[Désert d'Anauroch] Quête : Racines

[Voyageuse]

" Il est parti bien avant l'aube. il préfère profiter des heures de fraîcheur et faire une sieste en milieu de journée... ça se comprend."
Et de fait, toutes les affaires de l'asabi avaient disparu.
" Il nous remercie de l'avoir prévenu, au sujet des serpents. Il saura se débrouiller, je pense..."
Eärundra sourit.
" Et toi ? Prêt pour le départ ?"

[Kasumi]

Kasumi sourit en prenant place en tailleur en face de la druidesse :

- Tu veux dire prêt à quitter tout ça ? La fournaise, les monstres, les asabis et les plats typiques mais improbables du désert ? Oui, je suis prêt ! Enfin presque : j'aimerais bien goûter à ce délicieux petit-déjeuner avant de nous mettre en route.

Il marqua une pause, sourit davantage et se permit même un clin d'œil avant de demander avec sollicitude :

- Et toi, tu es prête ? Tu vas bientôt retrouver Léo...

[Voyageuse]

Le sourire de la druidesse s'élargit et ses yeux se mirent à pétiller.
" Oui, et ça va me faire du bien... Et à lui aussi, il doit être rudement inquiet ! Mais sans doute que ça ne vaut pas tes retrouvailles avec Sylvia..."
Elle lui tendit un peu de pain et de fromage, quelques fruits. Immuable menu...
" On en a encore pour trois nuits dans le désert, au moins je pense. Cette nuit, on va dormir à la fraîche, au beau milieu des montagnes... Ta'sslan a pris pitié, il m'a laissé une couverture de plus. Mais si on a l'occasion de voir une caravane... d'humains ou d'elfes bien sûr, je suggère qu'on aille leur acheter quelques denrées pour varier l'ordinaire. On n'a plus grand-chose.

[Kasumi]

Le regard du rôdeur en avait dit long quand l'elfe avait évoqué Sylvia mais il avait jugé opportun de ne pas en rajouter de sorte à la préserver. Eärundra lui avait avoué qu'elle avait un faible pour lui et il avait conscience d'avoir affiché ostensiblement son amour et même sa passion pour la rôdeuse en retour. Il ne regrettait rien bien sûr mais il se devait tout de même à une certaine pondération.

- C'est vraiment gentil de sa part pour la couverture : celui qui veillera n'aura pas à greloter ! Et je suis d'accord pour la caravane si nous n'avons pas le choix. Peut-être que Rubis et Opale ne pourront pas chasser et je dois avouer que j'ai surtout envie de légumes. Et de poisson ! Bon, c'est peut-être un peu optimiste mais rien que des galettes de céréales nous changeraient !

Et en évoquant ce sujet, le regard du rôdeur se tourna aussitôt vers la nourriture que leur avait préparé Eärundra. Un grondement de son estomac suffit à signaler qu'elle lui paraissait tout à fait à son goût.

[Voyageuse]

Ils déjeunèrent rapidement et chargèrent sur les deux aigles leurs maigres bagages. La druidesse semblait aussi pressée que lui de quitter le désert. Ils ne tardèrent donc pas à s'envoler. Direction l'ouest, enfin...
L'altitude leur offrait un beau point de vue sur la région. A droite, la mer, à gauche, les montagnes, qui se courbaient au loin pour venir croiser leur route. Derrière eux se trouvait la cité de Pénombre, trop loin pour être vue. Et nul être vivant en vue, même si Ta'sslan était certainement dans les parages. Pas de gibier pour les aigles, pas de caravane avec qui marchander. Ils firent une halte rapide à midi, pour déjeûner, et repartirent aussitôt.

Ce ne fut qu'en approchant des montagnes, vers la fin d'après-midi, qu'ils aperçurent un petit groupe de gazelles affolées, sans doute chassée par ta'sslan, en train de longer le relief vers l'ouest, à la recherche d'un passage sans doute. C'était un gibier de choix pour les aigles, et Kasumi dut recourir à toute sa force de persuation pour que Rubis ne pique pas subitement sur une proie. Les montagnes n'étaient plus très loin, avec probablement quelques plateaux, ou au moins des replats, peut-être même des vallées mois arides, où ils pourraient faire une halte plus agréable pour la nuit.

[Kasumi]

Kasumi avait hésité un instant à laisser libre cours à l'instinct de chasseur de son aigle : cela leur aurait évité de retourner chasser après l'atterrissage. Cependant, le souvenir encore bien ancré de la dernière partie de chasse et les soucis logistiques que cela occasionner pour acheminer la ou les carcasses l'avaient dissuadé de lâcher la bride à sa monture. De toutes façons, il pressentait qu'il ne leur restait moins d'une heure de vol avant de trouver un lieu de bivouac acceptable. Les aigles avaient bonne mémoire et voyaient loin : ils retrouveraient sans peine leur gibier de choix. De son côté, le demi-elfe était heureux de retrouver bientôt l'abri relatif des montagnes et aussi que la première journée de vol se soit aussi bien passée. Il resta dans le sillage de la druidesse et de sa monture en lui laissant le choix d'un plateau à sa convenance.

[Voyageuse]

Ils découvrirent un petit col, où le terrain s'élargissait en un replat de bonne dimension, et s'y posèrent. La druidesse renvoya les aigles en chasse dès qu'ils eurent vérifier que rien de fâcheux ne les attendait.
L'endroit était calme et désert, comme d'habitude... Non, un tout petit peu moins que d'habitude. Ils découvrirent, au bout de quelques minutes d'exploration, toute une colonie de bestioles, des sortes de petites araignées, en train de se diriger vers le sud, bien décidées apparemment à franchir les montagnes. Elles commencèrent par ignorer totalement les deux intrus, puis quelques-unes escaladèrent les sacs qu'ils avaient posé, à la recherche de restes de nourriture sans doute. Vu leur nombre, elles auraient tôt fait de dévorer l'ensemble de leurs maigres provisions...

[Kasumi]

Kasumi prit aussitôt conscience du danger et il souleva leur sac contenant des provisions avant d'en chasser délicatement les intruses. Avant de prendre d'autres initiatives, il se tourna vers Eärundra pour obtenir son avis et surtout ne pas risquer de heurter ses convictions de druidesse :

- Penses-tu que nous devrions leur sacrifier une partie de nos dernières provisions ? Sinon, nous devrions suspendre nos sacs pour la nuit, non ?

A titre personnel, il n'avait jamais vraiment apprécié les arachnides même s'il ne souffrait pas non plus de la phobie de son demi-frère. L'idée d'en retrouver au fond de ses bagages parmi ses derniers vêtements n'était pourtant pas très alléchante.

[Voyageuse]

" On n'a rien pour les suspendre... Les percher en hauteur sur des rochers ne servirait à rien maintenant qu'elles les ont repérés, elles parviendront toujours à les rejoindre..."
La druidesse soupira.
" Elles ne sont pas venimeuses, on ne risque rien à les laisser faire... sauf se retrouver sans rien à manger demain. Je peux rappeler les aigles pour qu'ils nous emmènent ailleurs. Ou alors on enlève toute la nourriture de nos sacs, en gardant juste ce qu'on veut manger ce soir, et on leur laisse le reste un peu à l'écart. Bien sûr, on peut aussi créer un cercle de flammes pour protéger nos affaires, mais ce serait du gaspillage. Et tuer une colonie entière me paraît bien excessif...

[Kasumi]

Kasumi non plus ne voulait pas ruiner les efforts de Ta'sslan sous prétexte qu'ils retrouveraient peut-être quelques araignées dans leurs affaires ou que cela réduirait leurs quantités de vivres. Il écouta les idées de l'elfe avant de suggérer d'un ton conciliant :

- Les aigles seraient frustrés que tu les rappelles maintenant et nous n'aurions pas la garantie de trouver un meilleur endroit. Partons du principe qu'ils nous rapporterons de quoi manger ce soir et essayons de protéger ce dont nous ne pourrons pas nous passer pour le petit déjeuner demain. Peut-être en l'emballant et en le laissant à proximité des flammes. Nous pouvons sacrifier volontairement le reste en le mettant à l'écart sachant que nous n'avons aucun moyen de le préserver. Pour le reste, nous essayerons de nous ravitailler demain - à une oasis ou auprès d'une caravane - et sinon nous nous serrons la ceinture pendant un jour ou deux, rien de dramatique !

[Voyageuse]

Ils mirent donc de côté le minimum dont ils auraient besoin au petit déjeuner. Les araignées ne semblaient pas intéressées par le thé, mais auraient volontiers dévoré le quignon de pain, les fruits, et peut-être même le fromage...
Les bestioles semblaient avoir un instinct ou un odorat très efficaces : les plus hardi se mirent à escalader Kasumi lorsqu'il eût pris en main leur pitance, et il lui fallut l'aide de la druidesse pour s'en débarrasser.
Ils finirent par s'écarter nettement de la piste des araignées, abandonnant leurs sacs, pour s'installer à plusieurs dizaines de mètres. Il y avait quelques brindilles et menu branchages d'épineux pour faire un petit feu, qui achèverait -peut-être- d'éloigner les importunes. Un feu qui ne durerait certainement pas assez longtemps, vu la taille de la colonie.
" J'espère que tu feras un compte-rendu détaillé à ton demi-frère... On devrait peut-être lui en ramener une ou deux ! Elles auraient bien plus à manger chez toi qu'ici..."

[Kasumi]

Kasumi s'esclaffa - de bonne humeur malgré cette menue difficulté :

- Oh, je ne doute pas que nous en ramenions une ou deux à notre insu sauf si nous nettoyons nos sacs de fond en comble après notre départ demain ! Moi qui voulait lui ramener un petit souvenir de l'Anauroch, je suis certain qu'il sera ravi !

Une fois leurs unique couchage disposé - ils n'étaient pas prudent qu'ils dorment tous les deux en même temps car un tour de garde s'imposait - le demi-elfe commença à réunir toutes les brindilles mortes qu'il put trouver dans une large zone.

[color=#99000]- J'imagine que nous allons nous organiser comme les nuits précédentes : tu te reposeras la première puis tu veilleras sur mon lourd sommeil de demi-elfe ?[/color]

Le rôdeur n'arrivait pas à se départir d'un certain sentiment d'euphorie malgré la température qui baissait déjà peu à peu : chaque pas les rapprochait désormais de chez lui et de ceux qu'il aimait.

[Voyageuse]

" Oui, c'est le plus simple ! Je dormirai la première..."
Elle frotta quelques branchages pour en tirer un peu de chaleur, de fumée, puis une flamme.
" Tu nous a préservé un peu de viande à cuire, ou tu compte sur les aigles ? Ils ne devraient plus tarder..."
Effectivement, deux point à l'horizon se rapprochaient. Rubis et Opale transportaient avec eux une carcasse trop abîmée pour être identifiée, mais avec des restes de viandes encore accrochée aux os.

[Kasumi]

Ils n'avaient malheureusement plus de grandes quantités de viande dans leurs bagages aussi le demi-elfe avait préféré sacrifié les restes un peu rances aux araignées. C'est donc avec un certain soulagement qu'il accueillit le retour des aigles. Ces derniers semblaient s'être déjà nourris ce qui était une bonne chose. Restait à prélever sur les carcasse de quoi manger le soir même. Il ne fallait guère espérer davantage à première vue.

- On se partage le travail ? Je découpe ce qui reste et tu mets les lambeaux à griller ? Comme ça je pourrai jouer la petite sérénade des nymphes pendant que tu achèves notre dîner sur le pouce !

[Voyageuse]

Ainsi fut fait. Ils purent constater qu'il y aurait suffisamment de viande pour le repas du soir, mais également pour celui du lendemain à midi, pur peu que les araignées ne le mangent pas.
Compte tenu du manque de combustible, ils la découpèrent en tranches très fines, rapidement cuites. Ils n'avaient plus guère que des fruits et un peu de pain et de fromage à manger avec, mais le repas était nourrissant. Et Kasumi avait fait suffisamment de progrès à la flûte pour leur fournir l'eau nécessaire.
Les araignées, quant à elles, poursuivaient leur chemin à quelques dizaines de mètres, emmenant avec elles de petits morceaux de nourriture prélevées dans leurs sacs. Mais elles ne vinrent pas les déranger. Eärundra eût la chance de dénicher, dans un coin, un vieux reste de crottin de chameau dont elle enduisit le sac contenant les provisions, assurant qu'il s'agissait d'un excellent répulsif contre toute sorte de vermine.

Le froid de la nuit, à cette altitude, devint vite piquant, et ils furent bien aise de bénéficier d'une couverture supplémentaire pour dormir à tour de rôle.
Le soleil le réveilla de bonne heure le lendemain, chaud et lumineux. Eärundra était déjà en train de cuisiner : leurs restes étaient apparemment intacts, peut-être grâce au crottin, et probablement tout à fait mangeables... si on oubliait l'odeur répugnant du contenant.

[Kasumi]

Kasumi était bien aise que la nourriture n'ait pas été entreposée dans l'un de ses sacs de voyage préférés car il ne serait peut-être pas facile de le nettoyer. Quant à la nourriture qu'il avait contenu, la toile imperméable du contenant garantissait tout de même qu'elle ait été préservée et il suffit donc de l'en éloigner et d'en faire abstraction pour apprécier ces mets simples quoique manquant cruellement de diversité. Le rôdeur s'était à nouveau levé d'excellente humeur avant de s'approcher de la druidesse tout en s'étirant avec application :

- Je n'aurai vraiment rien contre un bon lit bien chaud une fois que nous serons de retour ! Et aussi un bain délassant ! Enfin, tu dois me prendre pour un bien piètre rôdeur pour tenir ce genre de discours...

[Voyageuse]

" Tu es un rôdeur des bois... Et moi une druidesse des montagnes. Et franchement, ce qui me manque le plus ces derniers jours, c'est le bruissement des petits torrents dans les pâturages. L'eau, c'est irremplaçable... D'ailleurs puisque ce soir, si tout va bien, nous serons à une oasis, je te suggère un bon bain dans le marigot local si tu ne veux pas faire fuir ta chère et tendre à ton retour... Enfin, à toi de voir ! "
La druidesse souriait de toutes ses dents. Mais il y avait effectivement plusieurs jours qu'ils ne disposaient que de quelques litres d'eau, suffisamment pour boire mais pas pour se laver vraiment.
" Moi, en tout cas, j'irai... et si l'eau est suffisamment claire, je suggère même une petite lessive ! Si on doit commercer avec des bédouins, inutile de paraître trop mendiants..."

[Kasumi]

Kasumi sourit à son tour et renchérit immédiatement sur le ton de l'humour :

- Ma parole, je ne suis pas loin de penser que cette proposition ne vise qu'à me voir tout nu en fin de compte ! Tu vas même jusqu'à suggérer que je fasse ma lessive histoire de n'avoir rien à me mettre ensuite ! Toi au moins tu peux te transformer à volonté !

Il leva les bras au ciel en faisant mine d'être indigné mais il ajouta aussitôt sur le même ton tout sauf sérieux :

- Mais je suis sensible à tes arguments : je ne voudrais pas que Sylvia refuse d'approcher de moi parce que je dégage le doux fumet du désert !

[Voyageuse]

" Tu as bien deviné, je rêve d'un bain à deux et d'un séchage nus au soleil... Non, je plaisante. Si ça te met mal à l'aise, je ferai le guet pour vérifier que personne ne vienne te déranger. Mais à mon avis, on n'aura aucune intimité. les oasis sont toujours très fréquentées... donc attends-toi à avoir du public !"
Elle acheva son petit déjeuner et se leva. Se tournant vers le nord-est, elle sourit et déclara, un brin théâtrale.
" Faisons nos adieux au pays des asabis ! Ce soir nous serons de retour dans le monde civilisé des humains... en attendant celui des elfes ! Mais tu verras que le ragoût de scorpion va te manquer ! Bon, je te laisse ranger les bagages et faire la vaisselle ? J'ai deux ou trois bricoles à faire avant de quitter cette région..."
Quelques minutes plus tard, il la vit se diriger vers des rochers, là où passait, la veille, la file ininterrompue des araignées, et se pencher pour graver quelque chose sur les roches.

[Kasumi]

Kasumi ne put d'abord pas s'empêcher d'obtenir le dernier mot sur cette histoire de bain :

- Avoir un peu de public ne me dérange pas personnellement : il y a bien moins de femmes que d'hommes dans les caravanes bédouines. Mais j'ai tout de même un peu peur de devoir chasser des dizaines d'admirateurs ébahis quand ma charmante elfe de partenaire prendra le sien, de bain !

Il lui adressa un clin d'œil taquin - même s'il y avait peut-être une part de vérité dans ses propos qui cachait une inquiétude réelle. Il redevint un peu plus sérieux pour répondre à ses remarques sur les terres qu'ils laissaient enfin derrière eux :

- Pour le moment, le désert des asabis ne me manque pas mais la nostalgie viendra plus tard ! Dans dix ou cent ans par exemple ! Quant à ces bricoles, tu as le droit de m'en parler ou il s'agit d'un des nombreux secrets bien gardés des druides ? Ah je sais ! C'est de la peinture rupestre version druidique !

Le rôdeur avait commencé à s'atteler au rangement de leurs affaires pour ne pas perdre de temps pendant cette petite conversation et s'activa un peu plus vite quand l'elfe se fut éloignée.

[Voyageuse]

Eärundra ne lui répondit pas. Elle semblait tracer des runes, probablement dans la langue secrète des druides. Peut-être à destination de Ta'sslan...
Ils furent rapidement prêts à partir, leurs bagages étant désormais réduits à la portion congrue. les aigles semblaient eux aussi un peu euphoriques à l'idée de rejoindre leurs montagnes natales. Ils coururent plus vite pour s'envoler, manquant désarçonner le rôdeur, et montèrent en altitude très rapidement, faisant prendre conscience à Kasumi que jusque-là, ils l'avaient plutôt ménagé.

Ils avaient toute la chaîne de montagnes à traverser, et l'oasis était encore à bonne distance au-delà. Ils avaient beau démarrer de bonne heure, Eärundra estimait qu'ils arriveraient au coucher du soleil et qu'il était plus sûr de grignoter un bout en route sans chercher à se poser.
La journée parut à Kasumi interminable. Ses muscles étaient raides à force de rester immobile et crispé sur sa selle. L'air au-dessus des montagnes était particulièrement froid, et les courants aériens occasionnaient parfois de brusques décrochement de sa "monture". Manger dans ses conditions n'était pas confortable. Il laissa même échapper un morceau de viande, que son aigle s'empressa de gober, effectuant pour cela un piqué qui faillit le désarçonner... et lui faire rendre le reste de son repas.

Ils étaient tous deux éreintés lorsque l'oasis apparut à l'horizon. Comme la druidesse l'avait prédit, elle n'était pas déserte. Apparemment, une tribu entière de bédouins s'y trouvait, installée au sud et à l'est du point d'eau, au milieu des palmiers, tandis qu'une caravane marchande de taille modeste se trouvait au nord, sur une sorte de prairie aux herbes étranges. L'ouest du point d'eau offrait simplement un paysage de roches dénudées, comme tout le désert environnant. Rubis volait en tête, et il revenait donc à Kasumi de choisir leur lieu d'atterrissage.

[Kasumi]

Kasumi eut envie d'oublier cette journée même si la longueur de l'étape lui laissait à penser qu'ils s'étaient énormément approché de leur objectif. Cependant, les conditions de vol avaient grandement éprouvé chacun de ses muscles et il avait ressenti à plein la diminution de ses forces et les difficultés consécutives à rattraper les chaos plus ou moins brutaux dans la trajectoire de Rubis. Le froid et l'impossibilité de vraiment se nourrir convenablement avaient apporté la touche finale pour lui pourrir cette journée de voyage. Le demi-elfe était tellement crispé et ankylosé qu'il en eut les larmes aux yeux en apercevant enfin leur destination. Seul ombre au tableau, l'oasis - probable seul lieu de rencontre à des lieues alentours - était déjà très occupée. Il était illusoire de parvenir à passer inaperçu des occupants déjà installés avant eux et le rôdeur savait que les aigles allaient immanquablement susciter la curiosité sinon la convoitise des caravaniers et des bédouins. Restait à faire le moins mauvais choix : les rocailles à l'ouest étaient plus libres mais ils ne sauraient y passer une nuit confortable. La tribu bédouine paraissait trop nombreuse et occuper tout l'espace qu'ils s'étaient choisis aussi le demi-elfe se dirigea naturellement vers le nord et la caravane marchande de taille modeste. D'autant plus qu'ils escomptaient justement commercer un peu.

[Voyageuse]

Au fur et à mesure de la descente, il vit un peu mieux ses futurs interlocuteurs. Il nota en particulier, parmi la quinzaine de caravaniers présents, plusieurs personnes vêtues de longues robes, le visage caché par une capuche pour la plupart. Leurs compagnons portaient des gilets de cuir, parfois cloutés, et une épée à leur ceinture, comme tout garde armé escortant une caravane. Ils avaient plusieurs dromadaires, et leurs marchandises étaient pour l'heure empilées au centre de leur campement, au demeurant parfaitement rangé et organisé.
Les aigles, bien sûr, attirèrent leur attention, et l'un des hommes, vêtu d'une robe de mage, s'approcha d'eux, flanqué de deux gardes armés, l'air suspicieux.

[Kasumi]

Kasumi n'était pas exactement ravi d'avoir affaire - semblait-il - à des mages mais il était trop tard pour reculer sans attirer davantage de suspicion. Au moins y avait-il peu de risques qu'ils soient affiliés à ceux de la cité de Pénombre... Le demi-elfe démonta immédiatement en demandant à Rubis de ne pas s'éloigner tandis qu'il faisait deux pas en direction du mage. Il inclina la tête en signe de politesse :

- Bonsoir...

Après cette longue période en immersion dans le désert, il n'était plus certain de savoir comment s'adresser à des marchands itinérant ou à leur escorte.

[Voyageuse]

" Bonsoir", répéta son interlocuteur, avant de reporter son attention sur les aigles.
Les trois hommes semblaient intrigués, fascinés même. Puis, après quelques instants de silence, le mage se tourna à nouveau vers Kasumi.
" Hum... excusez-nous pour ce manque de politesse... C'est la première fois que nous en voyons d'aussi près. Et j'en déduis que vous êtes un des gardes Ailés d'Everaska ?"
Il vit du coin de l'oeil Eärundra mettre pied à terre à son tour, à quelque distance de là.

[Kasumi]

Le rôdeur s'était attendu à cette question et elle en révélait au moins un peu plus sur ses interlocuteurs. Toutefois, Kasumi n'avait pas vraiment l'intention de révéler la vérité et de trahir un peu plus le commandant de la garde ailée. Pour autant, il ne voulait pas donner une réponse trop fuyante qui n'aurait fait qu'entretenir la curiosité du mage.

- Vous êtes tout excusé et j'en déduis que vous vous êtes déjà rendu dans la cité de mes ancêtres. Les gardes ailés défendent habituellement son territoire mais nous sommes actuellement en mission diplomatique.

Ce n'était pas vraiment un mensonge et il n'avait pas affirmé qu'il était un des gardes mais c'était toutefois relativement tangent. Au moins Eärundra lui donnait la caution d'être une elfe de sang pur mais la qualifier de Garde Ailée aurait sans doute provoqué la crise d'apoplexie d'un certain commandant de sa connaissance.

[Voyageuse]

Eärundra ne faisait pas mine de s'approcher. Elle préféra emmener les ailes à l'écart, pour les nourrir sans doute.
L'un des deux hommes en arme haussa un sourcil, et se tourna vers la mage pour lui faire remarquer :
" Ils ne ressemblent pas à des Gardes Ailés. Ils n'ont pas l'uniforme... Et j'ai entendu dire qu'ils ne prêtaient jamais leurs aigles. Peut-être qu'ils les ont volé ?"
" Je sais", le coupa le mage d'un ton un peu sec.
Puis, sans épiloguer davantage sur la question, il se tourna à nouveau vers Kasumi.
" Vous veniez de l'est, et non d'Everaska... Et je serais curieux de savoir ce que vous avez pu observer dans cette direction. depuis le ciel, vous devez voir bien des choses intéressantes... "

[Kasumi]

Kasumi jeta un regard peu amène au combattant qui était intervenu dans la conversation mais le prendre à parti ne pourrait qu'envenimer la situation et même donner de nouveaux arguments aux caravaniers.

- Rassurez-vous, vraiment : nous ne sommes pas là en tant que membres de la Garde mais nous ne sommes pas pour autant des voleurs. D'ailleurs, nous ramenons nos montures à Everaska puisque notre mission est accomplie. Quant à ce que nous sommes allé observer à l'est, la question est plus que légitime... Les mages de Pénombre ont transformé nombre de créatures du désert pour les rendre plus grandes et plus agressives. Nous avons été envoyé pour enquêter sur la propagation de cette menace. Je vous conseille donc vivement de ne pas passer les montagnes.

Un peu de vérité mêlée à des inexactitudes et espérant que cela suffise à rassurer ses interlocuteurs. Au moins pouvait-il s'appuyer sur des faits aussi incroyables qu'ils soient. Et qu'Everaska s'inquiète de cette menace non loin de ses frontières était somme toute parfaitement crédible.

[Voyageuse]

Le caravanier qui avait fait part de ses réticence fronça les sourcils quand Kasumi évoqua à nouveau cette mission à accomplir, mais se tint coi, haussant imperceptiblement les épaules.
" Nous savons que les mages de Pénombre trament quelque chose, maugréa le mage. Cette histoire d'animaux fiélons ne me surprend guère..."
Il fronça les sourcils, pensif, puis darda à nouveau son regard d'un bleu incroyablement clair sur Kasumi.
" Everaska était au courant de ces faits ? Et ils vous ont envoyé là-bas pour enquêter ?"
" C'est étrange qu'ils aient été au courant avant nous, hasarda l'autre garde, un brin suspicieux. Et je n'aurais pas cru qu'ils se soucient d'une menace encore lointaine et indistincte...."
" Peut-être ne l'est-elle pas ?"

[Kasumi]

Kasumi s'efforça de ne pas montrer sa nervosité devant ces questions de plus en plus précises qui laissaient penser que ses interlocuteurs ne croyaient pas un traître mot de son histoire.

- Cette région est loin d'être sous le contrôle d'Everaska mais les elfes sont prudents : ils ont préféré évaluer cette nouvelle menace avant qu'elle puisse avoir des répercussions sur eux. Et ils m'ont choisi ainsi que ma compagne car nous avons l'habitude de ce genre de situations et que nous connaissons bien l'Anauroch. Rassurez-vous cependant : vous n'avez rien à craindre tant que vous ne pénétrez pas profondément en terres asabies et que vous n'approchez pas de la mer intérieure.