[Lieu] Une route oubliée

[Hubert de Maleval]

Hubert le laissa dormir. Il était troublé par l'ambivalence de ses sentiments à l'égard de ce qui s'était produit. Il aurait voulu se réjouir pleinement, et il se réjouissait, oui, mais l'inquiétude était forte, imprévue, il prenait conscience de la complaisance avec laquelle il avait considéré leur association. Albérich avait eu besoin de lui, et ce besoin l'avait empêché de s'éloigner. Mais ce temps était révolu. Que ferait-il si le clerc décidait de rentrer à Luménis ? Imaginer des adieux ridicules en bordure de chemin lui donna le tournis.
Bien sûr, il y avait la communauté. Il pouvait s'y impliquer, il s'y était fait des amis, il y avait les enfants aussi, dont il devrait poursuivre l'instruction, la vie serait riche et belle et valable, évidemment. Mille fois.
J'aurais dû rester à Solarcis, songea-t-il. J'ai poursuivi des chimères.
L'alternative était de se déclarer. C'était quelque chose qu'il n'avait jamais fait. Il pouvait deviner la catastrophe que cela serait et il ne supporterait jamais de lire la répulsion sur le visage de son ami.
Non. Il devait profiter du temps qu'il leur restait, simplement. Et quand Albérich reprendrait la route de la capitale, il l'accompagnerait aussi loin que possible avant de faire demi-tour et de rentrer chez lui. Où que cela se trouve, désormais.

[Taliesin]

Le temps continua à s'écouler, avec une lenteur de plus en plus déprimante.
Sanglots, gémissements, ronflements des endormis.
Conversations et invectives des éveillés, selon qu'ils soient vainqueurs ou vaincus.
Enfin, le paladin perçut de la lumière dans le couloir septentrional.
Quelques instants plus tard, des éclaireurs en émergeaient, jetant sur la salle des regards stupéfaits.

[Hubert de Maleval]

Hubert se porta à leur rencontre, le sourire aux lèvres. Ils avaient fait beaucoup plus vite qu'il ne l'avait anticipé. Mais ils devaient être épuisés, eux aussi, d'avoir marché si longtemps, et donc peu susceptibles de relever les archers.
" Bienvenue à vous. Désolé pour l'accueil, mais tout le monde est épuisé et nous avons des invités... en surnombre, devrais-je dire."
Il chercha Ezéchiel des yeux.
" Le groupe est-il loin derrière ?"

[Taliesin]

On lui apprit que la colonne n'était qu'à quelques minutes en arrière et qu’Ézéchiel, en tant que dernier conseiller présent, avait dû rester avec elle. L'un des éclaireurs rebroussa alors chemin pour l'informer de la situation et lui demander de venir. Ce ne fut guère long.
-Bigre, qu'allons-nous faire de tous ça ? s'exclama-t-il en découvrant les captifs.
Il soupira, fit face à Hubert.
-Bon, apparemment, les choses se sont bien passées... A combien s'élèvent nos pertes ?

[Hubert de Maleval]

" En réalité, les choses ne se sont pas aussi bien passées qu'on pourrait le croire, murmura le paladin. Nous avons éliminé leurs guerriers rapidement, mais les shamans étaient cachés parmi les civils, et ces derniers ne sont pas tendres... Hum... disons que nous avons perdu trois hommes et que nous aurions aisément pu en perdre dix de plus. Dont moi, certainement. Et Edgar, d'après ce que j'ai compris."
Un sourire naquit sur son visage.
" Mais Lathandre nous a entendus... ou du moins, il a entendu Albérich. Nous avons gagné un clerc. Qui dort."

[Taliesin]

La stupéfaction du rôdeur alla crescendo tout au long de son discours et atteignit son paroxysme lorsque vint la révélation concernant Albérich.
-Et bien, il est... miraculeux que cela se soit produit juste à point nommé. Je suis heureux pour lui... et pour nous tous, car compter un clerc aussi puissant que lui dans nos rangs est un atou plus que certain.
Il sourit brièvement, reporta son attention sur les cannibales. Son regard se durcit.
-Tu es sûr que tu ne veux pas me laisser le commandement et aller dormir, toi aussi ?

[Hubert de Maleval]

" Non, je n'en ai pas besoin. Le sort qu'a utilisé Albérich pour me soigner m'a guéri de mes blessures et de ma fatigue. C'est comme si je n'avais pas combattu, comme si j'avais dormi... Physiquement, c'est comme si je n'étais debout que depuis quelques heures et je ne peux pas dire que j'ai fait grand chose de spectaculaire depuis... Je suis sans doute bien plus reposé que toi, en réalité. Par contre, tous les hommes sont épuisés. Si tes éclaireurs ont quelques ressources... Il faudrait les relever."
Il soupira.
" Je ne sais pas ce que nous allons faire de tous ces gens. Ils sont près de cent."

[Taliesin]

-Ah oui, quand même...
Il adopta une expression neutre.
-Tu es vraiment sûr que tu ne veux pas prendre un moment sinon pour te reposer, au moins pour te changer les idées ? On ne passe pas près de la mort sans en être éprouvé, et cela fait des heures que tu dois tout gérer... Ou alors, je ne sais pas, tu pourrais aller t'entretenir avec Barthélemy, demander des volontaires parmi les civils...

[Hubert de Maleval]

" Tu as raison, je vais aller voir Barthélémy... Peut-être pourra-t-il faire quelque chose pour Alban..."
Le gosse était toujours dans sa main, il ne devait pas l'oublier sous peine de le laisser tomber par mégarde. Puis il croisa le regard de l'éclaireur et se ravisa.
" Mais ça attendra. Ezéchiel, je devine ce que tu envisages et... je ne peux pas le cautionner. Je pense que je vais rester ici encore un moment. Quand Albérich sera réveillé, nous réunirons le conseil... et nous contacterons Etienne. Je suis navré."

[Taliesin]

-C'est moi qui suis navré, parce que je ne vois vraiment pas comment nous allons pouvoir gérer tant de prisonniers. Les gérer longtemps, de surcroit.
Soupir.
-Je pensais que si les choses se déroulaient en ton absence, sans que tu les aies cautionnées, cela passerait moins mal. Et j'avais l'intention de ne faire disparaître que les adultes, qui sont à jamais irrécupérables, qui représenteront toujours une menace et qui aspirent plus que tout à la mort : ils ont dû se battre jusqu'au bout pour tenter de l'obtenir. Mais... Soit.

[Hubert de Maleval]

" Je sais, murmura Hubert. Tu as raison, plus que raison, mais... à présent qu'ils sont prisonniers... Ah misère. Même Guillermo était malade de devoir massacrer ces civils ! C'est contraire à ma foi, je ne peux pas accepter qu'on assassine consciemment des gens... Je sais qu'ils sont pervertis. Je sais qu'ils sont irrécupérables. Sans doute devrions-nous le faire..."
Il hésita.
" J'ai sondé leurs auras, elles sont noires, noires, noires..."
Il pinça les lèvres.
" Et si nous les sortions dehors ? Si nous les armions, un à un ? Je les tuerais en combat singulier. Un contre un. Leurs âmes seraient apaisées et... je serais un boucher moins coupable."
Ce serait un simulacre, pourtant. Ils n'auraient aucune chance de l'emporter.

[Taliesin]

-Dieux, tant de détours pour parvenir au même résultat...
Il eut une moue pensive, finit par acquiescer comme pour lui-même.
-Mais sans doute es-tu dans le vrai. Sans doute la Communauté, avec ses principes, sa quête d'absolu, ne peut-elle... ne doit-elle pas s'abaisser à trop de pragmatisme. Nous allons y réfléchir et trouver une solution adéquate. La tienne n'est pas mauvaise, même si l'on pourrait se contenter de donner le choix aux adultes entre d'une part la captivité et une tentative de civilisation et de l'autre, la mort qu'ils appellent de leurs vœux... Dans tous les cas, cependant, il me paraît important... que tu demeures fidèle à tes convictions, à tes vœux. Il y a des gens, ici, qui peuvent se salir les mains sans se renier, si c'est pour la bonne cause.

[Hubert de Maleval]

" Le problème, c'est que mes voeux ne me permettent pas de fermer les yeux, Ezéchiel. Je ne peux pas juste tourner le dos... Je ne sais pas. En même temps, je me dis... peut-être devrions-nous leur appliquer la loi des autres Paludiers... Mais je sais ce que dirait Varamyr : égorgeons les tous avant qu'ils ne nous égorgent."
Il secoua la tête.
" J'imagine que mon supérieur, à la commanderie de Luménis, s'étonnerait de mes scrupules. Pourfendre le mal. Ces gens sont mauvais. Mais ils sont faibles, désarmés, fous... Il y a un pas que je répugne à franchir."

[Taliesin]

-Il aurait mieux valu les abattre sur le champ de bataille. Nous leur aurions apporté satisfaction, dans une certaine mesure. Et nous nous serions rendus service dans le même temps. Mais je comprends que ça n'ait pas été possible... Bref, maintenant, il va falloir faire avec. Néanmoins, je reste d'avis d'éliminer les plus dangereux, d'une manière ou d'une autre, quitte à y mettre les formes : s'ils en ont l'occasion, ils tuerons certains de nos compagnons, sans la moindre once de scrupule, sans faire aucune différence entre soldats et civils, forts et faibles...

[Hubert de Maleval]

" Je sais, dit Hubert, sombre. Nous aurions dû... mais il y avait tellement de gosses, Ezéchiel. Comment ne pas penser qu'ils ont simplement été mal... orientés... ? Et pourtant, je pense au fait qu'ils ont torturé des gens pendant des jours entiers, qu'ils ont tué et mangé..."
Il se souvint subitement qu'il avait toujours Alban dans la main, lequel devait écouter cette pénible conversation, et il s'empourpra.
" Nous en parlerons demain. Puis-je compter sur ta... retenue, pendant que je vais voir Barthélémy ?"

[Taliesin]

-Bien sûr, Hubert. je ne pourrais agir la conscience tranquille après notre conversation. Et honnêtement, je n'avais pas envie de le faire, ça m'a juste paru nécessaire.
Il secoua la tête.
-Pour le reste... Tu sais, je pense que personne ici ne te reprochera d'avoir épargné les plus jeunes. Que personne ne songera même à s'en débarrasser. Ce serait... Nous avilir. Et puis, ce ne sont pas vraiment des cannibales : d'après Varamyr, il y a une sorte de... rite de passage, vers l'adolescence, où on... se livre à ce genre de pratique pour la première fois.
Il grimaça, s'arracha un sourire.
-Bref, tu peux t'absenter l'esprit tranquille.

[Hubert de Maleval]

" Merci, mon ami. Je te promets que j'aborderai le problème pragmatiquement... demain."
Puis, sur un sourire contraint, il laissa l'éclaireur et ses hommes auprès des prisonniers et se mit en quête du clerc de Chauntéa, qui devait arriver bientôt avec le reste de la troupe. Il faudrait placer les colons loin des cannibales, mais la salle était vaste, et les heures passant, un semblant de calme commençait à s'installer.
" Avec un peu de chance, Barthélémy te rendra ta taille normale... Je ne sais pas s'il a lancé beaucoup de sorts, aujourd'hui... Croisons les doigts."

[Taliesin]

Il dut marcher moins de deux minutes : la colonne s'était immobilisée à peu de distance, peut-être sur les conseils du rôdeur. Barthélemy se tenait à sa tête, attendant manifestement de nouvelles informations. Avisant le paladin, il lui sourit, chaleureux.
-Content de te revoir en un seul morceau, Hubert. L'éclaireur qui est venu chercher Ézéchiel nous a dit que la victoire avait été nôtre... et que la Communauté avait fait de très nombreux prisonniers... N'ayant pas entendu parler de blessés grièvement atteints, j'ai préféré demeurer ici mais s'il y a besoin... J'ai tout ce qu'il fat en réserve.

[Hubert de Maleval]

" Je suis heureux de te revoir, moi aussi... En fait, j'ai surtout besoin, pour commencer, d'un sort de dissipation de la magie pour ce jeune homme, si tu as ça en réserve, dit-il en présentant Alban au vieux clerc. Le sceptre magique a décidé de lui offrir une nouvelle perspective sur les choses, mais je pense qu'il a vu ce qu'il y avait à voir..."

[Taliesin]

Le vieillard écarquilla les yeux... puis jeta un regard autour de lui.
-Avançons un peu, si tu veux bien. Ton écuyer n'a peut-être pas envie que tout le monde apprenne sa mésaventure.
Ils firent quelques pas dans le couloir, puis Barthélemy demanda à Hubert de déposer Alban à terre. Enfin, il incanta et, en un instant, le petit garçon retrouva sa taille normale.
-Merci, merci beaucoup... fit ce dernier après avoir poussé un profond soupir de soulagement.

[Hubert de Maleval]

" Tout est bien qui finit bien, en somme, dit le paladin en ébouriffant affectueusement les cheveux du petit garçon. Tu es resté digne tout au long de l'épreuve... Je pense que Ruth sera heureuse de te retrouver à ta juste grandeur."
Il se tourna ensuite vers Barthélémy.
" Nous avons effectivement prévalu, mais non sans mal... Je ne sais que dire. Nous ne les avions même pas réellement sous-estimés... Je crois que nous nous sommes sentis tenus d'agir... et nous étions peut-être trop peu nombreux. Bref, je ne devrais pas essayer de me justifier. Nous avons gagné. Nous ne déplorons que trois morts, et il n'y a plus de blessés graves, ni d'agonisants, ni même de blessés requérant tes services dans l'immédiat, car Albérich a trouvé que le moment était opportun de retrouver Lathandre."
Il sourit.
" Tu auras désormais un petit coup de main pour les pansements."

[Taliesin]

Le prêtre demeura un moment silencieux puis son visage s'illumina.
-Je n'ai jamais douté que cela finirait par arriver, mais... Je serais curieux de savoir ce qui a déclenché cela. Enfin, dans le fond, ça n'a aucune importance : son bonheur doit être immense et je suis sincèrement heureux pour lui. Il méritait une nouvelle aube.
Son sourire se teinta de malice.
-Bon, je l'accepte comme assistant. Mais que ce jeunot ne s'avise pas d'essayer de me mettre à la retraite, ou il lui en cuira.

[Hubert de Maleval]

" Je ne crois pas que ce soit son intention." dit le paladin en souriant.
Mais les paroles de Barthélémy le troublaient. Albérich avait retrouvé Lathandre pour lui sauver la vie. Sans doute était-il prêt, sans doute avait-il besoin d'un prétexte, mais... c'était néanmoins ce qui s'était produit, s'il avait correctement reconstruit les dernières heures. Blessé à mort, agonisant, regagnant la lumière, grâce aux retrouvailles entre le clerc et son dieu. Peut-être y avait-il quelque chose, là-dessous. Une déclaration qu'il aurait eu tort d'ignorer. Mais il regagna l'instant présent avant de s'emballer.
" Nous avons cela dit un autre problème, et de taille. De nombreux prisonniers. Cannibales et captifs de ceux-ci. Hostiles pour la plupart. Ce sont leurs civils. Beaucoup d'enfants. Les adultes sont pleins de haine. On me pousse déjà à les supprimer, mais je n'arrive pas à envisager cette possibilité. Albérich est en phase... lumineuse, fatalement. J'ai besoin de sagesse."

[Taliesin]

-Ah...
Il ferma les yeux.
-C'est une bonne chose d'avoir sauvé les enfants. Ce sont des graines qui sont tombées dans un mauvais sol mais, transplantées dans une terre adéquate, elles pourront s'épanouir et donner des plantes saines. Pour eux, il faut avoir foi en l'avenir, se dire que la Communauté, au moins dans un premier temps, est susceptible de leur offrir un nouveau départ, comme à nous tous. Quant aux adultes... Je le disais il y a peu à Albérich : parfois, il faut savoir sacrifier une branche malade pour qu'un arbre non seulement survive mais encore prospère. Il me semble donc déjà impératif de les séparer des plus jeunes. Pour le reste, je ne sais pas. Ils sont une menace, ils sera sans doute impossible de les ramener vers la lumière... Peut-être faut-il malgré tout leur laisser le choix. Et, le cas échéant, si c'est vraiment ce qu'ils souhaitent viscéralement, leur offrir une mort digne. On ne peut sauver des gens malgré eux.

[Hubert de Maleval]

" C'est un peu l'opinion d'Ezéchiel aussi. Et donc ce sera la mienne. Je pense qu'Albérich s'y pliera. Les officiers seront satisfaits. Mais ça ne résout pas le problème de la bande de sauvages en guenilles qu'ils avaient capturés et qu'ils ont exploités. Ceux-là ont l'air absolument hors du monde. Il faudra sans doute plus de temps avant de savoir qu'en faire. Je n'ai pas encore sondé leurs auras, je devrais commencer par là. Mais j'ai presque peur de ce que je vais découvrir... l'ombre de la folie."
Il soupira et se tourna vers Alban.
" Si tu allais rejoindre ta condisciple, jeune homme ? Ou alors déniche donc sa mère, pour la rassurer."

[Taliesin]

-Et en premier lieu, te trouver quelque chose à te mettre sur le dos, peut-être, renchérit Barthélemy. Tu vas attraper froid, comme ça.
-Il suit la mode que m'sire Albérich a lancé, fit une voix.
Ruth les rejoignit.
-Pardon de vous déranger, m'sire, mais... Je suis allée voir, pour les chevaux. Il y en a plusieurs qui sont dans un sale état.

[Hubert de Maleval]

" Je vais venir les soigner dans un instant."
Il se tourna vers Barthélémy.
" Il faut décider d'un lieu de bivouac pour la communauté. Il reste de la place dans la salle, mais il y règne... un certain désordre... il y a les odeurs, les cris... la vue... Bref, peut-être les gens seront-ils plus à l'aise s'ils restent ici... C'est plus étriqué mais moins spectaculaire. Demain, quand il fera jour, nous ressortirons les cannibales dehors, le temps que la colonie traverse la salle et continue sa route. Mais il me faut quand même une vingtaine de volontaires pour remplacer les soldats à la surveillance. Il faut des gens avec l'estomac bien accroché. Je sais que la plupart des gens ont vu des horreurs... mais j'aime autant qu'ils soient prévenus. Un sang-froid à toute épreuve sera bienvenu."

[Taliesin]

Ruth, qui avait déjà jeté son manteau sur les épaules d'Alban, entraînait ce dernier en direction de la colonne : mine de rien, elle devait avoir hâte de retrouver sa mère.
-Tu as raison, je vais demander à nos compagnons de camper ici, c'est la meilleure solution. Et je vais circuler entre les groupes pour recruter des... surveillants. Je pense que je peux t'en trouver qui feront parfaitement l'affaire. Je te les envoie dès que possible. Et si tu as besoin de moi, à un moment ou à un autre, je serai dans les parages.

[Hubert de Maleval]

" Merci. A plus tard." dit le paladin.
Puis, sans attendre, il retourna vers la grande salle et ses chevaux blessés. Il débordait encore d'énergie curative, autant ne pas la gaspiller, d'autant que leurs chevaux étaient des auxiliaires indispensables. Ensuite, il irait retrouver Ezéchiel pour poursuivre à ses côtés cette longue nuit inquiétante. Une fois la relève arrivée et les colons en place, il remonterait peut-être faire un tour à l'extérieur pour faire un premier état des lieux de ce qui se trouvait dans les chariots des cannibales... Leurs chariots, en réalité.

[Taliesin]

Les volontaires recrutés par Barthélemy arrivèrent alors qu'il terminait de soigner les chevaux. Ils prirent position autour des cannibales, dont la plupart était désormais endormis, et leur arrivée fut accueillie avec soulagement par les archers qui, sans tarder, allèrent se coucher. Ézéchiel accepta sans rechigner de continuer à superviser les lieux, l'assurant au passage, une nouvelle fois, que rien de fâcheux ne se produirait en son absence. Le paladin put donc gagner l'extérieur puis se rapprocher des chariots. Ils contenaient en premier lieu des vivres : s'il vaudrait sans doute mieux ne pas toucher à la viande séchée, il y avait malgré tout là de quoi sensiblement augmenter les réserves de la Communauté. Pour le reste, il vit des armes et des armures, des toiles de tente, des couvertures ainsi que quelques effets personnels ayant appartenu aux colons. Cependant, l'essentiel de leurs affaires devait encore se trouver au campement barbare, près des deux forts à présent désertés.