[RP] Guerre des Plaines Brûlantes - armée mélandienne

[Echo]

Elzen était avare de détails, c'était le moins qu'on puisse dire. Les deux hommes ne se satisferaient sûrement pas d'aussi peu d'informations et la tieffeline commençait à croire qu'ils ne les laisseraient jamais partir, peu importe le nombre de vérités qu'ils arriveraient à leur extraire. Elle regarda son compagnon du coin de l'oeil et le devina lui aussi près à déguerpir dès que la situation l'exigerait ; cela la rassura quelque peu.

C'était à son tour de parler, elle ne pouvait pas rester indéfiniment muette lors de cet interrogatoire mais elle devait également choisir ses mots avec soin. Ou essayer.

- Elles sont jolies, hein ? leur lança Chance en désignant ses cornes. J'imagine que c'est la première fois que vous rencontrez une tieffeline. Je m'appelle Chance et avant que vous ne posiez la question : non, je ne suis pas une espionne à la solde de Melandis, non, je ne vous veux aucun mal -même si vous êtes très énervants- et non, je ne mange pas d'enfants les nuits de pleine de lune. Nous voulons simplement échapper à cette guerre. Vous ne l'avez peut-être pas remarqué mais je ne suis plus en état de voyager. Je ne suis plus en état de rien à vrai dire.

[Althéa]

Les trois hommes en armure se regardèrent un tantinet interloqués puis se rapprochèrent afin de se parler tout bas le temps de prendre une décision. Celui qui les avait "accueillis" prit la parole.

"Rodrigue ici présent va vous faire traverser le camp et vous emmènera aux portes de la ville. Il y a un camp de réfugiés juste derrière les remparts. Après ... vous n'aurez qu'à attendre."

[Echo]

- Merci, répondit la tieffeline, visiblement soulagée.

Un camp de réfugiés, ce n'était sûrement pas ce qu'il y avait de plus confortable mais Chance se contenterait de n'importe quoi, n'importe quel endroit où se mettre en boule et dormir. Son corps tout entier la suppliait de faire n'importe quoi d'autre que rester là, debout, et elle sentait qu'elle n'allait pas tarder à flancher. Elle était assez surprise d'avoir tenu autant de temps.

Elle espérait qu'Elzen ne projetait pas de reprendre la route le lendemain, elle n'en était pas capable. Elle avait tout juste assez d'énergie pour se laisser docilement conduire dans l'enceinte de la ville.

[Elzen]

C'était tout ? Le tieffelin s'était attendu à un interrogatoire plus long, d'où son manque d'éloquence pour répondre à la première question – avec les sorts de vérité, il était plus prudent de ne pas trop disserter spontanément. Mais il semblait que ces gens n'avaient, réellement, été intéressés que par le fait de savoir s'ils étaient dangereux ou non, et non de chercher des raisons de les mettre aux arrêts. Ce qui était plutôt encourageant les concernant.

Elzen acquiesça aux propos du capitaine, puis s'approcha de Chance pour prendre sa main. La tieffeline semblait sur le point de défaillir, et il se préparait à la soutenir si besoin. Bientôt, ils seraient tous deux derrière les murs de la ville, à l'abris. Là, elle pourrait se reposer pendant tout le temps dont elle aurait besoin – jusqu'à la fin de la bataille, du moins. Même s'ils avaient été pressés de repartir, ce qui n'était pas le cas, il était fort peu probable qu'on les laisse faire une fois les murs passés. Il fallait simplement espérer qu'il pourrait prendre soin d'elle pendant ce temps…

[Althéa]

Rodrigue qui avait l'air nettement plus jeunes que les deux autres et devait être leur subordonné eut un soupir à peine dissimulé avant de leur dire.

"Si ces messieurs dames veulent bien me suivre ?"

Il leur emboîta le pas entre les tentes du camp qu'il semblait connaître comme sa poche. A leur vue, de nombreux soldats se retournèrent intrigués avant de reprendre bien vite leurs activités. Bientôt, les portes de la ville furent en vue. Devant elles une file tentaculaire de personnes poussant ou tractant de lourds bagages à leur suite. C'étaient sans doute des réfugiés. C'est là que Rodrigue les laissa.

"Vous allez devoir patienter comme tout le monde. Ensuite, vous pourrez vous installer."

Et il s'en alla sans rien ajouter.

[Echo]

Sa main n'avait pas quitté celle du tieffelin alors qu'ils se laissaient guider par Rodrigue. Elle observa les réfugiés entassés aux portes de la ville d'un air quasi absent, comme si elle ne les voyait pas vraiment. Ses yeux s'attardèrent sur les bagages que certains peinaient à traîner derrière eux et elle devina que leurs vies se résumaient maintenant à ce qui se trouvait là-dedans. Elle, elle n'avait rien de tel. Sa vie ne tenait pas dans un sac qu'elle gardait farouchement contre sa poitrine, elle n'avait rien, du moins rien dont elle ne pouvait se débarrasser dans la minute. Enfin, ce n'était pas entièrement vrai, se mit-elle à penser en prenant conscience de la main dans la sienne. Ses yeux accrochèrent alors ceux d'Elzen et elle oublia le reste du monde, oublia la misère autour d'eux. Faiblement, elle lui sourit. Tout irait bien.

[Elzen]

Patienter ne serait guère un problème. Ils étaient plus ou moins en sécurité, et la compagnie était… tout à fait charmante.

Elzen rendit son sourire à Chance. Elle avait, sans doute, besoin de repos et de soin, et il n'était pas assuré que la situation des prochains jours soit la plus adaptée à cela. Mais il ferait son possible pour que le séjour parmi les réfugiés se passe le mieux possible. Ensuite… on verrait bien.

[Althéa]

Ils furent bientôt abordés par des prêtres dont les robes étaient aux couleurs d'Ilmater, le dieu souffrant. Une jeune femme blonde au regard fatigué les dévisagea avec une bienveillance certaine avant de leur demander.

"Sont-ce là vos seuls bagages ? Aurez-vous besoin d'une paillasse et de quelques couvertures ? Nous distribuons aussi quelques repas chauds. Dites-moi ce dont vous avez besoin."

Elle les gratifia d'un sourire affable en attendant leur réponse.

[Elzen]

« Ce sont nos seuls bagages, oui. »

Pour sa part, Elzen aurait pu se satisfaire de peu ; mais puisque les choses étaient généreusement données, pourquoi ne pas en profiter ?
Mais ce n'était pas tant son propre confort que celui de sa compagne, qui importait. Elle était bien plus mal en point que lui, et il n'était pas spécialement en mesure de dire ce dont elle avait besoin. Aussi se contenta-t-il de tourner les yeux vers elle, l'invitant à exprimer la réponse qui lui conviendrait le mieux.

[Echo]

- Un endroit où dormir, n'importe où, répondit la tieffeline.

Avec ou sans paillasse et couverture d'ailleurs. Elle n'avait pas très faim mais cette sensation était trompeuse ; son corps était sûrement en train de mourir de faim, elle était juste trop mal en point pour en prendre conscience. Peu importe ce qu'elle avalait, tout avait le même goût et elle ne sentait aucune différence. Son refus de s'alimenter régulièrement n'avait pas arrangé son état, elle le savait, aussi décida t-elle de se montrer raisonnable, pour cette fois.

- A manger ne serait pas de refus non plus. Merci...

[Althéa]

L'ilmate hocha la tête, les yeux emplis d'une compassion certaine.

"Nous allons vous emmener tout cela. En attendant, avez-vous besoin de soin ou de quelque chose d'autre ? J'aimerais bien faire plus mais c'est pour l'instant tout ce que je peux offrir."

Autour d'elle s'amassaient d'autres réfugiés. Elle répondit à leurs sollicitations par le même sourire affable et la même prévenance. Elle glissa quelques mots à l'oreille d'un autre clerc de son obédience qui s'esquiva avant de revenir avec deux paillasses et deux couvertures qu'il posa devant les deux tieffelins avant de leur dire.

"Voila. Ce n'est pas très confortable mais nous n'avons pas vraiment mieux. La soupe arrivera plus tard."

[Elzen]

Eh bien, ce n'était pas un lit luxueux dans une grande auberge, mais c'était mieux que rien. Chance n'avait pas réclamé de bain ; signe peut-être qu'elle était dans un état d'épuisement assez important. Cette paillasse, si modeste soit-elle, serait donc bien utile…

Pour ce qui était des sorts de soin, Elzen était en mesure d'en prodiguer quelques uns, mais sans doute ceux d'un clerc seraient bien plus efficace. Sa connaissance des troubles que subissait sa compagne était insuffisante pour qu'il puisse se prononcer à ce sujet. Mais, dans tous les cas, se reposer leur serait fort utile à tous les deux.

[Echo]

- Ça ira très bien, merci.

Même si son état laissait croire qu'elle était malade, il n'en était rien. Des soins seraient inutiles, autant que les ilmates ne perdent pas leur temps avec une simple droguée. Sa paillasse en main, la tieffeline se dirigea à l'écart des réfugiés, un vieux réflexe sans doute. Elle avait pensé que la tension diminuerait une fois qu'elle serait à Graëlon, qu'elle se sentirait enfin en sécurité, là encore il n'en était rien. La sécurité n'existait pas plus à l'intérieur des remparts de la ville qu'à l'extérieur, maintenant elle le savait. La seule personne qui n'éveillait pas encore sa paranoïa et dont elle acceptait la proximité était Elzen. Et encore ! Elle ne cessait de se dire qu'il finirait par la laisser tomber. Elle était trop faible pour tenir le rythme, il ne pourrait pas indéfiniment faire comme si cela n'importait pas, comme si elle n'était pas une épine plantée dans son pied. Peut-être même qu'il la jetterait dans les bras des prochains soldats mélandiens venus pour pouvoir s'enfuir ? Ce serait une réaction logique et, quelque part, elle ne pourrait pas lui en vouloir... Elle réfléchissait à tout cela alors qu'elle s'installait sur sa paillasse, prête à prendre un peu de repos, mais les pensées qui l'assaillaient l'empêchèrent de fermer les yeux. Elzen ne l'abandonnerait peut-être pas aux mains des mélandiens mais il pouvait toujours la laisser là, pendant qu'elle dormait. Oui, maintenant qu'elle y pensait, c'était bien plus crédible.

Elle se mit alors à penser à Arthemis. Elle aussi avait été abdonnée, là-bas, dans ce camp. La tieffeline se demanda ce que cette dernière allait devenir, si elle allait pouvoir revoir ses sœurs un jour et combien de temps elle arriverait à repousser le sentiment de culpabilité qui menaçait de la submerger chaque fois qu'elle pensait à la manostienne. Et voilà, elle n'avait plus aucune envie de fermer les yeux à présent. Il fallait qu'elle les garde ouvert, il ne fallait pas qu'Elzen ait l'occasion de s'enfuir, il ne fallait pas qu'elle pense à Arthemis, il fallait... En réalité, il lui fallait la seule chose capable de mettre fin à tout ça : de la drogue. Sans cela, elle n'était rien et tenter de se persuader du contraire ne marchait plus du tout. Ses souvenirs étaient peut-être prisonniers quelque part dans un recoin de son esprit mais elle se souvenait très clairement de la sensation que cela lui procurait, cette impression d'être enfin complète, d'être invincible. Savoir qu'elle ne la ressentirait jamais plus lui était insupportable.

[Althéa]

Plusieurs heures passèrent sans qu'il se passe quoi que ce soit. Autour des deux tieffelins, des gamins vagabondaient pendant que d'autres beaucoup plus petits pleuraient. Les adultes quant à eux restaient assis en proie à une certaine lassitude. Heureusement, il ne pleuvait pas. Au loin, on entendait la rumeur confuse des troupes qui se préparaient.

Au bout d'un moment, Chance finit par s'assoupir. Quand elle se réveilla, la situation n'avait pas changé si ce n'est que l'obscurité s'était installée et que les ilmates commençaient à distribuer les rations de nourriture.

[Elzen]

Elzen était resté assis auprès de Chance, se reposant quelque peu, mais sans jamais dormir. Contrairement à ce que le manque laissait croire à la tieffeline, il n'avait en aucun cas l'intention de l'abandonner, et continuait, même ici où ils semblaient en sécurité, à veiller sur elle. Arthemis lui importait peu ; mais la voleuse était pour lui d'une importance capitale.

Hélas, il ne pouvait faire grand chose pour l'aider, dans la situation actuelle, et le tieffelin devait se contenter de demeurer là, ne prêtant guère d'attention à ce qui se déroulait autour d'eux, hormis pour vérifier que cela ne menaçait pas sa compagne.

Quand elle rouvrir les yeux, elle trouva donc le barde près d'elle, las de son impuissance, mais toujours prévenant. « Est-ce que tu as faim ? »

[Echo]

Elle lutta un moment mais la fatigue finit par prendre le dessus. Son sommeil fut peuplé de rêves étranges dans lesquels elle se tenait aux côtés de deux humains, d'un elfe et d'un elfe noir. Chaque fois qu'elle essayait de distinguer leurs visages, ces derniers se noyaient dans l'obscurité. S'était-elle un jour retrouvée au milieu d'un groupe aussi disparate ou ce rêve n'avait-il aucun sens ? Sans ses souvenirs, il lui était impossible de le savoir.

Lorsqu'elle ouvrit à nouveau les yeux, Elzen était à ses côtés. Il n'avait donc pas profité de son sommeil pour s'en aller... Elle se redressa et observa, l'air hagard, le campement de fortune dans lequel ils s'entassaient.

- Je crois, oui, répondit-elle distraitement au tieffelin.

Elle n'avait aucune envie d'avaler quoi que ce soit mais elle n'avait pas non plus envie de mourir bêtement d'inanition. La soupe que les ilmates leur servirent avait le même goût que tout le reste ; elle aurait tout aussi bien pu manger de la terre. Elle se demanda combien de temps elle allait devoir attendre avant de retrouver le vrai goût des aliments car, pour l'heure, tout l'incitait à ne pas manger plus que nécessaire, tout juste le strict minimum pour survivre. Mais peut-être que son manque d'appétit était aussi une conséquence du manque.

Elle se força à finir son bol et se promit d'en manger un deuxième le lendemain matin. Elle voulait pouvoir tenir sur ses jambes au cas où les choses se passeraient mal ici, ce qui était plus que probable. Ceci fait, elle rechercha la proximité d'Elzen, réclamant une place au milieu de ses bras, et se laissa même aller à poser ses lèvres dans son cou.

- Que crois-tu qu'il se passera ici, si ce sont les mélandiens qui gagnent la bataille de demain ?

Elle aurait aimé lui parler autre chose que de la guerre mais elle n'avait presque plus que ça à l'esprit. Ça et la mort, mais tout était lié...

[Elzen]

Elzen ne fit aucune difficulté pour accueillir Chance contre lui, au contraire.

« Je ne sais pas… si ça arrive, je suppose que ce sera suffisamment le bazar pour qu'on fiche le camp d'ici discrètement… »

À condition que la demoiselle soit en état de ce faire. La nuit et la durée de la bataille laisseraient, bien sûr, quelque temps pour se reposer, mais serait-ce suffisant, compte tenu de l'épuisement provoqué par sa situation ? Bah, on verrait bien : rien n'indiquait que ce soit ce cas de figure qui soit appelé à se produire.

« De toute façon, les mélandiens n'ont aucune chance, leur meilleur homme est de ce côté-ci des remparts. »

Il espérait que la plaisanterie, prononcée à mi-voix pour ne pas être entendu des personnes alentours, ce qui n'aurait pas manqué de provoquer quelques suspicions malvenues, suffirait à donner le sourire à la voleuse.

[Echo]

La plaisanterie fit plus que lui donner un simple sourire et Chance étouffa bientôt ses éclats de rire dans les vêtements de son compagnon. Elle qui s'était efforcée de le tenir à l'écart de ses sombres pensées par peur que cela soit contagieux, elle commençait à croire qu'il était finalement le meilleur remède contre elles.

- Une chance que cet homme soit ici avec moi alors.

Et une chance qu'il soit assez attaché à elle pour ne pas s'enfuir. Ses craintes à ce sujet commençaient à se dissiper et elle retrouva bien vite l'envie de se reposer à nouveau. Elle ferma les yeux, la tête toujours contre l'épaule du tieffelin, et se détendit pour la première fois depuis que leur voyage avait commencé. Avant de sombrer dans le sommeil, elle murmura :

- Réveille-moi dès qu'il y a du grabuge...

[Elzen]

« Compte sur moi. »

À condition qu'il se réveille lui-même, car le barde n'était pas sans être lui aussi fourbu. Certes, il ne souffrait pas des problèmes de sa compagne, mais la route n'en avait pas moins été longue et éprouvante. Aussi, à présent qu'ils étaient tous deux restaurés, profita-t-il de la paillasse, s'allongeant en la gardant contre lui. Il avait sans doute bien le temps de dormir quelque peu, et cela serait préférable au cas où les choses tourneraient mal.

[Althéa]

Il ferma les yeux et quand il les rouvrit rien n'avait bougé. Il faisait à présent nuit noire et torches et braséros dispensaient chaleur et lumière dans le camp. Les ilmates s'affairaient, allant des uns aux autres, et distribuaient encouragements et nourriture. La jeune prêtresse aux yeux bleus qu'ils avaient aperçue quelques heures auparavant revint les voir. Elle semblait un tantinet inquiète mais souriait malgré tout.

"Avez-vous besoin d'autre chose ? Comment vous sentez-vous ?"

[Elzen]

« J'ai connu pire. »

S'efforçant lui aussi de sourire, Elzen entreprit de se lever en dérangeant Chance le moins possible. Il n'avait pas l'intention de s'éloigner, seulement de faire quelques pas ; et cela ne méritait clairement pas qu'il la réveille. Au contraire, elle avait besoin de se reposer, et pour cela, mieux valait éviter de risquer la gêner par des mouvements intempestifs…

[Althéa]

Les gens se pressaient toujours autant pressés les uns contre les autres mais avec l'aide des ilmates ils s'étaient quelque peu installés. L'angoisse et la fatigue se lisaient sur les traits des plus agés. Les plus jeunes, eux avaient fini par s'asseoir et certains dormaient. Ils attendaient tous, fébriles et hagards.

Plus loin sur la plaine on entendit soudain des cris suivis d'explosion. Les combats avaient repris. Par contre, il était impossible de se rendre compte de la progression des deux armées.

[Elzen]

« Dès qu'il y a du grabuge », avait-elle dit : devait-il la réveiller dès maintenant ? Les choses étaient encore trop lointaines, et elle avait sans doute besoin de repos : Elzen choisit de laisser Chance à ses rêves, le temps qu'il se familiarise avec la situation plus immédiate. Il n'y avait pas encore d'urgence…

« À quelle distance sont-ils ? »

L'ilmate ne saurait peut-être pas lui répondre ; mais dans le cas contraire, cela lui donnerait peut-être une idée du temps qu'ils auraient pour réagir si les combats semblaient commencer à se rapprocher…

[Althéa]

Durant quelques minutes, l'ilmate resta plongée dans ses pensées avant de répondre.

"Ils sont encore loin mais les sons en plaine portent assez loin. Mais n'ayez crainte, je surveille également. En cas de danger nous vous ferons évacuer à l'intérieur de Graëlon. Pour le moment, vous pouvez continuer à vous reposer. Au fait, votre amie est-elle souffrante ? Je suis désolée de vous le dire mais elle n'a pas vraiment l'air dans son assiette."

[Elzen]

« Elle traverse une mauvaise passe… mais je crains que vous n'y pouviez pas grand chose de plus que moi. »

Les prêtres pouvaient sans doute beaucoup ; mais le barde doutait qu'ils puissent faire quoi que ce soit contre ce qu'il devinait être une crise de manque : Chance souffrait, mais n'était ni blessée, ni malade, ce qui aurait été dans les attributions habituelles de l'Ilmate…

Le barde. Car oui, Elzen était barde : peut-être ne fallait-il pas l'oublier. Dans les circonstances présentes, sa musique pouvait s'avérer d'un certain réconfort pour ceux qui se trouvaient autour de lui. Il se souvint soudain qu'il avait entreprit, quelques temps plus tôt, de se tailler une nouvelle flûte, laquelle était presque achevée : il s'en saisit donc, dans l'intention de terminer son œuvre. Et quand ce serait fait, il jouerait…

[Althéa]

La prêtresse n'émit aucun commentaire quant à l'état de Chance. Si elle avait compris de quoi elle souffrait, elle n'en fit nulle mention non plus, se contentant de hocher la tête avec gentillesse. Quand elle vit Elzen se mettre à l'ouvrage sur sa flûte, elle revint immédiatement vers lui.

"Seriez-vous barde par hasard ? Ce serait vraiment une bénédiction ! Vous connaissez sûrement quelques histoires et chansons. Je suis sure que cela aiderait les gens et surtout les enfants à passer le temps et oublier un peu leur angoisse. Qu'en pensez-vous ?"

[Elzen]

Elzen sourit.

« C'était mon intention. Si vous me laissez le temps de terminer ceci, je me ferai un plaisir de m'en servir. »

La flûte était presque achevée : il ne fallut guère de temps avant que le tieffelin n'ait achevé son travail et ne commence à en jouer. Il attaqua par un morceau de prime abord lent et mystérieux, mais qui s'avéra bien vite entraînant. La flûte, malgré les conditions dans laquelle elle avait été façonnée, semblait de plutôt bonne facture : le barde n'en était manifestement pas au premier instrument qu'il taillait ainsi.
Durant quelques instants, il joua, observant les effets que sa musique produisait sur son auditoire. Il avait une histoire toute prête à raconter si ceux-ci semblaient accrocher à son intervention ; mais préférait laisser sa musique capter leur attention avant de commencer à parler.

[Althéa]

Les quelques notes de musique eurent sur les enfants un effet immédiat et en quelques secondes Elzen eut l'impression d'être le joueur d'un conte célèbre qui attirait tous les petits à lui. Ils firent cercle autour de lui et les leurs parents tendirent le cou dans sa direction. L'ilmate à coté de lui sourit.

"J'étais sure que ça les aiderait. S'il vous plait, racontez quelque chose qui leur fera oublier l'endroit où ils se trouvent."

[Elzen]

C'était justement à ça que je pensais

Force était de constater que le temps investi pour façonner l'instrument n'avait pas été perdu : le barde était tout à fait satisfait de la façon dont il sonnait, et continua jusqu'à avoir achevé son morceau. Ceci fait, il scruta son jeune public d'un air amusé, et entreprit de leur raconter l'histoire désirée.

Des histoires, il en connaissait un certain nombre ; et pu sans problème en choisir une qui lui semblait adaptée à la situation : l'histoire d'une petite fille qui, après s'être piquée au doigt, tombait dans la fontaine où elle se nettoyait et se retrouvait dans un pays étrange où un arbre, puis un four de boulanger lui demandaient de l'aide ; avant qu'elle n'arrive à la demeure de la Dame de l'hiver.

HRP : le conte en question.

L'histoire était intéressante à plus d'un titre, et notamment parce qu'elle lui permettait de faire des pauses à plusieurs reprises pour interroger les enfants sur ce qu'eux auraient fait dans la situation de la petite fille. Il racontait simplement et calmement, avec un entrain dans la voix qui savait attirer l'attention. Compte tenu de la situation, il prenait volontairement encore plus de temps qu'à l'ordinaire, livrant une description suffisamment détaillée des lieux pour que l'on ait l'impression de pouvoir les voir…

[Echo]

L'esprit encore embrumé par le sommeil, Chance s'éveilla sans vraiment se rappeler où elle s'était endormie et ce n'est que lorsqu'elle entendit de plus en plus distinctement les sons d'une bataille au loin que la mémoire lui revint tout à coup. Elle referma les yeux et essaya de se rendormir sans y parvenir.

Après quelques minutes à vide, elle se redressa et remarqua qu'Elzen avait disparu. Elle le vit un peu plus loin, au milieu d'un étrange attroupement, les enfants en première ligne et les parents derrière eux. Elle se demanda ce qu'il avait bien pu faire pour être l'objet d'une telle attention avant d'entendre les brides d'une histoire qu'elle ne connaissait pas. Observant la scène avec un sourire presque attendri, son regard se perdit dans la foule et tomba sur un petit garçon, blond comme les blés, qui buvait les paroles du barde d'un air émerveillé. Il lui rappelait quelqu'un, mais, sans comprendre pourquoi, plus elle essayait de fouiller dans sa mémoire, plus sa gorge se nouait. Son sourire s'évanouit et elle finit par détourner les yeux.