[Lieu] Lameroy - cité naine ouverte

[Alchem]

Alchem avait-il bien entendu ? Le Despote tentait-il de le corrompre en faisant de lui l’un de ses prêtres ? Peut-être avait-il mal compris. Et puis ce n’était qu’une petite phrase, pas de quoi tirer des conclusions.
« Je vois, je vois... Accéder au rang de dieu, rien que cela. Je confesse être ignorant des méthodes à employer pour y parvenir mais il me semble qu’on ne peut devenir dieu que par la faveur d’un autre, ou alors, en tuant l’un d’eux ce qui me semble beaucoup plus périlleux. Tu envisages d’attirer l’attention d’une divinité en particulier ? Peut-être est-ce déjà fait. Je crois savoir qu’il existe déjà une liche demi-dieu, Velsharoon. Les Drow ont Kiaransalee. »

[Kasumi]

La liche partit d’un rire plutôt glacial et scruta Alchem pendant un moment avant de répliquer :

- Au moins n’es-tu pas aveugle sur le fait que tu es ignorant en la matière. Il y a bien des savoirs secrets qui ne sont pas à la portée du tout-venant ou des svirfneblins même malins. Les créatures que tu cites sont certes puissantes à l’échelle des mortels mais elles sont limitées tout comme leurs ambitions. J’ai pris tout le temps nécessaire pour nourrir les miennes lors des trois derniers millénaires. A côté, eux sont des parvenus arrivés à leur position presque par accident comme tu l’as bien remarqué.

[Alchem]

Le Despote se moquait même des dieux ? Alchem ne s’y était pas particulièrement attendu. Ce n’était pas un problème pour lui, mais il n’avait pas imaginé que l’orgueil de la liche puisse être aussi démesurée.
« Hé bien, voilà qui n’est pas banal. Seulement, quelque chose m’étonne. Qu’a-tu de plus qu’une autre liche ? Toutes peuvent se targuer d’avoir l’éternité pour préparer leur plan et de toute, tu n’es assurément pas la plus vieille. Toutes, ou presque, on accès à des savoirs incroyables. Or, à ma connaissance, il n’y a qu’une seule liche qui soit devenue divine malgré le fait que beaucoup doivent avoir de tels rêves de grandeur. Alors, où est la différence ? »

[Kasumi]

La liche se mit une nouvelle fois à rire mais ne tarda pas non plus à répondre comme si elle répugnait de laisser le dernier mot au svirfneblin, quitte à dévoiler une partie de ses plans :

- Ne crois pas que je vais te révéler mes secrets, petit svirfneblin. De toute façon, tu ne pourrais rien en faire. Et bien sûr, je ne suis pas le premier à tenter de devenir une divinité. Dis-moi donc : quelle est la chose la plus précieuse que l'on puisse posséder ? Une chose que même le plus riche ou le plus puissant ne voudrait pas perdre ?

[Alchem]

« L’espoir, répondit Alchem sans réelle hésitation. On a déjà abordé le sujet. De lui découle l’envie d’exister, l’envie d’entreprendre. Sans lui, tout est vain. Sans espoir, pas de joie, pas de plaisir, pas de satisfaction. Sans espoir, même la liberté devient une prison. A quoi bon les richesses, le pouvoir, le savoir et la domination absolue si l’on n’a même pas envie d’en profiter ? Même le plus grand des dieux ne peut se passer d’espoir. Voilà mon point de vue sur la question. »

[Kasumi]

La liche se passa une main osseuse sur le menton tout en regardant fixement le svirfneblin avant de répondre à son tour sur le ton de la conversation :

- Réponse intéressante. Mais elle est fausse : il est une chose encore plus fondamentale que l’espoir, la peur, la haine ou l’amour. Quelque chose qui permet d’exister, que l’on soit vivant ou même mort. Quelque-chose sans lequel espérer n’a même pas de sens. Je parle de l’essence même de l’être : de l’âme bien sûr. Même les dieux en ont une, le savais-tu ? Et la puissance d’un dieu dépend du nombre d’âmes qu’il a attaché à son service pour l’éternité.

[Alchem]

« L’âme ? Oui, pas faut, admis Alchem. Fais-tu référence aux âmes prisonnières dans l’Eclat ? »
La moindre information pouvait être utile. De plus, si Alchem se faisait un tant soit peu apprécier par la liche, elle serait moins prompte à le liquider au moment venu. Ou pas. En tout cas, elle devait quand même un minimum tenir à lui pour vouloir le trimballer avec elle. Tenir à lui comme à un ennemi digne d’intérêt, cela va de soit.

[Kasumi]

La liche se permit un sourire mauvais - et la conversation avec Alchem semblait lui avoir fait lever sa garde ou alors cherchait-elle simplement à étaler son « génie ». Toujours est-il qu’elle répondit sans même chercher à dissimuler ses plans cette fois :

- Oui, prisonnières et attachées à mon service. Et à chaque minute qui passe, j’en lie de nouvelles un peu partout sur Helonna. Bien évidemment, c'est une nation peu propice, pas comme ta terre natale, mais il y a toujours quelqu’un pour mourir ici ou là et l’escarmouche de Lameroy apporte un contingent important et frais. Et le plus beau, c’est que les cadavres privés de ce qui fait leur essence rejoignent les rangs de ceux qui provoquent de nouvelles morts. Je n’ai en somme qu’à rester les bras croisés à attendre. En cela au moins notre conversation est distrayante !

[Alchem]

« Et bien, je pourrais me venter d’avoir parlé à un hypothétique dieu en devenir, enfin, si l’envie de me venter me vient un jour. Ce n’est pas gagné. Bref. Tu t’accaparent des âmes... c’est un bon début. Mais avoir des âmes contrainte à son service et avoir de vrais fidèles, ce sont deux choses différentes. Quel Domène vises-tu ? Quelle doctrine ? Et vers qui vas-tu regarder ? »

[Kasumi]

La liche se gargarisa à nouveau et fit une nouvelle fois preuve de ce que son arrogance n'avait aucune limite :

- Non, il n'est pas besoin de faire des fidèles : l'essentiel est de récupérer les âmes. et tout ce dont tu parles est bien accessoire tant que je n'aurai pas décidé de former de clergé. Peut-être le ferais-je quand je m'ennuierai mais j'ai bien d'autres objectifs avant cela. Des domaines à conquérir. Peut-être en remplaçant cet incompétent qui libère les âmes à tour de bras qu'est Kelemvor. Un stupide aventurier parvenu féru de bons principes !

[Alchem]

« Et bien, tout un programme. Je te souhaiterais bien bonne chance, mais de un tu me répondrais que tu n’as nul besoin de la chance, et de deux, tu te doutes bien que je suis plutôt du genre à souhaiter ta perte. Cependant, il me faut reconnaitre que je n’ai jamais croisé quelqu’un d’aussi... ambitieux. Même la grande prêtresse Drow que je me suis amusé à défigurer souhaitait juste conquérir l’intégralité de l’Outreterre, réduire tous les svirfnebelins en esclavage et mériter une place au côté de Lolth. C’est si peu de chose... »
Sourire mesquin.

[Kasumi]

La liche ne sembla tout simplement pas relever le sarcasme et se contenta de hausser les épaules :

- Les drows. Des créatures inventives mais chaotiques. Ils sont ambitieux mais n'ont que peu de sagesse. L'outreterre est ingouvernable : leurs cités le sont plus ou moins déjà, toujours rongées par des guerres internes sans fin. Et l'Outreterre est encore plus changeante et instable et la majorité de ses races ne présentent pas le moindre intérêt en tant que sujet. Non, la mort est bien plus stable elle : une ressource bien plus facilement exploitable pour gagner en puissance et en pouvoir.

[Alchem]

« C’est affreux, on a le même avis sur les Drow. »
Alchem était conscient que si la guerre contre les Drow avait pris fin, c’était sans doute parce que la cité ennemie avait dû être contrainte de faire face à un autre adversaire, certainement d’autres Drow.
« En ce qui concerne la mort, bien sûr, en tant que vivant, il en va autrement. Bien des peuples de chair et de sang sont capables d’imposer une absolue discipline, ce n’est pas une spécificité réservée aux non morts. Qui plus est, sous l’inspiration d’un dieu, nombreux sont ceux à abandonner leurs habitudes pour ce tourner vers une doctrine forte. »

[Kasumi]

La liche répondit d'un ton un peu méprisant cette fois quoiqu'elle trouve sans doute un grand intérêt à leur échange :

- Mais les vivants sont par trop imprévisibles. Et ils demandent trop d'investissement : pour comprendre leurs aspirations, leurs façons de penser, pour contrôler leurs élans inattendus. Non, les morts sont bien plus stables et c'est dans leur nature : nul besoin de les forcer au risque qu'ils ne se retournent contre leur maître. Cela dit, ils sont parfois ennuyeux à la longue, d'où le fait que je vous maintienne encore en vie.

[Alchem]

« Tu prouves par là leur infériorité et non leur supériorité. N’est-ce pas un aveu de faiblesse que de se refuser à la complexité de la vie pour se réfugier dans la simple mort ? Il est en effet facile de diriger une légion de cadavres. Elle exécutera à la lettre les instructions données mais sans plus, sans discernement. Qui a déjà vu un zombi se transcender pour son maître ? Personne. Alors qu’un seul fanatique humain au service d’une sombre puissance peut accomplir des choses à priori hors de sa portée. Diriger une marée de morts ne demande que de la puissance. Diriger une armée de vivants demande une intelligence et une personnalité d’exception. La mort est le vestige de la vie, son ombre, à tel point que certains mages inspirés cherche la véritable immortalité, non pas en devenant une liche, solution de facilité, mais bien en retardant indéfiniment l’heure du dernier souffle. Tu ne pourras me contredire : n’importe quel mage noir assez expérimenté connait la méthode pour se changer en liche. Ils sont en revanche beaucoup moins nombreux à avoir découvert le secret de l’immortalité, à tel point que le dit secret est devenu mythique. »

[Kasumi]

Le coup avait porté à en juger par l'expression de colère de la liche et pas son ton plus agressif quand elle répondit - par des mots uniquement pour l'instant :

- Ces idiots qui recherchent l'immortalité ont simplement peur de la barrière que constitue la mort. Ils ont peur de changer, ils veulent vivre à tout jamais un même moment. Je n'ai absolument rien perdu - si ce n'est des faiblesses - en devenant ce que je suis. Quant à la puissance des mort-vivants, elle dépend de celle de son maître : je suis puissant et je n'ai pas besoin de compter sur d'autres pour parvenir à mes objectifs.

[Alchem]

« Despote, je te le dis, tu vas au devant de cruelles désillusions. Jamais ta seule puissance ne suffira pour le but que tu te fixe. Que tu le veuilles ou non, il y aura toujours quelqu’un de plus puissant que toi. Ces dieux que tu méprises, ne crois-tu pas qu’ils ont accès à des savoirs supérieurs ? Ne crois-tu pas qu’ils mettent à profit leur propre immortalité pour sans cesse croître en influence ? Cette liche demi-dieu, ne crois-tu pas qu’elle puisse d’un claquement de doigt lever mille fois plus de morts que toi ? Quand tu commenceras à les menacer, si cela arrive un jour, toi le petit nouveau parmi les grands, toi sans aucun soutien, que crois-tu qui va arriver ? Je sais, ton plan est parfait. Mais combien de plan parfait ont échoués ? Reviens sur terre. Suis-je un dieu ? Non, même pas un chasseur de mort-vivant. Et pourtant, j’ai eu raison de ta forme physique. Alors, si un misérable morpion de svirfnebelin absolument pas formé à lutter contre toi arrive quand même à te mettre des bâtons dans les roues, aussi infimes soient-ils, qu’est-ce qu’un grand prêtre de Lathandre va te faire ? Ou un paladin, un champion de la lumière quelconque. Tu captures des âmes ? C’est cela ta botte secrète ? Même moi je connais de nom un sort similaire, moi qui ne suis pas versé dans la nécromancie. »

[Kasumi]

Alchem devait avoir touché une corde sensible ou tout simplement avait-il été trop loin dans la provocation cette fois-ci. Toujours est-il que la liche s’énerva et leva une main dans sa direction, sans même prononcer un mot. Le svirfneblin sentit une telle douleur qu’il eut l’impression qu’on lui arrachait tous les os du corps et il sombra en quelques secondes dans l’inconscience.

Quand il rouvrit l’œil, il ne put déterminer combien de temps avait duré cette période de coma. A peine pouvait-il bouger tant il se sentait faible et perclus de douleurs. Et rien que le souvenir de ce qu’il avait subi avant de s’évanouir lui fit grincer des dents. En outre, il était maintenant seul : nulle trace de la liche.

[Alchem]

Il fallait bien que cela arrive à un moment ou à un autre. Pour être tout à fait franc, jamais Alchem n’aurait cru que la liche mette autant de temps à agir. Elle l’avait fait, donc, et de façon rapide. En cela, le gnome était chanceux. Il était secoué, oui, mais ce n’était pas la première fois et ce ne serait pas la dernière... enfin, il fallait espérer. En son fort intérieur, il était plutôt satisfait. Se met à frapper celui qui n’a plus d’argument. Néanmoins, il aurait quand même préféré que le Despote continue de lui dévoiler tous ses plans. Tant pis, il avait fait de son mieux et, à présent, il ne pouvait plus que se remettre à attendre. Il prit donc tout son temps pour se ressaisir et se relever.

[Kasumi]

Il avait la tête lourde et ses pensées allaient comme au ralenti comme si on l'avait drogué ou qu'il souffrait d'une forte fièvre. Mais au bout d'un ton incertain, il parvint à se redresser et se découvrit affamé et assoiffé comme s'il n'avait rien mangé ou bu pendant des jours. Il lui fallut pourtant réunir toutes ses forces pour ne serait-ce qu'envisager pouvoir se lever pour se rendre dans la salle où il trouverait un peu d'eau.

[Alchem]

Sacré choc tout de même... Le Despote lui avait-il pompé son énergie vitale ? Ou était-il resté inconscient très longtemps ? Quoi qu’il en soit, Alchem ressenti plus durement l’absence de Dalius. Il tâcha de ne pas y penser. Le corps pouvait faiblir, cela, le gnome n’y pouvait rien. Mais l’esprit devait tenir. Encore vacillant, le svirfnebelin décida d’aller étancher sa soif. Ensuite, il irait manger. Si ses forces revenaient, il aurait une idée sur l’origine de sa faiblesse.

[Kasumi]

Il se sentit immédiatement mieux après avoir bu et mangé mais il ne pouvait pas non plus être au meilleur de sa forme. C'est alors qu'il achevait sa dernière bouchée de mousse et de champignons que la liche se manifesta de nouveau sous sa forme fantomatique.

- Est-ce que tu commences à comprendre, commença-t-elle par demander avant de préciser sur le ton de la conversation :
- Le vivant est un matériau fragile et plein de faiblesses : il a besoin d'eau, de nourriture, de sommeil pour fonctionner...

La liche fit un mouvement des doigts et Alchem sentit toute l'oxygène quitter brusquement ses poumons et il commença aussitôt à suffoquer. Dix secondes puis vingt, puis trente passèrent. Il avait les poumons en feu, son cerveau semblait fonctionner au ralenti. Il se sentait mourir. Puis l'air revint coloniser ses bronches de la façon la plus douloureuse et il ne put contenir ce qu'il avait avalé.

- Et d'oxygène bien sûr, ajouta la liche d'un ton badin.

[Alchem]

« Ce n’est pas un argument... » répondit Alchem, une fois assez remis.
Il s’essuya la bouche d’un revers de manche et soutint le regard de la liche.
« Tu n’es pas sans savoir que tout ce qui est complexe, tout ce qui est puissant, demande des ressources importantes. Ne faut-il pas, pour exécuter un sortilège d’ampleur, rassembler des conditions autrement plus importantes que celle d’un banal tour de magie ? La vie a infiniment plus de potentiel que la mort. Seulement, encore une fois, il faut avoir les épaules pour l’assumer. Contente-toi de tes pantins de chair si cela t’amuses, mais ne me fait pas croire qu’ils sont supérieurs à quoi que ce soit. »
Il reprit son souffle et se releva. La quasi asphyxie l’avait fait tomber.
« Tu ne prouve pas d’avantage de chose en me jetant à terre. Je l’ai dit avant même que tu lèves la main sur moi : je ne suis rien. Toi aussi, tu n’es rien. La seule différence entre nous deux, c’est que moi, j’en suis conscient. »

[Kasumi]

La liche haussa les épaules comme si tout cela n'avait pas grande importance mais Alchem la sentit tout de même contrariée.

- Je te croyais un peu moins borné mais soit. Je n'ai pas besoin de parvenir à te convaincre : la défaite de tes amis sera bien assez suffisante. Sais-tu qu'ils essaient désespérément de te contacter ? Veux-tu que je te laisse les entendre ?

[Alchem]

« Mes amis ? Décidément, tu aimes ce terme ! D’ailleurs, je me demande pourquoi. Pourquoi tiens-tu tant à m’inventer des amis ? Je devine que tu craches sur l’amitié. Enfin bref. Peu m’importe si je les entends ou non. Mais il en va autrement pour toi. Toi, je crois que tu tiens à ce que je les entendes. Sinon, ils vont me croire mort. Or ils doivent me sauver pour te libérer. C’est bien cela ? D’ailleurs... »
Alchem dégaina l’un de ses poignards. D’un doigt, il en parcourut le tranchant.
« ...puisque tu es si dangereux, si décidé à détruire Lameroy et Ornegemme... puisque c’est au final à cause de moi que tu risques de t’évader... Peut-être est-il tant que je tire ma révérence. »
Il se coupa légèrement le pouce.
« Tu as bloqué le lien entre moi et mon familier... peu importe, il ne peut survivre sans moi. Or ce sont mes "amis" qui ont mon familier. Si je ne suis plus en vie, ils le seront immédiatement et tu ne pourras pas leur faire croire le contraire en dépit de tes illusions. »
C’était affreux comme il pouvait aborder un tel sujet sans même un frisson. Le devoir avant tout. Protéger était sa vocation. Cela faisait longtemps qu’il vivait pour les autres et non plus pour lui-même. Toujours à se mettre en avant, toujours à courir les risque, ne supportant pas de ne plus servir. Vivre pour les autres, c’était peut-être aussi mourir pour les autres. La peur viendrait après, comme toujours. Sauf que pour cette action, il n’y aurait pas d’après.

[Kasumi]

La liche le regarda intensément durant quelques secondes comme si elle cherchait à le jauger peut-être mais haussa à nouveau les épaules en répondant avec détachement :

- Tu sembles bien mal connaître le tempérament des humains : tu peux tout à fait te sacrifier, cela ne contrecarra pas mes plans. Car même s’ils sont convaincus de ta mort – ce dont ils douteront quelles que soient les preuves - il y en aura toujours pour essayer de ramener ton corps pour le ranimer ou simplement chercher à te venger. De plus, ils ne peuvent pas savoir que ce qu’ils font va me libérer de mon plan d’existence. Mais soit, si tu préfères ne pas assister à ce désastre, je ne vois aucune raison de t’empêcher de mourir : comme je l’ai dit, à chaque mort, mon pouvoir se renforce d’autant.

[Alchem]

Le gnome se donna lui-aussi un temps de réflexion avant de faire disparaître sa lame.
« Ils manquent vraiment de pragmatisme, cela, je ne peux le nier », déclara-t-il avec regret.
Dotha était tout à fait du genre à se jeter tête baissée dans le piège, qu’il soit vivant ou mort. Un sacrifice inutile donc.
« Bon, on a déjà beaucoup parlé et il semble que tu n’en sois pas lassé. J’en viendrais presque à croire que tu manques d’amis. Si on est vraiment forcé de blablater pendant des heures, autant se choisir un sujet susceptible d’entrainer un intérêt mutuel sans pour autant nous opposer. Il est clair que, de toute façon, ni toi, ni moi n’est prêt à changer d’opinion. Hum, que dirais-tu de causer de magie ? D’illusions ? C’est ma spécialité, on devrait avoir du grain à moudre. »

[Kasumi]

La liche produisit à nouveau le grincement qui lui tenait lieu de rire et répondit d'un ton amusé :

- Au moins on peut dire que tu ne manques pas de toupet ! Mais je suis quelqu'un de curieux donc je ne suis pas contre : je t'écoute, je ne considère pas que cette branche de la magie est la plus inutile qui soit comme la plupart des praticien non gnomes.

A son ton, on devinait pourtant qu'il ne la mettait pas non plus au sommet de la hiérarchie.

[Alchem]

« Une preuve de sagesse car l’usage des illusions n’a de limite que l’imagination de celui qui les utilise. Elles permettent de se protéger, de manipuler, de tuer... D’ailleurs, si je me souviens bien, n’ai-je pas paré l’un de tes sorts funestes avec une simple image accomplie ? Mais cela va même au-delà. Les illusions permettent, grâce à la magie des ombres, de reproduire n’importe quel autre sortilège. Nous avons donc là l’école la plus polyvalente qui soit. Mais c’est comme la vie, elle est exigeante. Toi je présume que c’est la nécromancie ta prédilection. Relever les morts, lier des âmes... et envisager de remplacer le dieu des morts... »

[Kasumi]

La liche hocha simplement la tête et sembla chercher ses mots - ou ce qu'elle avait l'intention de révéler ou non - avant de répondre sur le ton de la conversation :

- Les illusions permettent bien des choses en effet et cette magie ne m'est pas si étrangère mais tu as raison : je préfère de loin les sorts plus directs que procurent le répertoire nécromantique ou même les sorts d'évocation. Je me suis laissé dire que ton peuple est passé maître dans l'art de tromper : j'imagine que c'est la seule façon de survivre avec des ennemis plus forts, plus nombreux et plus cruels qui les entourent de toutes parts.