[Lieu] Une cité perdue

[Taliesin]

-Je comprends. Mais sois rassuré : tu n'auras plus longtemps à attendre car, avec ce que j'ai vu aujourd'hui, je n'ai quasiment plus de doutes. Je suis même convaincu qu'une petite discussion avec Alban et quelques vérifications rapides dans des livres suffiront à les dissiper. Par contre...
Il se fit très sérieux.
-Par contre, je trouverais ça plus juste si c'était lui qui te le disait. Après tout, c'est lui qui, en premier, a eu des soupçons, lesquels se sont avérés justes. De surcroit... S'il se démène tant, c'est parce qu'il veut vraiment t'aider, parce qu'il t'aime beaucoup. Alors... Je serais extraordinairement mal à l'aise de lui... "voler" cette révélation. Après, si ça t'es trop dur d'en parler avec lui... Explique-le lui, au moins. Dis-lui, au moins, que tu sais que c'est lui qui a découvert la vérité.

[Hubert de Maleval]

Hubert acquiesça.
" Je comprends mais... Imagine qu'un gamin... ait ce savoir sur toi... Même si c'était ton propre fils..."
Il secoua la tête.
" Ne pouvez-vous pas me l'annoncer ensemble ? Je ne sais pas comment je vais réagir... Ah, diable, je ne sais même pas ce que vous allez me dire..."
Il se prit la tête dans les mains.
" Je ne suis pas un aasimar, n'est-ce pas ? Ou pas seulement... Je suis pire que ça."

[Taliesin]

-Pire que ça ?
Giovanni semblait ne pas en croire ses oreilles.
-Je comprendrais ta réaction s'il était question que tu sois un tieffelin ou... je ne sais pas, moi... le fils d'une succube, d'une guenaude ou d'un archidiable. Mais là...
Il fronça les sourcils.
-Serais-tu du genre à considérer les non-humains comme des monstres ?

[Hubert de Maleval]

" Non, bien sûr que non ! dit le paladin. Mais... J'étais... heureux d'être comme les autres... Au moins... au moins de ce point de vue-là."
Il haussa les épaules.
" Je sais que ce n'est pas facile à comprendre. Mais... j'ai toujours été un être humain. Depuis le premier jour de ma vie. Réaliser que soudain... ces choses sont incertaines... Ça me donne terriblement envie de rentrer chez moi, en fait. De voir ma mère, mon père, mes frères et soeurs... de rentrer chez moi."

[Taliesin]

-Je peux comprendre. Et tu pourras rentrer chez toi quand tout cela sera terminé. Mais dis-toi que tout n'est pas bouleversé pour autant... Tes parents restent tes parents, tes frères et sœurs restent tes frères et sœurs... Et tu restes toi-même. Ce sang... différent a toujours coulé dans tes veines, mêlé au sang humain. Savoir qu'il existe ne va pas bouleverser ta personnalité...
Il soupira.
-Ah, quand je te vois comme ça, j'ai envie de cracher le morceau tout de suite. Mais si je le fais, c'est quelqu'un d'autre qu'il faudra ramasser à la petite cuiller.

[Hubert de Maleval]

Hubert carra les épaules.
" Non. Je suis grand, je peux attendre. Je ne veux pas qu'il se sente à nouveau marginalisé ou trahi. Mais je t'en prie... Parle-lui, réglez ça... J'ai besoin de savoir. Même si c'est douloureux et pénible, et que je préférerais tout en ignorer... C'est trop tard et maintenant, il faut que cette incertitude cesse. Je ferai face."

[Taliesin]

Giovanni se leva.
-Bon, je vais voir Alban et procéder à ces vérifications. Il est hors de question de te laisser plus longtemps dans cet état.
Il hésita.
-Et je vais lui dire que tu sais que c'est lui qui a tout découvert mais que comme le sujet est extrêmement sensible pour toi... tu préférerais, dans l'absolu, en discuter avec un adulte. Je ne le forcerai à rien mais je pense qu'il comprendra et qu'il me demandera de t'en parler à sa place. S'il y a bien une chose que je sais le concernant, c'est qu'il t'aime énormément et qu'il n'a surtout pas envie de rendre les choses plus difficiles pour toi.
Déjà, il s'éloignait.

[Hubert de Maleval]

Hubert resta seul en arrière et pendant un moment, il ne sut absolument pas quoi faire de lui-même. Il ne connaissait rien aux créatures non-humaines qui hantaient le monde de Toril, hormis les morts-vivants et ceux qu'il avait révisés pendant la traversée des marais. Mais il ne pouvait assurément être apparenté ni aux uns, ni aux autres, alors quoi ? Du sang céleste. Il avait une vague notion de ces êtres, pourtant, les avait étudiés pendant son noviciat à la commanderie. Des alliés extérieurs du Bien. Il y en avait plusieurs espèces. Mais aussi n'importe qui pouvait ensuite posséder leur sang, en ligne plus ou moins directe. Les aasimars étaient leurs descendants, mais pour chaque personne qui était l'arrière-petit-fils d'un solaire, il y avait un petit-fils et un fils avant lui. Mais pourquoi ce sang incroyable s'était-il tu chez ses parents, chez ses frères et soeurs ? Peut-être simplement parce qu'ils n'y avaient jamais prêté attention. Après tout, il avait trente-cinq ans et découvrait seulement son héritage, uniquement parce qu'il était dans une situation périlleuse où celui-ci trouvait à s'exprimer.
Ou alors il n'était rien du tout et il avait été ensorcelé d'une manière ou d'une autre. Giovanni y songerait sûrement. Ce n'était pas impossible. Il serait soulagé de découvrir que ce n'était que temporaire.
Il finit par se lever et décida d'aller parler à Gabriel. Evoquer la situation d'Alban lui changerait les idées, déplaçant son attention sur quelqu'un d'autre, c'était la meilleure chose à faire. Bien sûr, il brûlait de retrouver Albérich, aussi, mais à la seconde présente, il avait le sentiment que son étreinte le fragiliserait plus qu'autre chose, et il ne voulait pas flancher.

[Taliesin]

La salle commune était aussi animée que de coutume et, tandis qu'il y progressait, Hubert fut salué par plusieurs de ses compagnons d'expéditions - et par d'autres - heureux de le revoir indemne. Quant au Lathandrite, il était invariablement au même endroit, avec les mêmes personnes. Lorsqu'il remarqua le paladin, il se leva et se porta à sa rencontre.
-Alors, il paraît qu'à vous trois, vous avez réussi à percer les mystères de cette si frustrante école de magie ?

[Hubert de Maleval]

" Nous en avons percé un, en tout cas, dit le paladin. Je doute qu'un endroit pareil n'en ait abrité qu'un seul, mais c'est déjà ça. "
Il jeta un coup d'oeil vers les enfants paludiers.
" Je sais qu'ils t'ont manqué, toute la journée, mais penses-tu... que tu pourrais m'accorder quelques instants ?"

[Taliesin]

-Manqué, manqué... Tu sais, ça m'a changé les idées, de faire autre chose. Simplement, comme j'ai à cœur qu'ils s'intègrent parmi nous et s'y sentent bien, comme je suis celui qui les connait le mieux, comme il n'y a pas beaucoup de volontaires pour s'occuper de cette tâche... Enfin bref, il n'y a aucun souci, Hubert : je peux les laisser un moment.
Et il lui emboîta le pas, ce demandant manifestement de quoi le paladin voulait lui parler.

[Hubert de Maleval]

" Voilà, dit le paladin après qu'ils se furent éloignés quelque peu. Tu as une certaine... expertise avec les enfants. Et Alban t'aide souvent avec les petits Paludiers... J'ai besoin de conseils le concernant. Je ne sais plus par quel bout le prendre... Son caractère... entier... me dépasse. Parfois... je le trouve plus rigide que le plus rigide des Helmites que j'ai jamais rencontré... Je sais qu'il y a là-derrière un traumatisme et qu'il s'en défend comme il peut, mais... Je ne sais pas quoi faire."

[Taliesin]

Le clerc eut une moue embarrassée.
-Malheureusement, je ne suis pas certain de pouvoir t'aider. D'abord, mon expérience en ce domaine est pour le moins limitée : certes, j'arrive à peu près à gérer les mômes mais... Je n'ai pas la prétention de les comprendre parfaitement. Ensuite, ce n'est pas parce qu'Alban passe beaucoup de temps à m'aider que je le connais bien : il ne dit jamais un mot le concernant, il ne demande jamais rien... Alors c'est sûr que j'ai des impression sur lui. Quant à savoir si elles sont vraies, c'est une autre histoire.
Il parut songeur.
-Peux-tu me donner des exemples de ce côté... helmite exacerbé ?

[Hubert de Maleval]

" Helmite, c'est pour la rigidité... Ilmate, parfois, pour les idées... Par exemple, il refuse de se laver tant que nous n'avons pas libéré les prisonniers des Ithiliens, pour subir la même... indignité qu'eux, j'imagine. Hier, je l'y ai contraint. Depuis, il est furieux sur Ruth qui m'a prévenu... A la fois, je trouve son... empathie louable... mais elle est mal placée. Mais il me semble... hermétique à tout raisonnement... et susceptible, quoi qu'il en montre. Il devient... renfermé, secret... et s'il se brouille avec Ruth, je ne sais pas vers qui il peut encore aller..."

[Taliesin]

Gabriel parut horrifié.
-Mi Helmite, mi Ilmate... Quelle horrible combinaison... Horrible et déprimante. Malgré le respect qu'on doit aux autres cultes, j'aurais tendance à dire qui'l ne faut surtout pas l'encourager sur cette voie...
Soupir.
-Tu vois, spontanément, je le trouvais simplement trop dévoué, et je me disais que cela tenait juste au fait qu'il avait mûri trop vite, qu'il ne trouvait donc plus son compte dans les activités liées à son âge et qu'il voulait aider comme un adulte. Enfin, dans la mesure où ça lui est possible. Et sans doute y a-t-il un peu de vrai là-dedans. Mais avec ce que tu me dis... Ah, ça donne presque l'impression qu'il essaie de... se nier lui-même. Qu'il essaie juste d'exister pour les autres, de les aider un maximum tout en minisant le plus possible la place qu'il occupe... Hum, et ça donne aussi le sentiment qu'il se raccroche à quelques principes, comme s'il n'avait plus que ça... Bigre, c'est... triste, je ne vois pas d'autre mot.

[Hubert de Maleval]

" Je crains que ce ne soit très proche de la vérité, malheureusement... mais je ne sais pas quoi faire pour l'aider... D'autant qu'il estime n'en avoir nullement besoin... Mais cette abnégation... Il me semblait que Ruth arrivait, petit à petit, à le décoincer... Sauf que cette déconvenue, la prise de la forteresse... Ça l'a replongé dans cet espèce de... vide intérieur..."
Il secoua la tête.
" Peut-être que seule notre victoire, et le temps, ensuite, pourrons venir à bout de cet état... mais j'ai peur d'arriver trop tard... et je voudrais pouvoir le... libérer plus vite."

[Taliesin]

-Je comprends bien. Et crois-m'en, j'aimerais t'aider... et l'aider. Malheureusement, je crains qu'il ne te faille pour cela quelqu'un de plus sage, de davantage versé dans les mystèrs de l'âme humaine...
Il secoua la tête.
-Parce que j'aurais bien des idées mais... Elles risquent d'être soit trop directes, parce que je suis du genre rentre-dedans, soit... difficilement applicables... Bref, tu en as parlé avec Albérich ?

[Hubert de Maleval]

" Pas vraiment... Mais... j'ai l'impression qu'ils ont tous les deux ce fond Ilmate... Tu crois que... Je ne sais pas. Tu as peut-être raison. Peut-être que... ils sont suffisamment similaires pour parvenir à se comprendre."
Il secoua la tête.
" Dans le même temps, j'ai le sentiment que même avec Albérich, Alban est gardé. Et je sais ce qu'Albérich va dire : qu'Alban a droit à sa souffrance, qu'il est résilient, qu'il faut lui laisser le temps. Je ne suis pas quelqu'un de très patient, tu l'auras noté."

[Taliesin]

Le clerc se fendit d'un sourire lumineux.
-Oui, je l'ai noté. Et tu auras noté que je suis un peu... voire beaucoup... du même genre. C'est pour cela que je me garde de te faire part de mes idées qui, outre le fait qu'elles ne valent pas forcément grand chose, ne seraient en rien basées sur la patience. D'autant que j'ai tendance à penser qu'une fois certaines habitudes prises, certaines tournures d'esprit adoptées, il est extrêmement difficile de les déraciner.

[Hubert de Maleval]

" Mais Albérich va me dire que je n'ai pas le droit d'essayer de changer Alban."
Il leva les bras dans un geste d'impuissance puis soupira.
" Parfois, j'ai l'impression qu'il faut... un choc pour que les choses bougent ! Mais je n'y connais rien. Surtout rien aux enfants. Et encore moins aux traumatismes. Ah... Je ne suis pas fait pour ça. Tu as raison, je vais en parler à Albérich. Mais ça ne va servir à rien."

[Taliesin]

-Ça pourrait même faire pire que ne servir à rien, s'il te convainc... de ne rien faire. D'accord, on doit respecter la personnalité des autres et ne pas chercher à les rendre comme on aimerait qu'ils soient. Mais... Est-ce que les événements, eux, font montre de tant de scrupules à notre égard ? Est-ce que nous voyons... la véritable personnalité d'Alban, ou bien est-ce seulement... la conséquence de tout ce qu'il a enduré ? Ses parents se sont faits tuer, son premier maître s'est fait tuer, la Communauté à laquelle il appartient à subi un lourd revers et, à présent, il essaie de se rendre utile mais ne peut pas l'être autant qu'il le voudrait, je gage. Tout cela a exercé et exerce encore une énorme influence sur lui. Et il faudrait se garder d'essayer... d'avoir une influence plus positive sur ce garçon ? Cela n'a pas de sens. Enfin, je trouve. Et avec tout le respect que je dois à Albérich, évidemment.
Il secoua la tête à son tour.
-Après, tu peux aussi... te faire confiance. Agir à l'instinct. Il n'y a pas toujours de recette miracle, de procédure sûre à suivre, et la sincérité... la bienveillance... peuvent suffire, fussent-elles déployées maladroitement.

[Hubert de Maleval]

" Ah, Gabriel, tu m'embrouilles encore plus !" s'exclama Hubert, à moitié sérieux.
Il soupira.
" Je vais essayer de trouver le temps... de m'intéresser à lui davantage... mais nous sommes dans une situation tellement... contraignante... Et avec ce qui est arrivé à Ruth aujourd'hui, je ne pense pas que je vais oser sortir les enfants d'ici avant longtemps."
Il frissonna comme l'image de la gamine lui revenait en mémoire.

[Taliesin]

Gabriel parut inquiet.
-Elle a été blessée ? Mince... Bon, je suis sûr que tu l'as remise sur pied mais... Ah, je comprends que ça t'ait marqué.
Il pinça les lèvres.
-Ce que je vais dire peut paraître terriblement insensible et je te jure que ce n'est pas du tout le cas mais... Si c'est ce qui lui est arrivé qui vous a permis de découvrir de précieux artefacts, alors... C'était pour la bonne cause. Malheureusement, notre situation est précaire et... Tout le monde ramasse, que ce soit physiquement ou moralement. Par ailleurs, il faut que chacun, petit ou grand, mette la main à la pâte dans la mesure de ses moyens, de ses capacités : c'est la seule solution pour que nous nous en sortions. D'autant que si nous échouons... Honnêtement, être tué à la tâche en travaillant tel un esclave dans une mine, est-ce vraiment moins pire que ce qui peut se produire, par exemple, au cours d'une expédition ?

[Hubert de Maleval]

" Je sais mais... Ce sont des gosses. Ils ne devraient même pas se trouver ici. Hélonna est une île où il fait bon vivre. Ils ne méritent pas d'être sacrifiés sur l'autel des querelles des adultes... Quand j'étais gosse... J'ai connu les guerres mélando-luméniennes. Tu n'étais probablement même pas né, Gabriel, mais... même à ce moment-là, quand les navires mélandiens accostaient sur la côte de la lumière, que les forces de Luménis et d'Antelucas les refoulaient à la mer... Jamais on n'aurait demandé à un gosse de prendre les armes. On ne conscrivait même pas leurs aînés... Imposer à nos enfants d'aller mourir pour notre cause... Ce n'est pas hélonnien. La communauté ne peut pas le vouloir."

[Taliesin]

-Non, effectivement. Mais elle ne voulait pas non plus que la moitié d'entre eux soient réduits en esclavage et travaillent dans une mine. Ce qui n'a pas empêché que cela se produise. Et si les choses tournent mal, l'autre moitié les rejoindra... avec tout le rsste de la Communauté.
Il parut subitement très découragé.
-Ah, tout ça me dépasse et me déprime à la fois. Que doit-on faire ? Que ne doit-on pas faire ? Jusqu'où peut-on aller pour nous en sortir ? Je n'en sais rien, je ne suis pas assez philosophe dans l'ame. Trop porté sur l'action, sans doute.

[Hubert de Maleval]

" Je n'ai pas les réponses, moi non plus. Mais nous devons réussir à vaincre sans sacrifier nos principes. Je crois. Et je crois que nous en sommes capables."
Il sourit.
" Mais je te retiens... Merci pour tes conseils. Parler m'a fait réfléchir. Je vais essayer de... trouver quelque chose. Peut-être que les instituteurs pourraient m'aider... Ils connaissent bien Alban, et depuis plus longtemps que moi... Je les sens aussi moins attentistes qu'Albérich."

[Taliesin]

-Je pense aussi. Et c'est vrai qu'ils doivent bien le connaître. Ceci dit, ils le connaissaient surtout avant qu'il perde Robert...
Il soupira.
-Et sois vigilant. Le coup de ne pas se laver par solidarité, ça peut paraître... à la fois louable, un peu exagéré et anodin, quelque part. Mais c'est quand même une démarche qui se rapproche de la... mortification. Au sens religieux du terme. Ce qui est très ilmate. Et certainement pas fait pour quelqu'un de l'âge d'Alban.

[Hubert de Maleval]

" Ne t'en fais pas, Gabriel. Je suis tout à fait de ton avis, et je ne suis pas prêt à le laisser emprunter cette voie..."
Ilmater était sans doute un dieu bon, mais s'y vouer avait quelque chose de malsain, Hubert en était convaincu.
" Je serai vigilant. Mais sois-le aussi, tu veux. Un homme averti en vaut deux... donc deux doivent en valoir quatre."
Il quitta ensuite le clerc et regagna la zone où les militaires s'entraînaient. Alban était sans doute avec Giovanni, ce qui ne pouvait pas plus faire de tort. Albérich lisait. Il ne restait plus au paladin qu'à dégainer cette épée qui ne lui avait servi à rien de toute la journée.

[Taliesin]

Il put s'entraîner mais... pas longtemps. Il s'escrimait à peine depuis un quart d'heure qu'un colon se présenta dans la salle d'entraînement pour annoncer que le repas allait être servi. Dès lors, elle ne tarda pas à se vider : tout le monde avait grand faim. Tout le monde sauf Hubert, évidemment. Car à l'instar de Ruth et de Giovanni, il avait déjà mangé... Rien ne l'empêchait, cependant, de tenir compagnie aux convives. A moins qu'il ne préfère opter pour un peu de tranquillité...

[Hubert de Maleval]

Il n'en fit rien et regagna la salle à manger. Il n'avait aucune raison de se tenir à l'écart, même s'il n'avait pas grand faim. Il chercha Alban du regard, cependant, bien décidé à aller lui tenir compagnie. Sans doute le gosse ne dirait-il pas grand chose, mais Hubert se sentait tenu de commencer son approche... sans savoir sur quoi elle déboucherait.