[Lieu] Une cité perdue

[Taliesin]

Dans la salle à manger, il retrouva Ingrid, ses propres assistants et le reste des petits Paludiers, qui ne manquèrent pas de se mêler à leurs camarades. La couturière l'informa qu'il ne serait nécessaire de punir ni sa fille, ni Galaad : l'un comme l'autre, l'assura-t-elle, avaient été adorables.
Quelques minutes plus tard, Giovanni fit son apparition, avisa la bande de gamins et ceux qui les surveillaient, tenta immédiatement de passer inaperçu mais échoua lamentablement : déjà, les jumeaux l'interpelaient joyeusement, lui adressaient de grands gestes... Il ne put plus longtemps faire mine de les ignorer et, l'air résigné, vint s'assoir près d'eux et, surtout, près de l'ancien aubemestre.
-Tu t'en sors ? lui souffla-t-il à l'oreille. Les Psychopathes ne te rendent pas trop chèvre ?

[Galathée]

" Oh, ils se fondent dans la masse. A petites doses, j'y survivrai. Si je devais endosser le rôle de Gabriel à long terme, cependant, je pense que je finirais par m'enfuir en catimini un soir pour ne plus jamais revenir, dit le Luménien avec le sourire. Et toi ? Pas trop frustré d'avoir dû rester ici aujourd'hui ? Tu as pu tirer des choses intéressantes des objets que vous avez rapportés ?"
Il avait bien envie de l'interroger sur la nature d'Hubert et sa certitude la concernant, mais ce n'était assurément ni le lieu, ni le moment...

[Taliesin]

-Honnêtement, j'aurais été furieux si j'avais dû rester ET m'occuper de cette meute de marmots. Mais puisque c'est à toi qu'incombe cette tâche abominable, je suis juste un peu frustré. Surtout parce que je n'arrive pas à grand chose avec les objets magiques. Ils sont vraiment anciens, ne fonctionnent pas forcément tout à fait de la même façon que leurs homologues plus récents et... Il va me falloir un peu de temps pour... m'accorder à eux, si je puis dire. Mais j'ai la sensation diffuse que je progresse.

[Galathée]

Rien de tangible de ce côté-là non plus. Albérich tenta de chasser l'impression qu'ils ne parvenaient pas à grand chose malgré la somme de savoir à leur disposition. Après toutes ces journées à étudier les gemmes, ils savaient chauffer une pièce et éclairer l'autre... Leurs lectures n'avaient rien apporté de critique. Mais ce n'était la faute de personne, et sûrement pas de Giovanni. Cette culture antique se dérobait à eux, simplement, et c'était sans doute normal, vu les siècles écoulés... Il sourit au barde.
" Tu finiras sûrement par en tirer quelque chose."
Mais finalement, imaginer d'une robe de magicien et un bâton allaient changer le monde était ridicule. Il ne fallait pas trop en attendre et continuer d'avancer.
" Mais je crains que nous ne te renvoyons au dehors demain."

[Taliesin]

-Pourquoi crains-tu cela ?
Il sourit de toutes ses dents.
-Je suis ravi, moi, de participer à des explorations ! Bon, d'accord, pour l'instant, ma contribution n'a pas vraiment été déterminante. Mais je suis sûr que je finirai par dénicher quelque chose ! Certain, même ! Mon honneur l'exige !

[Galathée]

Albérich grimaça.
" Il y a de fortes chances que nous te renvoyions à la forteresse, Giovanni. Sans doute pas seul, cette fois, cependant. Mais nous avons besoin d'informations plus précises sur ce qui s'y trame et les forces en présence... Notamment sur ce fameux duc ithilien et les moyens éventuels de l'atteindre."
C'était certainement une mauvaise nouvelle pour le barde, mais sans doute était-il mieux qu'il ne l'apprenne pas au dernier moment.

[Taliesin]

-Oh...
Giovanni avait indéniablement pâli.
-Est-ce qu'on ne pourrait pas... remettre ça à après-demain ? Je comprends l'importance de cette mission et je m'en acquitterai volontiers mais, tu vois... Je pourrais être utile pour des fouilles ou... ou pour continuer à percer les mystères des objets récupérés hier...
Il se tourna brièvement vers les enfants qui mangeaient tout en bavardant.
-Et si... Et si je te proposais de les prendre en charge tout l'après-midi ? souffla-t-il d'un ton suppliant. Tu ne peux pas rester insensible à une telle offre, sachant ce qu'elle me coûte !

[Galathée]

Albérich pinça les lèvres. Infliger une telle souffrance au barde lui fendait le coeur, mais dans le même temps... que pouvaient-ils faire d'autre ?
" Est-ce que... tu penses que tu saurais replacer tous les passages secrets sur le plan de la forteresse ? Nous en avions fait un, pour placer les gens dans les chambres... Si tu sais redessiner les couloirs de mémoire... Alors tu ne serais pas forcé d'y aller. Mais nous ne pouvons pas envoyer Ruth et... le temps presse, je suis désolé. Tu es le seul à avoir cette connaissance. Si tu peux la transmettre, alors nous ne t'imposerons rien."

[Taliesin]

-Ouais, sauf que personne d'autre ne sait se rendre invisible. Même pas ces foutus mages qui misent tout sur l'offensive... Ah, les jeunes, je te jure...
Il arbora une mine résignée.
-J'irai à la forteresse demain. Et je trouve inutile de m'adjoindre qui que ce soit : à deux, on est beaucoup moins discrets, surtout s'il y en a un seul qui est vraiment capable de passer inaperçu. L'affaire est donc entendue et... Je sais que je dois le faire. Mais évitons d'y revenir, si tu veux bien.

[Galathée]

Il faudrait pourtant bien qu'il écoute ce que le conseil lui confiait comme mission. Mais Albérich laissa couler. Il aurait sûrement pu s'offusquer de la brusque agressivité du barde, mais il connaissait le tempérament des Sunites : Thibault avait aussi tendance à se montrer hostile quand il était contrarié. Le Luménien ne releva donc pas et continua son repas sans rien ajouter. Il n'avait pas tellement envie de tenter le fiélon alors qu'il avait, lui aussi, suffisamment de soucis, dont personne, au final, ne semblait s'inquiéter au-delà des autres membres du conseil.

[Taliesin]

Giovanni termina rapidement de manger puis se leva.
-Je retourne étudier nos trouvailles d'hier : j'aimerais au moins avoir progressé de manière concrète avant demain. Oh, et quand tu n'auras plus besoin des Psychopathes, en fin de journée, envoie-les mois. Je dois les tancer sévèrement : pour des postulants bardes, se fondre dans la masse, c'est un crime impardonnable.
Sur un soupir, il s'éloigna à grandes enjambées, emportant ses couverts avec lui.

[Galathée]

Albérich le regarda partir en contenant un soupir. Il allait sans doute broyer du noir pendant une bonne partie de l'après-midi mais au moins, il ne tomberait pas des nues après le conseil. Pendant une seconde, il regretta cependant de s'être fait le porteur de mauvaises nouvelles : Hubert aurait pu s'en charger. Ça n'aurait pas changé grand chose et sans doute le barde se serait-il davantage emporté contre son ami. Vouloir repousser les expériences désagréables sur autrui n'était pas digne, et sanguin comme il l'était, Hubert aurait été très affecté.
Mais chacun devait faire sa part, Giovanni comme les autres. Cela ne servait à rien d'y consacrer toute la journée. Aussi le Luménien reporta-t-il son attention sur le repas des enfants.

[Taliesin]

Ce fut pour lui l'occasion de remarquer que, même si leurs manières choqueraient probablement dans les salons de l'aristocratie, les petits Paludiers ne semblaient plus aussi sauvages qu'à leur arrivée : en fait, ils ne différaient plus guère des enfants de la Communauté pour ce qui était de leur façon de se sustenter. Là encore, le résultat auquel était parvenu Gabriel était marquant.
Le repas se termina sans anicroches. Pour Albérich cependant, un nouveau défi allait débuter : trouver des occupations pour sa troupe qui, après quelques heures relativement calmes, devait à nouveau déborder d'énergie...

[Galathée]

Albérich entraîna les enfants dans un coin du palais, en délimita très précisément les frontières, exposa ses consignes avec l'aide d'un sortilège de langage, et ils jouèrent à cache-cache. C'était une activité idéale pour un endroit comme celui où ils s'étaient réfugiés, et les enfants adoraient cette activité, partout sur Toril. Lui-même resta à monter une garde tranquille, ne prenant pas part au jeu. Par contre, il encouragea ses assistants à se mêler à leurs camarades.
Ensuite, en fonction de l'heure, ils pourraient refaire des activités de langage puis pourquoi pas donner un coup de main en cuisine... Les novices étaient mis à pied d'oeuvre dès leur plus jeune âge, après tout.

[Taliesin]

L'après-midi finit par toucher à son terme et Albérich... par être libéré de cette tâche épuisante.
En effet, alors qu'il en était encore à surveiller la petite troupe - en cuisine, car malgré les ronchonnements de certains, tout le monde avait accepté de donner un coup de main pour la préparation du repas -, Gabriel fit une apparition aussi subite que salvatrice.
-La cavalerie arrive, dit-il, souriant.

[Galathée]

Albérich le dévisagea, stupéfait.
" Déjà ? Vous êtes rentrés beaucoup plus tôt que prévu !"
Il se retourna vers les enfants.
" Je crois que je ne m'en suis pas trop mal tiré avec eux... Comment cela s'est-il passé de votre côté ?"

[Taliesin]

-Oh, ennuyeux à souhait. On n'a croisé qu'une poignée de morts-vivants en chemin et encore, quand je dis croisé... Ce sont les éclaireurs qui l'ont fait. Moi, je n'ai aperçu que leurs cadavres criblés de flèches. Rien de particulièrement transcendant durant la visite de la caserne, non plus; C'est un très bel édifice, avec coupole et tout, mais nous n'y avons décelé aucun piège et encore moins de passages secrets. En revanche, les soldats vont être contents : il y a dans le sac de contenance quelques armures complètes d'excellente facture, quelques boucliers, quelques armes... On a pris tout ce qu'on a pu, en se limitant au meilleur. Néanmoins, aujourd'hui, pas d'artefact magique à accrocher à notre tableau de chasse.

[Galathée]

Effectivement, les militaires seraient satisfaits, Hubert le premier. En effet, le paladin n'avait plus de harnois depuis le dernier choc avec les cannibales et il serait sûrement heureux de retrouver une protection plus adéquate. Albérich, de son côté, était soulagé qu'ils n'aient rien trouvé de plus spectaculaire. Il craignait toujours de mettre la main sur des armes sublimées par le pouvoir des gemmes, qu'il aurait envie de détruire au plus vite, ou de renvoyer au fond d'un puits.
" Va te détendre un moment. Je peux tenir jusqu'au repas sans soucis, et tu as sûrement besoin de te décrasser."

[Taliesin]

Il sourit mais fit non de la tête.
-C'est gentil mais... je le ferai en même temps que mes ouailles. Tu ne les a pas encore amenées aux thermes, si j'ai bien compris, alors autant faire d'une pierre deux coups.
Son sourire s'élargit.
-D'une pierre trois coup, même, puisque je te libère de cette tâche, ce qui te donnera, j'en suis sûr, un peu de temps pour te consacrer à d'autres activités. Bref, ne te fais pas prier ! Et en tout cas, merci de les avoir pris en charge deux jours de suite, j'ai apprécié de pouvoir faire autre chose.

[Galathée]

" Je le referai volontiers si les choses l'exigent, Gabriel. Je suis heureux, moi aussi, que tu aies pu profiter d'autres horizons. Et très impressionné par les prouesses de ton enseignement. Ces enfants ont incroyablement évolué en si peu de temps... C'est une vision réconfortante, en ces temps troublés. Espérons que le futur sera à la hauteur des promesses que nous leur avons tacitement faites."
Il sera la main du clerc, salua la marmaille et en particulier ses deux vaillants assistants, et s'esquiva. Il avait peut-être le temps de lire quelque chose d'utile avant le repas. Hubert devait être en train de gérer les derniers aspects de l'intervention, et ce n'était pas le bon moment pour aller l'enlever à ses devoirs.

[Taliesin]

En réalité, le paladin en avait déjà terminé avec ses obligations. Il faut dire qu'elles se limitaient à peu de choses : il avait fallu d'une part décider de l'endroit où seraient stockées leurs trouvailles - elles s'en étaient finalement allées rejoindre les précédentes -, d'autre part de celui où seraient déposés la plan que l'un des membres de l'équipe avait dressé du bâtiment - il fut quant à lui rangé dans la salle des cartes, qui abritait également leurs plus précieuses archives. En dehors de cela... Pas grand chose. Bref, Hubert, à l'instar de ses compagnons, était libre de prendre un repos bien mérité.

[Hubert de Maleval]

Hubert décida de profiter du temps qui lui restait pour débaucher ses écuyers. La journée avait été tranquille, il n'avait pas eu grand chose à faire sinon scruter les ténèbres et contempler le travail efficace des éclaireurs, aussi n'avait-il pas réellement besoin de se reposer. Une marche, même soutenue, n'était pas suffisante pour l'épuiser, sans doute un de ces effets bénis de son sang extérieur. Puisque Ruth et Alban s'étaient réconciliés, c'était l'occasion de les dérouiller un moment. Après le repas, il serait trop tard.

[Taliesin]

Il les dénicha aux cuisines, aux côtés de Gabriel qui, découvrit-il, avait déjà pris la relève d'Albérich et menait à bien l'activité entreprise par celui-ci. Le clerc lui laissa volontiers Ruth et Alban : pour l'étape suivante de son programme, à savoir mener la troupe aux thermes, il n'avait pas vraiment besoin d'assistance.
Les écuyers suivirent leur maître avec entrain et se montrèrent, comme de coutume, particulièrement appliqués et énergiques durant toute l'heure que dura leur entraînement. Lorsqu'ils en eurent terminé, le repas n'allait pas tarder à êtr'e servi.

[Galathée]

Comme de coutume, Hubert prit le temps de discuter avec les enfants de la séance tandis qu'ils retournaient vers la salle commune. Il veillait à équilibrer compliments et critiques constructives. Il suggéra aux enfants qu'ils prennent le temps de se laver après le repas, pendant qu'il participait au conseil. Ensuite, Alban et lui auraient rendez-vous pour leur petite heure auprès de Grand Vent. Il expliqua à Ruth que pour l'heure, il préférait qu'elle vaque à d'autres occupations pendant ce temps-là, songeant que sa présence et son humour piquant risquaient de déstabiliser le petit garçon.
Ensuite, il les laissa rejoindre leurs camarades et chercha Giovanni du regard. Il avait l'intention de manger près du barde et de s'enquérir de ses résultats de la journée.

[Taliesin]

Avant de s'esquiver, Ruth fit remarquer qu'il vaudrait peut-être mieux réserver le passage aux thermes pour après la séance d'équitation, sans quoi Alban risquait d'embaumer le cheval à plein nez... L'intéressé lui demanda depuis quand ce fumet la dérangeait et elle répondit que ce n'était pas à elle qu'elle pensait.
Giovanni faisait partie des premiers à s'être attablé. L'air morose, il salua néanmoins amicalement le paladin et expliqua que s'il n'avait pas encore obtenu de résultat concret avec les artefacts, il sentait qu'il progressait, voire qu'il touchait au but. Il avait donc bon espoir de parvenir à quelque chose sinon ce soir-là, au moins le suivant.

[Hubert de Maleval]

Hubert fronça les sourcils, reposa sa fourchette et le dévisagea.
" Qu'est-ce qui se passe ? Ça ne peut pas être juste d'avoir passé la journée le nez dans ces vieux machins qui te met d'aussi grise humeur... Il s'est passé quelque chose en notre absence ?"

[Taliesin]

Le barde le fixa, incrédule.
-Heu... C'est une blague ?
Il soupira.
-Mais tu n'es pas du genre à faire des blagues. J'en déduis donc qu'Albérich a... anticipé pour que je ne découvre pas ça à l'issue de votre Conseil quotidien... Bref, il m'a dit que je jouerai à nouveau les espions à la forteresse, demain. Alors je sais bien que c'est indispensable, que je suis le mieux placé pour cette mission et que je n'ai pas vraiment à me plaindre de mon sort. Mais je pense que tu comprendras que j'appréhende un peu.

[Hubert de Maleval]

" Ah." dit le paladin décontenancé.
Il eut une grimace.
" Rien n'était encore... décidé. J'imagine que... oui... Il a voulu bien faire."
Et été vite en besogne, aussi. Le conseil aurait pu changer d'avis quant à l'étape suivante.
" Il aurait dû ajouter un "peut-être"..."
En fait, avertir le barde à la dernière minute lui aurait épargné toutes ces heures à broyer du noir.
" Je suis vraiment désolé que nous devions t'infliger ça. S'il y avait n'importe quelle autre solution, je te jure que nous ferions autrement. Mais... on ne peut pas envoyer Ruth..."

[Taliesin]

-Évidemment qu'on ne peut pas ! Non, je sais bien que c'est à moi de le faire : chacun doit aider comme il le peut et espionner... je peux. Au fond, je suis même fier de pouvoir aider de la sorte. Simplement... Voir et ne pas pouvoir agir, ah...
Soupir.
-Mais bref, n'épiloguons pas : je préfère essayer de ne pas y penser tant que ce n'est pas nécessaire. Oh, et Albérich a peut-être bien dit "peut-être", mais j'espère que ça se confirmera : sinon, je risques d'angoisser... jusqu'à ce que l'échéance arrive.

[Hubert de Maleval]

" Je comprends. Et il y a des chances que cela se produise, Giovanni. Mais... Non. Tu ne veux pas en parler et je veux respecter ça. Mais... je serai là pour t'attendre à ton retour. Et si nous organisons bien les choses, ce sera peut-être la dernière fois..."
Il pinça les lèvres. Promettre ce genre de choses... Il ne pouvait sûrement pas le faire.
" C'est une pierre cruciale à l'édifice de leur libération."