[Commerce] Les Lueurs de l'Aube

[Galathée]

Arthur rougit à nouveau et baissa les yeux sur son verre.
" Hum. Je te la montrerai, si tu veux. Mon armure. Mais tu l'as déjà vue. C'est la même que celle que j'avais sur Dorrandin. Elle avait drôlement souffert de l'épisode au château, mais le forgeron me l'a retapée. Ça lui donne une petite allure antique..."
Il haussa les épaules.
" Après, c'est juste des bouts de métal reliés entre eux. Rien d'extraordinaire."

[Chandara]

Chandara se pencha spontanément par dessus leur petite table et parvint avec adresse à l'embrasser sur le bout du nez avant de déclarer d'un ton joyeux :

- Moi je les aime bien ces bouts de métal ordinaires parce qu'ils protègent mon plus beau trésor !

Elle se rassit et se plongea dans son verre, l'air de rien et le regard un peu joyeux : sans doute l'alcool n'était-il pas aussi léger qu'il paraissait ou alors c'était le contrecoup de l'émotion qui parlait.

[Galathée]

Arthur rougit comme de coutume et ne trouva rien à répondre pendant un moment. Il finit par s'éclaircir la gorge.
" Mais peut-être que c'est bien si tu choisis un moment pour aller au théâtre... Enfin... C'est aussi le genre de choses que tu peux faire sans moi, je suppose."
Il eut un sourire embarrassé. Dans le fond de la salle, un groupe de musiciens s'était mis à jouer et il y eut une certaine commotion : on repoussait les tables. Arthur n'y prêta qu'une attention distraite : ils étaient loin de là, de toute façon.

[Chandara]

Chandara - elle - avait bien remarqué le mouvement des tables et ce que cela signifiait. Mais pour l'heure, elle avait conscience de faire rougir Arthur un peu trop souvent aussi préféra-t-elle temporiser quelques minutes avant de l'inviter à danser et elle enchaîna sur le sujet du théâtre :

- J'aimerais beaucoup y aller avec toi mais si tu n'as pas le temps ou pas vraiment envie, je comprendrai.

Mais il serait tellement plus agréable de pouvoir se blottir contre lui pendant la représentation plutôt que de s'y rendre toute seule...

[Galathée]

" Le mieux, c'est que tu décides du moment, alors, et je m'organiserai pour avoir du temps libre. Sire Armand comprend la situation, j'en suis certain, et il ne me refusera pas cette petite faveur avant mon départ."
Arthur jeta un coup d'oeil distrait vers les musiciens, mais aucune lueur de reconnaissance n'apparut sur son visage. Au contraire, il en revint à son verre et à la jeune femme, l'expression un peu vide.

[Chandara]

Chandara le sentait perturbé et ne désirait donc pas le brusquer aussi lui adressa-t-elle un calme sourire tout en répondant d'un ton doux :

- Il m'a tout l'air d'être quelqu'un de bien et de compréhensif, ton commandant. Et tu as l'air de beaucoup l'apprécier...

Une invitation à ce qu'il lui en parle davantage peut-être ou alors se plaisait-elle simplement à l'amener sur un terrain qui lui était plus familier pour le mettre à son aise.

[Galathée]

" Oui." dit-il simplement.
Mais son expression demeura indéchiffrable, comme s'il était tourné à l'intérieur de lui-même, et qu'il devait faire le tri entre ses propres pensées. Derrière eux, de nombreux jeunes gens s'étaient mis à danser sur les airs entraînants que proposaient les musiciens. Mais Arthur paraissait complètement sourd à cette ambiance festive. Si Chandara voulait l'entraîner sur la piste, il faudrait qu'elle prenne le taureau par les cornes...

[Chandara]

Voir Arthur dans un tel état lui fendait le cœur et elle avait toujours un peu peur de le brusquer, surtout après sa conversation avec la Sunite Moïra. Mais pour l'heure, elle ne voyait aucun autre moyen de le sortir de ses ruminations. Elle se leva donc d'un geste souple et vint se placer à côté de lui en lui présentant une main :

- Je sais que ce n'est pas ton truc mais m'accorderais-tu cette danse ?

Elle lui avait forcé la main et elle s'en voulait un peu mais il semblait en avoir besoin, même s'il ne s'en rendait pas compte lui-même.

[Galathée]

Il leva les yeux et se tourna vers les danseurs.
" Oh... Pourquoi pas..." dit-il.
Il se leva et prit sa main, puis lui sourit.
" Mais ce ne sont pas des danses de couple, Chandara... J'espère que tu n'as rien contre les multiples changements de partenaire, en la matière... C'est une bourrée de la Trouée... Vive et bondissante... et très peu romantique. Heureusement d'ailleurs, vu le nombre de jeunes gens qui vont te serrer contre eux dans un instant..."
Il avait l'air nettement moins abattu, soudain.

[Chandara]

Ravie de le voir reprendre du poil de la bête, la jeune-femme lui adressa un large sourire et se pencha à son oreille pour se faire entendre malgré le bruit ou juste par pur plaisir :

- J'espère qu'il y aura d'autres danses plus intimes plus tard alors ! Et je ne voudrai alors pas d'autre cavalier que toi.

Ensuite de quoi elle le suivit vers la foule des danseurs en espérant rapidement se faire à ces pas étrangers et ne pas commettre trop de bourdes. Toutefois, elle avait dans l'idée que ce serait amusant.

[Galathée]

" Tu vas être déçue." lui répondit Arthur avec une moue désolée.
Et ce fut amusant, mais il n'y eut pas de danses intimes. Le public n'était pas dans cette humeur, pas plus que les musiciens, et le petit bal populaire enchaîna gigues sur bourrées, comme si l'objectif était de faire perdre du poids à l'assemblée. Ils bondirent de droite et de gauche, les multiples cavaliers de Chandara se montrèrent très obligeants pour lui expliquer les pas de l'une ou l'autre version quand elle cafouillait, et les seules pauses qui se ménagèrent dans la soirée furent quand le groupe s'arrêtait pour aller se désaltérer. La jeune femme prit peu à peu ses marques : toutes ces danses avaient plus ou moins le même principe, l'enchaînement d'une douzaine de mouvements, puis un changement de partenaire, les femmes avançant vers l'homme suivant dans le cercle.
Arthur finit par poser la main sur son bras, entre deux morceaux.
" Je dois vraiment rentrer. Mais si tu veux rester, ne te prive pas."

[Chandara]

Chandara s'était effectivement beaucoup amusée et avait beaucoup ri - ce qui lui avait permis de mettre en parenthèse la perspective qui avait assombri le début de soirée - mais elle se sentait plutôt fatiguée à présent. Après tout, elle s'était levée avant l'aube ! Et même si ça n'avait pas été le cas, elle aurait suivi son compagnon quand il lui demanda de rentrer. D'humeur joyeuse et un peu légère après toutes ces danses et son deuxième - puis son troisième - verre de vin de framboise, elle se pendit au bras d'Arthur et répliqua d'un ton chaleureux :

- Je préfère rentrer avec toi !

Puis, quand ils furent dans la rue et plus loin du vacarme, elle déposa un baiser sur sa joue et ajouta :

- Merci vraiment pour cette soirée : c'était une idée magnifique !

[Galathée]

" Je n'y suis pour rien, dit-il, je n'avais aucune idée qu'il y avait une soirée dansante aux Lueurs de l'Aube. C'est simplement... la taverne la plus proche de la commanderie..."
Il haussa les épaules.
" Mais tant mieux si ça t'a plu !"

[Chandara]

Elle se coula sous son bras avec juste un peu moins de souplesse que de coutume peut-être et répondit joyeusement :

- Danse ou pas, j'adore passer du temps en ta compagnie. Alors n'espère pas te débarrasser facilement de moi au cours des prochains jours ! A commencer par un réveil avant l'aube demain matin : je ne voudrais pas être la seule de la commanderie à faire la grasse matinée.

Elle avait en effet l'intention de profiter de ces quelques jours qui semblaient bien trop courts pour être gaspillés en lectures ou en corvées. Bien entendu, elle se doutait qu'Arthur aurait besoin de ton pour préparer son voyage mais elle comptait bien rester avec lui tout le reste du temps qui leur était imparti.

[Galathée]

" Je viendrai te prévenir... mais Chandara... Je ne suis pas en vacances, et la commanderie n'est pas une auberge... Je ne peux pas te promettre que tu pourras m'accompagner partout... Je sais que déjà... il y a eu... pas des plaintes, non, mais des commentaires... Comme je te l'ai dit, les couples n'ont pas vraiment le droit de vivre à la commanderie et personne n'a jamais reçu... Bref. Peu importe. Nous ferons au mieux. Et la soirée était belle, oui, alors pourquoi revenir à ces considérations ?"
Il sourit et l'entraîna sous l'arche qui menait à la cour de la commanderie.