[Lieu] Peyregorde

[Voyageuse]

" Oui, on a le temps, acquiesça la rôdeuse. Je suis fatiguée ces temps-ci..."
Elle paraissait hésiter à ajouter quelque chose, puis se lança.
" En fait... je crois... que je suis peut-être enceinte...Enfin, je ne suis pas sûre..."
Elle se mit à rougir et parut guetter avec une certaine anxiété sa réaction.

[Kasumi]

Les yeux du rôdeur s'écarquillèrent visiblement à ces mots mais - très vite - un sourire rayonnant remplaça son expression de surprise comme les mots de Sylvia faisaient sens. Comme il réalisait le bonheur qu'il ressentait de cette merveilleuse nouvelle. Une nouvelle qu'il avait attendue avec espoir - il s'en rendait compte - : le souhait qu'il avait exprimé des semaines plus tôt n'avait pas été feint, bien au contraire !

S'apercevant alors de l'anxiété de Sylvia, il lui prit les mains dans les siennes et s'exclama avec enthousiasme, quoique le souffle un peu court maintenant que l'émotion le rattrapait :

- C'est... c'est merveilleux !

Il déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant de s'écarter comme pour mieux la regarder. Pour regarder celle qui allait devenir la mère de son enfant...

[Voyageuse]

" Je... enfin je suis pas vraiment sûre tu sais..."
Sylvia souriait, soulagée de sa réaction, mais l'émotion la faisait bafouiller.
" Martha... elle dit que c'est probablement ça. Elle connaît bien, elle a été sage-femme autrefois. Mais elle peut se tromper. Et puis... Et puis ça n'est pas le moment, on n'est installés nulle part... enfin, je sais bien qu'il reste du temps, que je ne devrais pas m'inquiéter... Tu préférais sûrement qu'on se marie avant..."
Elle paraissait soudain au bord des larmes, et en essuya une qui perlait à ses paupières.
" Il parait que ça rend très émotif..."

[Kasumi]

Le demi-elfe ne cessait de sourire et lui caressa la joue sans la quitter des yeux. Il répondit d'une voix douce :

- Alors il faudra que je me montre très attentionné ! Et tu ne dois t'inquiéter de rien sinon de toi : le mariage peut très bien se faire quand on en aura envie. Comme me l'a dit mon père, un enfant vaut bien toutes les promesses de ce genre ! Et nous trouverons bien un endroit où nous installer, même temporairement si nous ne sommes pas décidés...

Il marqua une longue pause avant de reprendre d'un ton confiant :

- Nous profiterons de passer à Respelm pour consulter un clerc : comme ça nous serons fixés, qu'en dis-tu ?

[Voyageuse]

" Oui, acquiesça la jeune femme, c'est une bonne idée."
Elle sourit.
" J'aurais dû t'en parler plus tôt, ça fait déjà une veille ou deux que je me dis que c'est peut-être ça, mais je n'étais pas sûre. Martha m'a confirmé... Enfin, voilà... Mais oui, je veux bien voir un clerc. Et Martha m'a dit qu'elle me donnerait tous les conseils dont j'ai besoin. Elle dit que c'est normal que je sois fatiguée. J'aurais juste préféré... que ça ne soit pas en plein pendant ta mission, au cours d'un voyage. Que ça attende un peu. mais on ne choisit pas... Enfin, si, j'aurais pu prendre des herbes qu'Eärundra m'avait proposées, mais je n'ai pas voulu, donc je ne peux m'en prendre qu'à moi-même si le moment n'est pas idéal. mais tu as raison, c'est pas si grave..."
Le flot de paroles, un peu décousu, semblait ne pas devoir s'arrêter.
" Ca m'inquiète un peu tout ça, finit par avouer la jeune femme. Je suis bien contente d'avoir pu en parler à Martha... pas que je ne puisse pas en parler avec toi bien sûr, mais... c'est utile de pouvoir en parler à une femme qui est déjà passé par là... Et puis c'est un peu son métier, même si elle n'est pas prêtresse..."

[Kasumi]

A l'entendre, Sylvia semblait effectivement inquiète et c'était son rôle de tenter de l'apaiser même si la situation était bien sûr tout aussi inédite pour lui :

- Il ne peut pas y avoir de mauvais moment pour ce genre de bonheur ! Et puis nous sommes tout près du bosquet, je le sens. Et il reste de nombreux mois avant l'hiver pour nous installer confortablement si c'est bien ce que tu veux. Je crois que ce ne serait pas un si mauvais endroit : je préfère que tu puisses bénéficier de l'assistance d'une femme comme Martha pendant cette période... Enfin, il est trop tôt pour faire des plans : nous avons encore largement le temps de ne pas décider dans la précipitation mais il y a des solutions pour tout.

[Voyageuse]

" Tu veux dire... s'installer ici ? Oh... ça ne m'avais pas traversé l'esprit... Je me disais que tu voudrais sûrement revenir à Luménis, puisque tu n'as même pas été discuter avec ceux qui t'emploient d'habitude pour leur annoncer que tu es de retour. Enfin, tu me diras, Luménis ça n'est pas loin d'ici, on y est en deux jours... Mais c'est vrai que je n'ai pas envie d'y vivre, que je serais mieux dans un petit village comme celui-ci. Enfin, ça ne veut pas dire qu'il faille choisir celui-ci forcément, bien sûr. Et puis il y en a peut-être d'autres que tu connais déjà : tu sembles connaître Respelm par exemple, il y en a sûrement d'autres. Ce que je veux dire c'est qu'il ne faut pas se précipiter et s'installer à un endroit où tu ne connais personne alors que tu as peut-être des accointances ailleurs... Enfin... à vrai dire je m'en fiche, moi, je ne connais personne nulle part, donc je m'installerai là où tu voudras pourvu que ce soit proche d'une forêt. Et on a le temps d'y réfléchir, tu as raison, et puis on aura largement fini ta mission avant l'hiver... Et donc le temps de se trouver un nid douillet..."
Elle bailla.
" Je crois que ça m'épuise, toutes ces émotions..."

[Kasumi]

Kasumi se retint de sourire tant le fait que Sylvia soit soudain aussi loquace l'amusait. Mais lui aussi avait eu son comptant d'émotions finalement et il ne réalisait qu'à peine ce qui était en train de bouleverser son existence. C'est toutefois assuré qu'ils feraient les meilleurs choix pour leur bonheur mutuel qu'il s'emmitoufla sous les draps et contre le corps chaud de sa compagne puis qu'il lui souhaita la bonne nuit en l'embrassant.

[Voyageuse]

Sylvia paraissait apaisée d'avoir enfin livré le souci qui la taraudait depuis un moment. Elle sourit, lui rendit son baiser, et murmura un "je t'aime" à demi-endormi déjà. Peut-être sous l'effet de la valériane et de la camomille dans l'infusion qu'ils venaient de boire.
Elle s'endormit très rapidement.

Les rayons du soleil matinal, filtrant à travers les volets de leur fenêtre donnant à l'est, vinrent chatouiller le visage de Kasumi peu après l'aube. Sa compagne dormait encore profondément. Des craquements de parquet, dans la pièce voisine, l'informèrent que leur hôtesse était déjà levée.

[Kasumi]

Kasumi se sentait parfaitement reposé et il accueillit ce nouveau jour sur un sourire en songeant à la discussion de la veille : il allait bientôt devenir père : c’était une pensée à la fois bouleversante et grisante dont il avait encore un peu de mal à mesurer toute les implications ! Il ouvrit les yeux et les posa sur sa compagne endormie paisiblement et prit plaisir à la regarder ainsi durant quelques minutes avant de se décider à se lever et à s’habiller sans un bruit pour ne pas risquer de la réveiller : elle avait grand besoin de repos et il comptait lui laisser le temps de finir sa nuit pendant qu’il irait saluer leur hôtesse et peut-être profiter d’une petite balade matinale dans le hameau pour en apprendre davantage sur leur relation avec la forêt toute proche.

[Voyageuse]

Martha l'accueillit avec un sourire paisible.
" Elle dort encore, je suppose ? remarqua-t-elle en baissant légèrement le ton. C'est qu'elle en a besoin, ne vous inquiétez pas... Et installez-vous : il y a du thé, du miel, du beurre en peu ramolli par ces températures, de la confiture, des oeufs, du jambon. Prenez ce qui vous fait envie, j'ai largement de quoi faire !

[Kasumi]

Kasumi confirma ce que Martha avait deviné avec un sourire tranquille et rien que le fait d'entendre évoqué les délicieux produits qui lui été proposé réveilla son appétit. Sylvia n'avait jamais très faim le matin - et il commençait à comprendre que c'était en partie lié à son état - alors il avait d'autant plus intérêt à profiter de la cuisine avant qu'elle ne se réveille. Après avoir chaleureusement - mais discrètement - remercié leur hôtesse, le rôdeur entreprit donc de se confectionner un petit-déjeuner digne de ce nom, mêlant salé et sucré et profitant pleinement de son repas comme si les prochains jours allaient être placés sous le signe de la réserve.

[Voyageuse]

Mais son hôtesse, intarissable bavarde, ne le laissa pas longtemps dîner en silence. S'installant sans façons en face de lui, un bol de thé devant elle, elle l'interrogea.
" Et quels sont vos projets pour la journée ? Aller explorer les bois à la recherche de ce bosquet ? Je suppose que c'est un peu chercher une aiguille dans une meule de foin... D'après mes souvenirs, Hortense allait souvent un peu plus au nord, parfois sur plusieurs jours, parfois elle revenait au soir. Bon, elle ne disait pas grand-chose de ce qu'elle y faisait, mais il est probable qu'elle se rendait à ce bosquet. Mais je sais bien que c'est un peu vague, comme indice !"

[Kasumi]

Kasumi était hésitant sur le programme qui allait émailler la journée : ils pouvait aller prendre un premier contact avec la forêt environnante - cela ferait certainement envie à sa compagne - ou, au contraire, se diriger directement vers Respelm pour y faire examiner Sylvia par un clerc et peut-être rencontrer cette Hortense si c'était toujours chose possible. Le rôdeur fit part de son hésitation en concluant que le choix dépendrait en grande partie de l'état de forme et des envies de sa fiancée à son réveil.

[Voyageuse]

" Et bien, si elle est comme toutes les jeunes femmes de ma connaissance, elle sera vaseuse, nauséeuse et n'aura envie de rien, répondit en riant Martha. Une femme enceinte a besoin de se reposer davantage que les autres, et le voyage a dû la fatiguer : chevaucher, ça n'est pas l'activité idéale dans son état. Mais elle voudra sûrement faire la bravache et prétendre qu'elle va parfaitement bien et se sent tout à fait capable de poursuivre le voyage jusqu'à Respelm... Cela dit, vous savez, il n'est pas urgent ni indispensable de voir un clerc : la grossesse est un processus tout à fait naturel et la plupart des jeunes filles des campagnes se contentent des services d'une sage-femme. Après, si effectivement vos pas vous amènent à un temple, ce n'est jamais une mauvaise chose effectivement... "
A côté, dans la chambre, le silence demeurait total : Sylvia devait dormir encore.

[Kasumi]

Voilà qui l'éclairait en tous cas sur le programme qu'il allait proposer à Sylvia - et auquel il ne doutait pas qu'elle adhère - : ils allaient certainement pénétrer dans la forêt et y effectuer leurs premiers repérages, en commençant par le nord puisque c'était la première piste qu'il leur était donnée d'explorer. Si ces premières constatations ne donnaient rien de concluant, il serait toujours temps d'entreprendre le court voyage jusqu'à Respelm au cours des prochains jours. En attendant, cette pause dans les chevauchées ne pourrait leur faire de mal ni à l'un ni à l'autre.

[Voyageuse]

Sylvia finit par se décider à émerger de sa torpeur, alors que Kasumi et Martha avaient fini leurs déjeuner.
Elle leur adressa un sourire vaseux, embrassa Kasumi avant de s'asseoir près de lui, et grimaça en voyant ce qui se trouvait sur la table. Elle n'avait pas faim, vraiment pas. Se forcer à avaler quelque chose ne fit que la rendre plus nauséeuse et elle s'esquiva vers les toilettes. Martha lui assura que ça ne durerait pas toute la grossesse, heureusement.
Elle ne parvint à avaler qu'un peu de thé et une demi-tartine de confiture. C'était mieux que rien... Et comme l'avait prévu Kasumi, elle adhéra parfaitement au programme proposé.

[Kasumi]

Une fois que Sylvia se fut un peu remise, Kasumi l'entraîna donc à l'extérieur : il avait l'intention de donner un peu de grain aux chevaux mais de les laisser ensuite en arrière pour aller se promener à pied dans la forêt. Et même s'il ne pensait pas qu'il y aurait du danger s'ils restaient à sa lisière pour cette première exploration, il décida d'emporter ses armes et n'eut pas à conseiller à la rôdeuse de faire de même.

[Voyageuse]

L'air vivifiant du petit matin semblait faire un bien fou à Sylvia. Elle laissa à Kasumi le soin de nourrir leurs montures, se contentant de caresser sa jument, l'air songeuse.
" Je n'arrive pas vraiment à réaliser", fit-elle subitement.
Elle n'avait pas besoin de préciser ce dont elle parlait.
" C'est déjà là, je le sens en moi, et en même temps c'est si loin qu'il faut continuer à vivre dans l'instant, comme s'il n'existait pas... Je suis dans un état bizarre, entre une volonté de distanciation et toutes ces sensations qui m'habitent et dont je suis impatiente de voir le terme... ou l'apothéose... Et pourtant je veux continuer à vivre normalement, ne pas rester toujours dans l'attente..."
Elle soupira.
" Ça m'encombre l'esprit et je n'arrive pas vraiment à penser à autre chose ces derniers temps... Peut-être que la balade en forêt me fera du bien..."

[Kasumi]

Kasumi se contenta de lui sourire en retour et de lui donner la main en la menant vers la porte nord du hameau.

- Je crois qu'il va me falloir aussi un peu de temps pour réaliser ce bonheur qui nous arrive mais nous allons avoir de nombreuses choses pour nous occuper l'esprit au cours des prochaines semaines. Je sais que cela fait beaucoup de bouleversements d'un coup pour toi... J'espère déjà que la forêt te plaira en tous cas !

[Voyageuse]

" Oh, certainement ! Tu sais, n'importe quelle forêt me convient, l'essentiel c'est qu'il y ait des arbres..."
Et des arbres, il y en avait à perte de vue. Ils longèrent un moment les bois en direction du nord-est, avant d'obliquer, un peu au hasard, en suivant une large sente qui s'y enfonçait. Les parcelles en lisière de forêt étaient exploitées par les bûcherons, et ils traversèrent plusieurs zones de coupes, où la végétation reprenait peu à peu ses droits. Les hommes prenaient garde à éviter les larges zones de coupe franche, préférant opérer par petites sections éloignées les unes des autres, avec apparemment un roulement sur plusieurs années, le temps que le bois repousse. La technique était certainement rodée depuis des décennies.
Ils aperçurent d'ailleurs les bûcherons en question, sur l'une des coupes un peu plus loin dans la forêt, en train de débiter du bois sec pour le charger sur des chars à bœufs. On les observa avec curiosité, mais sans hostilité.
" Bonjour, lança finalement l'un d'eux. Est-ce que vous cherchez quelque chose de particulier ? Peut-on vous aider ?"

[Kasumi]

Kasumi était satisfait de la façon dont la forêt était exploitée de sorte à la préserver au maximum. Peut-être était-ce parce que les bûcherons avaient peur de s'enfoncer trop loin de leur communauté mais au moins procédaient-ils avec un certain respect.
Il répondit au bûcheron qui les avait interpelé d'un ton confiant :

- Nous ne faisions qu'explorer un peu, ne vous en faites pas !

Et c'est effectivement ce dont il avait l'intention : se promener en prenant le temps de se familiariser avec cette forêt sans chercher particulièrement à recueillir des indices sur la bonne direction à suivre. Et peut-être pourrait-il s'éloigner suffisamment des zones exploitées pour reprendre contact avec sa louve qui avait passé la nuit dans la forêt.

[Voyageuse]

Ils laissèrent derrière eux les zones de coupe, s'enfonçant peu à peu dans les profondeurs de la forêt. Le large chemin avait fait place à une sente à peine perceptible. Il était évident que peu d'hommes venaient par ici, on le devinait à la densité de la végétation qui rendait parfois le passage difficile. Quelques chasseurs, peut-être, et encore.
Si près de la lisière, Kasumi ne ressentait pas l'espèce de souillure, de noirceur, dont il avait eu conscience lorsqu'il l'avait traversée autrefois à la recherche d'Alberich Megrall. C'était juste une forêt comme une autre, et Sylvia prenait plaisir à en respirer les senteurs, à écouter les chants des oiseaux, le coucou qui les narguait un peu plus loin.
Comme il l'espérait, il sentit bientôt la présence de sa louve. Il la devinait circonspecte, un peu inquiète, et s'aperçut, lorsqu'elle les rejoignit, qu'elle boitait légèrement.

[Kasumi]

Le demi-elfe - alors qu'il avait été heureux de cette balade dans un environnement familier - fut soudain très inquiet à l'arrivée de Première Neige, s'en approcha immédiatement et s'accroupit à ses côtés pour examiner sa patte et essayer de trouver de quoi elle souffrait. Avait-elle fait une mauvaise rencontre ou trouvé un piège tendu par les villageois ?

[Voyageuse]

La louve se laissa examiner, gémissant légèrement lorsqu'il toucha sa patte. La chair était déchiquetée à l'arrière de la cuisse postérieure, comme par une morsure, et c'est d'ailleurs ce qu'elle lui confirma par contact mental. Elle lui envoya l'image d'une meute de loup, au fond de la forêt, devenus agressifs en sentant son odeur étrangère -ou peut-être trop humaine ? Ils l'avaient attaquée et chassée violemment hors de leur territoire, mais ne l'avaient pas poursuivie au-delà. Ils ne voulaient simplement pas qu'elle s'approche.

[Kasumi]

S'il était courant que les meutes chassent les intrus de leur territoire en faisant montre de leur force pour les dissuader, il était excessivement rare qu'ils s'en prennent aussi franchement à des individus isolés - en tous cas pas sans provocation. Il y avait fort à penser que les loups dont Première neige avait croisé le chemin aient subi l'influence délétère de la Forêt Maudite et c'était là un premier signe inquiétant. Mais, pour l'heure, le rôdeur avait plus urgent à penser - et panser en l'occurrence. il sortit donc rapidement sa trousse de soin de son sac et demanda l'aide de Sylvia pour l'aider à tenir la louve immobile pendant qu'il lui appliquait un onguent antiseptique et lui faisait un bandage à la cuisse tout en la caressant doucement pour l'apaiser. L'opération devait être douloureuse surtout après une rencontre aussi stressante.

[Voyageuse]

Le lien entre eux était suffisamment fort pour que la louve se laisse faire malgré sa douleur. Elle savait qu'il agissait pour son bien, pour la soulager, et se contenta de gémir, voire de hérisser les poils, lorsqu'il touchait une partie trop sensible de sa patte. La blessure était impressionnante au premier regard, mais assez peu profonde : elle guérirait spontanément en quelques jours, et l'onguent et le bandage suffiraient à éviter toute surinfection.
Un léger sifflement, au-dessus d'eux, lui fit découvrir la présence de Vif-Argent, perché sur une branche en hauteur.
" Il n'a rien vu de particulier, que des arbres à perte de vue qui lui cachent tout ce qu'il y a dessous, avec parfois quelques clairières, et le fleuve un peu plus loin dans cette direction", traduisit Sylvia qui l'avait interrogé mentalement, en tendant le bras vers l'est.

[Kasumi]

Kasumi noua le bandage de sorte qu'il gêne le moins possible la louve au cours de ses déplacements mais il semblait plus prudent qu'elle s'en abstienne au maximum au cours des jours à venir. Le demi-elfe était inquiet pour elle et répugnait maintenant à la laisser dans cet état mais l'amener au hameau risquait de poser bien d'autres problèmes également.

- C'est près du fleuve que nous avons le plus de chances de trouver des traces du bosquet à mon avis, répondit-il finalement à sa compagne, désireux d'aller dans cette direction mais en progressant doucement de sorte que Première Neige puisse les suivre sans forcer sur sa patte blessée.

[Voyageuse]

Première Neige les suivait sans peine : il aurait été imprudent qu'elle coure, mais marcher en boitillant légèrement ne paraissait guère l'affecter.
La forêt devenait plus dense, les arbres plus gros, plus anciens. Le gibier, également, semblait plus abondant : ils en relevaient des traces au sol, mais les bêtes restaient invisibles, évitant de se trouver sur leur passage. Ils devinèrent quelques fuites à travers les fourrés sans jamais en apercevoir la cause.
Se guidant sur le bruit d'un petit ruisseau, ils traversèrent une clairière, puis longèrent le cours d'eau jusqu'à une zone où la végétation était moins dense, les arbres immenses et le sous-bois inexistant. Des arbres très anciens, certainement, mais ils ne ressentaient rien leur évoquant un bosquet sacré.
Ils parvinrent en bordure de la Lézarde aux alentours de midi, sans avoir rien remarqué de notable. La forêt était paisible, les animaux méfiants, comme partout. Il n'y avait guère de trace de passage humain, à l'exception notable des résidus d'un feu de bois dans une clairière proche du fleuve.

[Kasumi]

Cet endroit était beaucoup plus beau et paisible même en l'absence d'un bosquet proche. Kasumi décida donc de faire une brève halte pour déjeuner non loin de l'eau mais non sans avoir au préalable tenté de déterminer à quel point le feu de camp était ancien. S'agissait-il d'un très ancien vestige ou d'un signe de passage récent : le rôdeur ne pouvait s'empêcher de se poser la question.