[Guilde] Le Très Noble Ordre du Coeur Radieux

[Althéa]

Elle fut surprise de voir une ombre de sourire se dessiner sur le visage d'un des deux gardes, une jeune femme qui devait avoir son âge, aux cheveux blonds et courts.

"Oh, vous savez, cela ne me vexe pas. Je ne suis pas paladine juste garde. Et tant que vous ne restez pas derrière moi pour qu'un de vos amis vous peigne en ma compagnie, ça me va. Les gens ont de drôles de manies parfois. Mais je ne peux pas vous laisser entrer. Ils sont un peu en agités depuis la fin de la guerre. Mais si vous voulez, je peux demander à un paladin de venir vous voir."

Elle interrogea Chance du regard.

[Echo]

Chance haussa les sourcils.

- Non, je ne suis pas venue me faire tirer le portrait, répondit-elle prudemment. Il y a vraiment des gens qui... ? Peu importe.

Donc, personne ne pouvait entrer là-dedans ? Tymora avait entendu ses prières ! C'était peut-être l'occasion d'en rester là, Ulysse serait sûrement un peu déçu mais... Elle jeta un coup d'oeil au garçon et soupira. Non, maintenant qu'ils étaient là, autant aller jusqu'au bout. Et autant faire preuve d'honnêteté également, elle n'avait pas de sinistres desseins à cacher après tout.

- En fait, ce jeune homme ici présent aimerait devenir paladin. Rien qu'à voir la façon dont il arrive à bomber le torse pour se donner l'air impressionnant, je suis sûre qu'il a de bonnes chances d'y arriver un jour. Nous sommes venus ici pour qu'il puisse discuter avec l'un d'entre eux, lui poser des questions, tout ça. J'imagine qu'ils ont autre chose à faire en ce moment mais c'est très important pour lui.

[Althéa]

La garde s'accroupit en face du petit garçon que les compliments de Chance faisaient rosir de fierté.

"C'est vrai qu'il a l'air impressionnant comme ça. Il ne manquerait plus qu'une épée et une armure ... Quand il sera plus grand. Mais pour le moment, je vais essayer de vous trouver un paladin. Je suis sûre qu'il y en aura un qui voudra bien discuter avec toi. N'est-ce pas Henry ?"

Elle s'adressait à l'autre garde en faction qui, beaucoup plus sérieux se contenta de hocher la tête d'un air pincé avant de dire.

"D'accord. Mais ne traînes pas."

[Echo]

Chance observa le dénommé Henry avec un rictus légèrement moqueur. S'attendait-il à ce qu'elle et Ulysse prennent d'assaut leur forteresse ?

Alors que la garde qui les avait accueillis s'éloignait, la tieffeline s'accroupit à son tour près du garçon et lui dit à voix basse :

- Tu te souviens de cette question à propos de la trappe dans l'armure ? Surtout, surtout, garde-la pour la fin...

[Althéa]

Le garde restant renvoya un regard mauvais à Chance mais s'abstint de tout commentaire. Ulysse hocha la tête penaud avant de souffler.

"Alors, peut-être qu'ils portent des langes. Si je ne le sais pas je ne le saurai jamais si je ne leur demande pas. Mais tu crois qu'on pourra leur demander de caresser leurs chevaux ? J'aimerais bien, moi."

Avant que Chance puisse répondre, une jeune femme blonde au visage poupin sortit de l'édifice. Elle ne portait pas d'armures mais son maintien laissait sans mal deviner son appartenance à la classe que petit garçon admirait. Elle regarda le duo, interrogatrice.

"On m'a dit que je devais aller parler à un petit garçon. Est-ce que c'était sérieux ?
- Tu es paladine, toi ?, demanda le petit garçon un peu déçu.
- Hé bien ... Je suis encore novice mais je suis paladine. Par contre, je suis tyrite .."

[Echo]

Ils étaient venus pour parler à un paladin, peu importait que ce soit un homme ou une femme, et peu importait qu'il ou elle soit tyrite ou helmite. Oui, sauf que le dieu des uns a tué le dieu des autres. Cela lui revenait à présent. Comment avait-elle pu oublier ça ? La nouvelle avait fait tant de bruit que même une personne se tenant à l'écart des affaires des dieux avait du en être informée, notamment à Melandis.

- Je vois. J'imagine que ça doit être un peu tendu là-dedans, non ? demanda t-elle en désignant le bâtiment derrière elle. Et est-ce qu'on vous jette des petits cailloux dans la rue ?

Les bras croisés contre sa poitrine, Chance ne souriait pas. Il n'y avait pas de moquerie dans sa voix, seulement de la curiosité. Mais elle secoua rapidement la tête, comme si elle venait de se rappeler pourquoi elle était ici, et ne lui laissa pas le temps de répondre.

- Ne faites pas attention à moi. Ce n'est pas à moi de poser des questions. Ulysse ? Tu devrais peut-être te présenter, non ?

[Althéa]

La jeune femme toisa Chance pendant un long moment, semblant chercher une moquerie ou une brimade dans son propos. N'en trouvant vraisemblablement pas, elle se détendit quelque peu.

"J'ai terminé mon année de noviciat cette année donc je ne suis heureusement pas obligée de rester au Coeur Radieux en permanence parce que c'est un peu difficile. Du jour au lendemain, certaines personnes que j'ai côtoyées durant douze années de ma vie m'ont subitement tourné le dos. Donc non, on ne me jette pas de petits cailloux mais c'est tout comme. Heureusement que ma formation tyrite me permet de demeurer loin d'ici le plus longtemps possible ..."

Pendant qu'elle parlait, la tieffeline ne put s'empêcher de remarquer qu'elle avait un petit air de famille avec une jeune femme rousse qui les avait escortés jusqu'à la frontière entre Manost et Mélandis. Peut-être se souvenait-elle de son prénom. La jeune femme s'intéressa à Ulysse.

"Quelles étaient tes questions ?
- Est-ce que je pourrais caresser des chevaux ?
- Ceux de notre commanderie ont brû... se sont enfuis à cause de l'incendie mais je pense que c'est du domaine du possible. Certains paladins confient leurs montures à Titoeil Debeurré qui a une écurie derrière le Loyal Paladin."

[Echo]

Comme si Ulysse avait besoin de raisons supplémentaires pour aller au Loyal Paladin...

Chance dévisagea la jeune paladine en silence pendant que celle-ci répondait aux questions d'Ulysse. Son visage lui rappelait celui d'Arthemis. Cette dernière lui avait brièvement parlé d'une sœur restée à Manost, une sœur qui faisait du droit et qui avait des... hallucinations ; se pouvait-il que ce soit cette personne ? C'était difficile à croire.

Elle se racla subitement la gorge et lança un regard d'excuse à Ulysse qu'elle venait encore une fois d'interrompre. C'était peut-être stupide mais elle devait en avoir le cœur net.

- Excusez-moi mais j'ai encore une question. Cela va peut-être vous paraître bizarre mais... connaissez-vous une jeune femme du nom d'Arthemis ?

[Althéa]

La jeune femme marqua un temps d'arrêt et fixa Chance pendant de longues secondes. La tieffeline vit défiler un bon nombre d'émotions sur son visage. De l'inquiétude, de la colère mais surtout du chagrin.

"Oui, je suis la petite soeur d'Arthemis. La connaissez-vous ? Si oui, vous devez savoir qu'elle est accusée de désertion et qu'elle risque la peine de mort. Ils ne nous ont même pas autorisés à la voir."

[Echo]

- Je sais.

Ce qu'elle ne dit pas, c'est qu'elle était en partie responsable. La décision d'Arthemis de déserter n'avait sans doute pas été motivée uniquement par ce que Chance lui avait dit, certes, mais c'était par sa faute qu'elle s'était retrouvée entre les pattes de l'armée manostienne. Elle n'avait pas prévu que les choses tourneraient ainsi mais c'était une bien piètre excuse.

- Le type qui l'a arrêtée était un imbécile, le pire imbécile que j'ai rencontré jusqu'ici ! s'emporta soudain la tieffeline. Il n'a rien voulu savoir, rien voulu entendre !

Et tellement soulagée de ne pas subir le même sort qu'Arthemis, Chance n'avait rien tenté pour lui éviter un sort qu'elle ne méritait pas. Cela aussi, elle ne le dit pas.

Elle retrouva son calme, du moins en apparence, mais il était évident que cela lui demandait un effort.

- Peut-être que... peut-être que nous pourrions faire quelque chose ? Sa voix était étonnement incertaine.

[Althéa]

La jeune femme regarda Chance comme si elle buvait ses paroles. A plusieurs reprises, la tieffeline fit des larmes apparaître dans ses yeux.

"Vous étiez là alors ... Vous pourriez peut-être témoigner. Son procès doit avoir lieu dans quelques jours et c'est un de mes amis qui va la représenter. Nous pourrions aller le voir et lui proposer d'inclure votre témoignage dans sa plaidoirie."

Elle sembla tout d'un coup reprendre des couleurs.

"Vous allez nous aider, vraiment ? Vous feriez ça pour nous ?"

[Echo]

Témoigner ? Ce n'était pas exactement le genre d'aide qu'elle pensait offrir. Elle avait plutôt imaginé une approche où ses talents de voleuse auraient pu être mis à contribution, mais elle oubliait là que la personne qui lui faisait face était paladine. Elle voulait sauver sa sœur dans les règles, soit, la tieffeline aurait du le voir venir. Elle avait encore perdu une occasion de se taire. L'idée d'un procès était encore plus effrayante que le reste.

- Vous devez savoir que le témoignage d'une personne comme moi n'aura aucune valeur. Pire, il pourrait desservir Arthemis.

Cette femme ignorait ce qui se cachait sous sa capuche ; si elle l'avait su, elle n'aurait même pas proposé cette solution.

- Quand je vois la facilité avec laquelle ils seraient prêts à condamner Arthemis à mort, cela ne me donne pas vraiment confiance en la justice de cette ville.

[Althéa]

La jeune femme eut l'air franchement déçue et quelque peu surprise.

"Alors, vous ne voulez pas ? Vous êtes vraiment notre dernier espoir. La guerre a déjà pris une de mes soeurs. S'il vous plaît, faites en sorte qu'Arthemis ne la rejoigne pas. Si vous craignez pour votre témoignage, allez voir mon ami avocat. Il vous dira comment parler, comment vous tenir et ils vous écouteront. Ils n'ont pas grand intérêt à pendre quelqu'un au retour de la guerre. Cela concrétiserait l''échec."

Ou peut-être la mort d'Arthemis serait-elle un exemple pour les prochaines fois.

[Echo]

Chance semblait furieuse, à la fois contre la paladine et elle-même.

- Où habite votre ami ? finit-elle par demander.

Elle pensait toujours que c'était une mauvaise idée et elle avait toujours l'intention de refuser de jouer le jeu, mais savoir où habitait cet avocat ne l'engageait à rien. Cela aurait été beaucoup plus facile si elle ne se sentait pas responsable de ce qui arrivait à Arthemis ; mais était-ce réellement de sa faute si la justice manostienne marchait sur les mains ? S'ils étaient prêts à tuer une prétendue déserteuse, qu'étaient-ils donc bien capable de lui faire à elle ? Et mieux valait ne pas penser à Elzen. Si quelqu'un découvrait qu'un ancien membre de l'armée mélandienne était ici... Non, elle garderait le tieffelin à l'écart de cette histoire, elle lui devait au moins ça.

[Elzen]

Le tieffelin en question était pourtant en train de se rapprocher dangereusement de ladite affaire.

Ses emplettes terminées, Elzen était reparti jusqu'au camp. Où il avait découvert que Chance et Ulysse étaient à leur tour partis pour la ville peu de temps auparavant. Qui pis est, d'autres personnes avaient entendu le petit parler de paladins. Et il s'était douté que la tieffeline ne saurait pas lui dire non et finirait par l'emmener à un endroit où il pourrait en voir. Pensée qui le terrorisait suffisamment pour outrepasser sa propre peur de s'approcher de tels dangers.

Il était donc revenu en ville et s'était précipité aussi vite qu'il était possible de le faire sans éveiller les soupçons dans une ville aussi stricte, en direction de l'endroit où, estimait-il, il avait le plus de chances de les trouver. En espérant qu'il ne serait rien arrivé de fâcheux entre temps.

[Althéa]

Un soupçon d'espoir vint éclairer le visage de la jeune femme.

"Hugo habite le quartier d'habitation tout près d'ici mais je serais prête à parier qu'il ne s'y trouve pas en ce moment. A tout les coups, il est au Palais de Justice. Si vous voulez bien venir avec moi, je vais vous le présenter. Vous le trouverez peut-être un peu ... fantasque mais c'est un très bon avocat. D'ailleurs, il a réussi les concours de la magistrature et il est prêt à devenir juge."

Elle osa un sourire avant de continuer.

"Au fait, je me nomme Louison de Lenclos. Et vous ?"

[Echo]

Louison, oui, c'était bien ce nom là.

- Chance.

Une imbécile, voilà ce qu'elle était. L'idée de s'exposer lors d'un procès pour sauver une femme qu'elle connaissait à peine aurait pu la faire hurler de rire en d'autres circonstances. Sa mémoire était peut-être complètement détraquée mais elle commençait à cerner la personne qu'elle était avant de se réveiller au milieu de nulle part, et elle avait l'intuition que cette personne aurait été en désaccord avec la moitié des décisions qu'elle prenait en ce moment. A juste titre.

Mais, perturbée par une soudaine sensation familière -qu'il était d'ailleurs très curieux de ressentir en pareil endroit-, ses réflexions tournèrent court.

[Elzen]

Le tieffelin ne tarda guère à remarquer deux silhouettes familières, associées à une impression qu'il connaissait bien. Ulysse et Chance semblaient en pleine forme, malgré la dangereuse présence des paladins aux alendours. Paladins dont une représentante dont l'apparence lui rappelait vaguement quelqu'un était en pleine conversation avec eux, et ne semblait pour l'instant pas agressive. C'était toujours ça.

Ne désirant pas trop jouer les troubles-fêtes, Elzen se contenta pour l'instant de s'approcher silencieusement, laissant sa compagne à sa conversation, et se contentant d'un petit signe de la main à l'enfant, si celui-ci regardait dans sa direction…

[Althéa]

Ulysse qui ne comprenait plus grand chose à la conversation des deux adultes accueillit l'arrivée d'Elzen avec un grand enthousiasme. Tirant sur la manche de Chance pour attirrer son attention, il courut jusqu'à Elzen et enserra ses genoux de ses bras. Louison s'interrompit quelques secondes pour les regarder avant de reprendre.

"Si nous nous dépêchons, il pourra mettre sa plaidoirie en place dès ce soir. Ensuite, il vous fera répéter."

Elle sourit.

"Je retrouve confiance. Comment pourrait-il en être autrement avec votre prénom."

[Echo]

- Je crains de très mal porter mon nom, répliqua Chance à mi-voix.

Un coup d’œil dans la direction où Ulysse partait en courant lui apprit que ce dernier avait cette fois une bonne raison de s'enthousiasmer. Sa futur carrière risquait de mourir dans l’œuf s'il continuait à câliner tous les tieffelins qu'il croisait sur sa route, mais ce n'était pas plus mal. C'était une saine pratique, pratique que Chance désespérait de ne pas expérimenter plus souvent. Une ombre de sourire fit frémir ses lèvres alors qu'Elzen s'approchait d'eux.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Toi aussi tu veux devenir paladin ?

Comment les avait-il retrouvés, c'était un mystère. Puisqu'Elzen partageait son ascendance démoniaque, elle était prête à parier qu'il était lui aussi sensible aux démangeaisons en tout genre lorsqu'il était à proximité d'un paladin, le voir ici était donc... surprenant.

- Tu te souviens d'Arthemis ? demanda t-elle. Voici sa sœur, Louison. Ahem, j'ai... j'ai décidé de l'aider pendant son procès.

Elle avait presque l'air de s'en excuser.

[Elzen]

« Salut bonhomme ! »

L'enfant se vit bientôt soulevé de terre, comme si le tieffelin avait eu pour objectif de le poser sur son épaule tel un baluchon. Bien sûr, il se débattrait en riant, et finirait par se retrouvé dans ses bras d'une manière plus conventionnelle.

À la question de Chance, Elzen eût un sourire.

« Je vous cherchais, tout simplement. Ce petit bonhomme n'était pas très discret sur votre destination. »

Rien dans son ton ne le laissait à présager, mais un bref instant, son regard communiqua à la tieffeline l'inquiétude qu'il avait eu : ce n'était pas exactement l'endroit le plus sécurisé de la ville, pour des êtres tels qu'eux.

« Son procès ? Dire que j'avais supposé qu'ils n'étaient pas assez bêtes pour ça… »

La demoiselle avait décidément, depuis leurs retrouvailles, une certaine tendance à avoir un comportement particulièrement saugrenu. Pour sa part, il se serait contenté d'ignorer superbement ce que la manostienne était devenue. Mais puisqu'on en était là… À en juger par la présence d'une paladine – sœur de l'autre, certes ; mais paladine tout de même –, il semblait peu probable que le plan soit de faire sauter la prison pour qu'elle puisse s'évader. Cette option envolée, il serait sans doute question de témoignages, et ce genre de choses. Activité pour laquelle un barde était généralement mieux armé, surtout s'il pouvait découvrir son visage sans risquer de provoquer des émois. Chance, elle, risquerait de mal le vivre.

« Tu veux que je m'en charge ? »

[Echo]

Chance fit les yeux ronds. Elle, elle avait une excuse pour se comporter de façon stupide -quelqu'un lui avait vraisemblablement tapé si fort sur le crâne que cela avait tout déréglé dans sa tête- mais quelle pouvait bien être l'excuse du tieffelin ? Il ne lui ferait pas croire qu'il s'intéressait au sort de la manostienne, ça non.

- Et pourquoi voudrais-tu faire ça ?

Si elle n'avait pas pris la décision de le tenir à l'écart des ennuis cinq minutes auparavant, Chance aurait peut-être considéré sa proposition avec sérieux ; après tout, il avait l'air humain, lui, et elle ne doutait pas qu'il saurait manier les mots avec bien plus d'adresse qu'elle n'en serait jamais capable. Oui, laisser le tieffelin témoigner à sa place était sans doute la meilleure chose à faire, c'est donc en toute logique que Chance écarta cette option avec obstination.

- Oh, je vois, tu ne me crois pas capable de m'en charger moi-même...

Voilà, faire mine d'être blessée par son manque de confiance en elle, cela devrait suffire à le faire renoncer.

[Elzen]

« Oh, je t'estimais tout à fait capable de repriser tes chausses, tu sais. »

Elle verrait tout à fait à quoi il faisait allusion : quelques jours plus tôt, elle avait eu besoin de quelques travaux d'aiguille, qu'elle était, certes, tout à fait en mesure de réaliser par elle-même – après tout, son amnésie ne lui avait rien retiré de sa dextérité de voleuse, et ses capacités surpassaient largement celles de son compagnon sur ce genre de travaux manuels. Néanmoins, effectuer ce genre de basses œuvres lui déplaisait ; et le tieffelin s'était dévoué pour s'en charger – il lui avait alors expliqué qu'il trouvait ce travail moins déplaisant que de la voir de mauvaise humeur à cause de cette activité.

La même chose valait aujourd'hui : il se passerait très bien d'intervenir dans cette histoire ; mais si prendre la place de la tieffeline était le prix à payer pour rendre à celle-ci son sourire, il était prêt à le faire, tout simplement.

[Echo]

S'il se chargeait de cette histoire de procès à sa place, cela lui laisserait du temps pour s'acquitter de la mission que Floréal lui avait confiée, une mission au moins aussi dangereuse qu'un tribunal manostien. Ou presque. C'est d'ailleurs ce qu'elle lui aurait répondu sans la présence de la paladine à leurs côtés. A la place, et puisqu'il voulait la voir sourire, elle sourit. Repriser ses chausses était une chose, se mettre inutilement en danger en témoignant à sa place en était une autre. Et si quelqu'un apprenait qu'il avait participé à cette fichue guerre dans le camp adverse ?

- Tu pourrais plutôt accompagner Ulysse au Loyal Paladin, je crois qu'il voulait aller caresser les chevaux là-bas.

Elle jeta un oeil à Ulysse et se retint de pouffer : elle ne voyait pas pourquoi elle serait la seule à subir sans broncher les inclinations étranges du jeune garçon.

[Elzen]

Caresser des chevaux ? Au moins, c'était peut-être la chose la moins dangereuse à faire dans un endroit pareil.

« Ça peut se tenter aussi… qu'est-ce que tu en penses, bonhomme ? »

Pour cette histoire de procès, ils verraient bien. À ses yeux, l'option de faire sauter la prison pour libérer la captive n'était pas encore écartée. Pas plus d'ailleurs que celle de la laisser tomber et de partir loin de cette ville de fous, sans doute la plus raisonnable, même s'il était désormais assez peu probable qu'ils la mettent en application rapidement.

[Althéa]

Le gamin suivit l'échange sans parler puis eut un sourire tranquille.

"Moi, je veux bien. Parce que Chance, elle doit aussi rentrer dans une maison pour reprendre quelque chose qui a été volé par des vilains ..."

Louison fronça les sourcils. Ulysse sursauta et mit sa main devant sa bouche comme s'il venait de lâcher un gros mot.

"ça, je dois peut-être pas le dire."

[Echo]

- Ce serait effectivement une bonne idée de ne pas le crier sur tous les toits, soupira Chance. Surtout... ici. Ça ne va pas m'aider à tenir ma promesse.

Voilà qui devrait inciter Ulysse à faire un peu plus attention s'il ne voulait vraiment pas qu'elle finisse en prison. Elle lui avait dit qu'elle était du côté des gentils dans cette affaire, la vérité devait être autrement plus nuancée en vérité. Et si son demi mensonge avait fonctionné sur lui, elle savait en revanche qu'il n'abuserait pas un paladin.

Heureusement, les seules oreilles indésirables dans lesquelles cette information était tombée appartenait à une femme qui dépendait d'elle pour sauver sa sœur ; Chance ne s'inquiéta donc pas trop d'être mise au fer par Louison qui, elle l'espérait, n'en ferait sûrement rien même une fois cette histoire terminée.

[Elzen]

Eh bien, il semblait que la tieffeline ne soit pas venue directement dans ce repère de paladins ; et qu'elle avait trouvé une occasion d'exercer ici ce qui avait été son métier à Melandis. Le moins que l'on pouvait dire, du point de vue de son compagnon, était qu'elle était douée… restait à espérer que pratiquer ce genre d'activités ici n'aurait pas de conséquences fâcheuses. Chose pour laquelle il serait préférable que l'enfant apprenne un peu à tenir sa langue.

En attendant, le tieffelin s'efforça de revenir au sujet précédent, l'air de rien.

« Et tu espères voir quel genre de chevaux au Loyal Paladin ? »

[Althéa]

Si Elzen ne releva pas la mention d'une activité interlope, Louison croisa cependant les sourcils.

"Pardonnez moi ... Mais j'espère que vous ne vous lancez dans aucune activité illégale. Si l'on vous surprend, vous n'aurez plus accès au tribunal à part comme accusée. Et vous perdrez tout crédit."

Sans se préoccuper du trouble qu'il venait de causer, Ulysse répondit avec tout l'enthousiasme de sa jeunesse.

"Moi, j'aimerais bien voir des poneys, et puis des alezans aussi. Et puis des licornes. Tu crois qu'ils en ont ?"

[Echo]

Ainsi donc, elle avait vu juste : ces "activités illégales" ne dérangeaient Louison que dans la mesure où cela risquait de lui faire perdre le procès de sa sœur.

- Perdre tout crédit, s’esclaffa la tieffeline, à moitié pour elle-même.

Elle perdrait tout crédit dès l'instant où elle enlèverait son capuchon, ses activités nocturnes n'y changeraient strictement rien et c'était de la folie de croire le contraire. Si la seule crainte de la paladine était que Chance se fasse prendre, elle pouvait dormir sur ses deux oreilles : elle n'avait pas l'intention de commettre d'impair.

- Et vous, pouvez-vous me promettre que je ne finirai pas moi-même sur le bûcher en essayant d'aider votre sœur ?

Il serait toujours temps de convaincre cette femme que la seule façon de sauver sa sœur était de se passer de la justice. Cette aide-là, Chance était toute disposée à lui offrir sur un plateau.