[Lieu] Lunaros

[Voyageuse]

Avec ses quinze mille habitants, Lunaros est la plus grande des cités de la côte est de l'île. Elle est reliée à Luménis, à l'autre bout d'Hélonna, par une route bien entretenue qui traverse toute la Trouée des Chevaux, par laquelle transite l'essentiel des échanges commerciaux entre les côtes est et ouest de l'île.

Bien que plutôt prospère, elle souffre des tensions récurrentes avec l'ambitieuse cité d'Ithillion, à l'autre extrémité de la Lande des Sirènes. Les relations entre les deux cités ont toujours été difficiles, et le sont encore davantage depuis qu'Ithillion conteste ouvertement l'autorité de Luménis. Peut-être est-ce pour se protéger de cet encombrant voisin que Lunaros développe autant ses activités commerciales avec les grandes cités de la Trouée, Bortheïas et Edhoras en particulier. On devine d'ailleurs, au nombre de personnes se déplaçant à cheval dans la ville, et au nombre de boutiques de sellerie et vêtements d'équitation, l'influence prépondérante de la Trouée sur les modes locales.

Le Comte de Lunaros, dont la famille dirige la cité depuis plusieurs générations, veille pourtant à soigner aussi ses alliances avec Correliah, rempart efficace contre les volontés expansionnistes d'Ithillion. Il veille également au bien-être de ses citoyens, conscient que le mécontentement peut être source d'élans révolutionnaires que ne manquerait pas d'appuyer Ithillion. Ainsi, il a récemment encouragé la construction d'une école accessible à tous et d'une bibliothèque gratuite, sous l'impulsion d'un ancien clerc de Lathandre, Egidius. Celui-ci, bénéficiant du soutien de ses anciens condisciples d'Erhedun, a commencé à réunir une collection tout à fait honorable d'ouvrages en tout genre. On trouve également, au centre de la ville, un temple de Lathandre relativement important, flanqué d'une commanderie -pour l'heure la plus importante d'Hélonna, depuis la guerre civile luménienne. Une autre, formant les paladins de Tyr, se trouve contre la muraille sud.

Le voyageur arrivant par voie maritime découvrira une cité toute en longueur, surplombant une vaste plage au sable fin, concurrente potentielle des célèbres plages d'Antelucas. Nombre de bâtiments sont simplement en bois et en pisé, témoignant de la rareté des carrières de pierre dans cette région sablonneuse. Il y a toutefois une muraille qui encercle une bonne partie de la vile, même si des constructions un peu anarchiques se sont déployées par la suite vers le sud et l'ouest.
La rue principale, longue d'une demi-lieue, fourmille de commerces en tout genre, où l'on peut trouver absolument tout ce qu'on cherche à en croire les habitants du cru. Le bord de plage est également un endroit très fréquenté : on y trouve, en particulier, un nombre invraisemblable de restaurants proposant poissons et autres crustacés à des prix défiant toute concurrence, et des auberges offrant une vue imprenable sur la mer.

Au nord se trouve le plus grand port de la côte est, construit à l'embouchure de la Lunatique, fleuve capricieux qui prend sa source dans les montagnes de Fer et dont le delta marécageux s'étend au nord de la ville. Quelques rares navires en provenance de Féérune s'y arrêtent avant de rejoindre Manost ou Luménis, et leur passage est toujours l'occasion d'un pittoresque marché improvisé sur les quais, où les curieux se pressent pour découvrir les marchandises venues de l'autre côté de l'océan.

HRP : si j'ai présumé / inventé / contredit d'autres topics, n'hésitez pas à éditer, ô co-dirigeants luméniens... surtout si vous aviez d'autres projets concernant cette ville qui ne seraient pas cohérent avec mon improvisation de ce soir.

[Voyageuse]

HRP : j'hésite entre plusieurs noms de quête, ce sera peut-être édité ! (parce que ça sonne mal de l'appeler "quêteur", ce qui était ma première idée... mais c'est guère mieux ainsi !)

Quête : Mission

Après ces longues journées de navigation, mettre enfin un pied sur la terre ferme était un sentiment exaltant, et l'officier chargé de l'enregistrement des nouveaux arrivants semblait conscients qu'il devait laisser à Kasumi et Sylvia quelques secondes d'adaptation avant de les aborder.
Derrière lui s'étendait une large esplanade, et déjà, les premières marchandises étaient débarqués du navire : les marchands voyageant avec Kasumi avaient en effet décidé de profiter de l'escale improvisée pour tenter de vendre au détail quelques-uns de leurs produits, escomptant en tirer un meilleur prix en les proposant directement aux acheteurs potentiels plutôt qu'aux grossistes de Luménis ou Manost. Ils installèrent donc à la hâte quelques étals, sous le regard curieux et intéressé de la foule des badauds, négociant rapidement une permission temporaire de vente auprès des douaniers présents.

L'officier, quant à lui, finit par se tourner vers Kasumi et Sylvia.
" Bienvenue à vous, voyageurs. Le commandant de bord m'annonce que deux de ses passagers souhaitent débarquer en notre ville. J'imagine qu'il s'agit de vous? Puis-je m'enquérir de vos noms et lieux habituels de résidence ? Ainsi que du motif de votre voyage ?"

[Kasumi]

Kasumi prit les devants, se doutant bien que Sylvia le laisserait à la manœuvre au moins le temps de trouver ses marques. Il répondit donc avec politesse à l'officier sans toutefois s'appesantir sur certains détails sans doute trop long à expliquer et qui ne l'intéresserait probablement guère :

- C'est exact : nous souhaitons débarquer ici même et poursuivre notre voyage par voie de terre. Je suis Kasumi, rôdeur travaillant généralement avec l'armée à Luménis et ma fiancée Sylvia vient de Haute-Forêt d'où nous sommes partis il y a quelques veilles pour revenir chez moi.

Il attendrait d'être certain que ces informations suffisent à l'officier avant d'aborder avec lui la question de leur hébergement.

[Voyageuse]

L'officier griffonna quelques notes sur un parchemin, hochant la tête, puis poursuivit.
" J'aurais besoin de connaître également votre lieu d'hébergement à Lunaros, si toutefois vous l'avez déjà déterminé. Puisque je suppose que vous allez rester deux ou trois jours dans notre cité, jusqu'au départ de la prochaine diligence... Ah, et il me faudrait un nom de famille, aussi, si vous en avez un. Ou le nom et lieu de résidence de vos parents, à défaut."

[Kasumi]

Une diligence… C’était une solution à envisager : ce n’était pas le moyen de transport le plus rapide mais toujours beaucoup plus que de marcher et certainement moins onéreux que de louer deux chevaux. Il faudrait qu’il en discute avec Sylvia vu leur temps plutôt limité mais peut-être avait-elle trop soif de grands espaces et ne voudrait pas se retrouver à nouveau confinée dans une petite cabine toute la journée. En tous cas, cela ne coûtait rien de se renseigner sur les tarifs et la durée du trajet :

- Mon nom est Hendulaurë. Pour notre hébergement, auriez-vous une auberge abordable mais convenable à nous conseiller ? J’aimerais aussi me renseigner sur ces diligences, pouvez-vous nous indiquer où nous pourrions le faire ?

Il interrogea ensuite Sylvia du regard pour savoir s’il n’oubliait rien et aussi si elle souhaitait indiquer son nom plutôt que le sien. Ils n’étaient en effet pas encore mariés…

[Voyageuse]

" Les auberges, ce n'est pas ce qui manque, répondit l'officier des douanes. La plupart se trouvent en bord de mer, pour la vue. Si vous cherchez quelque chose qui ne soit pas trop cher, je vous déconseille l'Auberge du Roc d'Or, même si c'est la première que vous croiserez sur votre chemin. Il faut également éviter "La Sirène Bleue", un peu bruyante, je ne crois pas que le genre de clientèle vous corresponde. Mais sinon... L'Auberge des Deux Ânes ou l'Hôtel Beaurivage sont tout à fait accessibles. Vous les trouverez sans peine en suivant la rue parallèle à la plage."
Il se tourna vers Sylvia.
" Et vous, damoiselle, avez-vous un nom de famille ?
- Despins", répondit-elle en hochant la tête affirmativement.
Il nota le nom, concentré, et releva les yeux vers Kasumi.
" Pour ce qui est de la diligence, je ne saurais pas vous renseigner, mais l'aubergiste saura sûrement. Il en part deux fois par veille à destination de Luménis, et elles desservent plusieurs étapes de la Trouée. Le départ est sur la petite place devant le temple de Lathandre. Il doit y avoir une petit officine pour réserver des places, également."

[Kasumi]

Kasumi remercia l'officier avec sincérité : ses renseignements leur évitaient certainement un long moment de recherche et surtout des déconvenues. Et puisque leur programme semblait les conduire en premier lieu vers l'une des deux auberges conseillées, il entraîna Sylvia un peu plus loin pour ne pas gêner la presse avant de demander à cette dernière d'un ton doux :

- Alors, quelles sont tes toutes premières impressions d'Helonna ? Pas trop perturbée ?

[Voyageuse]

" Non..."
La rôdeuse haussa les épaules.
" C'est juste un port pour le moment, avec un contrôle des voyageurs, comme dans n'importe quel port sans doute. Et il y a une jolie plage. Rien d'inattendu. Mais il y a quand même quelque chose dans l'air qui m'échappe... ah, si, je sais : c'est le printemps ! Il fait beau et doux, on devine le parfum de fleurs, et la luminosité n'est pas du tout la même qu'à l'automne. Ca fait drôle d'avoir changé de saison si vite...

[Kasumi]

Cette remarque le fit sourire mais il était surtout rassuré sur les premières sensations éprouvées par la rôdeuse. Evidemment, cette bourgade portuaire était loin de refléter Helonna - et particulièrement les endroits qu'il y affectionnait - mais c'était un bon début.

- Et encore, tu n'as fait le changement qu'une fois mais tu t'y feras vite je pense : Helonna est particulièrement belle en cette saison !

Il l'entraîna lentement dans la rue principale de la ville en essayant de se repérer aux enseignes en recherchant celles qui pourraient indiquer l'Hôtel Beaurivage ou l'Auberge des Deux Ânes.

- Que penses-tu de l'idée de voyager en diligence ? Je n'y avais pas songé avant que cet homme nous en parle mais ça nous ferait gagner facilement plusieurs semaines de voyage à travers la lande de la Trouée des Chevaux mais ça secoue pas mal aussi...

[Voyageuse]

" Il faudrait se renseigner, je pense, opina Sylvia. Je dois dire que me trouver confinée dans un espace réduit avec d'autres passagers ne me dit rien qui vaille, mais peut-être qu'on peut l'envisager pour une partie de trajet, et changer de mode de transport si ça devient trop invivable... Si tu dis que ça nous ferait gagner beaucoup de temps, c'est une option à ne pas négliger, si tu veux réussir à accomplir ta mission avant l'été."
Vif-Argent, qui avait filé vers les terres dès le petit matin, sans attendre qu'ils accostent, choisit ce moment pour revenir se percher sur l'épaule de sa maîtresse.
" Dommage qu'on ne puisse pas louer des chevaux... Il faudrait les rapporter, et ce serait loin. Et les acheter c'est trop cher, c'est ça ?"
L'enseigne "Les Deux Ânes", représentant d'ailleurs lesdits animaux, se balançait à quelques mètres d'eux, devant une auberge d'allure modeste.
" Ou alors... on achète des ânes ? C'est moins cher ?" proposa Sylvia, songeuse, en lorgnant l'enseigne.

[Kasumi]

Kasumi se fit songeur : effectivement, acheter des montures fraîches risquait de leur coûter l'essentiel de ce qu'il avait encore sur lui en numéraire mais d'un autre côté il serait toujours possible de les revendre.

- Cela ne coûte rien de se renseigner pour savoir s'il y en a à vendre que nous pourrions céder une fois arrivés à Luménis. Ou sinon nous pourrons ne prendre la diligence que jusqu'à Bortheias puis bifurquer vers les montagnes et la forêt mais je ne connais pas l'état des routes... Il vaut mieux acheter un cheval là bas que d'essayer d'en vendre un venant de la côte.

Pour l'heure cependant, il préférait tout de même se concentrer sur la location d'une chambre pour la nuit. Pour le reste, ils auraient toute la matinée du lendemain pour guetter une bonne occasion et se réapprovisionner en fonction de leur choix.

[Voyageuse]

L'auberge des Deux Ânes était un établissement d'apparence modeste, tenu par une femme à l'allure imposante qui les accueillit avec un large sourire.
" Bien le bonjour, voyageurs. Que puis-je pour votre service ? Désirez-vous une chambre, un repas, ou simplement boire quelque chose ? Nous avons la meilleure bière de la côte est !"
Les sacs lourds qu'ils traînaient devaient être une réponse assez évidente.
" Vous avez des chambres libres ? risqua timidement Sylvia.
- Oui, il nous en reste avec vue sur la mer, au deuxième étage. Avec le beau temps qui s'est installé depuis quelques jours, les visiteurs commencent à se faire plus nombreux, mais ce n'est pas encore la pleine saison... Ce serait pour combien de nuits ?"

[Kasumi]

L'auberge lui semblait tout à fait convenable - d'autant plus qu'elle lui avait été conseillée - aussi le demi-elfe ne se risqua pas à poser d'emblée davantage de questions : il y avait une chambre de libre et il ne doutait pas de pouvoir se permettre cette dépense de toute façon nécessaire :

- Nous hésitons encore : ce sera au moins une nuit avec pension complète mais peut-être davantage si nous choisissons de repartir en diligence. A ce propos, comme nous sommes tout nouveau en ville, est-ce qu'il vous serait possible de nous renseigner ? Nous cherchons à gagner Luménis soit en diligence soit à cheval si vous connaissez un bon maquignon abordable.

[Voyageuse]

L'aubergiste réfléchit.
" Il me semble que la prochaine diligence part après-demain. Il reste sûrement des places, mais méfiez-vous de ne pas attendre le dernier moment pour réserver. En cette saison, les affaires roulent bien, il y a pas mal de voyageurs et ça ne m'étonnerait pas que le véhicule se remplisse au fur et à mesure des étapes... Mais vous en saurez plus en vous rendant sur la place du temple. Il y a un maréchal-ferrant juste en face, il est également propriétaire d'une partie des diligences et s'occupe des réservations. c'est écrit sous son enseigne."
Prenant distraitement une clé accrochée à un tableau de bois, elle poursuivit.
" Mais si vous préférez partir à cheval, ce serait effectivement plus rapide. Vous devriez pouvoir rallier Luménis en deux veilles à peine, alors que la diligence met près de trois veilles il me semble... Disons deux et demie. Et pour avoir une bonne bête, je vous conseille d'aller trouver le vieux Marco et son fils. Il faut sortir un peu de la ville, vers l'ouest, vous trouverez facilement leur haras. Ils sont originaires de Bortheïas, dans la Trouée, et ils n'ont pas leur pareil pour le commerce des chevaux. Par contre, comme ce sont de bonnes bêtes, elles ne sont pas très bon marché..."

[Kasumi]

Se renseigner dès le lendemain matin sur le prix de la diligence et celui des chevaux lui paraissait être la meilleure chose à faire. Mais pour l'heure et vu l'état de leurs finances, l'hypothèse du transport collectif semblait la meilleure solution : bien moins agréable certes mais presque aussi rapide et très certainement beaucoup moins cher. Après, ils pourraient toujours revendre à bon prix à Luménis un des deux chevaux achetés et récupérer Ombrage mais il lui restait à peine plus de cent pièces d'or qui devraient au minimum leur durer tout le voyage et des bonnes bêtes n'étaient effectivement jamais données.

Il remercia l'aubergiste pour ces renseignements, prit la clé puis se tourna vers Sylvia avec un sourire tranquille :

- Allons poser nos bagages et nous renseignerons demain matin pour savoir si nous réservons une nuit de plus...

[Voyageuse]

Sylvia acquiesça.
" Oui, on va d'abord prendre le temps de s'installer... On fera tout ça demain !
- Le dîner sera servi dans une bonne heure, intervint l'aubergiste. Il y a une salle d'eau à votre disposition sur le pallier, avec une réserve d'eau et un feu pour la faire chauffer, mais je peux envoyer quelqu'un s'en charger si vous le souhaitez...
- Oh, je... Non, on peut s'en occuper nous-mêmes!" répondit Sylvia, spontanément.
La rôdeuse n'avait certainement pas l'habitude de dormir dans des auberges, ou de se faire préparer son bain...
" Alors à tout à l'heure pour le dîner !" conclut l'aubergiste avec un sourire affable.

La chambre, au deuxième étage, était plutôt spacieuse -surtout en comparaison de l’exiguïté de leur cabine sur le bateau-, avec une large fenêtre donnant à l'est, sur l'océan. les meubles étaient en bois, bois peint dans les tons bleu, tranchant sur les murs blancs. On y trouvait, outre un lit confortable, une petite table et deux fauteuils, et un placard mural pour y ranger leurs affaires..

[Kasumi]

C'était décidément le grand luxe en comparaison des endroits où ils avaient dormi depuis leur départ d'Everaska et Kasumi se demanda - l'espace d'un instant - si l'auberge n'était pas au-dessus de leurs moyens d'autant qu'ils n'avaient pas pris la peine de se renseigner sur le prix. Il se rassura cependant en se disant qu'il n'y resteraient pas plus d'une nuit, peut-être deux. Alors autant en profiter d'autant que la route ne leur permettrait pas de trouver un tel confort de sitôt. Il adressa un sourire rayonnant à Sylvia et l'embrassa par surprise avant de déclarer avec une lueur espiègle dans le regard :

- Je peux m'occuper de préparer ton bain, si tu veux ?

[Voyageuse]

" Tu es un amour !" répondit Sylvia en lui rendant son baiser.
Ils avaient largement le temps, avant le dîner, de se délasser et de profiter de l'espace qui leur était offert, luxe inouï après le voyage en mer. Un vrai lit où dormir à deux, avec un matelas moelleux, une vraie salle d'eau -certes à partager avec les autres clients de l'étage, mais ceux-ci ne devaient pas être très nombreux puisqu'on n'y comptait que six portes. Ils purent défaire leurs bagages, étaler leurs vêtements, faire un peu de tri, et Sylvia se proposa pour laver les plus sales -la lessive sur le bateau se faisait à l'eau de mer, ce qui n'était pas vraiment idéal.
Bref, ils s'occupèrent à diverses tâches utilitaires avant de se décider à redescendre : leurs estomac criaient famine et le soleil se couchait. Il devait être l'heure de dîner.

On leur laissa le choix entre un filet de cabillaud et une tourte aux légumes et aux lardons, mais Sylvia décréta qu'elle avait avalé assez de poisson, au cours des deux dernières veilles, pour toute une année. On les avait installés à une petite table près d'une fenêtre, d'où ils dominaient l'océan. Les autres clients -une demi-douzaine de couples, une famille avec des enfants et trois ou quatre clients solitaires- semblaient des personnes plutôt calmes et sans histoire. Du reste, l'auberge ne proposait pas d'animation le soir, attirant ainsi préférentiellement une clientèle aspirant au repos.

[Kasumi]

Et cette atmosphère contemplative convenait tout à fait à Kasumi : les nuits en mer avaient été agitées et courtes pour la plupart et les dernières nuits dans l’auberge à Zakkhara lui avait fait passer l’envie d’animations d’auberge pour quelque temps.

Kasumi avait opté pour le même menu que sa chère et tendre et constata que la nourriture était d’aussi bonne qualité que l’hébergement et donc délicieuse. D’autant qu’elle apportait une variété fort bienvenue après les repas interchangeables qu’on leur avait servi à bord.

A la fin du repas, agrémenté d’un petit verre de vin, le demi-elfe s’enquit des désirs de sa compagne :

- Est-ce que tu veux remonter te reposer tout de suite ou tu veux profiter un peu de la plage ce soir ?

Lui-même aspirait surtout au repos mais ça aurait peut-être été un peu dommage de ne pas profiter de leur retour à terre dans ce cadre agréable d’autant qu’il y avait une possibilité qu’ils repartent sur les routes dès le lendemain.

[Voyageuse]

Sylvia était dans le même état d'esprit.
" Je crois que je préfère me reposer. On dormira mieux que sur le bateau... sauf si le bercement des vagues nous manque, qui sait ? Mais l'océan, on l'a tellement vu depuis deux veilles que ça ne me fait même plus envie. Donc autant profiter d'une nuit confortable, pour une fois ! On l'a bien mérité."

Le lit était aussi confortable qu'il en avait l'air, et ils célébrèrent comme il se doit le plaisir de se retrouver à nouveau à deux sous la même couverture. Ils avaient presque oublié combien il était bon de s'endormir dans les bras l'un de l'autre après une étreinte passionnée...

Le ciel était toujours d'un bleu aussi clair le lendemain, et le soleil réchauffait agréablement l'atmosphère. Le mois de Mirtul était autrement plus agréable que la fin d'automne dans l'autre hémisphère.
Le petit déjeuner était bon, varié, consistant. Il ne leur restait plus qu'à décider quoi faire de leur journée...

[Kasumi]

Et avant de songer à éventuellement profiter d'une petite balade sur la plage ou même en ville, le rôdeur tenait à être fixé sur la suite de leur voyage. Comme le prix des chevaux allait sans doute orienter leur choix de transport, c'est vers la sortie de la ville et le contact que leur avait donné l'aubergiste que Kasumi avait envie de porter ses pas en premier. Si le prix pour deux bêtes était au-dessus de leurs moyens ou excessifs, ils iraient alors aussitôt réserver des places dans la prochaine diligence. Enfin, dans le cas contraire, il leur resterait à faire quelques provisions, à régler la note de l'auberge puis à prendre la route après le repas de midi.

[Voyageuse]

Marco, l'éleveur de chevaux, vivait en-dehors de la ville, au coeur d'un vaste domaine où les chevaux s'ébattaient en semi-liberté, à la mode de la Trouée. Il y en avait de toutes les races : des chevaux de montagne petits et trapus, robustes, des chevaux de courses fins et élancés, des chevaux de trait massifs, des destriers de guerre, des poneys. Il y avait même un couple d'ânes un peu à l'écart.
" Jules, va accueillir les visiteurs !", lança une voix énergique depuis l'écurie.
Le dénommé Jules était un jeune homme dégingandé tout juste sorti de l'adolescence, le visage parsemé de tâches de rousseurs.
" Bonjour, messieurs-dames. Qu'y a-t-il pour votre service ?"

[Kasumi]

Kasumi s'était approché du pré en tenant Sylvia par la main et ne s'était pas privé d'observer les animaux qui semblaient tous propres et en bonne santé. Evidemment, un examen plus attentif devrait confirmer cette première observation s'ils se décidaient à faire une transaction mais sa première impression était bonne. Il répondit aussitôt au jeune-homme :

- Bonjour. Nous venons de débarquer et nous souhaitons nous rendre à Luménis alors nous cherchons deux animaux de bonne composition qui pourraient nous y aider. Mais malheureusement, nous avons un budget plutôt limité...

[Voyageuse]

Le jeune homme sourit.
" On a les meilleurs chevaux de la région ! Pour aller jusqu'à Luménis, le mieux ce sont ces petits chevaux, un peu trapus. Ils sont très endurants. Il vaut mieux éviter ce genre de race, comme le noir là-bas, qui courent vite mais ne tiennent pas sur la distance. Mais par contre, pour ce qui est du budget... Il vaut mieux voir avec mon père. Mais suivez-moi donc... Papa ?"
Un homme âgé, aux cheveux blancs noués en queue de cheval, sortit de l'écurie, les saluant d'un signe de tête accompagné d'un sourire. Le dénommé Marco sans doute.
" Ces gens voudraient acheter des bêtes. Pour aller jusqu'à Luménis. Et... pas trop cher, si j'ai bien compris...
- Ah,ça, c'est courant... Mais pas trop cher, c'est quoi, pour vous ?", questionna le vieil homme, d'un ton un peu abrupt.

[Kasumi]

Kasumi sentait la fierté de l'homme pour ses animaux ce qui était un élément à porter à son crédit et garantissant des montures de bonne qualité. Il entendait d'ailleurs en jouer dans leur négociation en caressant le maquignon dans le sens du poil :

- Malheureusement, de ce que j'en vois, vos animaux sont de premier choix et j'ai peur de vous insulter en faisant une offre à la mesure de notre budget actuel.

Il marqua une pause comme s'il hésitait déjà à repartir sur ces excuses mais il reprit après avoir jeté un regard admiratif en direction des chevaux répondant à la description du jeune-homme :

- Cependant, notre besoin est grand alors je vais tout de même devoir m'y risquer. Nous disposons... Si vraiment nous renonçons à dormir dans la moindre auberge... De soixante, peut-être soixante dix pièces d'or.

[Voyageuse]

" Effectivement, ça ne fait pas beaucoup..."
L'éleveur grimaça.
" Pour ce prix, je n'ai pas grand-chose. Vous devriez peut-être vous rabattre sur un poney, pour garder de quoi payer votre hébergement ? Ou même un âne... Il ne faut pas vous fier aux apparences, certains poney de montagne sont très endurants. Évidemment, ils vont moins vite qu'un cheval."
Tout en parlant il s'était approché d'un enclos, songeur.
" Vous comprenez, les montures les moins chères de mon hara valent tout de même entre soixante-quinze et cent pièces d'or. Ce sont des races solides, ici ! Bien sûr, vous pouvez aller voir mon concurrent, à un kilomètre d'ici, vous trouverez peut-être moins cher... Mais je ne suis pas sûr qu'ils vous mènent jusqu'à Luménis sans souci. A moins de soixante-quinze pièces d'or, ce sont souvent des chevaux déjà usés... "
Réfléchissant un instant il ajouta :
" Cela dit, j'en ai aussi, des chevaux usés, plus âgés, qui pourraient valoir moins. Mais vous comprendrez bien que je ne vends généralement que des montures jeunes et en pleine santé, pour une question de réputation..."

[Kasumi]

Les prix étaient onéreux mais pas déraisonnables non plus, surtout pour des chevaux de qualité. Kasumi en vint vite à penser qu'il ne parviendrait pas à négocier sur cette base aussi changea-t-il de stratégie :

- Nous ne sommes pas forcément arrêtés sur le choix de chevaux pour le trajet : nous sommes pressés d'arriver dans l'ouest ma fiancée et moi mais nous ne sommes pas non plus à quelques jours près. Combien demanderiez-vous pour deux poneys solides ?

[Voyageuse]

" Deux bons poneys ? Ca irait chercher dans les quatre-vingt pièces d'or au total, je dirais.
- Il y a aussi les mulets, intervint son fils.
- Oui, c'est nettement moins cher. Mais moins endurant...
- Et... est-ce qu'on ne peut pas monter à deux sur un cheval ? intervint Sylvia, timidement.
- Bien sûr, dans l'absolu, on peut. Mais pas sur de si longues distances. Ou alors il faut un cheval lourd et le prix est le double, donc ça ne résoudrait pas votre problème. Si vous décidez de monter à deux sur un bon cheval léger, il ne faudra pas avancer plus de quelques heures par jour.
- Et... sinon, on pourrait leur proposer deux des juments qu'on utilise pour la reproduction ?
- Elles ne sont plus toutes jeunes... Elles tiendraient le coup jusqu'à Luménis, sans doute, à condition de ne pas trop forcer, de ne pas aller trop vite, de faire des pauses. Et elles seraient plus dures à revendre que des chevaux de selle, à moins qu'ils ne trouvent un éleveur intéressé : ce sont de bonnes reproductrices avant tout. Il y a aussi le plus vieux de nos étalons, mais lui aussi n'est plus tout jeune... Et puis, je ne voudrais pas me retrouver avec la réputation de vendre des montures au rabais..."

[Kasumi]

Acheter des montures de second choix pouvait aussi être une solution d'autant qu'investir quatre-vingt pièces d'or dans des poneys n'était pas dans ses intentions.

- Sylvia et moi sommes rôdeurs et donc respectueux des animaux et nous serons prudents avec les chevaux que vous nous confieriez. Et si vous ne voulez pas risquer votre renommée méritée, nous ne sommes pas obligés de vous faire de la publicité. Pouvons-nous voir ces deux juments et cet étalon ?

[Voyageuse]

L'éleveur parut hésiter.
" Si vous voulez", finit-il par lancer, presque à contre-coeur.
Il les entraîna plus loin, vers un pré situé au-delà de l'écurie, où s'ébattaient de tout jeunes poulains avec leurs mères.
" Avec le nombre de poulains qu'on a eu cette année, j'ai besoin de garder encore un moment une partie des juments pour allaiter. Mais je dois pouvoir me séparer de celle-ci, et celle-ci, qui n'allaitent pas en ce moment," fit-il en indiquant deux juments parmi les plus âgées, l'une noire, l'autre rousse.
Malgré leurs âges, elles semblaient vigoureuses et en bonne santé. Elles étaient plutôt petites et trapues, avec peut-être un léger surpoids pour la première.
" L'étalon est dans le pré du fond, vous devez le voir d'ici... Le cheval blanc à crinière beige, là-bas. Une belle bête, mais il a fait son temps..."
De taille plus imposante que ses homologues féminines, l'étalon blanc était fin, racé, mais Kasumi comprit, à son galop un peu lent, que lui aussi accusait les années. Il pouvait toutefois certainement les conduire jusqu'à Luménis, à condition de ne pas faire de trop longues étapes et de ne pas le pousser trop souvent au galop.
" Pour des bêtes de cet âge, il faut restreindre un peu le grain pour limiter la prise de graisse, et faire attention aussi aux pousses d'herbes trop jeunes, ils ne doivent pas en abuser... Et vous devrez surtout surveiller attentivement les signes d'essoufflement durant les étapes. S'ils se mettent à tousser, c'est signe que le coeur faiblit, ou est trop opprimé. Il faut être très attentif également à leur santé en général, ils se remettent moins bien que les jeunes d'un coup de froid par exemple. Et bien les bouchonner le soir, vérifier régulièrement leurs sabots et articulations. Mais si vous ne les poussez pas trop, si vous les soignez bien, ils vous mèneront là où vous le voulez... Ils ont encore quelques années de vie devant eux tout de même !"