[Lieu] Une cité perdue

[Taliesin]

La petite fille eut une grimace explicite. Elle devait se dire qu'on ne pouvait imaginer plus ennuyeux qu'un sceptre générant un cercle de protection et qu'à tout prendre, il valait mieux garder celui dont disposait déjà Alban : il était davantage conforme à leurs goûts, tout imprévisible qu'il soit. En tout cas, elle ne promit nullement d'être moins téméraire, pas davantage qu'elle ne protesta : elle retomba simplement dans son mutisme.
La galerie était un large couloir brillamment éclairé, d'un côté, par de hautes fenêtres. Entre celles-ci et le long du mur opposé, sur des socles disposés à intervalles réguliers, étaient placés des bustes de marbre artistement sculptés figurant des hommes à l'air grave et... à la barbe fournie - en ce domaine, la mode ne semblait guère avoir changé. A certains endroits, de belles vitrines d'exposition abritaient des bourdons, des sceptres et des baguettes tous plus splendides les uns que les autres. Devant chacune, une petite plaque de cuivre comportait des inscriptions sans doute explicatives.
Restait à ouvrir les fameuses vitrines. Pour l'heure, on n'y était pas parvenu.

[Hubert de Maleval]

Bien naturellement, puisque ce n'était pas la première fois que des choses restaient closes, Hubert offrit ses services. C'était un peu pour cela qu'il était venu, après tout. Il s'apprêta à poser les mains sur les vitrines, un peu n'importe où sur leur surface, mais invita aussi Ruth à les examiner. Après tout, ils formaient un bon binôme pour ce genre de choses...

[Taliesin]

Les vitrines ne réagirent pas comme les portes du palais au contact d'Hubert.
En fait, elles ne réagirent pas du tout : quoi qu'il fasse, elles demeuraient hermétiquement closes.
De son côté, Ruth les examinait minutieusement, touchait parfois un point ou un autre : rien, absolument rien ne se produisit.
-Si ça se trouve, c'était une manière de narguer les étudiants, commenta Giovanni. "Vous voulez disposer de pareils artefacts ? Alors travaillez dur et méritez-les ! Sinon, vous serez à jamais condamnés à les observer !"... Les mages sont capables de trucs pareils, croyez m'en !

[Hubert de Maleval]

" Quelqu'un a essayé de casser les vitres, simplement ? demanda Hubert. Ou alors il faut peut-être lancer un sortilège dessus..."
Il haussa les épaules.
" Sinon, on met toute la vitrine dans le sac de contenance. Mais je crois que l'ouverture ne sera pas assez grande..."

[Taliesin]

Les deux Sunites avaient écarquillé les yeux.
-Nous, casser...
-...des vitrines millénaires ?
Ils s'entreregardèrent.
-Nous prendrais-tu pour des barbares ?
-Les vitrines ont l'air accrochées super solidement au mur... fit pour sa part Ruth.

[Hubert de Maleval]

Hubert regarda les deux Sunites.
" Vous savez, si les Ithiliens arrivent ici, c'est ce qu'ils vont faire, casser les vitrines." dit-il avec une grimace.
Il soupira.
" Je sais que nous avons tous nos principes, et je respecte les vôtres mais... est-ce qu'on ne pourrait pas faire une entorse à la règle ? Vous pouvez quitter la pièce, si c'est trop dur."

[Taliesin]

-Les Oghmans ne vont certainement pas casser ces vitrines. Leur dogme les poussera à les étudier, à comprendre ce qui les maintient closes et à les ouvrir selon la méthode imaginée par les anciens.
-En plus, j'ai déjà toléré une entorse à la règle quand vous avez défoncé cette belle porte.
-Tu les as laissés défoncer une porte millénaire ?
-Oui... Je suis désolé, j'ai été faible. Mais pour ma défense, j'arguerai qu'ils ne m'ont guère laissé le choix.

[Hubert de Maleval]

" Albérich l'a réparée. Pour te faire plaisir." dit Hubert avec une grimace.
Il secoua la tête.
" Vous n'êtes vraiment pas taillés pour ce genre de choses." dit-il.
Il poussa un bref soupir.
" Nous allons poursuivre l'exploration et vous allez rester là. Si vous ne trouvez pas d'autres moyens d'ouvrir ces vitrines avant notre départ, j'essaierai de les casser. Je suis désolé. Je ne peux pas laisser les Ithiliens mettre la main sur ces artefacts parce que vous voulez préserver ces vieilles choses."

[Taliesin]

Ils soupirèrent de concert.
-Soit, fit Giovanni. Mais dis-toi que ce que tu considères comme de bêtes réticences nous sauvera peut-être tous. Qui te dit, en effet, que ces vitrines ne sont pas dotées d'un système d'alarme en cas d'effraction ? D'un système qui, par exemple, entraîne l'apparition d'une foule de golems enragés ? Si cela arrivait, nous serions dans la panade jusqu'au cou. Et s'il faut finalement les casser, autant le faire juste avant de nous carapater.

[Hubert de Maleval]

Hubert ne releva pas et les abandonna à leurs précieuses vitrines. Il espérait sincèrement qu'ils trouveraient une autre manière de les ouvrir — il n'était pas pour casser s'il y avait moyen de faire autrement — mais il n'avait franchement pas le temps d'y passer des heures. Il alla donc jeter un oeil dans les autres salles où s'affairaient ses hommes, espérant qu'ils rencontraient un peu plus de réussite que lui. Ensuite, il irait au bas de l'escalier suivant, attendre le retour d'Ezéchiel.

[Taliesin]

Les gardes chargés de jouer les porteurs lui apprirent que, pour l'heure, seulement quelques livres leur avaient été rapportés. Pourtant, en jetant un regard dans les bibliothèques, Hubert constata que l'on s'y activait sans retenue. Simplement, choisis ce qui valait le coup d'être emporté parmi une telle multitude d'ouvrages, ça n'était pas une mince affaire.
Il avait rejoint le pied de l'escalier menant au second, Ruth sur les talons, depuis quelques minutes quand Ézéchiel le rejoignit.
-Je pense qu'il y a moyen de décrocher le gros lot, là haut. Mais pour ça, il faudra triompher d'une foule de glyphes et d'une multitude de prtes hermétiquement closes... J'imagine que c'est l'étage où vivaient et travaillaient les mages de haut rang. Du moins, ceux que les consignes de sécurité ne consignaient pas dans les caves.

[Hubert de Maleval]

" Bon... Je vais voir si un des mages peut nous convoquer une créature..."
Avec un peu de chance, la bestiole pourrait désactiver tous les glyphes avant de se dissiper. Il rechignait à impliquer les Sunites : tant qu'ils étaient occupés avec les vitrines, ils ne pouvaient pas leur interdire de malmener le reste du mobilier.

[Taliesin]

Pour venir à bout des protections truffant les couloirs, il fut nécessaire de procéder à plusieurs invocations et donc de recruter non seulement un mage, mais également Gabriel. Au bout d'un quart d'heure cependant, il devint possible de se déplacer sans risque à l'étage.
Si un nombre conséquent de portes étaient ouvertes, donnant sur des quartiers privés, des bureaux, des salons - Hubert estima qu'on pourrait y collecter quelques documents -, beaucoup d'autres étaient verrouillées : défoncer ces solides panneaux de bois gravés de symboles étranges et renforcés de métal ne serait pas une simple affaire. Mais qui sait si, derrière, ne se cachaient pas des merveilles ?
Il y avait, toutefois, un lieu intéressant dès à présent accessible : une galerie ressemblant beaucoup à celle du premier, sauf que les vitrine présentaient des objets plus variés : encore quelques bâtons et autres sceptres, certes, mais également d'épais volumes, des parchemins et des objets aussi divers qu'une boule de cristal, des binocles, une plume, un étrange cadran doté d'une aiguille...

[Hubert de Maleval]

Hubert prit le temps d'examiner les portes et de discuter avec Gabriel et le mage pour voir s'ils avaient des idées quant au moyen de les ouvrir sans avoir à les défoncer. Il en venait à regretter le pouvoir dont il avait disposé au palais : il aurait été bien utile en ces circonstances. Mais manifestement, les anciens mages se servaient d'autres runes et d'autres pouvoirs pour sceller leurs secrets. Tant qu'ils parvenaient à franchir leurs protections, Hubert s'en satisferait. A tout hasard, il envoya aussi Ruth examiner les alentours, lui lâchant un moment la bride... Puis il enverrait quelqu'un auprès de Giovanni et Thibault, au cas où... Au total, ils étaient vraiment mal équipés pour ce genre d'explorations. C'était un comble, quand on connaissait l'histoire de la communauté...

[Taliesin]

Subitement radieuse, Ruth lui avait promis, avant de s'éloigner, qu'elle serait prudente et que si elle découvrait quelque chose, elle se garderait bien d'y toucher et l'appellerait plutôt.
Ézéchiel, de son côté, l'informa que le plus citadin de ses éclaireurs avait su, jadis, crocheter les serrures. Cependant, l'intér'essé, pour préserver sa réputation au sein de la Communauté, préférait que la chose demeure secrète...
Quant aux Sunites, ils s'escrimaient toujours vainement sur leur vitrine.

[Hubert de Maleval]

Hubert dévisagea Ezéchiel, éberlué que sur tout le groupe, il n'y ait qu'un seul crocheteur de serrures. Il avait imaginé qu'Etienne, en constituant son équipe, avait songé à la nécessité, quand on explore une cité ancienne, d'avoir ce genre de talents à disposition, et en nombre.
" Je comprends, dit-il néanmoins. Mais qu'il se mette au travail dans l'instant."

[Taliesin]

Il acquiesça;
-J'espère qu'il aura du nez en choisissant les portes parce que sinon, on risque d'y être encore à la nuit tombée. Mais qui sait, Ruth aura peut-être une inspiration ou une intuition particulière concernant certaines d'entre elles...
Sur ce, le rôdeur s'esquiva, laissant Hubert seul à proximité des vitrines.

[Hubert de Maleval]

Hubert resta un moment à ne rien faire, un peu frustré par la tournure que prenait l'exploration. Dans le même temps, il n'avait jamais été l'être le plus patient du monde, et son impuissance à faire quoi que ce soit le rendait un peu nerveux. Il décida de se mettre en quête de Ruth, pour voir si elle parvenait à quelque chose. Dans le cas contraire, il aviserait.

[Taliesin]

La petite fille déambulait dans les couloirs, concentrée. Parfois, elle s'arrêtait pour observer une porte, voire pour coller son oreille dessus, demeurant quelques instants à guetter d'éventuels sons provenant de l'autre côté. Parfois, elle s'immobilisait pour regarder un pan de mur, frôler une statue de la main...
Avisant Hubert, elle eut une expression embarrassée.
-Je suis désolé, c'est long, parfois, dit-elle. Souvent, en fait : ça a l'air de vraiment marcher que quand je commence à en avoir ras-le-bol de rien trouver...

[Hubert de Maleval]

" Ne sois pas désolée, tu n'y es pour rien." dit le paladin avec un sourire apaisant.
Il poussa un bref soupir et laissa la gamine à son exploration. Il commençait à trouver le temps long mais les paroles des Sunites demeuraient dans son crâne, et elles faisaient sens. Or il avait promis de ne pas prendre de risques. Bref, il n'agirait qu'en dernier recours.

[Taliesin]

Peut-être un quart d'heure plus tard, Ezéchiel vint l'informer qu'on avait crocheté une première porte, qui s'était révélée être celle... d'un petit appartement ayant sans doute été occupé par un professeur. On y avait trouvé quelques papiers, quelques livres, quelques menus objets et, bien que tout cela ne paye pas de mine, on l'avait pris, juste au cas où. Quant à leur serrurier de circonstance, il s'était attaqué à un autre battant.
Pour le reste, pas de grande nouvelle ni des Sunites, ni des mages, ni de RUth...

[Hubert de Maleval]

Hubert était en train de se demander ce qui lui avait pris d'accompagner l'expédition. C'était presque aussi ennuyeux que de faire le pied de grue devant les portes, au palais. Il décida de redescendre dans la galerie, de jeter un oeil dans les bibliothèques, d'arpenter les lieux, en somme, histoire de faire un peu d'exercice à défaut de se rendre utile.

[Taliesin]

Lorsqu'il gagna la galerie, celle-ci était déserte et les vitrines toujours intactes.
Il découvrit les Sunites dans les bibliothèques, où ils donnaient un coup de main aux magiciens : ils lui expliquèrent qu'ils n'avaient pas trouvé le système d'ouverture et que plutôt que de perdre bêtement leur temps, ils avaient préféré se rendre utiles, d'autant que cette pause leur permettrait peut-être d'avoir de nouvelles idées afin de récupérer les fameux artefacts pour l'heure inaccessibles.
Quant aux livres... De l'avis général, ceux présents à cet étage étaient avant tout destinés aux étudiants : il ne fallait donc pas s'attendre à découvrir de grands mystères entre leurs pages. Toutefois, grâce à eux, on pourrait se familiariser avec la manière dont les Anciens envisageaient et pratiquaient la magie, ce qui pourrait s'avérer utile par la suite.

[Hubert de Maleval]

Hubert conseilla à l'un d'entre eux de chercher quelque chose sur l'ouverture des vitrines... C'était tiré par les cheveux, mais ils étaient peut-être simplement protégés par un sortilège qu'il suffirait de lever pour que le miracle se produise. Mais le paladin supposait que Thibault, qui avait parlé de faire la même chose sur les glyphes plus tôt, avait déjà tenté de dissiper les énergies magiques.
Il repartit donc dans sa ronde, décidant de remonter pour voir si le serrurier ou Ruth avaient progressé. La gamine finirait bien par être agacée, ne fut-ce que par la présence de son maître derrière son épaule.

[Taliesin]

Les efforts de leur crocheteur avaient abouti à la découverte... d'un nouvel appartement. Quant à Ruth, elle errait toujours dans les couloirs et, plutôt qu'agacée, elle semblait désespérée.
-Vous croyez pas qu'on devrait commencer à défoncer les portes ? s'enquit-elle. On est là depuis des heures et on a rien trouvé de particulier, alors que je suis sûre qu'il y a des objets magiques hyper puissants cachés un peu partout...

[Hubert de Maleval]

" Je commence à croire que ça va être notre seule solution, n'en déplaise à nos amis sunites. Mais sans doute pourrait-on commencer par ouvrir une de ces vitrines... Bon."
Il soupira.
" Les portes sont peut-être moins risquées, mais elles ont l'air rudement solides... Il va sans doute falloir utiliser autre chose que la force. Je vais alle en parler aux magiciens."

[Taliesin]

Elle sourit.
-J'aurais le droit de regarder quand ils défonceront les portes avec leurs boules de feu ? Je crois que ça vaudra le détour !
Elle se fit plus sérieuse.
-Mais je finirai bien par trouver quelque chose, m'sire. Je commence à en avoir tellement marre de servir à rien que j'ai des envies de donner des coups de pied partout. Donc... Normalement, ça devrait plus tarder.

[Hubert de Maleval]

" Peut-être que cet endroit est protégé même contre l'influence bénéfique de Tymora, dit le paladin. Bon, ne bouge pas, je reviens avec un lanceur de sorts capable de nous ouvrir un passage. Je ne suis pas certain que la boule de feu soit le plus efficace, cependant... Un bon acide pourrait suffire."
Puis il descendit à la bibliothèque, recruter un ouvreur de portes plus musclé.

[Taliesin]

Les mages ne disposaient d'aucun sortilège de destruction basé sur de l'acide. Non, leur préférence allait aux flammes, plus en accord avec leur caractère flamboyant. Toutefois, ils ne s'en tenaient pas qu'aux seules boules de feu : ils disposaient également de rayons qui, sans doute, pourraient remplir l'office espéré.
Hubert regagna donc l'étage en compagnie d'Erwan.
Pour découvrir que Ruth avait disparu.

[Hubert de Maleval]

Ah misère, songea le paladin.
Elle devait avoir repris ses explorations, incapable de rester en place plus d'une seconde.
" Ruth ! s'exclama-t-il. Ru-uth ! J'ai ramené Erwan pour ouvrir la porte !"