[Bâtiment] La Grande Bibliothèque

[Galathée]

Moïra rit à voix haute, ce qui attira le regard de plus d'un lecteur, mais elle sembla ne pas s'en soucier.
" Attention, Chandara. Les compliments, c'est comme les pâtisseries. A petites doses, c'est excellent. Mais trop, ça rend malade."
Elle sourit de toutes ses dents.
" Après, les paladins se tapent dessus, excusez-moi, mais c'est leur métier. Vous avez raison que la magie permet d'effacer les bleus. Mais ça reste moche, non ? Enfin, les nôtres ont le goût des jolies choses, c'est déjà ça ! Pourquoi vouliez-vous les voir ? Vous vouliez vérifier qu'ils sont mieux que les Lathandrites ? Je vais vous épargner bien des heures de grandes réflexions profondes et inutiles, qui vont en plus rider votre joli front : ils sont mieux. Fatalement. Les Lathandrites, ce sont des lève-tôt, et c'est mauvais pour le teint et l'humeur. En plus, le soleil, c'est mauvais pour la peau et les yeux. Enfin, ils prétendent qu'ils protègent aussi la beauté, mais ils n'y connaissent rien. Voilà ! Le conseil était gratuit. "

[Chandara]

Par souci de discrétion, Chandara se mit une main devant la bouche pour ne pas éclater à son tour de rire mais son regard brillant montrait combien l'humour de la sunite était efficace. La Dorrandine lui répondit à voix basse en s'efforçant d'adopter un ton sérieux guère convaincant :

- Ne vous vexez surtout pas, Moïra, mais j'ai bien peur de croire que vous n'êtes pas totalement objective. Cependant, je vous remercie de ce bon conseil - gratuit qui plus est ! Et pour répondre à votre question, j'avais envie de rencontrer un de vos merveilleux paladins pour essayer de les comprendre un peu. Ou peut-être qu'il ne s'agissait que de déformation professionnelle : nous autres paladins avons l'instinct grégaire.

[Galathée]

" Objective ?! Quelle horreur ! C'est bien helmite, ça, de parler de raison ! Quelle insulte ! La subjectivité, c'est la seule chose qui compte. Les sentiments, les émotions, les impressions. Objective. Et puis quoi encore. Cela dit, un Sunite sait ce qui est beau. C'est peut-être subjectif, mais c'est de la subjectivité qui prime sur les calculs savants et les réflexions profondes. Quand quelque chose est beau, on le sait. On n'a pas besoin de cogiter trois heures pour arriver à cette conclusion. Ça vient de là."
Elle se frappa le coeur du poing.
" Pour le reste, quand on a de la lumière plein les yeux, on distingue mal les choses. C'est un fait objectif, ça. Pas une surprise que les trois quarts des Lathandrites, éblouis comme ils sont, ne perçoivent que vaguement la beauté en ce monde."

[Chandara]

Il était bien difficile de garder son sérieux en présence de Moïra - même en ce lieu - et Chandara se laissa entraînée par la clerc loin des autres lecteurs avant de répondre d'un ton joyeux et affectueux :

- C'est pourtant un beau lathandrite qui m'a fait comprendre que les Helmites étaient bien plus hermétiques encore à la beauté de ce monde malgré leur sacerdoce de vigilance. Et c'est encore lui, mieux que quiconque, qui m'a fait comprendre que je n'étais pas dénuée de charme, au moins à ses yeux. Certains d'entre eux doivent donc être plus sensibles que la moyenne.

[Galathée]

" Chandara, arrêtez de vous moquer de moi : je ne peux pas croire que les Dorrandins soient à ce point aveugles qu'ils n'aient jamais remarqué que vous étiez jolie. Et d'ailleurs, je n'y crois pas. Vous êtes parfaitement consciente de votre beauté, et cela date d'avant votre rencontre avec ce jeune homme. Il suffit de voir comment vous vous habillez et comment vous marchez, et ce que vous faites à vos cheveux. Vous étiez peut-être un peu gênée au milieu de tous ces rustres de paladins, mais vos parents vous l'ont certainement dit plus d'une fois. Et... vous amouracher d'une personne juste parce qu'elle a été la première à vous mentionner l'évidence, c'est vraiment vraiment... foireux. Si vous me pardonnez le terme."

[Chandara]

Un sourire ourla les lèvres de la jeune femme et son regard se fit rêveur alors qu'elle répondait cette fois avec une grande sincérité :

- Je suis d'accord avec vous sur tous les points mais Arthur a aussi été le premier à voir au-delà des apparences. Je sais que pour vous autres sunites, la beauté est le reflet de l'âme mais il s'est attaché à moi pour bien davantage et - même si je sens qu'il me craint un peu - il est toujours bienveillant avec moi. Enfin, je ne vais certainement pas vous parler d'amour alors que je n'y connais rien... Ce serait plutôt vos conseils qui pourraient m'aider à m'épanouir dans ce domaine d'ailleurs ! Mais peut-être accepterez-vous dans cette voie ? Un autre service gratuit peut-être ?

[Galathée]

" Vous voulez que je vous guide en amour ? Même si je vous faisais réaliser que vous vous êtes amourachée un peu rapidement de la mauvaise personne ? Hum... Je ne vous sens pas très réceptive à autre chose que ce qui va dans votre sens. C'est de votre âge, notez bien, et c'est terriblement mignon !"
Elle gloussa.
" Mais il se trompe et vous aussi. La beauté extérieure n'est pas secondaire, elle est primordiale. Comme vous l'avez dit, c'est l'essence de la pensée sunite. Imaginer qu'on vous aime parce qu'on voit au-delà... Bah. L'âme se donne à voir. Il n'est pas nécessaire de faire fi du beau. C'est de la pensée bien sage parce qu'on est gêné auprès des moches. Mais s'ils sont moches, c'est leur problème. Et c'est dommage pour eux. Pourquoi devrions-nous avoir honte d'avoir été choisies par Sunie, vous et moi ?"

[Chandara]

Cette dernière déclaration la prit quelque peu au dépourvu. Certes, c'était sans doute une façon de parler pour une clerc de Sunie mais l'idée que la déesse ait pu la choisir était tout de même une idée bien étrange qui avait encore du mal à faire son chemin dans l'esprit de Chandara. Elle répondit d'un ton peut-être légèrement solennel qui tranchait avec l'humeur guillerette de Moïra :

- Je n'en ai pas honte. D'ailleurs, j'ai demandé à Kenan s'il pouvait m'aider à me trouver de quoi me rhabiller. Vous n'avez pas idée de ce qu'on appelle une jolie robe à Manost ! Celle que je porte a été faite clandestinement et elle est bien loin de l'élégance des vôtres je trouve.

[Galathée]

" De toute façon, les vêtements ne sont jamais que des couches en trop, entre vous et moi. Mais bon, il faut ce qu'il faut."
Elle haussa les épaules.
" Mais vous n'êtes pas prêtresse de Sunie. Donc vous ne pourriez de toute façon pas vous habiller comme ça. Sauf si vous voulez que les gens pensent que vous vendez vos charmes. Vous n'avez pas l'air d'être du genre."

[Chandara]

La jeune-femme piqua un fard et plissa les yeux à cette seule idée répugnante. Elle répondit d'un ton quelque peu scandalisé sans toutefois que cela soit dirigé contre la prêtresse :

- Certainement pas ! D'ailleurs, le dernier qui a cru pouvoir prendre des libertés parce que je portais une jolie robe doit encore se masser la joue !

[Galathée]

" Méfiez-vous quand même. Le quartier du port et celui des taudis ne sont pas toujours sûrs pour une femme seule. Même si elle a un entraînement martial." dit la Sunite, un peu plus sérieuse un instant.
Elle allait ajouter quelque chose lorsqu'un employé de la bibliothèque s'interposa.
" Mesdames, je suis désolé, mais plusieurs visiteurs se sont plaints de votre conversation un peu trop sonore. Vous seriez bien gentilles de la poursuivre ailleurs, merci."

[Chandara]

La honte d'être ainsi rappelée à l'ordre - et ce de façon justifiée - fit à nouveau changer la couleur du teint de Chandara qui s'excusa platement devant l'employé avant d'ajouter d'un ton plus bas à Moïra :

- Je crois que nous ferions mieux de redescendre pour continuer à discuter. A moins que vous sachiez où se trouve Arthur ? Je ne voudrais pas qu'il ait besoin de me chercher même si ça a un côté romantique !

[Galathée]

Moïra, de son côté, ne s'était absolument pas excusée. Elle gloussa de la gêne de la paladine et l'entraîna vers les escaliers.
" Il est sorti de la bibliothèque, en tout cas. S'il y revient, nous le coincerons dans la cour... Il fait magnifique : rester enfermé par ce temps, c'est un crime envers l'été ! Pour quelqu'un qui aime un Lathandrite, vous ne faites pas d'efforts, Chandara."

[Chandara]

Dans ce cas leur destination était toute trouvée et l'ancienne paladine suivit donc la jeune-femme avec plaisir et sans imaginer un seul instant qu'elle ait pu mentir concernant Arthur. C'était étonnant qu'il se soit esquivé sans l'en avertir mais elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir d'autant que cela lui permettait de poursuivre une conversation aussi distrayante qu'enrichissante et de profiter du beau soleil d'Helonna.

[Galathée]

Elles demeurèrent dans la petite cour qui s'étendait devant les portes de la bibliothèque. Moïra s'assit en tailleur sur un muret, ce qui lui dénuda les jambes jusqu'en haut des cuisses, grâce à la coupe audacieuse de sa robe.
" Bref, je disais que vous ne pouvez pas vous balader dans Luménis comme si c'était une station balnéaire ou comme si toutes les rues ressemblaient à celle qui passe devant la commanderie ou la caserne de la garde. C'est une grande cité, moins surveillée que vos contrées d'origine, et il y arrive des trucs glauques de temps à autre. Bref... Evitez de musarder dans les ruelles sombres. D'autant que si vous vous battez... Vous aurez plein de papiers ennuyeux à remplir ensuite à la caserne, pour attester de la légitime défense, et tout ça."

[Chandara]

Chandara prit bonne note du conseil et se promit de veiller à éviter les quartiers moins rassurants. En tous cas, elle ne s'y rendrait pas seule et sans équipement. Elle ne put s'empêcher de jeter un œil et de hausser un sourcil en constatant la position de la clerc de Sunie : à Manost, une telle attitude aurait aussitôt alerté la garde mais elle ne se trouvait pas dans sa ville d'origine, fort heureusement. Elle même opta pour une position bien plus sage en s'installant à côté de Moïra pour observer les alentours.

- Quel endroit vous me conseillerez dans ce cas ? Je veux dire pour un rendez-vous galant ? J'ai un peu l'impression que c'est à moi de prendre les devants pour faire sortir Arthur de sa réserve mais peut-être que je me trompe là aussi ?

[Galathée]

" Il n'existe pas d'endroit qui convienne à tout rendez-vous galant. Un couple n'est pas un autre ! Mon conseil, c'est de vous adapter à votre partenaire. De quelle réserve au juste voulez-vous qu'il sorte, en réalité ? Doutez-vous de son attachement ? Voulez-vous qu'il vous demande en mariage ? C'est un paladin, c'est le genre de choses qu'ils font, soyez prévenue. Avant de coucher, généralement. Surtout un garçon de bonne famille, comme Arthur. Mais répondez à ma première question, plutôt."

[Chandara]

Le parler parfois cru de la prêtresse faillit à nouveau la faire rougir mais elle fit un effort pour se contrôler et appliquer les conseils de Kenan en la matière. Car, après tout, c'est bien elle qui avait mis le sujet sur la table. Elle regarda autour d'elle pour vérifier que personne n'écoutait avant de répondre un ton plus bas :

- Je ne lui en veux pas de prendre son temps : après tout, aimer est une nouveauté pour moi également et je ne voudrais pas que nous brûlions les étapes tous les deux. Non, je voudrais avant tout qu'il se sente un peu plus à son aise en ma présence, qu'il puisse s'épanouir et la rechercher. Vous comprenez ce que je veux dire ?

[Galathée]

" Pourquoi est-ce qu'il est mal à l'aise en votre présence ? Est-ce que vous dites... ou faites... des choses qui pourraient l'embarrasser ? Ne me répondez pas. Je le connais et j'ai l'impression que je commence à vous cerner. Vous devriez arrêter de tant essayer, Chandara. Soit il vous aime pour ce que vous êtes, soit il ne vous aime pas. Mais passer votre temps à réfléchir à une stratégie pour lui plaire, c'est une mauvaise idée. Tôt ou tard, vous devrez revenir à vous-même, et tous les efforts que vous aurez consentis seront réduits à rien. Si vous étiez difficile à... remarquer, je comprendrais que vous vouliez attirer son attention... mais comme ce n'est pas le cas, comme il vous côtoie déjà... Laissez tomber le reste. En ces matières, parfois, moins c'est mieux. Et nous parlons d'Arthur. Moins sera certainement mieux. Maintenant, si moins, ce n'est pas votre truc, peut-être qu'Arthur n'est pas le bon. C'est un choix drôlement austère, pour quelqu'un qui veut s'affranchir des Helmites."

[Chandara]

Chandara parla cette fois sans prendre le temps de réfléchir, réagissant immédiatement aux remarques de son interlocutrice :

- Il n'est pas du tout austère ! Et puis on ne choisit pas de qui on tombe amoureuse, n'est-ce pas ? C'est vous qui disiez que ce n'est certainement pas une affaire de raison mais bien de sensation.

Elle avait haussé le ton sans le vouloir aussi marqua-t-elle une pause avant de se reprendre :

- Enfin, je vais suivre votre conseil : je suis certainement parfois un peu trop directe en toutes choses et ça m'a souvent desservie par le passé. C'est bête mais je craignais un peu de devoir en faire davantage pour qu'il se libère mais vous avez sans doute raison à son sujet. D'ailleurs, même s'il s'en défend, vous semblez le connaître...

L'interrogation sous-jacente était évidente et exprimait de la curiosité bien davantage qu'une quelconque méfiance ou jalousie.

[Galathée]

" Nous étions à l'école ensemble, dit Moïra avec un sourire. Enfin, avant que j'entre au Temple, évidemment. Il était deux ans en dessous de moi, dans la classe de mon cousin. Je le connais sûrement mieux qu'il ne me connait. Et puis c'est mon rôle de garder un oeil sur les jeunes célibataires de Luménis."
Elle gloussa.
" Ne le brusquez pas, Chandara, c'est mon conseil. Vous en obtiendrez le contraire de ce que vous espérez. D'autant que s'il est mal à l'aise, ses pairs le remarqueront, et ils auront tôt fait de vous l'arracher. J'encourage le coeur à affronter les obstacles, bien sûr, mais ça me semble un peu tôt... "

[Chandara]

Chandara écouta la réponse de Moïra avec une grande attention, signe qu'elle était très friande de la moindre information concernant Arthur. Elle hocha la tête avec sourire sincère en prenant bonne note de ses conseils :

- Alors je le laisserai s'épanouir à son rythme mais je risque de ne pas pouvoir m'empêcher de l'encourager parfois. Et vous avez raison concernant ses pairs : l'un de ses officiers supérieurs m'en a déjà fait la remarque. Je ne sais pas s'il cherchait à me décourager mais je dois reconnaître qu'on obtient souvent le contraire de ce qu'on attend quand on me presse ainsi.

[Galathée]

Moïra rit de bon coeur.
" Je ne sais pas si j'irais jusqu'à me mettre l'ordre de l'Aster à dos. Vous savez qu'un paladin... C'est toujours un choix... problématique, n'est-ce pas ? Ils font toujours passer le devoir et leur dieu avant quoi que ce soit de terrestre. Vous avez été paladine, vous devez le savoir. Vous êtes jolie comme un coeur, et sûrement très persuasive... mais je ne suis pas certaine que je m'opposerais à ses supérieurs. Du moins pas ouvertement. Certainement pas ouvertement. Vous allez devoir la jouer très très subtilement, pour le coup."

[Chandara]

Le rire de la clerc était communicatif et contribuait au moins à se détendre tout à fait en sa présence. La jeune-femme n'était pas sourde à ses mises en garde mais le jeu en valait la chandelle et elle se sentait pleine de détermination :

- Je ne suis pas du genre à manipuler et la discrétion n'est pas vraiment non plus mon fort mais est-ce que vous auriez une recette pour m'attirer les faveurs de ces officiers et paladins un peu trop austères ?

[Galathée]

" Non, dit la Sunite. La meilleure recette, c'est de ne pas s'y frotter ! Les seuls paladins fréquentables sont les paladins sunites. Qu'est-ce que vous imaginiez ? Que j'allais vous vanter les charmes d'un autre ordre que celui qui veille sur la beauté en ce monde ? Ah ! Quel dommage que vous n'ayez pas rencontré un des nôtres avant ce valeureux Arthur. Il vous aurait fait la cour avec aplomb et il ne se serait pas laissé enquiquiner par autre chose que l'affection que vous lui inspiriez. Mais puisque vous avez jeté votre dévolu sur Arthur, et que vous aimez les défis, et bien... pourquoi ne pas le relever, pardi ? Si votre amour est pur et solide, il survivra aux écueils et aux frustrations. S'il ne l'est pas, et bien... ça vous fera toujours une expérience. Or, en amour, ce n'est pas complètement inutile..."

[Chandara]

La façon légère que Moïra avait d'aborder ces sujets graves la rassérénait quelque peu : elle avait conscience de ses lacunes considérables dans ces domaines et se laisser conseiller par quelqu'un qui savait comment dédramatiser le trouble qu'elle ressentait était très agréable. C'est sans doute ce qui motiva l'audace dont elle fit alors preuve en regardant la prêtresse dans les yeux pour demander :

- J'ignore encore beaucoup de vos coutumes mais elles me semblent plus libérales que celles qu'on m'a enseignées. Je sais toutefois que nous nous connaissons à peine... Bref, m'autorisez-vous à vous tutoyer ? On me donne tellement du "Dame Chandara" que j'ai l'impression d'avoir deux fois mon âge alors ce serait un soulagement, je crois.

[Galathée]

Moïra sourit.
" Si tu veux. Mais les paladins te donneront du Dame Chandara, eux, quoi que tu dises. Même les paladins sunites. Mais ça, c'est parce que pour eux, la beauté du langage n'est pas à prendre à la légère. La plupart d'entre eux sont un peu poètes. Si tu reviens traîner au Temple, tu en feras sûrement l'expérience : une rouquine dans ton genre, ça frappe toujours l'imagination des Sunites. C'est un peu fatal, vu l'allure de notre bien aimée Sunie. Bon, les Lathandrites te donneront du Dame Chandara aussi pour conserver une saine distance entre eux et toi. L'idée est un peu différente."

[Chandara]

Chandara sourit : cela faisait du bien de parler plus simplement même si c'était un peu étrange vis-à-vis d'une personne qu'elle n'avait encore jamais vue avant la veille. Le fait qu'être rouquine puisse attirer davantage les Sunites l'amusa également mais elle avait toujours été secrètement fière de la teinte rare et particulière de ses cheveux : cela lui donnait une raison supplémentaire de l'être et c'était tout de même bien agréable.

- Alors si c'est ça, je prendrai comme un compliment les "Dame" que me donneront Severin et ses confrères. Mais je préfère autant que tu continues à t'en abstenir si tu veux bien. D'autant que ça me ferait un peu bizarre car tu as à peu près mon âge.

[Galathée]

" J'ai un peu plus, quand même, à mon avis. Mais je ne donne pas du Dame à grand monde, sauf si je veux me moquer. Gentiment, bien sûr."
Elle sourit.
" Bon, mais pourquoi venais-tu à la bibliothèque ? Ce n'est pas vraiment l'endroit le plus drôle de Luménis."

[Chandara]

Chandara aurait très bien pu lui retourner la question mais ça aurait été malpoli d'autant que Moïra l'avait posée la première. La dorrandine répondit sans se démonter bien qu'elle se doutât que la Sunite se moquerait probablement d'elle :

- C'est un peu bête mais je voulais en apprendre un peu plus sur la cité, vos coutumes, les lieux à voir absolument. J'aurais pu me renseigner autrement mais on ne refait pas une Dorrandine : là où j'ai étudié, il y avait une Grande Bibliothèque et j'ai appris à aimer le contact des livres. Je me doute que la plupart des autres paladins préfèrent apprendre en expérimentant directement mais j'aime bien procéder à ce genre de recherches de temps à autre aussi.