[Désert d'Anauroch] Quête : Racines

[Voyageuse]

La magicienne n'hésita pas un seul instant avant de poursuivre, signe qu'elle avait préparé ses mots auparavant.
" Nous partirons demain matin. Nous avons rassemblé l'argent. Bon vol !"
S'il avait bien compté, elle était arrivée au bout de ses trente mots. Lui pouvait encore parler un peu.
Eärundra avait compris ce qui se passait, et attendait patiemment la fin de l'entretien, le regard plein de curiosité.

[Kasumi]

Le rôdeur réfléchit posément à ce qu'il allait dire par la suite pour fixer les modalités pratiques de leur rendez-vous et aussi pour se garder quelques mots à destination de Sylvia.

- Recontactez-moi à la même heure demain pour confirmer ! Et dites à Sylvia que je l'aime et lui réserve une surprise ! A demain !

Il sentit la magie s'éteindre comme il prononçait son dernier mot et il adressa un sourire amusé à Eärundra, tentant de désarmer la remarque qu'elle préparait certainement.

- Ça devrait amoindrir sa déception pour notre retard et la faire patienter. Ou alors tout le contraire : je ne suis pas doué pour prévoir les réactions des femmes. De Sylvia encore moins !

[Voyageuse]

" De toute façon elle n'a pas d'autre choix que de patienter... mais demain soir sera très vite là !"
Il ne leur restait plus qu'à se mettre en route.

Le soleil était toujours de plomb, bien sûr, même si l'air était plus respirable à l'altitude où ils volaient, et ses rayons les obligeaient à s'envelopper le visage dans des bandes de toiles. Ils prirent cette fois-ci le temps de s'arrêter pour une courte halte à midi, quelque part au milieu des dunes. Maintenant qu'ils étaient plus loin du territoire asabi, les hommes se faisaient plus nombreux. Ils avaient aperçu, durant la matinée, une caravane de marchands et une tribu entière de bédouins, et ils aperçurent un dernier groupe, en fin d'après-midi, qui se dirigeait vraisemblablement vers la même oasis qu'eux. Ses membres étaient entièrement vêtu de bleu vif et de blanc. Kasumi mit quelques temps à se souvenir de ce que ce costume évoquait pour lui : quelque part dans un coin de sa mémoire, il avait noté qu'il s'agissait de la tribu des Pierrefeu, à qui les aigles avaient volé une chèvre plusieurs jours auparavant.

[Kasumi]

Ce n'était vraiment pas de chance... Il y avait très peu de chance que les bédouins - sans doute résidant semi-permanents de cette oasis - aient oublié l'épisode ayant eu lieu à peine une veille plus tôt. Mais il fallait se rendre à l'évidence : ils ne pourraient jamais atteindre un autre lieu de bivouac avant la tombée de la nuit. Il allait donc falloir trouver comment répondre à la demande de compensation qu'ils allaient forcément essuyer. Au moins arriveraient-ils avant les bédouins ce qui devait leur laisser le temps d'aviser de la meilleure stratégie avec Eärundra.

Dès qu'ils furent posés, Kasumi se dirigea donc vers la druidesse pour lui en toucher un mot :

- Nous avons un problème...

[Voyageuse]

" J'ai vu, répliqua sombrement la druidesse. Les... Pierrefeu, c'est ça ?"
Elle avait glissé à bas de son aigle et s'était aussitôt dirigé vers lui pour discuter, sans ôter le harnachement de sa monture ni l'autoriser à s'éloigner.
" On a deux possibilités : soit on parlemente avec eux, soit on repart tout de suite pour se poser plus loin, quelque part au milieu de dunes. Ils nous ont certainement aperçus, mais si on vole encore une heure, on sera hors d'atteinte d'éventuelles recherches... Qu'en penses-tu ?"

[Kasumi]

Fuir était effectivement une possibilité bien réelle et qui avait de bonnes chances de réussite. Bien plus qu'une nouvelle négociation avec une peuplade du désert légitimement remontée. Toutefois, Kasumi n'aimait pas trop l'idée de partir comme un voleur :

- As-tu une idée du prix d'une chèvre ? Aurions-nous de quoi les rembourser ?

Si ce n'était pas le cas, il avait dans l'idée de laisser tout de même une partie de l'or dont ils pourraient maintenant se passer pour garantir de futures relations moins houleuses.

[Voyageuse]

" Je ne sais pas exactement... Ca dépend sûrement de l'âge de la chèvre, de sa race... Et par ici, tout est rare donc cher. Je pense qu'il faut tabler sur un minimum de 10 pièces d'or, peut-être quinze... On aurait assez, oui..."
La druidesse sourit.
" Tu comptes négocier, essayer de payer tes dettes ? Méfie-toi, ils t'annonceront sûrement un prix plus élevé que ce qu'elle vaut vraiment. Et Si ça excède notre modeste fortune, je ne sais pas comment ils réagiront. Et puis, ils peuvent exiger davantage, aussi, comme réparation du préjudice causé, si c'était l'unique chèvre d'une famille très modeste, par exemple... ou même si elle appartenait à un plus gros troupeau, ils chercheront à en obtenir le maximum."

[Kasumi]

Kasumi lui adressa un clin d'œil et annonça d'un ton déterminé et sûr de lui :

- Oh, mais je ne compte pas vraiment négocier le prix ! Nous avons de quoi tenir pour le repas de ce soir alors autant nous avancer sur l'étape de demain. En fait, j'ai besoin de connaître le prix pour savoir combien d'or je vais laisser derrière moi pour excuser Rubis et Opale. Si on laisse un sac de toile bien en vue avec un petit mot explicatif, je pense que l'un des bédouins saura le lire. J'espère seulement que l'or ira dédommager la personne qui possédait cet animal. Mais au moins aurais-je la conscience tranquille !

[Voyageuse]

Eärundra ne put s'empêcher de rire.
" Je te trouve bien naïf de croire qu'ils vont remettre l'or au propriétaire de la chèvre... à moins que celui-ci ne soit haut placé dans la hiérarchie, peut-être. Ou si celui qui trouve ton or est l'un des rares bédouins particulièrement honnête de la tribu. Dans les autres cas, ceux qui trouveront la somme vont se la partager. Ou peut-être qu'ils n'en donneront qu'une partie. Bref, je pense que c'est assez aléatoire. Mais tu peux toujours essayer. De toute façon tu ne risques rien en agissant ainsi.... Combien vas-tu donner ?"

[Kasumi]

Loin de se formaliser de la réaction de la druidesse, le rôdeur répliqua, hilare :

- On verra bien ! Il faut un peu croire en les bienfaits de Tymora ! Mais bon, j'agis peut-être parfois comme un paladin et c'est sans doute ce qui explique ma naïveté mais je ne vais pas donner plus de dix pièces d'or. Espérons que cela fera plaisir à certains membres de ces charmants Pierrefeu !

Le rôdeur s'exécuta rapidement, rédigeant un mot plutôt laconique en langue commune pour expliquer son offrande :

En dédommagement d'une chèvre attrapée dans vos troupeaux par mon aigle il y a une veille de cela.
Eau abondante et ombre fraîche sur vos pas.

Il fourra le mot et les pièces dans un morceau de tissu qu'il suspendit à un cactus près du plan d'eau avant de rejoindre Eärundra :

- Maintenant que j'ai bonne conscience et que tu as une nouvelle anecdote à raconter à mon frère, je te propose de nous mettre en route.

[Voyageuse]

Ils se remirent en selle et décollèrent aussitôt, découvrant, à moins d'une demi-lieue de l'oasis, la tribu des bédouins qui approchait. Il lui sembla que certains levaient le poing dans sa direction, puis ils devinrent de simples petits points à l'horizon tandis qu'ils volaient en direction du soleil couchant.
Ils se posèrent une heure plus tard, comme le soleil délivrait ses derniers rayons, au beau milieu de nulle part. Il y avait des dunes à perte de vue, et le sable qui avait emmagasiné la chaleur de la journée était brûlant. Ils n'avaient pas vu d'autres caravanes à proximité, et pouvaient donc probablement dormir sur leurs deux oreilles.

[Kasumi]

Le point positif était sans aucun doute qu'ils avaient gagné du temps sur l'étape du lendemain et qu'ils ne seraient probablement pas dérangés. Mais la décision du rôdeur avait aussi ses inconvénients : il ne leur restait que peu de temps avant la nuit pour dresser leur petit campement. Fort heureusement - encore une fois - la prévoyance de l'elfe qui avait tenu à emporter du bois la veille allait leur permettre de ne pas grelotter toute la nuit. Malgré la tranquillité des lieux, le rôdeur choisit la prudence :

- Je crois qu'il est préférable qu'on maintienne notre système de garde ce soir. Et nous ferions aussi bien d'économiser notre bois pour qu'il dure toute la nuit. Il devrait nous rester de quoi manger froid, non ?

[Voyageuse]

Eärundra secoua la tête.
" On n'aura pas assez de bois pour la nuit, j'en ai prévu simplement pour cuisiner. On a de la viande froide, mais les haricots froids c'est pas idéal... Et puis, pourquoi donc veux-tu faire du feu la nuit ? On y voit suffisamment clair, on n'a pas de mort-vivant à repousser... et on a trois couvertures. Ce serait du gaspillage, dans cette région, de brûler du bois pour autre chose que cuisiner..."
Elle acheva de décharger leurs sacs.
" Bon, tu veux que je me charge de cuisiner ?

[Kasumi]

La réponse d'Eärundra passait pour une réprimande mais Kasumi ne s'en formalisa pas, cherchant même à en plaisanter en ironisant :

- Très bien, les désirs des dames sont des ordres ! Je vais cuisiner ces haricots, ne t'en fais pas.

Et aussitôt d'emmener - en silence cette fois - leur petite réserve de bois pour allumer un feu dans un creux de sable afin d'éviter que la lumière ne se voit de loin lorsque la luminosité aurait encore baissé.

[Voyageuse]

Les dunes, s'étendant à perte de vue, les protégeaient heureusement des regards indiscrets. La lueur de leur feu ne serait sans doute pas visible à plus de quelques dizaines de toises, surtout avec la précaution de creuser un petit trou. Ce dernier avait en outre l'avantage de concentrer la chaleur là où elle était le plus utile. Il pourrait même économiser suffisamment de bois pour faire chauffer du thé, ou leur reste de lait, le lendemain...

" Bon... Pour notre dernière veillée ensemble, qu'est-ce que tu me proposes ? questionna subitement Eärundra, une fois qu'ils eurent achevé leur repas. Parce que demain soir, nos routes se séparent, normalement... Alors, je ne sais pas... Un concert de ta flûte magique ? Un cours d'escrime ? Mieux, un cours de sculpture sur bois ? Des confidences ? On peut pas juste aller se coucher comme ça..."

[Kasumi]

Kasumi afficha une expression étonnée et son ton fut à l'avenant :

- Nous séparer demain soir ? J'avais pourtant imaginé que tu m'accompagnerais à mon rendez-vous avec Huassasth dans les montagnes. Non, mais je comprends : tu m'as déjà consacré beaucoup de temps et je ne peux que t'en remercier... Mais donc, tu me prends un peu au dépourvu : nous ferons ce qui te plaira. Enfin, tant que ça reste raisonnable bien entendu !

Il lui adressa alors un sourire un brin gêné. Il n'avait pas songé qu'ils se séparent aussi vite.

[Voyageuse]

La druidesse rougit.
" Oh... Et bien je t'accompagnerais avec plaisir à ce rendez-vous, bien sûr... Mais... j'avais cru... enfin, rien... enfin, si... j'avais imaginé que Sylvia ne l'entendrait pas de cette oreille et n'accepterait pas que tu partes à nouveau avec moi sans elle. Ou que tu refuserais... Je me suis mis cette idée en tête il y a quelques jours, j'avais même envisagé de te prêter mon aigle si c'était nécessaire. Mais c'est sûr que je préférerais t'accompagner, je connais mieux les asabis qu'elle..."
Elle sourit.
" Bref, tu peux compter sur moi si tu veux mon aide, et plutôt deux fois qu'une ! Mais je ne veux pas m'imposer..."

[Kasumi]

Kasumi fut soulagé de cette réponse : il avait craint que la druidesse puisse lui en vouloir pour ce qui s’était passé dans la grotte. Ou plutôt ce qui ne s’était pas passé… Mais Eärundra avait raison sur le fond : il n’avait pas préparé Sylvia au fait qu’il soit à nouveau absent plusieurs jours alors qu’elle imaginait enfin pouvoir le retrouver. Avec cette perspective, les retrouvailles du lendemain soir ne se dérouleraient peut-être pas comme il l’avait espéré. Conscient qu’il avait gardé longtemps, le silence, il le rompit d’un ton calme :

- Je ne pourrai jamais arriver à temps pour le rendez-vous sans utiliser les aigles. A moins que Galawen puisse nous y transporter par magie mais il faudrait qu’elle y soit déjà allé et ça m’étonnerait que ce soit le cas. C’est certain que Sylvia ne sera pas contente – et c’est sans doute un euphémisme - mais tu maîtrises le vol et elle non... Et au-delà de ça, je ne considère pas que tu t’imposes : tu m’as apporté ton aide à de multiples reprises et je n’ai aucune raison de regretter de t’avoir pour amie.

Il marqua une pause et sourit avant de reprendre d’un ton plus joyeux :

- Mais nous règlerons ces détails demain soir ! Pour l’heure, nous avons bien le droit de marquer le coup. Nous n’avons pas assez de bois pour un cours de sculpture et je ne connais qu’un air de flûte. Mais tu avais aussi parlé de confidences ?

HRP : j’ai un peu perdu la notion du temps et des distances. Sais-tu combien de temps il reste avant le rendez-vous ? Et quelle distance il reste à parcourir ?

[Voyageuse]

hrp : je recompte... ils en sont à 7 jours et 6 nuits, ils vont passer leur 7ème nuit. Normalement, en partant à l'heure habituelle, ils seront à la frontière d'Everaska demain en fin d'après-midi ; et il lui faut normalement bien 2 jours 1/2 pour revenir jusqu'aux montagnes... ce qui le ferait arriver une demi-journée trop tard. Il a intérêt à partir tous les jours à l'aube et à voler jusqu'au crépuscule sans se soucier des oasis... ou à espérer qu'il lui en voudra pas pour une demi-journée...
(tu as bien fait de m'obliger à recompter, j'avais oublié une journée dans mon compte de départ, je me croyais plus large...)

La réponse de Kasumi lui valut un sourire lumineux. La druidesse était, à l'évidence, soulagée.
Elle se déshabilla pour enfiler sa tunique de nuit sans s'inquiéter le moins du monde de sa présence, et s'enroula dans une couverture à même le sol dont la température était redevenue acceptable.
" Quand je parlais de confidences... je pensais à tes propres secrets ! Mais je ne voudrais pas être indiscrète, quand même, c'était à demi une boutade pour t'encourager plutôt à opter pour les cours de sculpture. J'aurais bien aimé... Enfin, cela dit, si c'est ce que tu préfères, tu peux me parler de ta famille, ou de ton clan, si je puis dire, en Haute Forêt... de ce que tu aimes le plus, de ce qui te fais le plus peur, bref, de tes secrets bien cachés que je ne dois pas répéter à Sylvia ! conclut-elle avec un clin d'oeil.

[Kasumi]

HRP : on n'avait pas dit 15 jours justement ?

Kasumi n'avait pas cherché à détourner le regard - ni d'ailleurs à se montrer particulièrement indiscret - quand Eärundra s'était changée. C'était presque devenu un élément naturel à dire vrai. Une habitude qu'il faudrait certainement se garder de faire perdurer quand Sylvia serait de nouveau présente. Et pourtant il n'en ressentait aucune culpabilité : entre la druidesse et lui, tout avait été dit et il ne demeurait donc plus guère d'ambiguïté. De son point de vue en tous cas.

- Mes petits secrets ? Hum, comme le fait que je suis censé purger une peine de deux semaines de prison à mon retour suite à un qui pro quo à propos de mon frère ? Ou alors que je n'avais rencontré aucune femme avant l'année dernière ? Hum... la sculpture donc ! Je peux te montrer les bases mais c'est aussi long à apprendre que la langue des bois.

[Voyageuse]

hrp : j'ai vérifié, tu as raison, on a dit une veille et demi. Là, s'il repart directement, il aura mis 11 jours pleins donc on est dans les clous largement... ah, il me semblait bien que j'avais prévu large au départ !

Eärundra ne put s'empêcher de rire en entendant ses confidences.
" L'histoire de la prison, ça m'intéresse... C'est au moins une histoire de barde ! Quant à ta vie intime, hum... tu as eu bien tort je pense ! Mais chacun son caractère après tout. Je regrette juste que ta grand-mère ait été absente durant vingt-cinq ans, sans quoi elle t'aurait sûrement amené dans les montagnes et j'aurais été ravie de rencontrer un séduisant demi-elfe comme toi ! Et à mon avis... tu n'aurais pas attendu si longtemps pour connaître tous ces doux plaisirs ! Quoique, il y a dix ans... j'étais encore prise... Mais il y a six ou sept ans ça aurait pu se faire !"
Elle se redressa à semi, la tête appuyée sur un coude.
" Bon, je peux peut-être t'apprendre quelques mots d'usage courant en sylvestre, bonjour, au revoir, merci... en échange des rudiments de sculpture !"

[Kasumi]

HRP : ça fera un peu de temps à tuer à la frontière

Kasumi s'amusa de la réponse de la druidesse qui ne manquait décidément pas une occasion de le titiller. Il lui adressa un clin d'œil avant de s'emparer d'un bout de bois de bonne taille qui n'avait pas encore brûlé.

- Pour l'histoire de la prison, c'est un peu délicat et je pense que Tilmandil m'en voudrait si je te révélais son grand secret. Et il ne manquerait pas de te révéler le mien en représailles. Disons simplement que ça c'est mal passé pour moi quand on m'a jeté en prison en pensant que j'étais lui. Un ivrogne m'y a manqué de respect et je lui ai flanqué une fessée. Les gardes ont jugé ma réaction excessive, crois-le ou non !

Le demi-elfe se déplaça ensuite pour s'installer juste à côté de l'elfe et lui tendit le bout de bois :

- Il n'y a vraiment qu'une méthode efficace pour apprendre. Mais si tu veux, je peux guider tes mains au début.

[Voyageuse]

Les yeux de l'elfe se mirent à briller.
" Avec plaisir, répliqua-t-elle d'un ton faussement langoureux, en prenant le bout de bois d'une main et en glissant l'autre innocemment dans celle de Kasumi. J'adore que tu guides mes gestes..."
Il la vit se pincer les lèvres pour ne pas rire, mais elle parvint à garder son sérieux... quelques instants, avant d'ajouter d'un ton innocent.
" Et si je fais une bêtise, j'ai droit à une fessée aussi ?"
Elle secoua la tête en riant.
" Désolée... j'ai voulu goûter à nouveau l'alcool des bédouins... j'aurais pas dû je crois... Il en reste, si tu veux !"

[Kasumi]

Les remarques à double sens de la druidesse ne manquèrent pas leur but de le faire rougir mais le rôdeur conserva son sérieux. Une partie du moins :

- Non ou alors juste une gorgée. Et j'espère bien qu'il en reste ! Mais je t'aurais cru plus curieuse d'apprendre mon grand secret ! Enfin, je ne suis pas certain qu'il y ait plus qu'une bonne histoire derrière cette histoire de dynastie royale de toutes façons... Donc, commençons ! Tu dois d'abord imaginer ce que le bois veut que tu y révèles. Oui, c'est le bois qui doit guider ta main. Enfin, le bois et moi. Peut-être quelque chose de facile pour commencer : comme ce serpent d'eau que nous avons défait dans les marais...

[Voyageuse]

" Ou bien un lion des montagnes en train de dormir ? Ou un aigle géant ? Ton bois, il ne m'évoque pas les marais... Il m'évoque la forêt. Donc des animaux de la forêt. Ou alors il m'évoque la montagne, les bons feu en plein hiver... D'où le lion ou l'aigle. Hum... désolée, je ne voulais pas casser ton inspiration !"
Elle rit joyeusement.
" Et pour ce qui est des secrets, c'est le truc des bardes de faire allusion à un grand secret pour capter l'attention, alors qu'ils n'ont pas l'intention de révéler quoi que ce soit... le meilleur moyen pour qu'ils en parlent est de faire semblant d'ignorer l'allusion ! Comme tu as vu ça marche très bien... Mais oublie ton histoire de dynastie royale, j'en sais probablement plus sur tes ancêtres que toi..."

[Kasumi]

"C'est même terriblement efficace mais j'ai l'impression que tu me considères comme un barde," répondit-il mais sans se démonter pour autant. Il guida la main de la druidesse pour l'inviter à écorner le bois sous un endroit où il se révéla noueux.

- Un lion couché... Oui, ça se tente ! Et il faut suivre ton inspiration du moment. Je crois que sa tête est ici. Et là la queue. On va commencer par là...

Il lui montra quelques techniques pour travailler doucement le bois jusqu'à lui donner vaguement la forme voulue.

- Tu es plutôt habile ! Et concernant cette dynastie, qu'est-ce qui te fait croire que je parlais de mes ancêtres ? Non, ce serait plutôt l'inverse !

[Voyageuse]

La druidesse était plutôt habile de ses doigts, et même si elle manquait de pratique, son oeuvre finit être reconnaissable. Le morceau de bois, tant bien que mal, prit une forme ressemblant nettement à celle d'un fauve allongé. On distinguait nettement les parties où Kasumi l'avait davantage aidée : elles paraissaient plus réelles, presque vivantes. La tête, en particulier, était très expressive. Mais même le reste était d'une qualité tout à fait acceptable.
" Bon, de quelle dynastie tu parles, alors ?" finit par questionner la druidesse en contemplant leur oeuvre avec un sourire rêveur.

[Kasumi]

Kasumi regarda aussi leur œuvre avec une admiration critique. Il tourna l’objet entre ses doigts pendant près d’une minute en faisant mine de n’avoir pas entendu la question mais son sourire montrait qu’il ne cherchait qu’à ménager son effet, comme tout bon conteur.

- Tu es vraiment douée ! Avec un peu de pratique régulière, tu deviendras très vite plus douée que moi. Tu as la fibre des artistes, ça se voit immédiatement.

Il fit semblant d’examiner encore un peu l’objet, toujours avec ses yeux rieurs avant de finalement répondre d’un ton mystérieux :

- Je parle de ma lignée d’elfes marins : celle que j’ai dû engendrer pour m’échapper de ma prison aquatique dans les Montagnes de Fer ! Bon, il y a toujours la possibilité que ça n’ait été qu’un rêve étrange mais il y a des légendes qui circulent maintenant parmi nos cousins des eaux.

[Voyageuse]

" Des elfes marins ? Sais-tu que je n'en ai jamais rencontré, fit l'elfe, rêveuse. On dit qu'ils ont la peau bleuté et qu'ils nagent aussi bien que des dauphins... Et donc, tu as eu une aventure avec une elfe aquatique ?"
Elle rit joyeusement.
" Petit cachottier ! Tu me laissais entendre que tu n'avais connu que deux femmes dans ta vie, mais tu ne cherchais qu'à dissimuler ta vie intime trépidante ! Bon, alors, raconte... elle était belle ? Et c'était une reine, puisque tu me parles de lignée royale ?"

[Kasumi]

Kasumi était à la fois amusé et satisfait d’avoir capté l’attention de la druidesse mais aussi quelque peu inquiet de se laisser aller à ces confidences dont il aurait peut-être à assumer les conséquences. Mais finalement, c’est le premier sentiment qui prédominait et cette histoire était plutôt innocente :

- Oui, elle était très belle exotique. Mais on ne peut pas dire que j’aie eu une aventure avec elle : j’étais plutôt buté et plein de principes à cette époque… Ne ris pas : plus que maintenant ! Bref, je devais donner un héritier à leur princesse car leur communauté ne comportait plus aucun mâle. Elle a donc essayé de me séduire mais ça n’a pas marché : je voulais rester fidèle à ma compagne. De guerre lasse, elle et sa mère ont utilisé un autre moyen pour parvenir à leur fin. Je t’en prie, ne raconte jamais ça à mon frère sinon j’en entendrai parler pendant des décennies !