[Lieu] Les hauts plateaux

[Kasumi]

Kasumi écouta attentivement sa réponse avant de s’attarder sur la fin de sa tirade en répliquant d’un ton doux :

- Moi aussi je préfère le grand air à la ville et Sylvia n’y est pas encore allée, elle. Tous les deux, nous avons plus l’habitude des forêts. On est toujours plus à l’aise dans les endroits qu’on connait et il y a moins d’inconnus dont il faut se méfier. Cela dit, je suis certain que tu apprécieras encore plus de revenir auprès de ta grand-mère après tout ça, dans quelques semaines donc il ne faut pas t’en faire.

[Voyageuse]

" Je sais bien... mais avant y'a la ville, et la ville, j'aime pas. Et vous, c'est les forêts que vous préférez ? Brrrrr.... Moi les forêts, ça me fait peur ! C'est plein de bêtes sauvages à l'affût, il y a des loups par exemple... On les voit pas venir, ils vous guettent derrière un buisson, et paf, d'un coup ils bondissent et hop, plus de Jeannot !"
Il ponctuait ses explications de grands gestes qui firent se retourner sur leur passage deux bergers, amusés. Ils avaient désormais quitté le petit village et suivaient un sentier se dirigeant apparemment dans la bonne direction.
" Enfin, c'est ce que racontait mon père, conclut-il. Lui, je crois qu'il préfèrait la ville. Moi j'aime juste... et bien, j'aime juste les grandes plaines comme ça où on peut galoper à toute vitesse !"
Et sans crier gare, il talonna sa monture qui partit subitement au galop, les plantant là, tandis qu'il éclatait d'un rire joyeux.

[Kasumi]

Kasumi ne craignait pas de vraiment se laisser distancer aussi ne lança-t-il pas Eclair à la poursuite de Merveille. Le cheval de Jeannot ne tiendrait sans doute pas ce rythme plus de quelques centaines de mètres et la région n’était pas dangereuse. Et, au pire, Vif-Argent repérerait sans peine le cavalier et sa monture.

- M’est avis qu’un grand garçon comme ça n’a rien à craindre d’un loup mais rattrapons-le avant qu’il n’en effraie un ou deux, lanca-t-il à Sylvia avant de talonner Eclair pour qu’il presse l’allure.

[Voyageuse]

La jument de l'adolescent était plus jeune que leurs montures, et avait une bonne endurance. Eclair avait beau être un étalon fougueux, Kasumi dut déchanter : à galoper ainsi, il allait finir par épuiser sa monture. Quant à Rousse, il était largement préférable, vu ses déboires de santé récents, qu'elle ne force pas trop. Ils furent donc forcés d'abandonner la "poursuite" au bout de quelques minutes.
Ils ne rejoignirent Jeannot qu'au bout d'une heure : celui-ci s'était finalement décidé à les attendre, en suçant un brin de paille allongé à l'ombre d'un maigre bouquet d'arbre.
" Vous en avez mis du temps ! Valent pas un clou, vos montures ! Surtout la tienne, lança-t-il à Sylvia. T'aurais mieux fait d'en acheter une à ma grand-mère, elle en a de bien meilleures. Et elle vous aurait fait un prix !
- Elle vaut peut-être pas un clou, mais il parait qu'elle porte bonheur, rétorqua la rôdeuse.
- Ouais, j'sais, c'est la nouvelle Monture de la Félicité. C'est ce que disait Pierrot, en tout cas. C'est pour ça qu'il voulait essayer de vous la chiper, l'autre nuit...
- Quelle autre nuit ? questionna Sylvia en ouvrant des yeux ronds.
- Ben, dans la bergerie ! rétorqua l'adolescent comme si c'était une évidence.

[Kasumi]

C’était donc eux… Kasumi s’en était plus ou moins douté : la coïncidence avec le groupe qu’ils avaient évité dans le bosquet était par trop évidente. Mais c’était déjà une bonne chose que Jeannot se livre ainsi : cela prouvait l’honnêteté du jeune-homme et sa candeur dont les truands avaient voulu profiter.

- Je suis content qu’il ait renoncé et surtout que tu ne sois plus en leur compagnie : ce sont de mauvais garçons et tu vaux bien mieux que ça Jeannot. Je sais que nous nous connaissons à peine mais j’en suis déjà persuadé.

[Voyageuse]

" Ils étaient gentils, tu sais. Et puis ils me promettaient que je serais le héros de plein d'aventures ! Ils m'avaient même offert une épée plus grande que j'ai jamais vue, d'ailleurs je l'ai gardée, regarde !"
Il se pencha pour fouiller dans ses fontes et en tira une épée effectivement immense, un modèle qu'on ne pouvait manier qu'à deux mains. Elle était toute simple, et de qualité moyenne, mais convenait certainement à un débutant.
" Ils avaient commencé à m'apprendre un peu à m'en servir... mais je vais devoir m'entraîner tout seul maintenant. Tu saurais pas m'apprendre toi ? Tu as l'air de savoir te battre, et puis t'es un aventurier vu que t'es sur les routes..."

[Kasumi]

Kasumi fit la moue, un brin dubitatif sur la conduite à adopter. Il pouvait certainement enseigner quelques petites choses au fermier puisqu’il avait à un moment endossé ce rôle auprès de la garde luménienne mais devait-il vraiment le faire.

- Je ne sais pas si ta grand-mère serait d’accord, commença-t-il d’un ton hésitant. Mais ne rien lui apprendre pouvait faire plus de mal que de bien aussi s’empressa-t-il d’ajouter d’un ton plus positif :

- Mais je peux certainement t’apprendre à t’en servir si tu me promets d’en faire bon usage : une épée ne doit servir qu’à se défendre et encore, seulement si tu es attaqué par des mauvaises personnes…

[Voyageuse]

" Mon père ne s'en servait pas que pour se défendre !, rétorqua l'adolescent. C'était un garde, c'était son métier de pourchasser les brigands et les meurtriers, et aussi de faire la guerre..."
Ramené ainsi à de plus sombres pensées, il grimaça et se tut brusquement. Rangeant son épée, il parut un moment songeur, puis se hissa à nouveau en selle, à nouveau joyeux.
" On fait la course ?
- Nos montures ne peuvent pas rivaliser, protesta Sylvia.
- Ah oui, c'est vrai... Bon, alors je galope et je vous attends... heu... dans trois quart d'heure ! Juste pour le repas. Je crois que ma grand-mère nous a mis de quoi déjeuner à midi... A tout de suite !"
Et il s'en fut à nouveau, filant comme le vent.

[Kasumi]

Bon, il apparaissait que Jeannot ne perturberait pas tant que ça leur intimité tout compte fait mais le rôdeur se sentait pourtant responsable de sa sécurité et il pourrait difficilement l’assumer s’il filait sans cesse au galop aux devants d’eux. Il esquissa une grimace à l’adresse de Sylvia avant de demander d’un ton doux :

- A moi il ne semble pas si différent d’un mélange de Joris et d’Amish à gérer ! Est-ce que tu peux demander à Vif-Argent de le garder à l’œil pour nous ? J’espère que ça ira un peu mieux quand nous aurons quitté la Trouée qu’il connait bien moins.

[Voyageuse]

" Il a l'air assez impulsif de caractère, je ne suis pas sûre qu'il se laisse arrêter par le fait de ne pas connaître. Mais tu as raison, je vais charger Vif-Argent de veiller sur lui. Ce n'est pas grand-chose, pour lui..."
L'adolescent les attendait, comme promis, un peu plus loin : il leur fallut tout de même pas loin d'une heure et demie pour le rejoindre. Ils mangèrent sur le pouce, d'un délicieux pâté en croûte, de pain frais et de fromage, ainsi que de fruits - fraises et framboises. Les provisions apportées par Jeannot comportaient, en outre, un assortiment de légumes de printemps fraîchement cueillis et fort appétissants : pommes de terre, carottes, haricots, navets, petits pois et panais... De quoi agrémenter le gibier qu'ils chasseraient pour les jours à venir, ou faire de bonnes soupes pour lutter contre la fraîcheur du crépuscule. Bref, le voyage s'annonçait sous les meilleurs auspices.

Cette zone de la Trouée paraissait un peu plus peuplée que la précédente : ils aperçurent deux hameaux tandis qu'ils cheminaient, simples petits groupes de maisons entourés de prés et de pâturages. Mais lorsque le soir tomba, ils étaient à nouveau loin de tout. Le temps, heureusement, ne semblait pas vouloir tourner à la pluie et ils dormiraient sans problème à la belle étoile.
" On va dormir... dehors ? questionne Jeannot, un peu inquiet. Vous n'avez pas... de tente, ou je-ne-sais quoi ? S'il y a des bêtes sauvages ? Des lions, des loups ?"

[Kasumi]

L’inquiétude du jeune-homme était bien compréhensible, surtout pour un enfant de berger, bercé d’histoires de prédateurs nocturnes s’attaquant aux troupeaux. Kasumi s’efforça donc de le rassurer d’un ton confiant :

- Ne t’en fais pas : les gros prédateurs sont rares et ils ne s’attaquent que très rarement aux groupes d’hommes surtout quand ils comptent des amis de la forêt. Et puis je ferai un feu pour les tenir à l’écart si c’est susceptible de te rassurer !

Peut-être veillerait-il en outre en première partie de cette nuit pour voir comment l’adolescent s’acclimatait ou non mais il s’abstint de le mentionner pour l’instant.

[Voyageuse]

Le jeune homme, à demi rassuré, rétorqua qu'il dormirait avec son épée à côté de lui.
Il y avait suffisamment de menus branchages pour faire un feu et cuisiner une bonne soupe, mais il n'y en aurait sans doute pas assez pour maintenir le feu durant toute la nuit. Jeannot ne paraissait pas en avoir conscience. Il prêta main-forte à Sylvia pour démarrer le feu tandis que Kasumi cuisinait la viande fournie par sa grand-mère. Il leur faudrait chasser le lendemain, probablement : Jeannot avait un appétit d'ogre.

Sylvia sombra très rapidement dans le sommeil, ce soir-là, mais Kasumi entendit l'adolescent se tourner et se retourner, vérifiant la présence de son épée, se redressant vaguement lorsqu'il croyait entendre quelque chose approcher. Il finirait par s'endormir, certainement : déjà, il semblait que sa respiration devenait plus régulière.

[Kasumi]

Kasumi était endurant et avait repris l’habitude de peu dormir au cours des dernières veilles mais il se ressentait tout de même encore un peu de la nuit quasi blanche à la bergerie. Il avait cependant prévu d’attendre encore un petit moment pour être certain que Jeannot prendrait un peu de repos et pour le rassurer si son angoisse de se retrouver loin de chez lui et en pleine nature devenait trop forte. Alors, pour passer le temps, il s’ouvrit aux sons familiers de la nuit : la Trouée était différente des environs de Luménis et des montagnes de fer mais pas tant que cela. Ce faisant, il eut une pensée pour Première Neige car ils s’étaient rencontré non loin d’ici. Il se demandait ce que devenait sa louve, si elle avait regagné la forêt ou les montagnes. Le silence de la nuit favorisait les introspections de ce genre.

[Voyageuse]

Jeannot finit par s'endormir, enfin apaisé, même si son sommeil serait certainement léger. Kasumi put enfin se détendre pleinement à son tour et sombrer dans un sommeil réparateur.
Il fut cependant réveillé au bout de deux ou trois heures seulement, à en juger par l'obscurité toujours aussi profonde, par un hurlement de terreur.
" Un loup !"
Jeannot avait bondi sur ses pieds, saisissant son épée, fixant deux yeux jaunes tout proches. Trop proches...
Au même instant, Kasumi reconnut la présence, dans son esprit, de la louve dont il se languissait plus qu'il ne l'aurait avoué : Première Neige.

[Kasumi]

A la panique des premiers instants consécutifs au brusque réveil, Kasumi avait pris sur lui de venir rassurer le jeune-homme avant que son visage ne s’illumine d’une joie pure. Il posa une main apaisante sur l’épaule du garçon avant de parler d’une voix douce :

- N’aie crainte Jeannot : ce n’est pas un loup mais une louve et je connais celle-ci. Tu peux ranger ton épée, personne ne craint rien ce soir…

Et il s’éloigna sur un sourire pour aller à la rencontre de Première Neige. Il se rendait compte à présent d’à quel point elle lui avait manquée. Il se sentait quelque part à nouveau entier, bien plus que lorsqu'il avait recouvré l'essentiel de sa force perdue chez les asabis.

[Voyageuse]

La louve avait hérissé le poil, fixant le jeune homme avec l'épée en main, et semblait attendre que celui-ci la baisse pour oser le lâcher du regard.
Or Jeannot, malgré les paroles rassurantes de Kasumi, ne déposait pas son arme.
" Tu es fou !... C'est... un loup ! Il va t'attaquer !"
Le rôdeur sentait l'inquiétude de la louve qui ne relâchait pas sa vigilance, imperméable à ses exhortations au calme.
" Jeannot, pose cette épée, intervint fermement Sylvia en s'interposant entre l'adolescent et l'animal. Kasumi ne risque rien, c'est son familier.
- Un... loup... comme familier ?", questionna Jeannot, incrédule.
Mais il baissa enfin son épée, et Première Neige, un peu rassurée, tourna enfin son regard jaune vers le rôdeur. Il sentit une vague d'émotions affluer par le lien qui les unissait : inquiétude, joie et reconnaissance. Fierté de l'avoir retrouvé, également.

[Kasumi]

Et le demi-elfe tâcha de lui transmettre en retour les sentiments qu’il éprouvait : joie de l’avoir à nouveau près de lui et fierté pour son flair qui lui avait permis de le retrouver dans cette étendue déserte qui n’était pas son terrain le plus familier. Puis, sans plus attendre il s’avança hors du cercle des flammes qui faisait peur à tous les loups et s’agenouilla en ouvrant les bras pour l’inciter à venir le retrouver.

[Voyageuse]

La louve s'approcha après une brève hésitation, et vint frotter sa tête contre lui, réclamant qu'il lui gratte les oreilles, comme à son habitude. Elle avait le poil dru et luisant, et paraissait en pleine santé. Elle lui transmit mentalement l'image des montagnes, puis de l'immense plaine sur laquelle ils se trouvaient, et d'une course interminable pour venir le rejoindre. Il sentit son soulagement, intense, de l'avoir retrouvé enfin, la peur qu'elle avait éprouvé de ne jamais le revoir, la proposition de chasser ensemble, de retourner dans les montagnes où la neige était son domaine. Le tout un peu pêle-mêle.
Il réalisa que Sylvia parlait à Jeannot à mi-voix, pour ne pas les déranger, mais la présence de la louve dans son esprit passait bien avant et il n'essaya même pas d'entendre ce qui se disait.

[Kasumi]

Kasumi ne se fit pas prier pour caresser la louve à l’endroit qui lui plaisait tant. Lui aussi était énormément soulagé de la revoir après cette longue période d’absence et l’idée de la suivre vers les montagnes était extrêmement séduisante en cet instant mais une partie de son enthousiasme lui était communiquée par le lien, il le savait. Non, il ne pouvait pas partir immédiatement à la chasse mais ils le pourraient demain. Quant à la neige et aux montagnes, il lui promit d’y retourner un jour prochain mais lui fit part de ses projets plus immédiats : ceux de rejoindre l’abri des grands arbres.

Quand il sentit la louve pleinement rassurée, il se tourna à nouveau vers Jeannot et Sylvia et esquissa un sourire à l’endroit de cette dernière. Il proposa aussi à Première Neige de s’approcher pour manger un peu, juste récompense de sa longue traque.

[Voyageuse]

La louve gardait un œil méfiant sur le jeune homme, mais s'approcha et ne se fit pas prier pour avaler ce que le rôdeur lui proposait -un reste de leur dernier gibier. Jeannot observait, fasciné, mais ne s'approcha pas.
" Tu es sûr que c'est un vrai loup ? il parait qu'il y a des chiens qui ressemblent... Moi je savais pas qu'un loup ça pouvait s'apprivoiser. Ca reste sauvage, normalement... et dangereux... Brrr...."
Sylvia, rassurée de voir l'adolescent enfin apaisé, sourit à Kasumi et vint se blottir contre lui.
" Elle est magnifique..."

[Kasumi]

Kasumi accueillit le contact de la rôdeuse avec plaisir : il souhaitait l’associer à ces retrouvailles avec son familier, la présenter à Première Neige et réciproquement. Il répondit avec fierté mais douceur à l’adolescent sans quitter la louve des yeux :

- Première Neige n’est pas apprivoisée mais elle est intelligente et elle a choisi de se lier à moi. Les loups ne sont pas fondamentalement mauvais, Jeannot, et ils ont bien davantage peur de nous que nous d’eux.

Il ne força toutefois pas le garçon à s’approcher – la démarche devait venir de lui ou pas du tout – mais il s’effaça un instant pour que Sylvia et la louve puissent s’appréhender. Ce devait être un bouleversement pour l'animal d'accepter une autre présence à ses côtés et ce devait s'opérer en douceur.

[Voyageuse]

Première Neige ne parut pas spécialement surprise de voir Sylvia auprès de lui. Elle lui envoya mentalement l'image d'un chef de meute se choisissant une nouvelle compagne après la disparition -la mort?- de la précédente. Elle considérait visiblement Astrée comme définitivement disparue, ayant quitté la meute ou plus probablement morte.
Elle vint renifler la rôdeuse, un instant, puis se coucha à leurs pieds.
" Bon, ça a l'air d'aller. J'avais peur qu'elle soit jalouse, quelque chose comme ça... Mais puisque tout est réglé, on ferait mieux de dormir un peu avant l'aube, non ?"
Jeannot, lui, restait à l'écart, méfiant. Il n'était pas sûr qu'il parvienne aisément à se rendormir.

[Kasumi]

Les images transmises par Première Neige étaient plutôt inquiétantes mais Kasumi avait appris à ne pas trop se fier à leur transposition dans un esprit humain. Première Neige le lui aurait certainement fait comprendre si Astrée avait été en danger. Il était plus probable que la louve et la rôdeuse se soient séparés plusieurs semaines auparavant car son voyage avait été bien plus long que prévu initialement. Tout de même, il n’aurait l’esprit pleinement apaisé qu’une fois qu’il en aurait eu le cœur net. Et pour cela, il fallait se rendre à Luménis. Au final, la rencontre avec Jeannot tombait plutôt bien. Il caressa à nouveau la tête de son familier avant de revenir auprès du garçon :

- Première Neige n’osera pas s’approcher du feu et elle sent que tu n’es pas à l’aise en sa présence. Mais si cela te rassure, je peux dormir auprès de toi.

[Voyageuse]

L'adolescent secoua la tête.
" Non ! Sinon elle va vouloir s'approcher ! Je préfère que tu dormes plus loin avec elle...
- Tu sais, elle va faire comme Vif-Argent, elle va vivre sa vie pas trop loin de nous. Tu imagines Vif-Argent venir dormir sous la couverture ? Et bien, elle non plus ! Elle reste un animal sauvage.
- Oui, c'est bien ce qui m'inquiète... Mais puisque c'est ton familier, elle va t'obéir ? Si tu lui dis de ne pas s'approcher de moi, elle ne s'approchera pas ? Je vais me mettre très près du feu pour pas qu'elle ose..."
Joignant le geste à la parole, il entreprit de rapprocher son couchage au maximum de leur foyer rougeoyant presque éteint, dans lequel, par mesure de précaution, il jeta quelques branchages pour ranimer les flammes. La louve recula aussitôt, ce qui le rassura enfin.

[Kasumi]

- Très bien, je lui ai demandé de ne pas t'approcher mais elle a de toute façon un peu peur pour le moment. Bonne nuit Jeannot !

Kasumi ne pouvait pas lui en vouloir mais il s'efforça de rassurer la louve et éloigna sa couche du foyer pour sa part des flammes au cas où elle veuille venir s'allonger à ses côtés pendant la nuit. Il en profita pour adresser un sourire reconnaissant à Sylvia pour ses efforts avec le jeune-homme. Ne restait qu'à espérer que la situation ne s'envenime pas sur quelque malentendu et que Jeannot finisse par trouver le sommeil.

[Voyageuse]

Sylvia se rendormit la première, nullement inquiète, et Jeannot ne tarda pas à faire de même malgré ses craintes. Kasumi put enfin se tranquilliser et dormir. Il sentit confusément, au moment où il sombrait, que la louve se glissait contre lui du côté opposé à Sylvia.

La lumière du soleil dans ses yeux le tira du sommeil le lendemain matin. Jeannot, déjà réveillé, fixait la louve sans oser se lever. Il parut rassuré en voyant le rôdeur ouvrir les yeux à son tour. Première Neige vint quémander une caresse, lui donnant au passage un bref coup de langue râpeux sur la joue, avant de s'éloigner en quête d'eau ou de gibier. Sylvia, quant à elle, dormait encore, tournant le dos au soleil levant, protégée de la lumière par la couverture qu'elle avait tirée par-dessus sa tête.

[Kasumi]

Ils n'étaient pas particulièrement pressés aussi Kasumi fit-il de son mieux pour ne pas réveiller Sylvia en se levant. Il fit signe à Jeannot de garder le silence et lui adressa un clin d'œil avant de se mettre à ranimer le feu dans le but de préparer un bon petit-déjeuner : la rôdeuse serait certainement heureuse de le trouver bien chaud au moment où elle quitterait son cocon douillet.

[Voyageuse]

Ce fut sans doute la bonne odeur de thé et de lait chaud -apporté par Jeannot dans ses provisions- qui tira la rôdeuse du sommeil. Le regard embrumé, elle vint s'asseoir à côté de Kasumi, près du feu pour retrouver un peu de chaleur, et posa la tête sur son épaule après l'avoir salué d'un léger baiser sur les lèvres.
" Alors, ta louve est partie en chasse ? Ça va me faire tout drôle de te partager avec elle, tu sais... mais tu dois être rudement heureux de la revoir, toi. Comme moi lorsque j'ai retrouvé mon faucon..."

[Kasumi]

Kasumi lui dédia un sourire plein de tendresse et passa son bras sur son épaule. Evidemment, la présence de Jeannot empêchait toute intimité mais le demi-elfe répondit néanmoins à sa remarque :

- Oui, je suis très heureux de l'avoir retrouvée : j'ai eu peur qu'elle ait pu se perdre. Et pour le reste, ne t'en fais pas : elle est encore plus discrète que Vif-Argent sauf quand il s'agit de chasser ou quand je l'appelle pour suivre une piste. En plus, elle t'a déjà adoptée.

[Voyageuse]

" J'ai bien vu, oui. De toute façon, elle n'avait pas le choix !"
Elle se servir un bol de lait chaud dans lequel elle versa une bonne dose de miel et prépara quelques tartines de pain frais pour tout le monde. La journée s'annonçait belle, mais fraîche.

Ils ne revirent pas la louve de la journée. Le rôdeur sentait sa présence, non loin, généralement en avant de leur trajectoire comme si elle se donnait un rôle d'éclaireur.
La fin d'après-midi les surprit dans une zone plus vallonnée et un peu plus boisée : ils se trouvaient dans les contreforts nord des Montagnes de Fer. Les sources abondaient en cette journée printanière, et le gibier également, ce qui tombait plutôt bien : vu l'appétit de Jeannot, il leur fallait songer à s'approvisionner. Le jeune garçon, du reste, comptait bien participer à la chasse. Il n'avait pas d'arc, mais une fronde, et se faisait fort de leur ramener un lapin pour le souper.
Ils se placèrent tous en embuscade près d'un point d'eau, et découvrirent que l'adolescent était capable... de se taire, pour commencer ! Il faut bien avouer que son bavardage incessant commençait à les lasser. En outre, il savait effectivement utiliser sa fronde, car il fut le premier à toucher une proie, assommant d'un tir bien placé un jeune lièvre sortant de son terrier.

HRP : je te laisse résumer ?