[Haute-Forêt] Quête : Racines

[Kasumi]

Kasumi se contenta de l’embrasser sur le front en retour, amusé par sa réplique mais bien trop épuisé pour trouver quelque chose d’intelligent à y répondre. De toute façon, ce dont avait le plus besoin la jeune femme était d’un peu de repos, et d’un peu de chaleur. Il la sentit frissonner malgré elle et, après lui avoir soufflé un « Attends juste une seconde mon merveilleux rêve éveillé. » Il se redressa pour aller fouiller dans son sac tout proche et revenir moins d’une minute plus tard avec une couverture qu’il déposa sur son corps nu avant de reprendre rapidement sa place auprès d’elle.

- Je ne voudrais pas que tu risques de tomber malade : j’aime voir tes joues rosir mais pas le bout de ton nez ! Bonne nuit mon amour. Et si tu souhaites que je te donne des idées pour peupler tes rêves, n’hésite pas à me réveiller.

Sa voix, clairement marquée par le sommeil désormais, manquait un peu trop d’énergie pour constituer une invite crédible. Mais ce n’était pas grave, Sylvia était déjà profondément endormie, un sourire paisible dessiné sur ses jolies lèvres. C’est cette vision parfaite que Kasumi emporta au pays des rêves quelques instants à peine plus tard. Et il n'y aurait nulle autre femme pour le peupler.

[Voyageuse]

Les trilles matinales des oiseaux, saluant les rayons d'un soleil balbutiant, les réveillèrent bien trop tôt à leur goût. C'était à croire que toutes les créatures ailées de la forêt s'étaient donné rendez-vous dans leur clairière ce matin-là pour leur servir de réveil. Malgré leur fatigue et leur manque de sommeil, il était évident qu'ils ne pourraient guère dormir une minute de plus.
Pourtant Sylvia s'osbstina, se retournant machinalement en entraînant la couverture, sans vraiment de conscience, sans doute, du lieu où elle se trouvait ni de la présence de son amant. Ou peut-être yu était-elle déjà tellement habituée, depuis quelques jours, qu'elle ne s'en rendait plus compte...
Du coin de l'oeil, Kasumi aperçut Léo, couché non loin, qui le salua en battant mollement sa la queue.

[Kasumi]

Une fois de plus il n’avait pas dormi plus de quatre ou cinq heures sans doute mais, même si ses yeux lui piquaient un peu, même s’il ne se sentait pas tout à fait en forme, le demi-elfe n’aurait jamais songé à s’en plaindre. Les trilles des oiseaux étaient plus harmonieux qu’agaçants et la présence de Sylvia à ses côtés suffisait largement à le mettre de bonne humeur. Il sourit de sa vaine tentative d’arracher quelques minutes supplémentaires de sommeil et décida de mettre ce délai à profit pour tenter de lui faire plaisir quand elle émergerait tout à fait. Tout d’abord il lui fallait réanimer le feu… Ensuite il s’occuperait de cueillir quelques fruits pendant que le feu se ferait braises. Ce faisant, il aperçut Léo qui semblait s’intéresser à ses faits et gestes. Après s’être rhabillé en hâte pour mieux supporter les frimas du matin, il s’approcha de lui et murmura - en langue elfique même si la démarche paraissait sans doute ridicule - pour ne pas risquer de déranger la belle endormie :

- Est-ce que ça te dit de faire une petite balade ou préfères-tu veiller sur ma belle ? Dans tous les cas, je vais tenter de te trouver un ou deux lièvres à manger.

Il avait l’intention d’emporter son arc jusqu’à une zone pleine de buissons fruitiers près de la rivière. Il pourrait ainsi mener ses deux tâches sans trop s’éloigner de Sylvia.

[Voyageuse]

Léo posa sur lui son regard jaune, remua la queue, puis bailla ostensiblement. Et reposa sa tête, tranquillement, entre ses pattes. Il était peu probable qu'il ait compris la requête du rôdeur, mais sa réponse était de toute évidence non.

Le bord de la rivière lui offrit tout ce qu'il désirait : des fruits à volonté et un peu de petit gibier. Mais les lièvres furent quelque peu récalcitrants à se faire tirer. Il lui fallut plusieurs tentatives avant de parvenir à ses fins, et le temps passa, davantage sans doute qu'il ne l'aurait voulu.
Lorsqu'il revint vers le feu, Sylvia était levée, assise auprès du feu qu'elle avait visiblement alimenté, ses cheveux roux flottant librement dans son dos. Elle se concentrait pour l'heure sur la tâche ardue consistant à dompter sa tignasse rebelle en une tresse parfaitement ordonnée.

[Kasumi]

Kasumi résista à l’impulsion de tenter de surprendre sa compagne. Mais elle était manifestement un peu trop concentrée sur sa tâche pour que cela relève du défi et il était de toute façon trop subjugué par le spectacle qu’elle offrait pour vraiment songer sérieusement à ce genre de jeu un peu puéril. Il ne cacha pas sa présence et approcha d’elle avec un sourire radieux aux lèvres. Il s’approcha du feu et se dépêcha de déposer ses prises avant de se s’approcher tout à fait de la rôdeuse.

- Bonjour mon amour. C’est donc à cela que ressemble la plus belle des fées quand on a la chance de la surprendre au petit matin ? C’est captivant ! Est-ce que… Est-ce que je peux t’aider ? Si tu me montres comment faire…

Il y avait une certaine part de timidité dans sa voix, comme si Kasumi se trouvait devant une nouvelle frontière de l’intimité de sa compagne qu’il n’était pas certain d’avoir le droit de franchir. En tous cas pas sans sa permission.

[Voyageuse]

Elle parut hésiter. Puis secoua la tête.
- Non, merci... C'est gentil à toi, mon amour, mais j'ai pas mal d'années d'entraînement et je serai plus efficace seule.
Elle adoucit son refus d'un sourire tendre et affectueux. Kasumi put constater que ses doigts couraient en effet avec dextérité dans sa chevelure, ramenant une mèche, en écartant une autre, d'un geste presque machinal et incroyablement rapide.
- Mais je veux bien que tu te charges de préparer le petit déjeuner pendant ce temps, je meurs de faim !

[Kasumi]

Kasumi ne se formalisa pas un seul instant d’autant que ça lui permettait d’observer avec admiration l’habileté de sa compagne pendant qu’il mettait l’eau à chauffer, préparait une infusion et coupait leur reste de pain et le mettait à braiser pour le rendre plus craquant. Il acheva ses préparatifs en disposant les fruits rouges dans une coupelle qu’il disposa dans une unique coupelle entre eux deux. Léo obtint également sa ration sous la forme de trois beaux lièvres. Il était inutile de les économiser : Galawen passerait les chercher dans quelques heures et ils atteindraient la cité dans la journée, sans doute avec le renfort de montures everaskanes. Les chevaux étaient rares car peu pratiques dans la forêt aussi le rôdeur se mit à sourire avant de demander d’un ton doux :

- Ma question va te paraître stupide sans doute mais il y a tant de choses qu’il me reste à découvrir sur toi ma douce : est-ce que tu es déjà monté à cheval ?

[Voyageuse]

Sylvia haussa un sourcil, avant de répondre d'une grimace éloquente.
- Non. Pas plus que toi quand tu étais ici... On n'a jamais eu besoin de cheval.
Réfléchissant un instant elle ajouta :
- Bon, je crois que chez mon père, avant qu'il me confie à nos instructeurs, j'ai dû avoir l'occasion de monter une fois ou deux. Mais j'étais toute petite, ça ne compte pas...
Elle soupira.
- J'imagine qu'ils s'apprivoisent un peu comme n'importe quel animal ?

[Kasumi]

Kasumi lui adressa un calme sourire avant de répondre d’un ton confiant :

- Oui, je suis certain que tu n’auras aucune difficulté et même que ça pourrait te plaire. Les bons cavaliers ont une relation proche de celle d’un rôdeur avec son compagnon animal et n’ont pas besoin de se servir de rênes pour les diriger. Mais la plupart des chevaux que j’ai utilisés étaient déjà dressés pour la monte. Le cheval que j’ai laissé à Luménis était un peu plus récalcitrant à nos débuts. Mais je crois qu’il m’aime bien : il ne cherche même plus à me mordre, sinon par jeu.

[Voyageuse]

Sylvia le regarda d'un drôle d'air, haussant les sourcils, semblant se demander s'il plaisantait ou non.
- Il n'a pas intérêt à tenter de me mordre, finit-elle par répliquer, ou je charge Léo de lui rendre la pareille ! Enfin, si Eärundra l'autorise...
La mention de la druidesse ramena un éclat de gravité dans ses yeux. Elle songeait probablement à la séparation qui les attendait, et Kasumi la vit grimacer un instant, avant de se reprendre.
- Et puis, il va bien falloir que je m'habitue à monter à cheval. Apparemment, ils font partie de ta vie, depuis que tu as quitté les bois. Donc si je veux te suivre, il faudra bien que je tienne en selle !
Elle lui sourit, chassant les nuages qui avaient obscurci son front l'instant d'avant, et l'embrassa avec tendresse.

[Kasumi]

Kasumi l’enlaça avec douceur et lui sourit tranquillement quand elle mit fin à leur baiser.

- Je ne dirais pas qu’ils font partie de ma vie. Contrairement à toi, mon aimée. Ils sont juste pratiques pour se déplacer rapidement sur de grandes distances mais j’aurai bien moins de raison de me dépêcher quand tu m’accompagneras. Cela dit, je me ferai un plaisir de t’apprendre ce que je sais. Le principal inconvénient des chevaux est qu’ils font un peu mal au fessier les premiers jours mais je me chargerai de te soulager pour ça aussi, tu peux compter sur moi !

Son visage et particulièrement ses yeux peinaient à contenir l’amusement du demi-elfe suite à cette remarque prononcée avec un peu trop de sérieux.

[Voyageuse]

Sylvia partit d'un rire joyeux, ses yeux verts brillant d'amusement, et se serra davantage contre lui, posant la tête sur son épaule.
Léo choisit ce moment pour s'approcher, curieux. Peut-être un peu inquiet, aussi, mais nullement hostile. Kasumi devinait même une -infime- lueur de confiance dans ses yeux. Il s'assit, puis se coucha, juste à leur pieds, manifestement décidé à ne pas les quitter d'une semelle. Peut-être savait-il qu'il rejoindrait sa maîtresse aujourd'hui, même s'il ne pouvait pas comprendre comment.

hrp : tu peux résumer jusqu'au retour de Galawen... dans 2-3h je dirais !

[Kasumi]

Kasumi et Sylvia restèrent ainsi enlacés de longues minutes à profiter simplement de la présence de l’autre avant que le rôdeur ne mène sa belle jusque devant le petit déjeuner qu’il avait confectionné avec les moyens du bord. Le rôdeur en lui était touché et soulagé de la confiance apparente dont faisait preuve Léo en ne les lâchant plus des yeux. Ce n’était pas gagné quand on se souvenait de leur première rencontre et de l’incident avec les sirènes... Mais bien des événements s’étaient déroulés depuis et avaient soudé le petit groupe et plus encore le couple qui était né en son sein.

Déjeuner et ranger toutes leurs affaires pour le voyage leur prit moins d’une heure ce qui permit aux deux rôdeurs de profiter d’un nouveau moment de calme avant l’arrivée de Galawen. Le demi-elfe s’était assis à côté de la jeune femme et avait passé un bras par-dessus son épaule pour l’attirer doucement contre lui. Et c’est ainsi, presque sans échanger un mot, qu’ils écoutèrent les trilles des nombreux oiseaux. Ils n’avaient pas envie de se projeter plus loin dans l’avenir et la séparation inéluctable qui viendrait bien trop vite.

[Voyageuse]

Il y eût une sensation étrange, comme si l'air non loin d'eux devenait électrique. Puis une sorte de brouillard lumineux, d'un blanc intense, éblouissant, qui les obligea à détourner le regard. Lorsqu'il se dissipa, il révéla une silhouette floue, celle de Galawen.
- Kasumi, Sylvia ?
Elle clignait des yeux, aussi éblouie qu'eux.
- Ah, vous voilà. Bonjour... J'espère que vous avez passé une nuit plus confortable que nous... Alors, vous êtes prêts à revenir à la maison ?

[Kasumi]

Instinctivement, Kasumi avait resserré son étreinte comme pour protéger Sylvia contre la manifestation si elle s’avérait hostile. Mais il fut soulagé en reconnaissant la silhouette d’abord floue puis de plus en plus nette de la compagne de son père.

- Bonjour Galawen. J’en conclus qu’il fait froid dans le col. Vous savez, nous autres rôdeurs sommes capables de nous faire à toutes les conditions ou à peu près. Pour ma part, j’ai dormi comme un bébé !

Il serra la main de sa compagne dans la sienne et lui dédia un sourire rassurant avant d’ajouter d’un ton un peu plus solennel :

- Nous sommes prêts à vous suivre à Everaska. J’ai hâte de montrer la maison de mon père à Sylvia. Est-ce que les autres ont pu poursuivre leur chemin vers la cité ?

[Voyageuse]

L'elfe acquiesça avec un sourire.
- Oui. J'ai pu contacter votre grand-mère, et elle nous a envoyé deux guides de montagne avec des montures, en nombre suffisant pour nous tous. Ils nous ont rejoint pendant la nuit, et sont repartis avec Tilmandil et Elryndel. Je pense qu'ils arriveront à la cité d'ici ce soir. Eärundra m'a raccompagnée jusqu'au point de téléportation, ajouta-t-elle avec une nuance d'hésitation dans la voix et une expression éloquente : les deux elfes ne s'entendaient visiblement pas.
Léo écopa d'une semblable grimace.
- Il va falloir que je sois en contact avec vous tous... vous allez le tenir ? Vous êtes sûr qu'il ne va pas paniquer et décider d'attaquer tout ce qui se trouve à sa portée ?

[Kasumi]

Kasumi devait bien reconnaître que l’inimitié entre les deux elfes était troublante et qu’il était quelque peu curieux d’en savoir davantage sur ses origines exactes. Mais ce n’était pas un moment particulièrement bien choisi si tant est qu’il y en ait un pour poser le genre de questions qui amènerait ou non Galawen à des révélations. Non, la mage avait besoin de toute sa concentration et il était évident qu’elle avait besoin d’être rassurée quant à Léo. C’était d’ailleurs aussi le cas de Sylvia qui n’avait sans doute jamais voyagé de cette façon non plus. Le rôdeur serra la main de cette dernière un peu plus étroitement tout en répondant d’un ton qu’il espérait apaisant :

- Léo est un lion intelligent : il sait se maîtriser et il ne vous voit pas comme une ennemie. Je me tiendrai juste à côté de vous de toute façon ainsi que Sylvia si cela peut vous rassurer. Posez simplement une main sur sa crinière comme Dame Cinia l’a fait pour nous emmener au voyage aller. Il connait déjà votre odeur, il ne vous percevra pas comme une menace.

[Voyageuse]

L'elfe hocha la tête, un brin dubitative. Néanmoins, elle obtempéra, et posa une main timide sur la crinière de Léo. Poser était du reste un terme parfaitement impropre : en réalité, elle effleurait du bout des doigts une touffe de poils dressés. Apparemment, cela devrait suffire...
- Sylvia, Kasumi, touchez tous les deux mon autre main. Voilà, comme ça... Soyez prêts...
Elle incanta, une mélopée étrange, et subitement, tout se fit brouillard autour d'eux, tandis qu'un tourbillon de lumière blanche, éblouissante, les enveloppait. L'instant d'après, il se dissipait, sur un paysage bien différent de celui qu'ils venaient de quitter.

[Voyageuse]

Quête : racines

Chap 6 : Nouveau départ

Lorsque le tourbillon de lumière se dissipa, ils se retrouvèrent dans un paysage tout aussi humide qu'ils venaient de quitter, quoi que plus tempéré : la pluie tombait à verse et le ciel nocturne était zébré d'éclairs. Ils se trouvaient, comme espéré, sur les vestiges du campement occupé autrefois par Galawen et Elryndel, puis par l'expédition de secours. Un amoncellement de pierres, non loin, avait servi de point de repère à la magicienne.
La végétation, dense, les protégeait un peu de la pluie, mais elle ne suffirait pas à leur permettre de passer une nuit au sec.
Vif-Argent, quant à lui, s'envola aussitôt des bras de sa maîtresse, paniqué. Il retrouverait bien vite ses marques : il était en terrain connu après tout.

[Kasumi]

Kasumi ne s'inquiéta pas outre mesure pour le faucon de Sylvia : nul doute que passée la désorientation qu'il devait forcément ressentir - après cette toute première téléportation pour lui - il chercherait à revenir s'abriter auprès de sa maîtresse. Du reste, trouver un abri un peu plus convenable pour se mettre au sec fut la première des priorités de Kasumi après avoir félicité Galawen pour sa précision. Un saule pleureur ou un arbre à feuilles denses pourrait faire une bonne base à défaut de mieux et ils pourraient toujours tendre de la toile pour parfaire un abri de fortune : de toute façon, il ne faudrait pas se montrer trop difficile avec la nuit qui s'épaississait.

[Voyageuse]

Il y avait maints arbres au feuillage fourni dans les environs, et ils n'eurent que l'embarras du choix. Tendre une toile s'avéra en revanche indispensable.
Sylvia, complètement aveugle dans l'obscurité, alluma une bougie pour tenter de se mettre en quête de bois sec, laissant au rôdeur le soin d'aménager leur campement, tandis que Galawen attendait, stoïque sous l'orage, profitant de l'abri imparfait d'un chêne. Quelques éclairs et coups de tonnerre particulièrement violents la firent sursauter : l'orage semblait juste au-dessus d'eux. Il était probable que la petite colline où se trouvait le bosquet, toute proche, attirait la foudre.
" Vous êtes sûrs... qu'on ne risque rien ?", finit-elle par souffler, pas très rassurée, tout en se glissant sous l'abri de toile enfin terminé. Sylvia avait ramené quelques branchages humides et s'escrimait à allumer un feu.

[Kasumi]

Si : il y avait toujours un risque à rester en forêt pendant un orage mais ils n'avaient pas vraiment le choix en l'occurrence. Kasumi avait tout de même cherché à limiter les risques en installant leur "campement" au milieu d'une zone d'arbres bas qui étaient bien moins susceptibles d'attirer la foudre et dont les branches n'étaient pas trop épaisses pour éviter les chutes dangereuses. Malgré tout, il préféra recommander qu'ils fassent des tours de garde pour réveiller les dormeurs en cas de détérioration brutale de la situation.

[Voyageuse]

Galawen insista pour prendre le premier tour de garde : elle avait de toute façon trop peur pour dormir. Mais puisqu'il lui fallait tout de même une certaine durée de sommeil pour mémoriser ses sorts, il fut entendu que Kasumi prendrait le relais au bout de deux heures seulement, et qu'ils se partageraient le temps restant avec Sylvia.
Il eût l'impression qu'il venait juste de s'endormir lorsqu'elle le réveilla, et pourtant elle lui certifia que le temps était écoulé. Elle paraissait encore un peu anxieuse, mais n'eût guère de mal à s'endormir. L'orage tournait toujours, un peu plus loin désormais, centré sur le relief qui les surplombait. Un éclair plus violent que les autres provoqua subitement un départ de feu, au loin sur la colline : il le devina à la lueur orangée des flammes éclairant la nuit. Peu après, le vent lui apportait des odeurs de bois calciné et de fumée.

[Kasumi]

Malheureusement, le rôdeur ne pouvait rien faire pour lutter contre cet incendie - quoique ça le désole complètement - et ne pouvait qu'espérer que la pluie continue de tomber drue et le vent de baisser pour que le feu se résorbe de lui-même. Tout au plus pouvait-il surveiller la progression des flammes aux odeurs de fumée plus qu'à la vue. Il cherchait à tout moment à déterminer si l'endroit était toujours plus ou moins sûr ou s'il faudrait renoncer à dormir et s'éloigner du danger.

[Voyageuse]

Le vent soufflait vers eux mais l'incendiée était loin et la forêt saturée d'humidité. Il vit un moment encore la lueur orangée des flammes, qui semblait s'étendre, mais peu à peu elle disparut et ce fut la fumée qui l'emporta, piquante, désagréable. Si désagréable qu'elle réveilla à demi Sylvia, qui marmonna dans son sommeil, se retourna, puis finit par ouvrir des yeux ensommeillés, lui sourire et se lever doucement pour le rejoindre, essayant désespérément de percer la nuit de son regard d'humaine.
" Il a l'air loin, on ne risque rien vu l'humidité. Mais puisque je suis debout, est-ce que c'est mon tour de veiller ?"

[Kasumi]

Cela devait effectivement être son tour de veiller et Kasumi se sentait somnolent mais il n'avait pas vraiment envie d'aller dormir tout de suite : cela lui semblait faire une éternité qu'il ne s'était pas retrouvé en forêt et même si les conditions étaient loin d'être idéales, il avait envie d'en profiter encore un peu.

- Oui, je pense. Mais si ça ne te fait rien, je voudrais veiller un peu avec toi. Juste pour le plaisir de te regarder ! Mais je serai sage bien sûr : nous ne sommes pas encore seuls !

[Voyageuse]

" J'espère bien que tu ne seras pas aussi sage les nuits prochaines !" rétorqua la rôdeuse, mutine, avec un clin d'oeil.
Mais elle se contenta d'un chaste baiser : effectivement, ils n'étaient pas seuls, et les odeurs de fumée risquaient de réveiller Galawen... et créaient une atmosphère pas vraiment propice aux câlins, il fallait bien l'admettre.
Elle posa un moment sa tête sur son épaule, ajoutant un peu de bois dans leur propre feu. L'humidité et la fraîcheur incitaient à se blottir sous les couvertures et non à veiller. La forêt était anormalement silencieuse, à croire que même les habituels oiseaux et rongeurs nocturnes avaient préféré s'abriter quelque part plutôt que partir en chasse.
Peu à peu, sur la montagne, l'incendie s'éteignit et la fumée disparut à son tour, laissant dans l'air une odeur prégnante de bois calciné. Il pleuvait toujours, mais les éclairs se faisaient plus rares. L'orage s'apaisait enfin.

[Kasumi]

Kasumi avait fini par s'endormir pour de courtes siestes après s'être allongé, sa main toujours dans celle de Sylvia. Et puisque les éléments avaient l'air de se calmer, il l'avait invité à le rejoindre pour les deux dernières heures avant le lever de soleil. Nul doute qu'ils ne feraient pas de grasse matinée toutefois, Galawen étant certainement impatiente de rejoindre son propre compagnon et de retourner à Everaska avec lui. Il était étrange de penser à son père ainsi mais le rôdeur avait tout de même fini par s'y faire, le caractère facile de la mage aidant.

[Voyageuse]

Lorsqu'il se réveilla le lendemain, un timide rayon de soleil faisait briller les mille et une gouttelettes accrochées aux feuilles comme autant de pierres précieuses. Sylvia, déjà éveillée, l'accueillit d'un baiser. Il faisait froid et humide et il réalisa que malgré ses précautions, l'eau s'était infiltrée jusqu'à eux, mouillant vêtements et couvertures. Ce qui était au fond des sacs avait été à peu près protégé, cependant.
Galawen était déjà levée et s'évertuait à rallumer le feu, sans grand succès vu le taux d'humidité et son manque de pratique en la matière. La rôdeuse vint à son secours, laissant à Kasumi le soin de sortir leurs provisions. Mais la magicienne précisa aussitôt qu'elle ne déjeûnerait pas là : elle voulait rejoindre Elryndel, laissé seul au-delà du col dans le froid et la neige.

[Kasumi]

Le demi-elfe n'avait pas tardé à se lever : la journée serait longue et le programme plutôt enthousiasmant : il avait hâte de retrouver la sensation de bien être qui l'avait envahi à l'approche du bosquet. Il voulait aussi s'assurer que l'incendie n'avait pas provoqué trop de dégâts dans la direction de la colline. Quant au projet de la mage, il était tout à fait compréhensible et Kasumi lui en était gré de ne pas laisser son père seul plus que nécessaire. Il lui donna une accolade chaleureuse et lui souhaita un bon voyage de retour. Un simple au-revoir car ils devaient se revoir dans à peine plus d'une veille.

- Je gage que le campement des rôdeurs vous plaira davantage que ces bois humides ! Merci encore de votre aide, Galawen !