir dans ce monde selon sa volonté. Or j’ai accepté de venir ici pour négocier et régler ma dette passée envers les vôtres mais sans m’engager à demeurer sous son contrôle une fois notre marché résolu. Huasasth veut me contraindre à prononcer un serment visant à protéger les siens mais il a prouvé par son attitude et ses propos et surtout par l’agression d’un diplomate éminent d’Everaska qu’il était un ennemi avéré des elfes en général et de ma famille en particulier. Pour protéger les miens et ne pas subir de pressions qui pourraient les mettre en danger, je demande à ce que mon esprit devienne inaccessible dès que je me serai acquitté de ma dette d’argent ou que Huasasth s’engage par un sentiment inviolable à ne plus me convoquer dans ce monde contre ma volonté.

[Voyageuse]

- Il n'est nul besoin de serment pour cela. Ton esprit est vulnérable à ce monde parce que tu as consommé de la racine d'ayahuasca. Petit à petit, elle fera moins d'effet.
- J'estime à un mois le temps pendant lequel l'esprit reste ouvert. Tu n'en est plus très loin de la moitié, je le sens à la... qualité... de ta présence ici. Cela signifie, pour ma part, que si dans une veille et demi tu n'as pas amené l'argent, je te convoquerai ici et je réclamerai un serment devant le Maître des Esprits pour être certain que tu finiras par l'amener.

[Kasumi]

Le rôdeur n'était qu'à moitié satisfait par ces explications. Après tout, quelle foi pouvait-il prêter à ces asabis ? Qu'est-ce qui lui garantissait qu'il était le seul à être incapable de mentir dans ce monde qui n'était pas le sien et dont il ne connaissait aucune règle ? Il avait toutefois compris qu'il n'était guère en position de protester ou de faire la fine bouche et ces négociations n'avaient que trop durées. Il changea donc brutalement de sujet :

- Nous évoquerons la question de l'or que je vous dois mais chaque chose en son temps. Je vais prêter le serment que vous avez exigé de moi...

Il prit le temps de chercher ses mots avant de reprendre la parole d'un ton plus formel :

- Je m’engage à ne pas attaquer d’asabi qui ne se serait pas d’abord montré hostile envers moi ou envers mes proches ou encore qui n’aurait pas préalablement révélé sa nature mauvaise. Cela vous convient-il ?

[Voyageuse]

- Cela me convient.
Huasasth avait parlé d'une voix ferme, sans hésitation.
- Qu'il en soit ainsi.
Tout se mit à tourner autour de lui.
- Vous allez être environné d'une lumière verte, expliqua la voix de Huasasth, désormais invisible. Il vous faudra répéter cet engagement, mot à mot, et vous allez sentir le serment entrer en vous...

Lorsqu'il obtempéra, Kasumi eût en effet la sensation que la lumière verte qui l'environnait maintenant pénétrait par tous les pores de sa peau, qu'il devenait lui-même lumineux, tandis que tout son corps le picotait de façon désagréable. Puis les picotements se concentrèrent sur son avant-bras gauche, et il vit apparaître une marque, en forme de reptile, qui n'était pas sans lui rappeler la marque qu'il avait autrefois eue dans la paume de sa main.
Puis la marque disparut peu à peu tandis que la lumière faiblissait, puis s'éteignait. Il était de nouveau face à Huasasth, dans ce monde d'un blanc immaculé. Son bras était redevenu ordinaire, sans qu'il ne ressente la moindre sensation étrange témoignant de son serment.

[Kasumi]

Et pourtant il vivait l'expérience comme une souillure pas moins indélébile pour n'en être pas visible... La marque qu'il savait désormais porter au plus profond de sa chair lui rappelait celle qu'il avait tant cherché à fuir autrefois. En quoi ce serment arraché sous la contrainte par un esprit asabi était-il si différent de la marque maudite laissée par le démon qui l'avait autrefois soumis à sa volonté ? Peut-être plus encore que la perte de sa force, cette infamie le laissa nauséeux et passablement furieux. Le serment était raisonnable de son point de vue mais comment savoir s'il en aurait la même interprétation que ses ennemis ataviques ? Pourrait-il un jour oublier le fait qu'il vivait avec cette épée de Damoclès irrémédiable et restreignant sa liberté de penser et d'agir ? Il mit quelques secondes à absorber le choc et eut soudain envie que tout cela cesse au plus vite. Il restait encore à traiter la question mesquine de l'or.

- Je vous apporterai la somme convenu en pièce d'or ou son équivalent en gemmes ou en platine mais le délai que vous m'imposait est court. Je pourrai vous l'apporter à la limite occidentale du désert, sur la route menant à Everaska d'ici quinze jours. Evidemment, il me sera plus aisé de réunir la somme à temps si vous honorez d'ici là votre part du marché... Cet arrangement vous convient-il ?

[Voyageuse]

- C'est trop loin pour que je puisse m'y rendre en quinze jours, répliqua le shaman. Alors que vous, avec vos aigles, vous pouvez facilement faire l'aller-retour dans ce laps de temps. Mais je peux toutefois m'approcher un peu, jusqu'à l'extrémité nord-ouest des Monts Cimeterre. Cela devrait vous faire gagner deux ou trois jours de vol par rapport à ici.
Il eût un sourire - du moins ce qui s'en approchait le plus dans sa face reptilienne.
- Ne fais pas cette tête. Tu t'imaginais vraiment que j'ignorais leur présence ? Vous avez beau faire de votre mieux pour les cacher, toi et ton amie druide, ce désert est mon territoire et j'en connais chaque forme de vie. Presque aussi bien qu'un druide.

Autour d'eux, tout changeait, devenait moins éthéré.
- Avant que vous ne quittiez le coeur du Monde des Esprits, reprit la voix, je vous rappelle une dernière fois votre serment. Je sens votre inquiétude. Sachez qu'il vous sera impossible de le trahir sans vous en apercevoir, sans en être averti de façon à pouvoir faire marche arrière. Sachez aussi que le sens que le sortilège donne à vos paroles est le sens que vous-mêmes leur avez donné au moment où vous les avez prononcées.

[Kasumi]

Kasumi salua l'esprit sans animosité mais en souhaitant que leurs routes n'aient plus jamais à se croiser. Savoir que le shaman était au courant pour les aigles était une déception mais pas vraiment une surprise et elle n'avait plus vraiment d'importance à présent. S'il voulait l'humilier un peu plus avec cette dernière victoire, qu'il aille au diable ou plutôt à son maître des esprits. A lui aussi, le rôdeur avait bien envie de ne plus jamais avoir affaire de sa vie. Même la perspective qu'il vienne se casser les dents à Everaska n'avait rien de tentant? Sa victoire ayant été totale, il n'avait du reste plus aucune raison de s'y rendre. Juste pour avoir le dernier mot, il répondit sans enthousiasme :

- Votre or vous attendra à cet endroit avant le crépuscule du quinzième jour. Ne soyez pas en retard que je puisse au plus vite quitter ce désert !

[Voyageuse]

- J'y serai, répondit calmement le shaman. Et... Je sais que tu es en colère après moi, après mon peuple peut-être, pour les choix que tu as dû faire, les sacrifices qui ont été exigés de toi. Mais ton père est sauf. Il te faudra vaincre cette colère qui t'empoisonne pour ne pas risquer de trahir ton serment. Laisse le temps accomplir son oeuvre...
Sa voix devenait plus lointaine, sa silhouette plus floue. Puis il disparut.

Il se réveilla aux premières lueurs de l'aube, bien au chaud sous les couvertures, Eärundra blottie contre lui, la tête au creux de son bras.

[Kasumi]

Son père était sauf… Il l’espérait sans trop oser y croire avant d’avoir pu le constater par lui-même. Quant à sa colère, il doutait que le temps seul puisse lui faire oublier les sacrifices et le sentiment d’humiliation qu’il avait subi aujourd’hui. Dès lors, la seule façon d’être certain d’accomplir son serment était encore d’éviter désormais les terres des asabis. Et il ne voyait de toutes façons aucune raison de revenir en Anauroch dès qu’il aurait pu aider Ta’sslan puis aurait réglé sa dette pécuniaire. Il lui faudrait prendre son mal en patience d’ici là…

A son réveil, ces considérations lui parurent bien lointaines et il ouvrit les yeux avec la volonté de poursuivre son périple avec la certitude d’avoir fait tout ce qu’on pouvait décemment attendre de lui. Le fait d’avoir pu dormir confortablement n’amoindrissait peut-être pas son sentiment de faiblesse physique mais lui apportait au moins le ressort moral nécessaire pour prendre un peu de recul : bientôt il allait pouvoir rentrer chez lui et retrouver les siens.

Mais quelque-chose accapara aussitôt son attention, fournissant une explication au fait qu’il avait dormi à son aise. Une explication qui prenait la forme d’une elfe endormie mais non moins troublante et, il en prenait conscience, très séduisante dans sa fragilité de cet instant. Il musela des pensées répréhensibles et se sentit aussitôt d’autant plus mal à l’aise que son corps trouvait la situation des plus confortables. Peut-être un peu trop. La druidesse semblait parfaitement endormie et il l’avait certainement empêché de se reposer par son agitation de la nuit aussi répugnait-il à la réveiller. Et pourtant il devait le faire pour lutter efficacement contre le sentiment de culpabilité qui l’assaillait à présent. Alors, timidement et avec des gestes délicats, il dégagea son bras libre pour toucher l’épaule d’Eärundra et la secouer légèrement. Il espérait simplement qu’à son réveil, elle ne ressentirait pas toute la confusion qu’il ressentait à éprouver un certain bien-être alors même qu’il avait dormi aux côtés d’une autre que Sylvia…

[Voyageuse]

Son léger mouvement suffit à réveiller Eärundra, qui ouvrit des yeux embrumés avant de lui adresser un sourire éblouissant, se redressant légèrement.
- Hum... Tu fais un oreiller confortable, je dois dire... En tout cas j'ai bien dormi !
Elle ne semblait pas le moins du monde avoir conscience de son embarras.
- Et toi ? Comment s'est passée ta nuit ? Tu semblais un peu agité, mais rien d'inquiétant. J'ai quand même préféré veiller jusqu'à être sûre que tu dormes profondément... ce qui explique que je ne t'aie pas déjà préparé le petit déjeuner !

[Kasumi]

Kasumi était partagé : il ressentait une certaine gêne car il ne pouvait s’empêcher de contempler le sourire radieux d’Eärundra et qu’elle lui semblait étrangement plus proche du fait qu’elle était maintenant éveillée. Mais sa remarque légère et le fait qu’elle se redresse finalement pour dégager son bras le détendit et l’amusa tout à la fois. Il répondit d’un ton détaché :

- Je ne garantis pas de pouvoir te servir à nouveau d’oreiller d’autant que nous allons bientôt pouvoir rentrer mais je connais quelqu’un qui me ressemble énormément et qui en serait ravi !

Il se glissa comme il put hors du cocon des couvertures puis hors du hamac en faisant attention à ne pas déséquilibrer la druidesse avant de reprendre un peu plus sérieusement :

- Nous avons réglé les derniers détails de l’affaire cette nuit : Elryndel devrait être guéri avant que nous ne regagnons Everaska. Je dois encore me rendre à l’extrémité nord-ouest des monts Cimeterre dans quinze jours pour livrer la somme que j’ai promise pour dédommager les familles des victimes donc nous ne devrons donc pas beaucoup traîner en chemin ! Et Huasasth était au courant pour les aigles mais on s’y attendait… Mais bon, je crois que nous pouvons d’ores et déjà fêter tout ça avec un bon petit déjeuner et c’est moi qui vais le préparer ! Je me dois de te remercier d'avoir veiller sur mon sommeil après tout.

[Voyageuse]

- C'est tout naturel ! C'est toi qui avait la tâche la plus difficile de toute façon, moi je n'avais qu'à contempler les étoiles et profiter du calme de la nuit... Et quand j'ai eu froid je suis venue me blottir dans tes bras. Mmmm... très agréable.
La druidesse sauta à bas du hamac avec un clin d'oeil.
- Mais pour une fois, je veux bien me contenter de me laisser servir... Et c'est toi qui va nous créer de l'eau, tiens ! Je préfère garder mon sortilège pour ce soir. N'oublie pas que les aigles ont autant soif que nous voire davantage... mais je peux faire le feu, si tu veux, pour ne pas me contenter de te regarder travailler. Et il faut un petit déjeuner d'exception pour fêter ta victoire !

[Kasumi]

La remarque et le clin d'œil atteignirent leur objectif, faisant prendre un joli teint rosé au demi-elfe qui entreprit aussitôt de fouiller dans leurs réserves pour reprendre contenance. Il en sortit un assortiment de fruits prélevés par la druidesse à l'oasis et esquissa une grimace désolée :

- Pour le petit-déjeuner exceptionnel j'ai bien peur qu'il faille se contenter de viande de chèvre froide, de fruits coupés en dés et d'un peu de tisane... Mais je te promets de cuisiner quelque-chose de bien meilleur dès que nous serons de retour du côté d'Everaska ou dans un endroit où le summum de l'art culinaire n'a rien à voir avec le ragout de scorpion.

Il commença néanmoins de bonne grâce à préparer un repas digne de ce nom à partir des seuls ingrédients à leur disposition. Puis il lui resterait encore à jouer de la flûte de Tilmandil sous le regard sans doute goguenard de l'elfe.

[Voyageuse]

Il eut droit à moult compliments sur ses progrès à la flûte -sans qu'il puisse déterminer avec certitude s'ils étaient sérieux ou un brin moqueurs. Mais l'eau, en effet, coulait avec un débit un peu plus fort que d'ordinaire.
La druidesse ne pouvait guère se plaindre du repas si semblable aux précédents, mais elle suggéra qu'ils s'arrêtent auprès de la première caravane qu'ils apercevraient pour leur proposer de leur acheter de quoi varier l'ordinaire. Elle semblait même prête à demander ce service à une caravane d'asabis, signe qu'elle en avait réellement assez de la viande de chèvre. Mais ils auraient prochainement du scorpion grillé pour varier l'ordinaire, puisqu'ils allaient rejoindre Ta'sslan. Il n'avait pas dû avancer énormément depuis leur dernière entrevue, et s'ils se mettaient rapidement en route, ils pourraient certainement le retrouver le soir même, quelque part à proximité de la mer de l'Ombre...

[Kasumi]

Les compliments ne le déstabilisèrent pas suffisamment pour qu'il échoue à jouer la seule ritournelle qu'il commençait à maîtriser et il s'était amusé à répondre à la druidesse :

- Ma réputation de rôdeur est fichue si Tilmandil apprend que j'empiète un peu plus sur sa profession de barde !

Il fut ensuite temps de se restaurer et il fallait reconnaître que manger les mêmes aliments depuis plusieurs jours commençait à devenir lassant. A tel point que la proposition d'Eärundra concernant le commerce avec une caravane fut accueillie positivement. Il fallait rester prudent bien entendu. D'autant que, s'ils avaient affaire à des hostiles, Kasumi n'était pas certain de savoir aussi bien se défendre que de coutume. Le sacrifice au maître des esprits l'avait grandement affaibli et il faudrait qu'il s'habitue à ses nouvelles limites avant de se lancer dans un nouveau combat. Sans parler du serment qu'il devait scrupuleusement respecter et lui faisait courir un risque tant qu'il n'aurait pas quitté le désert. A la fin du repas, Kasumi entreprit de ranger rapidement - peut-être plus que d'ordinaire - leurs affaires et manifesta une certaine impatience :

- Plus tôt nous nous mettrons en route et plus tôt nous pourrons aider Huasasth et entamer notre chemin de retour !