[Quête] Sur les routes...

[Taliesin]

-Si c'était une simple personne, Victor, je ne crois pas qu'on l'aurait entendue si fort, répondit-il, concentré. Il doit donc s'agir d'une créature intelligente...
Mais laquelle ? Une sirène ? Non, ils l'auraient empêchée de se livrer à des vocalises, sous peine d'être ensorcelée... Alors quoi ? Une nymphe ? Des Hélonniens ne pourraient jamais infliger sort si cruel à un tel être...

[Galathée]

" Moi je crois juste qu'elle crie très fort, dit Victor avec un haussement d'épaules. Y'a plein de fenêtres, ça laisse passer le son, et le chariot, il est tout contre la façade."
Les soldats refirent leur apparition. L'officier se dirigea vers l'aubergiste et échangea quelques mots avec lui. Ce dernier parut scandalisé, puis finit par hausser les épaules, manifestement résigné. L'officier alla alors vers le jeune mage et s'assit en face de lui. Ils commencèrent à bavarder à voix basse. Victor paraissait très déçu d'être un peu trop loin de leur table pour entendre ce qui se racontait.

[Taliesin]

-Ne fais pas cette tête : si ça se trouve, le mage n'aura pas à sa disposition le sortilège dont ils ont besoin et... ils viendront me voir. Après tout, les bardes aussi disposent de magie.
Il avait presque envie que cela se déroule ainsi car à présent qu'elle était éveillée, sa curiosité avait besoin d'être étanchée.
-Et si ça ne tourne pas comme ça... J'ai ma petite idée pour en savoir davantage. C'est vrai, quoi : ce chariot dangereux, ces plaintes inquiétantes... Voilà de quoi nourrir votre imagination débordante, vous effrayer et vous faire avoir des cauchemars toute la nuit, là où connaître la vérité vous apaiserait... L'officier ne pourra demeurer insensible à cet argument ou à la menace de devoir veiller sur vous toute la nuit s'il refuse de dire quoi que ce soit.

[Galathée]

Mais le barde avait vu juste. Le jeune mage secoua finalement la tête avec une grimace et l'officier se leva, contrarié, avant de se recomposer une mine affable et de venir droit vers leur table. Victor faillit bondir de joie tandis que Baptiste se recroquevillait sur son siège, manifestement inquiet de cette subite attention.
" Messire, je m'en veux beaucoup de vous importuner, mais... Auriez-vous quelques minutes à me consacrer ?"
Victor ne put se retenir.
" Mais vous pouvez lui expliquer ici ! Il nous raconte tout, de toute façon !"
L'officier parut décontenancé par cette subite sortie.
" Heu... Hum. J'aimerais autant l'éviter."

[Taliesin]

-Avec tout le respect que je vous dois, messire..., commença-t-il, respectueux. Vu ce qu'il vient de se passer, je pense qu'apprendre la vérité serait plus susceptible de rassurer mes fils que de les inquiéter. Alors que là... Ils peuvent tout imaginer, y compris le pire.
Il marqua une pause.
-Néanmoins, si vous êtes tenu par le secret même avec... le récent incident... Je veux bien vous suivre et m'engager à ne leur dire que ce qui sera susceptible de les apaiser.

[Galathée]

L'officier sembla peser le pour et le contre, puis poussa un bref soupir.
" Il n'y a pas de réel danger, dit-il finalement. C'est juste que... pour la quiétude des lieux et le sommeil paisible de chacun... Je me demandais... On m'a dit que... vous pourriez être barde. Je ne suis pas spécialiste, mais si le cas... Peut-être disposez-vous de sortilèges à même de nous aider ? L'alternative est plus... violente... et j'aimerais ne pas devoir y recourir."

[Taliesin]

Il acquiesça.
-Je comprends. Et je suis barde, effectivement : certains de mes sortilèges et plus encore certaines de mes musiques pourraient peut-être faire l'affaire. Je ne puis le garantir, cependant, car cela dépend en partie du... public.
Et il restait convaincu que ledit public n'était pas une simple personne.

[Galathée]

L'officier parut embarrassé.
" A vrai dire... Je ne suis pas complètement certain de savoir ce qu'est le public, j'en ai peur. Il y a ce qu'elle semble être et puis ce qu'elle prétend être. Mais elle n'est pas immunisée à la magie, si c'est ce que vous craignez. Elle n'est pas... de votre race, non plus. A mes yeux, c'est juste une humaine."

[Taliesin]

Se pouvait-il qu'ils n'aient affaire qu'à une simple humaine à l'esprit chancelant ? Tout semblait l'indiquer, désormais, même s'il demeurait un doute... Mais probablement ne tarderait-il pas à être fixé. Et le plus important, de toute façon, était qu'il parvienne à se rendre utile.
[color=#FFFFF66]-Je vais voir ce que je peux faire,[/color] répondit-il. Puis-je lui parler pour tenter de mieux la cerner ou vaut-il mieux que je m'abstienne ?
Une discussion était parfois plus efficace qu'un sortilège...

[Galathée]

" Je vous déconseille de lui parler. Elle va essayer de vous embobiner, comme elle le fait avec tout le monde. Tout ce raffut... C'est juste pour attirer l'attention."
Il secoua la tête.
" Elle cherche à apitoyer les gens et à dénicher une bonne âme qui prendra son parti et fera une bêtise."
Il fit signe au barde de le suivre.
" On peut venir avec ?" demanda Victor.

[Taliesin]

Si la prisonnière était du genre à apitoyer ceux qui la croisaient, mieux valait que les garçons en restent éloignée.
-Je préfère que vous restiez ici. Et... Je compte sur vous pour le faire., répondit-il donc.
Puis il emboîta le pas à l'officier.
-J'imagine que vous l'emmenez quelque part pour... des soins, souffla-t-il. Néanmoins, peut-être cela vaudrait-il la peine de trouver un moyen de balayer définitivement ses allégations...

[Galathée]

Les deux garçons acquiescèrent, l'un avec conviction, l'autre résignation.
" Des soins ? dit l'officier, surpris, en lui ouvrant la porte. Non. Nous l'emmenons à Luménis pour son procès."
Il secoua la tête, tandis qu'ils marchaient vers le chariot, dans la cour désormais plongée dans le noir.
" Elle n'est pas folle. Enfin... Pas plus que n'importe quel meurtrier."

[Taliesin]

-Ah.
Il avait bien fait de laisser les enfants en arrière.
-Pour autant, je pense qu'être fixé sur sa véritable nature vous aiderait. Après tout, si elle n'était pas réellement humaine, cela pourrait en partie expliquer son ... comportement. Mais je ne doute pas que des tests seront menés lorsque vous aurez étteint votre destination.
Vu son propre passé, la rencontre risquait d'être désagréable : il ne pourrait s'empêcher d'imaginer la prisonnière... moins coupable que les apparences ne le disaient. Toutefois, interférer dans cette affaire ne pourrait lui causer que des ennuis : mieux valait, et de très loin, laisser la justice suivre son cours. D'autant qu'il savait qu'on pouvait lui faire confiance.

[Galathée]

" C'est effectivement la raison pour laquelle le procès a lieu à Luménis plutôt qu'à Togoria, expliqua l'officier. Les spécialistes des races intelligentes pourront se prononcer sur la véracité de ses affirmations. Cela dit, ça ne la protégera pas vraiment. La loi hélonnienne interdit l'élimination des races intelligentes comme s'il s'agissait de monstres, mais en contrepartie, celles-ci sont soumises aux mêmes règles que les humains. Je suppose qu'on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre."
Il s'immobilisa à quelques mètres du chariot.
" Puis-je m'enquérir de ce que vous avez l'intention de faire ?"

[Taliesin]

Il se frotta le menton, pensif.
-Comme on dit que la musique adoucit les mœurs, et comme ce n'est pas faux, je pourrais commencer par jouer des airs tout ce qu'il y a de plus normaux mais... apaisants, tranquillisants. Et aviser en fonction de ce qu'il se passe. Je pourrais aussi recourir à des morceaux empreints de magie mais... s'ils peuvent inspirer du courage et de la sérénité, ils... rendent aussi plus adroits, plus efficaces, ce qu'il est sans doute préférable d'éviter.

[Galathée]

L'officier parut décontenancé.
" Vous n'avez pas quelque chose de plus radical ? Comme un sortilège de sommeil ou alors une bulle de silence ? Parce que je crains qu'elle se mette à hurler... Franchement, j'aimerais autant éviter d'avoir à la bâillonner, mais si on en vient à ça... Je n'aurai pas le choix."

[Taliesin]

-Et bien...
Si les méthodes douces étaient à écarter...
-Je peux aussi lui lancer un sortilège de manipulation des sons et faire en sorte qu'elle ne puisse émettre plus rien d'autre que des murmures voire... plus rien du tout. Ce sera efficace, même si cela risque de ne pas la mettre de très bonne humeur.

[Galathée]

" Honnêtement, maître barde, je me soucie aussi peu de son humeur qu'elle de la mienne !" dit l'officier.
Il soupira et croisa les bras.
" Combien de temps votre sortilège tient-il ?"

[Taliesin]

-Une dizaine d'heures : de quoi vous assurer une nuit paisible.
Il observa à nouveau le chariot.
-Il faut cependant que je la voie pour pouvoir lancer le sortilège...
Il aurait préféré ne pas devoir l'observer, surtout que cette méthode ne lui plaisait qu'à demi. Néanmoins, c'était pour la bonne cause, non ?

[Galathée]

" Ah. Bon. Sachez juste que... son état n'est que le résultat de ses propres actions..."
Il l'entraîna vers l'arrière du chariot. Aussitôt, quelque chose bougea à l'intérieur.
" Ah, c'est vous, très cher capitaine... J'espérais vous revoir !" fit une voix féminine, à la fois charmeuse et menaçante.
Le soldat soupira.
" Est-ce que la petite grille à l'arrière suffit ? Ou bien vous devez rentrer ?"

[Taliesin]

Il secoua la tête.
-La grille conviendra : il suffit que je la distingue. souffla-t-il.
Il n'avait pas envie de la détailler, pas envie, non plus, de converser avec elle : cela ne pourrait que rendre les choses plus difficiles. Aussi décida-t-il de franchir le pas sans tarder : il s'avança, déjà prêt à incanter et... à demeurer sourds aux plaintes que ne manquerait pas d'émettre la prisonnière.

[Galathée]

L'officier fit coulisser le petit rabat de bois qui dissimulait la grille et l'intérieur du chariot. Il y faisait noir comme dans une cave : ce n'était guère davantage qu'une grande caisse sur roues. Mais les yeux elfes de Taliesin n'en distinguèrent pas moins le contenu. Il y avait de la paille sur le sol, et dans le fond, une jeune femme était assise. Blonde, très jeune, elle était à moitié nue, ses vêtements en lambeaux ne dissimulant rien de ses courbes agréables. Une odeur d'excréments et de pisse imprégnait l'espace confiné. La jeune femme regardait vers la petite fenêtre, sans rien y voir, sans doute, d'un air défiant, ses yeux très bleus cherchant l'ombre. Elle avait un léger sourire aux lèvres, inquiétant. Ses poignets et ses chevilles étaient enchaînés, aussi ne fit-elle aucun mouvement vers le barde. Elle se contenta de le regarder sans le voir, en fredonnant.

[Taliesin]

Sa beauté le marqua, son sourire l'interpella... et la manière dont elle était entravée l'étonna.
Elle devait avoir commis des crimes bien graves pour qu'on prenne tant de précautions...
Mais ce n'était pas son affaire et même s'il ne pouvait que ressentir un sentiment de pitié, il devait faire confiance aux autorités.
Il entreprit donc d'incanter.

Taliesin --> Manipulation des sons --> Prisonnière

[Galathée]

Son fredonnement s'éteignit, mais elle ne bougea pas pour autant, demeurant immobile à fixer le carré de grisaille où se trouvait le barde. L'officier s'interposa et referma le clapet de bois.
" Merci. Venez. Vos garçons doivent vous attendre."

[Taliesin]

Il hocha al tête et le suivit sans piper mot.
Il se sentait mal à l'aise et regrettait... d'avoir du voir la prisonnière. Car oui, il était difficile de ne pas se laisser apitoyer.
Mais sans doute était-ce son passé qui rentrait en résonance malvenue avec cet événements.
Cette femme, qui avait un je-ne-sais-quoi d'étrange, avait commis des crimes : les soldats la conduisaient simplement à l'endroit où devait se tenir le procès et où toute la lumière serait faite.
-Puis-je juste vous demander... ce qu'elle prétend être ? s'enquit-il avant qu'ils ne rentrent dans l'auberge.

[Galathée]

" Ce n'est pas très clair. Et à mon sens, c'est juste une stratégie pour faire déplacer son procès hors de la bourgade dont elle est originaire, et le retarder. Elle prétend que sa grand-mère du côté paternel n'était pas humaine. Mais elle ne peut pas préciser. Elle dit que c'était une créature des bois, mais pas une dryade. Je dois avouer que je n'y connais pas grand chose et je ne m'en mêle pas : je dois juste veiller à ce qu'elle arrive à Luménis."
Il soupira.
" Je dois dire que si j'avais su qu'elle me causerait autant de soucis, j'aurais demandé à ce qu'on me donne un mage. Je suis bien conscient qu'elle a une allure épouvantable, mais... elle le fait exprès pour me rendre dingue."

[Taliesin]

-Je comprends que ce soit difficile. Mais vous touchez au but : dans trois jours, vous aurez atteint Luménis. Et au moins, cette nuit sera paisible.
Il n'était toujours pas très fier de son action, quoiqu'il comprenne son utilité et qu'il soit heureu d'avoir pu rendre service à l'officier.
-Et je suis désolé de vous avoir importuné avec mes questions : les bardes sont curieux, par nature.

[Galathée]

" Ne vous excusez pas. J'aurais trouvé étrange que vous offriez vos services sans poser la moindre question. Je vais vous rétribuer, d'ailleurs. C'est la moindre des choses."
Il lui ouvrit la porte.
" Pour le reste, vous m'avez rendu un grand service. Et à tous ceux qui dorment ici ce soir."

[Taliesin]

Être rétribué ? Pour si peu ? Il ne s'y était pas attendu...
-Honnêtement, ce n'était pas grand chose et avoir pu rendre service me suffit amplement, dit-il.
Il avait l'impression que recevoir de l'argent pour cela le mettrait encore plus mal à l'aise... Non qu'il ne soit pas sensible aux remerciements de l'officier et qu'il ne soit pas content de l'avoir aidé mais...

[Galathée]

L'officier sourit.
" Ce serait de la concurrence déloyale envers vos pairs. J'y tiens." dit-il, avant de l'abandonner près de sa table. Les deux garçons l'attendaient, évidemment. Victor avait déjà mille questions sur les lèvres, mais aucune ne semblait devoir gagner la course. Baptiste, lui, semblait simplement soulagé.
" Alors, c'était quoi ?"