[Lieu] Lameroy - cité naine ouverte

[Kasumi]

Son interlocuteur se contenta de hocher la tête, ne souhaitant manifestement pas insister au risque de paraître indiscret : il avait lancé son invitation, à Alchem de la saisir si c’était conforme à ses projets. Ce dernier, en observant les autres convives à la dérobée, put noter des individus au teint hâlé et à la carrure puissante trahissant la vie au grand air et une activité physique intense. Probablement des guerriers même s’ils n’en portaient pas présentement l’équipement.

Le repas était très honnête en plus d’être copieux, de même que la bière. Elle n’avait peut-être pas la saveur exceptionnelle de celle qu’on lui servait au Filon Aurifère mais on ne pouvait pas servir une bière de mauvaise qualité et espérer prospérer dans une ville naine, fut-elle fréquentée par bon nombre d’étrangers.

[Alchem]

Bien. Pas d’insistance excessive, ce qui aurait été louche. L’évidente invitation, bien que rapide, trop rapide au goût du gnome, pouvait peut-être découler de sentiments louables. Trop rapide... forcément pour un svirfnebelin. Jamais Alchem n’inviterait quelqu’un sans l’avoir au préalable bien cerné. Et ce pouvait être assez long. Quelques instants durant, il profita de son plat et de sa boisson, son rat faisant de même. Puis, il estima que c’était à lui de poursuivre la conversation. Encore une fois, il se forçait, même s’il n’en montrait rien.

« Ainsi, vous partez pour l’ouest. Pouvez-vous m’en dire un peu plus ? Il se pourrait que je sois intéressé. »

[Kasumi]

Les marchands, ou en tous cas d'après ce qu'ils laissaient à penser, ne manifestaient visiblement pas la même méfiance que le gnome des roches. Ou en tous cas ils ne voulaient pas le donner à penser. Ce fut cette fois Aleka qui répondit à la question d'Alchem :

- Oh, si la question concerne nos projets d'itinéraires, nous comptions longer la Forêt Maudite par le sud pour atteindre la route de la Cote de Lumière et remonter en faisant étape dans les différents villages côtiers. Si votre question concerne ce que nous y ferons, il s'agit de commerce évidemment : les affaires sont bonnes dans ces villages isolés. Il y a toujours quelqu'un pour manquer d'un bon chaudron ou tout autre ustensile. Ils s'y vendent un bon prix. Bon, évidemment, les gemmes intéressent moins les villageois mais si vous poursuivez jusqu'à Luménis ou si vous bifurquez vers Antelucas, il en sera tout autrement.

[Alchem]

« Je vois, je vois... C’est intéressant. Que pouvez-vous me dire de Lumenis ou Antelucas ? Si le commerce des gemmes peut convenablement se pratiquer là-bas, ces destinations sont susceptibles de m’intéresser. »

Ces noms n’étaient pas totalement inconnus d’Alchem. Toutefois, il n’avait sur ces villes que des informations bien trop parcellaires. Déterminer un point d’arrivé ou, au moins, une étape conséquente dans son voyage, c’était une base. Cette question le concernait donc uniquement. Il ne s’agissait plus de se renseigner sur les marchands, juste pour l’instant.

[Kasumi]

Une fois encore, les marchands ne se formalisèrent pas malgré l’interruption d’Alchem. Le couple échangea un regard avant que Théodore ne réponde :

- Antelucas est une cité de taille moyenne pour le monde de la surface. Elle est réputée pour ses magnifiques plages, son ensoleillement et ses temples. Nombre de voyageurs y séjournent quelque temps pour se ressourcer loin de l’agitation de la capitale ou des autres grandes cités helloniennes.
- On raconte aussi que beaucoup d’hommes y entretiennent une maîtresse alors les gemmes et les bijoux ont la cote !

Un nouveau sourire entendu entre les mariés et Théodore reprenait :

- Luménis est à la fois la capitale et la plus grande cité de l’île. Et elle abrite en outre le principal port commercial du continent. De nombreux marchands modestes ont battis un réseau commercial s’étendant jusqu’à l’autre côté de l’océan en partant de peu.

[Alchem]

Voilà, semblait-il, deux destinations tout à fait viables. Alchem avait toutefois une préférence pour Lumenis. N’étant pas réellement versé dans le commerce des gemmes, il était surtout sensible au fait que c’était la capitale, la plus grande cité, l’endroit où il y avait le plus d’activité, le plus d’informations qui circulaient. Bien sûr, il fallait murir la question, mais la tendance était déjà là. Le gnome des profondeurs, reprit immédiatement la parole.

« Je note. Merci pour ces informations qui me donnent matière à réflexion et à planification. Puis-je encore savoir qui fait partie du voyage ? Vous deux seulement ? »

[Kasumi]

Théodore répondit d'un ton amical tout en repoussant son assiette désormais vide :

- Je vous en prie : il est normal que les voyageurs s'entraident. Surtout en cette période troublée. Et pour répondre à votre question, non nous ne voyageons pas seulement tous les deux en bonne partie pour la même raison. La plupart de nos compagnons de route sont déjà monté se reposer car nous avons l'intention de quitter Lameroy tôt demain matin. C'est la seule façon de dépasser les contreforts des montagnes avant la nuit. Vous devriez en faire autant ou remettre votre voyage à un autre jour si je puis me permettre ce conseil.

- Et surtout éviter de voyager seul, ajouta Aleka.

[Alchem]

Demain matin... n’était-ce pas un peu précipité ? Alchem, intérieurement, répondit à la fois par l’affirmative et la négative. En caricaturant à peine, sa prudence pouvait le pousser à mettre des semaines à se préparer afin que tout, et même d’avantage, soit réglé dans le moindre détail. Sa curiosité, quand à elle, lui susurrait de partir à la seconde même explorer ce monde sous le ciel qui l’attirait tant. Ses décisions étaient toujours le fruit d’un compromis.

Quoi qu’il en soit, le gnome n’avait pour l’heure aucun élément permettant de douter de ce couple de marchands, sauf sa suspicion naturelle. Ils lui offraient une solution qui devait être étudié.

« De sages paroles. Je ne vais pas tarder à aller dormir, j’ai déjà de nombreux kilomètres sur les jambes. Je vous souhaite une bonne nuit. Et sans doute à demain. »

Sur ce, Alchem retourna à son assiette. Le ragout était pas mal, la bière aussi. Certes, il trouvait déjà le Filon Auriphère globalement plus à son goût, mais l’affectivité influençait son jugement. Dalius finit par l’interpeler dans cette langue étrange connue d’eux seuls, celle née de leur lien magique.

« Auras-tu le temps d’étudier ton grimoire ? S’il faut partir excessivement tôt, cela risque d’être difficile. »
« Raison de plus pour se hâter. »

Sitôt terminé, le gnome alla voir la tenancière afin de lui demander qu’on aille l’avertir quand le couple de marchands seraient debout. Ce n’était qu’une précaution. Puis, il monta à sa chambre.

[Kasumi]

La tenancière promit de s'en occuper elle-même et en profita pour lui remettre la clé de sa chambre puis pour lui souhaiter une bonne nuit. Alchem n'eut aucun mal à trouver la chambre qui lui était dévolue et, malgré ce qu'en avait dit l'humaine, elle était plutôt spacieuse comparée à ce dont avait l'habitude le svirfneblin. En plus, petite cerise sur le gâteau, elle possédait une fenêtre donnant accès à une vue imprenable sur la vallée. Du moins qui devait le faire quand le soleil était encore levé. L'ameublement était un tout petit peu trop grand pour Alchem mais l'ensemble paraissait extrêmement confortable et très propre.

[Alchem]

Il aurait été très étonnant que la chambre ne convienne pas au gnome. Maintes fois, il avait dormi à même la roche d’un obscur tunnel. Difficile d’imaginer plus spartiate. Dalius, sitôt rentré, se mit à fouiner partout. Alchem ferma la porte à clé et demeura dans le noir. Il n’y avait que chez lui, dans la tour de la grande mystificatrice, qu’il avait l’habitude d’éclairer. Ou alors, la lumière servait ses moments de réflexions. Pour l’heure, la pièce resta à ses yeux en dégradés de gris, à peine nuancé par le bleu nocturne.

A son tour, il inspecta la chambre, autant par curiosité que par précaution. Puis il déposa son sac de voyage, ôta ses chaussures et s’assit sur le lit. Il resta là un petit instant, pensif.

« Ce n’est pas rien ce qu’on va faire... » murmura-t-il finalement à son rat.
« J’ai hâte d’être à demain ! »
« Moi-aussi. »
« Allons-nous suivre les marchands ? »
« Peut-être. Je ne sais pas. La nuit porte conseil. »

Sur ce, il se déshabilla. La seule chose qu’il ne retira pas, ce fut le cadeau de son frère. Il plia soigneusement ses affaires au pied du lit, mit ses armes sous son sac, hors de vue et prit une dague. Il s’agenouilla, serrant à deux mains cette dague devenue symbole religieux, avant de se mettre à prier Baravar Sombretoge. Courtes étaient ses prières, mais régulières et profondes. Depuis la mort de Théass, de là il puisait une bonne partie de sa force. Et de la force, en ce moment, il en avait besoin car grand était le changement qu’il vivait. Bien que désiré, recherché, cela allait quand même être éprouvant.

Quand Alchem eut terminé, il mit la dague sous son oreiller, puis se coucha.

« Dalius, réveille-moi assez tôt. Je dois avoir le temps d’étudier. »

Le familier acquiesça de la tête, puis alla se blottir contre son maître.

[Kasumi]

Alchem sentit les moustaches de son rat lui chatouiller les narines alors que la nuit était toujours profonde. Mais il ne ressentit nul sentiment d'urgence qui aurait signalé que le familier avait détecté un danger. Non, son maître lui avait demandé de le réveiller tôt et c'est ce qu'il venait de faire. Du reste, le svirfneblin se sentait en forme à défaut d'être parfaitement reposé. Le lit était douillet toutefois et il était tentant de sombrer à nouveau dans le sommeil et de remettre au lendemain la question de son départ.

[Alchem]

« Déjà ? » marmonna le gnome en émergeant.
« Déjà », reprit Dalius, quelque peu malicieux.

Alchem balaya la chambre de son regard. Tout était encore gris. Pour ceux qui voyaient dans le noir, le noir n’existait vraiment qu’avec les yeux clos. Il baya, s’étira, puis sans plus tarder s’extirpa de sous les couvertures. Il n’était pas dans ses habitudes de remettre à plus tard ce qu’il devait faire tout de suite. La flemmardise était un luxe propre à ceux de la surface, disaient certains. Alchem s’habilla, se chaussa, reprit ses armes qu’il dissimula sur lui, puis sortit de son sac en toile son grimoire, ouvrage déjà bien rempli, et qui avait déjà bien vécu. Rien que la couverture bosselée et cornée en témoignait. L’étude débuta, dans les ténèbres de la pièce et le silence à peine troublé par les pages tournées. Pendant ce temps, le familier somnolait sur le lit. Une heure passa... Au terme de celle-ci, le svirfnebelin ferma le livre mais il lui restait une action à accomplir. Il se mit à prononcer une formule magique, pas trop fort pour ne pas déranger, tout en l’accompagnant des gestes appropriés. Et les gestes étaient d’autant plus compliqués que le gnome recourait à une méthode de métamagie.

Alchem --> Vol supérieur (étendu) --> Alchem

Voilà. Maintenant, il était prêt. Mais peut-être pouvait-il encore disposer d’un peu de repos avant de devoir descendre dans la salle commune. Il s’allongea sur le lit, ne retirant plus que ses chaussures, croisa les bras derrière la tête et resta ainsi. La tenancière devait le chercher normalement. Mais, à tout hasard, il dressa l’oreille, guettant les mouvements dans l’auberge.

[Kasumi]

A peine eut-il posé la tête sur l'oreiller que l'on toquait à sa porte. Quelques instants plus tard, le ton contrit de la tenancière se fit entendre au travers du battant :

- Désolée, maître svirfneblin mais vous m'aviez demandé de vous avertir quand vos compagnons d'hier soir se seraient levés. Et c'est le cas. Un petit-déjeuner vous attend en bas si vous voulez nous rejoindre, sinon j'en préparerai à nouveau au matin, pas d'inquiétude.

Les pas s'éloignèrent aussitôt sans laisser à Alchem le soin de répondre. La décision lui appartenait de toute façon de se lever ou de paresser encore un peu et de tenter sa chance une autre fois.

[Alchem]

Alchem fixa la porte, toujours allongé. Quelques secondes passèrent sans qu’il ne bouge. Dalius s’était approché de cette porte, fermée pour l’instant, et il la scrutait, elle ainsi que son maître.

« Alors, on y va ? » interrogea-t-il.
« Tu en penses quoi ? »
« Alchem, s’il te plait, ne me pause pas de question ! Tant de choses m’échappent. Je ne suis pas comme toi... Comment pourrais-je répondre convenablement ? »
« Tu n’as pas le moindre avis ? »
« Et bien... si, j’ai envie de visiter le monde de la surface... mais, je ne sais pas quoi penser des marchands... »
« Au pire, en cas de problème, on peut se défendre. Et je me ferai une joie de les envoyer de vie à trépas s’il le mérite. Mais autrement, ils nous offrent une belle opportunité. On les suit, puis on poursuit jusqu’à Lumenis. »
« Alors on y va ? »
« On y va. »

Même si le rat n’était pas un génie, le fait qu’il donne la réplique aidait à réfléchir. Les échanges verbaux avaient aussi l’avantage de ne pas pouvoir être compris par des oreilles indiscrètes. Le gnome se leva, remit pour la seconde fois ses chaussures, attrapa son sac, déverrouilla la porte et sortit. Une fois dans les escaliers, Dalius fit remarquer :

« Il ne faut pas oublier Alruac Poing de Fer. Si on part sans le lui dire, il sera vexé. »
« C’est juste. Je ne sais pas si la grande porte est déjà ouverte. Sans doute que non. Au pire, on laissera un message à son intention. »

[Kasumi]

Quand il fit son apparition dans la salle commune, Alchem fut immédiatement salué par la tenancière puis par le couple de marchands. Ces derniers, comme pour confirmer les propos d'Alruac étaient attablés avec six hommes. A la table d'à côté, celle qu'il avait déjà utilisé la veille, un plateau fort alléchant attendait déjà le svirfneblin. Il y reconnut même quelques spécialités des profondeurs qu'il savait tant apprécier.

Aleka tourna son attention vers lui tandis qu'il s'avançait dans la pièce :

- Bonjour Alchem, vous êtes bien matinal. Dois-je en déduire que vous avez prévu de voyager dès aujourd'hui ?

[Alchem]

« Il aurait été dommage de décliner une invitation qui tombe à point nommé », répondit Alchem, après avoir salué.

Alors qu’il gagnait sa place, ses yeux se promenaient sur ses futurs compagnons de route. Honnêtes gens ? Escrocs ? Criminels ? Une petite voix dans sa tête lui susurrait que tout ceci était précipité, qu’il devait attendre, d’avantage s’informer, ne pas s’embarquer dans un voyage avec des inconnus. Mais à se compte, peut-être ne quitterait-il jamais Lameroy. Tout ce projet lui paraissait un peu fou. Un gnome des profondeurs à la surface...

Une fois devant son plateau, il dût s’avouer qu’on était quand même bien servi au Sanglier Bleu. Comme il l’avait fait la veille, avant de manger, il fit une petite répartition afin de rassasier son familier. Celle-ci accomplie, il s’adressa au couple de marchands.

« Allez-vous partir sitôt votre repas pris ? Où avez-vous encore quelques petits détails à régler ? »

[Kasumi]

Le couple adressa à Alchem un sourire franc avant que Théodore ne réponde d'un ton confiant :

- Ainsi donc vous serez des nôtres ! C'est une excellente nouvelle et une sage décision. Il n'est guère prudent de voyager seul et je gage que votre compagnie sera très agréable. Je n'ai guère eu l'opportunité de rencontrer beaucoup des vôtres alors le voyage promet d'être instructif.

Sa femme enchaîna en faisant preuve du même enthousiasme :

- Notre chariot est prêt et nos préparatifs sont terminés mais si vous avez besoin d'une heure pour finir les vôtres avant le départ, nous pouvons vous attendre. Au-delà, le départ serait compromis. Nous avons bien l'intention d'atteindre une étape sûre avant la nuit. Le climat est changeant en cette saison sans parler des dangers de la forêt et du brigandage. Bref, tout un programme nous attend ! Mais passionnant, n'est-ce pas ?

[Alchem]

« Oui, je comprends. Pour ma part, je suis prêt. Il me faut juste dire en revoir à un ami de la ville. Je lui ai promis de ne pas quitter Lameroy sans le lui dire. »

Alchem laissa un instant son petit déjeuné pour aller s’adresser à la tenancière.

« Excusez-moi. Les portes menant à la Lameroy souterraine sont-elles déjà ouvertes ? Si non, quand vont-elle ouvrir ? »

[Kasumi]

La tenancière afficha une mine légèrement contrite en répondant à la question du gnome des roches :

- Est-ce que notre service a été à votre goût ? Malheureusement les portes n'ouvrent qu'à l'aurore c'est à dire dans une heure environ. C'est la mesure de protection la plus efficace pour se garder des entités qui rôdent parfois à la faveur de la nuit. Si elle parvenait à se mettre à l'abri du soleil en nos murs, ce serait une catastrophe.

[Alchem]

« Ho, je suis très satisfait de mon séjour au Sanglier Bleu, soyez-en assurée. Il se trouve juste que j’ai un ami à avertir de mon départ. Visiblement, il ne me sera pas possible d’aller directement le voir. Je lui ferai parvenir un message. »

Alchem imaginait mal confier le dit message à la femme qui lui faisait présentement face. Mieux valait le donner à un nain de la garde. Mais avant de le confier, il fallait l’écrire. Il s’en chargerait sitôt son petit déjeuné pris. Il retourna à sa place et s’adressa au couple :

« Il faudra sans doute m’attendre un peu, juste le temps que je confie une lettre. Cela devrait être rapide. »

[Kasumi]

Le couple se contenta de hocher la tête et de signaler qu'il l'attendrait juste devant l'auberge, sur le sentier menant jusqu'au portes de la ville aérienne. Alchem les retrouverait donc sans peine, à condition de ne pas trop tarder à rédiger son message puis à retourner aux grandes portes pour le remettre à un des gardes de faction.

HRP : je te laisse procéder à tes derniers préparatifs puis nous nous mettrons en route.

[Alchem]

Quand il eut terminé de manger, Alchem sortit plume, encre et papier et se mit à rédiger sa lettre. Il prit soin qu’on ne puisse voir ce qu’il écrivait, cela sans même y penser. C’était instinctif.

Cher Alruac,

Mon départ de Lameroy a lieu plus tôt que je ne le pensais. Je me retrouve dans l’impossibilité de vider une nouvelle bière en votre compagnie et c’est avec un certain regret que je ne peux vous dire en revoir de vive voix. Je m’en vais avec ce couple de marchands dont vous m’aviez parlé. Je n’ai, pour l’instant, rien découvert de suspect à leur sujet. Si jamais il y a quelque chose à trouver, j’ai tout un voyage pour y arriver. J’espère tout de même qu’ils seront juste de bons compagnons de route. Soyez assuré que, lors de mon retour, je vous raconterai mes aventures. En attendant, portez-vous bien !

Votre ami...
Alchem Murmure

PS : la bière est bonne au Sanglier Bleu. Mais la votre est meilleure !

Le svirfnebelin plia la feuille en trois et nota au dos :

Pour Alruac Poing de Fer
Au Filon Aurifère

Ensuite, il rangea ses affaires, dit en revoir à la tenancière, assura les marchands qu’il serait de retour assez vite, et sortit. Il pressa le pas jusqu’à la grande porte, qu’il eut un peu de mal à trouver. Décidément, cet anarchisme architectural le troublait, surtout venant des nains. Une fois face aux gardes de faction, il remit sa lettre tout en demandant respectueusement qu’elle soit remise au concerné. Enfin, il retourna au point de rendez-vous.

[Kasumi]

Alchem jouissant d'une certaine notoriété et par là même d'un certain nombre de privilèges, le nain qu'il trouva accepta de remettre personnellement le pli à son ami dès qu'il serait relevé de son service. Dès lors, le gnome des profondeurs n'eut qu'à refaire le chemin inverse vers le Sanglier Bleu, une fois de plus. On ne passait pas toute sa vie en Ombreterre sans développer un bon sens de l'orientation aussi n'eut-il aucun mal à trouver son chemin cette fois-ci. Il trouva la petite troupe comportant les deux marchands autour d'un chariot tiré par une mule. Effectivement, on voyait au premier coup d'œil que le convoi ne devait pas justifier tant de gardes. A moins qu'il ne contienne quelque marchandise de grande valeur peut-être. Mais Alchem n'eut pas le loisir d'approfondir le sujet qu'Alika lui adressait déjà la parole :

- Mettons-nous en route sans plus tarder ! Il reste une place à bord du chariot si vous n'avez pas l'habitude de voyager à pied. Sinon, nous pouvons décider de nous y relayer. Et bienvenue dans notre compagnie !

Théodore ordonna à la mule d'avancer ce qu'elle fit avec prudence sur la piste escarpée.

[Alchem]

La seule vue du chargement trop modeste pour les six gardes raviva la méfiance d’Alchem. Il n’en montra rien et, au fond, il ne put que reconnaitre le banal de cette sensation. Un voyage sûr ? Il ne savait tout simplement pas ce que c’était. En Outreterre, le danger était partout. Même en cette période relativement paisible, il fallait être prudent. Si, comme on avait dit au gnome, la surface était plus clémente que les profondeurs, il pouvait bien s’accommoder d’une compagnie douteuse. Peut-être même que c’était ce doute qui l’avait décidé à venir car, il l’avait dit à Alruac, les troubles l’attiraient. Il était fait pour le terrain, l’action. Désormais, il jouait l’aimable commerçant. La duperie avait toujours été un bouclier pour lui. On ne s’attendait en effet pas à ce qu’un marchand se mue tout d’un coup en tenace adversaire.

« J’ai l’habitude de marcher, ne vous en faites pas. On marche beaucoup là-dessous, vous pouvez me croire ! » affirma-t-il, presque joyeux.

[Kasumi]

Alika n'insista pas, se contentant de lui préciser que la place serait toujours libre à tout moment où il en aurait assez de marcher à côté de la carriole. Cette dernière bringuebala sur les pavés de la voie mais son rythme permettait à Alchem de détailler tout son saoul la partie extérieure de la ville. Cette dernière ressemblait plus à une forteresse qu'à une cité civile et chaque bâtiment, chaque escalier, chaque passage semblait avoir été conçu dans un but défensif avant tout autre considération. Les ouvertures étaient le plus étroites possibles, les façades lisses n'offraient aucune prise, les escaliers étaient pentus et chaque palier pouvait aisément être défendu depuis les nombreuses redoutes, postes de guet et tour qui parsemaient la ville de pierre. Enfin, une bonne demi-heure après avoir quitté l'auberge, ils atteignirent la solide enceinte qui défendait la ville et la séparait des contreforts des Montagnes de Fer et de la Forêt Maudite, au-delà. Alchem put admirer les solides tours qui défendaient la lourde porte de bronze pour l'heure fermée.

- Nous sommes arrivé juste à temps pour l'ouverture des portes te la relève de la garde ! C'est une chance, nous sommes à l'heure sur notre programme et ça va vous donner une occasion d'assister à ce petit spectacle local, maître Alchem.

Et de fait, quelques instants après, un lourd cor sonna dans l'une des tours, faisant presque trembler le sol à proximité des murs. Alors qu'un mécanisme déverrouillait la porte et que la lourde herse se relevait, une troupe de soldats portant des tabards pourpres dépassa la carriole et s'engouffra dans les deux tours sur un air guerrier. Le svirfneblin dénombra une bonne part de nains mais quelques autres races de la surface étaient également représentées. La herse relevée, le pont levis mis en place et les portes principales ouvertes, plus rien ne s'opposait à ce que le convoi reprenne son chemin et ne s'engage dans les terres tourmentées d'Helonna.

[Kasumi]

Quête : nouveau coup d'Eclat

Alchem avait lu le parchemin confié par Dotha en évoquant le grand portail de la ville ouverte de Lameroy et - aussitôt, ils se retrouvèrent tous les deux dans les hauteurs, sous un vent frais et entourés de pics majestueux. Derrière eux, la route qui quittait la ville serpentait vers la vallée occupée par la dense et immense Forêt Maudite. Devant eux, les grandes portes métalliques de la cité proprement dite étaient pour l'heure fermées, une rareté en pleine journée...

[Alchem]

Quête : un nouveau coup d’Eclat

Un coup d’œil pour constater le succès du voyage instantané. Un second sur la porte close. Un troisième sur Dotha.
« Nous sommes bien arrivé mais il est très rare que les portes soient fermés de jour. Soit ils ont reçu des attaques depuis la forêt maudite, soit le Despote est déjà à l’œuvre. On ne va pas tarder à être fixé. Soyez très respectueuse avec les nains. »
S’il y en a encore... susurra la petite voix dans la tête du gnome. Il s’avança vers les lourds battants et se mit à crier :
« Hoé ! Lameroy ! Je suis Alchem Murmure, fils de la Grande Mystificatrice ! Je viens pour une affaire grave ! Ouvrez ! »
Il était bien sûr prêt à répéter.

[Kasumi]

Une nouvelle fois, Alchem se présentait à Lameroy devant des portes closes et une nouvelle fois son appel fut entendu. On n'ouvrit pas la porte principale cette fois, mais une porte cochère dans la tour latérale flanquant l'arche sur sa droite. Et sur le chemin de ronde, entre les deux tours, un nain se présenta avec une arbalète et les interpela :

- Entrez vite, voyageurs : la zone est dangereuse.

Dotha ne broncha pas et se laissa entraîner vers la porte, bien décidée à rester dans l'ombre d'Alchem qui avait une bien meilleure connaissance des nains et de leur culture stricte. De l'autre côté de la porte cochère qu'on s'empressa de refermer dans leur dos, un garde de la cité les accueillit :

- Pas de problème sur la route ? Je vous souhaiterais bien la bienvenue à Lameroy mais la ville a un peu perdu de son lustre pour l'heure.

Dans l'air, le svirfneblin identifia une légère odeur de brûlé sabs pouvoir toutefois en déterminer l'origine.

[Alchem]

Quête : un nouveau coup d’Eclat

Sitôt face au garde, Alchem répondit :
« J’ai usé d’un sortilège de téléportation pour me rendre ici. J’ignore donc si la route est sûre. – Il désigna la gnome – Voici Dotha, du temple de Mystra. Nous venons de Lumenis. J’en ai bien peur, j’apporte de mauvaises nouvelles. Mais peut-être que je ne vais rien vous apprendre. Que s’est-il passé ici ? Quelle est la situation ? »
Il observa la cité.

[Kasumi]

La cité ne semblait pas atteinte mais Alchem remarqua aussitôt qu'il y avait bien moins de monde sur ses passerelles et ses terrasses que lors de son dernier passage. Le garde en donna rapidement la raison sans manifester de méfiance vis-à-vis du svirfneblin le plus connu de la cité :

- Nos guerriers sont rentrés de la guerre dans l'ouest mais ils peinent encore à rétablir la situation : les orques et les gobelins ont tenté de profiter de notre relative faiblesse des derniers mois et Lameroy est encore très régulièrement attaquée et nos mines sont encore en partie inaccessibles. Et avec la baisse des patrouilles sur les routes, nous avons dû fermer les portes extérieures car nous subissons aussi l'attaque régulière des mort-vivants. En journée cela dit, la situation est plus calme et vous ne craindrez rien tant que vous resterez à l'abri des murs.

Il s'interrompit avant de poser une question d'un ton inquiet :

- Et quelles sont ces mauvaises nouvelles que vous apportez ?