[Lieu] Les habitations du Quartier Ouest

[Galathée]

" C'est vendu, dit la chapelière. Ce sera prêt demain en fin de journée, pour un premier essayage."
Elle posa une main froide sur le crâne du gnome, puis le mesura rapidement à l'aide d'un ruban semblable à celui qu'avait utilisé le tailleur.
" Merci à vous, Dame Novembre, dit la Sunite. Savez-vous si votre soeur a le même genre de délais ?"
L'artisane se pencha vers les pieds d'Alchem.
" Elle aura le nécessaire de stock. Il y a moins de couleurs et c'est une pointure standard, cette fois."

[Alchem]

« Demain en fin de journée... j’y serai. »
Dès que la chapelière termina de l’examiner, Alchem se leva. Costume, ok. Chapeau, ok. Prochaine étape, les chaussures. Cela marquerait la fin des commandes. Demain débuterait les essayages. Avec un peu de chance, après-demin, tout serait prêt. D’ici là, le gnome devrait se contenter de ce qu’il avait sur le dos et donc prendre quelques précautions. Au moins pourrait-il mesurer l’impact de ses efforts en comparant la réaction des Lumeniens avant et après le changement de tenue. Ce serait... instructif.
« Si tout est réglé, je vais aller voir votre sœur. »

[Galathée]

Alchem pénétra peu après dans la boutique voisine. Elle était beaucoup plus ordonnée que la chapellerie, les chaussures y étaient rangées par paires sur des étagères innombrables, classées par modèle, coloris et taille. Le cordonnière était penchée derrière son comptoir et elle se releva quand il entra avec Valentine. Brune, les yeux clairs, elle les dévisagea avec un petit air pincé qu'Alchem avait déjà vu, et pour cause : elle était en tout point semblable à sa soeur, la chapelière. A moins que ce ne soit la même personne, simplement, mais c'était peu probable.

[Alchem]

Plus que des sœurs, ce devait être des jumelles, supposa Alchem. Et elles jouaient la carte de la ressemblance jusque dans l’aspect extérieur de leurs boutiques. Solide argument commercial, car ainsi les clients ne pouvaient que se rappeler cet endroit atypique. Pour autant, le gnome nota qu’ici il y avait d’avantage d’ordre. Jumelles ne voulait pas dire clones. A chacune leurs méthodes, leurs habitudes.
« Bonjour. J’ai commandé un costume chez Maître de l’Effeuille et un chapeau chez votre sœur. J’aimerais des chaussures assorties. Cette prêtresse de Sunie m’aide, puisque je ne suis pas vraiment spécialiste en la matière. »
Dans un souci d’efficacité, autant passer directement par l’intermédiaire de Valentine. Toutefois, il ne fallait pas s’y tromper, le svirfnebelin observait, constatait, retenait. Si, en cet instant, il ne s’estimait pas capable de choisir parmi cette légion de chaussures, il espérait parvenir prochainement à se faire ses propres avis.

[Galathée]

La jeune femme observa le morceau d'étoffe puis se tourna vers le gnome.
" Vous devriez vous faire confiance. C'est vous qui allez les porter, dit-elle avec un haussement d'épaules. Et je ne vais pas vous donner des chaussures mauves. Gris sombre, ça sera bien. Genre... Celles-ci."
Elle posa des bottines en cuir lustré devant le visiteur.
" Je parie que c'est la bonne pointure. A vue de nez, je dirais du gnome 7. Fonctionnelles, confortables, élégantes, on ne peut pas faire mieux."

[Alchem]

Gris sombre ? Le gris, c’était une valeur sûre, Alchem n’allait pas dire le contraire. Il observa les bottines. Leur forme n’était pas désagréable à regarder. Il mit à côté d’elle l’étoffe violette afin de mieux se représenter l’association avec le futur costume. A priori, cela devrait fonctionner.
« Hum, gris sombre et violet, Valentine, vous en pensez quoi ? »
Il tenait quand même à son avis. Il avait commencé avec elle, autant aller jusqu’au bout. Par contre, même si la prêtresse donnait son approbation, il allait vouloir les essayer. Et là, oui, il allait se faire confiance.

[Galathée]

Valentine ne contredit pas la cordonnière mais plaisanta sur le fait qu'elle n'était pas sûre que c'était trop son style à elle. Quand Alchem essaya les chaussures, il dut constater qu'elles étaient effectivement à sa taille et relativement confortables. Bien sûr, comme toutes les nouvelles chaussures, elles devaient un peu se donner avant de devenir vraiment souples.
" Il faudra les passer à la cire d'abeille pour les imperméabiliser, une fois de temps en temps. En cette saison, il pleut pleuvoir beaucoup... Mais elles devraient vous tenir plusieurs années, ensuite. Enfin... ça dépend ce que vous faites de vos journées, bien entendu."

[Alchem]

Alchem, tout en continuant de faire quelques pas avec les bottines, jugea qu’elle pouvait effectivement lui convenir.
« De la cire d’abeille, vous dites ? »
La cire, il connaissait. L’abeille, beaucoup moins.
« Est-ce qu’il faut le faire tout de suite ou seulement dans un moment ? Et où pourrai-je m’en procurer ? »
Avoir des affaires imperméables, c’était important sur la surface. Il l’avait constaté lorsqu’il avait fallut libérer Tolfdirr de la pétrification. Son actuelle tenue n’était pas à l’épreuve de la pluie, tout simplement parce qu’il ne pleuvait jamais sous terre.
« En tout cas, je vous les prends. Combien vous dois-je ? »

[Galathée]

" Ce sera sept pièces d'argent, dit la jeune femme en retournant derrière son comptoir. Je peux vous vendre de la cire d'abeille, si vous le désirez. C'est une pièce de cuivre la dose. Ça vous suffit pour les deux chaussures et ça tient environ quinze jours par temps normal. S'il pleut beaucoup, il faut parfois en remettre tous les jours, mais en cette saison, c'est peu probable."
Elle sortit un sac de toile.
" Je vous les emballe ou vous les gardez aux pieds ?"

[Alchem]

« Emballez-les, s’il vous plait. »
Il se déchaussa puis récupéra ses anciens souliers. Ensuite, il ouvrit son sac, farfouilla à l’intérieur, trouva sa bourse généreusement gonflée, en retira une pièce d’or et s’approcha du comptoir. Un petit bond lui permis de mettre la pièce dessus.
« Je vais prendre dix doses de cires d’abeilles. »
Avec cela, il en aurait pour un moment. Dalius s’agitait dans sa poche. Il en avait assez de devoir constamment se cacher. Dès qu’il le pourrait, le gnome devrait lui offrir un peu de liberté. De toute façon, son périple au pays du costume parfait s’achevait. Il allait falloir choisir la suite du programme.

[Galathée]

La cordonnière emballa les chaussures neuves dans le sac de toile et y glissa les petits pots de cire d'abeille, puis le tendit au gnome, avec les deux pièces d'argent qui lui revenaient. Elle les remercia ensuite, et Alchem et Valentine purent quitter la boutique pour regagner la rue. La Sunite paraissait ravie et elle se tourna vers son compagnon.
" Et voilà ! Vous êtes à deux doigts d'être incognito dans la grande ville... Je suis désolée pour les délais, mais c'est nécessaire si on veut que ça dure. Et puis votre gabarit est pour le moins... particulier. Qu'est-ce qui vous amène en surface, Messire Alchem ? Pas juste la haute couture, je suppose..."

[Alchem]

« L’envie de découverte, répondit Alchem, alors qu’il finissait d’ajuster son sac sur ses épaules. La surface, cela fait des dizaines d’années que je lis des choses dessus et que j’en entends parler. Alors, j’ai fini par me décider à faire le voyage. »
C’était la vérité, mais il ne disait pas tout. La seconde raison, c’était que la route commerciale de Belroc, qu’il était chargé de surveiller, devenait de plus en plus calme. Le gnome se sentait inutile. Il espérait donc bien chasser le mal au cours de son voyage, désire comblé jusqu’à présent grâce au Despote. Toutefois, il ne connaissait pas Valentine et n’avait eu qu’un très bref aperçu de son ordre. Elle semblait bienveillante, néanmoins il n’avait pas assez confiance pour déclarer être une sorte de champion du bien, d’autant plus qu’il exerçait sa vocation avec des méthodes que certains pouvaient désapprouver.
« Bon. J’ai l’impression qu’on en a terminé avec les boutiques. Pour les délais, ce n’est pas grave. Est-ce qu’on retourne à votre temple ? Je pourrais me renseigner au sujet de ce qu’on avait évoqué. »
Obtenir un moyen d’accroitre le charisme contre un service.

[Galathée]

Valentine lui sourit.
" Je suis certaine que vous allez trouver ça surfait, la surface. Enfin, ce n'est pas sûr... Rien que le ciel vaut le détour. Mais on dit qu'il y a des grottes fabuleuses, sous terre. Avec des formes étranges... Des gouffres et des rivières souterraines et des... comment dit-on, déjà... des concrétions ? Et puis toutes ces pierres précieuses !"
Elle l'entraîna à nouveau dans les rues.
" Quel est votre métier, messire Alchem ? Ça me permettrait peut-être d'avoir une idée de ce que vous pourriez faire pour nous..."

[Alchem]

« Je suis, enfin j’étais, patrouilleur en chef. J’ai une formation en magie profane associé à... disons, tout un tas de petits trucs utiles sur le terrain. Bref. J’ai un savoir-faire assez varié. »
Mais qui hélas n’avait pas grand-chose à voir avec les activités du temple de la déesse de l’amour et de la beauté. A priori, Alchem estimait avoir peu de chance qu’on puisse lui proposer quoi que ce soit. Il fallait quand même vérifier. N’importe quel ordre pouvait avoir perdu une relique sacrée par exemple.
« Et concernant la surface, pour l’instant, je ne regrette pas du tout le déplacement. Le ciel, effectivement, est à lui seul un spectacle fabuleux. Jamais je n’aurais pu l’imaginer sans le voir. Et les forêts aussi. Les animaux qui les peuples. Toute cette vie. Tellement de différences. A chaque monde ses merveilles. »
Paradoxalement, pour les apprécier à leur juste valeur, il fallait être un étranger. On s’habituait à tout, même aux merveilles.

[Galathée]

" Patrouilleur en chef ? dit la Sunite. Cela signifie-t-il que vous arpentiez les profondeurs à la recherche de monstres verruqueux et de guerriers ennemis ? J'ai entendu parler des... comment appelle-t-on ces nains qui vivent sous terre ? Des durgars ? Quelque chose comme ça ? Ça doit être terrible, toute cette roche, tout ce noir... J'imagine que vous y voyez clair, vous. Ça me rendrait certainement claustrophobe."
Elle grimaça.
" Mais peut-être la Belle Amoureuse a-t-elle une relique ancienne à vous envoyer chercher dans les profondeurs d'une crypte quelque part ! Ce serait dans vos cordes, ce genre de choses."

[Alchem]

« Des Duergars, oui. On les appelle aussi les nains gris. Un peu plus simple à retenir. Mon travail consistait effectivement à traquer ce genre d’individus belliqueux. Orcs, gobelins, rats garou, elfes noirs... les êtres malfaisants ne manquent pas dans les profondeurs. Si votre ordre a besoin de quelqu’un pour chercher quelque chose dans une crypte et autres souterrains, je suis en effet la bonne personne. »
« C’est bien beau tout ça, mais moi, j’ai envie de faire pipi. Continue de papoter, ne t’occupe pas de moi. Je ne voudrais surtout pas déranger. Par contre, si ta poche est mouillée, tu seras pourquoi. »
Alchem, un peu surpris par l’intervention de Dalius, jeta un rapide regard autour de lui avant de reprendre la parole.
« Heu, Valentine, mon familier a besoin de prendre l’air un petit moment. »
« Oui, une heure, ou deux. »
« Pas longtemps, juste quelques minutes. Vous pourriez trouver un petit coin tranquille sur notre trajet ? Une simple ruelle, cela peut faire l’affaire. »
Le rat, depuis le départ du temple, était enfermé dans la poche du gnome. Ne même pas pouvoir observer l’ennuyait. Lui-aussi était curieux. Lui-aussi voulait découvrir plein de choses. Il avait fini par pousser un petit coup de gueule à sa façon.

[Galathée]

" Des ruelles, il n'y a que ça, dans ce quartier, dit Valentine en bifurquant dans une petite allée. Et votre... compagnon... va sûrement rencontrer des dizaines et des dizaines de congénères... Peut-être moins civilisés. Les rats ne manquent pas dans le quartier portuaire."
C'était une impasse étroite, où le soleil pénétrait avec peine, mais qui ne paraissait pourtant pas particulièrement sale. Deux portes s'y ouvraient, dont une entrouverte par laquelle s'écoulait une musique douce. Plusieurs tonneaux étaient empilés les uns sur les autres et l'allée se terminait par une paroi de planches mal ajustées.

[Alchem]

« Allez, fais vite. »
Alchem sortit Dalius de sa poche, le déposa au sol, puis se redressa tout en le suivant du regard. Lorsque le familier fit mine de s’approcher de Valentine, la mine désapprobatrice de son maître le dissuada de mettre en œuvre la petite farce qu’il avait en tête. Alors il trottina en direction des planches. La prêtresse put constater qu’il était parfaitement propre. Mais bien sûr, un rat, même magique, restait un rat. Taquin, curieux, il partageait néanmoins la prudence du gnome. Il disparut à la vue de celui-ci. Nul doute qu’il serait de retour sous peu. Le svirfnebelin se tourna vers sa conseillère en élégance. Au début, il se contenta d’écouter les notes qui filtraient par la porte entrouverte. Ensuite, il demanda :
« Quelle auberge me conseillez-vous ? Une dans le quartier portuaire sans doute. »

HRP : si rien de spécial n’arrive avec Dalius, tu peux le faire revenir.

[Galathée]

Valentine parut pensive, un moment.
" Disons que ça dépend de vos envies... de votre goût de l'animation ou du calme. La Taverne de la Bienveillance est une institution, à Luménis. La cuisine est excellente, les divertissements nombreux, mais c'est un lieu très couru, peu propice aux gens qui veulent un peu de tranquillité. Sans compter qu'il n'y a pas toujours de la place... Il y a le Castel des Beaux Etrangers qui se spécialise dans l'accueil des non-humains, et dispose de chambres très particulières, dit-on. Je n'y suis évidemment jamais allée. Et vous ne me semblez pas assez particulier pour qu'y résider soit une nécessité. Il y a ensuite des dizaines de petits établissements plus modestes... Je ne les connais pas tous. Je vous dis, ça dépend vraiment de vos envies."

[Alchem]

Pas assez particulier pour aller au Castel des Beaux Etrangers ? En un sens, c’était rassurant. Alchem n’était donc pas si particulier que cela. Inévitablement, il se demanda qui composait la clientèle de cet établissement atypique.
« Ho, je ne suis pas contre un peu d’animation. Je commencerai par l’Auberge de la Bienveillance. Où se trouve-t-elle ? »
S’il n’y avait pas de place, il demanderait alors qu’on lui indique un autre lieu. Le tout était d’avoir une première adresse. Dalius fit son retour. Le gnome le récupéra et lui murmura :
« Evite de te montrer au temple de Sunie ou quand je m’adresse à quelqu’un. Mais sinon, tu peux jeter de discrets coup d’œil. »
« Je suis si moche que ça ? »
« Tu es un rat. Les gens, ici, n’aiment pas les rats. J’ai l’impression qu’il y en a beaucoup plus que chez nous. »
« Moi-aussi j’ai le droit d’avoir un super costume ? »
»Heu, je ne suis pas sûr que cela existe. Mais ne t’en fais pas. Au besoin, on trouvera une solution. »
Voilà le svirfnebelin prêt à repartir.

[Galathée]

" Ce n'est pas très loin d'ici, dit Valentine. Je peux vous y emmener si vous voulez... Ce quartier est généralement très mélangé, je doute que les gens poussent des hauts cris si vous les abordez, mais on ne sait jamais. C'est comme vous préférez. Peut-être en avez-vous assez de vous promener avec une écervelée dans mon genre..."
Elle gloussa.

[Alchem]

« J’ai l’habitude de marcher, ne vous en faites pas. Et vous n’ête pas d’une compagnie désagréable. Faisons donc un crochet par l’Auberge de la Bienveillance avant de rejoindre votre temple. Je pourrai ainsi réserver une chambre ou, à défaut, savoir qu’il faut m’adresser à un autre établissement. »
Alchem avait certes l’habitude de marcher, mais s’il pouvait s’éviter des aller retour inutiles, il n’était évidemment pas contre. Il se séparerait certainement de Valentine après être passé à son temple.

[Galathée]

La Sunite l'entraîna donc dans les rues animées, le tenant par la main comme un ami de longue date, de son pas alerte, parfois un rien trop rapide. Alchem croisait parfois des regards apeurés ou hostiles, parfois il surprenait une grimace sur le visage de l'un ou l'autre, mais la majorité des Luméniens demeuraient indifférents voire amicaux. A mesure qu'ils progressaient dans le quartier, le svirfnebelin perçut la mer, de plus en plus proche. Les mouettes avaient définitivement supplanté les pigeons. Il aperçut des charrettes à bras couvertes de poissons et de coquillages. Un filet séchait contre un mur. Les marins étaient plus nombreux, reconnaissables à leurs larges torses, à leurs visages burinés par les grands vents, à leurs vêtements et leurs langages divers et étranges. Certains portaient leur sac sur l'épaule, d'autres portaient de lourdes caisses, les derniers paraissaient déjà en proie à l'ivresse. Valentine ne leur prêtait aucune attention. Un duo se retourna sur leur passage et lâcha une remarque graveleuse les concernant, mais la Sunite ne s'en soucia guère.
Au bout de leur parcours, ils atteignirent enfin la Taverne de la Bienveillance.

[Galathée]

A partir de la Bienveillance, Alchem retrouva le chemin de la chapellerie sans difficultés. Personne ne l'importuna sur la route, mais de nombreuses personnes le regardaient avec insistance, surprise voire hostilité. Comme il était encore tôt, la foule était relativement clairsemée, il put se déplacer rapidement, atteindre les maisons plus cossues dans les allées arborées où l'odeur de la mer n'était plus qu'un souvenir, puis atteindre la rue de l'Espadon et les deux maisons jumelles qui abritaient les soeurs Novembre. La Chapellerie était ouverte et un jeune homme accueillit Alchem avec le sourire, bien qu'il fut — le gnome ne pouvait l'ignorer — un peu circonspect.
" Et pour monsieur ?" demanda-t-il, d'un ton dégagé.

[Alchem]

Loin de s’offusquer pour un peu de méfiance bien naturelle, le gnome répondit avec amabilité au jeune homme :
« Je suis venu, hier, commander un chapeau. La chapelière m’a dit de revenir aujourd’hui, alors me voici. Je m’apelle Alchem. »
Il reprenait dès lors sa quête de l’apparence convenable, une quête nécessaire. Il le constatait à chaque regard insistant qu’il suscitait. Il n’aimait vraiment pas autant attirer l’attention. C’était contraire à son tempérament.

[Galathée]

" Ah, c'est vous." dit le jeune homme en se penchant derrière son comptoir.
Il en sortit un carton à chapeau qu'il ouvrit, révélant le couvre-chef que lui avait promis la chapelière. Il avait la couleur et la coupe dont ils avaient parlé la veille et s'ajustait parfaitement au crâne du svirfnebelin.
" Mais sans vouloir vous vexer... Vous devriez songer à changer de costume... C'est un peu bizarre, le mélange des deux, comme ça... On dirait que vous avez... heu... volé un chapeau à quelqu'un... Sans vouloir vous offenser, bien sûr. Hum."

[Alchem]

« Vous avez tout à fait raison et cela tombe bien puisque mon nouveau costume est en cours d’élaboration. Le chapeau a été fait en prévision. »
Alchem observa minutieusement le dit chapeau. Il l’essaya, constata qu’il était bien ajusté, et il tenta de s’imaginer avec la tenue complète. Pas facile. Il était donc très curieux du résultat final. Et si en plus il pouvait le parfaire avec un objet magique offert par le temple de Sunie, cela devrait pratiquement le métamorphoser.
« Bien, parfait. Il me convient. Combien vous dois-je ? »
Sitôt l’article réglé, le svirfnebelin le remettrait dans sa boîte. Il repasserait ensuite à la Bienveillance afin de le ranger dans le coffre de sa chambre. Puis il se rendrait au temple.

[Galathée]

" Attendez... Je vois dans le carnet de commandes que Gwen avait prévu un premier essayage pour "fin de journée"... Je vais vérifier qu'il est terminé."
Le jeune homme reprit le chapeau et le tourna en tous sens.
" Vous avez de la chance, il a l'air fini, même la doublure... Elle a dû commencer par le vôtre... Si vous êtes sûr qu'il vous convient et qu'il ne faut pas de retouches..."
Il le regarda à nouveau.
" C'est une pièce d'or."

[Alchem]

Alchem redoubla d’attention en observant le chapeau. Si quelque chose n’était pas terminé, il aurait l’air fin. Or, il n’y connaissait rien. Il ne pouvait pas vraiment se fié à son propre jugement. Et le jeune homme n’avait pas l’air d’être un grand spécialiste.
« Ecoutez, je ne suis pas pressé. Mon costume ne sera prêt que demain. Je préfère revenir chercher le chapeau ce soir et être certain que tout va bien. Je paierai à ce moment là, ce sera plus simple. »
En plus, il allait s’économiser le crochet vers la Bienveillance et pourrait bénéficier de l’avis de la chapelière en personne, s’il tombait sur elle. Si le commerçant était d’accord, il n’aurait donc qu’à prendre directement la route du temple de Sunie.

[Galathée]

" Comme il vous plaira." dit le jeune homme, embarrassé, en rangeant le couvre-chef.
Il le glissa à nouveau sous le comptoir et fit la grimace.
" Désolé pour le dérangement... mais si Gwen... Madame Novembre avait dit fin de journée, je crois que c'est plus prudent de respecter ses consignes... surtout pour moi."
Avec un sourire, il salua le svirfnebelin qui regagna donc la rue. Ce dernier put sans difficultés retracer le chemin qui menait au Temple de Sunie, malgré la disparition de sa charmante guide. Il suffisait de filer les carrosses et les gens bien habillés : ils filaient, pour la plupart, vers les beaux quartiers. Une fois environné de villas cossues et de grands arbres, le gnome n'était plus qu'à quelques pâtés de maison de sa destination...