[Rencontres] La promenade des docks

[Arthur de Faisanlys]

" C'est possible... mais notre amphithéâtre n'est pas toujours gage de qualité, lui non plus. Il faut savoir choisir. Mais on joue rarement une pièce pendant des années... surtout si elle est mauvaise."
Il avait suivi la jeune femme dans sa promenade, observant le parc autour d'eux. Il offrait un contraste appréciable avec le décor ambiant.
" Est-ce que votre cité natale est aussi austère que Manost ? Ou bien profitez-vous d'un peu plus de légèreté ?"

[Chandara]

Chandara se perdit un instant dans ses souvenirs quelque peu nostalgiques avant de répondre avec une pointe de fierté et un certain entrain :

- Sur ce plan au moins, Cojum et ses environs n'ont pas grand chose à voir avec Manost en réalité. Si la ville est avant tout connue pour être un centre de savoir, le fait que beaucoup de jeunes gens vienne y étudier a laissé une place au côté festif. Un grand festival est d'ailleurs organisé chaque année pour les moissons. C'était le cas avant la guerre en tous cas... J'espère que cette légèreté ne se perdra pas dans les nécessités.

Elle hésita un moment avant d'ajouter encore d'un ton un peu moins assuré :

- C'est dommage que je ne puisse pas vous le montrer : vous rentreriez à Luménis avec une image bien moins catastrophique de nous je pense.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur sourit doucement.
" Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas une image catastrophique de Dorrandin. Ou si j'en ai une, je suis conscient qu'elle est colorée par les reflets de la guerre. Ce n'est pas un moment propice à la légèreté et c'est normal. Cela ne veut pas dire que je ne reviendrai pas dans quelques années pour découvrir les lieux sous un jour moins sinistre... Mais les circonstances sont ce qu'elles sont. Nous pouvons souhaiter le contraire, et espérer que la région se relève rapidement. C'est certainement ce qui se produira. Mais en attendant... La guerre, c'est la guerre. Il ne faut pas non plus être complètement naïf et penser qu'on peut glisser ses cendres sous un tapis et reprendre nos activités comme si rien ne s'était produit. En tout cas, j'en serais bien incapable."

[Chandara]

Chandara lui rendit son sourire même si la tournure plus grave de la discussion dessinait un pli soucieux sur son front :

- Je suis d'avis qu'oublier tout ce qui s'est produit serait une erreur. Je ne me fais pas d'illusion, la guerre reprendra un jour contre Melandis. Pas aujourd'hui, pas demain. Mais un jour à venir. Peut-être serons-nous devenu vieux et sage. Enfin, vous partez de bien moins loin sur ce point là ! Mais ce que je veux dire, c'est qu'il ne faudra pas commettre à nouveau les mêmes erreurs : beaucoup trop en ont payé le prix fort. Et bien plus encore si vous n'aviez pas été là.

Son ton s'était adouci sur ces dernières paroles sans pour autant qu'il soit possible de déterminer si elle parlait des luméniens en général ou d'Arthur en particulier.

[Arthur de Faisanlys]

Mais Arthur aurait été bien incapable d'imaginer que Chandara parlait de lui. Elle ne savait rien de sa guerre, après tout.
" S'il y a jamais un autre conflit, Luménis viendra à nouveau appuyer vos troupes, j'en suis certain. Et si les dieux le veulent, nous détruirons une bonne fois pour toute ce nid de vilénie. Cela doit être terrible de partager cette île avec une ville aussi noire. Il n'est pas surprenant que Manost soit aussi martiale et austère. C'est le prix d'un danger constant."
Il sourit.
" Je n'y avais jamais songé en ces termes."
Son regard revint sur la jeune fille.
" Mais si Cojum est une cité de savoir... Pourquoi vous êtes-vous tournée vers Helm ? Plus je vous connais et... ne le prenez pas mal mais... moins je comprends ce qui vous a conduite dans son giron..."

[Chandara]

Le moins que l'on pouvait dire était que la question était plutôt frontale. Mais Arthur avait une façon douce de présenter les choses qui incitait malgré tout à répondre avec bienveillance. La jeune-femme n'y avait jamais réfléchi en ces termes : on vénérait Helm par-dessus tout dans l'ensemble du pays. Elle avait voulu devenir paladine et c'est donc presque naturellement qu'elle avait essayé de se vouer à ses enseignements. Si Cojum était plus ouverte d'esprit que Manost, même à l'époque, les paladins d'autres cultes y étaient une rareté et elle n'avait jamais ressenti l'appel des autres dieux dont le culte était promu. Elle tenta de résumer ses pensées mais se sentit un peu stupide soudain. Et si Arthur avait raison et qu'elle s'était trompée sur toute la ligne, qu'elle avait suivi une voie qui n'était pas la sienne :

- Même à Cojum, c'est le culte de Helm qui a toujours prédominé. En tous cas pour ceux souhaitant embrasser une voie plus active que la prêtrise. C'est vrai que je n'incarne pas un modèle de devoir ou de vigilance comme le professait Helm mais je crois que je trouvais dans son enseignement de quoi me pondérer en quelque sorte.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur opina du chef, peu convaincu, mais conscient que le sujet était sans doute un peu trop intime pour qu'ils puissent en discuter ainsi. Il se morigéna d'avoir été indélicat.
" Une décision pragmatique, dit-il alors, avec un léger sourire. Voilà qui est très Helmite, tout bien réfléchi... De toute façon, quand on entend l'appel de son dieu, le reste ne compte pas vraiment..."
Mais elle ? Entendre l'appel de Helm ? Ça paraissait toujours aussi peu crédible. Sauf si Helm lui-même, de son vivant, s'imposait dans l'esprit des Dorrandins avec la même vigueur que ses fidèles voulaient le faire louer.

[Chandara]

Chandara semblait la première à ne pas être convaincue maintenant qu'elle avait eu le temps de prendre un peu de recul sur tout ça. Maintenant que ses choix passés étaient devenus obsolètes et qu'une chance lui était peut-être donné d'en faire de nouveaux, de choisir une voie plus en adéquation avec son caractère impétueux mais bienveillant.
Mais ce n'était pas le bon moment pour en parler : car même si elle appréciait ces discussions avec Arthur et qu'elle sentait qu'il la faisait progresser, elle avait en tête un autre programme pour cette toute dernière journée qu'ils pouvaient partager.

- Vous savez Arthur : les manostiens ne sont pas toujours aussi pragmatiques qu'il y parait. D'ailleurs vous seriez sans doute étonné de ce que vous pourriez découvrir en grattant un peu leur vernis policé et froid. Et il y a un endroit que je voudrais vous montrer pour vous en convaincre. Ce n'est pas très loin d'ici...

[Arthur de Faisanlys]

Arthur la regarda avec une mine faussement suspicieuse.
" Je vais vous donner une seconde chance, parce que c'est mon credo ! dit-il avec humour. J'ai bon espoir que vous me meniez en lieu sûr, cette fois."
Il lui sourit plus franchement.
" Je vous suis donc..."

[Chandara]

Chandara lui rendit un sourire radieux, son humour ayant fait mouche pour détendre l'atmosphère. La jeune femme le mena vers une allée gravillonneuse latérale. Elle n'avait pas menti car leur destination fut bientôt évidente : une magnifique fontaine circulaire dont la margelle pouvait servir de banc. Partout sur le pourtours étaient gravés des motifs floraux ou rappelant les fonds marins.

- Les Manostiens et les visiteurs de passage se rendent ici pour faire des vœux. Bon, j'espère sincèrement que vous n'allez pas prendre cela comme une offense à votre dieu : c'est déjà ma deuxième chance alors je ne voudrais pas la gâcher aussi vite. Ce n'est pas comme une prière, plutôt une façon de se porter chance !

Au fond de la vasque principale, Arthur pouvait voir le reflet de nombreuses pièces.

[Arthur de Faisanlys]

" Un puits aux souhaits... murmura le jeune paladin en se penchant sur l'onde. Ça alors..."
Il sourit à sa compagne.
" Quel est le principe ? Il faut jeter une pièce et faire un voeu ? Tout simplement ? Est-ce que la fontaine a une histoire ? Des miracles célèbres à son actif ?"

[Chandara]

Chandara répliqua d'un ton mutin, ravie de voir l'enthousiasme d'Arthur :

- Oui : soit vous jetez une pièce et faites un vœu, soit vous en jetez une avec quelqu'un et votre vœu commun aura encore plus de chances de se réaliser. Je ne me suis malheureusement pas intéressé de près à l'histoire de la fontaine mais, quand je suis arrivée à Manost il y a quelques années, j'ai émis le souhait de revenir un jour ici avec un formidable et charmant paladin ! Alors ne doutez pas de son pouvoir mystique même si cela prend parfois quelques années !

La jeune femme était désormais tous sourires et il semblait qu'elle avait abandonné tout sérieux. Ou peut-être pas...

[Arthur de Faisanlys]

Arthur la dévisagea avec un sourire goguenard.
" Vous me le présenterez, votre formidable paladin, j'espère..." dit-il avant de chercher une pièce dans sa bourse.
Il espérait que la valeur du sou ne comptait pas pour le pouvoir magique — et probablement inexistant — des lieux.
" Peut-on dire son voeu à voix haute, ou risque-t-il alors de ne pas se réaliser ?"

[Chandara]

Chandara lui adressa un clin d'œil en retour pour sa remarque bien avisée avant de répondre avec entrain et amusement :

- Oh, c'est comme vous le voulez Arthur : comme il n'y a ici personne d'autre, tout dépend de si vous préférez que je l'entende ou non !

Elle aussi chercha une piécette dans sa bourse, s'apprêtant sans doute à relever le défi juste après lui.

[Arthur de Faisanlys]

Il acquiesça, prit une profonde inspiration puis se tourna vers le puits.
" Je souhaite que vous retrouviez votre élan et un dieu digne de tout ce feu qui brûle en vous, Chandara."
Puis il jeta sa pièce dans le puits.

[Chandara]

Chandara laissa tomber sur le sol la pièce qu'elle tenait en main et ne s'en rendit peut-être même pas compte. Ses yeux s'étaient écarquillés et fixaient Arthur comme s'ils ne pouvaient plus s'en détacher. La jeune-femme tenta de répondre quelque-chose, bafouilla puis referma la bouche, frappé de mutisme. Une larme roula même sur sa joue avant qu'elle n'esquisse un pas pour s'approcher bravement d'Arthur. Dans une impulsion, elle se précipita vers lui et déposa un baiser sur sa joue avant de répondre avec tendresse :

- C'est la chose la plus attentionnée qu'on m'ait jamais dite. Je ne sais pas quoi répondre...

[Arthur de Faisanlys]

Arthur s'empourpra spectaculairement. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle réagisse de la sorte : il lui avait semblé bien naturel de souhaiter pareil bonheur à la jeune femme, qui en avait tellement besoin.
" Heu... Vous ne devez rien dire... c'est... sincère..."
Il l'écarta doucement.
" Et je crains que ce ne soit qu'un puits... N'imaginez pas que je viens de résoudre votre problème... Même si j'aimerais en être capable, c'est votre cheminement... et vous seule pourrez découvrir la juste destination."

[Chandara]

Chandara tenta de se composer une mine plus avenante et s'essuyant la joue du bout des doigts. Elle parvint à lui dédier un sourire convaincant et hocha même la tête en guise d'assentiment mais eut bien du mal à prononcer la moindre parole supplémentaire pendant un moment. Elle se pencha finalement pour ramasser la pièce qui lui avait échappée et réfléchit longuement avant de se décider à formuler un vœu à son tour :

- Je souhaite... - Que vous restiez auprès de moi - ...que les spectacles auxquels vous assisterez ne soient jamais aussi ennuyeux et ratés que le Triomphe de Helm !

[Arthur de Faisanlys]

Arthur s'assit sur le banc, soulagé qu'elle ait choisi une option plus légère.
" J'ai une solution toute trouvée, pour cela : ne plus jamais jamais jamais aller au théâtre, en tout cas en terre manostienne."
Il avait dit cela du ton le plus léger possible, pour ne pas qu'elle se vexe.
" Mais oubliez cette représentation. Je ne veux pas qu'elle reste comme un nuage noir sur cette journée. Je suis un bon lathandrite, et le bon lathandrite ne vit jamais tourné vers le passé. En ce qui me concerne, je ne suis même pas certain de savoir encore à quoi vous faites référence... "

[Chandara]

Chandara vint s'asseoir juste à côté de lui - avant de se rendre compte un peu tardivement qu'elle s'était placée vraiment très près. Pour autant, elle choisit de ne pas bouger, jugeant que la position était agréable. Le moment s'était fait plus léger, en effet, et elle répondit sur le même mode :

- Ça alors, ce que je vous envie ce pouvoir ! Pour ma part, j'ai encore quelques rimes en tête qui pourraient être considérées comme blasphématoires dans un temple de Milil. Si je n'en étais pas encore convaincu, je serais maintenant persuadée que Lathandre est un dieu des plus miséricordieux !

[Arthur de Faisanlys]

" Méfiez-vous. D'aucuns pourraient nous accuser d'avoir la mémoire courte. C'est pratique quand il faut oublier des horreurs et la rancune n'est pas dans nos habitudes, mais il est normalement heureux d'apprendre de ses erreurs, ce qui n'est pas notre fort."
Il sourit à la jeune femme. Il était conscient de sa proximité, de sa beauté incroyable, mais quelque chose le mettait vaguement mal à l'aise. Il se souvenait de Soupir, de la déconvenue qui avait suivi... N'était-ce pas un peu rapide pour s'emballer ? Ils se connaissaient à peine. Sans doute un Lathandrite aurait-il profité de l'instant sans se soucier de la suite, mais Arthur était paladin, il était forcé d'avoir un code de conduite relativement strict, il ne pouvait pas profiter de l'attraction qu'il sentait entre eux sans s'interroger sur ses bases réelles.

[Chandara]

Chandara se fit un peu plus sérieuse, montrant en cela que la jeune femme un peu frivole et impétueuse qu'il avait connue quelques semaines plus tôt avait mûri. En partie seulement sans doute mais tout de même :

- Vous me faites pourtant l'effet d'un jeune-homme posé qui sait tirer partie de ses erreurs. Ou même de celles des autres. Bon, vous pourrez me rétorquer que je ne suis peut-être pas la mieux placée pour en juger mais c'est pourtant ce que je ressens. Et conserver la possibilité de s'émerveiller et de garder l'espoir en demain n'est en rien une faiblesse de mon point de vue. La guerre que nous venons de connaître avait beaucoup d'excellentes raisons sans doute mais je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est aussi la rancœur de générations entières, de part et d'autre de la frontière, qui a contribué à tout ce gâchis.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur se détourna un moment.
" Les Mélandiens que j'ai rencontrés n'étaient pas très différents de vous et moi. Ils étaient simplement nés du mauvais côté de la frontière. Des gens simples, forcés à la guerre par des seigneurs dont ils ne savaient presque rien, sinon que leur famille serait massacrée ou réduite en esclavage s'ils venaient à déserter. Je me demande ce qu'il est advenu d'eux..."
Il se perdit un moment dans son souvenir du château manostien, de ce qu'il s'était produit là-bas, et machinalement, il massa sa main droite retrouvée.
" Je pense que c'est surtout les gouvernants qui sont responsables, beaucoup plus que les gens qui vivent leurs vies ordinaires, ici ou là. Mélandis a un coeur pourri. La purifier passera par l'élimination de ce coeur."

[Chandara]

Chandara hocha la tête avec gravité : il transparaissait dans le discours d’Arthur qu’ils partageaient la même opinion. Une opinion qu’il valait certainement ne pas clamer sur la place publique, particulièrement à Manost et en ce moment. Les rancœurs étaient tenaces et le conflit qui venait de s’achever n’aurait fait que les renforcer. Aucune guerre ne pourrait en apporter la solution. Au-delà de tout ce qui serait détruit, à nouveau, un autre conflit armé ne ferait qu’alimenter un peu plus la haine et ne toucherait pas aux causes qui avaient provoqué les premiers combats.

La jeune femme se perdit à son tour dans ses souvenirs récents : tous ces morts sur le champ de bataille… Voir tomber des hommes et des femmes qu’elle avait côtoyés au campement ou qui portaient simplement les mêmes couleurs qu’elle l’avait profondément affectée. Mais ce n’avait pas été le plus dérangeant : elle avait aussi souffert d’avoir provoqué un certain nombre de morts dans les rangs ennemis. Dans les regards qu’elle avait croisés sur le champ de bataille, elle n’avait pas su lire le mal qu’on lui avait tant dépeint. Ou alors seulement chez un petit nombre. Arthur avait raison : tous ces soldats n’étaient pas fondamentalement mauvais, simplement très mal dirigés et contraints pour la plupart. Elle n’avait ressenti aucune satisfaction à leur survivre…

- Autrefois, je pensais que c’était simple : qu’il suffisait de frapper la cible que des gens que je jugeais plus sages que moi me désigneraient. Que cela contribuerait à affaiblir le mal et promouvoir le bien. Une fois, j’ai même cru que notre mission permettrait de frapper le mal en plein cœur. Que détruire le temple du culte de Talos à Melandis serait décisif dans cette lutte. Mais cela n’a fait que rendre plus difficile à identifier le mal et à l’atteindre. Aujourd’hui je ne peux que me demander si cela aiderait vraiment de tuer l’empereur mélandien. Ou même tous les dirigeants des grandes familles de l’empire…

[Arthur de Faisanlys]

Arthur s'était immobilisé, frappé de stupeur.
" Attendez, excusez-moi, mais... vous avez dit... détruire le temple de Talos à Mélandis ? Vous avez vraiment... participé à une opération pareille ?"
Il avait cru la jeune femme téméraire, mais il s'agissait là d'une toute autre échelle...

[Chandara]

Chandara ne s'était pas attendue à une telle réaction en évoquant ce vieux souvenir. Elle répondit d'un ton hésitant et pondéré :

- Oui... Enfin, c'était une opération plutôt clandestine... Il ne s'agissait pas de se ruer sur place avec des torches, vous pensez bien... Et en tant que toute nouvelle paladine, mon rôle était plutôt limité.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur était encore plus stupéfait.
" Et on vous a envoyée à Mélandis... alors que vous débutiez ? Est-ce que... ce n'est pas..."
Incroyablement inconscient de la part de vos supérieurs ?
Il s'était déjà permis de remettre sa foi envers Helm en question, il ne pouvait décemment pas critiquer sa commanderie, aussi se tint-il quoi, même si l'expression de son visage devait valoir bien des discours.
" Vous n'étiez pas seule, rassurez-moi..."

[Chandara]

Chandara sentait bien que ses réponses perturbaient le paladin aussi s'empressa-t-elle de dissimuler tout malentendu. En tous cas, elle s'y efforçait :

- Bien sûr que non ! C'était une opération bien préparée. En revanche, je crois que j'étais la seule paladine impliquée. Je cherchais encore à intégrer la commanderie à cette époque alors je ne pourrais pas en juger mais certains de mes partenaires de l'époque ne m'ont pas paru très recommandable. Rétrospectivement, je n'en suis pas très fière.

[Arthur de Faisanlys]

" En tout cas, vous étiez déjà drôlement... drôlement audacieuse."
Il ne put s'empêcher de frissonner. Aller brûler un temple, dans une cité ennemie... C'était pour le moins original. Et il avait à nouveau un peu peur d'elle, là, comme ça.
" Vous étiez déjà paladine, sans avoir intégré une commanderie ? C'est... particulier. Je ne savais pas que c'était possible. Ou alors vous veniez de quitter la commanderie de Cojum ?"

[Chandara]

Chandara avait souri du qualificatif employé par Arthur à son égard même si elle se doutait qu'il ne fallait pas forcément l'entendre comme un compliment à part entière. Heureusement, il dérivait vers un sujet bien moins polémique et elle se fit un plaisir de répondre à sa question bien légitime : visiblement, les pratiques différaient un peu entre les deux îles sur cette question cruciale :

- En fait, je venais d'être ordonnée à l'Académie de Cojum : il n'y a pas de commanderie à proprement parler en dehors de Manost. L'académie n'en est pas une : c'est une sorte de centre de formation, pour paladins entre autres. Et c'est en ralliant la capitale que j'ai entendu parler de ce projet.