[Lieu] Une cité perdue

[Taliesin]

-La forteresse est bâtie sur un éperon rocheux : si ça se trouve, les mines sont juste sous nos pieds, et j'imagine que c'est par là qu’Étienne a commencé ses recherches. Après, il y a d'autres élévation de terrain, en ville... A l'extérieur, en revanche, je ne suis pas allé voir... Mais en tout cas, d'accord, on embauchera Ruth si ça l'intéresse.
Gabriel, pour sa part, rit de bon cœur en entendant la suggestion d'Hubert.
-Guillermo n'est pas aussi dur qu'on pourrait le croire, mais je le vois quand même mal jouer les gardes d'enfants. D'autant qu'Albérich songeait déjà à lui demander de s'occuper des trois plus atteints... Mais très bien, je comprends que cette tâche ne te tente en rien. Je verrai avec Ted, qui s'en sort généralement bien avec les gosses. Voire avec Giovanni...
-Hein ?? Quoi ??? Jamais de la vie ! Allez, les petits, passe encore, ils ont l'air sympas. Mais les autres... Pouilleux, crasseux, revêches... Brrrrr, tu veux ma mort ou quoi ?

[Galathée]

" Ted, excellente suggestion." dit simplement Hubert.
Albérich lui sourit doucement, conscient que le rappel de sa chute en plein assaut ne le réjouissait pas.
" Il va falloir que nous constituions une petite équipe volontaire, motivée et surtout stable pour prendre ces enfants en charge, Gabriel. As-tu des personnes à suggérer, toi qui connais les gens un peu mieux que moi ? Je crois que les instituteurs ont déjà beaucoup de travail avec nos enfants et si en plus, ils doivent intégrer les petits... Je ne me vois pas les solliciter pour les quarante qui nous restent."

[Taliesin]

Le clerc secoua la tête.
-Malheureusement, hormis Ted, je n'ai pas d'idée. Nos bardes ne m'ont pas l'air très motivés, et les parents... ce n'est pas parce qu'ils ont des enfants qu'ils ont forcément envie d'en gérer des groupes entiers... Sans doute faudra-t-il lancer un appel à volontaires. Et si Hubert en est d'accord, je pense que ce serait bien de continuer à impliquer ses écuyers et leurs amis. Ils s'en sont bien tirés avec les petits, et je suis convaincu que nos propres gosses constituent le meilleur intermédiaire par lequel intégrer nos invités.

[Galathée]

" Je n'y vois pas d'inconvénient, dit le paladin. Du moment que je peux conserver une heure ou deux avec eux, chaque jour, pour les entraîner, autant qu'ils se rendent utiles... Je sais que ça leur tient à coeur."
Albérich acquiesça.
" Bon, nous lancerons donc un appel à volontaires. Je ne veux pas que les enfants de la communauté soient exposés à la hargne des plus âgés. J'imagine que de toute façon, le conseil devra tôt ou tard faire une déclaration officielle. Pour l'instant, l'information circule par des canaux multiples, mais c'est ainsi qu'elle est transformée et donne naissance à la rumeur. Nous devons communiquer sur plusieurs sujets... et les gens ne peuvent pas rester oisifs. C'est dans ce sens que j'imaginais que certains pourraient aider avec les gosses cannibales, tant que leurs activités habituelles sont impossibles. Notre système suppose que chacun fasse sa part, pour l'instant. Je ne sais pas ce que la communauté avait imaginé pour la suite... Sans doute une structure plus conventionnelle."

[Taliesin]

-Oulà, mais c'est un vrai Conseil parallèle que nous sommes en train de tenir ! Étienne et Ézéchiel vont être ravis quand ils sauront que vous nous préférez à eux... Hum, mais effectivement, une fois le trajet terminé, nous avions pensé mettre en place les structures d'une vraie cité...
-Je suis d'accord avec toi, Albérich : il faut que chacun fasse sa part du travail. Cependant, les tâches sont multiples, et celle qui touche à nos invités est très particulière : si on veut la mener à bien, elle requiert des gens vraiment motivés, vraiment bienveillants, des gens qui n'auront pas peur de s'investir et ne craindront pas les écueils...

[Galathée]

" Je suis d'accord, Gabriel. Nous en parlerons en conseil ce soir, et ferons un appel, si Ezéchiel et Etienne sont de notre avis."
Il sourit à Giovanni.
" Et nous improviserons pour cet après-midi. Si Ted veut bien nous aider, ce sera un bon début. Pour le reste... Il va falloir rappeler aux enfants que les petits barbares restent consignés dans leurs appartements de fortune. Si des colons se sentent d'en accueillir l'un ou l'autre, il faudra qu'ils se manifestent. Nous dirons peut-être un mot en ce sens tout à l'heure. Là encore, je ne veux pas m'avancer sans en référer aux autres."
Il se tourna vers Hubert.
" J'imagine qu'il en sera de même pour le grand déménagement : nous devons en parler en conseil avant de laisser les gens investir la forteresse. Ne fut-ce que pour organiser un peu les choses... Il doit y avoir des appartements plus ou moins grands, des endroits avec ou sans porte, des vues sur ceci ou cela... Ton plan sera très utile, Giovanni... et ça promet de grands palabres..."

[Taliesin]

-Honnêtement, je n'en suis pas si sûr : il y a tellement de pièces que chacun devrait trouver chaussure à son pied sans devoir débattre des heures avec les autres... Mais nous verrons bien. En attendant, si tu le souhaites, je peux réaliser des doubles des plans...
Gabriel hésita puis se lança.
-Pour les petits, ne penses-tu pas que nous pourrions leur trouver une pièce plus proche ? Certaines ont des portes ici aussi... Et comme cela, il serait plus simple de leur rendre visite...

[Galathée]

" S'il y a un endroit adapté, pourquoi pas ? dit Albérich. Je veux juste que nous restions vigilants. Je sais qu'ils se montrent plutôt dociles, mais nous ne devons pas oublier d'où ils viennent... Deux jours, ça me semble court. Imagine la catastrophe que cela causerait si l'un d'entre eux devait abuser de notre confiance... Enfin bref. Je parle dans le vide. S'il y a une porte, si la pièce est assez grande et en même temps sûre... Pas de soucis. Déplaçons-les, bonne idée."
Il pinça les lèvres et regarda le jeune clerc.
" Je vais être franc, moi aussi. Gabriel, te sens-tu de chapeauter ce projet dans son ensemble ? J'ai pris la matinée, aujourd'hui, mais je doute que mes prérogatives me permettent d'être constamment sur la brèche en ce qui les concerne. Je resterais bien sûr dans le... groupe de pilotage... mais tu serais le référent... le responsable, même. Il me semble que c'est une mission... plutôt digne d'un Lathandrite.
— Si tu ne lui promets pas qu'il pourra aller courir les ruines avec Etienne, il n'acceptera jamais, remarqua Hubert.
— Ça ne voudrait bien sûr pas dire que tu devrais être jour et nuit à leurs côtés... C'est davantage... un poste de supervision."

[Taliesin]

Le clerc marqua une hésitation.
-Hum... Je pensais qu'un peu de stabilité leur serait profitable, et vu que c'est surtout toi qui leur a parlé, pour l'instant... Mais c'est sûr que si tu ne te sens pas de continuer, il ne faut pas insister... Alors oui, je peux superviser cela. Du moment que j'ai quand même du temps pour d'autres activités. Et du moment que tu ne me laisses pas immédiatement tomber, parce que, honnêtement, on n'a même pas encore constitué d'équipe...

[Galathée]

" Ecoute, disons que je prendrai les matinées pendant une dizaine de jours... Nous travaillerons ensemble. Tu as raison que je ne peux pas laisser tomber. Mais il faut que je puisse compter sur quelqu'un d'autre pour les après-midis, tant que je n'ai pas trouvé d'intendant, et tant que Marthe n'est pas rentrée. Quand elle sera là, nous verrons comment les choses se répartiront. Il n'est pas interdit de penser que je quitterai mon poste au conseil et j'aurai alors plus de temps. Ou qu'au contraire, d'autres personnes se seront trouvé des affinités avec les enfants... Je crois qu'il n'est de toute façon pas très bon qu'ils n'aient qu'un interlocuteur. Ce n'est pas à moi qu'ils doivent apprendre à faire confiance, mais à toute la communauté. Si je suis le seul adulte à leur parler, je vais devenir l'exception qui confirme la règle. Ce serait contre-productif."
Il sourit, se rassit dans son siège.
" Nous trouverons une bonne équipe. D'ici là, nous ferons au mieux."

[Taliesin]

-Je vous souhaite bon courage d'avance, fit Giovanni, gentiment moqueur. Je serais presque tenté de venir voir comment vous vous en sortez, parce que ça promet d'être amusant, mais vous seriez capable de me recruter de force. Et puis, j'ai des tâches importantes à mener !
Gabriel lui tira la langue avant de refaire face à Albérich.
-Tu veux qu'on s'occupe du groupe suivant dès qu'on aura terminé de manger, ou tu préfères que j'aille d'abord discuter avec Ted et chercher une nouvelle salle pour les petits ?

[Galathée]

" Je préfère tout ça, oui. J'ai encore besoin de me requinquer..."
Apparemment, Gabriel avait ignoré sa proposition de ne rester avec les enfants que le matin, mais il ne pouvait pas le blâmer. C'était une grosse épine qu'ils avaient dans le pied et il aurait été injuste d'en charger le jeune clerc à lui seul. Il ne s'était pas non plus engagé pour devenir garde d'enfants. Il restait, cependant, que Lathandre ne pouvait que leur sourire. Ils oeuvraient pour ramener la lumière dans de jeunes coeurs blessés. C'était une noble entreprise.
" Que vas-tu faire cet après-midi, toi ?
— Je vais essayer d'organiser un semblant de garde. Et je veux parler à mon état-major... Ce genre de choses. Il faut que j'entraîne mes écuyers, aussi, s'ils ont, sait-on jamais, le temps..."

[Taliesin]

-Sans doute aurons-nous besoin d'eux pour nous aider avec les groupes, à moins que nous ne décidions de faire autrement... Dans tous les cas, il est primordial qu'ils passent du temps avec toi et, simplement, qu'ils aient des moments pour se distraire. N'aies donc aucune crainte : nous n'allons pas les exploiter et les monopoliser.
-Mais je veux Ruth comme assistante pour la recherche du trésor...

[Galathée]

" Arrangez-vous entre vous ! s'exclama Hubert. Je les veux de retour dans la grande salle deux heures avant le repas du soir, et ça sera bien comme ça."
Albérich sourit et se retourna vers Gabriel.
" Bon. Dès que tu as parlé à Ted, fais-moi signe, et nous retournerons affronter les fauves.
— Les fauves. C'est du joli.
— C'est de l'humour de fossoyeur. C'est nécessaire à la santé mentale."

[Taliesin]

Giovanni éclata de rire.
-Tu as à peine passé une matinée avec eux et tu es déjà à bout ? Aaaah, je me sens moins seul !
Gabriel, lui, ne riait pas du tout.
-Écouté, Albérich, laisse-moi donc gérer les invités. Tu es plein de bonnes volonté mais... Ça se voit comme le nez au milieu de la figure que ce n'est pas le genre de tâche que tu apprécies. Comme le dit Giovanni, tu ne leur as consacré encore que quatre ou cinq heures, et tu es déjà las et éprouvé, tu m'as déjà demandé de te remplacer pour tout avant de concéder un partage des rôles... Or, l'intégration de ces enfants réclame des gens dévoués que cette mission ne rebute nullement...
Il se leva, sourit.
-Moi, ça me va assez, alors... j'y retourne. Je te tiendrai au courant de la manière dont les choses se passent et je prendrai tes consignes. Pour le reste, je gère.
Et il s'éloigna.

[Galathée]

" Je reviens." dit Albérich.
Il se leva et rattrapa rapidement le jeune clerc.
" Ecoute, Gabriel, je ne veux pas que tu te méprennes... J'espère que tu ne me juges pas durement parce que j'ai utilisé le mot fauve, avec des amis, pendant une pause que j'estime méritée. J'ai passé toute la matinée avec ces enfants. J'ai parlé avec eux, dans leur langue, et j'ai peut-être mieux que toi mesuré l'ampleur du défi qui nous attend. N'as-tu jamais plaisanté d'une chose grave, pour la dédramatiser ?"
Peut-être pas. Le prêtre était jeune et entier. Mais Albérich ne le pensait pas dénué de finesse.
" Préviens-moi quand tu as vu Ted, et je descendrai avec toi."

[Taliesin]

Le Lathandrite se fit sérieux.
-D'abord, je ne te juge pas, ni pour cette plaisanterie - j'en fais des pires -, ni pour quoi que ce soit : ça n'est pas mon genre. Ensuite... Il n'y a pas cinq minutes, tu m'as demandé de tout prendre en charge, et il est flagrant que cette mission te pèse et te décourage. Enfin, j'ai également passé la matinée à leurs côtés, ainsi que toute la nuit précédente, à essayer de consoler les petits, à séparer les plus grands qui se bagarraient... Et je ne suis même pas déprimé à l'idée de remettre le couvert !
Il lui sourit, amical.
-Albérich, nous sommes peu nombreux et les tâches multiples : il me paraît donc logique que soient affectées à chacune d'entre elles les personnes les plus motivées. Or, je suis motivé : gérer des mômes, quels qu'ils soient, ça ne m'a jamais posé problème. J'étais l'un des rares, dans mon temple, à envisager de succéder au responsable des novices, et c'est peut-être l'unique raison pour laquelle mes supérieurs me regrettent. Bref, m'occuper de nos jeunes invités ne me pèsera pas, j'ai été idiot de refuser ta proposition, tout à l'heure, et je corrige donc cette erreur. De ton côté... Tu as déjà mille choses à faire, et les journées ne durent que vingt-quatre heures.

[Galathée]

Albérich soupira.
" Très bien. Si tu le sens, ainsi soit-il. Mais je veux que tu m'en parles si tu arrives au bout de ta corde. Ces gosses ne sont pas des novices, Gabriel. Il y a un monde entre s'occuper d'enfants qui ont choisi d'emprunter une voie et des petits prisonniers récalcitrants. Mais je te fais confiance. Comme je l'ai dit tout à l'heure, je continuerai de passer deux ou trois heures avec vous le matin. Pour le reste, nous ferons un appel ce soir, et si tu veux, nous examinerons les candidatures ensuite."
Si le clerc n'avait rien à ajouter, il retournerait à table, discuter plans avec Giovanni.

[Taliesin]

Gabriel n'ajouta rien, se contentant d'acquiescer et de lui taper sur l'épaule avant de tourner les talons. Le Luménien put donc retourner à sa place. Giovanni, qui terminait de manger sans se presser, réitéra sa proposition de faire des copies des plans réalisés le matin même : dessiner étant son activité principale, cela ne l'ennuyait pas, quoique des cartes n'aient pas grand chose en commun avec les fresques qu'il peignait d'ordinaire... L'opération lui prendrait sans doute une partie de l'après-midi, mais elle serait assurément utile.

[Galathée]

" Dès que tu as une copie, je commencerai à imaginer un plan de répartition... Il faut installer la forge, les classes, le dispensaire... A présent que nous avons de la place, rationnaliser tout ça un minimum et pérenniser l'occupation des différentes salles me semble opportun."
Il se tourna vers Hubert.
" J'imagine aussi que tu voudras que les soldats et les membres de l'état-major soient installés de manière logique dans la forteresse.
— Il faudra en tout cas que je sache qui se trouve où, a minima. Mais oui. C'est toujours mieux si les gens savent être sur la brèche rapidement. Vu l'espace, ça ne devrait pas poser de problèmes.
— Nous devrons aussi placer l'armurerie, les différents postes d'intendance, la bibliothèque... Un atelier, peut-être, pour les couturières... et pour Giovanni ?"

[Taliesin]

Le barde haussa les épaules.
-Ce n'est pas indispensable. Je n'ai plus eu d'atelier depuis des années. Depuis, en fait, que je vais de ville en ville, de temple en temple... En général, j'installe mon matériel dans la salle qu'on souhaite me voir décorer. Bon, après, si vous trouvez une pièce lumineuse, agréable et préservée des courants d'air, une pièce où mes modèles se sentiraient à l'aise, je ne dirais pas non. Néanmoins, c'est assez accessoire, alors ne te mets pas martel en tête pour ça.

[Galathée]

Albérich sourit.
" J'en déduis que tu n'as rien vu à ton goût pendant tes pérégrinations matinales."
Il haussa les épaules.
" Tu as toujours la liberté de changer d'avis, si tu déniches un endroit qui te plait. J'imagine qu'en attendant, tu pourras stocker ton matériel dans ta chambre."
Hubert avait terminé son assiette et il rassembla la vaisselle de ses voisins.
" Bon. Je vais m'y mettre, personnellement. Si tu as besoin de mon avis pour l'installation de certaines choses...
— Je compte juste faire un projet, à discuter au conseil ce soir.
— Très bien. Mais n'hésite pas.
— Je n'hésiterai pas."
Le paladin emporta leurs affaires vers l'intendance. Il avait ensuite l'intention de dénicher Edgar.

[Taliesin]

Un soldat l'informa que l'ancien sergent avait passé sa matinée à explorer les lieux et que, peut-être une conséquence de la déformation professionnelle, il était désormais positionné sur le rempart sud, au-dessus des portes de la forteresse. Le paladin l'y rejoignit donc, découvrant au passage les lourds battants d'airain flanqués de deux tours. Sur le chemin de ronde, il eut également un aperçu du sentier qui, longeant le flanc de l'éminence, descendait vers la ville. Des assaillants souhaitant l'emprunter seraient terriblement exposés aux tirs des défenseurs...
-Bonjour, mon capitaine, fit Edgar, cordial.

[Hubert de Maleval]

" Bonjour Edgar." dit Hubert.
L'ancien sergent était exactement à l'endroit où Hubert espérait le trouver. Il décida de ne pas tergiverser.
" Edgar, la cité va avoir besoin d'une garde urbaine... affectée à la surveillance de son intégrité, mais aussi à l'ordre à l'intérieur des murs... Je ne t'apprends rien, tu as travaillé dans ce domaine, dans la Trouée. Que dirais-tu de devenir capitaine de cette garde ?"

[Taliesin]

L'intéressé rit.
-Je dirais que cette perspective me donne tellement le vertige que je me demande si je ne vais pas basculer par-dessus le rempart, là, maintenant, tout de suite !
Il retrouva son sérieux.
-Honnêtement, mon capitaine, c'est le genre de truc qui me paralyserait complètement : je peux faire un pas trop mauvais sous-officier, très éventuellement un second passable, mais alors commander, prendre des décisions... Hum hum. Il vaudrait mieux proposer cela à un chevalier ou à Mathias, qui a déjà été capitaine d'une garde, lui...

[Hubert de Maleval]

" C'est dommage, dit Hubert avec un calme sourire. Je pense que tu ferais un excellent capitaine de la garde. Mais peut-être cela viendra-t-il plus tard, qui sait... Tu as encore du temps devant toi, et je n'ai nulle envie de te donner des cauchemars. Pour le reste, je ne suis pas certain que ce soit un rôle qui convienne bien à un chevalier. Ce n'est pas assez héroïque..."
Il haussa les épaules.
" Bon, je vais aller en parler avec Mathias, alors. Penses-tu que tu pourras servir sous ses ordres ? Jusqu'ici, vous avez toujours été du même niveau hiérarchique... et puis je parle, et en fait, je ne connais pas tes aspirations. Peut-être avais-tu une toute autre envie, pour la suite ?"

[Taliesin]

-Oui : apprendre à écrire des poèmes et des chansons pour qu'une certaine institutrice me regarde d'un œil nouveau... Mais en réalité, je n'y songe vraiment que quand j'ai un petit coup dans le nez.
Il sourit.
-En fait, j'aimerais surtout me rendre utile et le meilleur moyen pour cela, c'est faire ce que je sais faire : exercer les fonctions de sous-officier. Pour le reste, je n'ai pas d'ambitions particulières, obéir ne me gêne pas - j'y suis formé -, et du moment que mon supérieur est un brave type, ce qui est le cas de Mathias, je suis le plus heureux des hommes.

[Hubert de Maleval]

Hubert sourit en entendant mentionner l'institutrice. Il se demanda laquelle des deux avait séduit le sergent. Difficile à dire : il n'avait pas été assez attentif, mais il se promit d'avoir l'oeil, à l'avenir. A présent qu'ils s'étaient posés, que le futur leur ouvrait les bras, sans doute les colons en reviendraient-ils à des élans fondamentaux comme celui-là. Mais le paladin ne voulait pas se montrer indiscret... Il attendrait, effectivement, qu'Edgar ait un verre dans le nez.
" Mais même en étant sous-officier, il y a différents registres à envisager. Nous allons probablement devoir développer en parallèle une milice urbaine, un équipe pour patrouiller et sécuriser les campagnes et notre route, et enfin une armée régulière. Tu peux avoir des inclinations pour l'un ou l'autre registre..."

[Taliesin]

-Oulà, pour faire tout ça, on va avoir sacrément besoin de renforts... répondit l'ancien sergent. Mais j'imagine que si nous poursuivons sur notre lancée, que si nous réussissons à nous implanter durablement, il y aura du monde pour nous rejoindre : ce n'est quand même pas rien, cette cité ! Enfin, pour en revenir à des considérations plus immédiates, la milice urbaine m'irait bien. Toutefois, je doute qu'elle soit très utile dans les semaines qui viennent : je vois mal nos compagnons se mettre à se taper dessus, à se voler les uns les autres... Alors j'irai là où je serai le plus utile, que ce soit pour faire le guet ici ou explorer la cité...

[Hubert de Maleval]

" Je pense que la milice urbaine sera d'abord utile pour patrouiller les remparts, effectivement... Nous verrons pour le reste en temps et en heure. Mais je pense qu'Ezéchiel va s'occuper de constituer une équipe pour la route assez rapidement. Enfin. Je vais aller voir Mathias. Merci pour ton aide et à plus tard."
Hubert quitta donc l'ancien sergent et se mit en quête du bras droit de Louis. Il était un peu déçu qu'Edgar ne veuille pas en profiter pour accéder à davantage de responsabilités, mais l'Edhoran était le mieux placé pour savoir ce dont il était capable, et le paladin savait qu'être à une place qu'on percevait comme illégitime générait souvent beaucoup de stress.