[Lieu] Une cité perdue

[Taliesin]

Le paladin n'eut pas à se plaindre : ses officiers se lancèrent très vite dans un agréable badinage, discutant du déménagement de la veille, de leurs nouveaux quartiers respectifs, de la décoration du château, le tout en déjeunant sans se presser - le travail viendrait bien assez tôt, et quelques minutes de détente supplémentaire ne pouvaient pas faire de mal.
Les portes finirent toutefois par s'ouvrir. Non sur un Sunite, mais sur un Lathandrite, qui se dirigea droit vers le conseiller à la défense.
-Désolé de te déranger, Hubert, mais... Est-ce que je pourrais te dire un mot ?

[Hubert de Maleval]

" Bien sûr." dit le paladin en se levant.
Il salua ses officiers et leur donna rendez-vous dans la salle d'état-major, leur donnant des indications générales, puis suivit le jeune clerc à l'écart. Le gosse barbare n'avait pas perdu de temps, mais c'était finalement mieux. L'incertitude l'aurait rongé toute la journée : autant en finir rapidement, désormais. Avec un peu de chance, la rumeur s'arrêterait à Gabriel.

[Taliesin]

-Comme d'habitude, sitôt mon petit-déjeuner avalé, je suis allé apporter le leur à ceux de nos invités qui logent dans les caves, commença Gabriel quand ils se furent immobilisés. D'accord, ce sont les plus difficiles, mais déjà qu'ils vivent dans les pires conditions d'hébergement, si en plus on tarde à les nourrir... Enfin bref, je m'égare. Je suis donc allé leur apporter de quoi manger, et l'un d'entre eux m'a dit que tu lui avais rendu visite, cette nuit.
Il prit un air embarrassé.
-Évidemment, je n'ai pas cru un traître mot de ses allégations, mais... Hubert, Albérich m'a confié la responsabilité de ces gosses, et j'essaie de tout mettre en œuvre pour qu'ils aient une chance de s'intégrer à la Communauté. Et ça n'est pas facile, crois-moi... Alors voilà, la prochaine fois que tu voudras interagir avec eux, surtout avec ces trois-là... Est-ce que tu pourrais d'abord venir m'en parler ? Ne crois pas que je sois territorial... Simplement, ils sont tellement atteints que... Chacun de nos échanges avec eux peut avoir un grand impact.

[Hubert de Maleval]

" Je sais, et je suis désolé, dit Hubert en s'empourprant. J'ai commis une erreur de jugement et... j'aurais sans doute dû venir t'en parler tout de suite, plutôt que d'attendre qu'il le fasse... Il était fort tard, et je voulais lui poser des questions, je me suis un peu emporté... comme je peux le faire... Bref. Je suis désolé. J'espère que je n'ai pas compromis quelque chose."

[Taliesin]

Le clerc secoua la tête.
-Non non. Pour être honnête, on n'a pas commencé grand chose, avec eux : à part manger, ils refusent de faire quoi que ce soit, même se laver, c'est te dire. Je suis simplement venu te parler de ça parce que j'essaie de mettre un cadre en place : si nous prenons d'emblée les bonnes habitudes, cela évitera des difficultés dans le futur... Bref, ne t'en fais pas.
Il sourit.
-N'empêche : je constate que tu es pire tête brûlée que moi. Non que j'en doutais, mais désormais, si tu me fais des reproches quant à mon impétuosité, j'aurais quelques faits à te rappeler !

[Hubert de Maleval]

" Je n'oserai plus rien te dire, désormais, dit Hubert avec un léger sourire. Et je te promets de faire très attention dans mes interactions avec ces enfants. Je sais que c'est un travail louable et ingrat dans lequel vous vous êtes lancés... Mon dernier souhait est de vous compliquer la tâche, crois-le bien."
Il jeta un coup d'oeil derrière son épaule puis revint au jeune clerc.
" Ce qui me fait penser... Si un jour, tu peux te dégager pour sortir un peu de la forteresse... Nous allons élargir les opérations d'exploration. Je sais que tu as déjà un peu roulé ta bosse dans la cité mais... n'hésite pas à te manifester. Les morts-vivants, c'est aussi ton créneau."

[Taliesin]

Le Lathandrite soupira.
-Ça me dirait bien. Malheureusement, je crains que ça ne doive attendre que nous ayons constitué une équipe pour les invités. Dans l'immédiat, nous ne sommes qu'une poignée et il vaut mieux que je supervise en permanence... Mais nous recevrons certainement sous peu le concours de volontaires.
Il sourit.
-D'ici là, je compte sur vous pour ne pas nettoyer toute la cité. Albérich et toi êtes tellement puissants que vous pourriez éliminer l'ensemble des morts-vivants rien qu'à vous deux. Mais ce serait chouette si vous pensiez aux copains.

[Hubert de Maleval]

" Même avec notre puissance, et tu la surestimes, si tu te souviens d'un certain tertre, il nous faudrait dix ans pour nettoyer cette ville, dit Hubert avec un haussement d'épaules. Ne t'en fais pas : il y aura toujours des morts-vivants pour toi. Mais je pense que tu dois oser laisser ces enfants une demi-journée... Enfin. A toi d'aviser."
Il fit un pas en arrière.
" Encore désolé pour... l'épisode de la nuit. Je te souhaite une bonne journée."

[Taliesin]

-Allons, ne sois pas désolé. Et si tu souhaites lui reparler, aucun souci : préviens moi juste avant d'y aller.
Son sourire se fit espiègle.
-Je te souhaite bon amusement !
Lorsque le paladin revint dans la cantine, tous ses officiers avaient disparu. Sans doute l'attendaient-ils déjà dans la salle d'état-major, pour une réunion qui s'annonçait plus symbolique qu'autre chose.
Mais les symboles ont leur importance.

[Hubert de Maleval]

Hubert chercha Albérich du regard, mais le Luménien avait déjà disparu, lui aussi. Sans doute était-il parti rejoindre les enfants barbares, comme il en avait l'intention. Le paladin regretta de ne pas lui avoir parlé de l'incident nocturne, mais il était trop tard. Il espérait que s'il en entendait parler, il n'en tirerait pas de conclusions, dans aucun sens.
Il se dirigea donc vers la salle qu'il avait choisie pour la réunion, espérant que les officiers l'auraient dénichée. Ensuite, il serait temps de franchir les portes avec un groupe de récupérateurs, pour découvrir enfin Clairétoile — ou plutôt la cité sans nom — dans les rues.

[Taliesin]

Ses officiers étaient tous présents : Edgar, Étienne, Gaspard, Mathias et même Guillermo, qu'on avait trouvé le moyen de prévenir à temps. Lorsque le paladin pénétra dans la salle, ils discutaient tranquillement ou furetaient de-ci, de-là, observant sculpture et mosaïques, le tout dans une ambiance très détendue. Néanmoins, le sérieux apparut en même temps que leur supérieur et, sans tarder, ils prirent place autour de la table que l'intendance avait pris soin d'installer.

[Hubert de Maleval]

" Merci à tous d'être là. Ce ne sera pas long, pas aujourd'hui parce que je vous prends un peu au dépourvu, mais en réalité, nous avons beaucoup de choses à discuter... ou peut-être à réfléchir, avant de discuter. Nous avons adopté une organisation très simple pendant le voyage depuis Grand Estuaire, avec d'un côté les forces armées, de l'autre les éclaireurs, et cette structure nous a bien servi dans les circonstances qui étaient les nôtres. Aujourd'hui, nous sommes dans une période de transition. Une partie du conseil est encore loin, nous avons la chance de pouvoir encore compter sur les mercenaires, nous vivons dans le cadre protégé et restreint de la forteresse... Mais ces choses sont appelées à changer dans les veilles à venir. Tôt ou tard, il faudra structurer autrement nos forces, recruter davantage, distribuer les rôles... Créer une milice urbaine. Avoir une force tournée vers l'extérieur. Peut-être un corps spécialisé dans la traque et l'élimination des monstres. Un groupe pour patrouiller sur la route voire escorter les voyageurs. Ce sont des choses à réfléchir, et c'est nous qui devons le faire. J'ai déjà parlé à Edgar... à Mathias... à Guillermo... à Ezéchiel, aussi. Je vous enjoins tous à réfléchir à l'avenir et à vos aspirations. Louis et Frida vont rentrer, nous aurons du pain sur la planche... Mais je ne veux pas aller plus loin aujourd'hui, juste vous inviter à garder ces questions à l'esprit."
Il sourit.
" Pour le reste, j'ai organisé hier un système de patrouilles sur les remparts, avec Edgar et Mathias comme référents pour l'instant. Je crois qu'Etienne sera partout, comme il sied à un conseiller, Guillermo et moi-même encadrerons des groupes à l'extérieur, et je ne sais pas, Gaspard, si tu as des envies..."

[Taliesin]

Le chevalier haussa les épaules.
-Si j'ai l'opportunité de sortir explorer la cité et éliminer les créatures qui l'infestent, ce ne sera pas de refus. Mais je sais que ça se bouscule au portillon, en ce domaine, alors j'attendrai mon tour. Et d'ici là, je peux aider là où on a besoin de moi. J'imagine que cela concernera surtout les patrouilles sur les remparts, dans un premier temps...

[Hubert de Maleval]

" Nous effectuerons un roulement. Tous ceux qui désirent sortir doivent avoir l'opportunité de le faire, mais il sera en même temps un peu suicidaire de nous déforcer intégralement, aussi sûre paraisse la forteresse. Sinon, Gaspard, Ezéchiel devrait revenir avec ce qu'ils auront récupéré au fort et dans le campement cannibale. Peut-être, s'ils rentrent ce matin, pourrais-tu superviser cet aspect des choses ? Ce n'est pas strictement militaire, mais Etienne et Albérich seront bien occupés, et parmi les choses restées en arrière, il y a du matériel qui revient à nos soldats."
Il se tourna vers le groupe.
" Avez-vous des questions, des remarques ? Est-ce que les hommes se sont bien installés dans leurs nouveaux appartements ? Il faudra songer à reprendre un minimum d'entraînement... entre gens d'armes, pour commencer."

[Taliesin]

Gaspard acquiesça. Quant à l'ensemble du groupe, aucun de ses membres n'eut de question, et tous avaient bien enregistré ses demandes, notamment celles qu'il avait émises en préambule : certes, ces mesures pouvaient paraître encore lointaines, car ils venaient juste de s'installer et n'étaient pour l'heure qu'un petit nombre - ce n'était pas en recrutant parmi les colons qu'ils parviendraient à accroître réellement leurs effectifes, d'autant qu'il ne fallait pas dépeupler les autres domaines d'activité. Néanmoins, chacun en convenait : plus tôt on commencerait à y réfléchir, mieux ce serait.

[Hubert de Maleval]

Les choses étant réglées, Hubert leva la séance et alla s'équiper à l'armurerie. Son harnois était fichu, mais il avait encore une cotte de mailles, et une fois prêt, il regagna le hall où devait attendre la première équipe de récupérateurs. Il avait l'intention de confier le traçage d'un plan à l'un des volontaires, et de commencer par les bâtiments qui jouxtaient la forteresse, puis de procéder vers les portes, maison par maison. Les chariots étaient en sous-sol mais il avait fait préparer quatre chevaux lourds, et sélectionné une dizaine de soldats pour les accompagner. C'était une première tentative, peut-être était-elle mal calibrée, mais ils aviseraient en fonction des résultats.

[Taliesin]

Son groupe était au grand complet et rien qu'à voir les expressions qu'affichaient les personnes présentes, l'on sentait qu'elles étaient impatientes de se mettre en route. Plus loin dans le hall, c'était la même chose pour l'escouade qu'encadreraient les mercenaires. Restait toutefois à faire un choix : sortiraient-ils par les portes de la forteresses, pour emprunter ensuite le chemin descendant sur le flanc de l'éminence, ou passeraient-ils plutôt par les souterrains ? La deuxième option serait plus simple, mais il fallait espérer qu'une issue existe juste au pied de l'éperon rocheux.

[Hubert de Maleval]

Hubert finit par opter pour le sous-sol. S'ils ne trouvaient pas d'issue pour remonter juste sous l'éminence, ils n'auraient qu'à passer par la route pour regagner le bord de l'éperon. Il s'entretint avec Guillermo, rapidement, pour qu'ils se mettent d'accord sur leurs zones respectives, puis donna le signal du départ à sa propre escouade. Il prit le temps de mémoriser le nom et le visage de chacun. Avant de sortir, il leur donnerait les consignes de sécurité, insistant sur la nécessité de rester groupés, de ne pas toucher à n'importe quoi, d'attendre les ordres, ce genre de choses. Il était lui-même relativement impatient, même s'il ne parvenait toujours pas à s'ôter sa conversation avec Giovanni de la tête. Pourtant, Albérich était occupé, il ne pouvait rien y faire dans l'immédiat.

[Taliesin]

Ils suivirent donc, en sens inverse, l'itinéraire qu'ils avaient parcouru l'avant-veille : les caves, le niveau inférieur, le long tunnel descendant vers les profondeurs, la caverne... Se souvenant qu'avant d'arriver ici pour la première fois, ils avaient franchi plusieurs croisements, Hubert décida de remonter le couloir filant droit au nord - droit vers les portes. Effectivement, quelques minutes plus tard, ce fut un carrefour : le paladin prit à l'est - on est Lathandrite ou on ne l'est pas -, Guillermo à l'ouest.
Il leur fallut user d'un mécanisme dissimulé pour ouvrir une grille et faire de même pour la refermer après leur passages. Peu après, un nouveau corridor s'ouvrit sur leur gauche. Ils s'y engagèrent, remontèrent une rampe, activèrent un autre mécanisme et se retrouvèrent ainsi dans ce qui était sans doute la cave d'un grand bâtiment, à en croire les dimensions des lieux. Il y avait là plusieurs ouvertures, ainsi qu'un escalier menant probablement vers le rez-de-chaussée. Le faire gravir par les chevaux ne serait pas simple, tout en demeurant possible.

[Hubert de Maleval]

Hubert décida de laisser les chevaux au centre de la pièce et de commencer par explorer les ouvertures qui donnaient directement sur la cave. Il laissa les civils en faction avec les chevaux et quatre soldats, puis emmena les autres, ouverture par ouverture, pour vérifier qu'il n'y avait pas un nid de zombies quelque part. Quand ils en auraient terminé avec le sous-sol, ils monteraient vers le rez de chaussée, en laissant cette fois deux soldats avec les chevaux. Bien qu'il soit curieux, le paladin voulait avant tout être prudent.

[Taliesin]

Les caves n'abritaient aucun mort-vivant. Mais elles n'abritaient rien d'autre non plus, hormis de la poussière, de la mousse, des débris, et une désagréable odeur d'humidité. Peut-être y avait-il quelque salle dissimulée, mais l'expédition n'avait pas vraiment le temps de la chercher : sa mission était autre.
Le rez-de-chaussée leur parut tout aussi désert. Ils débouchèrent dans un couloir, puis dans un hall qui rappelait celui de la forteresse, quoi que plus modeste - toutes proportion gardée. Les portes avaient depuis longtemps disparu, la végétation était donc entrée, s'enroulant autour des colonnes et grignotant le pavage.

[Hubert de Maleval]

Le paladin organisa la fouille de la maison avec méthode, comme il l'avait professé avant le départ. Une fois le bâtiment intégralement fouillé, ils sortiraient dans la rue pour le localiser par rapport à la forteresse. Ensuite, ils feraient monter les chevaux et retourneraient jusqu'au bas de l'éperon rocheux. Edifice par édifice. Il fallait être minutieux, vigilant, patient. Peut-être découvriraient-ils des choses utiles, peut-être pas, mais c'était nécessaire... Hubert essayait de ne pas penser aux centaines, aux milliers, de pièces qu'ils devraient fouiller avant d'avoir visité l'intégralité de la cité...

[Taliesin]

Le bâtiment était vaste, mais ils n'y trouvèrent rien dont ils ne disposaient déjà en abondance au château : il n'y avait là que statues, amphores, lourd mobilier de pierre, vasques et candélabres ouvragés... Avait-il s'agit d'une riche demeure ? Du siège d'une institution quelconque, plutôt ? Impossible à dire et les mosaïques aux thèmes divers ne les éclairaient en rien.
Ils gagnèrent donc la rue, large, ses pavés encore visibles sous la couche de boue et de plantes en décomposition. Autour d'eux, des murs gris envahis de lierre.
L'éperon rocheux se trouvait dans leur dos. tout proche. Ils partirent donc dans sa direction, atteignirent son pied que longeait une promenade arborée - certains des arbres plantés là des siècles auparvant étaient morts, tandis que d'autres avaient atteint des proportions gigantesques.
Une courte marche vers l'ouest, et c'était l'artère principale, celle filant vers les portes de la cité. Les bâtiments alentours étaient majestueux, imposants.
Pas le moindre mouvement. Pas trace, encore, du groupe mené par Guillermo.
Et partout le silence.

[Hubert de Maleval]

Silence qui mettait Hubert vaguement mal à l'aise. La main sur le pommeau de son épée, il demeura vigilant tandis qu'ils s'approchaient d'une première bâtisse, la plus proche du chemin qui montait à la forteresse. Malgré l'hiver, on devinait le pouvoir de la végétation, qui avait repris possession de cette formidable cité antique. Le paladin se demanda s'ils trouveraient du gibier à l'intérieur même des remparts. Des oiseaux a minima, peut-être. Une fois qu'ils furent devant l'imposante demeure, le paladin laissa à nouveau les chevaux, avec quatre hommes d'armes pour les surveiller, et les civils, dans un premier temps. Il mena l'escouade restante vers le bâtiment, s'apprêtant à vérifier que la voie était libre avant d'inviter les récupérateurs à l'intérieur.

[Taliesin]

Tout comme celui qu'ils avaient visité, l'édifice était grand. Doté d'une colonnade et, à l'étage supérieur, d'un balcon à arcades, ce n'était point un palais mais au moins une demeure bourgeoise, pour peu que ce mot ait eu un sens, à l'époque. L'intérieur était évidemment luxueux mais dépouillé, hormis les habituels éléments de mobilier. Seules nouveautés : sur un mur, un grand miroir ouvragé, sa glace intacte malgré les siècles et, dans la cave, les vestiges pourris de grands fûts. De morts-vivants, aucun signe récent. Toutefois, l'un des soldats tira de la poussière un os rongé par quelque chose de gros.
Lorsqu'ils regagnèrent la rue, ils constatèrent que l'escouade encadrée par les mercenaires avait fait son apparition. En tout cas, ses chevaux et deux soldats patientaient devant un autre bâtiment.

[Hubert de Maleval]

Hubert fit dessiner la maison qu'ils venaient de visiter sur leur plan de fortune, puis déplaça tout le groupe vers la demeure suivante. Il espérait que les gens ne perdraient pas leur enthousiasme au bout de quelques bâtisses vides, mais le spectacle en valait la peine à lui seul, même pour quelqu'un qui, comme lui, n'y entendait rien à l'art ou l'architecture. Il y avait une majesté dans les lieux qui était presque palpable, qui s'imposait aux sens sans qu'il soit nécessaire d'y comprendre quelque chose. L'environnement parlait davantage aux tripes qu'à l'esprit. Mais ils devaient progresser : ils auraient tout le temps d'admirer la cité ensuite, quand ils l'auraient restaurée et rendue à sa fonction première.

[Taliesin]

Il n'était pas impossible que le rez-de-chaussée de cet édifice-là ait servi de boutique de premier ordre, à moins que, simplement, le premier propriétaire des lieux n'ait été un grand amateur de vin : en tout cas, c'est bien le produit de la vigne que les mosaïques avaient pris pour thème. Et pour renforcer encore cette impression, leur première découverte de la journée fut une coupe en or artistement sculptée, dénichée par un récupérateur dans le coin d'une salle. Quelqu'un d'autre crut noter des empreintes étranges, sur le sol : effectivement, quelqu'un était passé par là quelques temps plus tôt. Impossible d'en dire davantage, malheureusement : aucun pisteur dans le groupe.

[Hubert de Maleval]

Hubert n'en fut que plus vigilant et obligea chacun au maximum de circonspection, invitant les soldats à passer les premiers dans chaque nouvelle pièce, chaque nouvelle zone. Il rappela aux colons de rester groupés, de suivre les directives, et lui-même scruta chaque passage, chaque embrasure de porte, avec attention. Au moindre doute, il était prêt à détecter la présence d'auras maléfiques, même si cet environnement de pierre affaiblissait considérablement son pouvoir. Il se fit une note mentale d'adjoindre un éclaireur dans chacun des groupes d'exploration, dès que ceux-ci seraient rentrés. Avoir davantage d'informations sur la créature qui était passée peu auparavant les aurait bien aidés.

[Taliesin]

Ses précautions s'avérèrent vaines dans l'immédiat : aucun mort-vivant ne hantait l'ancestrale résidence. Mais nul doute que ces efforts ne seraient pas inutiles : ils s'entraînaient aux multiples explorations qu'ils devraient encore mener, et mieux valait le faire en des lieux relativement préservés...
Ils en avaient presque terminé lorsqu'il y eut du bruit, à l'extérieur. Se trouvant dans les caves, ils ne purent l'identifier avec cetitude, mais le paladin aurait juré que quelqu'un avait crié.

[Hubert de Maleval]

Hubert prit trois hommes avec lui, sommant aux autres, civils et soldats, de rester à l'intérieur du bâtiment tant qu'il ne leur donnait pas la permission expresse d'en sortir. Ensuite, ils remontèrent précipitamment vers la rue. C'était peut-être une fausse alerte mais ils ne pouvaient pas prendre de risques. Il n'y avait que quatre hommes avec les chevaux, et l'escouade de Guillermo avait pu s'éloigner.