[Bâtiment] Le Nouveau théâtre de la Harpe

[Arthur de Faisanlys]

" Alors tout est bien." se contenta-t-il de répondre, tout en lorgnant les lieux dans lesquels ils venaient de pénétrer.
Ce n'était pas sa première sortie au théâtre, loin de là. Il avait accompagné sa mère plus d'une fois à l'Amphithéâtre luménien, lors d'une soirée de gala ou une autre. Se rendre en pareil endroit faisait partie des obligations, quand on frayait dans le beau monde, et il avait assisté à la représentation de tous les classiques du répertoire hélonnien. Il n'y avait jamais vraiment pris goût, cependant. Rester assis pendant des heures à écouter des gens déclamer des textes ampoulés... Ce n'était pas son truc. Il avait vu quelques bonnes pièces, cependant, et, adolescent, ça avait été souvent son seul moyen d'évasion... Mais au final, il y avait une distance entre la réalité et ce qui se déroulait sur scène qu'il ne parvenait pas à franchir ou apprécier.
Et il n'avait jamais jamais jamais été dans le parterre. La bonne société s'installait dans les loges ou au balcon, pas parmi les gens du commun ! Il était parfaitement conscient, cela dit, qu'il se contenterait de n'importe quoi en matière de siège et de représentation, juste pour avoir le plaisir de frôler Chandara.

[Chandara]

Il semblait qu'ils soient en avance ou que la représentation de l'après-midi ne soit guère prisée car le hall était encore vide. Bien sûr, il était probable que le public finirait par affluer par petits groupes avant que ne débute la représentation. Chandara était plutôt satisfaite d'avoir une certaine liberté pour choisir leurs places une fois à l'intérieur mais aussi parce que ça leur permettrait de rester isolés tous les deux. Si elle craignait un peu cette intimité pour n'en avoir pas l'habitude, elle était tout de même curieuse de ce qu'il adviendrait à ce premier rendez-vous avec Arthur...

[Arthur de Faisanlys]

Arthur n'était pas surpris qu'il y ait peu de monde. L'humeur générale en ville ne devait pas être au divertissement, le jour même du retour des troupes. A bien y réfléchir, c'était peut-être même un peu déplacé de leur part... mais c'était trop tard, et peut-être cela faisait-il partie des moeurs manostiennes. Il fallait qu'il arrête de trop réfléchir et qu'il se laisse guider : Chandara savait manifestement ce qu'elle faisait. Une fois qu'ils furent assis, il se sentit un peu gauche, ne sachant pas exactement comment relancer la conversation. Il ne savait rien de ce qu'il allaient voir, et il devinait que Chandara n'en dirait rien de plus.
" Vous savez déjà ce que vous allez faire dans les prochains jours ?"

HRP : bon moi je joue à l'aveugle, là... Je ne sais pas ce qui est quête, pas quête... suis un peu troublé/e.

[Chandara]

Les places qu'elle leur avait achetées imposaient une certaine proximité mais c'est exactement ce qu'elle avait voulu pour profiter intensément des rares instants qui leur étaient accordés à tous les deux. Mais penser aux prochains jours la ramenait immanquablement au départ d'Arthur... Elle était néanmoins reconnaissante au jeune-homme de se soucier de ce qu'il adviendrait d'elle ensuite et elle ne chercha pas à éviter sa question, répondant avec sincérité :

- Je crois qu'il n'est pas encore temps de prendre des vacances même si j'en aurais envie : je vais commencer par donner de mes nouvelles à ma famille bien sûr puis je tâcherai de me rendre utile en ville avant d'envisager un voyage à Cojum peut-être. J'ai l'impression qu'il y aura beaucoup de pain sur la planche dans les jours à venir : je suis certain qu'un peu d'aide supplémentaire pourra être appréciée au dispensaire par exemple. D'autant que Titœil m'a parlé de choses inquiétantes...

Elle s'interrompit brusquement avant de parler un peu plus haut :

- Non mais écoutez-moi ! Je vous invite à un rendez-vous pour vous parler de labeurs et de tragédies... Je dois vous sembler affreusement assommante pour le coup ! Mais il faut dire - pour ma défense - que je n'ai pas trop l'habitude... Des rendez-vous, j'entends !

[Arthur de Faisanlys]

Arthur secoua la tête en souriant.
" Vous ne m'assommez pas. Vous et moi n'avons pas mené des existences frivoles, ces derniers temps, et je ne pense pas que ce soit à cela que nous aspirions, ni l'un ni l'autre. En quoi votre désir de vous rendre utile pourrait-il me paraître ennuyeux ? Je le trouve noble et ça me semble autrement plus crucial que la pluie ou le beau temps."
Il haussa les épaules.
" Je pense qu'on a bien le droit de parler de ce que l'on veut, non ? S'il y a des règles, je ne les connais pas plus que vous."

[Chandara]

Chandara se sentait davantage en confiance à présent, les paroles et la compréhension d'Arthur n'y étant pas du tout étrangères. La jeune femme tourna son regard vers le jeune homme si proche qu'elle pouvait sentir sa chaleur irradier, son aura bienfaisante aussi.

- Vous avez parfaitement raison : il n'y a personne pour nous dire de quoi nous devrions parler ou non : dans ce cas, parlons de ce dont nous avons envie mais promettez-moi tout de même de me le dire si je venais à vous ennuyer. Aujourd'hui, vous êtes mon invité et j'ai envie de vous faire plaisir avant tout !

[Arthur de Faisanlys]

La vérité vraie, c'est que ni l'un, ni l'autre ne savait quel sujet aborder, et ce n'était sans doute pas complètement surprenant, vu leur malaise constant. Arthur était curieux de la guerre, évidemment, mais il n'osait pas l'interroger à ce propos, car il le savait douloureux. Cela viendrait sans doute plus tard, dans des années, quand ils se recroiseraient et que toute cette tourmente se serait apaisée, prenant une place plus réduite dans leur chemin de vie. Il hésita une seconde, puis se lança. Généralement, les gens aimaient parler d'eux-mêmes. Il suffisait donc d'interroger Chandara sur son passé, et les choses couleraient toutes seules.
" Je me demandais... La femme de la pension. C'est une amie de votre enfance ?"

[Chandara]

Chandara répugnait un peu de parler de sa famille à Arthur, non pas parce qu'elle jugeait le sujet trop privé mais parce que, d'après ce qu'il lui avait confié, il ne s'entendait guère avec la sienne. Elle ne pouvait pas vraiment esquiver la question et en prit finalement son parti, répondant avec une pointe de nostalgie :

- En effet ! J'ai fait sa connaissance chez mes grands-parents, à l'époque où nous allions encore passer tous les étés dans leur domaine. Amélie était déjà une jeune-fille très courageuse : sans elle, nous ne serions pas parvenu à résoudre un problème. Mais si je vous en parle, vous allez certainement m'accuser de ne parler que de monstres, à nouveau !

Elle sourit pour adoucir ses propos, signe qu'elle ne craignait pas qu'il le fasse, au final.

[Althéa]

hrp : Arthur, je dirais que c'est le prélude de la quête. Mine de rien j'installe des petits trucs. Désolée, je ne suis pas très présente, ce qui laisse cette impression de flou ... Irl un peu cahotique en ce moment (c'est un peu la faute à Divinity). Là, je prends sur ma pause déjeuner. Désolée encore

Autour d'eux, les gens commençaient à se rassembler et former une queue. Ils n'étaient pas très nombreux, souvent en petits groupes de un ou deux. Quand leurs regards croisaient ceux des autres, ils bessaient la tête avec un petit air coupable. Ils ne portaient pas les beaux vêtements de mise pour cette occasion. Au contraire, ils donnaient plus l'impression de vouloir se fondre dans la masse.

Les deux jeunes gens suivirent sans vraiment s'en rendre compte le mouvement pour se retrouver dans une foule bien ordonnée. Autour d'eux, pas de bonimenteurs pour écouter l'attente, pas de musique non plus. Simplement une place nue. En revanche, à coté une mélodie douce et entêtante s'échappait d'une petite construction dans l'ombre du grand théâtre.

Lentement, par petites coudées, la foule commença à se rapprocher de l'intérieur du théâtre.

[Chandara]

HRP : oups, je pensais que nous étions déjà entré mais c'est mieux ainsi

Finalement, il n'y aurait peut-être pas foule mais Chandara fut rassurée de voir d'autres spectateurs commencer à s'assembler : qui sait si le spectacle aurait bien eu lieu s'ils n'avaient été que deux. Sans compter que si la pièce ne répondait pas à ses promesses, ils n'auraient eu aucune chance de se défiler discrètement...

Pour ne pas risquer d'être séparé d'Arthur dans la presse - et même si le risque était bien faible, il fallait bien le reconnaître, elle attrapa sa main et se laissa porter par la file qui avançait pas à pas, son cœur battant un peu plus vite devant cette nouveauté pour elle et surtout la présence du beau jeune-homme au bras de qui elle pouvait s'afficher.

[Arthur de Faisanlys]

HRP : va falloir nettoyer les incohérences, ça fait désordre

Arthur serra doucement la main de la jeune femme, sans réellement y prendre garde, comme pour la rassurer de sa présence. Ce qui était ridicule, car il était sûrement le plus nerveux des deux. En même temps, ce n'était jamais qu'une pièce de théâtre... c'était juste curieux qu'elle attire des gens manifestement gênés d'être présents. Il se demanda alors si Chandara n'avait pas décidé de l'emmener voir un spectacle licencieux... ou si elle n'ignorait pas quelque chose le concernant...

[Chandara]

HRP : voilà, j'ai remplacé certains éléments pour signifier qu'on s'était arrêté au hall de la salle de spectacle. Et je commence effectivement à avoir un gros doute sur le caractère licencieux du spectacle

La jeune-femme était à des lieues de penser à une telle chose et lui sourit en sentant la légère pression sur sa main. Arthur était manifestement très doué pour la mettre à l'aise et anticiper ses envies cachées. Confiante et impatiente de pouvoir s'installer à leurs places, Chandara attendit que les files se forment devant les portes, se tournant vers celle qui menait vraisemblablement au parterre située juste devant la scène.

[Althéa]

hrp : désolée, je suis un peu responsable pour le coup, merci d'avoir édité Kasu. En fait, ils vont voir un concert (illégal) de Sunie et Chair mais ils ne le savent pas.

Juste avant qu'ils entrent dans le théâtre, la douce lumière printanière diminua d'un coup sous l'invasion de gros nuages gris. Autour d'Arthur et Chandara, les manostiens soupirèrent par habitude mais ne parurent pas si surpris que cela. A l'intérieur, le bâtiment fut plongé dans une obscurité relative qu'on combattit vite en allumant quelques chandelles de part et d'autres. Les deux jeunes gens longèrent un étroit couloir orné de sombres lambris. Leurs pas résonnèrent sur un parquet à l'aspect neuf, signe que le théâtre avait été construit récemment. Devant l'accès donnant sur les gradins, un planton maussade en armure défraichie filtrait l'entrée des futurs spectateurs.

Son regard s'arrêta sur les deux nouveaux arrivants, surtout la jeune demoiselle en robe qui venait d'apparaître devant lui. Il fit un effort pour paraître aimable tout en vérifiant leurs billets.

"Bien le bonjour. Aujourd'hui, vous assisterez au "Triomphe de Helm", une pièce inédite."

Un petit rire se fit entendre derrière les deux paladins. Le planton vexé redressa la tête.

"J'ai dit quelque chose de drôle ?"

[Arthur de Faisanlys]

Arthur jeta un coup d'oeil au-dessus de son épaule et serra doucement la main de Chandara. Le Triomphe de Helm... Compte tenu des circonstances, c'était de terriblement mauvais goût, et il espéra que ce titre mal inspiré, moqueur peut-être, ne causerait pas de chagrin à la paladine. Il la dévisagea à la dérobée, tâchant d'interpréter son expression. Si elle paraissait troublée ou choquée par le programme, il lui proposerait de renoncer à la représentation.

[Chandara]

Chandara paraissait quelque peu surprise même si c'est bien le titre dont elle avait entendu parler. Quand Arthur serra sa main, l'ancienne paladine y fut sensible et afficha une expression douce mais déterminée. Certes, le choix était plutôt discutable et soumis à interprétation mais la jeune-femme n'avait pas l'intention de renoncer à présent. Elle devait passer le pas de son ancienne foi et elle ne voyait personne au monde plus apte à l'accompagner dans ce moment nécessaire. Dans son idée, la pièce avait dû être conçue avec cette idée. Elle était loin de se douter de la vérité...

Elle tendit les deux billets au garde en lui adressant un sourire aimable qui n'avait rien de forcé. Elle était impatiente de pouvoir enfin s'installer tout à côté d'Arthur en se réjouissant d'avoir choisi une activité d'intérieur compte tenu du temps changeant.

[Althéa]

Ils entrèrent dans une grande salle circulaire éclairée par un immense lustre équipé d'une multitude de chandelles. Des sièges droits, pas de décorations au mur, une estrade surélevée et sans fioritures. Le plafond était vierge de toute peinture. Mais le tout avait l'air neuf.

Derrière le jeune couple, une voix masculine assourdie se fit entendre. Arthur crut reconnaître un accent familier.

"Si ça se trouve, ils ne changeront jamais la pièce. Peut-être qu'à force de jouer son triomphe, ils le feront revenir. C'est ce qu'on appelle de l'obstination.
- Ou plutôt de la ferveur, répondit sur le même ton une voix féminine.
- Ou du fanatisme, au choix. Dans tous les cas, je suis ravi que tu aies insisté pour que je voie de mes propres yeux de quoi sont capables nos chers amis des arts et des lettres.
- Yvain, tu vas nous faire remarquer."

Arthur et Chandara eurent vite fait de remarquer que la salle n'était pas comble, bien au contraire. Ils pouvaient, s'ils le voulaient s'asseoir au milieu pour ne rien manquer de la pièce.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur aurait préféré qu'ils s'asseyent dans un coin, histoire de pouvoir s'éclipser si la pièce se révélait ennuyeuse, mais il était invité par Chandara, il fallait qu'il respecte ses envies. Mais quand même, emmener un Lathandrite voir le Triomphe de Helm, c'était un peu... particulier. Etait-ce une forme de provocation ? Il n'était pas certain de percevoir l'intention derrière la décision. Bien sûr, les femmes étaient étranges et il fallait qu'il renonce — d'urgence*— à les comprendre, mais il était troublé. D'autant qu'il n'était pas certain de voir ce qu'elle en retirerait. Son dieu était mort. Bien sûr, ce n'était pas toujours définitif, dans ce panthéon en mouvement perpétuel, et peut-être n'était-il pas complètement stupide d'espérer... Mais Arthur devait bien avouer que pour Chandara, ce décès était, à son humble avis, une aubaine : Helm n'était pas une divinité pour une jeune fille aussi radieuse. Elle avait dû se fourvoyer quelque part.

[Chandara]

Chandara essayait de faire abstraction des commentaires des spectateurs qui ne pourraient que gâcher son plaisir. Son plaisir de la découverte de cet endroit plus sobre qu'il n'y paraissait de l'extérieur mais tout de même intimidant. Son plaisir de passer un peu de temps avec Arthur aussi. Pour le reste, elle s'était fié à la recommandation d'Amélie et son intuition générale : une pièce ayant pour thème Helm risquait sans doute de la remuer un peu mais, en dehors de cet aspect, il n'y avait rien à en redouter. A part peut-être l'ennui... Mais ce n'était pas de son ressort contrairement à essayer de mettre à l'aise le jeune-homme :

- Arthur, où préférez-vous vous placer ?

Pour sa part, elle regardait tous les endroits où peu de monde s'était installé de sorte à bénéficier d'une certaine intimité.

[Arthur de Faisanlys]

Chandara paraissait de bonne humeur, c'était déjà ça de pris. Il décida de lui faire confiance. Ce n'était jamais qu'une pièce de théâtre, il n'y avait pas de raison de se sentir menacé. Il espérait que le Triomphe de Helm ne passerait pas par le dénigrement des autres cultes. Peut-être était-ce un texte historique, qui renvoyait à la fondation de Manost. Mais là aussi, c'était inquiétant...
Arrête de te casser la tête.
" Là, ce sera très bien."
Ni au centre, ni complètement au bord, à un endroit tranquille. Il espérait qu'elle serait satisfaite de son choix.

[Chandara]

Et à en juger par le charmant sourire qu'elle lui décocha immédiatement, il y avait tout lieu de penser qu'elle n'avait rien à redire à ce choix. Elle s'assit la première sans quitter Arthur des yeux, l'invitant inconsciemment à prendre place juste à côté d'elle.

- Un très bon choix ! Espérons juste que le mien s'avérera aussi judicieux ! Je dois vous avouer un secret : je ne sais même pas de quoi parle cette pièce... Mais qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ?

[Arthur de Faisanlys]

Il faillit lui dire qu'à moins que le titre soit vraiment trompeur, il y avait de fortes chances que ça parle de Helm, et de sa victoire, et que c'était un choix très bizarre quand on voulait mettre un Lathandrite à l'aise, mais elle avait l'air à mille lieues de ce genre de considérations, et il ne voulait sûrement pas la vexer, cette divine créature merveilleusement belle, qui avait daigné lui offrir son après-midi. Il prit place à côté d'elle et lui sourit.
" Nous verrons bien. J'imagine que si vous en avez entendu parler, c'est par quelqu'un de bien..."

[Althéa]

Il y eut une fébrilité relative dans la salle quand furent frappés les trois habituels trois coups. Le rideau se leva sur un homme vêtu en de plates des pieds jusqu'à la tête qui s'avança jusqu'au bord de la scène avant de déclamer avec une certaine force à défaut d'interprétation."

"Ô, toi habitant de Manost
Voici venir le grand Helm et son ost !"

Du bruit se fit entendre derrière la scène, sans doute pour figurer l'arrivée de l'armée et chacun s'attendit à la voir. Mais elle resta autant invisible qu'imaginaire ... sauf pour le personnage qui hocha la tête d'un air satisfait. A moins que ce fut pour décaler le casque qui devait commencer à lui peser.

Ainsi se trainèrent longuement deux heures en rimes insipides et bruitages plus ou moins ratés. Le bonhomme sur la tête n'avait pas l'air de vouloir finir. Il n'était pas question de la mort de Helm, mais de son triomphe. Comme si sa disparition avait été un détail rapidement occulté dans la trame de l'histoire.

Arthur commença à sentir son nez le chatouiller, presque imperceptiblement.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur était déjà heureux d'avoir réussi à contenir ses bâillements. Son envie de dormir était grande, mais il était beaucoup trop tendu, assis à côté de Chandara, pour parvenir à le faire. Le pire était de ne pas savoir qu'en penser. Il trouvait ça nul, mais il n'y connaissait absolument rien, aussi était-ce peut-être formidable... Peut-être était-il incapable de comprendre toute la subtilité de ces rimes... plates et sans intérêt... Il n'était pas un artiste, il le savait bien. Mais d'un autre côté, il avait été apprenti juriste, il connaissait les mots, la manière de les employer pour qu'ils portent et pèsent, et ce n'était pas parce qu'il était incapable d'y arriver lui-même qu'il ne pouvait pas apprécier la qualité d'un beau discours...
Mais c'était du théâtre manostien. C'était sans doute culturel. Les Helmites ne permettaient sans doute pas aux gens de profiter de distractions frivoles et les artistes étaient probablement méprisés, ce qui expliquait leur piètre niveau. Ou alors c'était leur genre. L'un dans l'autre, il n'avait pas l'intention de prononcer le moindre mot avant que Chandara se soit exprimée. Il irait ensuite dans son sens, bien sûr.
Mais son nez le chatouillait... Il ne manquerait plus qu'il éternue... aussi comprima-t-il ses narines de deux doigts volontaires.

[Chandara]

Chandara ne s'était pas vraiment attendu à une telle... performance. Elle s'était bien davantage amusée à écouter des artistes amateurs des tavernes ou des auberges provinciales. Comment pouvait-on rendre à ce point inintéressant un sujet aussi grandiose que la gloire ou même la chute d'une divinité ? Mais voilà, Arthur semblait stoïque et concentré aussi se gardait-elle bien de livrer son opinion... Et puis il fallait reconnaître que le simple fait de pouvoir resté assis à côté de lui sans pression, sans se sentir obligée de meubler un silence gênant, compensait bien des désagréments. Toutefois, il fallait bien admettre que les fauteuils de la salle, après deux heures sans mouvement et sans peu de distraction devenaient incroyablement inconfortables. La jeune-femme avait changé plusieurs fois de position pour soulager son postérieur et ses nerfs mais la représentation durait encore, morne et lassante. Toujours cette voix monocorde et ce texte sans emphase... A tel point qu'elle en perdait le fil et qu'elle laissait son esprit divaguer. Sa tête se mit à dodeliner, ses yeux à se fermer parfois plusieurs secondes d'affilée. Et ce qui devait arriver se produisit : elle glissa légèrement jusqu'à appuyer sa tête sur l'épaule ferme et confortable de son voisin sans même s'en rendre compte. Au moins ne se mit-elle pas à ronfler quitte à gêner les autres spectateurs !

[Arthur de Faisanlys]

HRP : désolée si vous m'attendiez, je ne pensais pas que c'était mon tour... mais dans le doute...

Arthur sursauta légèrement au moment où Chandara posa la joue sur son épaule. Il lui jeta un coup d'oeil un peu inquiet, mais dans la pénombre, il n'y voyait pas grand chose. Etait-il possible qu'elle se soit assoupie ? Ou était-ce un geste de familiarité extrêmement... bienvenu mais effrayant ?
Tu rentres à Luménis demain. Ce n'est pas le moment de t'amouracher d'une fille du cru...
Il avait lu mille histoires de soldats rencontrant des fiancées au cours de leur mission dans un pays lointain. C'était d'un classique !
Mais c'était trop tard, non ? Il s'était déjà amouraché d'elle. Et elle s'était peut-être bien amourachée de lui. Misère. Pourvu qu'elle ne vienne jamais à Luménis. Ici, elle avait sans doute l'illusion qu'il était un grand paladin...
Mais cette chaleur bienvenue le fit sourire et il oublia complètement cette stupide pièce de théâtre. Le Triomphe de Helm. N'importe quoi.

[Althéa]

Hrp : j'aurais pu répondre mais je voulais trop voir la réaction d'Arthur

Combien de temps dura la pièce en fin de compte ? Difficile à savoir. Peut-être au moment où le comédien commença à se perdre dans des digressions de plus en plus hasardeuses et laisser planer des silences de plus en plus explicites jusqu'à s'arrêter de parler tout à fait. Entre temps, le jeune paladin commença à ressentir un léger mal de tête. L'obscurité relative, la pièce trop longue ou peut-être la fatigue ... Autour d'eux, les spectateurs un tantinet hagard commencèrent à se lever. Arthur entendit derrière lui.

"Yvain, réveille-toi, tu ronfles ! Et il faut qu'on parte, la pièce est terminée."

Sur la scène, l'acteur en armure avait abandonné visiblement mécontent de l'effet de son jeu sur les spectateurs. S'il y avait un triomphe, ce n'était pas celui du théâtre manostien.

[Chandara]

Les voix plus fortes des spectateurs - ou peut-être tout simplement l'interruption de la voix monocorde et sans intérêt - réveillèrent Chandara qui sursauta brusquement. Elle comprit presque aussitôt dans quelle position inconvenante elle s'était placée et entreprit aussitôt de se confondre en excuses :

- Oh... Désolée Arthur ! Hum... J'ai manqué quelque chose ? Je crois que c'est parce que j'ai mal dormi les dernières nuits. Mais il ne fallait pas hésiter à me pousser !

Elle s'était en outre recroquevillée dans son siège, ne sachant plus ou se mettre et n'ayant pas encore remarqué que le "spectacle" était achevé.

[Arthur de Faisanlys]

" Oh, ne vous excusez pas. Moi aussi, je me serais endormi, si j'avais eu davantage de place pour étendre mes jambes. Vous ne m'avez pas dérangé le moins du monde."
Il s'empourpra légèrement et détourna le regard.
" Hum. Je n'ai plus l'habitude de ces endroits confinés. Que diriez-vous d'aller prendre un peu l'air ? C'est terminé et... j'ai un petit mal de crâne... la fatigue, sans doute."
Et ce ramassis d'inepties mal déclamées.

[Chandara]

Chandara se calma quelque peu, rasséréné par le ton doux et courtois du paladin. Et peut-être aussi parce qu'elle émergeait de son état de semi-conscience et reprenait pied dans la réalité. Elle commença à se lever avant de se figer et de se tourner vers Arthur, son regard, son ton et son attitude reflétant soudain une certaine inquiétude :

- Oh ? Vous avez mal à la tête ?

Si Arthur s'en plaignait, ce n'était certainement pas une douleur anodine : il ne semblait pas du genre timoré, ça non... Alors, sans vraiment y réfléchir, elle lui tendit à nouveau la main et commença à se diriger vers le bout de l'allée :

- Venez ! Je suis certaine qu'un peu d'air frais vous fera du bien ! Et si ce n'est pas le cas, je connais une herboristerie dans le quartier : je vous préparerai une infusion.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur la suivit, surpris par son brusque regain d'énergie. Elle était manifestement une adepte de la sieste efficace !
" Ne vous inquiétez pas, souffla-t-il. Ce n'est qu'un petit mal de tête... Il y a de quoi avoir la migraine, non ? Vous, vous avez dormi, c'était l'alternative. Moi j'ai tenu le coup jusqu'au bout !"
Il n'avait pas tellement envie de passer pour la petite nature souffreteuse dont la jeune femme devrait s'occuper...